Depuis quelques jours, l’Examen Chunin entre pays venait d’ouvrir officiellement et le petit ninja, que j’étais, était ravi. Je voyais des ninjas inconnus de partout. J’avais envie de rencontrer tout le monde, des genins comme lui venu à l’examen, au grands Kage venus supervisé tout ça. Mais je ne pouvais voir tout le monde et je devais choisir mes cibles. Ceux qui rencontrerait mon auguste personne devait valoir le coup. J’avais décidé pour faire plaisir à ma mère que je serais un peu moins le triste garçon qu’elle voyait parfois, mais c’était assez dur pour moi, même si la voir reprendre goût à la vie me faisait un plaisir incroyable. Je me décidai donc à trouver quelqu’un avec qui disserter et découvrir sans quitter le village un peu plus du monde. J’étais un jeune nomade avant, même si aujourd’hui, je servais Konoha.
Je passais donc une partie de ma journée dans la rue à regarder surtout les étrangers. Non pas que je les surveillais réellement, enfin quand même un peu. Je pensais à la sécurité de mon village et j’espérais qu’aucun Namijin ne s’était infiltré dans les rangs des visiteurs, sinon je serais mal parti, c’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle je ne participais pas à l’examen. D’une parce que je ne me sentais pas de le faire encore, ensuite, je risquais d’exposer mes compétences et donc de révéler mon Kekkai Genkai d’Awadatsu et enfin je risquais d’exposer ma mère, ce que je ne voulais absolument pas.
En avançant, je me retrouvais à l’est du village, non loin de l’auberge où la délégation de Kumo était hébergée. J’avais observé comme beaucoup de villageois l’arrivée des différentes délégations et j’avais remarqué la cheffe de la délégation du village situé dans le pays de la Foudre. Elle m’avait étonnamment marqué. D’abord par sa prestance, celle d’une sublime femme et ensuite par cette particularité physique : la fleur qui remplaçait son œil. Cette prouesse chakratique me laissait perplexe, moi l’homme qui étudiait la médecine et l’iroujutsu. J’avais grandement envie de rencontrer cette femme. Mais elle était la grande prêtresse du village de Kumo et je me voyais mal harceler la Raikage.
Cependant, alors que je réfléchissais en marchant à la situation, je la vis devant moi. Sans vraiment réfléchir avant, je m’approchai pour la saluer avec politesse. Je décrochais l’un de mes rares sourires et involontairement. "Bonjour Madame, Ravi de vous rencontrer. Je suis Sendai Ryuji. Je sais que votre temps est précieux, mais puis-je converser quelques peu avec vous ?" De l’audace oui. J’espérais ne pas me faire jeter, même si je comprendrais parfaitement la décision de Dame Itoe de me refouler. C’était d’ailleurs bien la première fois que j’osais ce genre de choses. Je l’avais vu de loin, mais de près, elle semblait encore plus impressionnante, gracieuse, presque irréelle. Non je n’étais pas en pamoison devant elle, mais il fallait avouer qu’elle irradiait de beauté.
Les vertes feuilles de Konoha donnent à cet endroit un aspect pittoresque. Elle observe tout, partout, son unique œil plein d’étoiles. C’est beau, comme endroit, tout de même. C’est plein d’une douce poésie qui lui met du baume au cœur. Itoe a décidé de sortir aussi souvent que possible pour se balader un peu partout. Elle visite les restaurants, se remplit la panse de toutes les spécialités qui lui passent sous la main. Kumo n’a pas à rougir de sa nourriture, mais Konoha a de quoi se vanter. Ici, les ramens sont servis dans de massifs bols de bouillon, dont l’odeur suffit à raviver l’appétit même après un barbecue. Les nouilles sont plus fines qu’à Kumo, ce qui leur donne l’avantage d’être plus simples à manger, en plus d’absorber davantage de bouillon. Rien qu’à y penser, elle en a l’eau à la bouche.
Sortie de l’auberge où ils résident pour la durée du tournoi, Itoe a décidé d’aller se perdre dans un autre endroit plein de nourriture. Si tout se passe bien, ils devraient rester assez longtemps pour qu’elle ait visité absolument tous les restaurants du coin. Et si ça va plus vite que ça, qu’à cela ne tienne : elle ira deux fois par jour. Les économies ne sont pas un problème.
