Une journée comme une autre entre deux contrats et une envie soudaine de me détendre, à peine arrivé à Nami suite à un long voyage. Je sifflotais en marchant le long des rues désertes de cette étrange Ville. Des riches qui ne savaient pas se torcher le cul au Centre et qui faisaient crever de faim les autres ? Ils voulaient le café avec ces charlatans ? Ah oui, ils l’avaient déjà hahaha !

De mon œil non caché par un habit, je crachais sur un passant qui n’en avait plus pour très longtemps à vivre, ah vous savez les affrontements lorsque le malheureux faisait la gaffe de montrer le moindre précieux aux alentours. Ce qui s’était passé ? Des rapaces humains l’avaient dépouillé, aussi simple que ça. Des traces de chaussures dégueulasses ornaient et donnait même à son habit une touche esthétique qui dans d’autres circonstances, aurait pu faire passer ce mourant pour une sépulture d’art moderne.

Une balle de flamme dans l’œil, visé avec précision et je lui épargnais six heures de douleurs inutiles, pauvre type va. Aucune aide médicale, aucune aide au logement, les gens traversaient les rues à la recherche d’emploi mais c’est à peine s’ils bouffaient du bois pour midi, pitoyable.

J’avais faim, mais le seul morceau de viande à l’horizon était la carcasse que je venais de descendre, et pour boisson… sans sang ? Non, non ! Des vautours qui me tournaient autour, et qui avaient amassé des richesses au fil du temps, ils devaient forcément avoir des choses à proposer. De quoi ? Dépouiller des gens dans le besoin c’est mal ? Je t’aurais collé une balle dans la couille rien que pour cette pensée débile : les gens étaient prêts à crever et à te tuer, à t’ouvrir la gorge pour bouffer tes entrailles juteuses… J’allais me plier aux règles locales, n’était-ce pas ça qu’on appelait se fondre dans son environnement ? Déjà trois victimes au bout de dix minutes, bordel quelle plaie, devais-je trucider toute la périphérie pour avoir de la bouffe ? Non, puisque de fil en aiguille, je trouvais enfin un repère vide avec non moins d’un squelette qui m’accueillait, bouteille fixée à la main malgré la mort, y a pas à dire, ce mec était un surdoué, ou un con !

Je lui arrachais le Rhum avec les Os de la main, autrefois fournie en viande et j’ingurgitais quelques gorgées d’un alcool maturé à souhait avant de prendre la tangente, quelques saucissons fraîchement entreposés par les deux gus que j’avais tué plus tôt, parfait.

La bonne heure approchait, midi sonnait le gong des cloches du centre-ville orné de richesses et des belles habitations que je voyais depuis une colline à la verdure douce, assez pour que j’y posais mon derrière fatigué par toute cette marche depuis le Port. Je dépliais donc le drap qui me servait à me poser et à déjeuner, quelques os humains que j’avais ramassé par-ci par-là, à défaut d’avoir pu trouver assez de bois sec et qui me servaient à couvrir le feu du vent venant du Sud, avant d’y allumer un feu et de me faire un barbecue grandeur nature.

Que l’on voit mon signal de fumée ? Hahahaha mais j’en avais rien à foutre ! Personne n’allait m’empêcher de manger, et au pire, j’aurais d’autres personnes à dépouiller. Blague à part, je me situais un peu trop loin et le vent dispersait ma fumée dans le sens opposé au Centre-Ville de cet endroit merdique, tout comme je m’étais assuré plus tôt de n’avoir affaire qu’à des crève la dalle en faisant du repérage pendant ma marche. Soudain, un craquement de branche, non loin de ma position me fit me retourner, et observer de mon œil visible la position approximative de cette source de bruit. Qui était-ce ?

Alors là, j’étais quand-même un peu sur le cul ! Elles étaient rares, les personnes à paraître devant quelqu’un tellement vite, et de manière tellement visible, en ligne droite, que la tuer pour s’être approché de mon espace vital sans même prendre le temps de me regarder était une réponse évidente. Je la laissais faire, curieux de voir ce qui m’attendait au sommet de cette colline que j’avais désigné pour assurer mon déjeuner.

Mais je n’étais certainement pas le genre de con à rentrer dans le lard sans jauger les personnes que j’avais en face et c’est avec un sourire et mon œil non masqué par le morceau de tissu, qui recouvrait une partie de mon visage que j’observais son premier mouvement. Eteindre mon feu sous mes yeux, en utilisant grosso modo le Vent, sérieusement ?

Hahahaha ! Je me mettais à rire d’une manière assez singulière devant une gamine au sang chaud et qui n’avait pas du tout froid aux yeux. Des haillons comme vêtements, des cornes atypiques plantés sur le haut de sa gueule, elle avait dû en voir des vertes et des pas mûres, pour réussir à paraître aussi assurée, intéressant.

« On peut dire que tu sors du lot, gamine, hahahaha ! » assurais-je en riant, puis en sortant une de mes cigarettes avant de l’allumer avec le bout de mon doigt pour la porter entre mes lèvres et en retirer le précieux graal de tout accro au Tabac : la fumée.

