Mission:

Décidément j’y passais ma vie à Nami ces temps-ci, entre l’organisation qui me laissait quand-même assez d’espace, et sans lequel je me serais déjà occupé de tuer les chaînes qui entravent mon road trip à travers le Yuukan depuis ma libération de cette prison de mort. J’avais reçu une demande de contrat concernant un gosse qui se prenait pour un justicier, un « héro ».

Entre les organisations humanitaires comme le Jinsei dont on entendait parfois le nom circuler dans le marché noir, qui se prenaient pour des révolutionnaires et les Villages cachés, qui eux-mêmes se prenaient pour des institutions salvatrices, qui étaient au pied et à la botte de leur Daimyos qui avaient créé cette merde dans laquelle j’avais été emprisonné et avait fini en rat de laboratoire : Quelle bande de fils de p*tes, choisir entre des hypocrites humanitaires que je prendrais le plus grand plaisir à étriper de mes mains et ces forçeurs de Shinobis qui combattent pour « instaurer la paix » mais qui se battent, se battent et aspirent à la paix en se militarisant et en attendant qu’une brindille pour se rentrer dans le lard comme des sardines en boîte qui aspirent à plus de pouvoir, quelle connerie.

Le monde actuel m’exaspérait au plus haut point et les gens qui me parlaient de justice, d’un côté ou de l’autre c’est simple : mes doigts brûlants dans leurs yeux ! Peut-être que la cécité leur ferait comprendre certaines choses à ces troufions, passons.

Ma sortie de prison était le moyen de mettre mon grain de sel, petit à petit dans l’ombre, je devais gagner un réseau d’information assez fiable et amasser des richesses pour acheter des services, donner une carte pour en recevoir une autre plus adaptée à mon jeu actuel, de fil en aiguille un jour j’y arriverais. En attendant je m’étais incrusté dans une organisation encore jeune et fébrile dans son organisation, mais pourquoi pas après tout. Pour le moment, j’en revenais à ce contrat que j’acceptais malgré moi, y a pas à dire : je ne supportais pas les gosses sauf exceptions, mais ce genre-là, il me fallait énormément d’efforts pour m’empêcher de le voir mort dans mon esprit.

Je commençais donc par me renseigner sur le nom des Awadatsu et il en ressortait qu’il s’agissait effectivement d’un Clan très réputé à Nami pour leur maîtrise des bulles de tous types et c’était du Suiton, un peu mon Némésis sur l’échelle élémentaire, genre il pouvait littéralement m’éteindre si je ne faisais pas attention… Changement de stratégie.

De ce que je savais, le gamin s’en prenait aux contrebandiers et osait ruiner l’import et export de bon alcool et de tabac ? Je m’appelle pas Ryo si je lui colle pas la tête dans l’eau ce petit con ! Ah oui pas de mort pour lui, bon. Déjà un peu de repérage, les pêcheurs à Nami recrutaient beaucoup de collaborateurs pour aider à la collecte de provisions pour l’hiver qui approchait à grands pas.

Grâce à mon réseau local de connaissances, je parvins à m’infiltrer dans une équipe de six personnes sous une fausse identité : Takeda Kojiro, fils de pêcheur réputé de l’autre côté de la carte, ce qui me permettait d’approcher potentiellement le justicier en slip pour lui rendre la politesse. Le but de l'opération était simple : me faire passer pour un pêcheur local se faisant attaquer par une bande de brigands des eaux. Une fois que le héro passait à l'attaque, je pourrais déjà voir comment s'organise le garçon et éventuellement voir s'il n'avait pas de complices pour l'aider ce gnome.

