Le rallye de la nourriture recommence !
L’examen n’a pas encore débuté, les membres de tous les villages se préparent, se prélassent ou vaquent à leurs occupations.
Itoe a rencontré plusieurs bouilles différentes depuis son arrivée, des visages parfois agréables, parfois moins. Elle a même fait la conversation à certains d’entre eux !
Cet endroit est accueillant et chaleureux, difficile de se dire qu’ils pourraient, un jour, se retrouver en conflit l’un et l’autre.
Une guerre face à des gens pourtant adorables aux premiers abords.
Ah, l’Homme et ses mauvaises habitudes. À croire que rien ne se règle autrement que par la violence. C’est bien dommage, mais il est difficile d’imaginer un changement aussi énorme après tant de temps. Tant d’ères marquées par la guerre, ça ne s’efface pas comme ça.
Mais peu importe ! La guerre, elle y pensera demain !
Aujourd’hui, c’est jour de fête !
Jour de nourriture !

Son choix s’est porté sur une petite auberge, constamment blindée, qui sert diverses spécialités culinaires locales. Ah, ça fait toujours plaisir de goûter la nourriture des autres pays.
Oh, elle a probablement déjà pioché dedans, mais comment s’assurer que la bouffe soit bonne si elle n’essaye pas toutes ses variétés ? Impossible de laisser passer une telle opportunité.

Évidemment, quand Itoe entre dans la bâtisse, elle est pleine à craquer.
Le serveur la fait patienter un instant, avant de l’installer au bar. Elle prend un cocktail de la région, savant mélange de fruits frais, qui sent une odeur franchement agréable. Avec ça, elle commande un plateau au nom intrigant : « filets frais aux mille-et-une cuissons ». Il en faut pas beaucoup plus pour l’appâter.

Installée au bar, la paille dans la bouche, Itoe tourne la tête. Elle observe le même serveur, qui approche d’une table où se trouve un homme seul.
Alors, un homme seul à table, ce n’est pas forcément étonnant. Dans cette auberge, par contre, c’est une véritable surprise. Il n’y a que lui qui n’est pas accompagné.
Itoe arque un sourcil.
C’est triste, quand même. Oh, peut-être aime-t-il ça, mais ce n’est pas marrant, quand on voit tous ceux qui profitent.
Et puis, bon, vu la quantité de bouffe qui lui a été servie, il va y avoir du gâchis !
Ou pas, hein. Faut se rappeler qu’il existe des gouffres capables d’engloutir bien plus que ça dans ce monde.
Itoe descend de son perchoir et s’approche du brun ténébreux.

« Ce n’est pas commun de trouver une personne seule ici. Vous n’aviez pas envie d’inviter quelqu’un ? »

Elle ne préfère pas s’avancer en disant qu’il n’avait personne à inviter.
Ses yeux se posent sur le bandeau Sunajin qu’il arbore.

« Vous ne vous sentez pas trop dépaysé ? »

Un sourire.

« Je suis Seika Itoe, Shodaime Raikage. Peut-être puis-je être votre invitée pour aujourd’hui ? »

Elle regarde son verre, le plateau.

« Oh ne vous en faîtes pas, vous n’aurez rien à payer pour moi. »

Exhale un léger rire.
Qu’il ne se méprenne pas, ce qui atterrira dans son estomac sera prélevé de son porte-monnaie directement. On ne fait pas payer un étranger, encore moins quand il n’a pas proposé d’invitation !

Seul pour de vrai.
Il aurait dû être avec quelqu’un, mais ce quelqu’un ne l’a pas suivi jusqu’ici. Ça intrigue la Raikage, qui arque un sourcil. Où est cette autre personne ? Pourquoi n’a-t-elle pas fait le voyage jusque-là ? Est-ce qu’elle vient aussi de Suna, comme lui ?
Beaucoup de questions qui ne trouveront pas de réponses, au moins pas pour le moment.
Ceci dit, comme le dit lui-même le jeune homme, l’environnement ne lui pose pas trop de problème. Il s’y est adapté, s’y est fondu tranquillement et il ne se sent pas dépaysé.
C’est au moins une bonne chose. Un peu dommage, parce qu’il ne partage pas cela avec la personne qu’il a mentionnée, mais c’est déjà ça.