Présenter comme ça ses capacités, c’était s’assurer une mort douloureuse sur le champ de bataille. J‘avais grandi dans la merde, dans la misère et je reconnaissais facilement les yeux d’une petite pisseuse qui avait eu son lot de bordel. Aucune éducation et tout à l’instinct hein ? Je restais assis devant la flaque de cendres noires qui restait de mon feu de base et je saisissais la viande avec un couteau avant de la faire rôtir du bout des doigts, en quelques secondes pour une cuisson à point, avant de la reposer sur la plaque que j’avais utilisé plus tôt pour la cuisson.

De mon œil je posais mon regard sur elle, avant de planter le couteau d’un vif geste du bras, à quelques centimètres de ses pieds. Je décidais d’être relativement sage aujourd’hui, au travers de ma réponse calme.

« T'as pas la gueule de quelqu'un qui veut mourir jeune, t'es venue pour la bouffe ? Assieds-toi, tu piques ma curiosité.»

Je me remettais à sourire devant ce phénomène de manière visible sans la quitter des yeux, puis je tirais une latte bien méritée après tant de paroles, qu’allait-t-elle faire ? Je la fixais avec attention et curiosité sans cacher mon plaisir personnel à rencontrer autre chose que ces zombies ambulants qui polluaient ma rétine plus bas dans ce bidonville. D'un geste, je sortais le Rhum que j'avais confisqué à une squelette plus tôt avant de m'enfiler deux bonnes gorgés pour me mettre en forme avant de reposer la bouteille, repu et prêt à la recevoir. Mon regard quant à lui, montrait, comme toujours que je n'étais pas prêt à épargner les gens assez cons pour venir toquer à ma porte juste pour me faire chier en éteignant mon feu.

Tiens donc, j’avais affaire à une vraie guerrière ! Aucun mouvement de panique, pas de défensive et voilà qu’elle allait jusqu’à me reprendre en me regardant de haut, putain ce qu’ils étaient précoces ces gosses mais celle-ci était clairement différente des marmots que je rencontrais par-ci par-là lors de mes escapades à travers le Yuukan. Les guerres et les orphelins, une vie misérable et une éducation en autodidacte. Elle faisait des erreurs de débutante et j’en avais fait de même intentionnellement pour voir sa réaction devant une personne dotée de capacités qu’elle ignorait, jeter mon couteau à ses pieds, pourquoi ?

On peut très facilement mesurer ce qu’un être humain a dans les tripes, et si j’avais pu continuer ce petit jeu en l’attaquant un peu plus sérieusement, je me contentais de confirmer une première ébauche de sa personnalité : une gamine qui sait ce qu’est le danger, téméraire, conne ou expérimenté, il était trop tôt pour m’en donner le maître mot mais elle avait montré des capacités qui justifiait en partie sa confiance en elle et son approche sans fioritures, qu’elle était conne, mais appréciable.

Par contre, ce qu’elle jactait putain. Elle avait à peine l’âge de porter de la dentelle, on lui avait jamais collé de baffes, c’est sûr et certain… Mais malgré ce défaut, elle était très avenante, allant jusqu’à s’approcher assez de ma gueule pour me faire déglutir par peur d’avoir attiré une gamine en manque d’affection et de devoir jouer à la baby-sitter, quelle plaie ce trou à momies quand-même. Heureusement, son monologue me donnait le temps de continuer le portrait psychologique de cette petite demoiselle : oui j’avais rien d’autre à foutre, autant se donner au jeu quoi. Je dé bouchonnais ma bouteille pour me rincer le gosier, profitant des quelques centimètres d’intimité qui me permettait encore de boire et je ramenais ma clope à mes lèvres en l’observant.

Mon œil afficha d’un coup un éclat plus vif d’intérêt lorsqu’elle me demandait de lui griller la banane qu’elle avait pour le déjeuner. La phase rébellion de l’adolescence lui passait enfin, je prenais alors son fruit et retirais sa peau en le plaçant sur la plaque en bois qui m’avait servi à poser le saucisson plus tôt avant de le faire cuire à la presque traditionnelle, si on oubliait la base du feu. Aussitôt je reprenais le couteau que la gamine me rendait et je sortais de ma poche un sachet de baies sauvages sucrées que je plaçais sur une plaque avec les bananes en faisant poêler le tout quelques minutes. Un coup de rhum maturé, pile assez pour donner du goût que je le faisais flamber a la flamme quelques secondes, jusqu’à ce que l’alcool disparaisse.

« Tiens, des bananes flambées au rhum avec des baies sauvages, goûtes. »

Un service ? Oui et non, le vent qu’elle avait produit plus tôt avait retenu mon attention et j’avais assez attiré la sienne pour qu’elle s’approche de cette façon. Disons que d’un bon procédé j’allais tirer la bonne carte, et tâcher de rendre la journée agréable. Il était des jours où j’étais tranquille, d’autres moins, l’absence de sang sur le sol le prouvait, que ce soit le sien, ou le mien.

« Pour le feu que j’utilise, je suppose que tu fais l’équivalent mais avec du Vent, comme tout a l’heure. Je t’apprends mon secret si tu me montres ce que tu peux faire avec ça ! »

Le sourire que je lui portais était le même, quel était être sa réaction cette fois ci ?

