Rouleau Mission:

Il y avait de cela quelques jours, Tenryu s’était lancé dans une mission en duo avec un Genin prometteur du village.
La mission avait pour but de concevoir si le Kazama pourrait être un sensei valable et si le jeune shinobi serait en mesure de survivre à ce qu’il attendait.
Car il ne fallait pas se leurrer. Ten’ avait été formé à la Mizujin, et il comptait insuffler quelques valeurs de sa formation dans celle qu’il dispenserait aux jeunes pousses.

Aujourd’hui, il allait poursuivre son processus de recrutement en effectuant une mission qu’il avait obtenue avec un garçon tout récemment arrivé à Konoha.
C’était sans doute la similitude qu’il remarquait entre sa propre personne et le jeune garçon qui l’avait peut être conduit à le pré-sélectionné parmis la liste des Genin disponibles.

Le jeune garçon faisait partie du clan Aburame, un clan dont la réputation n’était plus à faire au sein de Hi no Kuni.
Les Aburame étaient par principe des shinobi plutôt complets qui pouvaient parfaitement s’adapter à une équipe. Nul doute que l’avenir du garçon, s’il persévérait, pourrait être aussi glorieux que l'actuel bras droit du Shodaime Hokage, Aburame Miyako.

Mais avant d’inviter le jeune Aburame à rejoindre les rangs de son équipe shinobi, Ten’ voulait s’assurer du comportement, et de la compatibilité de ce dernier avec les méthodes qu’il aspirait employer.
Pour cela, il avait opté pour le terrain.
Une mission de rang C qu’il superviserait en observant le Genin.

Comme souvent dans le cadre d’une mission, le lieu de rendez-vous pour le départ était fixé aux portes du village.
L’heure du départ fixée arrivait à grand pas et le Kazama attendait donc son coéquipier du jour. Un sac à dos sur le dos et vêtu de son classique jogging.
Sa promotion au grade de Chûnin n’avait pas vraiment changé ses habitudes vestimentaires. Bien au contraire, il portait toujours fièrement sa casquette à l’envers et ne comptait pas se la jouer “être supérieur” avec les uniformes que ses confrères gradés portés avec une certaine pédance.

Les pensées rivés vers la mission, une affaire d’explosion d’immeuble en pleine capitale.
Le Chûnin ne sortit de ses réflexions que lorsque sa vision capta l’arrivée d’une garçon semblable à la photo du dossier qu’il avait soigneusement étudié.

- Natsuki ? Ponctua-t-il lorsque le garçon se présenta devant lui. Je suis Kazama Tenryu, je serais ton partenaire pour cette mission.

Tout comme avec Takeo, il insista bien sur le partenaire. L’idée n’était pas de jouer à celui qui avait le plus gros grade. Ce qu’il souhaitait observer, c’était un Natsuki épanouit et dévoué à 100% à sa mission. Mettre de côté une éventuelle guerre d’égaux comme peuvent parfois être friant les ados s’avérait donc à ses yeux être une bonne stratégie.

- Si tu es prêt, nous pouvons y aller. Il nous faudra plusieurs heures de marche pour rejoindre Kanetsu.

Ouaip.

Bah ça n’avait vraiment rien d’exceptionnel, le village de Konoha. Vraiment, on en faisait une montagne alors que pour moi, cela sonnait plus comme un pétard mouillé. Le village était bien organisé, mais on pouvait, sans aucun mal, faire la comparaison de ce dernier avec une fourmilière. J’étais une ouvrière consciencieuse perdue parmi les milliers d’autres, avec une Reine -ou ici un Roi- qui devait à peine avoir conscience de ma présence. Dans cette ruche éternelle, les jours avaient tôt eu fait de tous se ressembler. Un coup aux portes, un coup en entrainement un coup on cherche le chat de mère Michelle.

Rien de véritablement excitant, m’voyez ?

Fort heureusement, la chance toqua à ma porte. Un évènement commun dans la vie d’un ninja, mais qui prenais tout de suite un ton excitant tant la vie commune était ennuyeuse. J’ai nommé : la mission !

Et l’ordre était plutôt classique. J’étais sous les ordres d’un Chûnin, un homme du nom de Tenryu du clan… Kazama. Est-ce que c’était un clan ça ? Je n’en avais jamais entendu parler. Je soupirais. Le reste de la mission consistait à une enquête pour savoir si l’incendie d’un bâtiment à Kanetsu était criminel ou non. Joie et allégresse que de passer sa journée dans la suie à la recherche miraculeuse d’un indice. Il avait intérêt à être plutôt intéressant et beau garçon le type, car sinon, la mission s’annonçait déjà longue.

Je m’habillais dans une tenue de combat élégante, drapé de blanc de noir et de rouge harmonieusement relié à une armure tactique légère. Après tout, être Shinobi n’empêchait pas d’arborer un certain style et faire honneur à mon clan. Car après tout, le premier pas pour devenir quelqu’un d’important était d’y croire soi-même. Certains dirait que l’habit ne fait pas le moine, mais croyez-moi, une belle tenue constitue une merveilleuse introduction à n’importe quelle rencontre. Cela s’appliquait aussi aux Ninjas, et j’imagine d’autant plus que le grade augmente.

J’arrivais aux portes, lorsqu’un homme m’interpella. Mon regard se figea, et le parcouru de haut en bas, sans aucune once de discrétion. Wait a minute… Qu’est-ce que… ?! Oubliez mon discours sur l’élégance, visiblement, cela ne s’applique pas à Konoha. Bon, résumons.

Silhouette générale. Plutôt athlétique et musclé comme garçon, +3 points. Casquette à l’envers… Oh secours, comme c’est vil, -2 points. Cheveux blanc, yeux rougeoyants qui ne dénote pas d’un certain charme, ce qui lui donne un +2. Il porte relativement bien le sweet, ce qui lui donne +0,5 point. Mais le jogging, c’est un non absolu. Chez soi au fin fond de son canapé ou pour aller faire du sport, peut-être. Mais il existe suffisamment d’alternative mêlant souplesse et beauté pour éviter ce genre de vêtement vulgairement ample. -3.

En partant d’une base de 5… Ce qui nous faisait un total de… 5 et demi sur dix. Pas trop mal pour un ploucard en jogging. Pas un bonjour, pas un ça va. Direct à l’essentiel. L’amabilité avait-il déjà assassiné quelqu’un à Konoha ?

