Le calme.
Au cœur de la tempête, Rin avait enfin trouver le calme. La sérénité. Qui aurait cru que la mort était, au fond, si douce ? Les spectateurs avait retenu leurs souffles, et l’annonce du vainqueur avait balayé le sacrifice et les idéaux du perdant. Telle une prophétie, les paroles du garçon retombant dans l’anonymat aussi vite qu’il avait côtoyé la célébrité se réalisaient. Il allait bien terminé son examen à l’hôpital. Loin de chez lui. Il aurait bien aimé rajouté loin de ses proches, mais le garçon n’avait aucun proche.

Il se considérait comme un solitaire. Et solitaire il était.

Les médecins étaient inquiets, ils s’agitaient autour de lui, dans ce qui ressemblait à un chaos organisé, effectuant le nécessaire pour enrober le corps meurtri du garçon dans des bandelettes de chakra. L’un avait placé sa main sur la poitrine pour maintenir artificiellement son cœur en activité, qui avait cessé de battre à cause du choc. Sous les hurlements du public en folie, félicitant le vainqueur, on écartait le perdant de la vue de tous. L’autre plaçait d’étranges tubes dans ses poumons, y injectant directement de l’air. Tout était fait ici pour le maintenir artificiellement en vie.

Mais lui, il n’était pas inquiet. Dans se flirte avec la mort, il entrait dans une sorte de grande sérénité. Il avait souvent imaginé cet état de fait, lorsqu’il subirait la rixe de trop. Il avait pensé, et avait fait l’inventaire des gens qui regretterait sa présence, et qui pleurerai sa mort. Peu, peut être même personne. Finalement, face à cette évidence, il ne craignait pas de passé de l’autre côté. Peut être que là-bas, le monde serait plus clément avec lui.

Lorsqu’il arriva à l’hôpital, le médecin avait déjà était prévenu, et avait déjà reçu le dossier du patient et les informations principales. Au fond, l’état de Rin se confondait avec celui d’une victime d’un incendie. Le spoumons obstrué par la cendre et la suie, une intoxication à la fumée, de multiples brûlures de l’œsophage et des alvéoles pulmonaires. Dans cet état critique, se situant entre la vie et la mort, on fixait le Responsable pour savoir les ordres.

Les premières analyses génétiques et anatomique ainsi que la préparation d’une salle d’opération spéciale furent commandé. De la, on découvrit que le génome du garçon était… anormal. Tout comme son poids. Il était bien trop léger, et son ADN apparaissait comme mutant. Mais est-ce qu’il y avait du temps à perdre en expérience alors que la vie d’un garçon était en jeu ?

La Salle 24.
Peut-être que, dans l’histoire de l’hôpital, on retiendrait ce patient, et le numéro de cette salle. Peut-être que tout serait fait pour que cette opération tombe dans l’oublis. Par ordre du médecin, le corps meurtri du garçon avait été déposé dans un assemblage complexe de sceaux et d’équipements médicaux de pointe. Le complexe Kudo Rea était à la hauteur de sa réputation. A une époque plus ancienne, le garçon n’aurait probablement pas survécu à ses blessures.

Le médecin en charge de l’opération s’avance, et coupa une bonne poignée des cheveux du garçon. Il lui parlait d’une voix douce, mais son patient ne pouvait l’entendre. Son esprit était plongé dans un noir abyssal, alors que son corps s’éteignait peu à peu. Mais est-ce que les Shinobi de Konoha l’entendait de cette manière ? Absolument pas. Le médecin commença son miracle. Une brume rougeâtre s’éleva, et teinta le sceau iroujutsu du médecin. Mais il continua, ignorant ses premiers signes que quelque chose d’étrange ce passait.

En réalité, la suite fut de plus en plus inquiétante.

Dans un premier temps, l’air ambiant commençait à se mettre en mouvement. En éveillant et en accélérant la régénération des cellules du garçon, sa nature d’assimilateur s’éveillait également peu à peu. Alors que le chakra du médecin agissait sur ses poumons, les alvéoles du garçon se remplissait d’elle-même d’air. Son corps lui, dégageait un air chaud, non sans être un peu cendré, comme si ses cellules évacuaient le surplus de toxine et de carbone du corps.

La brume rouge commença à devenir tourbillon, et le corps du garçon se distordit dans les airs, non sans faire bouger les équipements médicaux. Plus l’opération avançait, plus les cellules se regénérait, plus la chevelure du garçon sur sa tête grandissait et l’échantillon récupérait se réduisait à peau de chagrin… Plus le vent qu’il dégageait devenait clairement perceptible, et les distorsions de son corps visible. A un moment, il devenait pâle, presque transparent. Puis, le médecin termina l’opération.

Badum !

