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Je regardai une dernière fois la mystérieuse missive, avant de la déposer parmi la pile de documents qui encombrait mon espace de travail. J’ignorais encore qui était exactement la personne derrière cette invitation, mais elle était parvenue à piquer ma curiosité. Oui. L’évocation d’un artefact, le sceau royal des Yato, et ajouter à cela le temple de Susanoo comme lieu de rencontre, il était clair que je ne pouvais guère rester indifférent. Non, bien sûr que non.

J’ignorais encore ce que cet individu allait m’apprendre ni où est-ce cette rencontre pouvait nous mener, mais je restais persuadé qu’elle allait être intéressante, d’une façon ou d’une autre.

Bref, pour l’heure, je profitais quand même du temps qui restait devant moi pour m’avancer dans mes travaux. En effet, il y avait encore pas mal de zone d’ombre dans l’histoire de ce village qu’il me fallait élucider. Il me fallait entre autres parvenir à percer la personne de l’ancienne guerrière, la Shodaime, premier du nom. Certains récits lui imputent des actions qui me paraissaient encore insensées. Je voulais comprendre. Mesurer leurs portées. Et tout cela bien entendu dans un seul et unique but…

Ainsi donc, je me plongeais dans les vieux parchemins que j’avais en ma possession. Je prenais naturellement des notes de temps à autre, histoire de ne pas avoir à revenir une dizaine de fois sur une page que j’aurais déjà lu. Puis, finalement, comme souvent, je finis par rencontrer des pages qui n’avaient pas su résister à l’épreuve du temps. Elles étaient pour ainsi dire détériorées et totalement illisibles. Cela serait probablement un cauchemar pour nombre de chercheurs avides de connaissances et de réponses mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’en étais pas vraiment affecté. Il fallait dire que j’en avais l’habitude, mais au-delà de ça, je ne voyais pas ce que je gagnerai à m’emporter. Cela ne changera en rien la situation. Alors, il valait mieux en rire…

« Sacrée guerrière cette femme ! J’imagine que ce n’est pas pour lui faire des enfants, lorsqu’elle propose de s’occuper de lui. Ahahaha ! » M’esclaffai-je, avant de me curer le nez.

Quelques heures plus tard…
Grâce à mes pouvoirs, il me fallu à peine quelques secondes pour atterrir non loin du temple de Susanoo. J’avais atterri quelque part, à l’abri des regards. Puis, rapidement, je me mis à parcourir la distance qui me séparait du temple, ce fameux et mystérieux temple. Sa simple évocation suffisait à me rendre nostalgique. En effet, cela avait tendance à me renvoyer dans une époque lointaine, où j’écumais encore les mers avec mes compagnons de voyage. Lointaine, c’était le cas de le dire.

Quoi qu’il en fût, je m’approchais sereinement du temple. Sur la route, je croisais des personnes allant dans la même direction que moi, et d’autres faire le chemin inverse. Sans doute des guerriers et autres pèlerins venus prier le « tout-puissant ». Certains prenaient étonnement le temps de m’observer, sans doute mon accoutrement qui ne respectait pas les codes des locaux. Cela dit, je ne le changerai pour rien au monde.

Bref, une fois arrivé en face du magnifique temple, qui, il fallait l’avouer, avait quelque chose de particulier, je me baladais de gauche à droite afin de trouver la personne qui m’avait fait venir jusqu’à ici. D’ailleurs, il ne fut pas très compliqué de le trouver, puisqu’il n’y avait qu’une seule personne dans les parages qui semblait perdue dans les méandres de ses pensées. Oui, celui-ci était totalement plongé dans son monde intelligible. Tout à fait le genre de rêveur ou curieux qui solliciterait ma personne. En outre, il dégageait une aura assez particulière.

Un petit sourire en coin se dessina sur mon visage, tandis que je vins me placer à sa hauteur, jetant mon regard vers le ciel. Les nuages grises étaient totalement sous le joug de Susanoo, le dieu de la foudre. Heureux ou en colère ? C’était difficile à dire, mais le spectacle était sensationnel. Oui, puisque vous avez l’impression que le ciel allait vous tomber sur la tête, vous pourrez limite être pris de peur et avoir totalement envie de fuir, mais qu’au final ces orages ne faisaient que sonder votre esprit.

« Vous semblez si absent qu’on croirait presque que vous êtes à l’origine de ce spectacle divin. Ne seriez-vous pas le fils ou l’incarnation même de Susanoo ? » Glissai-je, au mystérieux individu.

Je tournai finalement la tête dans sa direction. Un petit sourire amusé se dessina sur le coin de mes lèvres, tandis que j’attendais de voir si ces quelques mots avaient suffi à l’extirper de son monde intelligible ou non…