Matin ensoleillé sur le balcon du petit appartement de Nanabe, elle profitait des premiers rayons de l'astre du jour devant un petit-déjeuner bien méritée. Elle s'était levée plus tôt que d'habitude pour l'entraînement aux alentours de quatre heures du matin alors que le soleil n'avait pas pointé le bout de son nez. Le village était particulièrement calme en fin de nuit, elle n'avait croisé que quelques shinobis aussi déterminées qu'elle à progresser. Bien sûr, elle avait aussi rencontré quelques patrouilles du Mihari - Hoankan, ils s'étaient salués puis elle avait repris sa route.
Arrivée aux plateformes d'entraînement après un footing d'une demi-heure en passant par les passerelles d'accès. La kunoichi s'était évertuée à bosser une technique propre au clan Mekata, elle cherchait à augmenter la vitesse de ses déplacements ainsi que de ses attaques. Pour cela, elle espérait contrôler la technique d'allègement du clan, une technique nommée Kyūsai. Celle-ci permettrait d'alléger son corps afin de réduire sa résistance à l'air et donc de pouvoir se mouvoir avec plus de rapidité. Enfin, c'est après une heure et demie d'entraînement sans avoir réussi à maîtriser cette technique qu'elle rebroussa chemin, déçue. Pourtant, elle maîtrisait déjà les deux premiers stades d'allègement de la feuille Mekata permettant d'effectuer de courts mouvements d'esquive en réduisant son poids. Il lui manquait quelque chose qu'elle n'avait pas encore réussi à trouver.

En tout cas, elle méritait donc bien son petit-déjeuner copieux pour avoir bosser durement. D'ordinaire, elle ne se serait pas levée si tôt, mais aujourd'hui, on lui avait assigné une mission. Hier, dans la matinée, elle avait été convoquée au palais du Raikage pour recevoir une missive de la part du service d'attribution des missions. Ceux-ci lui avait confié une mission en solitaire, une mission qui ne l'enchantait guère. Elle avait rendez-vous à la bibliothèque de Kumogakure no sato. C'est au pic de l'Aiguille que l'on trouve l'ensemble des bâtiments, services et unités liées à la science et à la culture. Kaminari no kuni et Kumo en particulier était vraiment parmi les lieux les plus à la pointe sur un plan scientifique. Malgré que Nanabe ne fasse pas de la science une priorité dans sa vie de par sa nature Mekata, elle a toujours la curiosité de s'y intéresser. En avalant sa dernière gorgée de jus d'orange, elle pensa à sa mère Nene Mekata qui l'avait poussé à rejoindre le village caché par les nuages. Le principal argument de Nene avait été la proximité géographique avec les montagnes, mais au fond n'avait elle pas aussi cela en tête. Si c'était le cas, c'était vraiment une belle preuve d'amour et il faut admettre que Nanabe se plaisait au pays de la foudre, malgré quelques inconvénients.

C'est donc équipé qu'elle se rendit à l'Aiguille, puis devant la grande bibliothèque. Là, elle ne fut accueillie par personne. À l'entrée du lieu, se trouvait un gigantesque bureau de bois de cerisier parfaitement ordonné. D'après la missive, elle aurait dû retrouvé le bibliothécaire de Kumo, Sekigaku Ren. La rumeur le voulait plutôt bizarre et farfelu, mais ce n'était pas un mauvais bougre et surtout, il serait parmi les têtes les plus brillantes de tout Kaminari no kuni. Une personne qui méritait le respect pour ses connaissances et son expérience inestimable. L'idée de passer la journée à faire du rangement ne motivait vraiment pas la jeune genin, mais passer du temps auprès d'un homme comme lui pourrait lui être profitable. Elle se ferait donc violence...

