Ses yeux s’ouvrent difficilement sur les lumières de l’hôpital. Les flashs lumineux lui parviennent petit à petit, d’abord aveuglants, puis parfaits pour savoir où elle se trouve et faire le point sur ce qui s’est passé.
Les iris écarlates se posent progressivement sur chaque parcelle de son corps. La blessure à son poignet a été soignée, désormais entourée d’un bandage. Une simple coupure, qu’elle n’a même pas subie, mais qui lui a quand même été transmise.
Elle continue son examen, parvient jusqu’à son ventre, où une belle entaille a été faite, exactement comme pour son poignet.
Une capacité extraordinaire que voilà : l’Homme capable d’infliger à autrui ses maux, en se les infligeant soi-même. Comment fait-elle ça ? Il y avait le pentacle, oui, mais ce n’est pas tout. Impossible. S’il suffisait de tracer ça au sol pour s’y mettre, les coups auraient plu depuis le début. Là, c’est arrivé bien après.
Bien plus tard.
Alors, comment ?

Shizue observe son autre bras, celui sur lequel traîne une griffure encore un peu rouge.
Il y a eu ça, aussi. Il a suffi qu’elle récupère sa peau ? Non, non, pas la peau.
Tout était …
Mais oui.
Tout était fait en sang.
Ça doit être ça.
Ou peut-être est-ce totalement différent, qui sait ? Il faudrait qu’elle le lui demande, à vrai dire. Ou qu’elle se renseigne, un jour, à l’académie ou ailleurs. Il y a probablement quelqu’un qui s’y connaît.
Ses yeux s’échappent, retournent à l’assaut des lumières qui ne l’aveuglent plus.
Alors, c’est ça, être ninja ?
Elle émet un soupir.
Si c’est ça, c’est pas si mal.
Pas étonnant que ses deux parents s’y soient jetés corps et âme. Pas étonnant que Genkishi s’y trouve aussi. Comme pour tous les autres, à vrai dire.

Doucement, Shizue tourne la tête, observe la table de chevet à côté de son lit.
Dessus, il y a une carafe d’eau pleine et un verre. À côté, il y a un petit carnet avec un crayon.
Elle le saisit.

Yo,

Faut pas pleurer comme ça, t’sais ? On sait bien que tu veux tuer personne, t’es pas un monstre.
On devient pas ninja pour faire des massacres.

T’es forte, Ostara.
Laisse personne te dire l’inverse.

C’était un beau combat.

Shizue.

Elle plie le papier.
Dès qu’une infirmière passera, elle lui dira de le transmettre à la Sunajin, d’une manière ou d’une autre.
À vrai dire, l’Hyûga aimerait bien la recroiser, un jour. Leur rencontre ne s’est pas faite de la meilleure manière, mais il y a quelque chose à faire de ce côté.
Faut pas qu’elle se flagelle.
Au contraire, faut qu’elle s’assume, qu’elle grandisse.
Peu importe qu’elle soit vue comme un monstre par les autres, tant qu’elle sait ce qu’elle est et s’y accroche.

Shizue s’affale dans son lit, regarde les blessures sur son corps.
Est-ce que ça laissera de belles cicatrices, tout ça ?
Un sourire de gosse apparaît sur son visage.
Ça fait grande guerrière.