Intitulé de la mission:

Un jour un peu plus maussade que les précédents, depuis le retour de l’examen Chunin, Kyoshiro n’avait cessé de ressasser les causes de son échec. Les yeux fermés, il se tenait assis en tailleur sur une branche d’arbre robuste se trouvant dans la résidence de son propre Clan. Un retour cinglant et un rapport à sa Cheffe où il n’omit aucun détail croustillant dont sa dernière invention ratée, qui avait fait parler d’elle et avait suscité l’indignation des plus coincés, et le rire des plus détendus et ouverts d’esprits.
Cependant il ne se lamentait pas sur son sort de manière trop sévère et poursuivait son ascension en acceptant une mission des plus atypiques pour lui qui avait été mandaté plusieurs fois déjà pour des missions de protection, d’infiltration, de « bogor ». Cette fois, il s’agissait de prêter main forte au Directeur de la Bibliothèque, Hushita Akiro, afin de l’aider dans des fouilles archéologiques non loin du temple de Benzaiten. Sautant de sa branche, le Kobayashi se mettait alors en route, après être passé au Centre des missions comme à son habitude pour recevoir toutes les informations nécessaires qu’il relevait systématiquement dans son carnet.

Une bonne vingtaine de minutes lui avait suffi pour retrouver Akiro. La clairière qui se situait à un bon kilomètre du temple de Benzaiten avait déjà été entièrement aménagé par les équipes archéologiques qui commençaient dès lors à creuser aux alentours de l’entrée du Bunker découvert par les Moines du temple afin d’y trouver des éventuels indices, notamment sur la date de construction. Une figure charismatique se dirigeait alors vers le Genin qui peinait à trouver ses marques, le seul d’ailleurs pour un chantier ou le personnel avait été organisé et avait l’habitude de faire des habitudes de Akito une tradition.

« Bonjour Kyoshiro, je vois qu’on arrive pile à l’heure, n’oublies pas que la ponctualité est d’arriver dix minutes avant l’heure annoncée. Bien, on va commencer, tu vas me suivre sans tarder. »

Pris de court par ce mur qu’il n’avait pas vu venir et qu’il venait de se prendre à bout portant, le Kobayashi ne se plaignait aucunement et acquiesça avant de suivre le Directeur de la Bibliothèque dans la fouille préventive qu’il avait organisé la veille au soir avec l’aide son équipe, et l’accord des Moines bien entendu.

« Bonjour Monsieur Hushita, je suis désolé pour mon retard, je vous suis ! »

Le quinquagénaire passait ses mains recoiffer sa chevelure mi- longue et bien taillée, d’un argent qui reluisait sous les quelques rayons du Soleil qui commençaient à percer à travers la végétation entourant le temple de si bon matin. Non sans imposer un rythme de marche attestant de son statut, il était sur le qi vif et était très strict dans les procédures de fouilles, rien ne devait être laissé au hasard et à l’erreur, se chargeant de donner des directives très précises, d’effectuer régulièrement un tour du chantier pour venir en aide aux groupes qui étaient dans l’impasse afin de leur donner de nouvelles pistes où d’en découvrir là ou ses assistants échouaient.

« Bon, comme tu peux le voir, nous sommes en pleine fouille préparatoire, le Bunker est un fait, mais son environnement nous permettra d’en apprendre tout autant sur les matériaux employés pour sa construction, l’époque approximative de sa création en découlera aussitôt. Tu vas me suivre pendant que je procède à l’analyse des premiers éléments rapportés par les fouilleurs, je t’expliquerai étape par étape, l’exploration du Bunker ne se fera que plus tard. »

« Oui Monsieur ! »

L’archéologue et son assistant en herbe se dirigeaient puis entrèrent dans la tente de fortune dressée pour y entreposer les trouvailles, rien n’était inutile mais le risque d’érosion des matériaux par l’environnement au fil du temps, par chance, il semblait que ce ne soit pas le cas précisément ici.

