Alors que le soleil dardait ses premiers rayons et qu'une brume épaisse recouvrait les nombreux pics entourant le village, Keiko attendait patiemment les bras croisés, adossée à une des fameuses portes des cieux. Parfaitement éveillée en dépit de l'heure très matinale, la Genin n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Elle était tellement impatiente de partir en mission loin de Kumo. Cela ne lui arrivait que très rarement et chaque occasion était bonne à prendre. Alors quand elle a appris qu'on lui confiait une mission dans la capitale, elle était aux anges. Même si cela ne lui rappelait pas que des bons souvenirs, c'était le lieu de sa naissance et le siège de pouvoir de son clan, les Mishima, vassaux des Sugimoto depuis des générations.

D'ailleurs, elle se demandait comment ses parents se portaient.

Cela faisait des lustres que Keiko ne les avait pas vu. Même si elle restait en contact permanent avec sa mère. Notamment depuis son arrivée à Kumo et une récente révélation sur un potentiel héritage Hongaken. Là encore il ne s'agissait que de spéculations mais les mots de tête et les migraines chroniques en présence de stimuli pointaient dans cette direction. Espérons que cela ne gâche pas son travail quotidien. La mission du jour était pour une fois grandement en rapport avec ses capacités. Il s'agissait d'espionner un lieu, susceptible d'accueillir une organisation criminelle qui aurait perpétré un attentat à Kumo et qui serait plus largement responsable d'odieux crimes à travers le monde entier. Tout un programme qui lui paraissait très sympathique.

Elle avait tellement hâte !

Pour une fois, Keiko connaissait sa partenaire du jour. Les deux kunoichis avaient récemment effectué une mission ensemble. Bon ce n'avait été qu'un petit cours improvisé aux aspirants de l'Académie mais la Genin s'était trouvée pas mal de points communs avec sa jeune collègue issue du clan Suibaku. Cela ne faisait que deux mois que la militaire de carrière était à Kumo mais ce clan était un des piliers du village. A l'académie elle avait croisé plusieurs de ses représentants et tous maniaient l'argile explosif avec une certaine dextérité. Et une certaine versatilité aussi. Ces derniers pouvaient se spécialiser dans beaucoup de domaines, notamment dans la Sensorialité. Un domaine qui plaisait évidemment énormément à Keiko. Dans tous les cas, elle avait hâte de voir ce dont sa partenaire était capable lors d'une mission plus compliquée. Qui sait cette dernière lui en apprendrait peut être un rayon sur la dissimulation ou le repérage. C'était si rare de croiser des sensoriels !

@Suibaku Momiji

Intitulé HRP:

Une mission à la capitale.
D’ordinaire, on m’attribue des tâches subalternes à Kumo. Des corvées ou des travaux de démolition qui ont besoin d’être accomplis vite et bien. Il est rare que je parte en mission de rang C et encore plus sans la supervision d’un chunin. En relisant l’ordre de mission, je retiens un autre soupir ; la Raikage doit être fière de moi pour que je sois envoyée à la capitale. Par les dieux et les esprits, une mission d’enquête sur une organisation criminelle, suite à un attentat avorté à Kumo. C’est une mission digne des unités spéciales, mais pour une raison qui m’échappe, j’ai reçu l’ordre de faire mes bagages pour mener l’enquête sur place. J’accompagne Keiko, la genin que j’avais assisté durant une précédente mission, une prise de parole à l’académie pour rappeler aux élèves la réalité de la vie de ninja. Je serre l’ordre de mission contre ma poitrine, toute chose, le rouge me monte aux joues.
Je dois vraiment avoir fait bonne impression pour recevoir un tel privilège.
Il faut que je prépare mes affaires avant de rejoindre Keiko. Je ne peux pas me permettre d’arriver les mains dans les poches. Je prends mon sac de voyage, des affaires de rechange et une jolie tenue pour me fondre dans la masse. Je veille à tout envelopper dans un linge avant de le déposer au fond de ma musette. Ensuite, fidèle aux vieilles habitudes prises durant mon enfance, je rajoute un pain d’argile explosif et le recouvre avec du matériel plus habituel pour une ninja : quelques shurikens, un kunaï, de la corde. Enfin, pour camoufler tout cet attirail, je mets au sommet de quoi écrire : un carnet, des crayons, de l’encre et un porte-plume. C’est une mission incognito, porter un gilet de combat serait contre-productif et attirerait l’attention sur nous. Mon sac n’est pas trop gros, j’ai l’air d’une voyageuse, il suffira.
Je prends un peu de monnaie et un bandage que je glisse dans mes poches. Si j’en ai usage, mieux vaut l’avoir à portée de main.
Il ne reste plus qu’un détail à corriger : ma plaque d’identification. D’ordinaire, je la garde à mon bras. Néanmoins, en attendant les instructions de Keiko à ce sujet, je préfère la dissimuler. J’enfile mon bandeau frontal et le laisse pendre à mon cou, avant de le recouvrir d’une écharpe ample. Un moyen simple mais efficace de dissimuler mes affiliations et de les faire valoir si la situation l’imposait.
En m’observant dans le miroir, je me rends compte d’un détail : ma cartouchière d’argile. D’habitude, ma ceinture de grenade est orientée vers l’avant, pour y avoir facilement accès. Mais cette fois-ci, pour un soucis de discrétion, je la retourne. Avec les explosifs à hauteur de mes lombaires, il est plus difficile pour moi de les saisir : ils sont dans une position qui ne m’est pas familière et je dois écarter un pan de ma veste. Néanmoins, cela a l’avantage de les dissimuler. Je peux garder mon manteau ouvert sans révéler mes grenades.
Il me reste un peu de temps, je m’entraîne dans cette configuration et après quelques essais, je crois avoir compris l’astuce. Ecarter la veste d’un revers de poignet, à la manière d’une cape et m’emparer des explosifs.
Mais l’horloge tourne et je dois partir.
Une fois n’est pas coutume, il y a peu de mondes en ville et je passer par les toits. C’est la méthode la plus rapide pour rejoindre Keiko.
Bien heureusement pour moi, j’arrive au point de rendez-vous dans les temps. Pile à l’heure même, à mon grand soulagement.

« Bonjour Keiko, j’espère que tu vas bien depuis la dernière fois. C’est un plaisir que de travailler avec toi sur cette mission. Prête pour l’enquête, j’ai pris un joli kimono au cas où, pour me fondre dans la masse. » J’ai un regard admiratif vers mon aînée. « Je suis prête à partir, à ton signal. »

Keiko acquiesça lorsqu'elle aperçut sa jeune partenaire approcher des Portes des Cieux. Cette dernière était habillée en conséquence. On aurait dit une villageoise lambda, une gamine revenant des courses pour sa vieille grand mère. C'était parfait. La sensorielle arborait le même genre de vêtements, notamment une cape dans un ton neutre qui accommodait une capuche qu'elle s'empressa de mettre.

"Tu as pris tes précautions. J'en attendais pas moins de toi."