Et alors que les battements de cœur reprenaient, et que le garçon respirait de lui-même pour la première fois depuis quelques minutes, il se redressa soudainement, haletant. Non pas sans tousser, comme par effet de réminiscence. Rin fixa le médecin, tremblotant. Son corps était lourd, c’était presque comme s’il pesait une tonne et demie. Tout comme ses paupières. Il grimaça, alors que son corps hurlait de douleur.

« Qu…qu’est-ce… qu’il *han* se passe ? Je…*han ! haf* où ? »

Apparence de Rin

Un flirt avec la mort.

Le garçon fixait le médecin, alors que sa crinière blonde, lui arrivant désormais jusqu’à la taille, dansait avec le vent qui s’échappait autour de son corps. Dans son regard d’un bleu de glace, il ne semblait se dégageait aucune expression. Pas un sourire, pas de larme. Juste un état hébété, silencieux, et essoufflée.

Puis une grimace. Son corps lui rappelant la douleur, chaque respiration ravivant le brasier dans ses poumons. Il était hors de danger, mais à quel prix ? Le garçon fixait alors ses membres, comme s’il redécouvrait son corps à un rythme lent. Il se sentait lourd. Trop lourd. Est-ce qu’il n’avait jamais était aussi pesant qu’aujourd’hui ? Lui qui avait tout donné, il avait perdu. Lui, à qui la vie n’avait pas offert un foyer aimant, se raccrocher encore et désespérément à la vie.

Une seule question en tête : pourquoi ?

Rapidement, on installa le garçon sur un brancard avant de le transporter dans une chambre. On lui enleva alors les bandages, laissant voir son corps grièvement brûlé, avant de lui tendre un verre d’eau qui, rapidement, fini par désaltéré sa gorge asséchée par la cendre. Le médecin fit de même. Visiblement, son cas n’avait pas été facile pour lui. « Comme toujours… » soupira intérieurement le garçon. Il avait toujours dérangé ceux qui s’approchait un peu trop près de lui, si bien que finalement, cette complainte c’était fondu avec le fond sonore habituel de son quotidien.

Finalement, il avait atterri ici, presque nu, devant ce médecin. Avec ses cheveux longs et son visage fin, on aurait presque pu le confondre avec une fille. Un véritable androgyne, entre deux états, et seul l’absence de poitrine, et la forme qu’arborait le caleçon du jeune homme indiquait qu’il était bien un garçon. Il attendait patiemment, le regard dans le vide. Il avait perdu. Il n’avait donc plus rien à perdre ? Il le savait, il ne passerait probablement pas Chûnin. D’ailleurs, cela était le cadet de ses soucis. Au fond, ce qui tiraillait le jeune homme, c’était la sensation de soulagement qu’il avait vécu lorsque tout c’était éteint.

L’égalité, peu importe le nom, face à la mort, l’avait mystifié. Il avait entrevue la liberté, la vraie et palpable liberté, lorsque le dernier souffle jaillit du corps humain.

Une réelle intervention divine. Ce qui rendait la prouesse médicale encore plus impressionnante.

« Vivant, j’imagine… » répondit-il simplement à la question du médecin.

Le garçon fut pris d’une quinte de toux, avant de continuer.

« Merci, Docteur Kudo. »

Le garçon fixait le docteur, avant de demander la question qui lui brûlait les lèvres. Ou bien était-ce à cause de ses blessures ?

« Docteur, avez-vous eu beaucoup de patient dans un état similaire au miens ? Je veux dire… Proche de la mort ? »

Le garçon était curieux. Curieux de savoir s’il était le seul à avoir ressenti ce qu’il avait ressenti.

« Comment se sentait-il après ça ? Je veux dire… Est-ce qu’ils avaient quelque chose en commun ? »

Et surtout, est-ce qu’ils s’en sortait indemne ?

Le garçon garda le silence. Suku était probablement trop terre à terre pour saisir le message qu’essayait de lui transmettre Rin. Si le docteur s’attachait a décrire les tenants et les aboutissants de cette opération, le garçon aux cheveux d’or lui, entendait par sa demande si certains des patients ayant flirté avec la mort, avaient eux aussi, ressentis cette sorte d’euphorie.

Mais rien de tout cela n’apparaissait dans le message du talentueux médecin de la feuille. Le garçon fixa de son regard azur le médecin, qui décrivait symptômes et bonne conduite à tenir. Immobilisation pendant un temps, rééducation et autre…  Rin ne pensait pas que son village accepte ne serait-ce qu’une de ses conditions, mais il préféra passer sous silence cette information. Si la question était la cendre dans ses poumons, il pourrait simplement disparaître pour la laisser retomber au sol, et tout redeviendrait comme avant…  non ?