« Bonjour Tenryu. Aburame Natsuki. Enchanté de faire votre rencontre. »

J’accompagnais le tout d’un geste élégant, une main sur le torse, et une petite inclinaison respectueuse. Au contraire de mon sentiment profond, mais il ne fallait pas que je perde la face. Je m’en contre-fichais un peu du destin de ce type, mais grâce à ça, je soulignais que la politesse n’était pas vraiment une option, chez les Aburame.

« Mettons-nous en route. »

La marche avait débuté dans un silence morbide, que je me hâtais de remplir.

« Et du coup, comment ça marche ? La tradition exige de vous vouvoyez et vous appeler « Sensei » ? »

Disais-je dans un clin d’œil espiègle, presque aguicheur. Au vu de sa tenue, je me doutais que je ne prenais pas trop de risque.

« Je viens d’arriver à Konoha, donc je n’ai pas encore réussi à prendre tous les plis de ce mode de vie… Plutôt ma fois, dépaysant. »

Ennuyeux aurait été plus juste.

Les présentations avec le Kazama étaient brèves, il aimait aller à l’essentiel sans perdre de temps avec certaine futilité.
Il n’en avait rien à cirer des futilités et politesse, dans la mesure où la personne qui se trouvait face à lui était personne. Tout comme lui.
Qu’il soit nécessaire de mettre les formes en présence du Hokage par exemple était compréhensible, avec un confrère… C’était à ses yeux déjà moins évident.

Tenryu n’était pas là pour se faire des amis, il était là pour accomplir ses missions et accessoirement ici découvrir si Aburame Natsuki pourrait être un élément majeur à ajouter à sa très jeune escouade.

Autant dire donc, que le petit salut de l’Aburame ne lui faisait ni chaud ni froid. Enfin… S’il devait choisir cela serait plutôt “froid”. Car il n’était pas habitué à recevoir des salutations de ce genre, ni plus, ni moins.

Comme souvent lors des départ en mission, les premières minutes étaient assez silencieuses, lors de sa mission avec Takeo, Ten’ avait décidé de prendre les devants, alors il jugeait normal d’en faire de même avec Natsuki. Seulement, le gamin fut plus rapide que lui et démontra avec brio qu’il avait pas la langue dans sa poche.
Il était pour ainsi dire, tout l’inverse du Yuki.

Le Kazama secoua la tête face à l’attitude du Genin qui avoua ne pas être à Konoha depuis longtemps.
Était-ce si difficile de s’acclimater à Konoha ? Le Gamin n’avait sans doute jamais vécu la guerre pour tenir de tels propos.
Tenryu laissa cependant échapper un sourire au coin de ses lèvres… Il y avait peu de chance qu’il arrive à quelque chose avec Natsuki s’il s’y prenait comme avec Takeo.

- Tu peux oublier le “sensei” et le vouvoiement. Tu peux m’appeler Tenryu-san, si ça sied mieux à ton éducation.

Un ton légèrement provocateur, son regard pourpre rempli de malice, le Chûnin continua son speech.

- Considères que tu es le maître à bord de cette mission. Je ne serais là que pour t’épauler ou intervenir en cas de besoin.

S’il avait préféré tenir secret la raison de cette association avec Yuki Takeo, il pensa qu’il était sans doute plus efficace d’être cash pistache avec l’Aburame.

- Je suis en train de fonder une escouade. Cette mission est un test. Si tu en as assez dans le ventre, tu pourras prétendre à me rejoindre.

Un défi, pour un garçon blasé. Quoi de plus alléchant ?
Mais qu’il se rassure, Ten’ ne lui ferait pas de cadeau.
Surtout dans le cadre d’une mission où les vies de civils pouvaient être mises en danger au moindre faux pas.

- Montre à un autre étranger ce dont tu es capable.

Une dernière pique pour susciter la curiosité du Genin. Il ne manquait plus qu'à voir comment les choses s’organiseraient ensuite.

Ouf.

J’avais échappé belle. Vouvoyez ce pauvre clampin aurait fini par me brûler les lèvres. Après tout, je savais mentir, tricher, abuser psychologiquement des gens, mais il fallait tout de même conserver un minimum de crédibilité. Impossible que quelqu’un comme moi se retrouve dans le fait de vouvoyez et d’honorer un homme incapable de s’habiller correctement. De grâce, sa bouille et son physique potable rendait le tout suffisamment supportable à mes yeux.

Ce qui en soit, était déjà un exploit.

« Parfait !» Répondis-je dans un simple sourire.

Il ne fallait pas non plus qu’il s’emporte le paysan.

Donc, j’étais le « maître à bord ». A croire qu’à Konoha, apprendre à filer son boulot à son N-1 était la norme admise. Il ne fallait pas plus longtemps pour comprendre que chacun s’appropriait par ce biais la gloire de l’autre. Je regardais mon interlocuteur sans montrer autre émotion sur mon visage qu’un simple sourire de façade. Au fond, cela en disait long sur sa personnalité.

« Prétendre à le rejoindre », « Montrer de quoi je suis capable » … Je ne pouvais m’empêcher de retenir un rire. Non mais pour qui il se prenait au juste ? Mon Seigneur Tenryu le Chûnin parmi des milliers, de la grande famille totalement inconnue de la surface du Yukan, Kazama, souhaitait me « tester » pour savoir si je « pouvais » rejoindre son équipe ? Je crois qu’il y a confusion.

« Pardonne-mon rire, mais tes méthodes et ton raisonnement sonne étrange à mes oreilles. »

Je prenais une longue respiration pour calmer mon euphorie intérieure. C’était totalement ridicule. Reprenant rapidement mon calme, je fixais de nouveau avec un sourire.

« Je ne peux qu’être enjoué vis-à-vis de ton engouement à fonder une escouade… » disais-je par simple politesse. « … mais ne négliges-tu pas l’essentiel ? »

J’affichais un sourire.

« Qu’est-ce qui te dit au juste que je souhaite rejoindre ton équipe, Tenryû-san ? » disais-je en appuyant bien sur toutes les syllabes.

Je marquais un petit silence avant de continuer.

« Désolé de mettre un frein à ton idéal, mais dans ma vision des choses, un précepteur à autant à apprendre qu’il a à apprendre à son apprenti. Même chose pour le rapport leader-coéquipier. Et prendre en compte le besoin de l'autre est une base pour conserver l'harmonie d'un écosystème. C’est à cela que l’on reconnait les bonnes intentions des ambitions personnelles. Faire équipe sur une mission et rejoindre une escouade sont deux choses différentes… »

Renversons la tendance dans un petit sourire malin.