Ah, jouer les gentils, jouer un rôle et abuser de la confiance des autres, pouvoir observer leurs visages crédules gober la moindre de mes paroles. Je me présentais comme le fils d’un pêcheur et motivé à faire perdurer la tradition familiale. Bah voyons, faire perdurer une vie de types qui restaient devant leur canne à attendre que le poisson daignait jouer avec ces bambins au bord de la rive, quelle connerie. Malheureusement, le plan était ce qu’il était parce que je n’avais pas beaucoup d’informations concernant ce héro en culotte courte, ni sur ses éventuels partenaires, le Clan des Bulles ne laissait jamais ou presque l’un des leurs seul, c’est quelque chose que je devais mettre au clair et le voir de mes propres yeux pour imaginer ensuite un plan d’attaque pour empêcher ce petit con de continuer ses sauvetages qui nous faisaient bien chier ! Le temps se prêtait à la pêche et le bateau de bois comportait tout le nécessaire pour exercer en toute liberté, des rayures dues à l’usure surtout montraient toute l’expérience et tout le kilométrage quelque soit la météo de ce bâteau ainsi que l’expérience de ses membres, c’était ce genre de choses qui me bluffait sérieusement : leur dévouement envers quelque chose d’aussi simple, d’alimentaire, ils allaient jusqu’à me montrer les liens familiaux qui les unissaient, ils étaient tous consanguins c’est ça ?
Quoiqu’il en soit, je les aidais dans les préparatifs de ce soir, une grande expédition allait être organisée pour aller chasser un requin-Tigre, un poisson très dangereux capable de terrasser un équipage entier de par sa force impressionnante dans l’eau. L’équipement était conséquent et l’erreur n’était pas permise, pourtant les pêcheurs étaient extrêmement confiants en leur capacité à réussir. Ce n’est que lorsque je vis notre « guide » pour cette pêche que je me mis à afficher un sourire qui montait jusqu’aux joues. Un sale gosse qui prenait ses quelques réussites pour une raison certaine de parader parmi les pêcheurs et de se prendre pour quelqu’un d’important. Un pas après l’autre, il s’approchait de nous.

« Capitaine ! Je serai votre protecteur pour cette traversée, vous pouvez m’faire confiance ! »

« Le petit Mizuki ! J’compte sur toi matelot ! »

Les présentations étaient faites, moi – ma cible, ma cible – celui qui allait te donner la fessée. Je regardais rapidement ma cible s’approcher de moi comme un enfant curieux de trouver une nouvelle compagnie, je lui souriais évidemment sans tenter de le tuer de suite, ce n’était malheureusement pas indiqué sur le contrat, je me présentais simplement.

« Kojiro, je suis fils de pêcheur et nouveau parmi l’équipage, tu vas nous protéger donc ? Par les temps qui courent on aura bien besoin d’un garçon aussi courageux que toi. » disais-je avec mon meilleur ton hypocrite mais transparente pour bien des personnes tant je savais cacher mon jeu à travers la subtilité de mes mots.

Pour le moment je n’avais commis aucune gaffe, mais je ne savais pas vraiment à qui j’avais affaire. Est-ce que ce gamin était vraiment seul ? Ou bien est-ce qu’il servait d’appât en tant que gosse pour exhorter les bandits à attaquer une protection d’apparence si frêle pour y jeter un grand coup de filet ? Dans le doute et sans informations utilisables à mon avantage je passais mon tour, comme au Poker, hors de question de faire une « all-in » dès le premier tour de jeu.

La situation avait un mérite certain : celui de m’amuser au point d’avoir bien du mal à dissimuler le sourire et l’euphorie qui parcourait chaque fibre de mon corps, y a pas à dire, j’adorais jouer contre les situations inconnues qui pouvaient même m’être fatales, rien ne m’excitait davantage. Nous sortions de l’entrepôt après une rude journée de préparation, le soleil se couchait et nous laissait la place pour le début d’une traversée en mer mouvementée.

La mission commença sur les chapeaux de roues puisque je devais supporter l’attitude de Monseigneur grand héro qui, comme je ne le connaissais pas selon lui, passa non pas moins d’une heure de route en Mer à me raconter sa vie et ses exploits. Putain de gamin en couche courte, si je n’étais pas en contrat, ta cervelle recouvrirait le parquet en bois de ce rafiot de clochards en manque de poissons. Le trajet se passait sans encombres, on engrangeait les kilomètres à la vitesse du vent qui faisait avancer le rafiot à voiles de manière raisonnable vers la zone où l’on pouvait entendre toutes sortes de ragots entre pêcheurs qui racontaient que le Requin-Tigre en question aimait énormément une plante aux propriétés hallucinogènes, et que les reflets du coucher de soleil l’amenait à s’amuser contre les parois rocheuses sous l’eau au niveau de l’ile qui leur faisait face petit à petit, à quelques kilomètres de là où l’on pouvait apercevoir le récif en question.

Personnellement si on me demandait ce que je foutais  là, je dirais que c’était une grosse connerie et que je perdais du temps ailleurs, mais j’imitais la joie et le feu dans le regard de chaque membre de l’équipage.

