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La ville à roulettes
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Hayasaka Kyohei
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Hayasaka Kyohei
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Hayasaka Kyohei
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Kyohei avait quitté Obune satisfait de la progression de ses objectifs. Sa mission ne commencerait réellement qu'une fois  arrivé à Iwa, mais rien ne l'empêchait de s'avancer un peu pour faciliter le travail de ses frères d'arme dans d'autres régions du monde.
Sa remontée des courants de Kawa avait été des plus paisibles, de même que la traversée du colossal lac Rakunaki d'où les rivières affluaient. Son passage sur le mince espace qui séparait Shigure de Kusa avait été des plus succints, car il avait fait le choix de ne pas s'y arrêter. S'il était vrai qu'il avait du mal à supporter la pluie incessante du pays qui en portait le nom, il s'était surtout particulièrement intéressé à rumeur qui montait peu à peu dans les pays mineurs.

Partout, il était régulièrement fait mention d'un drôle de duo de redresseurs de torts. Vantards, efficaces, mais surtout relativement peu renommés auparavant, il semblait en effet que ces deux joyeux lurons soient soudainement apparus du jour au lendemain dans la région pour rendre service aux habitants des pays centraux du Yuukan, moyennant finances bien entendu. Étaient-il de simples justiciers au grand cœur, ou bien, et c'était là l'hypothèse qui intriguait l'agent de Cha, de mystérieux utilisateurs de chakra souhaitant faire table rase du passé ?
Quoi qu'il en soit, les plus récents témoignages semblaient indiquer que les compagnons se trouvaient actuellement au pays de l'herbe, d'où la soudaine accélération dans le rythme de voyage du guerrier. C'était peut-être bien l'une des pistes les plus tangibles qu'il avait avait relevées jusqu'à présent, et il était hors de question de la laisser tomber.

Épuisé mais en avance sur son planning, Kyohei venait de passer la frontière et déjà, à quelques centaines de mètres de lui en contrebas, il apercevait l'infinie étendue de verdure qui caractérisait le paysage national. Le guerrier haletait mais, revigoré par la bourrasque qui remontait la pente dont il était au sommet, il s'essuya le front du dos de la main avant de réajuster son sac à dos pour attaquer la descente. Au cours de cette dernière, il fit basculer son large chapeau derrière sa tête, le faisant pendouiller depuis son cou par une ficelle qui en reliait les deux côtés. Il était trempé jusqu'aux os moins d'une demi-heure auparavant, mais, coup de pouce imprévu du destin, la différence de climat avait suffi à le sécher presque intégralement en quelques minutes.
Une fois la pente franchie, l'officier tomba sur un panneau indiquant la direction et la distance de quelques petits villages, ainsi que de la capitale de Kusa, Teppeki. Bien qu'il brûlait d'envie d'accomplir sa mission au plus vite, loyauté et bonne volonté seules ne lui suffiraient pas pour atteindre le Rempart-des-Tempêtes avant qu'il ne s'écroule de fatigue. Préférant ainsi le bon sens au fanatisme, il opta plutôt pour un petit village plus proche de son actuelle position, dont il apercevait déjà les champs non loin. S'en approchant, il croisa une caravane qui ne lui prêta guerre d'attention. D'abord dubitatif quant à sa nonchalance, Kyohei se souvint bien vite de la raison pour laquelle il s'était précipité en ces lieux, et attribua l'apparente impression de sécurité de la petite compagnie à la rumeur des deux bienfaiteurs, qu'il imaginait plus vive que jamais dans cette région.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il aperçut les premières bâtisses du patelin. Quelques miliciens contrôlèrent brièvement son indenté avant de lui souhaiter la bienvenue. Si l'officier s'attendait à n'apercevoir que quelques paysans au sein de ce village qui ne payait à première vue pas de mine, il fut bien vite surpris du grand nombre de nobles, de shinobis et surtout de marchands réunis au beau milieu de cette banale campagne. Peut-être était-il arrivé en pleine foire ? Non, à bien y réfléchir, le hameau ne semblait pas être en capacité de loger autant d'individus. Mais alors, quel mystère pouvait bien cacher cette fourmillante activité ? Arborant un air visiblement stupéfait, Kyohei questionna un enfant qui jouait près de lui afin d'éclaircir cette étrange situation.

"C'est Ryokuiki m'sieur, la ville à roulettes, vous connaissez pas ? La hooooonte..."

