Mélange de plusieurs aspects aux arômes subtiles, la silhouette d’un ombrage glaciale associée au jeune héritier savait inoculer une prestance naturelle même dans ce genre de milieu où une fois nuit tombée, les masques se brisaient pour délier des vérités inavouées. Peut être parce que lui même en était une de ces dites vérités dilués dans des statuts sociales impossibles à faire cohabiter pour n’importe qui sans chuter dans l'abîme de la honte.

Ou surement à cause de sa jeunesse où de la forteresse resplendissante de sa seigneurerie, ce dernier savait descendre dans les ruelles malfamés pour se fondre à égalité avec ses frères roturiers sans qu’aucune distinction ne soit faite. Jouer, partager le même repas et le même couchage indigne de la noblesse, entrer en relation et faire directement partie de ce réseau officieux qu’aucune lèvre n’aime évoquer ouvertement ; Ainsi se faisait Ashura, d’une nouvelle soirée passé dans la capitale.

Si devenir Shinobi et surtout un gardien du temple de Susanoo impliquait de réels enjeux, il s’avérait bien plus difficile de se plonger intimement dans ces milieux sans espérer revenir de temps en temps à sa réelle nature, toute cette reprise étant encore trop fraîche. Et puis ses objectifs n’en demeuraient pas pour autant mis en berne, au contraire. Trouver le saphir de l’empereur. Voici ce qui hantait inlassablement ses rêves et cauchemars.

Pas seulement lui d’ailleurs, en témoigne sa solitude illusoire qui faisait diversion alors que dans les coulisses de cette ambiance festive, une poignée de ses frères s'évertuaient à se mettre à jour concernant les faits relatif à ce fameux artefacts et de manière annexe sur le reste des événements au sein de Kaminari.

Pendant ce temps là, Ashura se contentait d’attirer l’attention et paraître anodin, d’un passage presque assimilable à une formalité si l’on en croyait les divers nobles arpentant ces rues. Et surement des ninjas aussi , ou en devenir depuis peu. Ainsi avait-il rendez vous dans un établissement relativement connu du nom de l’Auberge du candelâtre … Une sorte de visite de courtoisie pour en tester les saveurs.

Sa réputation semblait plutôt bonne et assez bien côté … Du moins dans la belle théorie puisque la première initiation de notre homme fut d’une nature tout autre et plus usuelle pour l'appellation d’un tel endroit. Dans l’absolue, cela ne le dérangeait pas tant que ça … Mais ce n’était pas vraiment sa bâtisse ni ses propres biens. Il venait plutôt comme un inconnu voir plus d’ailleurs puisque ses ambitions impliquaient de réunir des peuples et apprendre à régner sur un empire à l’avenir. Qu’en serait-il si son autorité ne reposait que sur celle hérité de son paternel et de ses liens précédents sans n’avoir rien construit de lui même ?

Des chaises, des poings perdus, des bouteilles brisées, de l’adrénaline, des cris ; Tout y passait, insultes, bastons, matériel. Le serveur au bar semblait las et empli d’une impuissance évidente, les jeunes femmes attrayantes subissant  à l’écart cette violence sans pouvoir prendre aucune responsabilité dessus. Ashura lui même essuyait quelques corps presque désarticulés par l’ivresse commune de la salle, les repoussants sans perdre pied directement dans la foule pour les replonger dans la bataille.

Son chemin se faisait lentement vers le point le plus calme, bercé par un mystérieux personnage qui ne paraissait pas tant comme un employé de ces lieux à première vu ; Mais ce n’était pas là l’affaire direct de notre protagoniste. Son objectif consistait dans un premier temps à avoir une vue d’ensemble sur la situation et décider de la meilleur option à adopter … Et si oui ou non cela méritait une intervention d’ailleurs. Ses hommes allaient de toute manière avoir besoin de temps et ainsi de son côté passer coute que coute la soirée ici. Autant le faire dans de bonnes conditions.

Venant d’un futur Roi, le discours à haute voix aurait été envisageable mais cela relevait de l’idiotie dans un cadre pareil, l’alcool déformant certaines choses pour les rendres moins impactantes et d’autres … De façon inverse. Et ce fut ce procédé inverse qui prédomina à travers ses yeux d’un azure gelé proche de l’onirique.