Keiko avait l'habitude des missions de reconnaissance et d'infiltration. La militaire avait bossé dans ce domaine au sein de l'armée Kaminarijin pendant près de dix ans après tout. Les jeunes ninjas de Kumo se faisaient souvent une idée plutôt bourrine de la vie d'un kumojin. Ils aiment la bagarre et perfectionner leurs techniques de combat. Alors lorsqu'il s'agit de missions plus furtives, ils étaient souvent à des années lumières de ce que la sensorielle attendait d'eux. Momiji semblait bien différente et cela augurait que du bon. De plus elle semblait avoir pris un bon paquetage pour plusieurs jours. Ca tombait étonnement bien.

"On est partis. On devrait pouvoir atteindre la capitale à la mi-journée en restant anonymes sur la route."

Durant les missions d'intelligence, Keiko avait pris l'habitude de rester discrète sur le chemin. C'était une précaution sans doute légèrement abusée mais elle préférait que personne ne puisse la reconnaitre en route vers l'objectif. On savait jamais des espions pouvaient peut être se dissimuler aux abords du village ou de la capitale. Par contre une fois sur place, elle comptait prendre ses quartiers dans la demeure familiale. Cela ferait plaisir à sa mère et le duo ne risquerait absolument rien. La Genin préféra toutefois demander à Momiji si cela lui convenait. Au pire elle se contenterait d'un petit détour sous prétexte de récolter des informations.

"Ca te dérange si on prend nos quartiers chez ma famille une fois sur place ? C'est très sécurisé et ça nous fera un point de chute si besoin. Tu as déjà visité la capitale ?"

Keiko invita Momiji à la suivre sur la route. Ce voyage leur donnerait l'occasion de discuter de leurs capacités et plus largement de faire connaissance. C'était important de bien cerner ses partenaires. On sait jamais ce qui peut se passer et si on peut anticiper les réactions d'autrui cela faciliterait grandement les choses.

Les consignes données par Keiko sont cohérentes : la capitale est assez proche du village, une demi-journée de marche semble raisonnable pour l’atteindre. Peut-être moins si nous forcions le pas, mais nous devons rester discrètes.
« Oui bien sûr, nous pouvons prendre quartier chez ta famille, c’est tout à fait envisageable. J’ai pu visiter la capitale oui, je connais les artères principales et quelques un de ses faubourgs. J’ai connaissance des quartiers à éviter. Toutefois, Murayouri n’est pas l’endroit que je fréquente le plus. Je suis plutôt familière avec le Mont Aratsumi et les montagnes d’Amesu, je peux y utiliser mes pouvoirs sans crainte, contrairement à la ville qui se prête peu à l’argile explosive. » Pour des raisons de sécurité, qui rendent son utilisation très difficile sans provoquer de dommages collatéraux.
C’est tout le problème de la pâte détonante des Suibaku : c’est une arme très puissante, mais qui ne discrimine pas. Même en utilisant des mini-grenades, il est difficile de travailler avec précision. C’est un exercice comparable à manger un bol de riz avec une hache pour seul couvert. Néanmoins, je trouverai une solution pour pallier à ce problème et en cas d’extrême nécessité, j’encaisserai pour Keiko.
Puisque le sujet a été introduit, j’en profite pour détailler le problème qui risque de se heurter à nous.

« Murayouri, la capitale, est une ville assez nocturne, avec une foule certaine. Je suis spécialiste des explosifs, je risque de provoquer des dommages collatéraux si par hasard nous devons nous battre dans une foule, ou à proximité d’une artère fréquentée. J’ai quelques capacités en sensorialité visuelle, mais je n’ai pas été formée à l’infiltration. Si la situation dégénère, je serai plus utile en appât qu’en combattante, ne serait-ce que pour éviter des pertes civiles. » Si je tire un faucon d’argile sur un ennemi, la force de l’impact et l’explosion peuvent tuer. « En intérieur… » J’ai un pincement de lèvres.

Pour avoir mené quelques expérimentations dans les tunnels sécurisés de Kumo, je sais comment fonctionne une explosion.

« En milieu clos, mes grenades font de gros dégâts : l’onde de choc a tendance à ricocher contre les murs. Sauf en cas d’extrême urgence, j’éviterai d’utiliser mes pouvoirs. Et de ton côté ? Comment se présente la mission ? »

Le trajet suivait son cours. Le duo n'était pas particulièrement pressé. Keiko comptait commencer les opérations le soir venu, ce qui leur laissait le temps d'arriver à la capitale et de poser leurs bagages chez les Mishima. Elles pourraient même faire un peu de tourisme si elles voulaient. Même si la famille de Keiko voudrait sans doute les accueillir comme il se doit. Cette dernière écouta les confessions de sa partenaire avec grand intérêt.

"Je vois. Je n'avais pas pensé aux problèmes liés aux capacités de ton clan. Simplement parce que nous nous ferons jamais prendre. Nous ne sommes pas là pour nous battre. Sois rassurée, je ne prend jamais de risques. Je suis de nature très prudente. Un peu trop même parfois."

Keiko fit un clin d'œil à sa jeune partenaire. Il s'agissait d'une mission furtive de récolte d'informations. hors de question de se faire repérer par cette fameuse organisation. Ca serait extrêmement gênant si la Genin venait à foirer cette mission qui semble toute indiquée pour ses projets de carrière futurs. Elle souhaitait intégrer le Yûrei, une unité très exigeante qui ne prenait que les meilleurs. Elle ne s'était pas encore décidée sur la branche par contre, estimant qu'elle avait autant de possibilités défensives qu'offensives, aussi douée en repérage qu'en camouflage.

"Mes spécialités résident aussi dans la sensorialité visuelle. Je suis capable de me camoufler, que ce soit pour me dissimuler ou bien changer de visage. Je peux aussi repérer des cibles avec une certaine facilité, que ces dernières soit seule ou en groupe. Même si dans ce cas ma détection sera plus vague."

Connaître son partenaire était essentiel dans une mission et Keiko, d'ordinaire peu bavarde, se prit volontairement au jeu. Remarque cela faisait deux fois qu'elle côtoyait Momiji et ironiquement elle n'avait jamais été aussi bavarde. Le hasard des affectations et de la nature des missions sans doute. elle serait probablement amenée à discuter plus longtemps avec sa jeune partenaire quand elles prendraient leurs quartiers chez les Mishima. Connaissant sa mère, cela promettait d'être assez embarrassant...

"D'ailleurs si tu veux des conseils en la matière, je serais ravie de t'en donner. Surtout si la mission s'éternise et qu'on dispose d'un peu de temps libre."

Keiko m’assure que mes talents ne seront pas un problème pour cette mission, que nous ne serons pas détectés. J’ai un hochement de tête. Je comprends : nous sommes ici pour faire de la surveillance, nous ne risquons pas d’être détectés et devons garder nos distances. La discrétion est de mise, si je dois faire usage de mes pouvoirs, c’est que nous avons échoué ou que nous avons eu une surprise. Pour s’étendre un peu : c’est une mission de rang C, si les généraux avaient tant besoin d’experts de l’infiltration, ils auraient sollicité les unités spécialisées dans ce domaine. En ce sens, nous effectuons une banale opération de surveillance, si nous découvrons quelque chose d’inhabituel, notre rapport pavera la route à des soldats mieux entraînés.
Ma partenaire en profite pour détaille ses talents : comme moi, elle est initiée à la sensorialité visuelle, mais sans doutes à plus haut niveau, si je dois en juger par la manière dont elle en parle. Capable de voir sans être vue, je comprends mieux pourquoi Keiko envisage de rejoindre les unités spéciales. Encore une fois, j’ai un hochement de tête, cette fois-ci admirative de ses compétences sensorielles.
Quand elle me propose son aide en sensorialité, je m’empourpre : je crains que ça ne soit pas mon domaine de prédilection. Je m’en sers principalement pour détecter des cibles au combat et avoir confirmation de l’identité de mes interlocuteurs. Je ne suis en rien l’œil de Kumo.