Les restes d’un Kunai qui avait miraculeusement survécu à la détérioration naturelle et dont la forme rappelait immédiatement au Chef de Chantier ses recherches sur la Seconde Grande Guerre Ninja, avec une forme si particulière du Kunai qui ne pouvait venir que d’un seul endroit : Mizu no Kuni. Sortant rapidement de sa mallette un carnet gros comme une encyclopédie avec au minimum soixante-trois  marques pages annotés,  l’Archéologue l’ouvrit à la page où figurait les vestiges de Mizu, et les détails atypiques ayant marqués leur passage, ainsi que la chronologie du Pays, le type d’armes employées correspondant ici à l’an-135 voir -130, une analyse du terrain confirmerait cette hypothèse.

« Je te laisse mon carnet pour nos recherches, maintenant que l’on connaît la date et que l’on sait à quelle période appartenait la création de ce Bunker, je vais préparer l’exploration de demain. Voici une liste de matériel que tu vas aller chercher dans nos stocks, on se retrouve demain matin à 7h, 6h50 de préférence ! »

« Oui Monsieur ! Merci pour cette journée, je serai à l’heure, moins dix minutes ! »

Se retournant pour organiser le retrait du personnel sur place, Akiro eut un bref sourire pour ce jeune Kobayashi très énergique qui lui rappelait son fils, parti pour explorer le Monde il y a une décennie déjà. La nuit tombait alors sur Hi, Kyoshiro rentrant dans son modeste appartement après avoir pris avec lui quelques outils importants, notamment le carnet de voyage du Directeur de la Bibliothèque qui avait non seulement recensé les trouvailles de ses différentes expéditions à travers le Monde, mais également le récit de sa vie par moments, un homme qui avait traversé bien des lieux, des épreuves pour en arriver là où il était avec une prestance qui intimidait le jeune Shinobi encore considéré comme une jeune pousse. Une nouvelle vocation en plus de celle de Shinobi ? Il ne faisait aucun doute que le Genin passa la nuit à écumer chaque page de cet ouvrage de vie, de connaissances pointues en Archéologie avec la plus grande des attentions.

Endormi depuis plusieurs heures sur l’ouvrage que lui avait confié l’Archéologue chevronné, Kyoshiro, plongé dans un sommeil profond, fut réveillé par son réveil qui sonnait assez fort pour le sortir d’une nuit de sommeil, reposante mais pas assez au vu du nombre d’heures passées au lit. Quelques fruits et un grand verre de jus d’orange fraîchement pressé, voilà qui allait le remettre d’aplomb en plus d’une douche bien chaude et réconfortante pour un corps fatigué, de quoi le sortir de la rouille causée par la fatigue et remplacer son air fatigué par une bouille fraîche et souriante. Kyoshiro dévalait les escaliers qui menaient au Bois entourant la grande résidence abritant l’ensemble des Kobayashi au sein du Village et prit la route vers l’Ouest, sans oublier son sac et le carnet de Akiro dont il avait pris des notes retranscrites sur le sien au préalable avant de se coucher d’épuisement.

Aujourd’hui, le groupe d’exploration des ruines du Bunker allaient s’y aventurer avec une prudence méticuleuse, ce qui n’était pas sans rappeler au Genin son examen où il avait pêché par son manque de concentration et de discernement à un moment crucial dans leur exploration de la Forêt afin d’atteindre la Tour. Ce parallélisme en tête, et une motivation de bon matin gonflée à bloc, il finit par arriver environ vingt-cinq minutes avant l’heure prévue.

S’attendant à être seul les dix premières minutes, il fut subjugué par la détermination qu’affichaient la fine équipe de cinq personnes, prêtes à s’engouffrer dans les ruines, et s’approcha en souriant, alors que son client et Chef d’exploration arrivait vers lui, toujours en affichant ce sérieux mais posant son regard sur son carnet dont les marques-pages avaient bougé de quelques centimètres, il eut un sourire envers son assistant.

« Je vois que tu n’as pas chômé c’est très bien. »

Se retournant face à son groupe que le Kobayashi se hâtait de rejoindre, en file bien droite, aussi carrée que leur organisation et le zest de passion pour l’Histoire qui les animait tous, le Directeur reprit la parole.

