« A vos ordres Hokage-sama. »

Razan fit une courbette envers la plus haute autorité du village, lui signifiant son départ du lieu afin de le laisser aux nombreuses tâches qui l’attendaient en cette période marquée par un événement sans précédent, réunissant les deux autres Kage et les Genins sélectionnés pour participer au premier Examen Chuunin International. Mais surtout, il partait sur les ordres de l’Ombre du Feu, n’ayant plus que pour objectif de rejoindre son appartement en vue d’y préparer ses affaires pour la prochaine et importante mission qui l’attendait. Tel était le quotidien du Kinzoku depuis qu’il rejoint les rangs de Konoha. Enchaîner les missions, se tenir à ses responsabilités et appliquer son devoir avec une rigueur aussi strict que celle que l’on connaissait des membres de son clan. Et ce, en dépit de tous les événements et les joies qu’un tel moment dans l’histoire du Yuukan pouvait lui procurer ! Malgré tout, il se rassurait en se disant que c’était là l’unique moyen pour lui d’achever sa revanche personnelle et de permettre à son village d’avancer un peu plus dans son rayonnement et le rêve dont la charge en revenait à l’illustre Hyûga Genkishi !

Une mission peut-être cruciale pour l’avenir de Konoha venait de lui être confiée. Une mission qu’il ne pouvait pas se permettre d’échouer ou de mettre en péril tant les enjeux étaient bien plus grand que ce qu’il avait pu être confronté jusqu’à maintenant. Des vies lui étaient même confiées personnellement cette fois-ci ! Loin des vastes terres qu’il avait appris à connaître, le Chuunin était envoyé à Cha no Kuni ! Un pays qu’il ne connaissait en rien, si ce n’est pour le drame que tout le monde connaît et qui eut pour mérite de changer la face du monde, et son destin avec, il y a deux ans maintenant. Son objectif était simple, mais était pourtant capable d’en refroidir plus d’un. Il devait enquêter sur le désastre d’Arashi et y trouver ne serait-ce qu’un indice qui permettrait de confirmer un lien entre les attentats survenus dans le Pays du Feu, ainsi que dans les deux autres grandes nations où se trouve les grands villages ninjas, et la destruction de cette maudite prison dont se revendique ce groupuscule nommé Jinsei...

Razan sortit alors du bureau, arpentant les longs couloirs du palais et descendant ses étages qu’il connaissait maintenant que trop bien et en moins de temps qu’il en faut pour le dire, il se tenait tout en haut de ce mur gigantesque qui lui permettait de contempler l’entièreté de son village. D’abord ces Grands Remparts, qui continuaient à accueillir plein de monde en cette belle journée. Puis ces quelques terrains d’entraînement qui se voyaient prit d’assaut en vue du terrible examen qui approchait. Cette longue avenue ensuite, pullulant toujours d’une effervescence dont se plaisait à profiter les marchands et ces restaurants dévoués à faire goûter leurs succulentes spécialités. Son regard se posait enfin et de nouveau sur la bâtisse considéré par les fiers soldats comme la plus importante de tout Konoha, le Palais du Hokage. Il se remémorait alors la toute première fois qu’il avait osé pénétrer ces lieux. Le Kinzoku n’était même pas encore rétabli de son dur voyage, son cœur n’était toujours pas guéri de la douleur de son exil forcé, qu’il avait exigé une audience avec le chef du village, voulant à tout prix acté son engagement et le début de sa nouvelle vie !

Ses premières missions furent accomplies les unes après les autres sans jamais que l’exilé de Tetsu ne rechigne à la tâche, toujours animée par la flamme de la volonté, que le Hokage en personne lui avait donné dès leur première rencontre, et le sens du devoir qui parcourait ses veines. Portant lui-même le grade de Genin à une époque, le temps de faire ses preuves dans un Konoha en pleine renaissance, il passa rapidement les échelons pour devenir un Chuunin. Les responsabilités s’agrandissaient alors. Des aventures plus périlleuse l’attendaient, devant mettre sa vie dans la balance et parfois, c’était la tâche tout aussi difficile d’aller enseigner à l’Académie du village qu’on lui confiait ! Cependant, c’est là qu’il eut l’occasion, il y a quelques semaines de cela, de prendre une future figure du village sous son aile. Hyûga Shizue. Car il devait bien se l’avouer. S’il ne voulait plus perdre une seconde à cet instant, c’est aussi pour qu’il puisse accomplir quelques tâches avant son départ pour le Pays du Thé. L’une d’entres elles consistait notamment à aller voir celle qu’il considérait comme son élève une dernière fois. À défaut d’être présent, il devait au moins lui souhaiter courage avant le début de l’examen dans quelques jours !