Sa marche débute alors qu’elle s’est mis en tête d’aller remplir son estomac de viande grillée. Un bon gros barbecue. Des légumes sur lesquels sont tracées les marques du grill. Les traces noires, qui donnent ce goût si différent à la nourriture. Et la viande. Les petites tranches de bœuf balancées au milieu de la grille, qui crépitent doucement alors que le rouge devient brun, alors que les lamelles, elles aussi, se voient parées de douces brûlures savoureuses. La bave en coulerait presque de ses lèvres.
Une voix totalement inconnue la tire de ses rêveries. Plante une aiguille fine dans la bulle de ses songes. Et tout éclate. Tout disparaît.
Elle pose un œil écarlate mauvais sur la victime. Un homme brun aux yeux d’or. Inconnu au bataillon. Jamais vu, jamais entendu. Un Konohajin.
Son temps est précieux, il a parfaitement raison. Mais la nourriture peut … Ça la tue de penser ça, de remettre cette orgie de bouffe à plus tard, mais elle n’a pas trop le choix. Que penseraient les autres s’ils apprenaient que la Raikage est une diva ? Une femme hautaine, incapable d’accorder de son temps à autrui. Non, ce n’est pas dans son plan, ça. Elle hoche la tête, se contente de ravaler ses instincts de bouffie. Un sourire cordial étire ses lèvres, comme à son habitude.
« Bonjour, Ryuji. Je suis Seika Itoe, même si je crois que je ne vous apprends rien. »
Il n’a pas l’air méchant, ni brutal. Plutôt calme, à vrai dire. Audacieux, aussi. Difficile d’imaginer que les Konohajins seraient prompts à aborder une personne haut-placée sans aucune vergogne. À Kumo, cela ne la surprendrait pas : elle a essayé de les habituer à ça, de leur donner la possibilité de lui parler sans la craindre. Mais ici, elle est la dame de Kumo, la Raikage, l’Ombre des Nuages. Elle est bien plus que ce qu’elle n’est réellement : un être humain comme les autres. Avec une fleur à la place d’un œil, oui, bon. Mais c’est un détail, ça.
Elle penche la tête.
« Mon temps n’est pas plus précieux que le vôtre, Ryuji. Je vous écoute. »
Elle est comme lui. D’un autre village, d’un autre grade. Mais elle est comme lui. Humaine, curieuse.
« Voudriez-vous que nous allions dans un endroit plus confortable pour discuter ? »
Cette simplicité dans sa réponse faillit me faire rater un battement de cœur. Cette douceur et surtout cette gentillesse en me répondant, alors que je ne suis pas l’un de ses shinobis, mais bien un membre de Konoha, un ninja qui pourrait, un jour, bien qu’il ne le souhaitait pas, devenir un ennemi. Mon regard resta à la contempler, je me sentais redevenir un vrai gosse qui découvre la beauté féminine pour la première fois. Je me rendis compte à ce moment-là que j’avais presque cessé de respirer. Reprenant mon souffle, j’en profitai pour écouter ce qu’elle me disait. Mon sourire reparut après sa réponse. Elle détonnait énormément avec Genkishi dans sa façon de parler. Cependant, peut-être était-ce une façon diplomatique de se tenir en étant dans un village comme Konoha, alors qu’elle était une invitée. Cependant, je préférais ne pas partir sur ce genre de digression.
Alors que j’allais commencer par poser quelques questions, elle me proposa d’aller dans un endroit confortable pour discuter. Je fus quelque peu surpris et je dis avec calme et douceur. "Bien sûr. Où souhaitez-vous aller ?" Nous pouvions aller où elle le souhaitait, je n’étais pas vraiment une personne difficile et puis discuter avec quelqu’un était toujours mieux dans un cadre plus décontracté, surtout une personne qu’on ne connaissait pas. Il glissa ses mains dans ses poches et réfléchit calmement. L’endroit sympa du coin était un petit restaurant de barbecue. Sa viande était succulente et certains de ses légumes étaient parfaitement marinés pour donner une sublime saveur une fois passés au grill. Je tendis une main en indiquant une direction un peu haut dans la rue. "Que diriez-vous de découvrir le meilleur barbecue de tout Konoha ? Nous ne sommes pas loin." A vrai dire, je n’avais pas d’autres idées, car aller dans une taverne aurait pu sembler bizarre. Même si j’aurais pu passer pour un homme discutant avec un potentiel ennemi et pas n’importe laquelle, la Raikage, je n’avais aucune intention de parler stratégie ou militarisme. J’étais là pour en savoir plus sur cette intrigante particularité physique d’avoir une belle fleur à la place de l’œil.