« Je ferai le nécessaire, mais les preuves devront visiblement se faire des deux côtés. »

Rien à voir.
Aburame Natsuki n’avait rien à voir avec Yuki Takeo.
L’un était calme, réfléchi.
L’autre avait plus l’air d’être une pipelette ayant toujours quelque chose à redire.
Un coup de bambou bien placé sur la tête, voilà ce qu’il méritait tant son attitude pédante n’était pas sans rappeler au Kazama le Sukunabikona des mauvais jours.

Sauf qu’en plus de ça, il parlait comme un petit bourgeois ayant quitté sa lointaine contrée et qui découvrait choqué, que les gens dans le monde ne tournait pas forcément à la même vitesse que son “illustre” personne.
Bonté divine… qu’allons nous bien pouvoir faire pour ces pauvres petites oreilles non habituées ?

Tout ce petit manège d’enfant bien éduqué perturbé par quelque chose qu’il n’avait jamais vu pour ça ? Il aurait tout aussi bien pu dire qu’il n’avait pas forcément envie de rejoindre une équipe dès le départ. Chacun aurait gagné du temps et de la salive.

- Rien du tout répondit Tenryu sobrement. C’est pourquoi, je parle de “prétendre”… Car le but premier de cette mission n'est pas de savoir si oui ou non tu veux nous rejoindre, mais de savoir si tu pourrais incarner un ingrédient de l'alchimie que je cherche à créer. Tu n'es donc en aucun cas obligé de rejoindre mon escouade si tu ne le souhaites pas. En revanche, si tu te plantes, la question ne se posera même plus.

Un petit sourire à l’attention du Genin qui continua en exposant sa vision des choses. Si ce gamin était aussi doué qu'emmerdant, il avait un bel avenir devant lui. Toutefois, il tenait des paroles censées, Tenryu devait le reconnaître pour être en parfait accord avec certaines d’entre elles.
C’était bien pour cela qu’il tenait à faire ce premier test en mission.

- Je ne peux pas te donner tort… Mais tu es d’accord pour dire que si deux personnes ne parviennent pas à coopérer pour une mission, cela sera d’autant plus compliqué en escouade, au quotidien ?

Il laissa une petite seconde avant de poursuivre.

- Pour le reste, tu verras bien le moment venu. Mais pour être à 100% honnête avec toi. Je ne pourrais rien t’apporter qui touchera de près à ton kekkai genkai. Mais je possède toutefois de nombreuses années d’expériences de ce monde shinobi que tu ne connais a priori que très peu. Une expérience qui pourrait être bénéfique. Car désolé, si mes propos te choquent, mais tu apprendras à tes dépends que le monde ne tourne pas vraiment toujours comme on le croit ou comme nos parents nous l’ont enseigné quand on était enfant

C’était même plutôt le contraire. Et c’était pour cela que les escouades étaient bénéfiques aux jeunes Genin, afin que ces derniers engrangent de l’expérience sous la protection d’un shinobi expérimenté.
Alors certes, une relation Sensei-Genin pouvait être réciproque, mais dans ce genre de schéma, celui qui avait le plus de chose à gagner, c’était le Genin et il ne fallait pas s’indigner pour cela.

La matinée était déjà bien avancée lorsqu’ils arrivèrent à proximité des vastes étendues de plaines séparant la forêt et les abords de la capitale.
Le moment idéal pour faire une pause pour faire quelques réserves d’énergie, ne sachant pas vraiment ce à quoi s’attendre une fois sur place.
Proposant à l’Aburame une brève halte, Tenryu installa quelques denrées qu’il avait pris soin d’emporter.

- N’hésites pas à te servir Natsuki. dit-il en invitant le Genin à prendre ce qu'il souhaitait.

Il y en avait plus que nécessaire et l’Aburame trouverait certainement un truc qu’il aimerait.
La première partie du trajet avait été assez "conflictuelle" si on pouvait dire ça comme ça.
Pourtant, Tenryu ne voulait pas que les choses perdurent dans cet état d’esprit, il voulait s’intéresser au Genin avec qui il faisait équipe, cela fait également partie d'un processus logique.

- Tu me disais tout à l’heure que tu étais nouveau à Konoha. Raconte-moi un peu d’où tu viens.

J’haussais les épaules sans m’attarder plus sur le sujet de cette équipe, qui n’avait aucune importance à mes yeux. La stricte vérité, c’est que je ne me destinais pas au métier de Shinobi. J’étais là pour tenir un rôle, observer le fonctionnement du village, et faire mon rapport à qui de droit. Pas à rejoindre l’équipe d’un total inconnu qui n’avait pas oublié de souligner qu’il ne ferait aucun effort de son côté pour m’appâter.

Bref.

« C’est exact ! » commençais-je, en fixant la route « Mais tu vas bien vite en besogne, Tenryû ! Laissons-nous au moins une chance de bien nous entendre… » mes yeux azurs dans les siens, je reprenais. « Même si tu sembles déjà avoir un avis préconçu sur moi et mes croyances. »

Simple politesse. Une sincère entente avec les rustres inconnus dans son genre ? Aucune chance. En plus d’avoir l’éloquence d’un pingouin, Tenryû apparaissait aussi vif que le gueux qu’il était. Passant de raccourcis cognitifs en raccourcis cognitif, ne laissant place qu’à ses préjugés… Si ça, c’était un Chûnin de Konoha, et bien j’avais sincèrement peur pour l’avenir de ce village.

La suite du voyage continua, de banalité en banalité. Je profitais de l’occasion pour me délecter de ses forêts qui avaient bercées mon enfance, juste avant que le chef n’impose une halte pour une pause repas. Je m’asseyais sans plus de convenance, et piochait directement dans la nourriture sans m’attarder plus amplement sur sa qualité.

« Merci bien. »

Mon humilité me perdra.

Alors que je mangeais un onigiri fourré à ce qui semblait être du thon, Tenryû s’intéressa enfin à ma personne. Faisait-il marche arrière ? L’aurais-je jugé trop vite ? Mon regard azur se posa sur le sien, finissant ma bouchée, pensif.

« C’est exact, mais crois-moi, mon histoire reste plutôt banale. »

Même si elle sonnait de façon extraordinaire aux oreilles des paysans. Je croisais les jambes, et continuais mon récit.

« Je n’ai rejoins le village que peu après cet extravagant examen Chûnin, à la demande de ma famille. Même si je n’étais pas vraiment destiné à être un Shinobi, et encore moins un combattant. »

J’affichais un simple sourire.

« Le clan Aburame est vaste, mais j’ai eu la « chance » -si l’on considère la chose ainsi- de naître dans la « famille Royale », si l’allégorie avec une ruche m’est permis. »


Une de mes abeilles se posa alors sur mon doigt.