Cependant, avant de prendre son envol et bondir de cette hauteur vertigineuse. Les mouvements envoûtant d’une belle chevelure argentée soufflée par le vent l’arrêta net. Le regard de Razan se tourna aussitôt, observant celle dont il n’avait visiblement pas remarqué la présence pendant qu’il était plongé dans ses pensées. La surprise se marqua alors légèrement sur son visage tandis qu’il remarquait son regard se porter vers l’horizon, tout comme il le faisait quelques secondes plus tôt. Le Kinzoku se permit alors de briser ce silence.

« Raikage-sama ? Je suis surpris de vous voir ici. »

« Ah ! Veuillez m’excuser. Je me nomme Kinzoku Razan, Chuunin de Konoha. » Commença-t-il par répondre, faisant une petite courbette en direction de la plus haute autorité Kumojin. Il s’était senti le besoin de préciser non seulement son nom, mais aussi son grade, conscient qu’il n’avait pas encore atteint la renommé dont il espérait un jour acquérir le mérite et les exploits. Ce qui n’était évidemment pas le cas de son illustre interlocutrice...

Paradoxalement, elle était une inconnue pour Razan, et pourtant, il la connaissait déjà. Pas la moindre seconde de doute traversa son esprit lorsqu’il posa les yeux sur cette personne qui représentait, peut-être malgré elle, bien plus qu’une simple étrangère au regard perdu dans l’horizon. À vrai dire, tout le monde avait déjà entendu parler de cette jeune kunoichi qui sublimait le fait d’être borgne par cette fleur d’une immortelle beauté présente à la place de son œil. Le Yuukan dans son ensemble connaissait désormais cette femme qui fut propulsée Raikage, non seulement grâce à ses prouesses au combat, mais aussi par la sensibilité dont elle était capable de faire preuve auprès de son peuple. Choses qui se révélaient être importantes dans des temps aussi tumultueux où la confiance du peuple peinait à être racheté après l’épisode tragique qui amena la destruction d’Arashi et la révélation au plus grand nombre des sombres secrets que cette maudite prison renfermaient.

Quand bien même son talent était reconnue, le choix qui fut pris par le Daimyô de Kaminari de l’imposer comme Kage de Kumo ne fut pas compris par tous au sein du pays. Certains l’estimaient trop jeune, d’autres qu’elle n’était qu’une étrangère. Puis il y en avait encore qui répandaient la rumeur comme quoi elle n’était qu’une pionne mise en place par le Seigneur, qui aurait alors tout le loisir de perpétuer son règne avec les mêmes méthodes et cachotteries qu’avant le début de cette nouvelle ère. Celle des shinobis ! Ainsi, elle devait supporter le poids d’un tel fardeau et mener toute une nation dans une époque qui commençait à peine à s’écrire, devant déjà faire face aux drames des époques passées et le spectre d’une menace capable de replonger le Yuukan dans un chaos similaire à celui qui commençait à naître avant que la réouverture des ancestraux villages ninjas ne viennent y mettre un terme. Sa présence ici, à Konoha, ne venait qu’ajouter une preuve de plus que Seika Itoe œuvrait dans une voie visant à créer des relations paisibles avec ses voisins, rêvant elle aussi, sûrement, qu’elle parviendrait à mener ceux qui lui font confiance vers la paix !

« J’ai entendu que vous étiez arrivé il y a peu oui. Le village tout entier est en effervescence face à l’idée de voir de nouvelles têtes et devant la tenue d’un tel événement. Maintenant que vos Genins sont arrivés, l’examen va pouvoir bientôt démarrer. » Lui dit Razan avec un sourire, ne pouvant s’empêcher d’ajouter autre chose, qui ne semblait être en réalité qu’un secret de polichinelle. « Mais je suppose que ce n’est pas juste pour voir de jeunes ninjas s’affronter que vous êtes venues ici. N’est-ce pas ? »