Quelque part j’espérais qu’elle accepte ce petit barbecue, c’était un endroit que je connaissais bien et où on ne me regarderait pas bizarrement. Le patron aurait aussi la politesse de ne pas poser de questions embarrassantes. Bon, il n’avait pas l’âge de boire et ça lui convenait. De toute façon, le saké, au même titre que certaines drogues récréatives n’étaient pas bonnes pour les ninjas, ça les rendait paresseux et parfois desservait le village.
Il est doux comme un agneau. Rien de négatif ne semble lui échapper. Aucune animosité, ou de quelconque sentiment négatif. Il sourit, observe, mais il n’esquisse aucun geste déplacé, ne pose aucune question malvenue. Il y a quelque chose d’adorable, chez lui. Une candeur qui la rassure sur l’état de l’humanité. C’est grâce à des êtres faits de ce bois qu’elle continue d’y croire. Qu’elle continue de se dire qu’il y a quelque chose à sauver.
Ryuji accepte sa proposition. Directement, il lui demande où elle souhaite se rendre. Itoe arque un sourcil. Le temps que la question monte jusqu’à son cerveau, son sourire s’est déjà installé sur son visage. Cocasse, cette situation. L’habitant qui demande à l’étrangère où elle souhaite se rendre. Au fond, ça répond à la candeur perçue initialement : Ryuji est tellement poli, tellement courtois, qu’il en oublie peut-être la logique. Moins de rationalité, plus de sentiments. Et une maladresse qui donne envie de sourire.
Il met les mains dans ses poches. Il semble réfléchir. Itoe l’observe sans un mot. Peut-être qu’il va se rendre compte ? Après un instant, il propose de l’emmener dans le « meilleur barbecue de tout Konoha ». Apparemment, en plus – quelle aubaine – ils n’en sont pas loin. Un barbecue. Proche. Le meilleur de Konoha. Son sang ne fait qu’un tour, son visage s’illumine d’une mimique radieuse.
« Oh ! Ce serait avec grand plaisir ! »
Un barbecue ! Il n’imagine pas à quel point il touche Itoe en plein cœur. Elle va pouvoir manger ! La raison pour laquelle elle a mis le nez dehors ce matin se concrétise ! Il ne l’a pas simplement coupée, il va l’emmener manger ! Il est candide, doux comme un agneau et il l’emmène à table ! Il l’emmène à table, bon dieu ! Itoe en sauterait presque de joie. Elle en a perdu une partie de ses bonnes manières. Son œil unique se repose sur Ryuji, tandis qu’elle reprend une contenance.
« Allez-y, je vous suis. »
Il va l’emmener manger. Il ne le sait pas, mais il est comme un cadeau du ciel, là. Le meilleur barbecue, qui plus est !
Alors qu’ils se mettent en route, Itoe décide d’en profiter pour lancer les hostilités.
« Y a-t-il quelque chose que vous souhaitiez me demander ? »
Elle lui sourit avec bienveillance.
« Je n’aime pas me considérer ainsi, mais j’imagine que cela reste impressionnant de croiser une personne comme moi. Vous êtes courageux. »
Une Raikage, un Genin. Un Genin, une Raikage. Itoe aurait osé, elle aurait établi le contact. Mais combien d’autres ne le feraient jamais, trop intimidés par la figure qui leur fait face ? Combien feraient demi-tour ? Le courage de Ryuji égale presque sa douceur. Il y a de très beaux éléments à Konoha, il lui tarde d’en rencontrer d’autres. Et d’engloutir des kilos de viande !