À l’annonce du nom et du rang d’Itoe, il bloque.
Elle fait cet effet à bien des gens, il faut avouer que ça l’amuse toujours. À Kumo, ça ne fonctionne plus aussi bien, tant elle s’est rapprochée de ses subordonnés, mais ici, c’est souvent cette réaction qui suit.
Il accepte qu’elle soit son invitée du jour. Voyant que la conversation se poursuit, le serveur, qui a suivi ses mouvements du regard, se doute qu’il faudra la servir ici.
Itoe boit une gorgée de son cocktail, l’œil posé sur le jeune homme.

Lui aussi a un œil rouge, comme elle. L’autre est bleu.
Il est rare de croiser des êtres aux yeux vairons dans ce monde, est-ce qu’ils ont une particularité, au-delà de leur hétérochromie ?
Elle baisse le regard, passe rapidement sur la nourriture présente dans les plats. Il n’a pas lésiné sur la commande, ou alors il ne s’attendait pas à ça.
Il indique à la Kage avoir déjà réglé la note, donc même s’ils partagent, elle n’aura rien à payer.
Logique.
Elle hoche doucement la tête, prend l’information sans la commenter.

Il finit par se présenter : Sugawara Akihiko, Chûnin de Suna. La Raikage opine de la tête une nouvelle fois.
Il lui montre la chaise, comme une invitation à s’installer, ce qu’elle fait assez simplement, un sourire sur les lèvres en guise de remerciement.

Akihiko souligne l’originalité de cette journée : déjeuner avec un Kage est une activité à laquelle il n’est pas habitué. Itoe s’en amuse : elle n’est pas qu’une Ombre, il faut le dire. Elle mange, elle aussi. Et, derrière les projecteurs, elle mange même beaucoup.
Oh, oui. Beaucoup.
Il finit par la questionner sur son propre dépaysement, un peu comme Razan a pu le faire à son arrivée.

« Konoha ressemble à Kusa, mon pays de naissance. La géographie n’est pas exactement la même, évidemment, mais les paysages me rappellent mon enfance. Je me sens plutôt bien ici, pour être honnête. »

C’est un village confortable, où elle n’aimerait pas vivre, mais qu’elle aime visiter de cette manière.
Et puis, quand même. La nourriture, partout, tout le temps.
Ça, ça attire n’importe qui, non ?

Le serveur revient, pose la commande d’Itoe. Elle constate que c’est la même histoire que celle d’Akihiko : les filets frais aux mille-et-une cuissons semblent être une trop grande quantité de morceaux de viande dispersés ici et là, cuits de bien des manières.
L’odeur lui monte au nez, éveille son appétit au plus haut point.

« Ah, je vois que nous avons le même … problème, si je puis dire. »

Un rire.
En réalité, ce n’est pas un problème, loin de là. Ça fait plus de choses à mettre dans son estomac.

« N’hésitez pas à vous servir, que ces assiettes ne finissent pas à la poubelle ! »

Pas de gâchis, jamais.
Et puis, c’est son invitée, il l’a laissée s’installer à sa table, autant qu’ils aillent jusqu’au bout de ce partage.

« Comment est Suna, Akihiko ? N’est-ce réellement qu’un vaste désert, ou y a-t-il de belles choses à voir ? »

Voyager un peu plus, sans avoir besoin de bouger.
Les récits des uns et des autres pour construire des paysages lointains, qu’elle ne visitera probablement pas avant un long, très long moment.

Pas de voyage.
Il n’a jamais quitté le pays du vent, ne connaît que ses paysages, ses récits. Ses particularités.
Forcément, quand il entend qu’elle est originaire de Kusa, ça suscite chez lui une certaine curiosité.
Itoe sourit.

