Dame Sano avait reçu un courrier en provenance de Suna, quelques jours auparavant. La Daimyô était toujours ravie de recevoir la Kazekage en poste à Suna. Elle l’avait nommée elle-même car elle savait qu’elle pouvait lui faire confiance. Après tout la Moniale avait participé à sa transformation en ninja respectable. Le fait qu’elle vienne ici à Minami pour la rencontrer montrait un besoin d’aide de la part de la Tegami. Sachant le jour de son arrivée au Palais, Kane avait libéré toute sa journée pour recevoir la femme qui dirigeait le Village caché du Sable.

Le jour même, elle était reposée comme bien souvent. Habillée comme d’habitude avec simplicité, elle attendait la jeune femme qu’elle appréciait tout particulièrement. Lorsque la porte de la Grande Salle s’ouvrit, un sourire amical apparut sur le visage de la Daimyô ravie. Elle laissa la Kazekage saluer de manière très officielle la vieille femme, qui laissa faire. C’était un cérémoniel normal entre la dirigeante du Pays du Vent et sa subordonnée, même si parfois on se demandait qui tenait les rênes du pays. Mais la longue expérience de Dame Sano n’était plus à démontrer. Après qu’Hazure ait exposé les raisons de sa présence, la Moniale présenta la chaise près d’elle et dit avec une voix douce mais ferme malgré son âge.
"Hazure, mon enfant. Je suis content de te voir. Explique-moi tout en détail. En commençant par cet Hizori. Je pense que le Jinsei peut attendre un peu. Quelle est cette vision des choses de la part de cet homme qui veut devenir chef de clan ?"
Dame Sano était curieuse d’en apprendre plus sur cet homme qui souhaitait prendre place à la tête de son clan. Une ambition louable, tant qu’on se souvenait que la politique requérait aussi des concessions. Combien de fois elle-même avait dû être moins directive pour ne pas brusquer le peuple ? Elle ne les comptait plus. Mais si La Kazekage elle-même trouvait que l’Ambitieux Hizori était problématique, chose que décelait assez aisément la Daimyô au regard de l’hésitation de son ancienne élève, c’est que le souci était grand.

La moniale écouta avec calme et attention la jeune femme. Ainsi un Hizori voulait changer les préceptes de son clan d’une manière peu orthodoxe. De ce que comprenait la vieille femme, cet enfant souhaitait ne servir que Suna. Pourtant ce n’est pas simplement Suna qu’ils servaient c’était tout Kaze. La vieille femme sirota doucement son thé le temps de réfléchir. Posant délicatement sa tasse en argile bleu nuit, la Daimyo soupira. Les tenants et aboutissants de cette décision aurait des conséquences importantes. Hazure faisait bien de venir lui demander conseil. La femme à la tête du Pays du Vent lui sourit et dit avec calme.
"Je me doute bien que cette vision des choses t’arrange. Mais il ne faut pas oublier que les Hizori ne servent pas seulement Suna. Certes, Suna est une composante essentielle du pays, malgré que tout ne soit pas réglé notamment avec les voleurs qui y étaient établis. Mais les Hizori servent tout autant Kaze que Suna. Pour preuve, certains des membres de ma garde sont des Hizori. Bien que je n’ai pas nécessairement besoin d’eux."
Avant qu’Hazure ne réagisse la dirigeante de Kaze posa une main bienveillante sur sa subordonnée.
"Ne t’inquiète pas, mon enfant. Aucun d’entre eux n’ira répéter ce qu’il se passe ici à Dame Hina."
La Moniale s’était assuré que leur loyauté allait d’abord à elle-même avant d’aller à la cheffe de leur clan.
"Je suppose que tu lui a rappelé cette importance, n’est-ce-pas ?"
Dame Sano l’espérait, mais cela pouvait arriver que ce détail ne soit pas abordé à cause de la tournure de la discussion. La Daimyo n’en voudrait pas à Hazure d’avoir omis ce point.

