Nous y étions finalement arrivé ; la délégation Sunajine était rentrée du pays du feu il y avait de cela une semaine, et avec elle, la dirigeante du village. L’annonce des résultats ne m’étaient parvenu que sous forme de rumeur, et je n’avais entendu aucun nom familier, à l’exception de celui de l’Hizori.

Même si le clan qui nous liait n’était qu’un patronyme, j’ignorais tout de cette femme qui portait le destin du village, et bien plus encore, sur ces épaules ; sa réputation était hétérogène, mais elle aurait négocié avec des criminels. Une vision des plus intéressantes de la chose, presque altruiste.

J’avais rejoins son visage pour embrassé une noble cause, et mettre mon don aux services d’une idée ; néanmoins, la marque qui me défigurait, la sensation de ses doigts sur mon visage, et la chose qu’il y a apposé, n’était pas qu’un vague souvenir. Je ne pouvais rester au village sans la montrer à des autorités compétentes ; ses connaissances dans les arts ninjas pourraient me dire ce qu’il en était. Il fallait que mes talents d’illusionniste deviennent une arme mortelle ; que cette lame tournoyante fasse couler le sang qui ont fuit cette maudite prison.

Rendue au quatrième étage, je frappai légèrement à la porte du Kazekage. Je marquai un temps avant de l’ouvrir.

Une femme d’une trentaine d’année, avec d’élégants tatouages ; une mine plutôt sévère. Je m’avançais d’un pas vif, avant de m’incliner légèrement.

- Shodaime Kazekage ? Je suis Isara, du clan Tegami. Je venais vous présenter mes hommages.

Me redressant, je venais croiser les mains dans mon dos, ne pouvant m’empêcher de triturer la chaîne de mon arme.

- J’espère que je pourrais vous servir et servir vos desseins, ici, à Suna, et que les lointains liens du sang qui nous unisse pourront se rapprocher.

Je ne pus m’empêcher de faire apparaître sur les lèvres un léger sourire. Les liens du sang ; de vague commodité à invoquer qui permettait de rapprocher deux individus issus de deux mondes radicalement différent.

Aussi impressionnant cette situation soit-elle, un artiste se doit de maîtriser son sang froid.

- Même si je suis encore en bas de l’échelle, j’ai pu rencontrer un de ceux que vous traquez. Un homme dangereux, qui m’a laissé ces brûlures, et autre chose. Je ferais tout mon possible pour aider à les arrêter.

C’est à toi d’arrêter de rêver, Isara. Tu es faible. M’inclinant de nouveaux légèrement face au regard de la Shodaime Kazekage, je levais tout de même les yeux vers elle.

Son assistante ? Si ce n’était par égard pour son rang, j’aurais parié sur le fait qu’elle n’était pas dans les parages, étant donné l’amoncellement de papiers qui s’élevait sur le bureau du Shodaime Kazekage. Néanmoins, je ne pus m’empêcher de grimacer ; toutes ces mondanités m’étaient encore difficile à concevoir et à comprendre ; pourquoi donc demander la permission à quelqu’un pour rencontrer la dirigeante de notre beau village ?

Je m’inclinai légèrement, en jetant un coup d’oeil curieux sur cet amoncellement de travail.

- Je vous prie de m’excuser, mais… je tenais à me présenter officiellement à vous.

Me tenant droite, main derrière le dos, je me forçais à adopter une attitude des plus militaires, comme j’avais vu faire les jeunes élèves de l’Académie Ninja de Suna. Un tel détachement, une telle ferveur, devait s’enseigner jeune et hélas, je n’avais pas eu la chance de la recevoir ; porter ce costume était d’autant plus compliqué.

Néanmoins, je faisais face à cette femme un brin intimidante.

- Oui, Shodaime. Ma famille allait dans tout Kaze pour ses représentations. Ma pigmentation est probablement une volonté de la Déesse, bien qu’elle me sert souvent à me faire passer pour ce que je ne suis pas.

Une peau d’albâtre en plein désert ; face au teint mâte de la Shodaime, l’illusion de me faire passer pour une étrangère était aussi probable que possible.

- Nous l’avons croisé au sud d’Asahi. D’après ses capacités, à savoir sa maîtrise des cendres, je suis certaine qu’il s’agissait d’un ressortissant du clan Nagakura, probablement un paria qui a profité de son évasion pour semer le chaos. Il les a tous massacré, sans exception, et m’a laissé en vie en m’infligeant ses brûlures. Pour porter laisser sa marque, avait-il dit.