« Je suis touchée par ta proposition, je dois t’avouer ne pas être aussi douée que toi en matière de détection. Je veillerai à te demander, si j’ai une question quant à l’usage de mes pouvoirs. » Néanmoins, j’aimerais éclaircir une certaine zone d’ombre. « As-tu d’autres talents ? Je n’ignore pas que c’est une mission de reconnaissance et que nous ne serons pas repérées, mais en cas d’imprévu, j’aime bien connaître les talents de mes camarades. »

Je ne voudrais pas laisser ma comparse sur le carreau, en particulier si elle n’a pas les moyens de se défendre contre un ninja ennemi. Même si elle est plus expérimentée, je dois me tenir prête à lui venir en aide, par principe et par solidarité Kumojin.

« D’ailleurs, j’en profite pour poser une dernière question : comment se déroulera la surveillance ? Devons-nous guetter à tour de rôle un bâtiment ? Mener l’enquête en nous infiltrant sur place ? C’est la première fois que je pars en mission d’enquête, j’ignore les usages en la matière. Je suis plus douée en combat qu’en infiltration, comme tu as pu t’en rendre compte. » J’ai un sourire un peu gênée.
Plus j’en demande maintenant, moins je risque de gaffer tout à l’heure, quand nous serons à la capitale. En espérant que Keiko ne me tienne pas rigueur de ces questions.

Keiko acquiesça lorsque Momiji se plia en quatre pour refuser son offre d'apprentissage. Elle était mignonne. C'était rare les gens qui mettait les formes pour ne pas froisser les autres. Faut dire que ce n'était clairement pas le style de la militaire. Elle était franche et n'hésitait jamais à dire la vérité, même de manière beaucoup trop abrupte et sans tact aucun. Après Momiji ne semblait pas spécialisée dans la Sensorialité. Logique pour une Suibaku. Un peu comme Keiko et le Taïjutsu qui n'était pour elle qu'une manière de se défendre si jamais elle venait à être attaquée. Chose que la Genin évitait la plupart du temps, préférant rester dans les ombres pour se planquer et embusquer ses adversaires. Et puis fallait bien un moyen d'attaquer. D'ailleurs, elle montra le bas de son dos et le fourreau qui s'y trouvait. Elle empoigna sa lame courte.

"Je maîtrise aussi les bases du Taïjutsu. Du Bukijutsu pour être plus exacte. Malheureusement je ne peux pas dire qu'il s'agit d'une réelle spécialité. Mais je me défends. Tu as d'autres moyens de te battre à part l'argile explosif ?"

Keiko demanda plus par curiosité qu'autre chose. Elle ne s'attendait clairement pas à ce que les choses tournent mal. Et pourtant elle était extrêmement prudente ! C'est juste que lorsqu'il s'agissait de rester discrète, elle était extrêmement confiante ! La Genin prit quelques minutes pour réfléchir lorsque Momiji évoqua la mission en elle-même. Si le processus était plus ou moins tout le temps le même, dans ce cas précis elle n'y avait pas encore réfléchi.

"Tu tiens le bon bout, Momiji. On assure un point de chute. On observe les environs, les mouvements depuis et vers le bâtiment en question. On peut se renseigner auprès des habitants du coin mais c'est clairement plus dangereux. Donc je préconise pas. Au pire on est démasqués, au mieux ces terroristes peuvent être alertés d'une présence gênante et arrêter leurs opérations."

Keiko fit une pause, son regard vagabondant aux alentours, avant de continuer.

"Le clan Mishima pourra peut être nous fournir pour accéder à des renseignements aussi. Une fois qu'on a accès au bâtiment, soit en se dissimulant après avoir étudié ses défenses, soit je peux même me changer en un des terroristes pour m'approcher au plus près. Pour quoi pas faire les deux ?"

Le duo arrivait finalement en vue de la capitale.

Keiko m’informe qu’elle est rouée en bukijutsu, suffisamment pour se défendre au corps à corps. C’est un tanto si je ne me trompe pas, un sabre court conçu pour la défense rapprochée, qui peut aussi servir en arme secondaire, tenue de la main gauche en parallèle d’un katana. Ou du moins, ce sont mes souvenirs de l’académie qui parlent. J’imagine qu’avoir une main libre pour lancer des jutsus, agripper des objets et se défendre peut servir.
Pour ma part, je ne suis douée qu’avec de l’argile explosif. C’est une lacune qu’il faudrait que je comble, je ne l’ignore pas. Je secoue la tête
.
« Hélas, non. Je ne maîtrise que l’argile explosive. C’est pour cela que je demande : je peux me défendre à distance, mais le corps-à-corps est pour l’instant mon point faible. Ma formation n’est pas encore complète, il faut que je me perfectionne. » Keiko enchaîne sur une explication de la surveillance.

Nous serons en attente près d’un bâtiment, à observer les entrées et les sorties, qui entre, qui sort, les caractéristiques des visiteurs, s’il y a une récurrence à détecter. Recueillir des informations sur les habitants est exclu, car trop dangereux, cela pourrait mettre en alerte l’ennemi. La Mishima suggère de rentrer en étant déguisée en terroriste, ou de s’y glisser de nuit en toute discrétion.
J’ai un bref regard vers la capitale avant de répondre.

« Au risque de paraître rabat joie, s’infiltrer en solitaire semble une mission dangereuse. J’aurais plutôt suggéré de faire un travail plus rébarbatif en amont. S’ils préparaient un attentat, il doit y avoir des traces de cette préparation. Les produits chimiques utilisés pour préparer des poisons ou des explosifs sont nombreux. Ils ont dû utiliser des quantités considérables de ceux-ci pour créer une bombe ou du poison. Ton clan est sans doute au courant des rumeurs en ville, mais aussi des changements d’urbanisme qui ont pu avoir lieu. »

Nous arrivons en ville, très vite, la foule devient plus dense et le soleil commence à baisser dans le ciel. Il fera bientôt noir, l’occasion pour les casinos et autres maisons de jeux d’attirer leurs clients. Avec la foule, il serait possible de prendre en filature un homme sans se faire repérer. De même, échapper à un poursuivant devrait être possible sans trop de problèmes : il y a de nombreuses ruelles, des artères parallèles et plusieurs angles pour escalader les murs.

« En tout cas Keiko, merci de m’offrir ton hospitalité. » Ce n’est pas tous les jours que je peux dormir dans un domaine clanique après tout.

"Effectivement, s'infiltrer peut là aussi être risqué. Tu n'as rien d'une rabat-joie. J'ai peut être tendance à me croire supérieure grâce à mes capacités de camouflage. Tu as raison. Commençons par prendre des informations et voyons où cela nous mène."

