Rendez-vous à 8 heures, salle des opérations. Senbaru Yasue

Raesthra se leva de bon matin pour poursuivre l’étude du bouquin qu’il n’avait pas pu finir la veille. Il fallait dire qu’il était particulièrement volumineux, et même s’il n’étudiait pas toutes les pages avec la même intensité, cela allait probablement lui demander encore de nombreuses heures. Cependant, plus il avançait, plus il avait l’impression que ce livre n’allait rien lui apprendre, du moins rien qui puisse lui permettre de répondre à ses questions. Aussi, il avait l’impression de perdre son temps, un sentiment qu’il n’appréciait pas vraiment, surtout lorsqu’il était question de travail. Il poursuivit malgré tout pendant quelques temps, deux heures pour être plus précis, avant de finalement fermer le livre et se préparer à partir au bureau.

L’étude de ce bouquin attendra, puisqu’il s’agit de recherches d’ordre purement personnel. Aux locaux du Kagakusha, d’autres tâches l’attendaient aujourd’hui, comme par exemple l’étude et la classification des archives pour permettre à tous les scientifiques de bosser convenablement, ou disons de moins perdre leur temps. Il lui fallait aussi rencontrer Yasue pour lui soumettre son premier projet, mais pour cela encore fallait-il que le Senbaru soit disponible.

Quoi qu’il en fût, il quitta son appartement et arriva au bureau une quinzaine de minutes plus tard. Il salua naturellement le personnel, avant de gagner son bureau. Alors qu’il hésitait entre une tasse de café ou quelque chose de plus fort, qu’il dissimulait dans ses tiroirs, pour commencer la journée, quelque chose attira soudainement son attention. Il s’agissait d’une note déposée dans un coin de sa table, indiquant qu’il devait se rendre à huit heures à la salle des opérations, signée par le Senbaru en personne. Il jeta alors naturellement un coup d’œil à l’horloge, avant de filer vers la salle de réunion.

Lorsqu’il arriva à l’entrée de la salle, il put voir que les autres agents convoqués étaient déjà présents, ils n’attendaient plus que l’arrivé de Yasue. Parmi eux, Raesthra reconnu naturellement Ayako et Yuri, deux scientifiques passionnées par la médecine, qu’il avait rencontré quelques jours plus tôt.

« Salut les filles ! » Finit-il par lâcher, en franchissant le seuil de la porte. « Vous avez l’air en forme, j’imagine que vous avez eu le temps de prendre votre café ? Sinon, alors comment se passe votre intégration ? » Ajouta -t-il, d’un sourire bienveillant, avant de s’installer.

Il ne restait plus qu’à attendre Yasue, l’un des rares hommes à avoir autrefois défié le seigneur de la foudre. Raesthra avait entendu de nombreuses choses à son sujet, à l’époque où il était encore mercenaire avec sa bande. Difficile de savoir si toutes les choses qui se racontaient à son sujet était vrai ou faux, mais l’archéologue restait persuadé que cet homme ferait tôt ou tard briller le Kagakusha…

Les deux jeunes femmes se portaient bien et leur intégration avait l’air de bien se passer. Encore quelques jours et ces locaux n’auraient plus de secret pour elles, se disait l’archéologue, qui les gratifiait de son sourire habituel.

« … C’est une bonne chose alors. » Fit-il, en s’adressant à elles. « Oui, Ayako, je crois qu’on n’aura pas trop le temps de s’ennuyer. En même temps, avec notre nombre actuel, ce ne sera pas vraiment étonnant, hein. » Ajouta -t-il, d’un fin sourire.

Il devait être une vingtaine au total, peut-être légèrement plus ? La grande majorité demeurait des civils, ce qui faisait d’eux des éléments cruciaux de cette unité spéciale. Car, en plus d'en connaître un rayon dans leur domaine, ils manipulaient et contrôlaient le chakra. Aussi, chacun d’eux pouvaient très probablement prétendre à un rôle clé sur le terme, même si cela n’intéressait pas spécialement l’archéologue.