Laisser sa marque… Quelle belle formulation pour traduire ce qu’était devenu mon visage. Fronçant les sourcils, j’inclinai légèrement la tête devant notre dirigeante.

- Il n’est qu’un parmi qu’une multitude, un de plus perdu dans la nature. Mais je tenais à vous faire part de ma dévotion envers votre cause, Shodaime.

Un léger brin d’audace, il ne manquait plus que cela.

- Si je puis vous être utile d’une quelconque manière, je suis à votre entière disposition, pour quelque tâche que ce soit, aussi illustre ou ingrate soit-elle.

Après tout, elle ne me ferait pas garder des lézards en animalerie, non ?

J’empêchai le sourire de monter sur mes lèvres en l’entendant parler de fanatisme ; ce n’était pas cela, non, mais simplement l’idée de vouloir croire en une cause. S’investir dans une cause ; faire des choix, et chacune de ces décisions impliqués des sacrifices.

- Je respecte cela, répondis-je en m’inclinant légèrement. Loin de moi l’idée de vous renvoyer l’image d’une chevronnée qui ferait n’importe quoi pour la cause.

Je me permis un léger sourire ; avant de revenir à des choses plus sérieuses.

- Je n’ai pas retrouvé la trace de cet homme. C’était à quelques jours du passage à l’an 149. Nous avions entendu d’étranges rumeurs, mais elles vont bon train, dans le désert. Non, personne n’a su se défendre, car c’étaot la vie qu’ils avaient choisi : mon père était un Tegami, mais la maîtrise qu’il avait de cet art était purement inoffensif. Il avait choisi de quitter le clan bien avant ma naissance, et perpétuait un art de l’illusion que les Tegami pratiquait bien des siècles auparavant.

Je hochai légèrement la tête ; ce n’est pas parce que nous étions voué à être des guerriers que tous voulaient embrasser ce choix.

- C’est moi qui était chargé de nous protéger. Et je ne suis pas arrivé au bon moment. C’est homme m’a délibérément laissé en vie, et je compte bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Un jour ou l’autre.

M’inclinant une prochaine fois, j’arrivai finalement ou je voulais en venir.

- C’est pourquoi Shodaime, je vous exprime mon désir de traquer et d’abattre ces criminels. Je ne suis pas au fait de toutes les subdivisons de notre village en ce qui concerne nos Unités Spéciale aussi secrète qu’elles soient, mais j’espère rejoindre cette force là, ou tout ce qui pourrait s’en approcher. Localiser, traquer, remettre aux fers. Une fois que je vous aurez prouvé mon utilité.

Bien sûr, j’étais parfaitement consciente que cela ne serait pas aussi facile. Mais si la Shodaime Kazekage me tendait une main, je pourrais la saisir. Ou lui montrer de quoi j’étais capable. Ca, et découvrir de vieilles légendes oubliées.

J’écoutai avec application les paroles de la Shodaime Kazekage. Sa voix était des plus expressives, et passait d’un manque flagrant de détermination à une joie toute mesurée ; m’est avis que cela pouvait être des plus redoutables face à ses homologues, et les rumeurs à ce sujet allaient bon train.

- Je m’y attellerai, Shodaime.

L’instant était solennel, mais l’arrière pensée était tout autre. Je me gardais bien de l’interroger sur son propre passé qu’elle m’avait livré en une simple bribe, mais il semblerait hélas que le sort des Tegami ne soit pas des plus enviables. Les autres clans restaient unis, soudés, et personne n’entendait plus parler de ceux qui les avait quitté, et il devait bien avoir une raison à cela. Une fatalité pour le mouton noir, condamné à rentrer dans le rang, ou à se précipiter vers l’abattoir.

Mais ce n’était pas fini, pas pour l’instant.

- A ce propos, j’ai une dernière requête, ou plutôt, une idée.

Une idée délirante, une idée qui a germé à travers toutes ces histoires de démons à queue qui avaient peuplé mon enfance ; j’avais compté leur apparition, et leur chute, mais sans jamais relever certains faits qui pourraient s’avérer des plus cruciaux.