« Ma sœur, Mizuki, a fait le choix de la voie du Shinobi. Pour m’a part, mon éducation était centrée sur la diplomatie, l’étiquette, la géopolitique et les arts – tel que la musique et le chant-, afin de faire intermédiaire entre mon clan et les familles civiles importantes : nobles, bourgeois, et tutti quanti…

Mais voilà, personne ne sait exactement ce que la vie nous réserve, et ma grand-mère a jugée bon de me faire rejoindre ma cousine Miyako à Konoha pour compléter ma formation, en m’apportant ce côté « Shinobi » que je n’ai pas eu l’occasion de développer. De fil en aiguille, me voici avec toi. »

Je faisais un mouvement des mains, levant la paume vers le ciel, un air amusé sur le visage. Est-ce que ce que je disais était un mensonge ? Oui et non. J’avais simplement omis le fait que j’étais un espion pour le compte du clan Aburame. Mais cela concernait mon clan, et personne d’autres.

« Et toi, Tenryû ? Je ne crois pas connaître de clan majeur du nom de Kazama. D’où viens-tu et comment as-tu rejoins Konoha ? »

Alors qu’ils étaient installés pour un bref instant de ravitaillement non loin de la capitale, le Chûnin avait décidé d’en apprendre un peu plus au sujet de l’Aburame que ce qui était inscrit dans son dossier.
Une bonne raison de procéder ainsi résidait également dans le fait que Natsuki n’était arrivé à Konoha que depuis très récemment et son dossier était pour ainsi dire peu fourni.

À en croire ses mots, son histoire était banale. C’était le cas de beaucoup de shinobi de ce monde. Toutefois, le Kazama se laissait la surprise de le découvrir car après tout, la banalité était une terme bien vaste qui pouvait varier d’une personne à une autre.

Tenryu apprit alors que le jeune Aburame avait rejoint Konoha suite à l’examen de sélection des Chûnin sur demande de sa famille. Et que sa vie à l'origine n’avait jusqu’à présent jamais orienté vers le métier de shinobi. C’était plutôt étrange qu’une famille décide d’envoyer un de ses jeune dans un monde dont il ignorait tout. Mais Tenryu venant lui aussi d’une famille dont la tradition était de servir Mizu no Kuni quoi qu’il arrive, et ceci même si tu n'en avais pas envie. Alors il était possible que les jeunes chez les Aburame n'aient pas leurs mots à redire aux décisions prises par les anciens. Les Aburame représentaient toujours un mystère pour le Kazama n’ayant à faire à l’un des leurs que très peu souvent.

Natsuki faisait partie de ce qu’on pouvait considérer comme la branche principale. C’était une nouvelle ressemblance que les deux shinobis de la feuille partageaient. Ten’ étant lui aussi un descendant direct de Kazama Enryu, premier Kazama à être capable d’utiliser le chakra.
Le regard du Chûnin ne quittait pas le jeune homme qui comptait son histoire, observant un abeille se poser sur le doigt de ce dernier.
Il avait effectivement lu une ligne ou deux à ce sujet dans le dossier du Genin. Les abeilles comme insectes “totem”. Cela devait être plutôt dérangeant qu’elles décidaient de sortir de son corps. Ce clan était décidément un mystère aux multiples facettes.

L’Aburame et le Kazama partageait également un autre point commun, celui de la fraternité.
Tenryu aussi avait eu des frères et sœurs par le passé. Mais il n’avait plus de rapport avec ces derniers. Ces deux frères étant morts et sa sœur quelque part sur les océans avec son mari.
L’éducation de Natsuki avait plutôt été tournée vers l’étude de l’art et des règles de bienséance.
Tout indiquait que le destin qui avait été tracé pour lui devait le conduire à un poste diplomatique ou de médiateur.
Ceci rendait sa présence à Konoha d’autant plus étrange tant le virage à 360° était évident.
C’était sa grand-mère qui avait opté pour ce choix et avait décidé d’envoyer Natsuki auprès de sa cousine qui n’était autre qu’Aburame Miyako la seconde du Shodaime Hokage.

- C’est tout sauf banal tout cela répondit Tenryu en souriant. L’adaptation n’est pas trop difficile ? Le contraste entre ce pour quoi tu as été éduqué, et ce que tu dois être aujourd’hui en tant que shinobi… C’est vraiment pas la même chose, ponctua-t-il.

Tenryu l’avait compris, la grand-mère du garçon en avait décidé ainsi afin que son petit-fils étoffe ses compétences. Ten’ avait rien contre, mais il y avait toutefois un monde entre le piano et les missions sur le terrain. Le Kazama serait curieux de voir comme le Genin se comporterait lors de la mission à venir.
Pour l’heure, c’était le moment pour faire connaissance.

- Tu as un instrument fétiche ?

En mission, cela pourrait toujours être intéressant d’avoir un élément capable de détendre les troupes. Bon, cela ne serait pas à faire lors d’une mission d’infiltration. Mais dans des moments de repos comme celui-ci, cela avait des vertus que l’on ne pouvait pas négliger.
Puis, ce fut ensuite au tour de Tenryu de répondre aux interrogations du Genin qui à juste titre avait raison. Les Kazama n'étaient pas une grande famille.

- Tu es perspicace Natsuki. En effet, les Kazama ne sont pas vraiment un clan. Nous étions plutôt une famille qui a honoré pendant des siècles la protection de Mizu no Kuni. C’est là où j’ai grandi et vécu pendant toute ma vie.

Il fit une pause, la suite allait être malheureusement, un peu moins joyeuse que les cours de chants et de flûte qui avaient été dispensé à l’Aburame.

- Lorsque les prisonniers d’Arashi se sont échappés, ils sont venus ravager Mizu no Kuni. La population n’a pas été épargnée, et en tant que soldat de l’armée, j’ai lutté pour les repousser. Mais nous ne faisions que perdre du terrain. Puisque les choses ne s’arrangeaient pas, et que les hautes-sphères ne faisaient rien pour. J’ai pris la lourde décision de quitter ma patrie pour venir chercher de l’aide ici à Hi no Kuni. Depuis environ un an, je tâche de faire mes preuves et cherche à trouver des compagnons qui auraient la prétention de venir libérer le peuple de Mizu de la terreur.

Une tâche qui s’annonçait compliquée. Et il était fort probable que le Kazama ne puisse pas remettre un pied sur sa terre natale avant un long moment.

- C’est assez idéaliste, je te l’accorde… Mais alors en pleine guerre, la position centrique de Hi, très stratégique, m'avait semblé être une option de poids si je voulais voir mon peuple libre de toute menace.

