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« Sérieusement, c’est lui le remplaçant d’Ibisu ? » Fit l’un des gardes, à voix basse.

« Oui, et figure-toi qu’il est Chunin. Alors, ne le regarde pas ainsi, il pourrait t’allumer dans son rapport, si l’envie lui prenait. » Rétorqua son camarade, en me jetant un regard presque méprisant.

Sourire aux lèvres, je continuais de faire comme si de rien était. Pire, je m’emparais d’une bouteille de saké, oui j'en avais toujours une dans mon sac, et je me mis à boire, sous leurs regards médusés. Ils n’en revenaient pas, tandis que moi je prenais mon pied à les voir se mettre dans tous ses états pour si peu.

« Mais comment ose -t-il boire alors qu’il est en service ? C’est intolérable, c’est plutôt à nous de lui coller un rapport, vous ne croyez pas ? » S’emporta le garde, avant de se retourner vers le second Chunin de l’unité.

Cet individu était pour ainsi dire l’archétype du shinobi, du moins en apparence. En effet, il était concentré sur ce qu’il faisait et ne se laissait guère distraire. L’air presque sévère qu’il arborait en disait long sur sa personne. Cependant, je préférais ne pas me fier à ce genre de données, car j’étais bien placé pour savoir qu’elles ne reflètent pas toujours la réalité.

Aussi, je préférais ne pas m’attarder sur sa personne, mais c’était sans compter sur ce qu’il venait de réaliser sous mes yeux. En effet, il venait de littéralement disparaître, pour se retrouver finalement au niveau de l’équipe situé au pied des portes. Cette façon de disparaitre et de réapparaitre, il n’y avait aucun doute possible…

Mes lèvres s’étirèrent légèrement, tandis que les deux crétins qui me regardaient comme si j’avais commis un odieux crime s’éloignèrent à leur tour, cherchant visiblement à savoir ce qui se passait à l’entrée des portes célestes. Un peu de mouvement, ce n’était pas plus mal, surtout pour ces shinobis qui avaient du mal à rester sur place.  

Je descendis ma bouteille de saké d’un cul sec, avant de me lever pour rejoindre les autres au pied du rempart sur lequel je me trouvais.

Il y avait une certaine agitation. Mon camarade exigeait visiblement que les tonneaux contenant les marchandises soient ouverts. Il désirait apparemment contrôler et s’assurer qu’ils contiennent bien les marchandises dont ils étaient censés contenir. Cela ne plaisait bien entendu pas aux commerçants, si tant est qu’ils étaient bien des commerçants.  

« Messieurs. » Fis-je, en inclinant légèrement la tête.

Je me plaçai entre les commerçants et le shinobi qui exigeait un contrôle minutieux des marchandises.

« Tu crois que c’est vraiment nécessaire ? A moins que ce soit un moyen pour toi de tuer le temps ? » Glissais-je, d’un sourire sarcastique.

Je m’assis finalement sur le sol, en tailleur, toujours entre les commerçants et mon collègue shinobi.

« C’est lui le chef, alors s’il estime que c’est nécessaire, vous devez vous y soumettre, je suis désolé. » Fis-je, en inclinant légèrement la tête, comme si je désirais m’excuser qu’on leur fasse subir ce calvaire.

Mon regard se porta alors sur les tonneaux en question, tandis qu’un fin sourire prenait forme sur son visage.

« Du Saké. Vous auriez du saké ? C’est pour la plus belle femme du village. » Ajoutai-je, comme si de rien était, sourire aux lèvres.

Le Chûnin était bien décidé à inspecter les tonneaux jusqu’au dernier. Il préférait être prudent, justifiant son entreprise par l’existence de ce mystérieux groupe « terroriste ». Oui, ce fameux groupe pour lequel Hanako a combattu pendant plusieurs mois avant de trouver la mort. Je n’avais pas un avis aussi tranché sur ce groupuscule, mais la raison avancée par mon collègue était suffisante pour que je ne m’oppose guère à sa décision.

« C’est toi le chef. » Glissai-je, en guise de réponse.

J’étirai légèrement mes lèvres, laissant le véritable shinobi poursuivre son inspection. J’observais attentivement ce qui se passait depuis là où je me trouvais, à savoir à même le sol, à quelques distances de la charrette.

C’est alors que soudain un des marchands parcourut la distance qui nous séparait, avant de me tendre ce qui s’apparentait à une petite fiole. Elle devait contenir du rhum. Il déclara que c’était tout ce qu’il lui restait, avant de s’enquérir sur la personne que j’avais qualifiée être la plus belle femme du village.

Evidemment, je ne pus lui donner une réponse immédiate, puisque j’étais trop concentré sur la fiole. Elle était étrange, je cherchais à connaître sa provenance, et surtout la qualité de ce qu’elle contenait. Il était clair que je n’offrirais jamais une telle chose à la Raikage, mais je n’étais pas contre le fait de l’ingurgiter, ou alors de le vendre si elle avait une valeur marchande un tant soit peu intéressant.