Qu’il était facile de mettre de la poudre aux yeux aux enfants en parlant d’un secret pour les faire manger dans ma main. Je n’avais aucun scrupule à m’en servir pour arriver à mes fins et ça justifiait les moyens les plus inhumains pour obtenir des informations. Elle avait assez baissé sa garde pour manger sans plus d’interrogations une banane imbibée dans le rhum qui appartenait à un squelette avant de tomber entre les mains. Empoisonnée ? Mais non, la mort m’attendait si je faisais quelque chose d’aussi con surtout que j’avais déjà bu dedans, mais le Monde était rempli de charlatans et de tueurs qui donnaient l’air d’être très amicaux.

C’était simple, la confiance véritable ne devait jamais être donnée, une simple façade suffisait et rien n’empêchait de vendre ces bouche-trous pour continuer à vivre. Ca, ou jouer avec eux sans qu’ils n’y percevaient une quelconque subtilité dans mon comportement.  Non, aujourd’hui j’étais d’une humeur plus passive, et mon sourire était réellement destiné à cette jeune fille qui égayait son midi au sommet de cette colline avec des mots, une attitude qui éveillait toute ma curiosité et mon envie de voir quelle direction elle prenait à chacune de mes interventions, sans pour autant lui faire de mal, non, une journée tranquille ne me faisait pas de mal de temps à autre, j’étais humain après tout. Quoi ? Vous en doutez encore ? Rabats-joies !

« Sora ? C’est un joli prénom que tu as là. Hahaha ! Ce genre de brochettes me brancheraient carrément ! On ira chasser et tu me montreras, si tu as de quoi faire la sauce bien sûr. »

Je lui adressais de nouveau un sourire intéressé, décortiquant de mon regard vif ses réactions, par habitude, je laissais aux autres le hasard et je me focalisais toujours sur ce que je pouvais apprendre de quelqu’un avant de le recevoir sous forme de poignard dans le dos. Accessoirement, j’y prenais un plaisir qui se reflétait sur un rictus qui m’accompagnait depuis des années maintenant, la prison n’avait rien arrangé. La petiote avait visiblement pris du poil de la bête avec le copieux plat de bananes improvisé par leur combinaison d’ingrédients et elle semblait me remercier par une attitude plus détendue que celle d’un animal sauvage prêt à mordre en approchant l’inconnu qui lui tendait le bras. Elle complimentait les qualités du Feu et se mit à produire une tornade miniature, me faisant tout naturellement reprendre des appuis au cas où je devais sauter d’un côté.

Après quelques explications sur le sujet, elle recentra son attention sur mon sourire et mon œil qui l’observait avant de me demander en retour quel était mon secret. Lui mentir ? Non, j’avais beau tendre des pièges et cacher mon jeu, elle avait été franche, et j’avais décidé de la récompenser en lui narrant un bout de mon secret et avec une petite démonstration.

« Intéressant comme technique, je me demande ce que ça ferait avec mes flammes ! » disais-je, d’un réel enthousiasme, comme un enfant qui découvrait quelque chose de nouveau.

Je me relevais ensuite, faisant face à la jeunette qui m’observait. Tout naturellement pour moi, et après quelques secondes, environ deux, le bout des mèches de mes cheveux, mes bras, mes jambes, puis mon corps tout entier devint flamme sous ses yeux, dégageant pour l’occasion une certaine pression dans l’air qui se réchauffait au contact de la torche humaine que j’étais, et je repris aussitôt ma forme normale avant de me poser à nouveau à ma place, sirotant quelques gorgées de Rhum avant de poursuivre.

« On m’a transformé en flammes pendant mon petit séjour en prison. J’ai pas de souvenirs sauf un tatouage que j’ai de collé sur le cul. Hahahaha ! Si je retrouve ces tatoueurs de mort, comme tu dis, je leur cramerai le cul pour voir ! »

J’avais volontairement caché une bonne partie de la vérité, comme l’endroit d’où j’avais été libéré, mon nom, et tout ce qui pouvait servir à me pister d’une quelconque manière. Continuant à la fixer de mon œil découvert, je repris aussitôt.

« Sora, c’est un prénom plutôt joli. Dis-moi, tu accepterais de me montrer comment tu fais pour maitriser aussi bien le Vent ? Je saurais te remercier en t’invitant à manger un bout à la capitale qu’on voit la-bàs. C’est rempli de cons mais ils auront de quoi nous remplir le bide, qu’en dis-tu ? »

Un deal qui se tenait après des révélations qui se faisaient des deux côtés. J’observais sa réaction et je l’analysais depuis le début de notre rencontre, le personnage me semblait assez cerné pour proposer ce genre de choses sans prendre de risques, puis, après tout, un peu de marche et snober les petits richous de la Capitale sous leur nez avec nos habits crasseux, c’était drôle non ?