« Oui. On y voit beaucoup de plaines, l’herbe s’étend à perte de vue. C’est un pays vert, Kusa. Un peu comme Hi, finalement ; c’est juste beaucoup moins haut. »

Moins d’arbres, moins de forêts. Plus de zones bien plus plates, où la végétation ne dépasse que rarement la taille humaine. Enfin, la taille adulte, en tout cas.
Itoe se souvient encore de ces longues journées, passées à gambader dans les herbes. La caresse des brins contre ses jambes, qui lui donnent l’impression d’être assaillie de petites chatouilles.
Sur certains points, son enfance a quand même été particulièrement agréable. Maniérée, pleine de leçons de vie et de beaucoup de stratégie, certes, mais remplie de ces petits moments magiques, inoubliables.

Suite à l’invitation de la Seika à piocher dans son assiette, Akihiko répond de la même manière.
Leur repas est donc un repas à plusieurs, où chacun est libre de goûter dans le plat d’en face. Ça a un côté plaisant.
Deux étrangers partageant les spécialités d’un seul et même pays.
Itoe hoche doucement la tête.

« Merci. »

Elle ne se fait pas prier pour attaquer rapidement son assiette. Sa première cible est une tranche de viande de bœuf crue, qui ne semble avoir subi aucun traitement particulier, au-delà de sa découpe. Un morceau d’une finesse telle qu’elle pourrait la briser d’un simple frottement.
Intrigant.
Elle l’observe un instant, avant de la mettre dans sa bouche.
C’est fin, c’est doux.
C’est terriblement agréable.

Pendant ce temps, Akihiko lui parle de Suna. Selon lui, ce n’est que du sable. Pas étonnant, finalement : Kaze est réputé pour ses vastes déserts, où l’Homme peut se perdre et ne jamais revenir.
Mourir dans le désert, voilà une étape bien complexe, mais qui pend au nez de tout un chacun. Un voyageur peu averti ou trop téméraire se rendrait rapidement compte de son erreur.
Néanmoins, au-delà de ces étendues sablonneuses, il y a aussi des bâtiments incroyables. Des chefs d’œuvre architecturaux.
Il mentionne une serre, un port. Dans Kaze même, il parle aussi du temple d’Amaterasu ou des mines.

Entre deux bouchées de viande, Itoe observe son interlocuteur.
Il serait si intéressant de regarder comment sont construits tous ces éléments. Quels matériaux les constituent, quelles méthodes ont été employées pour les mettre en place.
Kaminari a ses spécificités, évidemment, avec ses créations monumentales, ou ses maisons creusées dans la roche. C’est justement parce qu’elle a pu constater toutes ces différences qu’elle est aussi intriguée.
Kusa, Kaminari et Hi sont tous trois si différents, alors qu’en est-il du reste du monde ?
Il y a encore tant à voir, tant à découvrir.
Les récits de chacun peuplent l’imaginaire des autres.

Il lui dit qu’elle se rendra peut-être au pays du vent, un jour, pour constater les choses par elle-même.
Ça fait naître un sourire sur ses lèvres.

« Peut-être, oui. Peut-être que vous visiterez Kusa un jour, aussi. Ou même Kaminari ! »

Un monde où tout va bien, où tous voyagent sans se demander quel nouvel obstacle se dressera devant eux.
Un monde utopique, qui s’efface peu à peu de son esprit, de ses songes.
Un monde qu’il faut bâtir, par la force ou la diplomatie, peu importe, parce qu’il n’existe plus que dans les rêves les plus naïfs.

Le sourire d’Itoe s’élargit quand il lui demande pour la fleur dans son œil.
Elle hausse les épaules.
Cette question n’a de cesse de revenir, à Konoha. À Kumo, tout le monde semble faire avec, ou faire sans, étant donné que personne n’en parle.
Ici, c’est la foire. Chacun y va de sa petite question.
Cette distinction l’amuse énormément.
Est-ce parce qu’elle n’est pas directement leur Kage, dans ce cas ? Mais bien la Kage d’un autre village ?