Le Djinn écouta la suite, triturant de sa main droite une de ses mèches de cheveux. Ils avaient largement poussé en un temps records…est-ce que cela avait un lien avec sa guérison miraculeuse ? Probablement aurait conclu Rin. Et son intuition était manifestement la bonne. Pour survivre, on lui avait enlevé quelques années supposées précieuses. Une sorte de régénération cellulaire vitesse grand V.

À l’annonce de la nouvelle, le garçon ne broncha pas. Il fixa ses cheveux, avant de répondre simplement.

« Vous avez fait votre travail, Docteur Kudo… »

Le garçon releva les yeux, les fixant dans le regard vermillon et visiblement désolé de celui qui lui avait sauvé la vie. Il lui afficha un maigre sourire.

« N’ayez pas d’inquiétude,  l’espérance de vie d’un Ninja est généralement courte. Plus courte que les autres, du moins. Ce n’est pas grave… C’est peut-être même mieux comme ça. »

Pendant un instant, Rin marqua un silence. Il se détaillant les traits du Docteur, qui le fixait avec ce regard qu’il n’avait que rarement vu. Celui d’une personne qui ne vous voulait que du bien. Pendant cet instant, le garçon avait presque l’envie d’éteindre cet homme qui lui avait déjà tant donné sans jamais rien demandé en retour, et qui ressentait en plus le regret de ne pas avoir pu en faire plus. Cet instant de beauté fragile, le Djinn du désert en profita chaque seconde. Si bien qu’il eu le début d’une impulsion, avant que la réalité ne le rattrape. Le jeune homme s’arrêta, et détourna le regard, comme apeuré.

Le contact humain lui donnait la nausée. À chaque fois, il avait l’impression de s’évanouir. Il fallait mieux éviter.
« Ça va aller, Docteur. Ne vous inquiétez pas. Et puis, ce n’est pas comme si j’étais une source d’inquiétude pour qui que ce soit. Alors, vous ne craignez rien. »

Le garçon souriait, mais d’un sourire livide, avec un regard neutre. Personne n’avait demandé de ses nouvelles, il le savait. Il était un solitaire. Il aurait pu mourir, et terminer dans une fosse, personne n’aurait pris la peine de s’inquiéter de son sort.

Une triste vérité.

Le poids d’une main.

Le Docteur avait cru bon de poser une main amicale sur la frêle épaule de l’Hizori. Ce dernier ferma les yeux, affichant malgré lui une grimace, comme si ce simple contact lui était douloureux. Ce qui était, en soit, une vérité. Fort heureusement, il y avait un vêtement entre son épaule et la main. Cela n’avait rien de réel, et Rin le savait, pourtant, il ne pouvait s’empêcher de ressentir cette sensation de nausée le prendre aux tripes.

Le reste, le docteur lui confirmait une évidence. Manifestement, Konoha était bien différent de Suna. Du moins, en apparence. Hazure n’était du genre à s’apitoyer sur le sort de ses troupes. Pour Rin, elle considérait les Shinobi du sable un peu comme des pions sur un échiquier, pour servir le village du sable. Rien de plus, ni de moins. Juste des pions, avec un nom et des capacités.

Mais la vie dans le désert était, de facto, bien moins clémente que la vie dans une forêt.

« J’imagine que la culture est différente ici. Mais là-bas, nous vivons dans un véritable désert… Nos problématiques sont plus l’eau et la faim, et les Shinobi sont désormais là pour y répondre. »

Du moins, encore une fois, en théorie. Rin n’avait aucune idée des objectifs du sable en tant que tel. Récupérant le verre d’eau du médecin, le garçon bu quelque gorgée. Le docteur était gentil avec lui. Plus gentil que de nombreuses personnes soi-disant proche de lui. Et Rin ne pu s’empêcher de lui rendre son sourire. Suku lui souriait, et le garçon ne pouvait s’empêcher de remarquer sa beauté. Avant de détourner les yeux à sa question.

« Ah euh oui… Vous n’avez pas regardé le combat du colisée… »

Le garçon avait perdu son sourire. Son regard était comme un océan de tristesse, insondable en profondeur.

« Je suis bien un Hizori, mais je ne maîtrise pas le sable. Je suis… Déficient. » avoua-t-il finalement.

Le garçon croisa ses mains sur sa cuisse.

« Mon chakra est de nature Fûton. Je n’ai pas de Kekkei Genkai particulier, mis à part celui de contrôler le vent. Ce qui en soit, n’est pas vraiment un Kekkei Genkai… Mais voilà, je ne sais faire… Que ça. Mon chakra est paradoxalement assez instable. Parfois, quand mes émotions sont trop fortes, il s’échappe des pores de ma peau comme une sorte de bourrasque. C’est inoffensif, mais c’est comme ça. Et du coup, le clan Hizori voit ça d’un très mauvais œil… »

Il se tourna vers le médecin.

« Mais qu’est-ce que vous avez vu dans mon ADN, exactement ? »