Sur ces mots, le mioche s'éloigna, laissant le chajin plus perplexe encore. Une ville sur roulettes ? Il n'avait pourtant pas le souvenir d'être monté sur un quelconque véhicule. Levant les yeux au ciel, le fantassin s'apprêtait à laisser échapper un soupir de lassitude quand une drôle de vision s'offrit à ses yeux. Il lui semblait avoir vu un navire, non loin, patientant au milieu des hautes herbes. D'abord sceptique, le guerrier pouffa, puis secoua la tête pour chasser la fatigue. Seulement, ses yeux se posèrent à nouveau sur ce qu'il avait précédemment pris pour un bateau. Il ne rêvait pas, à quelques centaines de mètres de lui, près du petit village, se trouvait une immense construction dotée de hautes voiles repliées. L'officier resta encore quelques instants ébahi par cette vision, puis se ressaisit et se mit en marche vers la cité mouvante.

"Sacré Yuukan..."
Hayasaka Kyohei
(#)Jeu 4 Fév - 23:31
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Une clameur triomphante vint réveiller Kyohei, qui s'était assoupi quelques instants auparavant dans le hamac qu'il avait dressé dès qu'il était monté à bord de la cité mouvante. Ouvrant les yeux, il jugea les quelques heures de paisible sommeil qu'il s'était accordé suffisantes, et décida d'aller investiguer les acclamations qui retentissaient à ses oreilles. Il passa quelques dizaines de secondes à rétracter sa couchette, pendant lesquels le brouhaha proche ne fit que s'amplifier, puis se mit en marche. Bien vite, il découvrit que les passagers et résidents de Ryokuiki semblaient célébrer le déploiement des voiles  et le nouveau départ de la ville, qui allait à présent parcourir le pays dans le sens inverse de son arrivée. L'ambiance était légère et joyeuse, et le fantassin pouvait ressentir une rare quiétude émanant des lieux. Si la vie de marchand était généralement mouvementée, ceux-ci semblaient plus confiants et sereins que l'écrasante majorité de leurs confrères.
Il apparaissait que cette atmosphère détendue déteignait sur Kyohei car lui-même, d'ordinaire si sérieux, se permit de baisser quelques instants sa garde pour fureter un peu et profiter du fantastique paysage qui défilait autour de lui. S'aventurant entre les très nombreuses échoppes, il fut impressionné par la quantité et la diversité stupéfiante qui caractérisaient le contenu des échoppes. Il y avait ici de tout, et le voyageur était grandement surpris de n'avoir jamais entendu parler de ce florissant pôle marchand auparavant. Dans un premier temps naturellement plus intéressé par les redoutables armes exposées dans plusieurs boutiques spécialisées, l'attention du guerrier se déporta peu à peu sur d'autres produits aux facultés plus variées. De célèbres poèmes, des œuvres d'art en tous genres, de drôles d'instruments, et même diverses plantes exotiques. D'abord attiré à elles par simple curiosité, il fut stupéfait de réaliser que la majorité de ces dernières semblaient pousser sans grand mal dans un climat qui n'était pourtant probablement pas adapté à toutes les cultures. Ébahi par les possibilités sans limites que semblait indiquer la croissance de telles pousses au pays de l'herbe, Kyohei pénétra dans l'herboristerie.

Si, de l'extérieur, la variété de végétaux semblait impressionnante, l'intérieur de la boutique était plus spectaculaire encore. Sous les yeux du chajin s'étendait un petit jardin qui semblait regrouper des espèces issues des quatre coins du Yuukan. Ici, un cactus de Kaze, là, un pin de Yuki: bien que nécessitant pour la plupart des climats diamétralement opposés pour s'épanouir dans de bonnes conditions, ces plantes n'ayant à première vu aucun rapport les unes avec les autres semblaient se développer à merveille. L'espoir inondait les pensées de l'officier, qui n'entendit pas le propriétaire des lieux s'approcher.

"Bienvenue à la Parfumerie Kōkatsu ! Comment puis-je t'aider voyageur ?"

Toujours un peu sonné par l'afflux de spéculations qui l'assaillait, Kyohei se força à chasser l'expression ahurie qu'arborait son visage pour se doter de l'attitude plus calme dont il avait l'habitude.

