« … Je n’ai pas vu l’heure passer. Bon, je vous laisse finir le rapport, j’ai une longue mission qui m’attends… » Fis-je, en m’adressant à mes clones.

Ils opinèrent d’un léger signe de tête, avant de se remettre au travail. De mon côté, je quittai naturellement les locaux du Kagakusha pour retourner à mon domicile, leur laissant ainsi le soin de finir le rapport, qu'il leur fallait conclure avant que je n'éloigne trop du village. Quant à moi, il me fallait récupérer mes affaires et rejoindre rapidement les autres au point de rendez-vous pour le voyage qui nous attendait. Oui, un long voyage vers le pays du gel nous attendait, Ayako, Hanae et moi. Pour quoi faire ? C’est simple, nous avons pour mission de récupérer quelques échantillons du bois de Shimo et par ailleurs en profiter pour cartographie un peu le pays. Oui, ce n’était clairement pas le genre de mission qu’apprécierait la Yuki, mais c’est ça qui était amusant, vous ne trouvez pas ?

Enfin, quant à la raison du choix d’Ayako, c’était simple, je voulais qu’elle découvre un peu en quoi consistait mon travail. Bon, certes, on n’y allait pas pour inspecter des sites archéologiques, mais c’était toute de même une mission qui entrait dans le champ de compétence de ma division, le Kaitakusha. Puis, cela devrait lui permettre de changer un peu d’air, j’étais persuadé que ça lui ferait le plus grand bien.

Bref, quelques temps plus tard, je finis par arriver à mon domicile. Je m’emparai alors de mon sac, dans lequel je mis quelques affaires de rechange, quelques paquets de chips de melon, ainsi que mes outils de travail, à savoir : des parchemins, de l’encre, une plume et une boussole. C’était à peu près tout, oui. Je jetai un bref coup d’œil à mon horloge, avant de quitter mon appartement et partir vers le premier point de rendez-vous, à savoir la porte Ouest de la cité.

Quelques temps plus tard, je finis par atteindre ma destination, arrivant visiblement en même temps qu’Ayako. Hanae semblait présente depuis un certain temps, on pouvait clairement le lire sur le visage, ce qui ne manquait pas de m’amuser.

« … Salut les filles ! Alors prêtes pour cette mission ? … tiens, Hanae, je te sens plus que prête toi. Hum, avec cette tenue, je sens que tu vas rendre les garçons de Shimo raide dingue de toi, Ahaha ! » Fis-je, d’un léger rire. « Ne fais pas cette tête, si je t’ai choisi c’est parce que je suis sûr que t’es la plus à même de nous protéger, Ayako et moi. Pas vrai, Ayako ? » Ajoutai-je, d’un regard complice.

Encore fallait-il qu'elle veuille nous protéger, même si évidemment ce n'était pas spécialement pour cela que je l'avais choisi. Quoi qu'il en fût, je m'assurai qu'elles soient bien prêtes, avant d’entamer le voyage. Il allait nous falloir environ une demi-heure pour atteindre la frontière, notre deuxième point de rendez-vous, puisque c'est là-bas qu'on devait rencontrer notre contact, Naoko…  

Spoiler:

« Ahahaha ! » Riai-je, à gorge déployée.  

Sacrée Hanae. Elle n’avait vraiment aucun sens de l’humour, c’est incroyable. Bon, pour le coup, il fallait éviter de trop la titiller, sinon elle va finir par mordre, clairement.

« Bon, allez, on se calme. On aura tout le loisir de nous amuser une fois à Shimo, alors économiser votre énergie autant que possible. » Ajoutai-je, d’un léger sourire.

Ayako déploya ses ailes et s’envola, tandis que la manipulatrice de glace me tourna le dos pour se mettre en marche vers notre destination. Je lâchai un petit soupire, avant d’emboiter le pas, jetant de temps à autre un petit regard sur la personne de la Betsumei. Leur capacité de transformation ne m’était pas étranger, néanmoins c’était la première fois que je la voyais y recourir. Un pouvoir plutôt pratique, c’était le moins qu’on puisse dire.    