« Kojiro ! Prépare le filet, on va le lancer en y attachant quelques-unes de ces plantes ! Il nous faut un volontaire pour aller chercher tout ça par contre ! »

Le super héro dans son beau costume s’avança, prêt à relever tous les défis sous le sourire ébahi et à la fois extrêmement surpris de l’Errant, qui regardait sa proie se proposer de plonger sous l’eau pour chercher le nécessaire. Mais quelle aubaine bordel, sous l’eau et avec un Requin-Tigre, je pouvais simuler la perte d’une ou des deux jambes du bambin en le gardant en vie... Ainsi en était-il décidé par le destin qui voulait faire de moi son boucher, mon simple sourire suffisait à comprendre que l’idée était jouissive. Ainsi, le filet en place et prêt à recevoir les plantes aux bonnes propriétés pour leur chasse, je faisais signe au gamin qui s’enveloppa d’une bulle protectrice pour descendre sous l’eau, bordel de merde, que j’avais envie de le retourner comme une crêpe !!

Une première tentative où j’avais tenté de m’engouffrer loupée, d’autant qu’il n’était peut-être pas seul et qu’éventuellement des membres de son Clan n’étaient pas loin, dan l’équipage ? C’est probable si ces cons venaient d’un Village Shinobi et accomplissaient une mission de protection, repoussant les méchants contre rétribution, j’en avais la gerbe pour ces gosses, enfin bref. Tout se passa très rapidement, le membre du Clan Awadatsu remonta quelques minutes après avoir réussi à récupérer une belle quantité de plantes pour tisser un piège afin de pêcher le fameux Monstre marin qui était devenu légendaire et faisait certainement la convoitise de plus d’un contrebandier.

Réussite de pêcheur mis à part, ça commençait à me faire franchement chier de me cacher et surtout de ne pas avoir mes jouets en visuel pour m’amuser à les faire bouger comme je le voulais. Il me fallait un plan et j’avais bien quelque chose d’audacieux sur la manche. Alors que je tissais le piège à l’aide d’autres matelots au sein du Vaisseau, sur le pont en bois grinçant sous le poids de nos pas, l’un de mes pieds « malencontreusement » s’emmêla dans les cordages de la toile, entraînant dans ma chute le petit con qui ne s’attendait sûrement pas à ma maladresse, après toute l’adresse et l’investissement dont j’avais fait preuve pour ce seul moment d’inattention de sa part. Le résultat fut sans appel, je m’étais quand-même volontairement accroché à ce que je pouvais, en l’occurrence un cordage relié au rafiot pour ne pas tomber, en rattrapant le jeune créateur de bulles avec moi, mais le choc semblait l’avoir assommé, évidemment j’avais mis de la force sans qu’il ne s’en rende compte à un endroit précis pour que le rebord en bois vienne taper sur le bas du crâne, juste au-dessus de la nuque, et pile ce qu’il fallait pour le rendre impuissant, avec moi.

« J’ai un mal chronique à l’épaule ! Je ne tiendrai pas longtemps aidez-nous, j’entends le requin arriver !! »

Risqué ? Oui. Suicidaire ? Oui. Amusant ? Mais carrément lucette ! Et je comptais bien jouir de la réaction de ses deux camarades, accourant bien entendu de par leur expérience à une vitesse qui différait clairement de celles de pauvres pêcheurs goinfrés pour se mouvoir avec une telle précision. Je feignais aussitôt ma douleur au bras lorsqu’on m’agrippa avec urgence afin de nous faire remonter, me tenant l’épaule et reposant pied sur le Pont, Bingo !

Mes trois proies, réunies sur le même rafiot, j’en avais le sourire aux lèvres, je comprenais mieux pourquoi on me mettait en garde à travers l’annonce de mission et ce coup-ci, ils n’avaient pas fait les cons, ça m’avait épargné bien des merdes si j’avais agi trop tôt pour me débarrasser du gringalet. Restait maintenant dans une configuration en un contre trois, à réussir mon contrat qui était d’écarter ces morpions cracheurs de bulles hors du trafic totalement légal de nos chers contrebandiers, si rien n’était fait, je perdrais mon ravitaillement en tabac très spécial qui n’étais revendu qu’à Nami, il était hors de question qu’on me coupe ça sous le pied.

Le plan de base si je ne trouvais personne d’autre que le petit, était de faire sauter intégralement le Navire, ou de tuer chaque membre de cet équipage, perdu en pleine mer pour effrayer ce gosse et mettre en avant son impuissance de héro face à la dure réalité. Cependant ils étaient trois au final, un à découvert, deux en embuscade, c’était bien trouvé et ça permettait surtout de tenir enchaîné les éventuels intrus et mater dans l’œuf une rébellion où une attaque surprise de bandits déguisés. De quoi ? On parle de moi ? Mais non, rappelez-vous je suis le fils d’un pêcheur réputé et j’ai un sourire parfaitement humain. Non ? Je fais de mon mieux oh ! Bref reprenons.