"Merci pour votre accueil. Je ne faisais que passer dans le coin quand vos plantes ont happé mon regard. C'est très curieux, comment parvenez-vous à faire pousser tant de variétés issues de régions du monde si différentes en un seul endroit ?"

Visiblement flatté par la reconnaissance de son travail, l'herboriste pris un air faussement modeste avant de répondre à son client.

"Eh bien, voyez-vous, il s'agit simplement là de l'action et du minutieux dosage de mes précieux engrais. Sans vantardise aucune, je ne vous cache pas que cette découverte pourrait bien avoir enclenché un changement social majeur au sein de mon bien-aimé pays des neiges. Du moins je l'espère, en vérité on m'en a chassé avant que je ne puisse réellement en observer les résultats mais, comme vous le voyez ici, ils semblent parfaitement fonctionner si leur utilisateur sait ce qu'il fait. Vous voulez savoir comment j'ai fait hein . Je suis sûr que vous en brulez d'envie. Eh bien voyez-vous, je n'ai fait que découvrir une méthode bien particulière de synthèse et de formation catalytique de l'ammoniaque. Pour l'expliquer d'une manière que votre cerveau non initié pourra l'assimiler, comprenez bien que j'ai usé d'air inflammable et d'air dur dans des conditions...

Kyohei ne comprit pas un traitre mot de ce qui suivit, mais il n'en avait pas réellement besoin. Tout ce qui comptait avait déjà été énoncé: il existait une manière de faire pousser presque n'importe quelle plante dans presque n'importe quel climat, et cet homme en détenait le savoir et peut-être même l'exclusivité.

Après la fin de la guerre, l'officier s'était penché à plusieurs reprises aux côtés des nouveaux conseillers seigneuriaux sur la crise alimentaire chajin. En plus des récentes destructions qui n'avaient fait qu'aggraver la situation, deux problèmes majeurs subsistaient. En effet, la culture majoritaire de Cha no Kuni était évidemment le thé qui lui avait donné son nom.
D'autres Daimyôs avaient tenté à de multiples occasions de contraindre une partie des cultivateurs à abandonner celle du thé pour la remplacer par celle d'une céréale à haut rendement, comme le blé ou le riz, qui permettrait de nourrir plus largement les populations locales. Or, préférant le profit immédiat à l'assurance d'une sécurité nutritive durement obtenue, ces exploitants étaient toujours parvenus, par crainte de voir leur chiffre d'affaires baisser suite à un changement brutal de cultures, à graisser la patte des seigneurs pour maintenir la situation qui leur était favorable. Au fil des siècles, tous avaient alors abandonné l'idée de voir pousser au pays du thé autre chose que des théiers.
Les "engrais" dont parlait cet herboriste avaient le potentiel de renverser la situation en un éclair. Si les producteurs ne craignaient plus de perdre plusieurs années à maitriser le processus de croissance de nouvelles espèces, alors ils ne verraient aucun mal à remplacer leurs cultures en échange d'une garantie  nationale d'achat de leurs stocks. Qui sait, peut-être que technique pourrait même s'avérer utile pour résoudre le début de crise de l'emploi générée par les réfugiés du nord du pays.

"... vous savez je suis sans doute le premier à y penser. Mes confrères s'évertuent avec orgueil à tenter de désolidariser l'air dur, sans se douter un instant que moi, Yūkimichi Kōkatsu, dispose de décennies d'avance sur leurs méthodes archaïques. Ils ne savent que prendre et dérober, mais tout homme de science digne de son titre sait que ce noble domaine relève avant tout de la création, de l'invention. Hélas il apparaît qu'aucun esprit sur cette Terre ne sarait s'approcher un tant soit p... "

"Monsieur Kōkatsu, je vous assure que je pense avoir bien mesuré l'ampleur de votre génie, et je me présente donc à vous en tant que représentant de Cha no Kuni. J'aimerais, si vous l'acceptez, faire appel à votre immense savoir pour résoudre une crise alimentaire qui tiraille ma nation depuis des siècles. Sans même parler de la simple récompense pécuniaire qui excéderait, j'en suis certain, vos rêves les plus fous, je puis vous assurer que la gloire que vous retireriez d'un tel accomplissement fera de vous l'un des hommes de science les plus célèbres du monde. Souhaiteriez-vous en entendre plus."

"Oh, eh bien... ma foi si j'ai emprunté cette voie c'est avant tout pour venir en aide à mon prochain vous savez... inutile de me promettre une réputation infinie à la hauteur de la splendeur de mon talent voyons, je ne suis pas de ces cupides êtres qui courent après la renommée. Dites-m'en donc plus très cher."