« Notre magnifique Raikage, évidemment... » Finis-je par déclarer, avant qu’une explosion ne retentisse à quelques mètres de ma position.

Si certains avaient du mal à garder leur calme compte tenu de la situation, personnellement je n’étais guère inquiet, mieux encore j’étais toujours concentrer à inspecter la fiole que le marchand m’avait offert. Je finis par l’ouvrir et gouter la liqueur qu’elle contentait.

« La vache, ce fort ce machin. » Finis-je par glisser, avant de me retourner pour m’enquérir de la situation.

Il ne me fallu pas plus de deux secondes pour comprendre la situation. Oui, il n’y avait pas besoin d’être un génie pour cela ; il suffisait simplement d’observer d’où provenait l’explosion, observer la tête de mon camarade et le comportement du marchand qui levait la main pour clamer son innocence. Ce qu’il fallait retenir de tout cela c’était sans doute l’instinct et la réaction de mon collègue. D’ailleurs, son pouvoir ne faisait désormais plus l’ombre d’un doute pour ma personne. Pratique, c’était le cas de le dire. Il semblait clairement avoir une bonne maîtrise de cette capacité pour le moins complexe.  

Bref, je finis par me lever, observant d’abord le Chunin : qu’est-ce qu’il comptait faire ? Allait-il croire les marchands sur parole ? Peut-être qu’il comptait les conduire au poste de commissariat ? Peu importait ce qu’il envisageait de faire, je n’avais aucunement l’intention de m’y opposer.

« Eh bien, eh bien, vous êtes comme qui dirait dans des beaux-draps. » Lançai-je, en époussetant ma cape. « Moi je veux bien vous croire, mais vous vous douter bien que vous ne pourrez repartir sans quelques explications. » Poursuivis-je, d’un sourire amusé.

Je jetai un bref coup d’œil en direction du Chûnin, c’était comme pour leur dire « même si je le voulais, je doute que ce monsieur vous laissera partir aussi facilement ». Apeuré, le meneur semblait sincèrement ne pas comprendre ce qui s’était produit. A en juger par son comportement, il n’avait aucune idée qu’un explosif avait été introduit dans ses marchandises. Le plus curieux c’était sans doute le comportement d’un de ses collègues, celui qui se tenait près d’un des derniers tonneaux qui n’avaient pas été inspecter. Bien qu’il eût les mains en évidence, la crainte ne se lisait pas pour autant sur son visage. Du moins pas autant qu'il le devrait. Ou alors, c’était peut-être moi qui avais tout simplement trop bu.

« Et si vous commenciez par nous décrire votre itinéraire ? D’où provienne ses marchandises ? A qui sont-elles destinées ? Combien de fois êtes-vous arrêtés en chemin ? Êtes vous entrer en contact avec des personnes suspectes ? » Demandai-je, d’un air relativement neutre.

Tout cela était d’un ennui… mais bon on n’avait visiblement pas trop le choix, puisque nous étions de garde…

« Bouge-pas, si tu parles, tu es un homme mort ! Ne bougez pas vous tous, sinon je le fais sauter ! » Fit le plus discret des trois.

Il prit le leader en otage, avant de jeter un regard complice à celui qui se tenait près du tonneau.

« Ahahaha ! » M’esclaffais-je, totalement amusé par la tournure des événements.      

Le terroriste menaçait de faire sauter les portes célestes. Rien que ça. C’était tellement ridicule que je ne pus évidemment m’empêcher de rire. Je riais à gorge déployé, m’amusant littéralement de la situation. Mon collègue s’esclaffa également, accompagnant ainsi mon rire, sous le regard médusé du terroriste. Si, je n’avais personnellement aucune mauvaise intention à l’égard du fauteur de trouble, on ne pouvait pas en dire autant de mon camarade qui mijotait visiblement quelque chose.

Le terroriste avait l’air d’un idiot. Il n’était non seulement pas pris au sérieux, pire encore il ne semblait lui-même pas avoir le cran d’aller au bout de ses menaces. Puis, alors qu’il cherchait à placer quelques mots, un portail s’ouvrit sous ses pieds, puis un second légèrement plus loin. A peine eut-il le temps de réaliser ce qui se passait qu’il se s’écrasa comme un vulgaire insecte, se brisant littéralement les chevilles.

Amusé par la situation, je débouchonnai la petite fiole qu’on m’avait fait don, quelques instants auparavant, avant de la porter à mes lèvres.

« Il n’y a pas à dire, ça arrache ce truc. » Fis-je, en agitant la tête.

Je rangeai la fiole à l’intérieur de ma veste, et je me contentais d’observer attentivement la suite des événements. Le Watari, en bon shinobi qu’il était, donnait ses instructions à « l’équipe ». Les Genins s’exécutèrent dans la foulée, tâchant toute de même de prendre quelques précautions, au cas où le pire devait arriver.