Et hop !:

Welp, y avait pas photo, cette gosse avait un sérieux problème avec son sens de l’humour arraché au sol. Elle respirait la joie de vivre cependant, lorsqu’elle s’ouvrait et parlait comme elle le faisait avec moi, et quelque part, elle arrivait même à m’arracher un sourire réel pour l’occasion. La blague n’était pas vraiment drôle mais je pouvais dire sans me tromper que je m’amusais en sa compagnie miniature et quelque chose me disait que cet amusement était loin d’être fini.
Comme prévu et comme l’indiquait explicitement Sora, les ressources étaient intégralement et unilatéralement distribuées dans la capitale, là où la Noblesse se retrouvait d’ordinaire.

Je le savais, naturellement parce que je m’étais amusé plus tôt à écumer des clochards dans la rue et je n’en avait eu qu’une demi-bouteille de Rhum et du saucisson à manger. Ce point me permettait de confirmer que la petite était très bien renseignée et ne voyageait pas au hasard. Soit, mon œil restait posé sur elle et je lui rendais un sourire encore plus intéressé quand elle me dévoilait qu’elle avait pour idée d’aller dépouiller une cuisine en montrant une carte.

« Hahahhaha !! J’aimerais bien voir comment tu t’y prendrais pour aller chopper de la bouffe chez ces troufions ! »

Une carte qui conférait une telle autorité, intéressante petite à qui je souriais en la laissant m’en dire plus. Elle connaissait sûrement des choses, et éventuellement appartenait à un groupe au vu de son âge et de sa manière de faire au contact de quelqu’un. J’avais tout intérêt à la suivre pour le moment et lui adressait mon regard curieux le plus dévoué à la cause. Plutôt cool d’être le Feu ? Putain que je m’étais jamais posé la question. En soit c’était simple dans ma tête : j’avais fini comme ça et je vivais avec cette transformation qui heureusement me brûlait pas mes fringue, vous vous imaginez moi, à poil en plein public ? Allons, allons. J’étais quand-même un grand timide vous savez.

« Si je savais... mais c’est comme ça ! Et puis c’est marrant d’être tout feu tout flamme hehe ! »

Mon regard s’attendrit l’espace d’un instant, lorsque Sora me parla de sa technique Futon. Manque de bol pour elle, j’étais athée, et un athée vacciné par la religion elle-même ! Alors tu te doutes que tout ce qui est superstition et tout le bordel ça me fait rigoler à feu doux ! Je restais plus silencieux, me contentant de l’observer lorsque…

« OH BORDEL !!!! Une fusée Ariane venait de décoller du haut de cette colline, température extérieure ressentie a 15 °C bonne journée ! Bordel de merde, un peu plus vite et je perdais mes cheveux et mon’ Slip dans l’opération… mais putain que c’était drôle. Ouais, ça m’arrachait des barres de rire. Pourquoi ? Vous avez peur de mourir vous ? Ah pour un baptême du genre, j’étais surtout prêt à sourire pleine dents !

« Hoooooy j’espère qu’on va pas la casssr ta cuisine heeeeeinnnng ? »

Je laissais ma vie entre les mains de notre pilote nationale et je me marrais, rien de plus sain.

Olalalalla:

Mais qu’est-ce que c’était que ce bordel ? J’étais tombé sur une cascadeuse en herbe et la confirmation se fit à mesure qu’on quittait le sol pour prendre tellement de hauteur que j’avais eu l’impression de me pisser dessus de peur. Hahahaha ! C’était chouette comme capacité ce bordel, est-ce que j’étais capable de reproduire cette propulsion avec le feu que je contrôlais ? Peut-être bien il fallait que j’en fasse le test, surtout dans cette situation périlleuse où ma vie était en danger, je rigolais de bonheur et d’un divertissement qui comblait chaque fibre de mon corps prise par la hausse subite d’adrénaline qui agissait sur moi telle une drogue qui m’en demandait toujours plus.

Sur le chemin des cieux si je pouvais appeler ça comme ça, j’en profitais, croisant la route d’un piaf qui ne savait pas trop ce que je foutais là pour le chopper et en faire un rôti pour le plat de résistance. Si la petite me parlait d’une vraie cuisine, il fallait bien de la viande nan ? Allez hop, ma main pour lui briser la nuque d’un coup sec et je le tenais pendant que j’observais la petite pilote faire son œuvre avec un sourire malsain qui se transforma en un sourire de joie à mesure que nous  redescendions,  attirés par l’étreinte irrésistible de la Terre qui attisait ma curiosité : Est-ce qu’elle avait de quoi atterrir pour deux personnes ? Ou alors est-ce que j’allais finir en statue contemporaine, écrasé dans une position grotesque à même le sol, je laissais échapper un rire en imaginant la situation, avoir peur de la mort, quelle connerie, il était temps plus que jamais de rire et de profiter du moment qui m’était proposé, inattendu, mais drôle !