La discussion continua et la jeune Tegami exposa son dilemme. C’était en effet une décision compliquée, sachant qu’elle pouvait utiliser ses informations à son avantage dans les deux cas. Accepter de soutenir un jeune sot qui pourrait le payer de sa vie et donc s’adjuger la colère des Hizori qui la verrait comme une opportuniste et perdrait par la même leur soutien. Ou condamner un ninja fidèle pour essayer d’obtenir des faveurs, qui n’étaient pas sûrs. La vieille femme soupira et répondit toujours avec ce calme comme si tout lui coulait dessus comme de l’eau.
"Il y a une autre solution. Plus perfide. Tu informes Dame Hina de la vision de ce jeune homme pour le clan. Dans le même temps, tu assures être du côté de ce dévot et tu vois ce qu’il se passe. Mais, essaie de calmer les ardeurs du petit dévot. Car à vouloir aller trop vite, il risque de créer une guerre interne et ce n’est jamais bon. Ni pour le pays, ni pour le clan en question. Rappelle-lui que Suna n’est qu’une partie du pays et que le pays prévaut sur un village ninja aussi important soit-il."
Cette méthode avait ses bons et ses mauvais côtés aussi, mais cela permettrait à la Kazekage de pouvoir tirer sur les bonnes ficelles quand ce serait nécessaire. Dame Sano ajouta sur le même ton doux.
"S’il faut, pour calmer Dame Hina, explique-lui que tu tiens le jeune Hizori tranquille. Même si cela est faux. Elle n’a pas besoin de savoir si tu échoues à tenir un jeune chien fou en laisse. Et s’il se montre trop pressant, n’hésite pas à punir. Prendre la tête d’un clan c’est bien beau, mais comprend-t-il ce que cela implique ?"
La Daimyo partait du principe que son ancienne élève savait tenir ses ninjas. Sinon elle ne lui aurait jamais confié la direction de Suna.

La Daimyo avait proposé à sa subordonnée une solution plus perfide, plus discrète et surtout ne possédant que des avantages. En effet, si la Kazekage se positionnait pour l’un ou l’autre des deux rivaux, elle pourrait à terme perdre le clan, si le résultat escompté n’était pas celui obtenu. Ce qui mettrait la chef de Suna dans une position délicate et il était hors de question que cela arrive. Or mettre les deux en confrontation, comme le proposait finalement la Tegami offrait l’avantage de montrer une certaine neutralité, tout en gardant l’ensemble de ses forces vives. La Moniale sourit en écoutant cette idée.
"Excellente idée. Cela te permettra de te montrer au-dessus des préoccupations de ce clan, t’offrant ainsi plus de largesse sur la situation. Excellente idée. Car ainsi tu sauras aussi à quoi t’en tenir."
Décidément, la Kazekage s’améliorait de jour en jour. La jeune Hazure devenait de plus en plus capable de gérer le village de Suna seule, même si la chef de Kaze préférait encore qu’elle vienne la voir pour gérer le village. Cela lui permettait d’avoir la main mise sur un village ninja important pour le pays et pour sa stabilité.

La suite de la conversation tourna autour du second point de la Réunion du jour : le Jinsei. A vrai dire, la Moniale n’avait pas plus de solutions qu’avant. Les affronter de front n’était clairement pas la meilleure des solutions. Là-dessus, Dame Sano ne pouvait que donner raison à son élève. Elle réfléchit calmement en se versant une nouvelle tasse de thé. Pour se donner le temps de réfléchir, elle prit une gorgée du breuvage traditionnel avant de la poser sur la table et de répondre.
"La meilleure solution serait de tenter de les démasquer par des méthodes particulières. Prêcher le faux pour découvrir le vrai. Utilise la fourberie, essaie de les démasquer par des moyens non violents pour le moment. Dès que tu auras l’une des têtes de cette hydre, cherche le corps qui s’épanouit dans les sables du désert et quand tu l’auras, frappes sans hésiter. Réduit-les en cendres."
Cette méthode n’était au sens de la Daimyo qu’une solution temporaire. Elle marcherait peut-être un temps mais pas pour libérer le Yuukan tout entier du joug qui se profilait à l’horizon. De toute façon, seul Kaze no Kuni ne l’intéressait réellement. La vieille femme ajouta avec un sourire calme et apaisant.
"J’espère que ça t’aidera."
Hazure avait peut-être d’autres questions, voire d’autres suggestions et la Moniale était à son écoutre.