Son regard se dirigeait une nouvelle fois en direction de ce vaste paysage qui se présentait à eux, son sourire ne le quittant pas pour autant. Ces paroles n’avaient pas pour vocation d’obtenir une quelconque information importante sur une nation étrangère. Puis surtout, il n’avait pas oublié à qui il se permettait d’adresser ces mots. La Raikage avait beau avoir quelques années de moins que lui, le Kinzoku n’oserait pas la prendre pour une jeune femme naïve et ce n’était pas non plus son genre d’oublier le respect qu’il doit à la fonction qu’elle incarne. Pour lui, mais également au nom du village qu’il représentait avec discipline et honneur depuis près de deux ans. En réalité, il ne faisait qu’avoir une conversation honnête avec elle, gardant à l’esprit la mission qui venait de lui être donné. Car tout ceci avait bien un lien et tout deux, présents sur ce grand mur, avaient bien un ennemi commun. Un groupuscule qui avait sévi dans les plus grandes nations récemment et menaçait de nouveau l’ordre. Voilà pourquoi la présence de la Seika ici, isolée du reste de sa délégation, l’étonnait. Razan se tournait de nouveau vers son interlocutrice.

« C’est pourquoi je suis un peu surpris de vous voir en ces lieux. Konoha ne vous sied pas ? »

En effet, le Chuunin faisait parti de ces quelques ninjas du village à ne jamais perdre de vue l’essentiel. Ou du moins, pas suffisamment longtemps pour lui faire oublier ses obligations. Que cela vienne de son éducation et sa discipline acquise pendant toute sa vie passé au sein d’un dogme aussi strict que celui des Kinzoku, ou simplement de son expérience guerrière remplie de son lot de sang et de larmes à l’image de tant d’autres malheureux à travers le Yuukan. Ainsi, il n’avait pas hésité à aborder le sujet épineux que cache cet événement dont les plus naïfs ne retiendront que les aspects les plus heureux. Un commerce dopé par les nombreux étrangers venu remplir les rues, des parents remplis d’espoir pour leurs enfants qui avaient juré fidélité à un village ninja ou encore la rencontre d’êtres que l’on aurait jamais pensé croiser et qui, peut-être, dans d’autres temps auraient pu être des ennemis. Omettant donc ce qui se tramait en coulisses, alors que les grandes puissances de cette ère se réunissaient entre quatre murs. Mais pour Razan, pas de surprise quant à la réalité des choses.

Pas de surprise, jusqu’à ce que la Raikage ne vienne la contredire, marquant son visage d’un air nostalgique que le regard du Konohajin ne manque pas de remarquer. Ses oreilles restaient grandes ouvertes, écoutant alors avec attention son interlocutrice réfuter l’idée dont les paysages qu’offraient Konoha ne lui conviendraient pas, quand bien même ceux-ci se retrouveraient à être le parfait opposé de ce que l’on pouvait trouver au sein des reliefs montagneux. La raison était simple et pourtant, la fonction qu’elle incarnait avec eu de quoi faire oublier au banni de Tetsu sa géographie. En réalité, il n’avait encore jamais eu la chance, ni la mission, d’aller visiter les terres de Kusa. Ne dépassant jamais la frontière de Taki dans lequel il avait passé le plus clair de son temps sur les champs de batailles à neutraliser la dissidence des Vagues, qui rêvait uniquement de raviver les braises du conflit qui opposait leur nation à celle du Fer.

Pas de surprise, jusqu’à ce que la Raikage ne vienne alléger l’impression que l’on avait de son fardeau. Exprimant donc sa joie de, non seulement, retrouver des terres plus verdoyantes que son chez elle d’aujourd’hui, mais également sa volonté de prendre part à l’Histoire en répondant à l’invitation du Shodaime Hokage ! Endossant pleinement le rôle qu’était le sien, en préparant les futures bases d’une unité entre les puissants villages pour faire face à cette menace dont elle ne disait pas le nom. Ce groupuscule que tant redoutait déjà rien que par l’idée d’imaginer si la vérité se logeait bien au cœur de leurs dernières revendications. Le Jinsei. Une organisation qui serait responsable pour avoir répandu à travers tout le continent un immense fléau de criminalité en ayant détruit la défunte prison d’Arashi.

« Le Jinsei hm ? Deux années sont passées depuis Arashi et pourtant, nous n’en sommes qu’aux prémices dans l’accomplissement de nos objectifs. Si jamais ce qu’ils clament est vrai, ils n’ont pas mis longtemps avant de réapparaître. La vague de bandits peine à être endiguée à travers le Yuukan, la confiance des habitants envers les Daimyô n’est pas encore totalement revenue et voilà qu’ils cherchent à réduire nos efforts à néant.