Quoi qu’il en fût, notre voyage jusqu’à la frontière se fit sans encombre. Pas de brigands ni criminels notoires sur notre chemin, c’était plutôt agréable. Il ne nous fallu alors pas longtemps pour tomber sur notre guide, le dénommé Naoko. Lorsqu’il nous interrogea, nous acquiesçâmes en même temps d’un signe de tête.  Hanae l’interrogea alors à son tour, s’enquérant sur le temps qu’il fallait pour atteindre notre prochaine destination. Le Shimojin nous confia qu’on allait en avoir pour à peu près une heure, ce qui était plutôt rassurant. Enfin, lorsque la prodige m’interrogea sur ce que je comptais cartographie, je lui répondis aussi spontanément que possible :

« Sa source de richesse. Autrement dit, sa forêt. Il nous faut un plan aussi précis que possible, pour faciliter le travail à nos équipes d’explorateurs, si jamais ils devaient revenir par ici. J’ai aussi une vieille carte qu’il faut mettre à jour. Mais notre priorité reste l’échantillon des bois pour les comparer avec ceux de l’imperium. » Fis-je, alors qu’on se mettait en route vers notre prochaine destination.

Sachant qu’on n’aura probablement pas assez de temps pour une étude approfondie du pays, la capacité d’Ayako ainsi que le mien allait nous être très précieuse pour la partie cartographie. La Betsumei devait probablement avoir une idée plus claire du rôle qu’elle allait jouer, du moins j’imaginais. Hanae allait jouer un rôle important aussi, elle ne le réalisait peut-être pas, mais elle verra.

« … Dites-moi, les légendes qui courent à propos de vos forêts sont-elles fondées ? » Finis-je par demander à notre guide.

Il s’arrêta un instant, puis se remit à marcher en se grattant légèrement l’arrière du crâne :

« Oui, en partie, malheureusement. Mais ne vous en faites pas, nous n’allons pas nous aventurer vers la zone « interdite », parce que pour être tout à fait honnête même vous ne pourriez y survivre à ces bêtes. » Dit-il, alors qu’il se mettait à accélérer subitement la cadence, probablement pour nous faire gagner du temps.

Malheureusement, sa réponse ne me convenait pas vraiment. Il n’était pas question d’inspecter une seule partie de la forêt, car rien ne nous disait que tous les chênes étaient de la même espèce. Aussi, inspecter qu’une partie de la forêt reviendrait à prendre le risque de voir notre mission échouer, chose dont on pouvait se permettre. Cependant, je ne dis rien pour le moment, me contentant d’avancer, en suivant le rythme fou que ce type nous imposait…

« Voilà notre destination. A l’intérieur de ces bois, il y a une petite auberge, là où vous pourrez passer vos nuits. Je vous ai déjà enregistré. Sachez seulement que le propriétaire ferme l’accès à partir de 20h, aussi si pour une raison ou une autre vous vous trouvez à l’extérieur après cette heure, vous ne pourrez pas y entrer. Quant à moi, je vais durant ces deux prochains jours vous faire visiter les alentours, et pourquoi pas faire un saut à la capitale si vous le voulez, et bien entendu vous aider du mieux que je peux à accomplir votre mission. » Glissa le guide.

J’écoutai attentivement les instructions du guide, avant d’acquiescer d’un léger signe de tête. Je n’avais rien à rajouter, du moins pour le moment, même s’il était vrai que ses dires me laissaient quelque peu perplexe. De toute évidence, le couvre-feu ne devrait pas représenter un vrai problème pour nous. Non, s’il y avait bien une chose qui pouvait nous inquiéter plus que le fait de devoir rentrer à 20h, c’était bien cette mystérieuse zone interdite...

Quoi qu’il en fût, on se contentait pour le moment d’avancer vers notre destination finale, à savoir l’immense forêt de sapins qui se profilait à l’horizon. D’ailleurs, on profitait du trajet pour observer et admirer silencieusement le paysage du pays. Contrairement à Kaminari, le pays semblait un peu désert, beaucoup trop à mon goût, mais vu le climat ce n’était peut-être pas si étonnant. D’ailleurs, si je ne connaissais pas la signification de « Shimo », j’aurais probablement trouvé cela très étonnant qu’il puisse faire aussi froid à cette période de l'année dans un autre pays que Yuki. Dans tous les cas, j’appréciais particulièrement ce climat hivernale qui avait, pour ainsi dire, tendance à me rendre quelque peu nostalgique. Oui, cela avait tendance à me rappeler Yuki et à faire resurgir un certain nombre de souvenirs, bons comme mauvais. En outre, cela me faisait penser que c’était bientôt le troisième anniversaire de sa mort…