Objectif:

Ren Sekigaku, la jeune kunoichi se demandait à quoi il pouvait bien ressembler. Un bibliothécaire ça devait sans doute être de corpulence plutôt fine, il devait avoir un certain âge au minimum cinquante ans puisqu'on le disait fantasque peut-être était-il affublé de frusques colorées ou bizarres ? Il ne devait pas être très beau. Elle l'imaginait bien chauve, porteur d'une barbe ou d'une moustache éventuellement. Il devait avoir des verres de contact ou peut-être un monocle. À coup sûr, il avait des allergies comme au soleil pour ne jamais sortir de sa précieuse bibliothèque. Il pouvait aussi être allergique à la poussière ce qui serait un comble pour un vieux bibliothécaire, mais au fond ça amuserait Nanabe. Imaginer son tortionnaire du jour allergique à la poussière décrocha un léger sourire à la jeune femme :

Qu'est-ce que vous avez à sourire, grommela une voix interrogative venant des rayonnages situés à droite du grand bureau ?

Nanabe perdit son sourire en découvrant un vieux type tout ronchon, il n'était pas tout à fait comme l'avait imaginé la jeune femme. C'était une vraie montagne de muscle, il avait peut-être cinquante ans, mais ça ne se voyait absolument pas. Le bibliothécaire était plutôt bel homme, il possédait une jolie chevelure mi-longue d'un blanc de neige et il avait bien une moustache de même pigmentation. Une paire de lunettes à monture noire qui recouvrait un regard perçant d'un bleu ciel presque acier, magnifique. Par contre au sujet des vêtements, elle était dans le vrai. Il avait des muscles et aimait les montrer à première vue, il portait un veston de coton blanc beaucoup trop petit pour lui. Il laissait même voir son nombril, des brassards blancs à rayure rouge sur les avants-bras. En guise de bas, il portait un short blanc et des sandalettes blanches puis un lacet noir autour du cou. Drôle de dégaine pour un bibliothécaire, mais enfin bon.

Qu'est-ce que vous attendez, maint... keupf... keupf..., dit-il en se raclant la gorge à la suite de cette tentative de prise de parole. Rah, bordel. Suivez-moi, il y a du boulot crétin de genin, grogna-t-il en chuchotant cette fois.

Ahah ! Il était peut-être bien allergique à la poussière. S'ensuivit une longue marche à travers le dédale des rayonnages où reposaient des centaines, des milliers peut-être même des millions de livres. Durant la visite, le père Sekigaku ne cessa de se plaindre du genre de genin qu'on lui envoyait pour ranger ses rayonnages. Il se lança dans de grands discours sur la jeunesse, le respect, la décadence du monde shinobi et plus particulièrement de la nouvelle génération de kumojin. Enfin, hormis sa drôle de constitution pour un homme de lettre, Ren Sekigaku était un vieux ronchon comme beaucoup d'autres vieux ronchons.

Très bien, tu vas me ranger l'ensemble de ses livres, ordonna-t-il en pointant du doigt une montagne de bouquins tous plus gros les uns que les autres.

Il devait y en avoir plusieurs centaines, là posé à même le sol et la tâche prendrait à coup sûr la totalité de la journée de Nanabe :

Hum, il y a bien un chariot sur lequel je pourrais transporter tout ça, demanda la kunoichi ?

Ren fronça ses gros sourcils blancs derrière sa monture de lunettes puis sourit d'un sourire sadique :

Nullement, Nanabe Mekata tu vas devoir le faire à la main. Un chariot abîmerait la sublime moquette de cette bibliothèque, expliqua le vieux fou.

La gueule de Nanabe s'assombrit d'un coup devant l'ampleur de la tâche :

Et vous, vous allez m'aider, interrogea-t-elle ?

Ren Sekigaku fit demi-tour et la laissa sans réponse audible, mais avec une réponse pourtant tout à fait clair.