Keiko répondit avec un sourire alors que les rues devenaient de plus en plus peuplées à mesure que le duo pénétrait dans la capitale. Le clan Mishima était un vassal des Sugimoto et en cela jouissait d'un domaine bien placé dans le centre-ville non loin du Palais. La sensorielle invita sa partenaire à la suivre. Elle répondit favorablement aux manières de Momiji. Elle ne savait pas trop si c'était l'endroit mais ça lui rappelait ses cours d'étiquette durant sa jeunesse...

"C'est la moindre des choses. Cependant, ne t'attends pas aux fastes dont tu as l'habitude dans ton propre clan. Nous ne sommes que des vassaux des Sugimoto. Nous avons quelques éveillés dans nos rangs mais rien d'aussi spécial qu'un Kekkei Genkai."

Keiko préféra préciser le fond de sa pensée. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas côtoyer la noblesse de la capitale et elle avait quitté le cocon familial très jeune. Justement pour fuir cette vie insipide faite de mensonges quotidiens. Elle n'avait cependant plus aucune rancœur envers les gens qui vivaient ce mode de vie, ni envers les grands clans de ninjas. Tout ça c'était du passé et une jalousie de surface qu'elle avait des facilités à écarter.

"Fais attention, ne me perds pas. La capitale est plus dense que dans mes souvenirs."

Une petite demi-heure plus tard et voila les deux kunoichis devant la porte principale du domaine Mishima. Ce n'était pas immense mais à la vue des matériaux, le clan semblait jouir d'un certain standing à la cour du Daimyo. Keiko soupira en jetant un coup d'oeil aux murs d'enceinte et à l'immense porte ornée. Deux gardes la ramenèrent rapidement à la réalité, croisant leurs hallebardes pour empêcher le duo de pénétrer à l'intérieur de la cour.

"Veuillez annoncer à qui de droit que Mishima Keiko souhaite rentrer dans sa propre maison."

Keiko annonça visiblement d'humeur espiègle, un pointe d'amertume dans la voix. Elle détestait clairement devoir passer par de telles circonvolutions pour entrer chez elle. Même si elle n'y avait pas fichu les pieds depuis des lustres. A la mention de son nom, les yeux des gardes s'écarquillèrent et le plus jeune parti en trombe relayer l'information à ses supérieurs. Probablement sa mère... Keiko soupira et s'excusa du regard envers Momiji. Elle suivit ça de quelques paroles, histoire de patienter...

"Je suis désolée. Ca se passe ainsi chez les Suibaku ? En tout cas ça m'exaspère au plus haut point. Et pourtant je suis du genre patiente. Tu veux qu'on prenne nos quartiers maintenant ou qu'on commence la mission ? Ce cinéma peut prendre une heure ou deux..."

« La collecte d’informations matérielles, si je ne me trompe dans le vocabulaire, nous mènera déjà loin je pense. » Fouiller dans les poubelles, compter les factures d’électricité, prendre les relevés d’eau, les heures d’activité du bâtiment, il y a de quoi faire.

Peut-être que nous ne saurons pas exactement ce qu’ils trament à l’intérieur, néanmoins, en réduisant le champ des possibles, nous pourrons nous préparer et diminuer les imprévus qui nous attendent. En fonction des circonstances, nous pourrons aviser d’un plan d’attaque et d’un plan de secours. Deux précautions valent mieux qu’une et même si c’est une mission de faible intensité, une rang C que la police a délégué à des ninjas conventionnels, nous devons rester sur nos gardes. Nos talents de ninja nous donnent des capacités surhumaines, mais pas une résistance surhumaine. Un coup de sabre ou un parchemin explosif peuvent survenir de n’importe où.
Keiko m’informe néanmoins qu’il n’y aura pas de faste luxueux dans mon clan. Ce qui ne me dérange pas, puisque je n’ai guère eu l’occasion de rejoindre les intrigues de la cour ou les affaires internes des Suibaku. J’ai tiré depuis un long moment sur cette vie de clanique professionnel, mon sang est celui des Suibaku, mais mon cœur appartient à Kumo. Mes paroles reflètent cet état d’esprit.

« J’ai quitté le clan à mes quatorze ans. J’ai refusé de me soumettre à la tradition des Suibaku. Je ne suis plus le bienvenue chez eux, si ce n’est pour leur terrain d’entraînement mais… » J’hausse les épaules, cachant ma peine derrière un sourire, j’ai encore un petit pincement à la poitrine, orpheline de cet amour familial, cette rassurance d’avoir une famille derrière-soi. « Ne t’en fais pas, j’ai l’habitude de vivre de manière ascétique. Un lit douillet et du riz chaud me conviendra amplement. » Alors que nous franchissons la foule, je veille à ne pas perdre Keiko qui marche en direction du domaine Mishimia, se frayant un chemin à travers les badauds. Je la suis de prêt, veillant à ne pas être importunée par un tire-laine.
Finalement, nous arrivons devant une prestigieuse résidence gardée par deux soldats en armure. Armures et hallebardes, prêts à devenir figurants d’un roman de capes et de sabre, la paire nous bloque l’accès sans un mot. Ma camarade doit justifier de son identité pour obtenir une réaction des sentinelles, la plus jeune fonce informer ses supérieurs du retour de Keiko. Le second, un homme plus âgé avec une grosse moustache grise, se détend un peu, me jetant un bref coup d’œil avant de se retourner vers la fille Mishima.
Je m’incline bien bas devant-lui, ne souhaitant offenser personne. Il ne fait que son travail et ce serait bien cruel de ma part que de lui en tenir rigueur. Une attitude qui ne semble pas partagée par Keiko, qui m’explique qu’elle prend outrage du protocole, ce que je peux comprendre. Souhaitant rester diplomate, je réponds de façon assez neutre, sans cacher le fond de ma pensée.

« Je suggérerai de prendre quartier. Pendant que tu retrouves ta famille, on me proposera sans doute une chambre. Je profiterai du temps libre pour préparer des plans, de l’encre, des cartes et des schémas. Si tu le souhaites je peux déballer nos affaires ou partir en vadrouille dans la cité, faire une petite reconnaissance discrète. » Ensuite, il faut que je justifie de l’attitude du clan Suibaku. « Je ne pourrais guère te parler du protocole des Suibaku, disons que comme partout, il y a des habitudes dont on pourrait se passer. Néanmoins, elles font partie de notre héritage, certains choisissent de l’embrasser. D’autre comme moi, choisissent de le refuser et de créer le leur. Je ne souhaitais pas voler, même pour la symbolique, ça aurait été une manière d’accepter un passé de voleur de grand chemin. » Je secoue la tête.

Mais c’est une histoire qui mériterait d’y passer quelques heures. Or, je ne souhaite point importuner Keiko avec mes drames familiaux. Tout cela est derrière-moi.

« Profitons du cérémoniel, c’est mieux que d’être accueilli par un instructeur qui nous dit de monter des hamacs dans la forêt, par une nuit de pluie torrentielle. »

Keiko ne pensait pas une seule seconde que sa question plutôt anodine provoquerait ce genre de réaction chez sa jeune partenaire. Si cette dernière ne s'énerva pas, elle était visiblement pas très à l'aise avec le sujet. La sensorielle ne chercha pas à en savoir plus. Ce n'était pas son genre et elle s'en fichait même royalement. Les affaires de cette nature étaient privées et elle appréciait qu'elles le restent. Elle ne s'excusa pas non plus, préférant concentrer son énergie sur la mission et dans ce cas précis sur des retrouvailles familiales dont elle se seraient bien passer.