Non, lui ce qu’il désirait c’était simplement entreprendre ses recherches et ne pas avoir des bâtons dans les roues. Recevoir des ordres n’était pas une chose nouvelle pour lui, non loin de là, mais ses expériences passées étaient entachées de beaucoup d’injustes qu’il espérait ne pas connaître ici.

Pour l’heure, il avait le pressentiment que les choses allaient réellement être différentes ici, à Kumo. Sa conversation avec la Raikage et les rumeurs ainsi que la réputation du Senbaru étaient, en autres, les choses qui le rendaient optimistes. Puis, il y avait ces deux jeunes femmes, elles lui inspiraient confiance, ce qui n’étaient pas forcément le cas des personnes avec lesquelles il avait dû collaborer à l’époque, à l’exception bien entendu de son équipe.

Bref, tout cela pour dire que Kumo était exactement l’endroit qu’il lui fallait pour poursuivre ses recherches. Il existait toutefois un obstacle de taille, quelque chose dont la Raikage et probablement le Senbaru savaient et dont il leur faudra, tôt ou tard, contourner avec leur autorisation. Mais nous verrons cela en temps et en heure.

Pour l’heure, Yasue débarqua dans la salle des opérations, visiblement pile à l’heure. Il semblait fatigué, probablement le poids des années, couplé peut-être à une charge de travail conséquente, allez savoir. Un petit tour au sources thermales et un peu de sport de chambre devraient pouvoir le requinquer vite fait bien fait. Bon, disons au moins atténuer un peu sa fatigue alors ?

Peu importait, le vieil homme prit finalement la parole, souhaitant ainsi officiellement la bienvenue à ses recrues. Peu de mots sortaient de sa bouche, mais tout ce qu’il disait était important. Oui, il était du genre à aller droit au but, choses qu’apprécieront certainement les trois shinobis qui se trouvaient en face de lui.

Attentif, Raesthra n’éprouva pas le besoin de réfléchir lorsqu’il leur dit qu’il voulait entendre leur projet pour le village. C’était une chose à laquelle il avait déjà suffisamment songé, c’était la raison pour laquelle il se trouvait ici. Aussi, il se contenta d’écouter attentivement la suite. Il apprit qu’il leur fallait désigner un projet, non seulement pour éviter de s’éparpiller, mais aussi par manque de moyens, car l’unité ne disposait pas de fond illimité.

Chose que Raesthra était tout à fait en mesure de comprendre, restait tout de même la question de savoir si ce sera un unique projet pour toute l’unité ou un projet par section, voire par personne. Difficile à dire, néanmoins s’il s’agissait d’un unique projet pour toute l’unité, l’archéologue trouvait cela totalement contreproductif, chose sur laquelle ses camarades seront peut-être d’accord pour le reconnaître. Cependant, du peu qu’il s’avait de Yasue, il se disait que ça ne pouvait pas être cela, mais pour l’heure, il s’abstint de tout commentaire.

Quoi qu’il en fût, la Betsumei fut la première à qui le Senbaru donna la parole. Elle lui confirma alors son désir d’étudier la médecine et le chakra de manière générale. C’était un thème tellement vaste qu’il pourrait très bien constituer un véritable projet pour l’unité scientifique dont elle et Yuri faisaient partie. Elle poursuivit en développant son projet sans forcément entrer dans les détails. Enfin, elle conclut, laissant ainsi le Senbaru réagir ou donner la parole à quelqu’un d’autre…

Yasue semblait apprécié les idées d’Ayako, qui, il fallait le reconnaître, étaient excellentes pour lancer la division scientifique. Cependant, le Senbaru voulait toute de même attendre de voir les propositions des autres, avant de véritablement les valider. Logique. Aussi, son regard se posa sur la personne de Yuri, elle aussi scientifique de la division Kenkyûsha. Il se permit rapidement une petite clarification sur l’organisation et la répartition des projets, chose qui ne manqua pas de rassurer l’archéologue.