La nuit était pleinement tombée et la chasse au gros poisson allait commencer, de part et d’autre du Navire en bois, j’étais chargé de lancer l’énorme filet qui allait servir d’appât, sur lequel était accroché les plantes favorites de cette bestiole marine qui aimait se défoncer aux algues semblait-il. Le noir quasi complet, deux personnes que je pouvais liquider et qui ne figuraient pas sur le contrat initial, un sourire malsain apparaissait sur son visage, alors que la partie de pêche démarrait sur les chapeaux de roues. Aussitôt avaient-ils jeté le filet autour du bateau que de nombreuses secousses vinrent percuter le rafiot.  Tout l’équipage comprenant les trois mousquetaires et moi-même contribuaient à une pêche intense qui avait le don de me faire transpirer au fil des dizaines de minutes qui passaient pour un simple requin, bordel de pêcheurs de merde.  Pour parvenir à mes mains, j’avais besoin des charges incessantes de ce poisson de malheur, alors qu’il frappait pour obtenir sa dose de bonheur, j’attachais mon couteau à un fil d’acier que j’accrochais machinalement à mon poignet droit, puis je cachais ce même couteau dans un paquet de cordage inutilisé qui traînait sur le Pont avec assez de leste pour me faire poursuivre mon activité. Deux fils de plus et je simulais l’effort en Mer à partir de ma jambe qui tirait autant qu’il le fallait pour me faire dire « Je suis à mon poste ! » Mon cul, j’en profitais immédiatement pour bricoler entre deux tentatives et coups de filet un fil assez robuste, accroché à des hameçons que je plantais lors d’un échange avec le premier gus sur les plis de son bas.

Me prendre sur le fait ? Tu te doutes bien que je faisais mes manipulations pendant qu’ils tiraient comme des abrutis sur leur foutu filet. Toujours était-il que le fil d’acier relié au premier type était lui-même relié à un autre hameçon que j’avais préparé avec ces fameuses algues dont le requin raffole, le but ? Faire en sorte que dans la nuit noire, le Requin choppe cet hameçon et se le bloque dans la gueule. S’il avait assez de force pour tracter notre navire, un mangeur de bulles croyez-moi qu’il allait sûrement faire le vol plané de sa vie hahaha !

Quelle tragédie, mais quelle tragédie. J’avais bien entendu repéré les fréquences d’apparition du Requin après plus de six tentatives infructueuses, et j’avais balancé mon piège à destination du requin. J’avais tellement eu de temps libre et d’inattention de la part des gosses, que je préparais le même piège et l’accrochait au second gus, en simulant que le filet devait être rafistolé à un certain endroit, chose évidemment fausse mais la nuit était mon meilleur alibi et une source d’inconnue pour tous.  D’un coup, et d’un seul, le Requin avait repéré mon Happy Meal préparé spécialement pour lui et d’un coup sec avait emmené le filet, et avec lui les deux guignols qui, sous mon sourire satisfait et vicieux, s’envolaient par-dessus bord. Oh sur le coup, en bons Shinobis, ils avaient pu se raccrocher en utilisant leur chakra au rebord du Navire, faisant perdre l’équilibre un instant à tous, mais moi je savais par où ils allaient prendre leur bain, et j’avais… un couteau !

« Bonne nage messieurs ! »

Aussitôt, deux coups de couteaux vinrent abréger les résistances de mes partenaires de pêche, les jetant en pâture au requin, et trop choqués par la chute précipitée, ils en avaient perdu leur voix, abrutis va. Le couteau ? Simple efficace, j’avais accroché un fil pour le récupérer du corps du second couillon, ne laissant aucune trace sur leurs dépouilles éventuelles, si elles n’étaient pas broyé par les mâchoires assurées  du Requin-Tigre. Repu, il avait disparu dans la Mer Rouge, laissant derrière lui un gosse apeuré et impuissant, ayant perdu deux camarades suite à une prise tragique avec le filet et la bête, ah, le monde, faut s’en méfier hein haahahahaha !

Feintant le traumatisme, je n’avais pas dit un mot de tout le trajet, et avait profité du relâchement du gosse pour me débarrasser des preuves dans l’eau. Lorsque l’arrivée au Port se fit, je profitais de la couverture de la foule en abois pour prendre la tangente non sans sourire devant l’échec de ce petit con, il était fini et moi, j’avais gagné assez pour être satisfait.