Il ne fit mot, plutôt des gestes assez furtifs dans le contexte, le recours à des puissances et pratiques que peu de gens connaissaient réellement dans le Yuukan, pas tant point de vue réputation que différences entre les invocations elles mêmes. Puis aussi, son apparence ne prêtait guère à ce genre de supposition. L’espace d’une fraction de seconde, l’incarnation d’un avatar étrange et impressionnant sembla s’esquisser dans la salle, sans que ce ne lui soit directement associé. Elle se montrait bréve et frappante plus que purement démonstratives. Certains pensaient avoir rêvé, d’autres abasourdie par la nature de cette chose incantée. Au moins suffisait-elle à faire chuter la pression d’un seul coup pour stopper la bataille et laisser planer un moment de doute et d’hallucination, jusqu’à ce que dans ce chaos se dessine sa silhouette légèrement en hauteur sur la scène vers lequel chacun se tournait.

On aurait dit de son regard qu’il cherchait quelque chose tout en jugeant deux ou trois individus sans forcément paraître méprisant. Ce genre de situation ne paraissait guère l’étonner … Ces gens ayant seulement besoin de se défouler. Leur présence s’avérait nécessaire pour fonder le décors de cette auberge le temps de son séjour éphémère … Ainsi ne leur laissa t-il pas le temps d’encaisser ni de faire de déduction sur la vision de tout à l’heure ; Qui voulait avait compris qu’une forme d’autorité existait dans les pupilles de cet homme et que ce phénomène pouvait se reproduire.

Là, il n’agissait pas comme Shinobi mais comme héritier du trône.

Bien, tout le monde s’est suffisamment amusé. Cette fois, c’est ma tournée.

L’intonation de la phrase comportait un versant de menace conditionnel, avec ce soupçon de récompense qui faisait irrémédiablement illuminer les regards en chassant tout le reste, à condition que le calme revienne et que les esprits embrumés par l’étonnement et la crainte se replonge dans le liqueur enivrant.

Ashura de son côté soupirait, cherchant de son attention une ou deux serveuses si ce ne fusse le serveur au bar histoire de faire prendre conscience de ce temps mort pour intervenir et effacer un temps soit peu les dégâts de ce bordel sans nom.

On le retiendrait de cela pour ce que l’on voulait … Ce n’était pas sa quête, pas pour l’instant, même si la douce musique pas loin de lui continuait sans que cela ne vienne encore l'éveiller totalement.

Une drôle d’ambiance s’installa subitement dans l’auberge après les conséquences de cette intervention peu conventionnelle, entrelacés des jeunes femmes qui s’evertuaient tant bien que mal à répandre les verres de la tournée offertes, le tout en corrigeant ici et là les dégâts occasionnés en cours de route. C’était un air de rien qui se profilait sans aucune honte ni culpabilité de la part des personnes à tables, dont les visages se déformeraient sûrement une fois la note salée de leurs tapages répercutés directement à leurs domiciles …

Mais en dépit de cela, le plus étonnant pour Ashura demeurait la mise en évidence paradoxale de l’arrêt de cette douce mélodique qui devenait en l’instant plus perceptible encore que l’arrêt de cette bataille, surement de par sa qualité se démarquant du brouaha de tout à l’heure. Pour autant, il ne pouvait se faire la confidence de tout un chacun, pas pour le moment … Tel n’était pas sa mission principale en ces lieux.

Au contraire, ce fut la providence elle même qui s’invita directement à table, nullement attendue et pourtant accueilli comme un vieil ami, sans surprise. Après tout, les deux seuls résidaient ici en tant que maître de leurs âmes même sous l’influence de cette liqueur tentatrice, avec cette touche d’assurance et de mystère qui les démarquaient des autres. D’ailleurs, de son intervention, ce dernier avait l’oeil sur la nature de son métier.


En effet … Même si j’ai parfois du mal à me désigner ainsi. Les habitudes restent difficiles à effacer.

Après un contact visuel bref mais répondant d’une certaine familiarité quasi naturelle, son regard fit le tour de la salle et le contexte de leur présence dans cette auberge afin d’illustrer le véritable fond de ses propos introductif. Il ne savait pas encore si ce dernier avait décrypté le procédé de cette apparition soudaine, même si cela ne le dérangeait guère en l’instant. Dans cette capitale, chacun se sentait en confiance et surtout comme à la maison dans leur chère pays.


Vous savez les reconnaitre, ça par contre c’est moins habituel … Un ancien du village ?

Cet homme avait un style certains dans son allure et sa tenue, assez pour ne pas le confondre avec n’importe qui. Mais plus que tout autre, son lien possible avec le village et ses connaissances risquaient de l’intéresser au plus haut point.