Ainsi donc, les deux divisions auront chacune un projet majeur, qui pourraient être suivi de plusieurs mineurs, en fonction des besoins du projet initial. Cela convenait parfaitement au Chûnin, qui ne manqua pas d’acquiescer d’un léger signe de tête. Le Senbaru poursuivit son monologue, en encourageant notamment chacun à réagir sur les idées des autres, si jamais ils trouvaient des choses à redire, avant de définitivement céder la parole à Yuri.

La Miyazawa se lança alors sans plus tarder pour développer ses idées. Contrairement à Ayako, ses idées étaient beaucoup moins ciblées et se voulaient pour ainsi dire dans l’intérêt du plus grand nombre. En somme, leurs idées se complétaient parfaitement, puisque celles d’Ayako pourraient constituer une étape dans le très vaste projet de sa collègue. D’ailleurs, plus cette dernière s’exprimait et développait ses idées, plus l’archéologue les trouvaient pertinentes et très novatrices.

En effet, si ses idées se concrétisaient, c’était la science et plus précisément la médecine qui en seraient grandement bouleversées, ce qui pourraient permettre à Kumo et Kaminari de grandement se démarquer de toutes les autres nations. Ils étaient certes loin, encore très loin, mais au moins ils savaient désormais par où commencer avec les idées de ces deux éminentes scientifiques, songeait l’archéologue. Il laissa enfin la possibilité à Ayako de s’exprimer, avant d’hocher légèrement la tête et de la gratifier d’un sourire bienveillant, visant à la mettre en confiance. Son regard se porta ensuite sur la personne du Senbaru, puis de Yuri, avant de finalement se lancer à son tour :

« … A titre personnel, je trouve vos idées excellentes. C’est exactement le genre de projet qu’il nous faut pour la branche scientifique. Ce ne sera certes pas simple et il faudra commencer petit, mais si le résultat est là, j’imagine que ça incitera la Raikage et le Daimyo à allouer davantage de fond pour le Kagakusha. » Glissa -t-il, en esquissant un petit sourire, tandis que son regard s’arrêtait sur la personne de Yasue, un peu comme pour l’inciter à confirmer ou infirmer ce qu’il venait de dire. « Sachant que nous, les agents du Kaitakusha, seront souvent amener à voyager à l’extérieur du pays, nous pourront très bien vous faire parvenir des rapports réguliers sur l’écosystème des autres pays que nous serons amener à explorer. Ainsi, s’il y a des choses qui retiennent votre attention, nous pourront vous y accompagner sur le terrain pour que vous puissiez les examiner des plus près. Mais bon, j’imagine que rien qu'avec que Kaminari vous avez de quoi vous occuper pour un moment. » Ajouta -t-il, d’un air songeur.

Entre la forêt de Shimepoi, le lac de Raiun et les différentes chaînes de montagnes abrités par les tribus indigènes, le Kenkyûsha avait clairement de quoi s’occuper. En tout cas, si la section des explorateurs pouvait d’une certaine façon participer au développement de la division scientifique, l’inverse était tout aussi possible.

« Pour ma part, cela fait des années que je suis sur les traces des Bijuu. Oui, ces créatures qui auraient autrefois semé le chaos, avant qu’elles ne fussent tous exécutées à l’issu du traité de prospérité. Etant plutôt adepte du mythe de l’éternel recommencement, je pense que nous avons tout intérêt à étudier cette partie de l’histoire et chercher à savoir si ces créatures ont réellement exister. D’ailleurs, à ce sujet, il est dommage qu’il manque certains pans de l’histoire de Kaminari. Disons que j’avais misé sur ça pour gagner du temps, mais tant pis, il me faudra m’y prendre autrement. » Fit-il, dans un premier temps. « Aussi, concernant les Bijuu, je peux comprendre que beaucoup, dont peut-être vous, pensent que ce ne sont que des chimères et que c’est une perte de temps de s'intéresser à eux, mais c’est la voie que j’ai décidé de suivre et c’est principalement la raison pour laquelle j’ai rejoint Kumo. » Ajouta -t-il, en regardant ses interlocuteurs dans les yeux. « En l’occurrence, ce que j’aimerai pour le Kaitakusha ce sont avant tout des moyens pour pouvoir parcourir et explorer le Yuukan. Ainsi, en plus de creuser sur la question des Bijuu, nous pourrons découvrir et mieux connaître les autres territoires, ce qui, vous en conviendrez, constituerait un avantage non négligeable pour notre village. » Conclut-il, d’un très léger sourire.

