Ce matin-là, le garçon se dirigea vers les terrains d’entraînement. La rumeur d’un examen Chûnin avait prit peu à peu de l’ampleur, et à sa grande surprise, il avait été sélectionné sans vraiment qu’il donne son consentement. Qui avait donc pu être à l’origine d’une telle situation ? Nul ne le savait. Mais une chose était sûre, il ne se sentait réellement pas prêt à faire face à des Shinobi d’un autre village.

Des menaces extérieures, pourquoi pas. Mais des Shinobi entraîné ? A son humble avis, il était loin d’avoir le niveau. Et c’était dans une tentative désespérée de ne pas finir hacher en morceau dès le premier combat, que le jeune Djinn du désert se dirigea vers les plages d’entraînements. Là-bas, il arriva jusqu’au dernier terrain d’entraînement, et révisa son répertoire.

Mais sans jamais se transformer. Et il fallait bien l’avouer, le jeune Genin était plutôt doué avec l’affinité du vent. En vérité, c’était bien la seule chose qu’il maîtriser, le seul et unique élément à jamais présent dans son répertoire. Mais comme certains Shinobi le laissais entendre, un expert en lancer de cailloux et toujours plus dangereux qu’un débutant au Kunaï. Même si, pour le garçon aux cheveux d’or, on ne pouvait pas vraiment le dénommer comme expert d’un tel élément.

Après quelques minutes, le garçon tenta de la série de mûdras afin de lancer un puissant courant d’air directement dans la tête du mannequin. La technique en soit n’était pas si difficile, mais le plus complexe était dans l’équilibre et la puissance, et l’habilité de l’envoyer en pleine face de manière soudaine. Le garçon devait aussi prendre en considération son utilisation lorsqu’il était… Vous savez, en « vent ».

Rien à y faire. Le garçon n’y arrivait décidément pas. S’il ne se transformait pas en vent, il n’arrivait pas à trouver l’équilibre nécessaire pour l’utiliser de manière versatile. Son affinité était certes le prolongement de son corps, mais la bride qu’il s’imposait afin de ne pas trahir son secret rendait la chose bien plus ardue, puisqu’il ne pouvait tout simplement pas l’expérimenter comme la plupart des Shinobi. Non, lui, il devait l’imaginer, la perfectionner, puis l’expérimenter une fois qu’il serait seul au fin fond du désert.

Alors les plages d’entraînement, « grouillantes » de Shinobi n’étaient pas vraiment le lieu. Et quand bien même ils n’étaient, objectivement, pas bien nombreux à être ici, l’éventualité de tomber sur un Shinobi était si grande qu’il était hors de question de lui de prendre sa forme de « Djinn », comme pouvait le qualifier Mayuri, son cousin.

Finalement, alors qu’il ne ménageait pas ses efforts, le garçon s’arrêta net comme un piquet lorsqu’une odeur de cigarette lui titilla les narines, et surtout, lorsqu’une voix inconnue s’éleva pour poser une question. Et une sacrée question.

« Une question sacrément conne. » pensa-t-il.

S’il s’entraînait ? N’était-ce pas l’évidence même ? Le garçon aux cheveux d’or se retourna, et rabattit sa capuche sur sa tête, elle qui était partie à cause des multiples bourrasques qu’il avait générées.

« Deux en moins d’une minute… » compléta dans ses pensée le Djin. Et lorsqu’il vit la main tendue, il acheva sa pensée par « Une vraie plaie… ». Parlait-il du rapport humain ou du Genin qui se présentait devant lui ? Il n’alla pas plus loin dans sa réflexion. Il fixa la main un moment, presque angoissé, et passa les sienne derrière son dos.

« Hizori Rin. Je m’entraîne, et je suis un utilisateur du Fûton…. » disait-il, alors que ses yeux de glace fixait toujours les mains de son interlocuteur, se demandant bien où elles auraient pu traînés « J’ai les mains sales, désolé. » finnisa-t-il par lui vendre comme excuse… Grossier mensonge, puisque pour lui, il s'agissait du parfait inverse, mais il fallait que ça passe.

Finalement, les yeux du garçon se détachèrent de la poigne de main pour se plonger dans celui de l’autre homme.

« Et toi tu… Fumes ? »

La question était clairement peu assurée, comme s’il était en difficulté pour poursuivre après ses réponses. Et c’était exactement le cas.