Alors que je continuais de marcher en réfléchissant à des choses qui n’avaient aucun rapport avec notre mission, Ayako me fit revenir à la réalité, notamment en nous suggérant de nous rendre en priorité à l’auberge. Elle avait visiblement froid, mais comme elle l’eut si bien souligné, il nous fallait nous poser et réfléchir au chaud avant d’entamer sérieusement notre mission. Aussi, je lui fis savoir qu’elle avait entièrement raison, le guide lui-même reconnut qu’il nous fallait procéder ainsi et Hanae n’objecta point. Nous nous mîmes alors en direction de l’auberge, qu’on rallia quelques instants après avoir pénétré dans les bois de sapins.

« Bon, je vous laisse poser vos affaires et on se retrouve dans ma chambre pour établir le plan. » Fis-je à l’égard des filles, avant de nous séparer.

J’espérais qu’elle saurait s’entendre durant ces quelques minutes où je ne pouvais les surveiller. A vrai dire, je faisais assez confiance à Ayako pour se tenir à carreau, mais on ne pouvait pas en dire autant d’Hanae qui était assez imprévisible. Bref, j’espérais qu’elle ne se battrait pas pour savoir qui prendrait le lit d’au-dessus, dans le cas où elle devait partager un lit superposé, on ne sait jamais hein.

Quoi qu’il en fût, je déposai mes affaires dans ma chambre et je me mis à méditer pendant quelques instants. Puis, lorsque le guide et le filles arrivèrent, je dégainai une très vieille carte de Shimo que j’étalai sur le sol, avant de laisser le guide nous partager ses impressions.

« Je ne sais pas où vous avez trouvé cette carte, mais elle semble être d’une époque très lointaine. Aujourd’hui, la forêt de Shimo est moins importante que celle qu’on peut voir sur la carte. De plus, le pays n’est plus composé d’une seule ville, puisqu’en plus de la capitale, il y aussi la grande ville de « Toudo » où on y trouve des nombreux scientifiques. Il existe aussi quelques rares villages, ainsi que des infrastructures qui n’apparaissent pas… »

Le guide semblait avoir encore beaucoup à dire, mais préféra s’arrêter pour nous laisser le temps de réfléchir.

« ... Hum, je vois. » Lui rétorquai-je, d’un air songeur.

Parvenir à établir une carte détaillée du pays me paraissait être compliqué au vu du temps que nous disposions pour cette mission. Aussi, je me disais que si nous parvenions à la mettre grossièrement à jour, notamment en énumérant les éléments les plus importants, en traçant les routes et les contours de la forêt, ce serait déjà pas mal pour une première mission. Toutefois, pour cela, il allait nous falloir une vue d’ensemble, autrement dit une vue aérienne. C’était l’une des raisons pour laquelle Ayako était-là. Elle l’avait d’ailleurs compris d’elle-même et suggéra un plan qui me semblait plutôt solide. Le guide semblait approuver l’idée aussi, même si en vérité son avis importait peu pour cette partie de la mission.

« Oui, Ayako, cela me semble être un très bon plan. Faisons ainsi pour commencer. » Fis-je, dans un premier temps. Détrompe-toi, Hanae. De loin, tu as l’impression qu’on a affaire qu’à des sapins, mais en vérité on ne sait pas ce que cache véritablement ces arbres. Du coup, nous allons suivre le plan d’Ayako. Je créerai par ailleurs deux clones qui vous accompagnerons, toi et le guide, au cas où. Nous passerons la forêt au peigne fin, aussi ne faites pas attention à ce qui se passe dans les airs. Vous devrez vous focaliser principalement sur le prélèvement des échantillons et faire attention aux dangers que vous pourrez rencontrer. » Ajoutai-je, en regardant Hanae, puis le guide dans les yeux.

Par "vous", j'incluais bien évidemment mes clones. Cependant, Ayako souleva un problème, à savoir l’absence de matériel d’échantillonnage. Je l’avais complétement oublié, pas top pour un chef d’équipe, c’était le moins qu’on puisse dire. Le guide nous rassurait toutefois en nous confiant qu’on pouvait trouver cela dans la ville de Toudo, alors qu’Hanae pestait et s’interrogeait sur ce qu’il fallait exactement prélever. De mon côté, je ne m’affolais pas vraiment, sachant que je pouvais me rendre dans les locaux en quelques secondes, aussi je tentai de les rassurer.