La situation paraissait totalement sous contrôle, et le borgne y était probablement pour beaucoup. Ce n’était pas pour rien qu’il était Chunin, et qui sait peut-être que cet exploit le propulserait encore plus haut. Me concernant, ils devaient probablement savoir à quoi s’attendre, sinon ils le sauraient pour l’avenir. Ils sauraient qu’il ne fallait pas trop compter sur moi en cas de besoin. Ils sauraient que je n’étais rien de plus qu’un vieux capricieux qui ne daignera bouger les doigts que si la Raikage l’intime de le faire ou que si ses intérêts étaient en jeu. Bon, peut-être pas aujourd’hui, mais ils finiront par savoir.  

« Ahahahaha ! C’est donc ça être gardien. Si c’est comme ça tous les jours, je devrais venir plus souvent. » Finis-je par glisser, lorsque quelques regards méprisant se posèrent sur ma personne.

Les deux guignols de tout à l’heure se demandaient pourquoi je n’agissais pas. Ils n’avaient pas tort de réagir ainsi. Et à vrai dire, je ne leur en tenais absolument pas rigueur.

« Je vais t’emporter avec moi, sale fils de p*** !! » Déclara finalement celui à qui on demanda de se déshabiller.

Alors qu’il s’apprêtait à passer à l’action, l’air lui parut soudainement étrange, l’espace se déformait sous ses yeux, tandis qu’il voyait son corps se tordre lentement, sans qu’il ne puisse vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Il avait passé trop de temps à me regarder, dommage pour lui, il se retrouvait désormais pris dans un Genjutsu. J'avouais ne pas vouloir agir, mais vous comprendrez que je ne pouvais prendre le risque de voir ce fou blesser la femme enceinte qui cherchait à sortir et qui se demandait ce qui se passait dans le coin...  

Quoi qu'il en fût, la situation semblait désormais totalement sous contrôle. Il ne fallait plus que nettoyer tout ça et mettre les fauteurs de troubles en cellule, ou les exécuter. Ma foi, peu importait la décision du Chûnin, elle me convenait. Quant à celui qui paraissait être innocent, son sort était aussi entre les mains de mon collègue. Allait-il lui accorder le bénéfice du doute et le conduire au commissariat pour qu’il y soit interroger ou simplement le supprimer ? Peu importait, il était temps pour moi de partir. La relève n’allait de toute évidence pas tarder à se manifester.

« Bon, ce n’est pas tout, mais je crève la dalle moi. Allez zou les shinobis ! » Fis-je d'un sourire narquois, en faisant un petit salut militaire.

Direction le restaurant… peu importait lequel, pourvu que je puisse me remplir la panse.

Son dernier jour ici ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Qu’il n’avait plus l’intention de jouer aux gardiens ? Pourtant, il était doué pour ça. Il suffisait de voir l’exploit qu’il avait accompli, en mettant à mal cette bande de terroriste. Il était clairement fait pour ça, dommage qu’il prenne cela négativement. Cela dit, d’un côté, je pouvais le comprendre, puisque moi-même je n’appréciais guère ce genre de tâche.

Quoi qu’il en fût, il n’était pas le seul ninja doué pour remplir ce genre de mission. Heureusement, d’ailleurs. Ainsi donc, le village disposait des effectifs nécessaires pour pouvoir se passer nous. Après tout, certains shinobis étaient spécialement formés en vue d’occuper ce genre de rôle au sein du village.

Bref, revenons à nos moutons. Oui, les terroristes. Ils étaient cette fois-ci tous neutralisés. Leur sort était entre les mains de mon collègue. Un Watari qui n’avait pas peur d’utiliser ses capacités, bien au contraire. Il maîtrisait en outre assez bien ce pouvoir si particulier. Je devais avouer que cela faisait quelques temps que je n’en avais pas croiser un des « miens », si je puis dire ainsi. Aussi, le voir à l’œuvre, sans aucune gêne, fit remonter quelques souvenirs enfouis depuis longtemps. D’ailleurs, en parlant du Watari, il finit par déléguer la tâche qui lui « incombait » aux Genins, préférant curieusement se concentrer sur ma personne, alors même que j’avais décidé de mettre les voiles.

Je ne savais pas trop quoi penser du ton qu’il avait employé, mais il avait pour ainsi dire rien d’amical. Ainsi donc, je m’arrêtai dans mon élan, avant de retourner lentement vers lui, fin sourire aux lèvres.

« Manger, bien sûr. » Fis-je, d’un large sourire.

Je me souvins soudainement que je n’avais quasiment plus un rond. Alala, encore à cause des boissons. Encore et toujours. Je tirais la tronche pendant un court instant, avant de subitement avoir l’idée du siècle…

« Tu fais bien de m’interpeller. Prête-moi de quoi payer mon repas et je te rembourserai très prochainement, promis. » Fis-je, d’un air qui se voulait visiblement amical. « Ah et aussi, je compte sur toi pour ne pas me dénoncer d’être partie plus tôt, c’est que je crève la dalle, j’espère que tu comprends. » Ajoutai-je, d’un petit sourire en coin.

Qu’il accepte ou non, ce n’était pas ça qui comptait vraiment. Oh non…