Nanabe s'ennuyait ferme bien qu'occupé entre les allers et retours entre le tas de bouquins et les rayonnages de la bibliothèque. C'était un foutoir pas possible, Ren Sekigaku était passé deux ou trois fois pour contrôler son travail, il n'était pas commode. Néanmoins, il lui avait expliqué que c'était le résultat des irrespectueux de la génération de Nanabe qui comprenait les personnes de seize à vingt-cinq ans d'après lui. Ils étaient des personnes qui empruntaient un livre le temps d'une heure ou deux sans jamais sortir de la bibliothèque et reposait l'ouvrage où bon leur semblait. Les bouquins finissaient donc par ici. Ren se plaignit de ne pas avoir de personnel pour gérer tout ça à plusieurs reprises. Malgré ses efforts, la jeune femme ne parvenait pas à lui arracher autre chose que quelques ronchonneries, elle n'avait encore rien apprit de ce brillant cerveau du pays de la foudre.

Par conséquent, elle décida de profiter de ce moment pour se renseigner sur un domaine ninja qui lui était encore peu connu. Le fuinjutsu, l'art des sceaux un domaine que la plupart des membres du clan Mekata pratiquaient. Kinsue le regretté père de Nanabe pratiquait lui aussi cet étrange art shinobi permettant de sceller des techniques chakratiques, stocker des objets ou autres techniques. Certains pratiquants étant capable d'entraver les mouvements adverses voir d'immobiliser complètement un être vivant. Les Mekata s'en servaient notamment pour maîtriser la densité d'autrui ou d'un objet, ils étaient capables d'alourdir ou d'alléger un être vivant ou bien un gros rocher.

Elle choppa une dizaine de livres traitant de fuinjutsu et se dirigea vers le rayonnage approprié avant de commencer à les ranger. Une fois fait, elle s'octroya une petite pause et choisi un peu au hasard un des bouquins qui traitait du sujet. Dans ce livre, il était question des applications particulières du fuinjutsu qui ne relevait pas du scellement, du stockage ou des entraves possibles. Il y était question de maître en fuinjutsu qui avait inventé le sceau explosif permettant des techniques dévastatrices comme Nenrei no owari no shīru, le sceau de fin des âges qui permettait d'utiliser un sceau explosif sur une large zone. Dans un autre chapitre, elle apprit que les sceaux permettaient également de se prémunir contre certains genjutsu, ces techniques fourbes d'illusions qui permettent de vous plonger dans un rêve éveillé ou de vous faire subir mille tortures mentales. Un sceau qui serait très utile à Nanabe en temps voulu, il allait falloir se mettre à bosser sur le sujet. Trouver un professeur peut-être ?

Encore à flemmarder, Nanabe Mekata. Ta mission est de ranger les livres et non de les lire, fustigea le bibliothécaire.

Oh ça va ! C'est la première fois que je m'arrête cinq minutes pour compléter mes connaissances, c'est bien tout ce que je vais pouvoir retirer de cette mission, gronda la kunoichi !

Ren Sekigaku s'approcha de la jeune fille à grand pas :

Eh bien tu n'as pas ta langue dans ta poche genin, tu veux apprendre, hein ?!

Quitte à être coincé ici autant m'en servir pour devenir plus forte, argua-t-elle le regard plein de détermination. Tenez, on va dire que c'est donnant, donnant, j'ai trouvé ce livre de fuinjutsu qui donne notamment la recette d'un sceau permettant de repérer les irrespectueux comme vous dites, proposa-t-elle en désignant une page du livre qu'elle venait d'ouvrir.

Ren Sekigaku s'arrêta un instant surpris par la proposition de la jeune femme, et il sourit.

Un sceau qui permet de déceler les irrespectueux, tu dis, questionna le bibliothécaire ? Cela m'étonnerait, mais explique toujours, ponctua-t-il.