« J’accepte de vous le dire si vous me dîtes pourquoi un de vos yeux est rouge. »

Quitte à jouer le jeu, autant le jouer jusqu’au bout, non ?
Elle récupère un autre morceau de viande, bien grillé cette fois. Il porte sur lui les traces du grill, qui dessinent deux longs traits qui le traversent horizontalement.
Assaisonné comme il faut, mariné probablement. Un réel plaisir.
Les variations de cuisson rendent ce plat formidable.

La conversation va bon train entre les deux étrangers.
Les sujets sont divers et ils évoluent tranquillement de l’un à l’autre, sans se sentir gênés. Ou presque.
La nourriture disparaît petit à petit des assiettes, lentement mais sûrement. Est-ce qu’ils mangent tous pour dix, à Konoha ? Ou est-ce que c’est les formules choisies qui mènent à un tel résultat ?
Les morceaux de viande filent entre leurs lèvres, disparaissent dans leurs estomacs.
Ça fait beaucoup, mais avec leur conversation, ça ne se remarque même plus.

Akihiko rebondit sur la géographie Kumojin, en s’intéressant notamment à l’architecture du pays, en particulier celle de Kumo.
Selon lui, les livres parlent d’un village construit à même la roche, dans une montagne.
Ça fait sourire Itoe.

« C’est une vérité. Kumo a été bâti dans la pierre. Nous avons des maisons plus traditionnelles, faites de bois ou d’autres matériaux plus habituels, mais la majorité sont directement dans la roche. Autant vous dire que pour moi, originaire de Kusa, cette architecture a été des plus dépaysantes. »

Elle sourit, trempe les lèvres dans son verre pour se désaltérer.
Son arrivée à Kumo a été quelque chose, vraiment. Ce n’était pas encore redevenu le Kumo actuel, rien de plus qu’un village où les gens vivent, échangent, travaillent. Un endroit comme un autre.
Il y avait des mercenaires, évidemment, des gens pour en entraîner d’autres ; tout comme il y a toujours eu l’armée de Kaminari, mais ce n’était pas pareil.
Un si grand village, devenu aujourd’hui celui des nuages, militarisé pour contrer la menace des prisonniers d’Arashi. La menace du Jinsei.

Itoe se saisit d’un bout de viande et le dévore.

La question de l’œil n’est pas éludée : Akihiko répond à Itoe qu’il s’agit d’un accident de jeunesse. Un accident qui rend l’œil rouge ? N’est-ce pas étrange ?
Bon, à vrai dire, peut-être pas. Quand on voit ce qu’elle se trimballe …
Le Sunajin dit ne pas savoir pour quelle raison son iris a changé de couleur, mais il confirme à Itoe qu’il ne voit rien à travers. Un œil mort, un peu comme le sien, finalement.
Ça la fait sourire.

« Oh, je vois. »

Un accident de jeunesse, quand même.
À croire que tous ont leur histoire, leur bagage, quelque chose de lourd à porter qu’ils ne comprennent pas toujours.
Elle hausse les épaules.

« Votre sœur a aussi un œil comme le vôtre ? Ou a-t-elle été épargnée ? »

Ont-ils eu l’accident ensemble ?
Peut-être ne veut-il pas répondre à cette question, ceci dit. Hm.
Itoe chope un énième morceau, qu’elle mange rapidement. Du poulet mariné. La peau blanche devenue rouge, parsemée de petits points de la même couleur.
Ça pique un peu, mais ça a très bon goût.

« Pour ma part, c’est une dégénérescence. Comme vous le savez, les Seika manipulent les fleurs. Lors d’une cérémonie clanique, un bourgeon est apparu dans mon œil. Il a grandi jusqu’à ce stade, ses racines se sont entremêlées aux nerfs optiques et la fleur a fini par prendre la place de l’œil. »

Elle passe sur les détails, sans pour autant mettre de côté l’information principale.
Son sourire revient, plus amusé cette fois.