Woosh ! Comme des piquets redescendant au sol , Sora avait visiblement calculé notre chute pour atterrir dans un jardin. Elle avait de la suite dans les idées la mioche hahaha ! De mon œil perçant je remarquais l’entrée d’une cheminée, de la maison dans laquelle on s’apprêtait à fracasser le jardin qui semblait rempli de légumes. Mais pourquoi prendre des légumes dans un potager quand on pouvait offrir le Feu aux braves habitants de cette demeure ? J’en profitais aussitôt, la gamine semblait entourée d’une sorte de coussin-trampoline de Vent, oof, plus rien ne m’étonnait venant d’elle mais j’avais prévu un autre point de chute. Aussitôt je me libérais de son bras accroché au mien et je me servais de sa technique, lui adressant un dernier sourire avant de filer par la cheminée grâce à l’élan d’un saut amélioré, devenant le feu qui descendait directement dans les cheminées hahaha !  

La petite famille profitait visiblement d’un temps de détente à la maison quand des flammes, moi-même venait leur apporter un peu de chaleur, avant de reconvertir mon corps en un parfait être de chair et d’Os devant leur yeux, beaucoup trop stupéfaits pour tenter quoi que ce soit. Ah, le plaisir de fouler le sol d’une maison aussi jolie et bien décorée, ah je pouvais enfin…

« Enfuyez-vous vite ! »

Le père de famille avait une Epée ce con, et m’avait tranché en deux. La partie supérieure de mon corps s’effondra à même le sol, disparaissant dans un amas de flamme, tandis que cette même partie perdue se reformait à partir du tronc de mon corps, reformant finalement un œil plus menaçant qui se posait sur l’abruti qui venait de mettre fin à mon amusement.

« Hoy hoy, c'est pas gentil de découper le feu de cheminée mon grand ! »

Pétrifié par ce qu’il ne comprenait pas ? Pauvre chou, je lui arrachais aussitôt un œil avant de lui clouer le bec en posant ma main devant sa gueule ouverte et j’y envoyais quelques lucioles le griller de l’intérieur. Même tarif pour la famille, il s’agissait d’être discrets par vrai ? Un frigo et des tiroirs remplis dont je me servais allègrement tout en dépouillant chaque objet de valeur avant de sortir par la porte arrière, fixant Sora qui venait de se remettre de la chute, se demandant sûrement ou j’étais passé, je lui tendais deux gros sacs remplis de bouffe.

« Excellent ce Vent haha ! J’en ai profité pour dépouiller ces cons. On ferait mieux de filer d’ici incognito et rapidement par contre. »

De mon œil satisfait et jovial, d’un sourire doux, je ne disais rien quant à la boucherie perpétuée, mais je tirais une extrême satisfaction d'avoir pu jouer un tour de magie pareil, plutôt pratique ce vent ! Ah merde, j'avais oublié de laver mes mains du sang de ce porc, hop ! Un morceau de la robe déchirée de la conne qui avait essayé de beugler comme un pourceau et voilà, j'avais des mains propres, on ne mange pas les mains sales, question de principes hahaha !

Une vraie petite diablette en couche cette gosse haha ! Je commençais même presque à m’attacher à ses manies plus étranges les unes que les autres, forcément que ça me touchait, elle me rappelait le jeune con que j’étais… et que je suis encore ! Sur les bords seulement hein ? Un peu de sérieux sinon j’aurais perdu ma tête y a un sacré bout de temps. J’arquai quand même le sourcil en la regardant s’étonner du sang qui restait sur mes mains et que j’avais mal essuyé, bordel ! Est-ce qu’elle allait me demander si j’avais fait quelque chose que la religion n’approuverait pas ?

J’avais violé une bonne sœur, gerbé sur des gens et j’étais allergique à l’eau bénite, est-ce que ça faisait de moi un être impur et perverti ?... Ouais carrément ! Mais… oh et puis merde hein ! Bref, elle voulait squatter la cuisine pour préparer  ses brochettes de viande dont elle m’avait parlé ainsi que de faucher la garde-robe de ces braves gens. En soit, des cadavres n’iraient sûrement pas l’arrêter, et leur cuisine ne servirait plus non plus, j’haussais les épaules en y repensant et je la fixais de mon œil mauve.

« Ne t’en fais pas, j’ai juste tué la famille qui occupait cette belle maison. Ah, moi c'est Ryo en fait !»

Ah vraiment, cacher mes meurtres pour préserver la bonne innocence d’une petite ? Mon cul, on m’avait préservé moi ? Non, on m’a jeté sur le marché de l’esclavage humain à mes trois ans, j’en avais plus rien à foutre et l’innocence vous pouviez me croire sur parole, elle me servait de papier toilette parce que je chiais allègrement dessus. Le Monde est perverti, au moins si elle était innocente à ce point, elle verrait dans quel bordel on se promène. Moralisateur ? Moi ? Ahahaha ! Fermes là où je t’enfonce la tête dans le fondement ! T’es prévenu !

J’ouvrais donc la voie, d’un air toujours souriant, mon unique œil visible fixant inlassablement la main du Porc qui avait essayé de me trancher comme un saucisson, il était dans votre intérêt de croire que l’odeur de rôti humain qui se dégageait de ses entrailles calcinées mais à la cuisson idéale pouvait vous faire penser aux cuisines d’un restaurant étoilé ! Quoi vous n’aimez pas la bonne barback ? Moi non plus, l’humain j’aime pas, pas faute d’avoir jamais tenté hein ! Quand on est bloqué pendant des années sur l’île Yashiro, à poil, pourchassé par des prédateurs toute ses journées, quand un simple humain venait toquer à la porte, ce qui se passait ? J’essayais de les manger ! Repas facile et proie crédule, par contre la viande est dégueulasse… !

