Chikkou est comme paralysé. Cela fait maintenant deux jours que les sunajins sont arrivés à Konoha, et comme il n’y a toujours ni réunion ni début d’examen, il a décidé d’y aller, de trouver les siens. Il a demandé la veille à l’aubergiste s’il y avait un quartier Kinoko. Elle lui a donné l’adresse d’une demeure qui, d’après elle, n’a été restaurée que récemment. Là, il devrait trouver d’autre Kinokos.
Chikkou observe la belle bâtisse. Elle transpire de cet attrait qu’ont les bâtiments neufs. L’esprit du champignon vagabonde : aurait-il été le même, si sa mère ne s’était pas extraite à sa communauté originelle ? Si elle ne l’avait rempli d’histoire terrifiante à propos du pays du Feu et des Kinokos qui y vivent… Chikkou n’a jamais su d’où venait l’aversion de sa mère pour cette partie de leur clan, mais bien qu’il l’ait longtemps acceptée, cette déchirure en lui le tenaille depuis que ses camarades et lui sont partis du désert pour rejoindre la forêt. Il a besoin de savoir, de découvrir ce qu’il se passe ici. Il veut les voir, les entendre, leur parler. Il a besoin d’en savoir plus sur eux, sur lui, sur leurs origines. Il veut… Il veut tout, comme toujours, mais il n’ose pas avancer.
Il s’est persuadé qu’il avait grandi, qu’il est devenu capable… Mais les vieilles histoires remontent à la surface de sa conscience les unes après les autres. Il attend, à quelques pas de la demeure, que quelque chose se passe. Son ombrelle carmin empêche les passants de voir son regard d’or tremblant, comme sur le point de s’écrouler sur lui-même. Il inspire profondément, fait un pas, s’arrête de nouveau.
« Putain Chikkourge, allez ! »
Mais son corps ne lui obéit pas. Que quelqu’un fasse quelque chose, où il restera là jusqu’à la nuit tombée…
Les deux mains derrière la tête, marchant lentement avec la pipe au bec, Oz’i se promenait non loin de la résidence mycélienne. Aujourd’hui il n’avait pas grand chose à faire, hormis se reposer et réfléchir à comment aborder l’examen chunin qui approchait à grand pas. Tirant profondément sur sa pipe, il crachait d'épais nuages colorés, indiquant à qui le connait sa position exacte, il faut dire qu’il avait acquis une réputation de grand fumeur de pipe. Beaucoup de Konohajins connaissaient son penchant pour cette vilaine habitude, sans compter que ses pot pourris maison enfumaient tout le quartier alentour, ce qui avait tendance à énerver les Hyugas non loin, un petit bonus pour ce fumeur de pipe qui ne manquait pas de passer devant leur quartier le sourir jusqu’au oreille en tirant ses énormes bouffés.
Ne sachant quoi faire, Oz’i avait décidé d’aller voir Baba Jima, voir si elle allait bien, si elle avait besoin de quelque chose. Il faut dire qu’une fois l’examen lancé, il ne la reverrait peut-être pas avant un moment, enfin… Il ne savait pas vraiment comment tout cela allait se goupiller. Marchant joyeusement, en sautillant jusqu'à la résidence. Il s'arrêta à mi-chemin en voyant au loin un homme qu’il n’avait encore jamais vu planté devant le portail de la résidence. Un petit sourire malicieux se dessina alors sur son visage, il s’approcha le plus discrètement possible et sans rien dire il souffla une épaisse fumée colorée sur l’homme avant de lui susurrer à l’oreille en imitant la voix d’un vieil homme mystérieux.
« Respire la fumée et tu trouveraaaaas le chemiiin de la vérité ! Wouuu ! »
Jouer les petits vieux mystérieux, il n’y avait rien de tel pour embellir sa journée, il fallait espérer que l’homme soit du genre dupe pour qu’il puisse continuer sa plaisanterie de mauvais goût. A bien y regarder, l’homme était habillé d’une bien drôle de façon, rien avoir avec le style Konohajin. Étrange… Maintenant, il se demandait qui pouvait bien être cet homme.
Chikkou regarde donc la maison et perd la notion du temps. Et si les histoires de kinokos cannibales étaient vraies ? Il est si absorbé par cette contemplation malsaine, qu’il ne fait pas attention à l’odeur qui commence à remplir la rue autour de lui. C’est une odeur musquée, forte, mais pour une raison qu’il ignore encore, le champignon n’y fait pas attention. Il regarde, encore et encore, puis sa vue est envahie par les volutes colorées. Ici du rouge, là du violet qui se fond dans du bleu. Quoi ?! L’auraient-ils remarqué ? Vont-ils s’en prendre à lui ?
Il se tend, serre le poing malgré lui. Il pourra toujours utiliser le sceau du protecteur en cas d’attaque ! Et puis ça ne sera pas de son fait, il saura s’expliquer auprès de la Tegami qui les a tous guidés jusqu’à Konoha. La voix du vieillard le fait hurler.
« QUOI ?! »
Il saute sur lui-même, fait volte-face dans la fumée. Que se passe-t-il ? Qui est l’ennemi ? Il observe, scrute, souffle tant bien que mal pour chasser l’écran fumeux qui le sépare de l’homme. Il a soudain une idée : il s’empare de son ombrelle et se met à l’ouvrir et la fermer frénétiquement, assez vite pour finalement chasser les volutes… Et tomber sur un garçon à peine plus jeune que lui, les yeux rouges et la pipe bien chargée.