J’avais accepté la proposition de la Raikage d’aller ailleurs plutôt que de parler en pleine rue pour rien. Autant s’installer dans un coin tranquille, avec une ambiance un peu plus apaisante et agréable. De toute façon, dans la façon de parler et de se tenir de la dame, j’avais l’impression que son grade n’était pas important quand il s’agissait de discuter, y compris avec un ninja venant d’un autre village. Ou peut-être était-ce justement dû au fait qu’il n’était pas de Kumo. Mais la douceur et la gentillesse d’Itoe me faisait plaisir.
J’étais un peu revenu de mon admiration initiale. Je reprenais un peu vie dans la réalité. Je proposais d’ailleurs d’amener la cheffe de Kumo dans ce que je considérais comme le barbecue de tout Konoha. Les yeux, enfin l’œil s’ouvrit grand devant cette proposition. Elle souhaitait donc goûter certaines de nos spécialités. L’avantage de ce restaurant c’est que personne ne jugerait en me voyant arriver avec des personnes de Kumo. L’invité était, à mon sens, un bon moyen d’ouvrir le dialogue entre nous deux.
Comme elle accepta, je pris la direction du dit restaurant. Tout en nous dirigeant vers cet antre de la gastronomie konohajine, nous reprîmes une discussion légèrement plus sérieuse. La question était directe. Elle rajouta qu’elle me trouvait courageux. Je pense que je ne l’étais pas. C’était la curiosité plus que la témérité qui m’avait poussé à me rapprocher d’elle. Je souris en la regardant et je dis avec douceur. "Personnellement, je ne me trouve pas courageux. Je suis poussé par une certaine curiosité. Toute scientifique rassurez-vous. J’étudie un peu la médecine. Je cherche surtout à protéger mes partenaires sur le champ de bataille. Et je dois avouer que votre fleur me surprend. Comment fonctionne-t-elle ? On doit souvent vous observez à cause de ça d’ailleurs." Sentant que je m’emportais, je m’arrêtai soudain. Baissant la tête, gêné d’avoir autant parlé. Je repris plus simplement. "Je suis désolé. Vous n’êtes pas obligé de me répondre, si c’est un problème."
On arrivait au restaurant, j’ouvris un passage pour mon interlocutrice et j’entrai à sa suite. Demandant une table pour deux personnes. On nous installa au fond de la pièce, dans un endroit tranquille. Je regardai la serveuse et je dis avec un sourire. "Itoe est une invitée de Kumo. Pouvez-vous apporter un peu de tout le menu ? Qu’elle puisse goûter ?" La serveuse hocha la tête et acceptant et elle partit chercher ce que je venais de commander. Je reportai mon attention sur Itoe. La conversation allait se poursuivre.
Pas courageux, mais curieux. Au fond, ne faut-il pas du courage pour aller au bout de sa curiosité ? Il fait preuve d’une trop grande modestie, ne se met pas là où il devrait être. Il prolonge cette témérité en allant au bout de ses interrogations. Ce qui l’intéresse, ce qui l’a poussé jusqu’à là, c’est la fleur dans l’œil de la Raikage. Évidemment, cette particularité n’a rien d’anodin et, comme il le dit, ça lui suscite bien des regards. Il aimerait savoir comment elle fonctionne, de quoi il s’agit. Avoir des détails à ce sujet. Il se retire rapidement, se rétracte sur la question qu’il vient de poser. Elle est directe, c’est le moins qu’elle puisse dire, mais elle n’est pas dérangeante pour autant. Nombreux sont ceux qui se questionnent à ce sujet, plus rares sont ceux qui osent aller au bout de leur démarche. Elle lui adresse un sourire.
Ils arrivent au barbecue en question, sont rapidement installés au fond du restaurant, dans un coin où ils ne devraient pas être dérangés. Ryuji s’illustre comme un jeune homme courtois, galant, curieux et poli. Plusieurs qualités empilées qui font de lui quelqu’un dont la compagnie est agréable. Il décide de commander un peu de tout, pour qu’elle ait un œil sur autant de variétés que possible. Le regard de l’albinos se pose sur le Konohajin. Ouais, il cumule pas mal de qualités, le jeunot. Il sait comment parler à un estomac qui grogne.
Maintenant qu’ils sont de nouveau seuls, Itoe décide de répondre à sa question.