Bref, je dégageais donc le bras d’un coup de pied bien placé et j’ouvrais la porte avant de reposer mon œil mauve sur la petite acrobate des airs en souriant innocemment.

« Tu viens ? On devrait avoir assez de temps pour cuisiner sans que personne ne nous embête, j’ai bien fait gaffe de les zigouiller avant qu’ils ne crient trop forts pour alerter le voisinage proche. »

L’avantage de cette ville de Nobles finis à l’urine ? La distance entre chaque habitation, parfait pour un meurtre bien silencieux héhé.

L’innocence dans ce sens-là, je vois. J’arrivais pas à retenir un sourire moqueur à mesure que la petite Sora me faisait la leçon sur mes penchants occasionnels pour le meurtre. Malheureusement, ou heureusement hein ! C’était comme essayer de convertir le Diable à l’eau bénite ou à la samba ! Il va te cracher dessus et pis c’est tout !

Visiblement, elle essayait d’atteindre mes épaules, où du moins d’aller tapoter mon torse, assez haut pour que je la remarque. Je la fixais de mon œil mauve en écoutant ses conseils d’expertes. Raaah purée elle était forte quand-même, hahaha ! Un esprit chevaleresque qui défend le faible et attaque le fort, tant d’idéalisme dans la bouche d’un autre m’aurait filé la gerbe, mais dans ses mots à elle c’était presque marrant d’innocence. Je tapotais alors son épaule, comme pour répondre à sa remontrance avec un sourire sain, non moins empli de malice, mais sincère.

« Tu sais Sora, les gens sont forts pour te la mettre à l’envers dès lors que tu leur tourneras le dos. Sous-estimes ton adversaire, prends le de haut et tu finiras comme ces gens étalés à côté de nous, ou comme ces clochards dans leur bidonville autour de ce paradis. Dans la vie, il faut survivre, ou mourir comme une merde, écrasé par les opportunistes qui se présenteront. »

Je ne cherchais pas spécialement à me justifier, ou à cacher mon acte, sinon j’aurais été assez discret pour planquer les cadavres de ces cons avant d’ouvrir la porte de l’intérieur. Non, c’était juste comme ça, et puis ça faisait la conversation. Je la fixais de mon œil visible en désignant l’homme calciné.

« Cet homme a essayé de me tuer à peine sorti de leur cheminée. Les gens vivent en piétinant les autres, les riches marchent sur les pauvres. Il n’y a ni bien, ni mal dans ce bordel, juste des gens qui vivent, d’autres qui meurent. Un système fini à la pisse qui est en train de se révéler au grand jour hahaha !»

Je tenais dans les mains la Gazette fraîchement parue qui relatait les événements liés aux grandes nations et le désaccord avec le peuple qui était posé sur un meuble à côté de la table à manger.  Quand Sora me parla de faire brûler les corps pour débarrasser le plancher de leur présence, j’eus un sourire en la fixant.

M’asseyant à table pour m’en griller une, je plaçais le cendrier en évidence avant de me lever, et de jeter les cadavres dans leur propre cave avant de la refermer promptement. Un coup de serpillère et Mr Propre était passé, plus une trace de poussière j’vous jure ! J’avais fait des tâches ménagères depuis l’enfance en tant qu’esclave alors il était censé de me croire quand je disais que je maniais aussi bien le balai à chiottes que le couteau hahaha !

« On va éviter de faire ça, le fumet par la cheminée attirerait du Monde trop rapidement, j’sais pas pour toi mais j’préfère être posé pour digérer après un bon repas. »

Je la regardais cuisiner, c’était drôle de retrouver d’un coup cette impression d’être en compagnie d’une enfant, qui l’instant d’avant me parlait de manières d’étouffer quelqu’un sans le tuer. Un sacré phénomène ce petit monstre mais c’était une belle journée ça j’pouvais pas le nier héhé. J’arquais un sourcil quand elle me parla de mon autre œil. Ah ?

« Oh, c’est vrai, regardes bien… ! »

Le mystère entourant son œil voilé se leva… sur un autre œil en parfaite santé ! J’explosais de rire en balançant une petite blague.

« Et v’la son jumeau ! »

J’avais pas de secrets concernant cet œil, mais à force, les gens devaient me prendre pour un borgne. Ce que j’avais gagné à faire ça ? Que dalle ! J’avais juste la flemme de relever ce morceau de tissu et ça me donnait un look sympa non ? Une fois le secret élucidé, j’observais la Cheffe réaliser son tour de force culinaire, et en revenir avec des brochettes spéciales. Putain, ce que ça me donnait la dalle ce truc, j’en avais le filet de bave à la bouche bordel !

« Woah ! J’ai affaire à un véritable Chef hahaha ! »

Assis à table, j’observais faire la gamine à qui il manquait qu’un tablier pour faire cuisinière au foyer. En tout cas elle ne bluffait pas, parce que l’odeur et surtout les épices en nombre suffisait à à réveiller mon appétit et ma curiosité tandis que mon œil mauve décortiquait chacun de ses gestes, chacun des ingrédients ajoutés sans en louper un grain.