Un long silence s'installa peu après.

Un majordome d'une soixantaine d'années fit son apparition en trombe et guida le duo à l'intérieur. Si l'extérieur du domaine était de qualité, l'intérieur s'avéra encore un cran au-dessus. Ca puait le luxe à plein nez. Encore plus que dans les souvenirs de Keiko. Elle n'avait clairement pas l'air ravie de se trouver sur place. Cependant, sa situation familiale n'avait rien à voir avec celle de Momiji. Et dans un sens cela la recadra et l'empêcha de se montrer trop négative envers la situation. C'était triste mais il existait toujours des gens plus malheureux que vous ou dans des situations plus compliquées. Le Majordome les amena finalement dans une sorte de salle de réception après ce qui apparut comme un dédale de couloirs étroits. Le style de la maison était très traditionnel, les meubles minimalistes, les portes coulissantes et de la verdure très bien taillée style bonzaï un peu partout...

"Je suis aussi partante pour commencer la mission aujourd'hui. De toute manière ce cirque ne durera pas longtemps. Ma mère viendra dire bonjour rapidement puis nous seront invitées à diner ce soir. Des fois j'oublie à quel point cet endroit ne m'a pas manqué."

Comme prévu, la mère de Keiko se pointa après un petit quart d'heure, vêtue d'un long kimono d'un blanc éclatant parsemé de fleurs de cerisiers. Ses cheveux était délicieusement agencés et attachés dans un chignon là encore très traditionnel. Elle bougeait d'ailleurs à un rythme qui lui était propre et commander un grand respect et une présence presque divine. Une chose est sûre : Elle savait en imposer. La matriarche du clan Mishima se contenta de leur dire bonjour, échangeant à peine quelques mots avec sa fille avant de filer aussi élégamment qu'elle était arrivée. Momiji pouvait presque voir du sang couler des poings serrés de Keiko à ses côtés. Une fois sa mère partie, cette dernière se tourna vers sa partenaire.

"Le majordome va nous conduire à nos chambres, on se retrouve à l'entrée du domaine dans une petite demi heure ?"

Keiko annonça de manière légèrement altière. Ironiquement, d'une manière assez proche de sa propre mère... La sensorielle retrouva Momiji à l'entrée. Elle avait endossé des vêtements simples de manière à se fondre facilement dans la foule. Il devrait rester quelques heures avant la tombée de la nuit. Largement de quoi faire.

"Alors Momiji, tu penses qu'on doit commencer par où ? Je suis toute ouïe. N'hésite surtout pas. On doit juste rentrer pour le diner. Ca nous donnera alors l'occasion de cuisiner mes parents et de leur demander un éventuel rapport sur la situation des terroristes. Je doute que ces dernières soient très précises mais ce sera toujours ça de pris."

Deux choses interpellent mon regard : le poing de Keiko qui se ferme à en devenir tout pâle, puis le kimono de sa mère, probablement la matriarche du clan Mishima. Une grande tenue blanche, sans doute faite de soie, qui lui donne une allure presque divine. J’ignore si c’est l’intention, mais il émane d’elle une très grande dignité. Madame n’adresse presque aucun mot à Keiko, c’est à peine si elle lui offre un regard en lui disant bonjour, puis elle repart comme elle est venue. Ayant été royalement ignorée par madame, je me contente d’acquiescer silencieusement à la remarque de ma comparse : nous serons là pour le dîner et le reste du temps, nous serons en vadrouille. C’est un plan tout à fait concevable.

« Oui, dans trente minutes je serai-là. » On m’offre une petite chambre un peu à l’écart, elle me suffit amplement et j’en profite pour déballer mon matériel.

Principalement les vêtements et le matériel de cartographie, je garde sur moi ce qui pourrait être utile au combat, pour des raisons de sécurité. Je n’ai pas été formée à l’infiltration, il serait dangereux que je joue aux espionnes romantiques, c’est la meilleure manière de mettre en danger la mission. Nous nous retrouvons à l’entrée, toujours sous l’œil avisé des deux gardes, même si le plus vieux semble plus calme qu’à notre arrivée. Il se permet une attitude un peu plus décontractée, moins zélée que tout à l’heure.
Keiko attaque le vif du sujet et je l’invite à marcher tandis que je lui donne mon opinion sur la manière de procéder.

« Nous devrions déjà inspecter les lieux, nous avons une adresse. Nous balader dans le quartier et nous rendre compte de ce qui se fait localement nous aidera. De plus, l’allure du bâtiment devrait nous informer avec plus de précision de l’ampleur de cet attentat avorté. Ensuite, nous pourrions passer à la bibliothèque municipale demander des archives sur la construction de ce bâtiment, s’ils ont encore le permis de construire, un plan des lieux ou même mieux, des informations sur les propriétaires. En prétextant que nous faisons un sondage pour le Daimyo ou un industriel local, nous devrions aisément avoir accès à ces informations. Discuter avec les gens, leur demander s’ils se sentent satisfait de la sécurité dans leur quartier, devrait nous permettre d’en apprendre un peu plus. Les gens sont bavards, certains apprécient tout particulièrement de raconter leurs problèmes, avec un peu de chance, nous en apprendrons d’avantage simplement en faisant la conversation. » J’ai un regard vers les toits. « Une autre manière de procéder serait de passer par le haut à la tombée de la nuit, ou au contraire, de passer par le bas. Fouiller les bennes à ordures peut être avisé, souvent les gens balancent leurs factures sans penser à les déchirer, ils froissent simplement les papiers. Toutefois, si nous choisissons cette option, nous récolterons sans doute quelques haussements de sourcils en revenant pour le dîner, ainsi qu’un bon bain chaud. »

Mais j’aime les bains, ce ne serait pas une si mauvaise idée que de plonger dans les poubelles. Malgré tout, j’ai une petite inquiétude envers ma camarade, ça ne va pas au mieux avec sa famille.

« Tout va bien ? »

Keiko était heureuse que sa partenaire ne semble pas tenir rigueur du comportement de sa famille, source d'un énorme embarras depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne. Même lorsqu'elle était encore une adolescente dans cette demeure, elle n'avait de cesse de se plaindre. Remarque, ça n'a jamais eu l'effet escompté, à savoir se rapprocher d'une mère pour qui l'apparence était tout ce qui comptait. D'ailleurs, cette dernière ne lui avait jamais pardonné de ne pas avoir suivit ses traces et emprunté le chemin de la parfaite femme du monde. Keiko avait rapidement choisi de suivre son père, conseiller militaire du Daïmyo et avait passé toute son enfance sur les terrains d'entrainement plutôt que dans des salles étroites à apprendre à arranger des fleurs ou à faire du thé...

Rétrospectivement, bien lui en prit !