Natsuki était libre de poser plus de questions, mais de lui même, Tenryu ne raconterait pas tous les dessous de son histoire. Question de confiance et de bonne entente aussi.

Le moment était ensuite venu de repartir pour les choses sérieuses qui les attendaient.
L’enquête sur cet immeuble ayant explosé n’allait pas se résoudre toute seule.
Kanetsu était une ville que le Kazama n’appréciait pas trop, par deux fois, il avait fait face à des événements douteux et sans doute que plus que nul part ailleurs, l’opposition y était présente.
Souvenez-vous de cette missive qu’il avait souhaité envoyer à l’Hokage mais qui avait été interceptée. Et de ce dossier de charpentier trafiqué… Plus que jamais, les Konohajins devaient être prudents lors de leur présence dans la capitale du Feu.

L'explosion avait eu lieu dans un quartier malfamé, vers lequel ils firent route dès leur arrivée dans la ville.
Le coin avait vraiment tout du coin pas fréquentable. Des bâtiments vétustes et dégradés par les mains d’Hommes.
Après plusieurs minutes de marche au milieu de ce quartier, ils arrivèrent finalement sur place. Ils avaient déjà eu une vague idée de l’ampleur des dégâts en à juger par la quantité de poussière et de suit qui se trouvait là.
Les soldats étaient sur place et tâchaient de déblayer un peu ce sentier. Avant d’arrivée à hauteur de l’un d’entre eux, Tenryu s’adressa à l’Aburame.

- Tu m’as parlé tout à l’heure de ton éducation diplomatique… Je te laisse ouvrir le bal, dit-il, confiant des compétences de son binôme.

Tout sauf banal ?
Encore une réplique d’un mec qui ne connait absolument rien au milieu des hautes sphères politiques. Mon histoire pouvait paraître exceptionnel, mais au final, n’était-ce pas juste des beaux mots pour simplement dire que je n’avais pas eu le choix ? Ma présence même dans ce village en était la preuve. J’étais un outil, une ressource. Et en tant que ressource, je me devais d’être précieux simplement pour suvrivre.

Mais détrompez-vous. Ma valeur était bien supérieure à celle de la populace. Et j’étais loin de me plaindre.

« L’Adaptation est nécessaire. Mais oui, le contraste est plutôt saisissant et vertigineux. Sinon, si je devais choisir un instrument, je choisirais ma voix. »

Je disais cela dans un soupir. Ma vie d’avant me manquait terriblement. Au moins, j’avais l’illusion de ne pas être un larbin.

Pour du reste, Kazama appartenait à une famille militaire et a subi de plein fouet l’invasion de Mizu no Kuni. Un réfugié de guerre, qui avait quitté sa patrie à la recherche d’aide. Je le fixais, faisant la moue.

« C’est effectivement idéaliste… Pour ne pas dire stupide. »

Je fixais Kazama d’un air sérieux.

« Hi est une puissance militaire et politique à part entière. Ce n’est pas parce que toi, un bon inconnu parmi des milliers d’autres, sert le pays du feu qu’ils vont forcément te rendre la pareille. En échange de tes services, tu as un salaire. La politique ne marche pas comme ça.

Tu n’es personne, Tenryu. Juste un petit chûnin parmi des centaines de petits chûnins. Un chiffre parmi un autre. Et à ma différence, tu n’as pas un nom de clan à soulever pour que ton aide puisse être synonyme d’une quelconque faveur.

Un an de ta vie pour quel résultat ? Est-ce que la situation à Mizu à clairement changé ? Est-ce que la position du Pays du Feu c’est ajusté ? Rien. Nada. Et personne d’important ne bougera le petit doigt, car tout le monde à plus à perdre en lançant une invasion sur Mizu que de rester en statu quo. »

Je continuais le chemin, en levant la main, comme si je chassais une poussière.

« Je te donne mon analyse en signe de ma bonne volonté ! Ne sers pas Konoha dans l’espoir qu’ils servent des intérêts. Cela ne portera pas ses fruits. »

Et nul besoin de préciser que j’attendais un retour. Enfin, la moindre des politesses. La suite, elle fut assez classique. A peine arrivé à Kanetsu, que nous plongions dans les bas quartiers, pour rejoindre les soldats en poste. Tenryû me refilant bien évidemment la patate chaude. Alala.

« Très bien, allons-y. »

Je fixais les soldats. Aucun signe distinctif d’un quelconque grade sur l’un, et l’autre semblait peu gradé. Ils semblaient discuter. Loin de l’effervescence d’une enquête. Mh. Délicat. Je m’approchais des deux hommes.

« Bonjour Messieurs. »

Cette fois, ni révérence, ni manière. Un simple hochement de tête en guise de salutation, alors que les deux hommes se retournait vers nous. A en croire leurs équipements, ils s’agissaient de Samouraï.

« Nous sommes les Shinobi de Konoha envoyé en renfort. Je suis Aburame Natsuki, et voici Kazama Tenyrû. »

« Bonjour, je suis le Lieutenant Kagari. Bienvenue dans les Quartiers du Chô-moon, de Kanetsu. »

« Merci bien. Si vous le voulez bien, mettons-nous directement au travail. Pourriez-vous nous mettre aux courants des différents éléments déjà récupéré par votre cellule d’enquête ? Et également nous offrir un peu de contexte. »

« Pour l’instant, nous piétinons. De ce que nous savons, les Quartiers du Chô-moon sont des quartiers avec une activité croissantes concernant les jeux et le proxénétisme… Le bâtiment détruit était d’ailleurs le Casino Ecaflip, dont la popularité était croissante… »

Lorsque le Genin lui avait répondu que l’instrument fétiche de ce dernier était “la voix”. Tenryu avait trouvé ça génial.
Il ne l’avait pas forcément dit, parce que ce n’était pas forcément le lieu ou le moment, mais le Kazama était tout à fait curieux d’entendre le Genin faire ses vocalises.
Cela pouvait être un plus notable au cours d’une mission tendue, une petite session ASMR pour donner du moral aux troupes pour repartir à l’assaut de leurs objectifs.

Mais Ten’ compris également que l’Aburame ne se servait pas de ses cordes vocales uniquement pour distraire les gens.
Il le faisait également très bien pour se montrer désagréable, pédant et foutrement tête à claque.
En atteste son attitude qu’il démontra lorsque le Chûnin lui confia certain de ses objectifs de vie.
Un jugement pur et simple et basé sur des préceptes qu’on lui avait inculqué depuis son plus jeune âge.
Que pouvait-il faire face aux bêtises racontées par les bobos des clans les plus influents ? Malheureusement pas grand chose.