J’avais été longtemps pris pour cible par toutes sortes de moyens, on m’avait planté dans le dos également un nombre incalculable de fois et le simple relâchement m’avait déjà quasiment coûté de la vie, du coup j’avais une méfiance assez élevé quand ce n’était pas moi aux fourneaux pour mon propre repas. Sora avait enchaîné la discussion en parlant des ressources de ce bled, honnêtement j’y voyais pas grand-chose à part des nobles sur lesquels pisser en leur faisant croire que la saison des pluies était arrivée, mais elle transpirait l’innocence, simple et pure malgré des paroles qui me faisaient rire derrière mon voile de gentillesse.

« Konogras ? Hahahaha ! Pas mal cette là j’te l’accorde ! »

Je rigolais de bon cœur. Oui, oui j’en ai un ! Nan mais je vous promets, il est juste bien planqué quoi ! Toujours est-il que la cuisinière, haute comme trois pommes avait des idées intéressantes pour une gosse de son âge, revendre les épices pour nourrir un bidonville ? Autant jeter du beurre et du Pian aux cochons, cette pensée me faisait avoir un sourire moqueur tandis que je posais mon regard sur le plat dont l’odeur me ravissait les narines, j’avais les crocs.

« Ce trou paumé n’est pas l’endroit où j’habite, je passais dans le coin avant de reprendre la route, mais on peut aller voler quelques bricoles yep ! »

Finalement, Sora revint à table avec le plat. Putain j’avais du mal à me retenir, ça se voyait dans le reflet de mon œil, imperturbable mon cul ! Balances moi un plat aussi appétissant, t’es quasiment assuré de me faire parler, mais ça reste relatif, je peux aussi te tuer et me servir ensuite, disons que la petite m’intéressait bien finalement, assez pour lui accorder de mon temps et une journée qui était amusante jusque-là. Hahaha ! Elle voulait refaire la coiffure à mon drôle de chapeau, mouais non, j’avais pris cette habitude de cacher un œil pourtant valide pour des raisons que l’univers ne saurait pas m’expliquer, mais je levais ma main en la fixant d’un sourire.

« Non, non il est très bien comme ça ce chapeau ! Mais dis-moi c’est un vrai plat de gourmet qu’tu nous as fait là, Sora. »

Je la complimentais pour son travail, elle s’était donné pour faire une cuisine rebelle qui lui ressemblait et ça, ça méritait quelques éloges et mon plus beau sourire pour la remercier de ce beau présent. Les couverts étaient servis, je bouffais avec les mains, forcément quand t’as été élevé avec des bêtes sauvages sur une île jurassique, t’es en droit d’être un peu primate malgré ton look quoi ! Tiens ? Un complexe sur son âge et sa petite taille ? « Humain » ? Mon regard redevenait vif, et mon œil mauve se posa sur les cornes qu’elle arborait sur sa tête, j’y prêtais pas vraiment d’attention mais j’étais forcé de le constater, c’était pas très ordinaire et ça m’intéressait un peu.

«  Le rôle du bon samaritain, je passe mon tour. Mais dis-moi, ces trucs sur ta tête, c’est pas juste de la décoration pas vrai ? Qu’est-ce que c’est ? »

Je dégustais une morceau de la viande proposée… EPICEE !! J’avais le teint rougi et j’étais à deux doigts d’hurler de chaleur insoutenable. L’air de rien je prenais un morceau de pain qui traînait sur la table pour calmer ce supplice en l’écoutant.

La petiote avait de la suite dans les idées et avait un humour de merde qui me plaisait bien ouais ! Ca faisait combien de temps que j’avais été convié à une table sans parler de missions, ou d’un cadre qui collait à mes activités dans le Marché Noir où pour cette organisation ? Ça devait faire quand-même un sacré paquet d’années, et même probablement jamais d’ailleurs. Ma génitrice était sûrement crevée depuis longtemps, à m’avoir vendu pour une bouchée de pain et finir comme une merde, violée par toutes les bouses des ruelles adjacentes, une fin qui convenait bien à une petite salope de son espèce.

Ahlala, voilà que la p’tite rousse riait comme un diablotin en couche, m’arrachant un sourire véritable, hors du rôle que je pouvais jouer pour duper quelqu’un, simplement un sourire pour passer un brin de bon temps dans un quotidien comme le mien.
Sora attrapa ses cornes devant moi, attirant toute mon attention vers quelque chose qu’il n’avait jamais vu chez quiconque avant elle, faisant refléter dans son œil mauve une lueur d’intéressement.

« Oh tu sais dans les cabarets elles mettent des oreilles de Lapin sur leur tête hahaha ! Rien à voir avec toi. »

Le chasseur de primes, moi, m’en grillai une autre, fumeur vétéran et grand incendiaire à mes moments perdus où j’oubliais d’éteindre le bout avant de la balancer, j’avais brûlé une maison sans même m’en rendre compte, quelle connerie ces clopes quand-même pour la santé d’autrui, c’est qu’ça brûle des maisons ! Un moment se silence revint pendant lequel je me servais un peu d’eau, après avoir purgé ma gueule de toutes ces épices qui entassées pouvaient bien faire tomber un Monstre comme un enfant de huit ans, la larme à l’œil, j’écoutais les quelques mots de la petiote.