Ren Sekigaku ne semblait pas convaincu par la trouvaille de la jeune femme. Pourtant, Nanabe avait bien une idée pour piéger ceux qui ne remettaient pas les livres à leur place. Dans cet ouvrage, il était question d'un sceau de limitation plutôt simple qui réagissait selon sa localisation. Il suffisait de maquer l'emplacement de chacun des livres sur les étagères de ce sceau ainsi que le bouquin en question. Et si l'objet était replacé sur un autre sceau ou bien dans une zone non localisé par les sceaux, un bruit sonore et violent se déclenchait. Il fallait aussi quadriller la zone d'un plus grand sceau recouvrant la bibliothèque, mais c'était faisable pour des experts en fuinjutsu.
La native des montagnes expliqua donc son idée au maître des lieux qui écouta attentivement puis finit par se mettre à rire. Il explosait littéralement de rire, il rigolait à gorge déployé incapable de s'arrêter :

Tu as vraiment été cherché le sceau à sa mémère, c'est d'ordinaire un vieux sceau de ménagère destiné à organiser le rangement dans une maison, expliqua le vieux sage. Néanmoins, je dois admettre que l'application que tu lui donnes pourrait bien être efficace face aux malappris de ta génération. Tu m'as convaincu, Nanabe Mekata, je vais étudier ta proposition, tu peux profiter de cette punition pour t'instruire entre deux livres rangés, autorisa le bibilothécaire.

Une victoire, une petite victoire, mais une victoire quand même pour la kunoichi. Une fois que son superviseur du jour fut parti, elle se replongea donc dans le bouquin de fuinjutsu qui l'intéressait. Elle en lut le contenu à une telle vitesse qu'elle se surprit elle-même. Nanabe avait dévoré l'ouvrage passionné par le sujet qu'il traitait. Elle en vint même à s'imaginer experte dans ce domaine, elle voulait développer ce domaine des arts shinobi.
Elle pensait commencer par des choses simples pour se familiariser avec l'art délicat de tracer des sceaux peut-être un sceau explosif tout simple. Il paraissait que les futures générations de kumojin était sensibilisé à ces techniques. Elle devrait peut-être se tourner vers un professeur. La jeune femme était arrivée à Kumo avec un niveau suffisant pour devenir aspirant ninja dans la foulé. Elle n'avait donc pas bénéficié d'une formation suivit par les professeurs kumojin, mais rien ne lui interdisait de se trouver des enseignants libres. Les sceaux explosifs seraient sans doute un bon choix de départ qui compléterait bien ses capacités en taijustu. Et ce sceau, permettant de se libérer d'illusions, ne serait pas de trop non plus.


La fin de la journée approchait lorsque Nanabe eut enfin fini de ranger l'ensemble des bouquins, les étagères n'étaient plus orphelines et Ren Sekigaku réapparut à ses côtés :

Eh bien, tu as fait du bon boulot pour une jeune fille puni. Tu y réfléchiras peut-être à deux fois avant de menacer des camarades, sermonna le vieux. As-tu trouvé ce que tu cherchais dans ces ouvrages de fuinjutsu ?

C'est vrai que ce qui lui avait valu cette mission un peu pourrie, c'était son altercation avec Genji et Karin sur le chemin des plateformes d'entraînement la dernière fois. Ce chuunin de l'Hoankan lui paierait un jour de l'avoir balancé. Enfin, disons que c'était un mal pour un bien, car elle avait pu se décider à étudier le fuinjutsu et en apprendre plus sur ce domaine :

Oui, en effet j'ai trouvé des choses intéressantes, avoua Nanabe.

Ton idée n'était pas mauvaise, je verrai si je peux la mettre en pratique avec quelques spécialistes. On renforcera aussi la sécurité de la bibliothèque grâce à cela, enfin, j'espère, remercia le vieux. N'hésite pas à revenir me voir, je pourrais peut-être t'apprendre deux ou trois choses et les bouquins comme tu dis encore bien plus, proposas le fantasque surveillant de l'établissement.

Une mission accomplie, mais franchement espérons que la suivant sera plus rythmé...