Il écouta donc le gamin exposer sa science comme si cette dernière était universelle. Était-ce ça l’élite du Pays du Feu ? L’enseignement du clan Aburame ? Rabaisse ton prochain et agite ton nom en guise de point fort. Quels ramassis de foutaises.
Natsuki avait un discours mettant en abîme un fait qui n’était qu’une illusion. Le fait que le monde était tel qu’il était et qu’il ne changeait jamais.

Si tel était vraiment le cas, alors Tenryu resterait effectivement qu’un Chûnin parmis tant d’autre, et Natsukli qu’un gamin arrogant.
Hi resterait froid aux événements ayant lieux dans le monde entier et Mizu ni Kuni resterait l’état dans lequel le pays se trouvait actuellement.
Pourtant la réalité était tout autre, la preuve, l’Aburame destiné à jouer des cordes vocales se retrouvait à présent shinobi.
Qui pouvait savoir ce que le monde réservait à sa population ?

Le Chûnin resta de marbre, il n’allait pas rentrer dans ce genre d'enfantillage et répondre à chaque petite pique du petit effronté.
Ce ne fut que lorsque ce dernier eut terminé d’exprimer ça “soit disant bonne foi” que le Kazama ajouta quelques mots.

- Perspicace, mais avec une vision assez étriqué… Pour toi la politique est une science figée ? Demain sera identique à aujourd’hui ? lança le Kazama plein d’un ton interrogateur. Bien évidemment que les choses ne changent pas en une année de temps. Il faut plusieurs années pour forger un homme, tout comme il faut des années pour initier un changement majeur.

Il marqua une pause, ce gamin était aussi intriguant qu’insupportable. Cela en devenait déroutant.

- Je n’attends pas que Konoha ou Hi fassent quoi que ce soit pour me remercier. Depuis un an, je mène la vie que j’avais envie de mener depuis longtemps. Pour le reste, les choses viendront d'elles même lorsque Hi trouvera un intérêt quelconque au delà de ses frontières. C’est comme ça que ça marche la politique non ?

Un intérêt militaire, un intérêt culturel, un intérêt économique. Toutes discussions ou interventions physiques commencent car l’intervenant pense tirer profit de ses actions. Un jour viendrait où Hi trouverait un intérêt en Mizu no Kuni.

Les choses avaient même déjà commencé à bouger. Un avantage au grade de Chûnin résidant dans le fait d’avoir accès à des informations confidentielles comme l’intervention de Konoha sur le sol de plusieurs nations en simultanées. Des informations que le Kazama garda pour lui car pas vraiment intéressé par une discussion de géopolitique avec ce garçon au comportement imbuvable.
Tant d’informations que le Kazama possédait et qui prouvaient par A+B l’ignorance de l’Aburame se croyant au-dessus du lot.

Tellement de choses avaient changé en un an… C’était presque risible que le surdoué de la politique tienne un tel discours conservateur avec toutes les menaces qui se profilaient à l’horizon et dont Hi aurait peu de chance de se débarrasser tout seul. Ten' se risqua à penser que les Aburame étaient peut-être tout simplement coupé du monde.

- En tout cas merci pour ton analyse, dit-il en souriant sans même aborder les bêtises qui avaient été dites à son sujet.

Ils arrivèrent par la suite sur les lieux de l’explosion.
Malgré l’attitude de l’Aburame, Tenryu tenait toujours autant à le voir à l’oeuvre. Il lui confia donc la tâche de mener la discussion avec le soldat en charge.
Ce qu’il fit sans rechigner, adoptant un discours très sec envers le garde de la Capitale. Une coquille quand on avait connaissance du contexte vers lequel le monde était en train de se diriger.
Une belle démonstration de diplomatie.

Par chance, le garde ne s’emporta pas et donna quelques informations au Genin.
Le bâtiment qui avait explosé était un casino qui commençait à grandir en réputation. Dès lors, les hypothèses devenaient nombreuses.
D’ailleurs le garde ne s’arrêta pas là et continua à donner de plus amples informations.

- Le Casino appartient à Monsieur Sugayama, ce dernier se trouve actuellement en voyage d'affaires une missive lui a été adressée par le plus rapide de nos oiseaux. Nous espérons qu’il puisse revenir à la Capitale prochainement. Nous avons essayé de fouiller dans les décombres, mais ce n’est pas évident. Le bâtiment n’a que partiellement explosé comme vous pouvez le voir.

Il montra aux deux Konohajin l’ampleur des dégâts de cette immeuble.

- D’un côté, il ne reste que des gravats et l’autre partie du bâtiment n’est qu’une ruine, nous y aventurer est extrêmement risqué. Nous n’avons donc pas pu faire un premier bilan sur les pertes humaines.
Nous l’estimons léger si ce n’est inexistant puisque le bâtiment a explosé très tôt ce matin, mais nous ne sommes pas capable de le certifier à cette heure-ci.

Profondément soulagé, le garde espérait ne pas se tromper.

Ouaip. Bah ce n’est pas gagné.

Avais-je besoin de m’attarder sur la « contre-argumentation » de mon « chûnin » ? Cela en devenait presque embarrassant. Moi qui avais cru percevoir un minimum d’ambition dans ses yeux, ce qui avait eu pour effet d’attiser ma curiosité, tout était retombé pour finalement faire un simple et ridicule « flop ». Tout ça pour un type réfugié qui se contentait du statu quoi.

« C’est exactement ce que je dis. Je reformule donc : Les choses ne changeront que si les personnes qui sont aux commandes le décident. Autrement dit, rien ne changera tant que le pays du Feu aura plus à perdre qu’à gagner en attaquant frontalement. A moins, encore une fois, que les ennemis ne soient trop stupides et attaque en premier. Dans ce cas-là, les choses changeraient drastiquement. »

Je soupirais en fixant de nouveau le « chûnin ».

« Tu parles « d’Inciter » ; de « plusieurs années » ; de « venir d’elle-même ». Oui, si des gens extérieurs décide de le faire à ta place, effectivement, il y a une chance que cela arrive. Mais ta présence ni changerait rien car tu n’aurais aucun poids politique dans la décision, et de fait, avec ou sans toi, l’histoire continuerai de s’écrire. »

J’haussais les épaules.

« La politique n’a rien d’une science. Et je n’ai jamais dit que demain sera comme aujourd’hui. Mais attendre dans l’espoir que les choses changent, c’est ridicule. Tu devrais prendre conscience de ta position au plus vite, cela te facilitera la tâche lorsque la désillusion arrivera. »

Et elle arrivera tôt ou tard. Du jour au lendemain, quelqu’un agitera devant votre front la vision du devoir, brisera vos rêves comme votre vie, et vous plongera dans l’abysse. Cela m’était arrivé, lui aussi, il n’avait juste simplement rien appris. C’était un simplet, rien de plus, rien de moins.