« La fleur dans mon œil suscite beaucoup d’interrogations, effectivement. Autant que de regards, je dirais. Vous faîtes partie des rares personnes à m’avoir réellement posé la question, à vrai dire. »
En cela, il est évidemment courageux, bien qu’il refuse de l’entendre. Itoe approche sa main des pétales blancs, qu’elle repousse du bout des doigts, pour montrer leur souplesse, tout autant que leur naturel.
« Avant que vous ne demandiez, oui, c’est une vraie fleur. Ce n’est ni un accessoire synthétique, ni un effet de style. Comme tous les autres végétaux, elle a des racines, des pétales, un pistil, des étamines, bref, c’est une fleur comme vous pouvez en trouver dans les jardins. »
Bon, pas réellement, parce qu’elle est un peu spéciale, mais tout de même. La main d’Itoe retombe doucement sur la table, alors qu’elle cesse de manipuler son autre « œil ».
« J’imagine que vous vous doutez, aussi, que la présence de cette fleur cause un autre problème. Elle est là à la place de mon œil, autrement dit, je suis borgne. Et je ne peux pas l’arracher non plus. »
Comme un globe oculaire normal, finalement. Si elle tire et l’arrache, ça saigne. Et ça détruit tout derrière. Mais ça, elle ne le dira pas, parce que, quand même, c’est pas très glamour.
Le serveur arrive, armé de divers plateaux remplis de nourriture. Il les pose sur la table, dévoile des légumes frits, sautés, grillés, accompagnés d’une variété de morceaux de viande telle que l’estomac d’Itoe fait déjà machine-arrière. Il y a de quoi nourrir un régiment. Elle remercie poliment le serveur, qui s’en va comme il est arrivé, un sourire aux lèvres. La prunelle écarlate se balade sur les mets, fascinée.
« Impressionnant. » est le seul mot qui se glisse d’entre ses lèvres.
Elle reste muette un instant, absorbée par la contemplation. Ils ont l’art de servir, à Konoha ! Kumo s’en sort bien, mais là ! Peut-être est-ce cet effet renouvelé de nouveauté qui la laisse aussi intriguée, elle ne le sait pas. Ce qu’elle sait, par contre, c’est que tout ce qui est posé là l’intéresse grandement. Tout, ou presque. Le poisson ne lui a pas fait d’effet, mais on ne peut pas toujours plaire à tout le monde ! Ryuji s’occupera de le manger, probablement. Enfin, c’est ce qu’elle espère, ce serait dommage de gâcher de la nourriture.
Après avoir été installé et que nous ayons, enfin que j’ai, commandé, la cheffe des ninjas de Kumo entreprit de me répondre. Elle commença par m’expliquer que je n’étais pas le seul à s’étonner de cette fleur épanouie dans l’œil de la Raïkage. Mais que les personnes ayant entrepris la démarche était peu nombreuse et j’en faisais partie. Je ressentis malgré tout un peu de fierté d’avoir eu l’audace de lui poser la question. Audace d’autant plus grande que j’étais un Genin d’un village différent du sien. Mais j’avais eu une curiosité presque maladive et j’avais cédé à celle-ci.
La suite de la discussion se reporta sur cet œil étrange. Itoe m’expliqua concrètement que c’était une vraie fleur, comme toutes celles qu’on pouvait trouver dans la nature. Elle rendait aussi la Raïkage borgne et il était impossible de l’arracher. Je hochai la tête en comprenant l’implication de ces dernières révélations. Du coup, retirer cette fleur devrait ressembler à une énucléation d’œil sans doute. L’image peu ragoutante de cette idée fit plisser le nez du jeune homme.