« Mesdames, Messieurs, nos premières études montrent que le terrain est suffisamment stable pour s’aventurer sous terre, néanmoins je vous demande la plus grande des vigilances. Il s’agit d’un Bunker anciennement employé par les Shinobis de notre Pays, mais qui aurait visiblement été investi par des habitants de Mizu au vu des vestiges et des éléments retrouvés. Des pièges peuvent nous attendre, je passerai donc en premier, est-ce que tout est clair pour chacun d’entre vous ? »
« Oui ! »
Le Directeur de la Bibliothèque montrait une rigueur et un esprit de persuasion, une force de proposition qui menait à la baguette le moindre détail de ses projets, un homme d’expérience dans un voile de charisme réel et impressionnant, voilà ce que constatait le Kobayashi, des qualités qui lui faisaient défaut et qui l’impressionnait en les voyant si présentes chez cet homme. Prenant immédiatement les devants, Kyoshiro utilisa son Mokuton pour renforcer la structure environnante, s’appuyant sur les travaux entrepris par le groupe qui préparait plus tôt leur entrée dans le Bunker, sans toucher aux parois de manière trop brutale afin de préserver ce patrimoine. Il en profita également pour diffuser ses racines sonder l’escalier menant sous terre et rien n’indiquait une réaction brutale tel un piège.

«Monsieur, j’ai renforcé la structure de nos préparations pour l’exploration, ça devrait tenir le temps de notre périple. J’ai sondé l’escalier dans son ensemble, rien n’indique la présence de pièges si on s’y aventure. »

« C’est parfait Kyoshiro, je te remercie. Allons-y ! »

Ouvrant la marche, l’exploration débutait enfin. Akiro en première ligne qui ouvrait la marche dans un vestige poussiéreux qui n’avait plus servi depuis près de deux siècles, et il ne faisait aucun doute que ce lieu saurait leur expliquer par les pistes et les choses qu’ils y trouveraient, comment avait été entretenu ce Bunker, quel avait été son but et peut-être même avec de la chance, retrouver de la documentation préservée du Temps, bien cachée. L’escalier leur fit faire une descente de quelques minutes, un endroit bien préservé où gisaient quelques os humains, immédiatement prélevés par le duo scientifiques qui assurait l’arrière de l’équipe d’exploration. Aussitôt avaient-ils atteint un sol plat que la main du Directeur de Bibliothèque les interrompit dans leur marche prudente.

Le quinquagénaire observait attention minutie l’entrée de cette nouvelle pièce, et bien que le jeune Kobayashi avait su se montrer efficace pour la détection de piège dans l’escalier, l’intérieur même n’avait pas la même configuration et les pièges en étaient bien différents, si ils marchaient encore. Un simple caillou, saisi dans la main de Akiro, qui le lança en prévoyant de nombreux ricochets afin de solliciter au maximum le sol de la pièce ne loupa pas sa cible présumée : une salve de Kunais usés par le temps vinrent tout de même se planter et recouvrir, joncher le sol de leur brillance métallique égratignée par la rouille et la poussière.

« Bien, restons très vigilants. Le bunker a un système de sécurité fonctionnel après deux siècles, chose qui m’étonne car les guerres qui ont déchirées le Yuukan a cette époque ne laissaient que trop peu de temps pour ériger un piège qui serait aussi endurant dans le temps, nous parlons de plus de deux cents ans quand-même.  Kyoshiro, je reprends mon carnet.»

Se saisissant du carnet que son Assistant lui tendait, l’explorateur confirmé sortit les plans détaillés d’un bunker similaire construit sur les mêmes plans pour l’époque. Les exposant à ses collègues, l’éminent chercheur reprit la parole avec une pointe de sérieux en plus.

« En suivant ces indications, les bunkers construits par Hi suivent le même schéma, les documents éventuels qui seraient entreposés dans cet abri se trouvent sur la voie de gauche. Je passe avec Kyoshiro, restez ici et attendez notre signal. »

Kyoshiro suivit en ouvrant l’œil l’Archéologue qui ouvrit la voie, en se fiant à son expérience. Le dédale emprunté qui avait été modifié par l’usure du temps laissait paraître nombre de légères fissures à mesure que le Bunker avait encaissé sa propre présence sous terre aussi longtemps.  Le couloir s’éternisait et voilà cinq bonnes minutes que les deux Aventuriers s’aventurèrent dans cet endroit sombre, éclairé par la lampe fixée sur le front du Directeur de la Bibliothèque de Konoha qui faisait ici une figure bien plus charismatique, plus virile qu’un vieux rat de Bibliothèque comme on pouvait parfois le oir d’ordinaire, les lunettes sur le nez à zieuter des rapports. Ni une, ni deux, il plantait un couteau qui immobilisa un serpent qui se dressait devant eux alors que la pénombre cachait ses mouvements à la grande surprise du Genin.