***

Un homme d’affaire en voyage ? Intéressant.

« Je vois. »

Je posais une main amicale sur l’épaule du garde.

« Ne vous blâmer pas trop pour ce qui peut vous sembler être de maigres résultats. Cette situation est difficile, et l’équilibre général de ce bâtiment est précaire. Pour autant, vous avez des recueillis des éléments indispensables à la poursuite de l’enquête. Nous vous aiderons au mieux, mais une bonne coopération reste primordiale. »

J’affichais un sourire amical, alors que le garde légèrement « blanc » semblait être un peu plus rassuré. Dieu que je détestais les gens qui s’apitoie sur leurs sorts.

« Nous allons investiguer les ruines du bâtiment. Pendant ce temps, il serait bon de pouvoir lancer une recherche d’éventuels témoin – des clients d’hier soir par exemple- et mettre la main sur des registres financier du casino, et commencer à tisser le réseau de relation de Monsieur Sugayama. Avait-il de la famille en ville ? Comme on ne peut écarter l’hypothèse d’un acte malveillant, il faudrait les mettre sous protection. »

Après approbation du garde, je fixais les ruines, avant de revenir vers lui.

« J’ai toute confiance en vous. »

Et je me dirigeais vers les ruines. Effectivement, c’était particulièrement dangereux. Les cendres elle-même était encore chaudes. Je composais quelques mûdras, alors que de nombreuses abeilles sortait pour faire un tour.

« Vengeance, concurrence, clients ou partenaires mécontents, voir même les employés… Les suspects et les raisons de brûler ce bâtiment ne manque pas. Pour autant, je pense qu’il faudrait se concentrer sur la recherche des corps, et le sauvetage d’éventuels survivants. Les cendres sont encore chaudes, il y a peut-être une chance, et cela soulagera les familles des disparus. »

Je tendais l’oreille et restait attentifs aux signaux de mes abeilles. L’urgence, c’était de faire le décompte des victimes.

Ce gosse ne s’arrêtait définitivement jamais de renchérir.
Il avait toujours quelque chose à dire et une opinion bien tranché à donner.
C’est pourquoi il n’hésita pas à remuer à nouveau la discussion, s’autorisant une nouvelle formulation.
Le Chûnin était saoulé devant tant de mauvaise foi et de surinterprétation qu’il préféra ne rien répondre.
Il se concentra plutôt sur les informations confidentielles qu’il détenait. Et ricana mystérieusement.
Pas moyen qu’il discute de ce genre de chose avec ce gosse insupportable. En tant que Chûnin, il avait joué la carte de l’ouverture et de la confession.

Il n’avait obtenu que la condescendance d’un adolescent qui ignorait encore tout ce de monde. Un monde bien différent de celui décrit dans ses petits manuels aux reliures soyeuses que contenaient les étagères de sa bibliothèque de petit bourgeois. Un monde qui était déjà en train de changer, pour le plus grand plaisir du Kazama et de ses idéaux.

*****

Par chance, l’Aburame avait l’air effectivement plus habile lors de situation réelle pour lors de discussion anecdotique.
Il avait une façon de parler bien à lui, à la limite de raisonnable compte tenu du fait que les gardes de la capitale n’étaient en aucun cas les larbins des shinobis de Konoha mais au fur et à mesure, et surtout parce que le garde ne s’offusqua pas, il s’améliora légèrement au cours de ce premier échange.

Il rassura tout d’abord ce dernier qui était désolé de n’avoir pas plus de concret à offrir aux deux envoyés de Konoha.
Puis dans un deuxième temps il fit par de sa confiance envers ce dernier.
Le lieutenant était reboosté et prêt à repartir au travail comme en quatorze.

- Soldats ! Patrouillez dans le quartier, interrogez tous les habitants pour savoir s’ils étaient présents hier soir et tard dans la nuit. Ne négligez aucune habitation, et montrez vous sous votre meilleur jour. Ce n’est pas toujours facile d’avouer notre présence dans ce genre d’endroit.
- Lieutenant ! Oui ! Lieutenant !

Les soldats ayant visiblement compris leur devoir, la scène se libéra de nombreuses présences inutiles.

- Pas certain que cela soit aussi simple que cela de mettre la main sur le livre financier d’un casino, Natsuki-kun. Monsieur Sagayama a effectivement de la famille, un femme, Mme Sagayama ainsi que deux filles. Autre que lui-même c’est peut-être sa femme qui serait en mesure de répondre à nos questions concernant les activités de son mari.

Tenryu pendant ce temps était spectateur de la scène, mais pas que, il observait les environs afin de ne louper aucun détail.
L’Aburame s’occupa ensuite de lancer des abeilles dans les ruines du casino.
Bien, il allait aussi pouvoir se bouger.
Il croqua le bout de son pouce et procéda au rituel d’invocation. San Shima, une salamandre blue de taille ordinaire apparue au sol dans un fin écran de fumée.

- Ten'-kun, en quoi puis-je t’être utile ?
- Ce casino a explosé la nuit dernière. On arrive pas à accéder à ce qui se trouve sous les décombres, est-ce que tu peux t’y faufiler et nous alerter si tu vois quoi que ce soit.

Les abeilles de Natsuki dans les ruines, l’invocation de Tenryu sous les décombres. Au moins sur ce point là, les deux konohajins s’accordaient à la perfection pour la première fois.
Il n’y avait plus qu’à attendre de voir ce que les recherches donneraient.

« Bonne chance à vous. »

Voilà des gardes reboosté, et efficace pour cette mission. Il ne restait plus pour nous que réussir pour rendre les choses plus… Supportable. Il n’y avait rien de facile ici. Je fixais Tenryû qui commençait à effectuer ce qui ressemblait à un pacte d’invocation, pour laisser voir une salamandre bleue, qu’il envoya directement dans les décombres. Parfait, au moins, il fouillerait en sous-sols. Je sifflais, impressionné. Ce n’était pas tous les jours qu’on avait un utilisateur de pacte sous la main.

« Tu es un utilisateur du Kuchyose ? Impressionnant. De ce que je sais, c’est une spécialité plutôt rare -et convoité-. Pour toi, ce sont les salamandres donc. Elles ont des capacités particulières ? »

Je fixais les décombres fumants.