- J’ai beaucoup lu et me suis toujours intéressée aux démons à queues et à tout ce qui a attrait à eux.

Je marquais une légère pause, essayant de tourner cela de la meilleure manière possible.

- Les Jinchuuriki étaient des guerriers redoutables qui puisaient dans l’immense réserve d’énergie qui avaient été scellé en eux. C’était la première fois que les grandes nations avaient œuvré pour un but commun, le scellement des démons à queues, avant de se remettre à s’affronter. Or, j’ai lu dans un vieil ouvrage que l’espérance de vie des Jinchuuriki, dans ces époques troublés, n’excédaient pas une paire d’années. Invariablement, le démon devait finir par se libérer, ou bien, le réceptacle mourrait sur le champ de bataille.

Ces informations était le fruit de presque deux cents ans de tradition orale, et de comparaison des différentes sources. Des informations fiables, sur lesquelles il faudrait enquêter, car la Shodaime devait certainement voir où je voulais en venir.

- A la fermeture des villages cachés, les Jinchuuriki ont été exécuté. Aucune trace nouvelle des démons à queue depuis. Mais si les réceptacles étaient voués à mourir sur les champs de bataille, le démon finissait toujours par ressurgir, n’est-ce pas ? C’est pour ça que les Jinchuuriki étaient remplacés après la mort de leur prédécesseur, pour contenir le démon.

Ma voix vibrait d’excitation ; notre Kazekage était la première personne à qui j’évoquais mes théories.

- Shodaime, je ne peux m’empêcher de penser que les démons à queues ne sont pas mort avec leurs réceptacles, l’année de la fermeture des villages. Ils auraient pu être scellé quelque part, à l’abri de toute main humaine. Pourquoi pas à Arashi, dans les entrailles de la prison ? Gardés par les mêmes geôliers que les pire criminels du monde.

Et si nous pouvions y mettre la main dessus…

- Les Shinobis du Yuukan s’étaient alliés pour lutter contre les Bijuu, comme aujourd’hui, ils s’allient contre un ennemi commun. Tout le monde a oublié ces histoires de démons, mais si eux n’avaient pas disparu ? Si nous parvenions à trouver et à dompter ses sources inimaginables de chakra…

Je laissai planer un temps.

- Qu’en pensez-vous ?

Au fur et à mesure que les mots franchissaient les lèvres de la Shodaime, je sentais mon visage se décomposer ; c’est vrai, Isara, depuis quand les shinobis sont censés être à la poursuite d’un mythe ? Depuis quand font-il des recherches sur une des périodes la plus sombre de l’histoire de notre monde ? Je ne voulais comprendre cette réticence, puisqu’elle balayait tout ce que je considérais désormais être mon travail, mon œuvre.

Lentement, je hochai la tête ; c’était donc aussi ça, faire face à la hiérarchie, et parvenais même à m’armer d’un léger sourire, crispé sur mes lèvres.

- Si ce n’est que ma réputation, Shodaime, qu’elle prenne de l’ombrage. Mais j’entends ce que vous dite, et poursuivrez mes recherches sur mon temps libre. Les saltimbanques de mon espèce ont souvent été mal perçu, après tout, ajoutai-je plus légèrement, et j’ai toujours su m’en tirer sans argent ni aide d’aucune sorte. S’ils existent, je vous dénicherai cela, pour qu’ils servent aux intérêts du bien commun.

Le bien commun… quelle vague fumisterie. Un homme ne pourra jamais servir l’intérêt de milliers, de dizaines de milliers des plus petits, comme une femme qui tient la lumière entre ses mains seraient toujours tenté par s’y brûler.

Mais après tout, tel était l’idéalisme qui régnait en ces lieux.

- Une dernière chose, toute dernière, et je vous laisse à vos papiers. Si jamais vous voulez croiser le fer avec moi, cela serait un honneur. Je n’ai jamais affronté un membre de mon clan, et même si je pense que je vais me prendre une douche froide, j’aimerais beaucoup me mesurez à vos capacités, Shodaime, et voir jusqu’où vous avez poussé notre art de la lumière.

Un soupçon d’impertinence, Isara, est toujours bienvenue ; reste à savoir si cela l’était aussi pour celle qui tenait le village dans sa poigne de fer. Me balançant sur mes pieds, j’attendais qu’on me congédie comme le bon petit soldat que j’étais, non sans un sourire en coin.