Je suppose que Hi n’est pas seul à vouloir faire face à ce problème. C’est pourquoi vous êtes là Raikage-sama et que nous comptons aussi sur nos Genins pour élever leur niveau et protéger ce qui doit l’être à l’avenir. » Lui dit Razan, veillant toutefois à ne pas trop parler au nom de Konoha, mais à exposer une situation globale. Là encore, il ne devait pas oublier à qui il parlait, ni son grade.

« À mon tour, je suppose que je ne vous apprends rien. » Finit-il par dire, souriant à la jeune femme.

Le regard du Chuunin s’ôta de nouveau de son interlocutrice, posant un regard sur le village dont il voyait la totalité. Quelque chose lui semblait un peu injuste. Pensant à l’immense poids qui pesait sur les épaules des Kages, de son Kage aussi, Hyûga Genkishi. En vérité, ils n’étaient pas seuls à porter cette responsabilité. Tous ceux qui, comme Razan, portaient en eux la volonté de la Flamme, ou quelle que soit la façon dont cette résolution était nommée ailleurs, avait le devoir de protéger ce rêve de paix. De venir en aide à tous leurs habitants s’étant sentis trahis par leurs Seigneurs après plus d’un siècle de mensonges sur ce qui se passait dans cette maudite prison et à qui ils avaient fait la promesse de changement et de sécurité. Cependant, la belle jeune femme avait raison. Leur devoir trouvait aussi sa place dans le fait de chérir ces moments paisibles, de considérer l’importance de l’instant présent pour égayer la tumultueuse vie que menait un shinobi au quotidien. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle aussi, comme Hyûga Genkishi, avait le sens du discours.

« Oui, vous avez raison. » Il était grand temps d’aborder des sujets plus joyeux.

« À vrai dire, même si, grâce à vous, le clan Seika voit son nom résonner à travers tout le Yuukan depuis votre nomination en tant que Raikage, je dois bien avouer ne pas en savoir beaucoup sur vos terres d’origines. Pas plus que ce qui est conté ici et là d’un pays profitant d’une rare paisibilité. »Lui répondit-il alors.

« D’ailleurs, je n’en sais pas plus sur vous hormis ce qui est raconté sur vos prouesses en combat. Cela a dû être un long chemin de passé de Kusa à Kage de Kumo. »

Razan ne posait pas les questions directement cette fois-ci, mais il était certain qu’Itoe comprendrait que ses phrases, à défaut d’être vraiment joyeuse, étaient teintée d’une grande curiosité à son égard.

« Ah ! Vraiment ? »

Comme il en avait l’habitude lorsqu’il était gêné, Razan se grattait l’arrière du crâne alors que pour la première fois depuis longtemps, ses joues prenaient un semblant de couleur rouge. Cela était bien une des premières fois où le sérieux le Kinzoku se voyait complimenter ! Lui qui, depuis le début de son aventure au sein de Konoha, dû faire face aux regards méfiants et aux préjugés que le nom de son clan traînait depuis des âges ancestraux. Pas de la part de tout le monde bien sûr, il avait bien eu le temps de créer des liens avec des camarades ninjas, des élèves ou ce sympathique chef du Kodawari Ramen qu’il considérait comme un véritable ami. Mais il était vrai que Razan avait bien du mal à se détacher de la discipline de fer qui caractérisa toute son éducation et sa formation en tant que shinobi ! Néanmoins, avec les années passantes au sein du village caché de la feuille, il apprit à se détendre et profiter de moments agréables comme le souhaitait son interlocutrice à cet instant.

D’ailleurs, celle-ci ne manqua pas de le complimenter à nouveau, n’arrangeant en rien l’attitude troublé qui marquait déjà son visage. Son habilité ? Il était pourtant loin de l’esprit du Chuunin de Konoha de faire preuve d’habilité ou encore d’user de tactique pour arracher de précieuses informations sur une interlocutrice aussi importante que pouvait l’être le chef militaire d’une grande puissance comme Kumo ! En réalité, il n’avait fait qu’attraper cette main tendue par la belle Seika, voguant d’un sujet aussi sérieux et déprimant que pouvait l’être la terrible menace qu’incarnait le Jinsei au sein de cette nouvelle ère, laissant alors parler sa curiosité de vouloir en savoir plus sur le destin qui avait mené la borgne à fleur à atteindre l’un des sommets du monde shinobi ! Ainsi, il se mua en une oreille attentive et se concentra sur le récit que lui conta alors l’originaire de Kusa.