« Il nous faudrait prélever les écorces de chaque espèce de sapins, Hanae. Pour le matériel d’échantillonnage et d’analyse, je l’ai apporté avec moi, ne vous en faites pas. Du coup, profitons de cette fin de journée pour nous reposer et nous entamerons la mission demain matin, ok ? » Fis-je, d’un léger sourire.

Le guide acquiesça et quitta la salle. Je proposai de mon côté à Hanae et Ayako une petite partie de carte pour tuer le temps. Je me montrai insistant pour ne pas trop leur laisser le choix, il était important de passer du bon temps, d’apprendre à se connaître et à se faire confiance. Puis, lorsqu’il commença à se faire tard, je les laissai repartir dans leur chambre, tandis que moi je me servis de mes portails spéciaux pour me rendre dans les locaux du Kagakusha et revenir avec les matériels dont nous avions besoin. Pratique les portails, c’est clair. Pourtant, c’était un pouvoir que je ne supportai pas, mais je ne me privais pas de m’en servir lorsque le besoin se faisait sentir. Bref, le lendemain matin, je retrouvais les filles et le guide et nous quittâmes l’auberge pour entamer notre mission.

« ... Vous vous souvenez tous du plan n’est-ce pas ? » Fis-je, avant de faire appel à deux clones.

Le guide, Hanae et mes doubles pouvaient alors s’enfoncer dans la forêt, tandis que la Betsumei et moi allions passer par les airs.

« ... Tenez, nous allons nous servir de ça pour prélever les écorces. » Fit un de mes doubles, en descellant les haches spéciales conçues à ces fins. Il remit un à Hanae, un autre au guide et garda le troisième entre les mains.

Pendant ce temps, j'attendais de m'envoler avec la Betsumei pour commencer à survoler une partie de la forêt. J'en profiterai pour prendre des notes et faire dessiner des croquis une fois sur terre...

*****

Alors qu’on s’apprêtait à entamer sérieusement notre mission, notre petite conversation de la veille remontait à la surface, faisant légèrement étirer mes lèvres. En effet, Ayako avait parfaitement complété mes instructions, allant parfois même au-delà, en faisant preuve de toute la rigueur qui incombait à la scientifique qu'elle était. Aussi, il était important de garder ses consignes à l’esprit. Mais en voyant Hanae, je ne pus m’empêcher de m’inquiéter mais surtout de laisser ce sourire presque niais dominer mon visage. Je sentais qu’on allait bien s’amuser durant cette mission, et si pour une raison ou une autre on venait à faillir, alors il suffirait de recommencer. Chose qui ne plairait probablement pas aux deux jeunes filles, aussi d’un autre côté il y avait de raisons de penser que chacun ferait de son mieux, même si c’était à contrecœur, pour déguerpir au plus vite de ce pays.

Quoi qu’il en fût, je repris mon air habituel et fit deux clones qui emportèrent la plupart de mes affaires, en s’engouffrant avec Hanae et le guide dans la forêt. Un de mes doubles dégaina alors un parchemin duquel il sortit des hanches spécialement conçues pour le prélèvement des écorces. Elles possédaient un double tranchant, l’un légèrement plus petit que l’autre, permettant de prélever sans abimer les chaînes.

« Oui, nous allons les stocker dans les parchemins pour les préserver. Je pourrais stocker jusqu’à cinq prélèvements différents par parchemin en créant 5 sceaux de stockage, donc je crois que ça devrait le faire. » Fit mon double, pour répondre à l’interrogation de la Yuki. « Vous vous souvenez des instructions d’Ayako n’est-ce pas ? Il faudra faire très attention. » Ajouta -t-il, avant de glisser sa main dans le sac. « Tenez, vous porterez ces gants pour procéder aux prélèvements et ainsi minimiser tout risque, tant pour vous que pour nous échantillons. Au moment venu, je vous filerais les bocaux dans lesquels vous devrez les mettre avant que je ne les scelle. » Conclut-il, tandis que le guide leur indiquait déjà les premiers sapins dont ils allaient prélever les écorces.

Pendant ce temps…

Je me trouvais à l’entrée de la forêt avec Ayako qui me demandait si j’avais déjà eu l’occasion de voler, avant de m’agripper par la taille et de prendre de la hauteur.