« Elle ne grandit plus, ne fane pas non plus, comme un œil à la place de mon œil. »

Cette phrase sonne si philosophique qu’elle fait pouffer Itoe.

« Au moins, personne ne pourra jamais nous reprocher de ne pas être uniques. »

La Raikage hausse doucement une épaule.
Elle récupère son verre, boit une nouvelle gorgée.

Quelle conversation amusante, finalement. Deux borgnes, éloignés de leurs terres, qui discutent autour d’un repas de spécialités d’un autre pays.
Beaucoup de petites choses qui rendent cette rencontre aussi fascinante qu’elle n’est improbable.

Frère et sœur, un œil de moins chacun.
Quelle drôle d’histoire.
Un accident de jeunesse qui les lie tous les deux, qui leur a fait vivre la même expérience. Enfin, à ceci près que l’œil de la demoiselle n’est pas devenu rouge comme celui d’Akihiko.
Qu’ont-ils vécu, tous les deux ?
Que leur est-il arrivé pour qu’ils en perdent un organe aussi important ?
Un « accident », hein, mais quel genre d’accident peut mener à une telle issue ?
La curiosité d’Itoe est piquée au vif, mais elle ne peut se permettre de poser la question. Ce serait faire preuve d’indélicatesse et d’indiscrétion : ce n’est pas réellement dans ses manières.
Ou au moins, aussi peu que possible.

Il rebondit sur sa propre histoire, sur le fait que la dégénérescence présente dans son œil l’ait remplacé. Évidemment, il lui demande si, de son côté, elle ne voit plus rien non plus.
Un sourire.

« Non, c’est comme si j’étais simplement borgne, finalement. »

Uniques, potentiellement inoubliables, aussi.
Leur histoire respective a de particulier de leur avoir causé la perte d’un organe, mais aussi de leur attribuer quelque chose d’autre.
Ils ont les stigmates de leur passé, les marques de ces histoires qui font grandir, qui rappellent que l’homme peut aussi avoir ses fragilités.
Et ses forces.
Akihiko est-il un homme fort ? qu’est-ce qui se cache derrière cet œil rouge ?

Elle n’a pas le temps de lui demander qu’il enchaîne sur sa position de Kage.
Question bien pertinente que voilà, qui fait sourire Itoe de plus belle.
Est-il difficile d’être à la place d’ombre d’un village, en particulier quand il vient de rouvrir ?
Ah, s’il savait.
Elle hausse une épaule.

« Je ne sais pas si c’est plus compliqué pour moi que pour quelqu’un d’autre, mais je pense que notre rôle est peut-être plus important que celui de nos successeurs. Nous devons rétablir la confiance de chacun en notre pouvoir, en notre capacité à les protéger du mal qui nous attend. Je pense que la menace qui plane au-dessus de nos têtes est notre difficulté principale : si nous n’avons pas la confiance de nos citoyens, nous ne pourrons la vaincre. Si nous ne pouvons la vaincre : nous ne pourrons protéger personne. Alors … »

Elle reste silencieuse un instant.

« Je ne dirais pas que c’est fondamentalement difficile, je dirais simplement qu’il faut être prêt à assumer que le poids d’un village, voire d’un pays, soit sur deux seules épaules : les nôtres. »

Le plus difficile, en réalité, dans la tâche de Kage, n’est pas d’être Kage, mais bien d’être accepté en tant que tel. Et ça, c’est un peu plus compliqué.
Le reste est annexe.
Itoe mourrait volontiers pour Kumo, ce n’est pas un secret dans le village. Pour autant, est-ce que le village voudrait qu’elle se sacrifie pour lui ?
C’est une question complexe, à laquelle l’albinos n’a pas encore de réponse.