Celle-ci se mit alors à raconter avec nostalgie les paysages et les particularités d’un pays qu’elle aimerait sans doute revoir, dépeignant ce qui semblait être des contrées aussi verdoyantes que l’étaient ceux du vaste Pays du Feu Décrivant ensuite ce qui paraissait être de la fantaisie l’histoire de Ryokuiki ! Une ville immense, conçue comme un bateau et jouissant de la liberté de voguer, non pas sur les mers, mais au sein même du continent attirant foule de commerçants ! Et dire que le Kinzoku pensait avoir vu le maximum de ce que pouvait donner l’affluence de marchands ici à Konoha ou encore à la capitale, Kanetsu. Encore plus en cette période où les populations des quatre coins du Yuukan s’étaient rassemblées ! Enfin, elle en vint au plus intéressant, en dévoilant un peu plus sur elle et les raisons qui la poussèrent finalement à être nommée Kage !

À son tour, Razan se permit de lâcher un petit rire. Pas moqueur du tout, mais la façon qu’Itoe avait de parler des terres de son enfance lui rappelait étrangement la remarque que lui fut le Shodaime Hokage lors de sa première rencontre avec lui ! À cet instant, il lui semblait que tout deux se ressemblaient sur quelques points. Quand bien même un nouveau rôle s’imposait à eux, l’amour qu’ils avaient pour leurs terres du passé était toujours bel et bien présent dans leurs cœurs et la façon qu’ils avaient d’en parler. Quand bien même ils y étaient encore attachés, leurs convictions, leur nindô les avaient poussés à prendre en main leur destin et rejoindre une nouvelle bannière, jurant avec toute la fidélité et dévotion dont ils étaient capables de servir leur village shinobi et protéger une population qui n’avait pourtant rien à voir avec leur famille ! Chacun eut donc sa propre histoire et ses propres sacrifices à endurer...

« Vous entendre parler ainsi de Kusa donne envie de s’y rendre. Aimeriez-vous y retourner un jour ? » Se contenta-t-il de répondre dans un premier temps.

Razan demeura silencieux quelques secondes. Observant le regard unique de son interlocutrice, tentant de desceller tous les sentiments qui parcouraient alors cette kunoichi qui marquerait certainement de son empreinte la déjà longue et tumultueuse histoire du Yuukan. Il reprit.

« Oui, c’est dommage... Et je ne peux imaginer le poids que cela représente en étant Kage. Seulement, en tant que Kinzoku, on m’a appris à ne voir le monde autrement que comme un gigantesque champ de bataille dont la paix ne sera jamais rien de plus qu’une période entre deux guerres. Aujourd’hui, et heureusement, c’est un ennemi commun auquel nous faisons face. Mais qui sait ce que réserve l’avenir ? On peut simplement espérer qu’une entente perdurera. C’est pourquoi, je le répète, votre présence ici est précieuse.

Cependant, je ne vous vois pas comme une utopiste. Comme vous, je me laisse porter par mes convictions, j’essaye de les faire vivre et de m’y tenir dur comme fer. Hors des dogmes et de cette aveugle loyauté qui caractérise encore les personnes de mon clan. Quand bien même cela m’a amené à être... Hors de Tetsu. C’est comme cela que je conçois mon nindô. Désormais, c’est avec l’emblème de Konoha marquant mon bandeau et avec la volonté de la flamme que Hokage-sama m’a transmis que je les défends !

Malheureusement, mon clan n’a pas vu la même chose que moi avec la réouverture des villages shinobis. Ils n’ont pas vu la chance que cela pouvait être pour ce Yuukan brisé. Alors aussi violente sois la réalité de notre monde, aussi éloigné soient nos pays, je pense que nous devrions nous en tenir à notre ligne de conduite... Non ? »

Le Konohajin finit avec un sourire. Il n’avait aucune idée de ce qui pouvait bien trotter dans la tête de la Seika, ni même ce qu’était sa propre vision de l’avenir. Néanmoins, il continuait de croire qu’en continuant ainsi, ils agiraient pour le bien commun ! Lui, qui avait encore du mal à définir ce qu’était véritablement son objectif...