« Pas mal de gens serait prêt à donné pas mal d’argent pour acquérir un tel pacte. Et pas mal de gens seraient prêt à payer pour avoir un Ninja capable de ce genre de prouesse. Avoir un compagnon, c’est toujours mieux que de combattre seul. »

Un abeille se rapprocha, et se posa sur mon doigt juste après avoir levé la main. Hmm…

« J’ai une bonne, et une mauvaise nouvelle. »

Je me retournais vers Tenyrû.

« La bonne nouvelle c’est qu’il y a effectivement des survivants. Mes abeilles détectent quelques sources de vies, dans un état assez critique, mais elles sont en vies. »

Je prenais naturellement une pose réfléchie.

« La mauvaise, c’est que les ruines sont incandescentes, et que le bâtiment est dans un état précaire. Et comme les cendres ne sont pas faite de chakra, mes abeilles ne peuvent pas s’approcher, au risque de se voir brûler les ailes. On ne peut pas non plus agir directement, arroser avec une masse d’eau trop importante risquerait de rompre l’équilibre du bâtiment, et de le faire s’effondrer… »

Je croisais les bras.

« Il faut soit attendre la pluie, soit la provoqué, soit passer sous-terre. Si tu n’es pas un utilisateur du Suiton ou du Dôton – ce que je ne suis pas au passage- ce n’est pas si grave. »

Je lui faisais un sourire.

« Connais-tu le système d’arrosage de Kawa no Kuni ? Le pays étant riche en rivière, l’économie du pays c’est basé sur l’agriculture. Astucieux, en sachant que le pays du Vent, un pays voisin et désertique, dont les problématique de l’eau et de l’accès à la nourriture seront presque éternel. Bref. Pour assurer une économie, ils ont mis en place un système assez simple de pompage et de dispersion de l’eau, permettant de former une sorte de bruine, qui assure une économie d'eau et un arrosage suffisant. Avec le bon matériel, je pense que l’on peut reproduire ce système pour éteindre le reste de l’incendie. De là, je pourrais faire passer mes abeilles, et dégager un passage. Seule elles ne sont pas très forte, mais ensemble, elles déplacent des montagnes. »

Je le fixais.

« Qu’en penses-tu ? C’est plutôt laborieux, mais c’est la seule idée qui me vient à l’esprit. »

Aburame Natsuki semblait à présent totalement lancé dans sa mission.
Lorsqu’il découvrir l’une des capacités du Kazama, il s’y intéressa immédiatement, reconnaissant l’avantage stratégique que cela pouvait représenter.

- Elles sont capables d’utiliser le Suiton et le Fûton, et bien naturellement du poison également.

Ce dernier point n’aurait aucun intérêt avec la résolution de leur problème présent, mais il pourrait permettre à l’Aburame d’avoir toutes les cartes en main si la situation venait à prendre une tournure plus dramatique.

- Tu as raison, elles me sont très précieuses. Mais il m’a fallu travailler d’arrache pied pour gagner leurs respects et donc leurs services. Chacune d’entre elles à sa propre personnalité, on ne les apprivoise donc pas toutes de la même manière…

Il songea rapidement à tout le chemin parcouru depuis la première fois qu’il avait croisé l’un d’entre elles.

- C’est aussi pour cela, que même l’homme le plus riche du monde n’en obtiendrait rien sans avoir démontré qu’il était digne d’un tel pouvoir.

Car du pouvoir, elles en avaient à revendre et leur poison était d’une dangerosité à ne pas prendre à la légère.

- Un sage a dit un jour, qu’un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités. Je pense que cela s’illustre plutôt bien avec nos pouvoirs respectifs.

En parlant de pouvoir, voilà que l’une des abeilles du Genin vint se poser sur le bout de son doigts.
La communication n’opérait qu’entre l'insecte et son maître et Ten’ observa donc cette scène inédite avec attention.
Rapidement le couperet tombe, une bonne et une mauvaise nouvelle.
Dans ce genre de cas, la bonne nouvelle, n’est jamais une bonne nouvelle totale. Il y a toujours un “Mais”. Cette fois-ci ne déroge pas à la règle.
Il y a des survivants, mais la structure même de l’immeuble est tellement précaire qu’elle rend pratiquement impossible toute approche. D’autant plus que les braises restaient encore très vives.

Le Genin proposa alors une solution astucieuse afin d’éviter tout risque d’effondrement dû à un contact trop prononcé avec les ruines du casino.
Un système inspiré de Kawa no Kuni et qui pourrait permettre un extinction progressive du brasier sans avoir à risquer d'endommager la structure plus qu’elle ne l’était déjà.
Au même moment, Shima la salamandre revint de sa petite excursion souterraine à travers les débris.

- Ten’-kun. J’ai trouvé des personnes là-dessous. Il semblerait que l’effondrement du bâtiment ait fait céder le plancher, une dizaine de personnes se trouvent actuellement coincées dans ce qui semble être le sous-sol de cette bâtisse.

Une situation alarmante donc, car il ne faudrait pas beaucoup de temps pour que ces rescapés manquent d’air et finissent par mourir asphyxiés.
Le Chûnin devait donc réagir.

- C’est une option que l’on doit considérer. Je suis également capable d’utiliser le Suiton. De quoi as-tu besoin pour améliorer ce système kawajine ?

En attendant la réponse du Genin, Tenryu composa rapidement une nouvelle série de signes incantatoires et invoqua alors San Tsuno, le plus colossal de ses partenaires. Haut de plus de dix mètres, la salamandre orange aux yeux bleus s'immisça sans soucis à hauteur des immeubles du coin.
Fort heureusement, les gardes avaient bien fait leur travail et avaient donc sécurisé la zone, permettant au Kuchiyose de se mouvoir sans crainte.

- Tenryu-san, Shima-san, Bonjour, en quoi puis-je être utile ?
- Salut Tsuno ! Je vais avoir besoin de ta force. Sous ce tas de gravats, se trouve une dizaine de personnes prises au piège. Je voudrais que tu déblais tout cela. Mais fait attention, il ne faut pas risquer un nouvel éboulement.

Pourtant la plus puissante de ses invocations, Tsuno avait été le plus facile à dompter, il était ainsi l’arme la plus puissante que Tenryu possédait aujourd’hui. Un partenaire qui obéissait et n’avait encore jamais failli à sa tâche.
La tête libérée des craintes que pouvaient représenter ces survivants du souterrain, Tenryu se concentra à nouveau sur le plan des rescapés des ruines.

- Désolé du contretemps, Tsuno va s’occuper de la situation. Shima et Moi t’assisteront à la mise en place du plan. Nous sommes prêts à suivre tes directives.