La situation était plutôt… Incongrue. Était-ce parce que le garçon était méfiant et avait un mauvais a priori sur tout ce qui pouvait se rapprocher plus ou moins d’un être humain, où était-ce parce qu’il essayait malgré lui de mettre à distance toute forme d’émotion ? Il ne pouvait pas vraiment cerner ce qu’il ressentait au fond de lui. D’un côté, il n’aimait pas vraiment la situation, et avait l’impression que son interlocuteur essayait de combler les vides de la conversation en questionnant des évidences. De l’autre, il était plutôt heureux que l’on s’adresse à lui sans le mépriser.

« Qui ne serait pas dérangé par la fumée d’une cigarette ? » n’avait-il pu s’empêcher de penser, alors qu’il baissait les yeux, légèrement honteux. Rin se sentait en colère. Pourtant, le jeune homme en face de lui n’avait rien fait de mal. Mais le garçon aux cheveux d’or n’arrivait pas à se défaire de ce sentiment de rage intérieure qu’il pouvait ressentir. Impossible, depuis l’interaction qu’il avait eue avec la Kazekage. Son rêve, de partir loin pour pouvoir être considéré comme quelqu’un avait soudainement pris la tournure d’un cauchemar grandeur nature.

« Non, ça va… » soupira-t-il, d’un air peu convaincant.

Le rouquin lui proposa alors de venir à son aide, comprenant ses difficultés sur sa technique. Malheureusement, ceci était partiellement faux. Personne ne pouvait comprendre à quel point il était pénible de devoir vivre caché. Personne ne pouvait comprendre à quel point il était difficile de maîtriser cette véritable tempête intérieure, constamment, alors que le seul désir que l’on avait était de pouvoir la libérer sans crainte. Vivre emprisonné, alors que l’on était littéralement lié à la liberté.

« Si tu n’as rien d’autre à faire… Je ne veux pas te déranger… ». Après avoir posé les conditions de son aide, Rin continua « J’aimerais inventer une technique liée au vent pour assécher les yeux de mon ennemi, et l’aveugler… Ou du moins, le gêner temporairement. » Anticipant la remarque de son interlocuteur, Rin compléta, non sans afficher un visage légèrement cramoisi, comme honteux… Ou bien était-ce l’effet du soleil ? « Non, je ne maîtrise pas le sable. Et non, je ne sais faire rien d’autre que du vent. Le problème n’est pas dans la façon de le faire, mais dans son application sur le terrain… La vitesse, la force, la précision. Le dosage est difficile, je ne sais pas trop comment m’y prendre… A savoir qu’il faut que je le fasse d’une main, dans l’idéal. »

C’était d’autant plus difficile qu’il devait faire cela sans utiliser son plein potentiel.

Pas de prise de tête.
En un instant, Mitsurugi avait éteint sa cigarette. Non pas pour déplaire à Rin, qui était un peu trop poli pour pouvoir lui dire le contraire. Mais Mitsurigi avait probablement eu l’habitude de recevoir de tel réaction. Après tout, la cigarette, c’était bien une odeur agréable que pour celui qui la consommait. Après tout, connaissez-vous un non-fumeur qui l’appréciait ?

Mais sans rien dire de plus, l’enfumeur sortait quelque chose qui semblait faire office de compensation à la cigarette : une sucette. C’est à croire qu’il aimait simplement avoir des trucs dans la bouche. Ou sur les lèvres… Pendant un instant, le garçon fit la moue, se demandant si Misturigi n’essayait pas de lui faire passer un quelconque message caché. Après tout, il était sympa, et se montrait avenant avec lui… Ce qui le changeait drastiquement à d’habitude.

Sans dire un mot de plus, le rouquin accepta d’apporter son aide à la complétion d’une technique. Peu puissante, mais efficace pour brouiller brièvement le sens d’un adversaire. Après ses explications, son camarade de l’instant lui proposa une autre solution. Utiliser autre chose que ça main ? Oui, mais quoi d’autre ? Son pied ? Ce n’était pas comme si c’était utiliser sa main qui était un problème. Après tout, son corps entier était fait de vent… Alors la main ou le pieds, cela était un peu du pareil au même.

Sans un mot, le garçon aux yeux de saphir observa la technique de ce qui semblait être un manipulateur du métal. De sa bouche, une sorte de poussière métallique prit forme dans les airs, poussière qu’il semblait pouvoir manipuler à sa guise. Alors qu’on lui demandait ce qu’il en pensait, le garçon fixa le rouquin.

« Mhh… » poussa-t-il dans un moment de réflexion. « Tu sais, Mitsurugi, je suis plutôt doué en ce qui concerne la manipulation du vent. Alors avec la main, ou avec le pied, c’est un peu du pareil au même. » Et son camarade ne devait pas imaginer à quel point ces paroles étaient emplis de vérité « Non, je crois que ce qui me manque, c’est ça ! » disait-il en pointant la limaille.