Finissant son long monologue, le manieur de métal s’était assis au bord ce mur immense, portant de nouveau son regard sur ce village qu’il avait appris à aimer, ouvrant grand ses oreilles alors que l’originaire de Kusa débutait sa réponse. Comme depuis le début de cette rencontre, Razan se plaisait à écouter son interlocutrice qui n’avait aucune peine à répondre avec sincérité au petit Chuunin qu’il était. Pour autant, il voyait bien au fil de cette discussion que, aussi éloignés pouvaient-ils être l’un de l’autre, par les expériences et par la distance qui séparait leurs nations, ils se ressemblaient. Tous les deux ne profitaient plus des terres de leur enfance, des coutumes et traditions de leur peuple, de leur famille aussi. Si ce n’est par le souvenir. S’appliquant à mettre leurs convictions au profit d’une autre nation. Quand bien même ils devraient affronter de terribles épreuves qui mettraient leurs vies en péril ! Malgré tout, tous les deux partageaient la même vision, les mêmes rêves et le même idéal pour l’avenir du Yuukan. Ne se souciant pas d’être vu comme des utopistes, rêveurs et au bout du compte, dans les yeux des êtres les plus durs que l’on pouvait trouver à travers ces vastes et dangereuses terres, des faibles...

Alors que cette pensée traversait son esprit, leurs regards se croisaient de nouveau, et un sourire lumineux vint s’inscrire sur le visage de la Raikage, tandis que celle-ci finissait sa longue réponse en soulevant l’heureux hasard qu’avaient amené ces deux être que tout séparait à se rencontrer. Le Kinzoku ne répondit pas tout de suite, la laissant finir et appréciant ce moment où la belle Seika se laissa pouffer de rire à ses côtés. Elle aussi semblait brûler de la même flamme que le Shodaime Hokage, bien que celle-ci s’exprimait différemment. Genkishi semblait plus froid, pragmatique et prenait à cœur de remplir ses responsabilités pour être une Ombre digne de l’époque tumultueuse que le monde entier traversait, après le tremblement de terre que fut la destruction d’Arashi. Le possesseur du Byakugan était un chef militaire que rien ne pouvait perturber. La borgne à fleur, de son côté, semblait capable de mettre l’aspect militaire de côté, aussi grandes ses prouesses sur le champ de bataille pouvaient-elles être, pour incarner la lumière dont le Yuukan aurait besoin pour traverser ces sombres temps. Que de personnages extraordinaires dont Razan avait la chance d’observer.

« Nos pensées se rejoignent Raikage-sama. Tout comme les souhaits que nous avons pour l’avenir du Yuukan et la détermination que nous partageons pour protéger ce qui doit l’être. Quitte à devoir se battre pour cela. D’ailleurs... » Commença-t-il à dire, en se relevant.

Malheureusement, les paroles du Kinzoku l’avaient rappelé à son devoir et les importantes responsabilités que le Hokage lui avait laissé. Il s’était permis de faire un tel détour uniquement parce qu’il souhaitait voir une dernière fois ce village coloré et encore plus rempli de vie aujourd’hui, conscient que la mission dont il était le chef s’annonçait périlleuse. Razan ne s’attendait simplement pas à profiter d’une telle rencontre et que la conversation avec un ninja aussi éminent que l’était Seika Itoe le ramènerait curieusement à repenser à la mission. Ses pieds commençaient alors à dangereusement approcher du bord. Tutoyant des orteils ce vide avec qui les shinobis rentraient, par la force des choses, en harmonie. Ses yeux bleus se reportèrent de nouveau sur la dirigeante de Kumo, son visage se marquant une nouvelle fois d’un doux sourire. Il reprit, complétant sa phrase.

« Le devoir m’appelle. Ce fut un plaisir de discuter avec vous. Je ne peux qu’espérer que nos villages entretiennent de bons rapports, comme le voudrait un tel événement...

À ce propos, en parlant de fête, je n’aurais pas la chance de voir cet examen Chuunin de mes propres yeux, mais j’espère que vos Kumojins s’en sortiront ! Cependant, je dois vous mettre en garde, parmi nos rangs, il y a pas mal de talent, dont une jeune Hyûga dont vous devriez vous méfier.

Raikage-sama. » Finit-il par dire, inclinant sa tête une dernière fois en direction de son interlocutrice.

Voilà qui mettait un point final à cette rencontre. Belle, ou plutôt intéressante vu la nature de la conversation dans laquelle s’étaient lancées ces deux shinobis. Voguant entre des sujets plus sérieux, cette difficile réalité qui ne cessait de les ramener sur terre et les faire prendre conscience de l’ennemi à leur porte, et à cette envie irrépressible de profiter de l’instant présent, où tous les villages ninjas s’étaient rassemblés pour un seul et bel événement ! Puis à ses rêves d’avenir qu’ils partageaient, ne pouvant s’empêcher d’y nourrir de l’espoir et de nobles idéaux. Décidément, ces deux êtres si différent l’un de l’autre, Seika Itoe de Kusa et Kinzoku Razan de Tetsu, se rendirent compte qu’ils se ressemblaient sur bien des points. Une heureuse rencontre produite par le hasard, alors que tous les deux ne s’étaient rendu tout en haut de cette grande muraille dans l'unique but de se laisser porter par quelques songes. Un doux moment, la tête dans les nuages...