« Heureusement que les villages sont bâtis de manière à ce que les Kage ne soient pas seuls à lutter, je dirais. Je suis plutôt heureuse de savoir que nous avons tous, chacun à notre manière, des combattants comme vous, qui sont prêts à brandir le même étendard que nous. »

Et tant que chacun continuera à suivre cette voie, de cette manière, alors personne n’aura besoin de se sacrifier. Tout le monde pourra lutter main dans la main pour repousser la menace imminente, que tout le monde a sur les lèvres mais que personne n’ose prononcer.
Le Jinsei.

Une tâche ardue.
Il n’imagine pas à quel point il a raison.
Porter le poids de toutes ces responsabilités sur les épaules peut être parfois extrêmement lourd.
Être l’Ombre d’un village, c’est être sa protection, son attaquant, mais aussi ses échecs. C’est représenter tout ce qu’est le village, malgré la présence de toutes les autres personnes autour.
Les erreurs de chacun sont, avant d’êtres celles de chacun, les erreurs de l’Ombre.
Elle porte sur ses épaules le poids de tout un village.

Quand Akihiko lui dit qu’elle n’est probablement pas là par hasard, une douce chaleur irradie en elle. Ça lui fait étrangement plaisir.
C’est vrai, au fond. Si Itoe est là, ce n’est pas pour faire joli. Ce n’est pas parce qu’elle a une bouille de petite poupée et qu’une fleur a poussé dans son œil.
Si elle est Raikage, c’est que Kaminari a jugé que c’était la bonne personne pour reprendre les rênes, pour mener le village sur une nouvelle voie.
Être le fer de lance du nouveau Kumo, pour que le village entier devienne la fierté de Kaminari.
Ça sonne bien à ses oreilles.

Le Sunajin poursuit en confirmant ce qu’elle lui annonçait plus tôt : ils ne sont pas seuls. Nombreux sont les ninjas qui ont rejoint les villages pour changer les choses. Pour aider les nouveaux dirigeants. Ceux qui rêvent d’un monde différent.
Pas meilleur, non.
Différent.
Un monde qui ne soit pas vu sous le même prisme que celui du Jinsei.

Itoe le regarde avec une grande bienveillance.
Akihiko doit être un très bon Chûnin pour le village du sable. Sa Kage a de la chance de l’avoir.
D’ailleurs, quand il lui dit à peu près la même chose, la Raikage rougit de plus belle.
Elle sourit, gênée.

« Oh. Merci beaucoup. »

Difficile de savoir quoi répondre à un tel compliment.
Elle se rattrape aux branches comme elle peut.

« Je m’efforce d’être le modèle que j’aurais aimé avoir. Peut-être ferai-je des erreurs, peut-être ne serai-je pas toujours irréprochable, mais je ferai toujours de mon mieux. »

Son sourire devient moins timide, plus doux.

« Merci pour vos compliments, en tout cas. C’est très touchant. »

Elle boit une gorgée.

« Votre village a tout autant de chance de vous avoir, Akihiko. Vous m’avez l’air d’être un très bon élément. »

Cette conversation lui semble si douce qu’elle en est presque perturbante.
Elle regarde les assiettes presque vides.

« Tous ensemble, peut-être pourrons-nous avoir un impact positif sur le monde. Enlever l’idée que les ninjas sont à l’origine de tous les maux du monde. »

Pensive, l’œil dans le vague, Itoe reste ainsi un instant.
Quand elle revient, son air paisible est revenu avec elle.

« Ne cessez jamais de croire en vous et en ce que vous entreprenez. Je pense que c’est ainsi que nous parviendrons à changer les choses. »

Croire en soi, encore et encore, pour impulser le changement nécessaire qu’ils attendent tant.
Croire en soi, quoi qu’il arrive, quelles que soient les difficultés.
C’est sur leurs épaules que repose le poids des espoirs futurs, non ?
Leurs épaules à tous, Genins, Chûnins, Jônins … Et même les Kages.