Momiji aida grandement Keiko à se défaire de toutes ces pensées néfastes en se focalisant sur leur mission. D'ailleurs c'était bien que le duo s'y mette rapidement, histoire que ce sitcom Mishima n'ai pas le temps de mariner de d'influencer cette dernière. Le contre-coup de retrouver sa famille fut que la Genin laisserait sa camarade prendre les décisions. Ou du moins elle se laisserait plus facilement influencer. Ce n'était là non plus pas une mauvaise chose, loin de là, mais elle pourrait assurément rater quelques trucs. Elle espérait que ce ne soit rien d'important.

"J'aime beaucoup toutes tes idées. Le seule chose qui me gène c'est qu'en questionnant les gens du quartier, on risque d'attirer l'attention de guetteurs et autres espions... Je te propose de faire un tour du côté de la bâtisse en question et de laisser trainer nos oreilles. Eventuellement de poser quelques questions mais rien d'insistant je te prie. Après le diner, on fera un tour plus furtif et on checkera les poubelles si tu penses que c'est utile. Comme ça on pourra se détendre dans un bon bain en rentrant à la maison."

Keiko sourit, visiblement impatiente d'y être. Elle suivit Momiji vers le bâtiment supposé abrité des membres du Jinsei.

"Je vais bien, ne t'en fais pas. D'ailleurs, je m'excuse d'avance pour tous les désagréments que ma famille pourrait te poser. Heureusement, la mission ne devrait pas durer. Kumo commence déjà à me manquer et ça fait qu'une demie journée qu'on est parties ! Tu as beaucoup voyagé ?"

« Compris : faire un tour, tendre l’oreille, éventuellement discuter avec les locaux. Après le diner, nous revenons pour une reconnaissance plus avancée. Ne t’en fais pas pour les désagréments : ce n’est rien d’insurmontable. Nous serons très vite de retour à Kumo. » Ensuite, ses dernières paroles me rendent songeuses.

Si j’ai beaucoup voyagé ? J’ai eu maintes occasions de parcourir le monde, à une époque où les villages ninjas n’existaient pas encore. Huit ans pour être exacte, je connais la plupart des chemins et quelques sentiers oubliés de tous, sauf des plus aventureux. Néanmoins, toutes ces années sur les routes m’ont appris à prendre soin de mes chaussettes et de mes chaussures, même si ces dernières souffrent très vite de l’âge et de la pratique.

« De mes quatorze à vingt-deux ans, j’ai voyagé avec mon maître et parfois, mon père. J’ai parcouru de nombreux pays, j’ai emprunté des pistes qui n’existaient plus que sur les anciennes cartes et j’ai pu voir de jolis paysages. Je pourrais sans doutes tirer des leçons de vie de mes aventures, néanmoins, je vais aller à l’essentiel : si tu dois beaucoup marcher, prend des chaussettes de rechange, plusieurs paires. » J’ai un sourire, je n’aurais pas eu autant d’ampoules si j’avais suivi ces conseils prodigués par mon maître. Certaines leçons s’apprennent sur le tas, inculquées à la dure, par les circonstances. « Si tu veux, la prochaine fois que je partirai en randonnée, je te préviendrai, tu pourras venir. »

Le reste du trajet jusqu’à l’objectif se passe sans encombres. Nous sommes à ce moment de la journée où il n’y a pas trop de badauds dans les rues. Nous passons inaperçues et au bout de quelques instants, arrivons à proximité des lieux. D’après les instructions et l’adresse, notre objectif est un petit tripot à l’écart des grands axes. Dans une ambiance plus traditionnelle, détachée des casinos du quartier des jeux, plusieurs hommes discutent devant l’enseigne. Quelques joueurs entrent et ressortent à intervalle régulier, ils viennent miser leur salaire de la semaine aux dés. Je détourne le regard, ne souhaitant pas attirer l’attention et observe le quartier. C’est une rue peu fréquentée, avec quelques petits commerces, un endroit calme, loin des boulevards encombrés de la capitale. Le genre d’adresse qui se passe entre amis, pour profiter d’un moment de loisir après le travail. Les gens ici sont crapuleux, beaucoup de tatoués qui doivent appartenir à la pègre locale. Des yakuzas soigneusement intégrés à la société, qui font marcher leur commerce en toute légalité, une façade pour des activités sans doutes plus louches. Néanmoins, personne ne nous interpelle, personne ne nous adresse un regard. Il y a du monde qui circule et chacun se mêle de ses affaires. Cela ne veut pas le coup de faire un scandale pour deux étrangères.

« Que vois-tu ? »

Ca faisait longtemps que Keiko n'avait pas lâché un sourire et encore moins un rire franc en faisant fi de montrer ce qui se cache sous la façade qu'elle s'est constituée au fil des ans. Et plus spécialement depuis son arrivée à Kumo. Il n'y avait guère que Sayuri qui avait réussi cette exploit ces derniers temps lors d'une apprentissage sympa. enfin ça c'était avant tout ce foutoir et cette guerre civile qui s'annonce. La Genin s'imaginait qu'elle n'aurait pas forcément le temps de s'arrêter pour rire ou ne serait-ce que prendre un peu de bon temps entre les missions. La trajet fut relativement court. Les rues commençaient à se vider à mesure que le soleil déclinait.

"Oh je t'envie un peu ! A part la capitale et Ikeyama, lieu où j'étais affectée quand j'étais militaire, je n'ai pas eu le loisir de voir énormément de pays."

Keiko répondit avec une certaine politesse. Voyager l'intéressait mais elle n'avait jamais vraiment eu le temps pour ce faire. Stationné sur la frontière de Shimo pendant plus de dix ans s'avéra un travail à plein temps qu'elle avait adoré. Un ninja de Kumo avait certainement plus de latitude à ce niveau, même si c'était pas vraiment des conditions optimum ces derniers temps. Elle ferait contre bonne fortune bon cœur et s'investirait totalement dans son job avant de penser à évacuer tout ce stress en dehors des plateformes d'entrainement. son endroit de prédilection. Le duo s'arrêta finalement dans un petit troquet sordide, lieu de leurs convoitises.

Ca puait le repaire de brigands.

Il ne fallut que peu de temps pour que Keiko se mette en action et utilise ses capacités sensorielles pour essayer de percer ce rideau de légalité et d'y dénicher quelque chose d'intéressant. Momiji sentit visiblement que le moment était opportun. La sensorielle lui sourit mais ne lui répondit pas immédiatement, préférant rester concentrée. Il suffisait souvent d'une petite distraction pour perturber son flux de chakra et interrompre ses capacités de repérage. Elle laissa ensuite trainer son regard à l'affut de tout ce qui sortait de l'ordinaire. elle fixa éventuellement ce dernier sur une des tables du fond et un type à la mine patibulaire bardé de tatouages en train de siroter un verre entre deux bouffées de cigare.

"Boss à quatre heures. Six ou sept hommes de main. On nous a pas menti sur ce lieu. Par contre, on est surveillées. Tu as remarqué quelque chose de ton côté ?"

Keiko murmura tout bas un large sourire aux lèvres en montrant l'architecture qui les dominent pour brouiller les pistes. Autant jouer les touristes un peu paumées. Malgré ses capacités elle n'arrivait pas vraiment à déceler ce qui se passait dans l'arrière-boutique et même s'il en existait une. En d'autres circonstances, la sensorielle se serait déjà transformée en touriste délurée histoire de faire ton sur ton mais la mission du jour ne nécessitait pas tant d'efforts. Il ne s'agissait pas d'établir une planque ou d'infiltrer un réseau. Il fallait juste des informations basiques.