Finalement, le Chuunin disparut, bondissant de ce gigantesque mur de pierre qui surplombait Konoha de sa grandeur. Il ne lui fallut que quelques secondes pour le descendre, puis quelques autres pour se retrouver au sein d’un quartier dans lequel il ne s’était pas encore pleinement aventuré, quand bien même celui-ci se trouvait à proximité du Palais du Hokage et dans lequel ce dernier résidait par ailleurs ! Ce fut d’ailleurs la destination que Razan avait en tête, voulant rencontrer une personne bien précise avant de partir en direction du pays du thé et plus précisément les ruines de la tragique prison d’Arashi. Cette même personne dont il venait de mentionner le talent à l’Ombre des Nuages, gardant le mystère sur son identité en ne mentionnant que son appartenance à l’illustre clan des Hyûga. Bien sûr, celle qu’il avait en tête n’était autre que la princesse aux Byakugan, la nièce de Genkishi, peut-être même la plus entêtée des Genins, mais avant tout ces qualificatifs, Hyûga Shizue !

S’il ne le faisait pas, il aurait l’impression de manquer à son devoir, et les dieux savent à quel point cela était impensable dans un esprit aussi discipliné qu’avait un Kinzoku. D’autant plus qu’il était celui qui avait donné, au détour d’un bol de ramens toujours aussi généreusement rempli par son ami chef, son bandeau de shinobi. Faisant officiellement d’elle une kunoichi, Genin de Konoha et à même de pouvoir prouver sa valeur lors de cet important examen qui rassemblait tous les talents du monde ! En témoignait par exemple cette rencontre qu’il avait faite un peu plus tôt dans la journée, avec un Sunajin qui lui paraissait tout aussi adroit que ce qu’était capable de produire l’académie du village caché de la feuille et qui s’était révélé même être un cousin, Kinzoku Mitsurugi ! La petite Hyûga avait donc tout intérêt à ne pas avoir chômé ! D’ailleurs, bien que Razan n’ait pas eu l’occasion de lui prodiguer un nouvel entraînement depuis leur rencontre à l’académie, des échos intéressant était parvenu jusqu’à son oreille. D’après les dires de ses collègues, grâce à ses missions accomplies à ses entraînements avec le Hokage en personne, Shizue avait de déjà fait de quoi faire parler ! Ne manquant pas à sa réputation !

Trouvant enfin son chemin, l’originaire et banni de Tetsu arriva devant la demeure personnelle du Hokage, traditionnelle et construite avec le plus solide et qualitatif bois dont étaient capables de produire les membres du clan Kobayashi ! Le Chuunin se permit de rentrer, découvrant finalement des lieux qui semblaient étrangement déserts, mais qui ne dégageait rien d’assez inquiétant pour l’alerter et le pousser à utiliser une technique de sensorialité. Il ne le savait pas encore, mais il paierait déjà suffisamment le prix de son excessive prudence qui l’avait mené à mettre aux geôles cette Hougyoku venue de Tsuchi ! En réalité, la résidence de l’Ombre du Feu ressemblait plutôt à un petit havre de paix, où la verdure résistait encore au début de l’automne et les lueurs du soleil se mêlaient aux chants des quelques oiseaux qui profitaient encore de la chaleur de Hi. Un cadre que l’on aimerait voir durer une éternité ! Cependant, Razan n’était pas venu pour cela, encore moins de profiter de la maison de quelqu’un d’autre ! Il se mit alors à la recherche de son élève, explorant un peu les lieux alors qu’enfin, des bruits lui indiquaient finalement la direction à prendre. Et ce qu’il vit était loin de le décevoir !

Perché en haut d’un arbre, il observait la Hyûga dans la cour intérieure de cette vaste demeure. Celle-ci semblait être en plein entraînement, frappant avec une puissance certaine de la paume ce pauvre mannequin qui lui faisait face. Voilà le bruit et la résonance des coups que le Kinzoku avait entendus ! Il descendit de son perchoir, atterrissant dans son dos en espérant que cela ne lui fasse pas peur et provoque une réaction offensive... Ils avaient déjà eu le loisir de croiser les poings après tout ! Ce n’était plus la peine !