Immédiatement à la suite de cette invitation verbale, et d'une vitesse qui trahissait son empressement et son impatience, l'herboriste tira à lui deux chaises et parti verrouiller la porte d'entrée de son échoppe, indiquant d'un panneau qu'elle était fermée. Désormais face à face et coupés de l'extérieur, les deux hommes discutèrent de leur future collaboration le temps d'une petite heure, avant que le scientifique ne craque et ne confie au soldat son envie irrépressible de voir ce qu'il en était le plus tôt possible. Concluant leur accord d'une poignée de main solennelle, les deux hommes se relevèrent enfin. Sans perdre plus de temps, Kyohei demanda à son hôte une lettre et de l'encre, alors qu'il expliquait sommairement au botaniste son plan.

"Écoute donc Yūkimichi, voilà comment les choses devraient se dérouler. J'enverrais cette missive droit à la Daimyô du pays du thé. Elle devrait la recevoir d'ici moins d'une semaine. Cette lettre indiquera ta position et toutes les informations que tu m'as communiquées jusqu'à présent qui relèveraient de ta capacité à résoudre cette crise alimentaire pour de bon. Dame Yokoyama devrait immédiatement envoyer des agents pour te récupérer ici même, mais j'estime qu'ils mettront au moins une semaine pour te rejoindre, et il serait raisonnable de penser que cette lettre devrait mettre au moins aussi longtemps pour arriver à Hiroma, peut-être plus. D'ici là, tu dois continuer à agir comme si de rien n'était. Quand les agents de Cha arriveront, explique leur ce que tu as besoin de conserver avec toi et ils t'aideront à le transporter. Personne n'osera tenter d'attaquer un convoi mené par une escouade de gardes d'élite. Ma mission dans le reste du Yuukan doit cependant suivre son cours, et il est possible que l'on ne se revoie plus dès l'instant ou j'aurais quitté ton échoppe, donc ne t'attends pas
à me retrouver parmi les membres de ton escorte. Tu as bien tout compris ?"


"Je crois bien oui. Même si je trouve étrange que tu préfères poursuivre ta chasse aux psychopathes plutôt que de retrouver tes camarades sur ta terre natale."

"Hélas mon ami, certains d'entre nous ne peuvent se permettre de diriger leur vie selon leurs préférences. Cette traque relève de ma responsabilité en tant que guerrier chajin, et je la mènerais jusqu'au bout."

Sur ces mots, Kyohei se concentra sur la lettre qu'il s'apprêtait à écrire, essayant avec peine de se remémorer de l'exact titre que portait Hitomi.

"Hmmm.... ça devait être quelque chose comme ça."

Citation :
A l'attention de son altesse sérénissime et Daimyô de Cha no Kuni, dame Yokoyama

Madame, bien que sans rapport avec ma mission initiale, je crois avoir fait une découverte qui pourrait s'avérer fort utile pour vous assister dans l'une des luttes acharnées que vous menez en ce moment même.

Il existe, au pays de l'herbe, une cité marchande en perpétuel mouvement du nom de Ryokuiki. Au sein de cette dernière se trouve l'herboristerie d'un scientifique yukijin du nom de Kōkatsu Yūkimichi. Ce dernier semble avoir développé une technique particulière qui, selon ses dires et selon les nombreux et édifiants exemples qui peuplent sa boutique, est capable d'enrichir le sol pour garantir, en usant d'un dosage adéquat et de réglages adaptés, la croissance parfaite d'une immense majorité de plantes, parmi lesquelles, à titre d'exemple, les céréales à haut rendement que sont le blé et le riz.
Bien que la promesse d'une rémunération à la hauteur des résultats qu'il obtiendrait semble l'avoir intéressé, il apparaît qu'il ai surtout été convaincu par la perspective de régler, par son seul génie et par votre éclairé assentiment, une crise majeure qui handicape la terre de nos ancêtres depuis de nombreux siècles.
Je m'en remets pour la suite à votre avisée gouvernance et à votre infinie sagesse, et vous prie de bien croire, madame, à l'expression de mon plus loyal dévouement.

Sincèrement vôtre,
Hayasaka Kyohei.
Hayasaka Kyohei
(#)Sam 6 Fév - 0:13
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