La nuit était tombée sur Kaminari no Kuni. Après un crépuscule auréolé d’une lumière tamisée, l’astre solaire s’était évanoui derrière le mont Aratsumi. Et avec le voile nocturne était venue la pluie. Une averse diluvienne couvrant tous bruits alentours et résonnant jusqu’aux hameaux avoisinant le sentier menant jusqu’au temple Susanoo dont la forme se devinait au loin malgré l’obscurité.

Car avec la pluie était venu l’orage. Violente et continue, la foudre claquait sans cesse autour de la forêt surplombée par le temple, dont la figure apparaissait encore plus nettement lors des brefs flash de lumière provoqués par la foudre… si bien qu’elle lui donnait des airs de géant. Chose qui avait entre autres donné lieu aux croyances Kaminarijines comme quoi le dieu de la foudre aurait élu domicile au sein du pays.

Bien qu’étant un étranger arrivé récemment qui plus est, Haise s’était rendu sur place. Et les intempéries, aussi violentes fussent-elles, n’eurent aucunement raison de ses ambitions… et de ses croyances. Aussi acerbe et cynique pouvait-il être, rien n’empêchait au borgne de croire aux kami et tout particulièrement à celui de la foudre et des orages, dont les manifestations intempestives étaient trop constantes et intenses pour être purement climatiques à ses yeux. Une divinité devait sûrement être cachée la dessous, et en tant que shinobi, manieur de raïton qui plus est, Haise jugeait nécessaire de se recueillir de temps en temps au temple malgré la distance qui le séparait de Kumo.

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La pluie étant trop forte pour espérer avoir une quelconque chance de dresser une torche ou lanterne pour y voir plus clair, Haise remercia même la foudre pour les brefs flash lumineux qu’elle provoquait, permettant alors de ne jamais perdre de vue sa destination ou le chemin qu’il empruntait. Quand bien même était-il trempé jusqu’aux os, surtout au vu du kimono qu’il portait, n’étant clairement pas adapté aux intempéries.

Ainsi, après un long quart d’heure de marche ou il ne croisa pas âme vivante, le jeune homme arriva enfin devant la grande porte du temple. Poussant cette dernière sans perdre de temps bien qu’il n’avait plus le moindre carré de peau sèche à sauver, il arriva dans la pièce centrale. Une pièce totalement vide sans doute au vu de l’heure tardive et des conditions météorologiques dissuadant les moins intrépides de s’aventurer jusqu’ici. Chose qui ne dérangea pas outre mesure le shinobi, qui se réjouissait même de pouvoir prier sans être perturbé.

Retirant donc le bandeau trempé censé recouvrir son oeil éborgné, le jeune homme le rangea dans son kimono avant de s’avancer vers l’autel sacré pour le contempler. L’architecture et les moyens mis dans les édifices religieux l’avaient toujours fasciné, et sans doute aurait-il pu rester longtemps ainsi si un bruit parasite n’attira pas son attention. Quelque chose venait de bouger, ou quelqu’un… si bien qu’il se retourna afin de chercher la source de ce dérangement. Peut-être un second visiteur venant d’entrer ?