« Je pense que je pourrais peut-être revoir le principe de ma technique en cherchant propulser quelque chose dans les yeux de mon adversaire au lieu de simplement vouloir assécher ses yeux, non ? »

Il tentait une nouvelle approche. Peut-être que ce changement de paradigme lui permettrait de développer quelque chose de plus utile ?

Le garçon arqua un sourcil.

Certes, il lui avait dit être un Hizori. Il avait aussi précisé qu’il ne maîtrisait pas le sable. Et d’un ton un peu sec et tranchant. Est-ce que cette information ultra-méga-giga détonante pour un membre du clan des Maîtres du Désert lui avait échappé ? Le garçon ferma les yeux, serra les poings, comme les dents. Pourquoi devait-on toujours constamment lui rappeler qu’il était un déficient aux yeux de son clan -et visiblement pas que- ?

Le garçon rouvrit les yeux.

« Je te l’ai déjà dit, je suis certes un Hizori, mais je ne maîtrise pas le sable. Et je ne le maîtriserais jamais ! Alors pas besoin d’insister ! » répondit-il d’un ton relativement sec.

Misturugi devait désormais s’en douter, c’était plutôt un sujet sensible. Un peu comme remuer le couteau dans une plaie purulente, laissant la chaire à vif. Rin détestait qu’on lui rappelle qu’il n’avait aucun talent concernant la maîtrise du sable. Surtout lorsqu’il prenait la peine d’en informer son interlocuteur avant toute chose.

Rin croisa les bras, regardant vers l’extérieur du terrain. Bon, certes, Mitsurugi avait parfois l’air un peu simplet -et clairement, il était indélicat-, mais il avait eu une bonne idée.

« Mais ton idée est pas mal. Je vais essayer quelque chose. »

Le garçon effectua quelques mûdras, de manière un peu instinctive. En vérité, la manipulation du vent était un peu comme une seconde nature pour lui. La seule difficulté était qu’il devait réfléchir à des techniques utilisables dans ses deux états, sans jamais en utiliser un. Il devait faire appel à ses sensations.

Une fois cela fait, le garçon leva sa main, imbibée de chakra Fûton.

« Je crois que ça va le faire ! »

Il récupéra une poignée de sable, qu’il lança contre le mannequin. Sans surprise, le chakra vent imbiba les projectiles, qui furent accompagné jusqu’au visage de la cible.

« Bon, ce n’est pas trop mal. Plus qu’à tenter avec le pied maintenant… »

Le garçon fixa le rouquin.

« Merci… C’était sympas. »

Au moins, il devait bien lui rendre ça.

C’était la fin.

Les échanges furent bref, mais cela convenait au garçon aux cheveux d’or, qui n’avait guère de talent pour tenir la conversation. Il se surprenait parfois à parler plus que de raison, surtout quand le sujet le tenait à cœur, mais ces temps étaient suffisamment rares pour tenir de l’ordre de l’exceptionnel.

La plupart du temps, le garçon se contentait de faire ce qu’il avait fait avec le Rouquin, c’est-à-dire, bref et efficace. De plus, Rin était malgré lui quelqu’un loin d’être amical. Il était plutôt du genre introvertis et réservé, voir parfois sauvage et difficilement apprivoisable. Seule une poignée de personne pouvait être considéré comme des gens digne de confiance, et malheureusement, Mitsurugi n’avait pas eu la chance de réussir à percer l’immense carapace du garçon.

Mais est-ce qu’il s’agissait vraiment du sujet ?

Finalement, le garçon ne s’attarda pas à demander à nouveau de l’aide au rouquin. Il avait réussi à détourner sa technique d’aveuglement pour en faire quelque chose qui lui était propre : injecter du chakra fûton, c’est-à-dire un peu de soi, dans un objet voulu. Il lui suffisait alors d’une impulsion pour le faire. Une technique brève, rapide, et efficace.

Un peu comme la conversation et l’entraînement où cette technique avait vu le jour.

Après quoi, le garçon s’éloigna du terrain d’entraînement pour rejoindre des dunes encore plus profondes. Car malgré tout, il devait quand même tester cette technique lorsqu’il était transformé, ce qui était loin d’être gagné. C’était ça, la raison principale de sa lente progression. C’était là, le cœur de son blocage. Si la création de chakra fûton était relativement simple pour lui, garder son secret alors qu’il devait se perfectionner l’était beaucoup moins.

Mais c’était là le prix de sa tranquillité toute relative.

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