Elle aussi avait eu une petite enfance de merde, dans un Monde comme le nôtre c’était chose commune, tous n’avaient pas la chance de naître au milieu d’une famille et dans un lieu sûr, certains se battaient depuis leur naissance pour rester en vie, et Sora en faisait surement partie. Finalement, elle conclut par une philosophie de vie simple, mais efficace et qui me fit sourire à pleines dents.

Je me relevais d’une traite galvanisé par cette belle mentalité venant d’une gosse et j’ébouriffais ses cheveux avec la main gauche, tout en reprenant de l’autre main ma clope pour expulser la fumée accumulée.

« On préfère quand-même la liberté et la bonne barback hein ?! Viens on va profiter un peu »

De toute sa hauteur, la grande perche remit correctement son chapeau et ouvrit la porte avant, qui donnait sur une rue peu fréquentée de la capitale. N’attendant que Sora, je remarquais que ma bouche était encore couverte de sauce, diantre les bonnes manières, surtout dans la capitale réservée à la Noblesse, je devais me montrer irréprochable.

Aussitôt m’approchais-je d’une gente Dame, qu’en m’inclinant assez bas pour attraper un bout de sa longue robe, je m’essuyais la gueule avec, il était important de rester propre sur soi et cette robe était plus soyeuse qu’une serviette, laissant un sentiment de confort sur mon visage… Diantre, je me sentis à cet instant riche !

Me tournant vers Sora, tandis que la femme courait dans l’autre sens pour fuir « ce fou », je posais mon regard sur les haillons portés par la petiote en souriant.

« Tu devrais essayer de prendre des habits de la petite qui est encore à l’intérieur, elle faisait ta taille, ça devrait t’aller hahaha ! »

« Ohlala ! Tu vas faire un malheur j’te le dis hahaha ! »

Nous voilà paumés dans une Ville remplis de petits Nobles qui parlent une langue tellement soutenue que le balai qui était coincé dans le fondement allait avoir beaucoup de mal à sauter lorsqu’ils allaient voir ce duo improbablement dantesque qu’était le nôtre. Hahaha ! Je la complimentais mais j’avais pas perdu mon sens de l’observation pour autant, des cicatrices, et pas des belles qui jonchaient ses petites épaules frêles, ouais, elle avait du en voir des vertes et des pas mûres mais j’allais pas m’apitoyer comme le ferait un gus’ normal, à chacun sa merde après tout surtout si c’est du passé. Petite clope au bec, Sora me choppa le bras sans me demander mon avis, pourquoi pas après tout, et ensemble on filait vers le centre de la Ville pour trouver quelques conneries à faire.

« Foutre la merde, ça m’connaît ! Allons voir d’ce côté, j’entends des bruits marrants ! »

Marrants, c’était que l’apéritif des mots que j’pouvais employer pour décrire ce qui nous arrivait devant les yeux : un mariage de saints bénis Oui-Oui, le tout organisé dans la belle bâtisse blanche, ornée de milles et une fleurs, un jardin somptueux, les buissons taillés à la perfection et des tables, des tables partout avec de la bouffe de tout genre, de tout type, préparé par des Chefs sûrement, et putain que ça sentait bon, je vous jure que si j’étais bouffophile, j’aurais eu une trique assez forte pour casser des briques avec ! Hahahaha ! Il était temps de foutre le boxon dans tout ce bordel de beurr’goisie !

« J’vais t’apprendre comment se conduire en haute société ma p’tite donzelle ! Suis moi ! »

Apercevant la première de mes cibles, je m’approchais, un fin sourire, large, faisait s’élargir mes joues tandis que de mon œil mauve je posais mon regard dans le sien, la surplombant d’au moins quatre têtes. La politesse était la première leçon, et cette catin était à mon goût, il était temps pour Don Juan d’entrer en jeu !

« Excusez moi mademoiselle, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer cette somptueuse robe que vous portiez. Pourriez-vous la soulever afin que j’vérifie la marchandise du dessous s’il vous plaît ? »

Courtoisie, adresse, habileté, mon sourire et mon œil se plissant sous l’effet du désir firent s’enfuir la mariée qui poussa un cri avant d’aller se refugier à l’intérieur du bâtiment. Putain, aucun sens de l’hospitalité ces Nobles, heureusement, j’voyais le tonneau à liqueur et je portais mon regard vers la p’tite Sora, tout sourire.

« Faut être poli et respectueux, comme ça ils peuvent pas te mettre en taule hahaha ! »

S’essuyant un morceau de morve avec la baguette du Maestro avant de lui rendre, lui donnant un tout autre relief subitement, je me dirigeais vers les apéritifs, il était temps de s’amuser un peu.

« J’te sers un verre ma p’tite ? »

Incitation de boire envers une mineure ? J'parle pas votre charabia, c'est de la boisson !