« Yo, Shizue-san ! Je vois que tu t’entraînes dur pour l’examen. » Commença-t-il par lui dire. Il poursuivit, avançant en sa direction. « J’ai entendu dire que le Hokage t’avait donné le droit à quelques entraînements personnels, cela à commencé à faire parler parmi les Chuunins et Jonins du village et je comprends pourquoi. La puissance de tes coups et leur précision semblent avoir bien augmenté depuis notre combat à l’académie ! »

Un sourire fier semblait se marquer sur son visage...

Un, deux, puis un troisième coup dans la tronche du mannequin avant que la kunoichi ne se mette à tournoyer en une technique typique et bien connue du clan Hyûga, soulevant une rafale de poussière et quelques feuilles mortes au passage, alors qu’à la fin de son geste, leurs regards se croisaient enfin ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que Shizue ne semblait pas avoir changé d’un poil depuis leur première rencontre et cet entraînement au Taijutsu au sein de l’Académie de Konoha ! Fière et affichant une pleine confiance en elle ! D’aucuns pouvaient penser qu’elle pouvait se permettre ce qui pouvait paraître comme un excès d’orgueil simplement parce que le sang qui coulait dans ses veines faisait d’elle la nièce du Shodaime Hokage. Cependant, lorsque l’on creusait un peu plus et que l’on avait connaissance, ne serait-ce qu’un peu, de quelques éléments de son passé, arriver là où elle en est, Genin de Konoha et déjà prête à participer à un examen pour passer au grade supérieur, il y avait de quoi être impressionné !

Razan continua alors sa marche, maintenant qu’il se savait à l’abri de recevoir toute technique Hyûga en plein visage, et se tenait à deux pas de son ancienne élève. Cette dernière clamait alors la légitimité de son entraînement si un jour elle voulait se mettre à la hauteur du Kinzoku ! Quelques secondes de silence et un air surpris sur le visage, celui-ci ne put s’empêcher de laisser s’échapper un petit rire tant la scène et la phrase pouvait être prise autrement. Lui qui, à cet instant, baissait légèrement la tête pour regarder son interlocutrice, tant il devait bien faire une tête de plus qu’elle. Mais il savait bien que sa phrase n’avait rien à voir avec la taille, mais avec le grade et la légitimité d’être un shinobi puissant et reconnu ! Du moins, il imaginait que cela pouvait être un tel objectif qui trottait dans la tête de la princesse aux Byakugan, tant il était partagé par bons nombres de jeunes ninjas à travers le Yuukan. Razan lui-même se demandait s'il était seulement parvenu à avoir un peu de reconnaissance au sein de son village, après maintenant deux ans...

« Tu sais on est pas si loin l’un de l’autre. Il n’y a qu’un grade qui nous sépare et grâce à tes entraînements avec Genkishi-sama, tu m’auras rattrapé en moins de temps qu’il en faut pour le dire ! » Lui répondit-il, affichant un sourire chaleureux sur le visage, alors que sa main venait caresser la tête de Shizue.

Celle-ci croisait alors les bras sur sa poitrine et affichait la même tête confiante que d’habitude, balançant une nouvelle phrase dont elle avait le secret ! La Hyûga manquait à Razan et ne pouvait pas se passer de sa petite tête ? Ce qui est certain, c’est qu’il ne l’aurait certainement pas dit avec ces mots-là, quand bien même il avait apprécié leur entraînement et le lien qu’ils avaient forgé après cet épisode bien plus impactant dans la vie de Shizue que pour celle du Chuunin ! Ceci dit, ce qui avait dicté ses mouvements depuis qu’il reçut cette fameuse mission, dont les détails se tenaient secrètement dans le parchemin dissimulé dans sa veste, et qui s’était également fait ressentir dans sa courte, mais dense, conversation avec la Raikage, avait aussi toute son importance. Le sens des responsabilités l’habitait envers la Genin. Bien sûr, si ce n’était pas lui, c’aurait été un autre qui aurait promu Shizue. Seulement, le destin avait voulu que ce soit le banni de Tetsu qui lance la jeune kunoichi dans le grand bain. S’il lui arrivait quelque chose, aussi éloigné soit-il et quand bien même il lui serait impossible de changer le cours de l’histoire, la possibilité de se sentir coupable existait.

« Je ne vais pas pouvoir assister à l’examen Chuunin, on vient de me donner une mission qui m’oblige à me rendre hors de Hi no Kuni pendant quelque temps. Alors je suis venu te souhaiter bon courage avant que l’examen ne commence. »