« Alors je te préviendrai la prochaine fois que je pars en randonnée. »

Mais le devoir nous appelle.
Keiko concentre ses dons de senseur à la recherche d’un élément important. Elle m’indique une personne d’intérêt, un gros homme à la peau encré, avec plusieurs de ses hommes dans les parages. Le tripot semble fréquenter par la pègre plus que par des terroristes, en tout cas, je vois mal des mafieux pactiser avec le terrorisme local : en général, ils font profil bas. Attirer l’attention sur leur entreprise nuirait à leurs affaires, ou du moins, c’est ce que je pense. A mon tour, je concentre mon don et ma vision se fait plus précise, six hommes de mains : deux gros, un tout maigre et trois de corpulence moyenne. Présence d’un client douteux. Ils n’ont pas de sac, ni de traces de brûlures ni quoi que ce soit qui pourrait laisser penser à un trafic important en arrière-salle. Ils ont surtout l’air d’être les gardiens d’un tripot douteux, où l’on vient dépenser un argent mal acquis, en marge de toute surveillance policière.
Keiko me demande si je vois quelque chose de mon côté.
Je reporte mon attention sur la façade du bâtiment, jouant le jeu à ses côtés de la touriste perdue.

« Non, rien d’anormal. » Pourtant, c’est bien l’adresse qui a été donnée par le prisonnier.

Cela ne me dit rien qui vaille, néanmoins, en continuant d’observer la façade du bâtiment, aucun détail surprenant ne me saute aux yeux. Pas la moindre anomalie.

Pourtant, j’essaie d’assembler le puzzle d’une manière qui a du sens. Au bout d’un instant, j’ai peut-être une explication valable.

« Ça ne ressemble pas à un plan. » Je reprends la marche et invite Keiko à faire de même, que nous puissions prendre un peu de distance, afin de parler plus librement. « On nous a parlé d’une opération d’envergure mais il n’y a rien qui laisse penser à un gros coup, pas ici du moins. Je pense que cet endroit devait servir de base avancé. En partant du principe qu’il y a réellement un gros coup en préparation, alors ce n’est pas ici qu’il aurait été élaboré. Je pense surtout que nous avons dans ce tripot quelques malfaiteurs qui accepteraient n’importe quelle tâche contre un peu d’argent. Des exécutants pas bien malins qui serviraient d’intermédiaires et rendraient plus difficiles à tracer les gens importants. » J’ai un petit sourire. « Néanmoins, c’est peut-être moi qui en fait trop. Il faudrait revenir à la tombée de la nuit, fouiller les poubelles, vider la boîte aux lettres et pourquoi pas fouiller à l’intérieur pour se rendre compte de quelque chose. »

Momiji ne semblait pas plus chanceuse. Les deux kunoichis n'avaient rien trouver d'extraordinaire qui faisait pensait que quelque chose d'important se déroulait sous leurs yeux. Keiko glissa rapidement son bras dans celui de Momiji alors que le duo passa deux types qui avaient tout l'air de sentinelle. Elle se mit à glousser comme une de ces adolescentes débiles qu'on croise souvent dans la capitale.

"Il est mignon ce mec, non ?"

Keiko se mit à rire de plus belle en faisant semblant d'être gênée. Elle n'était pas une très grande actrice mais il suffisait que sa partenaire joue légèrement le jeu pour que ça passe. Ce genre de délinquent n'avaient rien de flèches. Le QI moyen des environs n'était pas super élevé. Ca restait de la petite frappe. La sensorielle en était presque déçue. Même si la mission stipulait de ne pas chercher l'affrontement.

"Je pense aussi que ça ne ressemble pas à du crime organisé. Il se passe indéniablement quelque chose mais on est loin de la grosse organisation terroriste internationale."

Keiko prit une pose pensive alors que les deux kunoichis quittaient les ruelles étroites pour la grande avenue, retrouvant par là même la foule des petits soirs. Faut dire on était en plein hiver et il commençait sérieusement à faire froid. La Genin n'était pas contre un bon bain chaud. Elle eut une épiphanie.

"Je me disais, avant de fouiller les poubelles et tout... On pourrait simplement se contenter d'observer ce troquet quelques heures ? Peut être qu'ils nous mèneront à leur véritable repaire une fois la nuit avancée ? Il existe peut être un entrepôt ou un bâtiment mitoyen qui leur sert de véritable base d'opération ?"

Keiko n'avait clairement pas envie de passer sa nuit à fouiller les poubelles. surtout qu'il risquait d'y avoir plusieurs yakuzas faisant offices de gardes. On ne peut malheureusement pas les mettre hors d'état de nuire, la mission stipulant une discrétion extrême. Le visage de la Genin se para d'un sourire machiavélique.

"Ou alors on se partage les tâches ?"

« Oh qu’il est beau. » Je me prête au jeu de Keiko, même si j’ai une préférence pour les hommes plus fragiles.

Nous nous retirons pour discuter plus sérieusement d’un plan : il est clair que nous ne trouverons pas une organisation légendaire dans ce tripot en périphérie des axes principaux de la capitale. Keiko suggère de rester en observation plusieurs heures devant les lieux, afin de repérer un éventuel client ou donneur d’ordres. Avec l’espoir de trouver le gros poisson que nous cherchons désespérément, néanmoins, j’ai une hésitation sur la façon d’opérer. Jusqu’à la proposition de Keiko de diviser les tâches néanmoins, en voyant son sourire, je comprends que je vais devoir me salir les mains. J’hoche la tête : c’est moi qui ai suggéré les poubelles, il est normal que j’assume cette partie des opérations.

« Oui, divisons les tâches, nous irons plus vite ainsi. Je me charge des poubelles, occupe-toi de la surveillance. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de problèmes. » J’ai un pincement aux lèvres toutefois. « Par contre, en rentrant il me faudra un bain. Indique-moi l’endroit où tu comptes rester en planque, je te rejoindrai quand j’aurais trouvé quelque chose. »

J’ai un regard vers les ruelles, là où on trouve toutes les bennes à ordures, avant d’avoir un profond soupir : il faut savoir donner du sien pour servir Kumo. Même si par moment, je crois que je préférais une grande bataille épique. Nous nous séparons et je fais le grand tour, de sorte à ne pas être repérée et arrive de l’autre côté de la ruelle, alors qu’il n’y a personne et qu’il fait noir.
Il se met d’ailleurs à pleuvoir.
C’est bien ma veine ce soir. Mais quand il faut travailler, il faut travailler, je sors mon briquet tempête et me glisse dans la benne à ordure, histoire qu’on ne me repère pas. A la lueur de la flamme, je me rends compte qu’il n’y a pas grand-chose dans les poubelles : du papier principalement, des factures, des reconnaissances de dettes pour les joueurs invétérés. Quelques emballages et des bouteilles d’alcool aussi.