« Voler, non jamais. J'espère que je ne suis pas trop lourd, Ahaha. » Glissai-je, d'un léger rire. « Quelle vue magnifique ! » Commentai-je, une fois que nous étions en hauteur.

Je n’avais effectivement jamais volé, mais je ne me suis pas moins retrouvé en altitude à plusieurs reprises. Il y avait une vraie différence entre les deux, c’était le moins qu’on puisse dire. Rapidement, on se dirigeait vers la frontière Kumojine, avec toujours cette étrange sensation qui me traversait le corps. En outre, il faisait froid, très froid, j’imaginais qu’Ayako ne devait pas vraiment le sentir avec ses plumes. Quoique… En tout cas, heureusement que j’avais l’habitude du froid, parce que sinon je pouvais vous assurer que cette partie de la mission se solderait en échec.

« Parfait, arrêtes-toi un instant. » Finis-je par glisser, en prenant le temps de bien visualiser le paysage.

On voyait un petit hameau à l’Est situé sur aucune carte, aucun chemin ne permettait de s’y rendre depuis là où nous étions. Ce qui signifiait qu’il y avait d’autres chemins de l’autre côté de la forêt qu’on verrait probablement un peu plus tard. Le chemin qui m’intéressait pour le moment était celui qui partait de notre frontière, et comme nous pouvions le voir, elle se segmentait en deux juste avant l’entrée de la forêt. L’un partait en direction de la capitale, tandis que l’autre, celui que nous avions emprunté, menait dans la forêt. Aussi, on avait désormais une idée plus claire de l’étendue de la forêt en partant de ce côté du territoire.

« Je propose que nous fassions le tour de la forêt pour bien délimiter ses contours. Il faudra faire attention lorsqu’on s’approchera de la capitale, on ne sait jamais. » Fis-je, alors que je prenais des notes sur ce qu’on observait.

Mon crayon se cristallisa à moitié, avant de m’échapper, ne supportant visiblement pas le froid. Mais ce n’était grave, et peut-être pas plus mal, puisque je me servis par la suite de mon chakra pour transcrire mes notes sur mon parchemin à l’aide mon fuinjutsu.

A l’intérieur des bois, se trouvaient le guide, Hanae et mes deux clones. Il s’agissait-là de l’équipe du prélèvement des échantillons. C’était à eux que revenait la tâche la plus ingrate, même si, pour le moment, ils semblaient plutôt bien s’en sortir.

La Yuki, accompagné d’un dès mes clones, se situait à une dizaine de mètres du guide et de l’autre double. Ainsi, chacun bénéficiait de mes instructions et procédait au prélèvement sans avoir à abîmer les arbres ni les échantillons. Par ailleurs, comme convenue, les chênes étaient choisis de façon très aléatoire, tantôt à droite, tantôt gauche, avec la seule condition qu’il fallait avancer d’une centaine de mètres entre chaque deux prélèvements. En effet, la forêt était grande et vaste, ce qui signifiait qu’on ne pourra jamais prélever les écorces de tous les sapins, ainsi il fallait éviter de trop s’attarder sur une même zone. Cela ne réduisait en rien nos chances de réussir, non, bien au contraire, puisqu’en procédant ainsi on s’évitait surtout de partir avec des échantillons provenant d’une même espèce de sapin.

Si certains bois demandaient beaucoup de précautions, d’autres nous rendaient en revanche la tâche plus aisée. En effet, parfois, il suffisait à peine d’effleurer un arbre pour qu’il s’effrite et que l’écorce ne se mette à tomber. Ceux-là devraient sans doute donner le sourire à Hanae, contrairement aux autres qui nécessitaient toute l’attention de mes clones…



Pendant ce temps, à l’extérieur de la forêt, je me trouvais toujours dans les airs avec Ayako. On avait une vue magnifique sur le pays, enfin en partie, puisque ces foutues sapins nous empêchaient d’avoir une vue d’ensemble sur tout le territoire. Quoi qu’il en soit, si on mettait le froid de côté, c’était vraiment chouette de se trouver en altitude.

Je transcrivais toutes mes observations sur un parchemin à l’aide de mon propre chakra. Ce qui était bien avec cette méthode c’était que je ne risquais de ne rien perdre, et je ne devrais avoir aucun problème à me relire lorsque ce sera nécessaire.