Il avait beaucoup parlé et ce avec tout le sérieux dont il pouvait faire preuve. Chose rare, mais oui il était tout à fait capable d’être sérieux lorsque les circonstances l’exigeaient…

Après les avoir attentivement écoutés, Yasue se prononça finalement sur les propositions du trio. En effet, il trouva leurs idées intéressantes et en profita pour dégager deux gros projets pour les deux divisions du Kagakusha à partir de leurs propositions. Ainsi, les scientifiques auront pour principal projet l'étude de l'écosystème du pays, tandis que les explorateurs se verront portés sur l'extérieur pour explorer et récolter des informations sur les Bijûs, entre autres.

En outre, le Senbaru n’excluait pas les autres idées, bien au contraire, laissant ainsi, par exemple, la porte ouverte pour les études sur les cellules souches. Il n’était pas non plus fermé à l’idée d’étudier les autres écosystèmes, ce qui présageait une potentielle collaboration entre les explorateurs et les scientifiques. En effet, si les premiers mettaient la main sur quelque chose, les seconds pourront être déployer pour l’étudier de plus près, puisqu’ils étaient le plus à même à pouvoir le faire. D’ailleurs, Yuri ne manqua pas de rebondir sur cette idée pour suggérer que cela pourrait aussi leur permettre de passer des accords scientifiques avec les autres nations, ce qui ne pourrait qu’être bénéfique pour la cité et Kaminari tout entier. Trouvant cette idée très pertinente, Raesthra ne manqua pas d’acquiescer d’un signe de tête pour appuyer l’idée de la scientifique.  

Finalement, cette entrevue avait parfaitement rempli son objectif, tout du moins pour l’archéologue, qui était satisfait de voir ses idées approuvées par le Senbaru. Ainsi donc, bientôt, il pourra de nouveau se porter sur le monde extérieur, comme à l’époque où il était mercenaire, et ainsi retrouver une relative liberté qui ne pourrait que lui faire le plus grand bien. Ce n’était pas qu’il étouffait au sein du village, mais il serait clairement plus utile à l’extérieur qu’entre ces quatre murs.

« … Cela me convient également. C’est parfait, je crois que je ne pouvais pas espérer mieux, merci. » Fit-il, avant de poser son regard sur ses collègues.

Elles étaient aussi satisfaites du monologue du Senbaru et semblaient d’ores et déjà prêtes à se mettre au boulot, ce qui ne manqua pas d’étirer légèrement ses lèvres.

« On raconte que jadis Kaminari était l’un des pays les plus avancés sur le plan scientifique et militaire, je suis convaincu que nous pouvons réitérer cet exploit, tout du moins en ce qui concerne les sciences. » Glissa -t-il, sourire aux lèvres.

Plus besoin de fuir, plus besoin de faire le sale boulot pour trouver de quoi financer ces projets. Non, désormais, il avait tout un village derrière lui, une protection et des finances qu’il n’aurait jamais pu se procurer s’il avait continué de mener sa vie de mercenaire. Le choix de Kumo s’avéra payant. Le voilà désormais libre de reprendre ses travaux, des travaux qui le mèneront un jour au Kakusei, tout en profitant pleinement aux Kumojins et Kaminarijin, et qui sait peut-être au monde, songeait-il.