Les plats arrivèrent et Itoe sembla fasciné par la nourriture que le serveur déposa. On y trouvait de tout ce que le restaurant proposait et honnêtement, même moi, je trouvais qu’il y avait beaucoup. Oui, j’étais un bon mangeur et un bon palais aussi. J’aimais me nourrir car ça me permettait aussi de penser à autre chose que ma vie pas toujours rose mêlant missions ninjas et vie auprès de ma mère. Alors j’avais pris cette habitude de cuisiner. Je regardai le poisson et je souris. J’avais beaucoup appris sur la cuisine des produits provenant de la mer. Les poissons et coquillages grillées de Nami étaient parmi les meilleurs au monde, enfin d’après moi. Il y avait longtemps que ma mère n’en avait pas préparé. Mais je savais aussi que sa situation ne le permettait pas. Je laissai bien entendu la jeune femme se servir et je poursuivis la conversation. "Du coup, vous devez aussi l’alimenter en chakra pour qu’elle reste aussi épanouie ?" Si la réponse était positive, cela signifierait certainement que cet "œil" pour le moins surprenant serait comme n’importe quel organe. Je comprendrais donc mieux cette relation symbiotique entre Itoe et la fleur.
Alors que j’entamais le repas à base de viande, de légumes grillés et de poisson, je réfléchis tout en me délectant du goût qui faisait danser mes papilles. Puis avec un petit sourire satisfait, je posai une autre question, un peu plus particulière. Non, je ne faisais aps d’espionnage. Je me moquai de connaître ses capacités, mais j’étais curieux et comme cela semblait bien se passer avec la dirigeante de Kumo, je voulais continuer. "Votre fleur est un indice sur vos aptitudes de ninja ou pas du tout ?" Même si cette fleur symbiotique pouvait être une preuve de ses compétences, ce n’était pas obligatoire. Pour parler d’autre chose, je repris pour parler un peu de moi, en espérant que la Dame de Kumo ne s’en offense pas d’avoir posé la question. "Pour ma part, je fais des bulles que j’utilise pour créer de petites sculptures." Pas besoin de lui dire que ma famille venait de Nami.
La nourriture partout, tout le temps. Une orgie de mets tous différents les uns des autres, du poisson, de la viande, des légumes grillés. Son plan de début de journée est plus que complété, il y a suffisamment pour nourrir plus de deux personnes sur cette table ! Ils ne risquent pas de mourir de faim, c’est l’avantage.
Pendant ce temps, Ryuji continue de l’interroger au sujet de la fleur dans son œil. L’esprit scientifique du jeune homme doit partir dans tous les sens, comme un enfant face à quelque chose de tout nouveau. Une fleur dans l’œil qui le remplace, à tel point que l’organe situé dessous soit considéré comme disparu. Vu l’engouement qu’il montre à l’égard de cette spécificité, il n’a jamais vu pareille anomalie. Ce n’est pas plus mal, ça leur crée un sujet de conversation.
Il enchaîne sur le besoin en chakra de la fleur, notamment vis-à-vis de son épanouissement. Itoe hausse doucement une épaule.
« Considérez cette fleur comme un organe, Ryuji. À l’exception près que les racines ne sont pas irriguées par mon sang mais par mon chakra. »
Posée ainsi, cette explication est réellement étrange. Peut-être est-ce parce qu’elle vit avec depuis une dizaine d’années que l’albinos n’y fait plus attention. La fleur est là, c’est tout. C’est un peu son œil, finalement. Avec quelques petites particularités. Rien de trop grave, si ?
Elle plante ses baguettes dans les légumes grillés, qu’elle porte à sa bouche avec autant de grâce que possible. La règle est de ne pas se bâfrer. Ne pas en mettre partout. Manger proprement et joliment. Elle est Kage, que diable ! Elle peut pas se ridiculiser devant un étranger ! Alors qu’au fond, elle crève d’envie de dégommer ce morceau de viande bien juteux, là. D’avoir du sang plein les dents, qui coule sur les lèvres jusqu’au menton. Ça c’est le désavantage d’avoir croisé quelqu’un sur sa route. Mais l’avantage, l’indéniable avantage, c’est que la nourriture a, en plus de son bon goût naturel, l’inégalable goût de gratuit. Et ça, franchement, c’est la meilleure de toutes les choses au monde.
Ryuji poursuit, cette fois sur les capacités d’Itoe. Un large sourire étire ses lèvres. Sa bouche est finie, voyons. La continuité de la Kage propre et gracieuse, bien élevée, qui ne s’en met pas partout. L’amour des apparences.
« Peut-être ? Je vous laisse vous faire votre idée, mais si elle est sensible au chakra … »
Un regard plein de complicité. Elle n’en dira pas plus, pas cette fois. Mais cette question l’amuse beaucoup.