Après un certain moment sur place, on se remit en route, avec l’objectif de contourner la forêt par l’Ouest. Plus on avançait, plus on parvenait à découper la forêt en plusieurs zones. Certaines étaient intactes et visiblement peu habitées, tandis que d’autres se retrouvaient quelque peu dégarnies et accueillaient visiblement des chantiers, sans doute pour l’exploitation des bois. Logique, sachant que c’était la principale ressource du pays. Il y avait aussi la présence de quelques rares gites, tantôt à l’intérieur de la forêt, tantôt à son entrée. Toutes ces informations étaient évidemment consignées.

Enfin, lorsqu’on commençait à nous rapprocher de la capitale, j’avertis naturellement Ayako du danger, mais heureusement elle en avait aussi conscience. Elle se mit alors à manœuvrer pour effectuer un léger détour, tout en me posant deux interrogations, auxquelles j’agitais légèrement la tête pour répondre par la négative.

« Non, cette mission n’a rien d’officiel, c’est pourquoi il faut être très prudent. » Glissai-je, tandis que l’évocation du clan Nagakuras me faisait craindre le pire.

J’opinai de la tête lorsque ma collègue me demandait si elle pouvait m’appeler « Rae », je ne voyais en effet aucun inconvénient à cela. Quant à son interrogation, je dus malheureusement une fois de plus répondre par la négative.

« Non, je ne les connais que de réputation. Et toi, tu en as déjà rencontrer ? » Fis-je, en lui retournant la question.

Je continuais de prendre des notes, jusqu’à ce Ayako m’interpellait sans avoir le temps de finir sa remarque. En effet, une nuage de cendres brûlant se formait rapidement autour de nous, il fallait croire que ces enfoirés nous avaient entendus de loin, à moins que ce ne fût qu’une simple coïncidence. Toujours est-il que nous étions dans des beaux draps, il fallait agir et vite. Chose que la Betsumei fut, mais absolument pas de la manière dont je m’y attendais, puisque je me retrouvai lâché dans le vide. Mon rythme cardiaque s'accélérait, tandis qu’un léger sourire se dessinait sur mes lèvres, oui même dans cette situation, appréciant la prise de risque de la part de ma collègue. Disons que cela me rappelait des souvenirs du temps où j’étais mercenaire avec mon équipe.

Quoi qu’il en fût, il me fallait agir sans compter sur son intervention, puisque je risquais de m’écraser d’un moment à un autre. Une telle chute ne pouvait évidemment que m’être fatale. Le visage visiblement déformé par la pression, je recherchais malgré tout Ayako du regard, tout en m’emparant d’une boule de fumigène. Lorsque que je m’assurais qu’elle arrivait vers moi, avec la certitude qu’elle ne me rattrapa jamais à temps, je lui fis signe de plonger, tout en enclenchant la boule de fumigène. Quelques mudras et un portail s’ouvrit à environ dix mètres du sol, me permettant ainsi de tomber dedans et d'éviter une chute mortelle. Ayako suivie, probablement sans se rendre compte, tandis qu’on apparaissant l’un après l’autre à l’intérieur de la forêt, à proximité de mes clones qui détenait une balise.

« Foncez dans cette direction ! » Fit l’un de mes doubles, en indexant la zone la plus sombre de la forêt du doigt.

Des mudras et la distance entre Hanae et son adversaire s’agrandit considérablement, permettant ainsi à mes doubles de prendre la relève. Ils allaient jouer les leurres pendant qu’on se cache à l’intérieur de la forêt. Il fallait éviter toute confrontation avec des personnalités officielles. Avec de la chance, nos ennemis ne savent peut-être rien de notre nombre et se mettront à poursuivre les deux leurres qui les attiraient de l’autre côté de la forêt. Au pire, peut-être qu’ils n’étaient pas assez fous pour entrer dans la zone interdite, puisqu’à voir le visage de notre guide, c’était bel et bien l’endroit vers lequel on se dirigeait…

La zone interdite.

Oui, nous y étions enfin. Elle était sombre et lugubre, comme les avertissements de notre guide le laissait penser. Ainsi donc, nous avions fui une menace pour immédiatement nous précipiter dans les bras d’une autre. Ceci dit, contrairement à nos précédents adversaires, qui, eux, étaient bien réelles, nous ignorons tout du nouveau danger qui nous attendait. Et si finalement le guide avait exagéré à propos de cette zone interdite ? En tout cas, à voir son visage, cette menace était bien réelle. Aussi, je préférais rester sur mes gardes, au cas où quelque chose surgirait de nulle part pour s’en prendre à nous. Puis, comme le souligna Ayako, maintenant que nous étions dans cette fameuse zone, autant en profiter pour l’explorer et voir ce qu’on pourrait découvrir ou en tirer. Qui sait, on découvrira peut-être des choses susceptibles de retenir l’intérêt du village et permettre d’autres missions à l’avenir.