« Vous êtes très habile Monsieur, c’est vous qui allez finir par me protéger haha ! »

« Oh tu sais Kyoshiro, les décennies passées à parcourir le Monde nous apprennent toute sorte de choses, il n’y a pas que pour les Shinobis que l’art de survie est primordial, elle l’est pour chacun d’entre nous surtout par les temps qui courent. »

Reprenant son souffle après quelque émotion, le vieil homme reprit la route vers la pièce qu’il recherchait ardemment , des documents, toujours plus de savoir à transmettre au Monde, telle était sa devise depuis ses plus jeunes années ou son père, lui-même explorateur avait parcouru le Yuukan autant que son grand-père avant lui, et son fils, qui était toujours sur la route, à la recherche de l’inconnu entouré de braves compagnons.

« Notre rôle à nous est de percer les secrets du passé qui sont enfouis, de les mettre en lumière afin de les publier au grand jour. Notre profession est silencieuse, un peu comme la vôtre, nous ne sommes pas mis au premier plan et agissons en toute discrétion, pour autant, notre mission est capitale et je mets un point d’honneur à inculquer le sens de l’Histoire à ceux qui prendront ma suite, pourquoi pas vous mon ami ? »

Le Directeur se retourna un instant afin de parler plus en détail au Kobayashi de cette dernière pensée mais aussitôt se retournait-il qu’un piège se déclenchait et des lances sortirent aussitôt du sol dans un but meurtrier. Sans perdre une seconde, alerté par le bruit du mécanisme qui était identique à celui de l’entrée du Bunker, le Kobayashi déploya son Mokuton pour protèger l’Archéologue, explosant sans le faire exprès une partie du couloir droit. Des papiers, une montagne de papier s’écoulait alors de la faille créée, déversée par une Bibliothèque qui avait pris un coup, bien heureusement les pages étaient encore intactes bien que jaunies par leur vieillesse.

« Euréka ! Bien joué Kyoshiro ! »

Le long couloir n’était finalement que pièges et ruses pour épuiser et tuer les opposants qui s’y aventuraient. Un mécanisme était placé à l’entrée du Bunker, relativement caché et connu des gardes qui avaient plus de deux-cents ans dans leurs tombes actuellement sous forme de poussières. Ainsi, les deux Konohajins pénétrèrent en ce sanctuaire de la connaissance : des parchemins entièrement conservés contenant les rapport des Mizujins, intercepté et entreposés ici par les soldats de Hi à l’époque puis oubliés et enterrés jusqu’à aujourd’hui. Au final, ce n’est pas tant la découverte qui amusait le Directeur de la Bibliothèque, bien entendu très satisfait de ses travaux, mais le sourire de tout le groupe les rejoignant pour savourer ensemble cette fabuleuse découverte, et ce travail d’équipe qui avait payé, par maladresse certes, mais bien payé.

L’heure de midi sonna la continuité de l’exploration de manière plus assidue, tandis que le Shinobi et l’Archéologue se retrouvaient en surface, afin de continuer leur discussion évoquée plus tôt dans les dédales de ce lieu désormé protégé par le Village pour y mener une plus vaste enquête.

« Kyoshiro mon ami, que diriez-vous d’officialiser notre accord de manière ponctuelle ? Je ferai appel à vos services pour d’autres explorations. »

Non sans en démordre, le sourire éclatant de la jeune pousse répondait aussitôt par la positive à son Maître en Archéologie, il avait encore énormément à apprendre, mais ces encouragements lui allaient droit au cœur.
« Oui avec plaisir ! Merci pour votre accueil et votre gentillesse Akiro, nous nous reverrons ! »
Sur ces paroles, le Konohajin ayant rempli sa mission repartit pour de nouvelles aventures, non sans prendre un bon bain pour se dépoussiérer !