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Un jour comme un autre
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Hayasaka Kyohei
Hayasaka Kyohei
Hayasaka Kyohei
Errant
Hayasaka Kyohei
Grade / Profession : Errant - Officier Chajin
Hayasaka Kyohei
Rang : C
Hayasaka Kyohei
Messages : 28
Hayasaka Kyohei
Expérience : 117
Le soleil se levait sur la fourmillante capitale du pays du thé. Peu à peu, ses rues colorées se remplissaient de travailleurs, de touristes et de diplomates étrangers, le tout dans l'ambiance légère et détendue qui caractérisait depuis toujours la cité du pouvoir chajin.

La nuit dernière, onze officiers de la nouvelle armée de la Daimyô avaient été conviés à une réunion d'une grande importance au sein même du palais royal. Bien qu'il aurait dû y être habitué depuis au moins quelques mois, Kyohei éprouvait toujours une certaine gêne à se voir être convoqué de façon si solennelle par des individus qu'il considérait, après près de deux ans de guerre, plus comme des amis que comme des supérieurs. Hélas, c'est bien dans la discipline et l'ordre du noble, et non dans la franche camaraderie du guerrier, que l'on forge une nation puissante et respectée. Hitomi Yokoyama, dame prodige du pays du thé, l'avait bien compris. Ainsi semblait-il qu'après avoir restructuré l'intégralité de la hiérarchie militaire et de l'ordre politique de l'État, cette dernière s'attelait à présent à la réforme des normes protocolaires.
C'était en soi un mal pour un bien: la rumeur de la mort subite du précédent Daimyô à l'annonce de l'évasion, qu'elle eut été vraie ou fausse, avait porté un coup certain à la crédibilité diplomatique du pays. Dans un premier temps, la prise de pouvoir d'une héritière si jeune n'avait fait que renforcer cette crise de confiance. Mais, alors qu'elle était vite parvenue à gagner l'amour de ses sujets par sa bravoure, Hitomi Yokoyama parvint, presque aussi rapidement, à obtenir la confiance des puissances étrangères par son impeccable gestion de la crise qui avait frappé sa nation en plein cœur. Deux ans après ces évènements, tous ne pouvaient qu'à présent reconnaître la ténacité et la force de la dame, et admirer les multiples bienfaits du ferme exercice de son pouvoir.

Ainsi donc, et malgré l'omniprésence de ses frères d'armes dans la salle où s'était tenue la réunion, l'ambiance de cette dernière s'était avérée être des plus froides. Bien qu'elle ne fut entourée à cet instant que de ses plus fidèles conseillers, la Daimyô n'eut pour accompagner ses guerriers que peu de mots. Les soldats furent simplement briefés, puis respectueusement salués, avant d'être conduit vers la sortie. Sur le parvis du palais, l'un des camarades de Kyohei s'était étonné de l'étrange tiédeur dont avait pu faire preuve leur camarade et amie. L'air résolument imperturbable de l'ex-milicien poussa ses camarades à lui poser directement la question, lui dont l'expression ne semblait indiquer nulle surprise.

"C'est une nouvelle ère. Il serait temps pour nous tous de cesser de voir notre dame comme celle qui fut autrefois notre sœur d'arme. Ces moments n'ont disparu ni de notre mémoire, ni de la sienne, j'en suis certain. Mais elle doit à présent porter le plus lourd des fardeaux de ce monde. La Daimyô Yokoyama, car c'est bien là son titre, ne peut plus se permettre, même en privé, de témoigner trop de frivolité et d'affection puérile envers de simples soldats. Et nous ne devrions pas l'y inciter. Elle tâche d'assumer au maximum de ses capacités le rôle que ses prédécesseurs n'ont jamais su honorer. Il est de notre devoir d'en faire de même, soyez brave, et soyez à la hauteur de la tâche qui vous incombe."

Un silence gêné suivit cette intervention. Kyohei se maudit intérieurement, peut-être en avait-il trop fait. Ces hommes avaient besoin d'espoir, pas d'un si cruel rappel de l'amitié impossible qu'ils avaient perdue. Le calme fut finalement brisé par les éclats de rire des deux plaisantins du groupe, rapidement repris par l'ensemble de la petite troupe, jusqu'à Kyohei lui-même. Les autres avaient raison, l'heure n'était pas à la morosité. Cette soirée était sûrement pour certains d'entre eux la dernière que ces joyeux camarades auraient l'occasion de passer dans leur pays natal. Kyohei se garda donc bien de leur révéler ce qu'il assumait être une autre raison majeure de la froideur de sa dame, et accompagna ses amis pour une dernière virée dans les rues de la capitale.
Ainsi s'était achevée la dernière nuit de Kyohei à Hiroma. Ce soir à la même heure, il voguera sur les tumultueux flots de la mer d'Asumi no Isora.


Nonchalamment avachi à l'arrière d'une de ces longues barges qui circulaient en permanence dans ce réseau de canaux  qui courait le long des rues, le regard morne de l'officier fixait le ciel orangé du matin. Occasionnellement, les extrémités colorées de certains bâtiments s'immisçaient dans son champ de vision, comme autant d'ancres rattachant l'âme du fantassin à la terre de ses ancêtres. Éventuellement, et d'une manière drôlement poétique, ces fragments de foyer finirent par disparaître, ne laissant à la vue du guerrier que l'immensité azure mouchetée de nuages blancs. Longuement envouté par cette vision et par l'émotion qui s'emparait de son être, le fantassin fut ramené à la réalité par les bougonnements agacés du gondolier.

"Tu vas descendre de là le jeunot ? J'ai pas toute la journée moi, t'es sur une embarcation de luxe j'te signale mon ptit gars."

D'un bond, l'officier s'extirpa du transport qu'on lui avait assigné pour quitter l'enceinte de la ville. La barque l'avait déposé devant les écuries militaires, et il semblait qu'un destrier l'y attendait déjà. Délicate attention de la Daimyô, Kyohei, un léger sourire aux lèvres, n'avait eu aucun mal à reconnaître en l'animal qui lui avait été attribué l'une des juments de l'écurie personnelle de la dame. Une attention qui le flattait au plus haut point, et qui témoignait d'un message d'amitié subtile de sa sœur d'arme. Montant en selle, il en vient à repenser au motif particulier de l'inaffective performance de cette dernière qu'il n'avait pas eu le cœur à confier à ses camarades la veille. Il avait ressenti dans le choix de ses mots la volonté de ne pas blesser la fierté de ses guerriers, de ne pas leur fait l'affront de s'inquiéter pour eux ou d'avoir à leur souhaiter bonne chance. Aux yeux de Kyohei, tous ces efforts n'avaient fait que révéler plus encore la réalité des vœux d'Hitomi. Peut-être était-ce là le but, peut-être que ses camarades l'avaient instinctivement compris eux aussi, peut-être était-ce là l'au revoir, possiblement l'adieu, le plus digne et le plus respectueux que l'on aurait pu leur offrir. Après tout, leur amitié ne s'était-elle pas forgée autour de l'humble mais audacieuse acceptation de leurs responsabilités respectives ? N'était-ce pas là même l'alpha et l'oméga de leur fraternité d'acier ?

Le cœur lourd de nostalgie et l'esprit résolu, Kyohei se dirigeait vers l'inconnu sur son cheval blanc. Ce soir, il voguera sur les tumultueux flots de la mer d'Asumi no Isora.
Hayasaka Kyohei
(#)Mar 2 Fév - 0:59
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