Ainsi, j’acquisesçai d’un léger signe de tête et je laissai Ayako occuper une partie de la zone pour poursuivre notre mission de base. Nous verrons ce qu’il y avait à découvrir à mesure que nous progresserons dans cette partie de la forêt. Je fis d’ailleurs de même, en occupant une partie de la zone et me en mettant rapidement au boulot pour prélever d’autres écorces. Hanae quant à elle n’allait pas tarder à se mettre au boulot aussi, du moins j’imaginais. D’ailleurs, en parlant d’elle, elle semblait étonnée de voir des shinobis œuvrés pour le compte de Shimo. Chose qui, à mes yeux, n’avait rien d’étonnant, au contraire.

« … Il n’y a rien d’étonnant à cela. Si les trois grands pays sont reconnus pour regroupés un grand nombre de shinobis, les petites nations recrutent et forment aussi des ninjas. Certains disposent même de clans puissants desquels sont issus les dirigeants ou les gardes rapprochées. Cependant, j’ignorais aussi que les Nagakuras étaient affiliés à Shimo. » Glissai-je, d’un air songeur.

Je tâchai de me remettre rapidement au boulot, procédant à l’extraction des écorces de plusieurs arbres, avant que le guide ne se mette à tremper et qu’Hanae tente de le rassurer. Je me tournais naturellement pour voir ce qui se passait, réalisant alors que le guide et Ayako avaient constaté la présence de quelque chose. Le début des complications ? Très probablement. J’interrompis naturellement ce que je faisais pour suivre les consignes d’Ayako, jusqu’à apercevoir une gigantesque ombre qui ne me disait rien qui vaille. Des arbres abattus, puis d’autres ombres qui faisaient leur apparition, le danger était apparemment déjà là, il n’y avait aucun doute là-dessus.  

« Remettez-moi tout ce que vous avez récolter ! » Fis-je, avant de m’empresser de les récupérer et de les sceller dans mes parchemins.

Je glissais naturellement ses parchemins dans ma veste, invitant le guide à rester bien derrière nous. Là où personnellement je prenais la menace au sérieux, Hanae semblait décontractée et n’avait visiblement pas l’intention de perdre son temps avec ces bestioles. Ces créatures aux allures de castor géant prirent cela pour une offense et l’une d’entre elles ne perdit pas de temps pour disparaître et réapparaître aussitôt sous Hanae, l’envoyant immédiatement valser dans les airs. Malheureusement, je n’avais pas vu l’offensive venir et je ne pus rien faire pour la défendre. Mais peut-être qu’elle avait senti l’attaque arriver. Dans tous les cas, après elle, ce fut au tour du guide de se faire surprendre. En effet, après que les bestioles eurent disparus soudainement, ils apparurent dans un bruit sourd derrière le guide, l’une d'entre elles était prête à lui fracasser le crane avec un gigantesque tronc de chêne. J’exécutais naturellement une très rapide série de mudras pour augmenter l’espace entre le guide et ces bêtes folles furieuses.  

« Bon, je crois qu’il est temps qu’on s’en aille. » Glissai-je, en soupirant. « Vous avez été un bon guide, je vous remercie du temps que vous nous avez consacré et je vous dis à un ces jours peut-être. » Ajoutai-je, en enchaînant avec une autre série de mudras.

Un portail s’ouvrit sous le guide et l’aspira pour le téléporter à l’auberge, là où il sera en sécurité.

Alors que les Castors revenaient immédiatement vers nous, avec l’intention de nous faire mordre la poussière, j’enchaînais avec d’autres séries de mudras, laissant Ayako et Hanae me protéger et faire le nécessaire pour endiguer leurs offensives.

« Les filles, allons-y ! » Glissai-je, en dressant un portail devant nous, un portail qui allait nous conduire directement dans le bureau du Kagakusha.

J’estimais que nous avions fait le nécessaire pour la mission, mission qui, malgré les complications, aura été fort sympathique…  

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