Chikkou penche la tête sur le côté et laisse ses bras tomber. Il… Il ne comprend pas. Qui est-il ? Probablement un konohajin mais… Pourquoi ? Il bat des paupières, hume l’air autour de lui. Il connaît cette odeur, elle lui rappelle ces soirées où sa mère s’enfermait dans sa chambre après avoir couché Chikkou.
« Je… Euh… Quelle vérité ? »
Il hume un peu plus, quasiment sûr qu’il y a des champignons dans cette pipe. Il la pointe du doigt.
« Attends un peu... Y’a d’la courtisane impériale là-dedans, nan ? »
Il fronce les sourcils, mais pas par agacement. Il ressemble presque – malgré son bon mètre quatre-vingt – à un enfant qui essaye de comprendre ce que des adultes ivres et amusés essayent de lui dire.
« Et puis, t’es qui ? Le Maître enfumé ? »
Un sourire léger s’étire sur son visage, pour que l’autre comprenne qu’il n’est pas en colère, qu’il est juste complètement perdu.
Pendant un court instant, l’homme tomba tête la première dans la blague douteuse de Oz’i, mais celui-ci se reprit très vite. Reniflant, humant la fumer de la pipe. Il semblait connaitre quelque espèce de champignon : “ La courtisane impériale “ , drole de nom, Oz’i n’en avait jamais entendu parlé, néanmoins il fit comme si de rien n’était et répliqua immédiatement:
« Ah...Ouai, la courtisane trop géniale , je connais, mais non, c’est de la Psilocybe semilanceata… Un nom pompeux, pour décrire un super champignon qui fait rigoler.»
Il tira une nouvelle bouffée, crachant la fumée sur le côté, il tendit ça pipe, une façon d’échanger le calumet de la pet avec un potentiel connaisseur. Il sortit de sa poche arrière une petite boîte où se trouvait son pot pourri maison, histoire de faire sentir ce bon fumet à son nouvel ami .
« Du fait maison ! Très pratique pour limiter les courbatures après une mission, ou pour un usage....récréatif héhé..»
En parlant champignon, il avait occulté le fait que l’homme était un inconnu qui restait planté là devant la résidence mycélienne. Un comportement très louche, mais peut-être pas aux yeux d’Oz’i… Il faut dire que question comportement louche, monsieur était connaisseur, et un grand adepte de la discipline. Finalement, comme tout bon ninja, il décida enfin à questionner l’homme sur la raison de sa venu ici, mais il fut distrait par le super surnom que venait de lui trouver celui-ci.
« Mmmmh , j’peux savoir ce que tu fais à jouer le piquet devant la résidence myscélienne ? tu… Oh … Ohhhh … Le maître enfumé ! Sa sonne vachement bien ! JE GARDE ! Haha ! »
Le maître enfumé, ce surnom en imposait ! Et ça collait extrêmement bien avec le style de Oz’i, l’homme avait du goût, ça ne faisait aucun doute. Tout sourire, il lui demanda, heureux de cette nouvelle rencontre.
« Tu t'appelles comment ? Moi c’est Oz’i, le maître enfumé Hahaha ! »
Décidemment, le Kinoko était très bavard aujourd'hui, bien plus qu'a l'accoutumé. L'homme devait être perdu face à un débit de parole aussi rapide, il était rare qu'Oz'i se montre aussi enjoué, peut être le stresse des épreuves à venir pour l'examen Chunin, c'était un moyen pour lui de décompresser, d'évacuer le stresse .
Un sourire s’étend de plus en plus sur le visage du champignon, surtout quand son nouveau collègue cite le nom scientifique de la courtisane. Il rit un peu.
« C’est… C’est la même chose en fait… »
Et s’empare de la pipe joyeusement avant de tirer une longue bouffée qui vient se répandre dans l’organisme de Chikkou. Il connaît les effets, il en a fumé de temps en temps, bien qu’ils soient bien incapables d’en produire simplement avec son chakra. Il souffle les volutes colorées, s’étouffe un peu et rend la pipe au Maître enfumé.
« Grmpfh, mer… Merci bien ! »
Dit-il tout sourire avant d’écouter la suite des dires du Maître. Il penche la tête sur le côté, lorsque ce dernier s’accapare le surnom improvisé. Chikkou sourit, tend sa main droite Oz’i pour serrer la sienne.
« Eh bien, Oz’i, je m’appelle Kinoko Chikkou et, si je suis là, c’est pour en apprendre un peu plus sur mes racines. »
C’est la vérité, après tout. Il se poste aux côtés du konohajin et poursuit.
« J’ai grandi à Yama avec ma mère – une kinoko elle aussi – et elle m’a beaucoup parlé du pays du feu et de la… Hm… De la réticence que ses habitants pouvaient avoir envers notre clan. Du coup, même si j’ai pas mal voyagé, j’ai tout fait pour retarder ma venue ici. »
Il soupire. Cela lui semble stupide maintenant qu’il le dit à haute voix. Chikkou est un sunajin maintenant, un chunin qui plus est. Il ne devrait pas craindre de rencontrer ceux de son clan, ceux qui partagent le même don que lui et le cultivent jour après jour.
« Du coup, avec l’examen chunin qui se déroule ici… Comment dire ? Je regretterai toute ma vie de ne pas être venu rencontrer les miens. »
Il inspire profondément, jette un coup d’oeil à Oz’i.
« Tu vois ce que je veux dire ? »
Si seulement Chikkou il savait… Ha, j’en ris d’avance.
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