C’est enfin au tour de Ryuji de se dévoiler. Il fait des bulles. Dans son cas, il en fait de petites sculptures. Des sculptures de bulles ? Et puis, les bulles ? Itoe penche la tête.
« Oh ! Dîtes m’en plus, je vous prie. Que pouvez-vous faire avec ces bulles ? Pouvez-vous faire des scaphandres, comme dans la culture populaire ? Sont-elles constituées d’une sorte de savon ? Si elles éclatent dans les yeux d’une personne, est-ce que cela peut piquer ? »
L’albinos l’observe avec une candeur nouvelle, retournée droit en enfance. Des bulles ! Elle rougit.
« Excusez mon engouement. C’est la première fois que j’entends parler d’une telle capacité, je trouve cela fascinant ! »
Son sourire revient illuminer son visage. De la bonne nourriture. De la nourriture gratuite. Et des bulles.
Tout en se nourrissant, je discutai des capacités surprenantes de la fleur d’Itoe, celle qui prenait place dans son orbite gauche. J’étais comme un enfant avec un nouveau jouet. Mais je n’étais pas un enfant et mon interlocutrice, loin d’être un jouet. J’étais très curieux et je continuais de poser des questions et je trouvais la Raikage très gentille de me répondre avec autant de sympathie. J’avais eu la bonne idée quand même de l’inviter à diner, un peu pour me permettre d’avoir cette conversation.
La question suivante venait après une réflexion que je faisais par rapport à ce que me racontait la jeune femme. J’accumulais toutes ses connaissances et je m’en abreuvais les absorbant comme une éponge. Je voulais savoir si c’était le chakra qui lui permettait de survivre, car cela me donnerait un indice pour soigner des blessures à ce genre de symbiose. Et puis une symbiose chakratique serait pratiquement unique en son genre. La réponse d’Itoe me surprit et me fit comprendre tout le système. C’était bien une symbiose chakratique. En cas de blessure à l’œil-fleur, un soin à base de chakra, tel que les Paumes Mystiques seraient donc efficaces. Je remerciai la jeune femme, j’avais toutes les informations maintenant.
Je laissais un petit moment passer en mangeant, me permettant à la fois de finir mes observations et de permettre à la jeune femme de respirer. Je dégustais avec plaisir les plats apportés par le serveur. Une nouvelle question un peu plus importante, puisqu’elle touchait à ses compétences de shinobi, quitta mes lèvres. Itoe toujours avec cette grâce d’orchidée des montagnes me répondit. Je souris. Sa réponse était donc oui. Je poursuivis en parlant de mes propres compétences et Itoe parut intéressée. Je la vis devenir aussi curieuse que moi quelques minutes plus tôt. Puis elle change d’attitude. Je n’avais plus l’impression de faire face à la Raikage, j’étais face à une enfant. J’aimais cette candeur, je la trouvais agréable. Peut-être que je faisais fausse route avec les Kage après tout, moi qui les voyait comme des gens importants et toujours sérieux. Mon sourire ne quittait décidément plus mon visage durant ma discussion avec Dame Seika. Je répondis avec douceur, comme elle l’avait fait plus tôt avec moi. "Je peux faire pas mal de choses, ma mère et moi tenons un commerce de sculpture de bulles solidifiées. Ce sont des œuvres belles mais fragiles, elles seraient éphémères comme une fleur si on ne rendait pas les bulles solides. Je peux faire un scaphandre, mais mes compétences actuelles me limitent à environ 10 minutes. Elles sont faites de savon, mais ne piquent que si j’y infuse du chakra pour qu’elle le soit. Je peux presque tout faire avec. Je les utilise principalement comme vecteur de soin. Je peux les utiliser aussi pour qu’elles produisent de la fumée." C’était vrai et encore je ne dévoilais pas la totalité de mes compétences, je ne voulais pas le faire malgré tout, même si j’aurais pu. Mais je ne devais pas oublier que la femme devant moi était la dirigeante d’un autre pays. Mais j’aimais sa gentillesse et sa douceur. Je rajoutai amicalement. "Je vous ferais une démonstration si vous voulez après le repas." La gentillesse incarnée finalement.
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