« On devrait le brûler, comme le boss a dit.
-Je n’ai pas que ça à faire de brûler ses missives personnelles. Elles iront aux ordures ! »

J’éteins mon briquet.
La trappe s’ouvre, l’obscurité est totale.
J’entends un bruit de sac poubelle.
Je ferme les yeux.
Sproooooootch.
Je viens de me prendre une avalanche d’ordures.
J’ai trois bouches et je ne dois pas crier.
Je reprends la fouille, blasée et commence à défroisser les correspondances qui viennent de me tomber dessus.
Je veux une douche.

"Hmm je compte m'installer sur un immeuble en face. Celui là est parfait. Il donne sur l'entrée du troquet et me permet de voir la ruelle qui est juste derrière au cas où."

Keiko montra du doigt à Momiji, comme pour définitivement se faire passer pour des touristes. On sait jamais, il pouvait y avoir des sentinelles dans les rues avoisinantes. Enfin si cette organisation était vraiment ce que notre taupe nous avait confié lors de son interrogatoire. Même si la sensorielle avait de plus en plus de doutes à ce sujet. Cela semblait bien trop amateur. Dans tous les cas, les deux kunoichis seraient probablement fixées le lendemain. Il restait juste à passer la nuit. Cela serait sans doute plus marrant pour la militaire de carrière que pour sa collègue.

Même si cette dernière semblait apprécier de visiter les poubelles du coin...

Keiko était pour le moins admirative de la volonté et la détermination de la jeune femme. Cette dernière n'avait de cesse de l'étonner d'ailleurs. La sensorielle ne manquait pas de courage et admirait au plus haut point ceux qui partageaient les mêmes traits de caractère. A savoir énormément de kumojins ! Même si elle avait pu émettre de sérieux doutes lors de son passage à l'Académie et tous ces gosses juste là parce que c'était cool ou parce que leurs parents en avaient décidé ainsi. Mais au bout du compte, la fille du clan Mishima était de noble ascendance, née dans la pourpre. Elle ne rechignait pas à se salir, ne clignant même pas de l'œil lorsque du sang de ses victimes sur son arme ou sa tunique mais les poubelles c'était vraiment trop dégeu. Heureusement, les partenaires servaient à combler vos faiblesses.

Il parait.

La planque se passa plutôt bien, Keiko étant une habituée de la chose. Il lui était arrivée de tenir une position pendant plusieurs jours au beau milieu d'une forêt hostile alors ce genre de tâches étaient presque la panacée. Elle ne se passa rien jusqu'à ce qu'elle aperçoive éventuellement deux petites frappes émerger de la ruelle derrière le dit repaire. La sensorielle les suivit quelques minutes avant de se rendre compte que ces derniers ne faisaient que de passer de magasin en magasin, récolant ce qui semblait à des ryos. Sans doute de l'argent pour leur protection. D'ailleurs les malfrats s'amusaient à crier à qui voulait l'entendre qu'ils bossaient depuis peu pour les Vipères Sanglantes. Un nom qui fit pouffer la sensorielle mais dont elle s'empêcherait de demander un rapport une fois rentrée. RAS en somme.

Keiko espérait que Momiji ait de meilleures nouvelles. Ou plus simplement des nouvelles...

Je suis dans une poubelle, recouverte de papiers et de détritus, je suis en train de lire des lettres et des correspondances. A la flamme d’un briquet dans une benne à ordure, ne souhaitant pas provoquer un énorme incendie je glisse les missives dans ma veste. J’attends quelques instants avant de sortir, le temps que les bruits de pas s’éloignent : compter cent secondes, puis passer la tête dehors.
A la manière d’un méchant de manga, je sors la tête, jette un œil à gauche, puis la droite, et sort de ma poubelle, les poches pleines de papiers et de correspondances du chef. Je remonte prestement la façade du bâtiment côté ruelle, utilisant mes pouvoirs de kunoichi pour courir sur les murs et rester dans les ombres. Une fois sur le toit du bâtiment, je fais le tour du quartier, profitant de l’obscurité pour rester à l’abri des regards et déambule sur les toits. Je traverse l’avenue en marchant en équilibre sur un câble électrique, rejoignant un immeuble voisin avant de rejoindre la planque de Keiko en veillant à faire un grand détour. De sorte à ce que les Vipères Sanglantes ne puissent me voir arriver depuis leur position.
Lorsqu’elle m’aperçoit, je lui fais un petit signe et m’installe à l’écart, histoire de ne pas l’incommoder avec mon odeur (eau de poubelle) et commence à éplucher les missives que j’ai dérobé à leurs chefs.
Pour la plupart, des correspondances anodines, qui stipulent des paiements et des opérations de basse envergure. Mais à un moment, en navigant dans les papiers, je découvre un secret peu avouable. En réalité, leur chef en rajouterait à chaque fois pour se faire mousser et admet ouvertement être un affabulateur qui en rajoute beaucoup trop.

« Keiko, » je lui tends le papier. « L’attentat était un mensonge, ils n'ont pas l'air d'être des lumières ni de comprendre les implications de leur tentative d'attentat, si elle a jamais existé. Qu’est-ce que tu en penses ? » Il est bien possible que je sois une idiote qui ait mal lue les consignes, mais je préfère l’opinion de ma camarade à mes doutes.

Keiko retrouva Momoji dans une ruelle pour faire le point. Elle attendit que sa jeune collègue termine sa petite chasse au trésor et qu'elle lui tende un papier assez révélateur. Cette dernière information, couplée avec celles dont le duo disposait déjà était largement suffisant dans le cadre de cette enquête. Elle acquiesca en ce sens.

"Je suis d'accord avec toi. Les preuves qu'on a récolté suffisent largement à prouver que le Jinsei n'est pas impliqué dans cette tentative d'attentat. Ce sont juste des fumistes. C'est du beau travail."

Keiko soupira de dépit au lieu de se réjouir d'en avoir terminé. Elle ne voulait pas forcément en découdre à chaque mission mais elle s'était engagée à Kumo parce que son ancien travail ne lui apportait plus vraiment de challenge. Alors sa déception était légitime à ses yeux. Et puis ça lui permettait de rencontrer ses collègues et de se familiariser avec toutes leurs techniques. Si ça pourrait sûrement lui donner des idées c'était surtout pour se synchroniser avec ces derniers et former de meilleures duo, trio ou même équipes. Elle tapa dans ses mains comme pour signifier la conclusion de cette soirée.

"Il nous suffira de demander aux Mishima un rapport plus détaillé sur ce gang de Vipères Sanglantes, histoire d'être plus contentieuses et on sera bon."

Keiko affirma en regardant Momiji dans les yeux avant que les effluves nauséabondes des poubelles ne parviennent éventuellement à ses narines. Heureusement qu'elle n'était pas une sensorielle spécialisée dans le repérage olfactif ! L'odeur était difficilement supportable. La Genin de noble extraction rassembla tout le tact possible et annonça le plus sérieusement du monde.

"Que dirais-tu d'un bon bain chaud et de quelques heures de sommeil avant de rentrer à Kumo ?"

Keiko sourit, n'attendant pas vraiment de protestations. Le duo se dirigea finalement vers le domaine familial. Les deux kunoichis se purifieraient, rassemblerait toutes leurs observations et rentreraient à Kumo à l'aube pour faire leur rapport final. Si la sensorielle avait été déçue de la difficulté de la mission, elle était tout de même ravie de l'avoir complétée et de pouvoir passer à autre chose.