Grade / Profession : Jônin - Bras droit de l'Hokage
Aburame Miyako
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- Je… Quoi ?
Malgré le nombre de messages dits « importants » qui arrivaient à son domicile – elle soupçonnait Genkishi d’avoir donné l’ordre de la réveiller elle plutôt que lui – elle n’arrivait toujours pas à s’adapter à ce genre de réveil nocturne et se retrouvait souvent dans les vapes à comprendre un mot sur deux. Aujourd’hui par exemple, elle avait compris qu’on la convoquait instamment pour la réalisation d’une mission. Se frottant les yeux pendant que l’incongru répétait sa blague, elle prit le parchemin qu’il tenait. Alors qu’elle le lisait, retrouvant peu à peu de l’énergie, l’homme du palais s’inclina poliment et disparut, la laissant seule sur son pas de porte avec son ordre de mission.
Circonspecte, elle se dépêcha de rentrer, de prendre une douche, d’emballer ses affaires à toute allure, et de se rendre au point de rendez-vous, aux portes du village. Le pire dans tout ça, c’est que rien n’indiquait qu’elle était la cheffe d’escouade, cette fois-ci, comme lors de sa dernière mission à Tetsu, donc soit c’était une mission solitaire – mais il n’y aurait pas de points de rendez-vous – soit…
- Tu t’ennuies à ce point ?
Elle devait sans doute être en retard – il pouvait bien lui reprocher, elle ne pouvait pas s’attendre à être convoquée pour partir en mission derechef. Genkishi était déjà présent, adossé à un mur, dans des habits de voyage qui devaient au moins égaler le PIB de ce village de pécores qu’était Kumo.
- Tes lubbies t’amènent quand même à extraire l’Hokage et son bras droit du village, tu le sais ça ? Pour… pour…
Bah oui, tiens, pourquoi ? Tellement choquée d’avoir été convoquée aussi vite pour partir qu’elle n’en avait pas lu l’ordre de mission. Elle ne savait même pas ce qu’ils allaient faire. Feignant un sourire à faire rougir la mère des dragons face à la reine du nord, elle sortit le parchemin pour prendre connaissance de ce qui les attendait. Sans doute un thé fascinant à aller chercher à Perpette-les-Oies, un thé unique créé par des moines aveugles et unijambistes au fin fond d’un monastère quelconque, à base de rooibos naturel, de mélisse, de pétales de rose, de fleurs de bleuet, de lavande et de baies d’aronia, ou une théière incrustée de lapis-lazuli créée par une naturopathe chauve réputée d’un pays au bout du monde, un truc dans le genre.
- Je vois.
Et non. Une mission tout ce qu’il y avait de plus sérieux, avec des objectifs concrets et, surtout, aucune tisane à ramener (même si Miyako doutait fort que Genkishi n’y ferait pas un saut au retour). Kanetsu avait exigé les meilleurs éléments pour (enfin) s’occuper de ce problème, et force était de constater que l’Hyûga avait pris cette demande très à cœur puisqu’il avait décidé de s’envoyer lui-même. Il y a cinq ans, après tout, il était Conseiller à la Sécurité du Palais – c’était, au fond, son échec de ne pas avoir réussi à attraper ces bandits. Miyako hésita un instant, le nombre de sarcasmes lui venant sur le bout de la langue ne cessant d’augmenter chaque seconde. Un léger sourire avant de sortir son meilleur :
- Tu sais quoi de cette affaire ?
Ils allaient passer plusieurs jours ensemble, tout le temps. Elle avait réussi à esquiver les piques et attaques de son oncle depuis plusieurs mois – elle n’était pas sûre d’avoir envie de réveiller ses vieux démons cyniques.
Il y a de cela quatre, cinq ans, une sombre affaire avait ébranlé tout Hi no Kuni. Des disparitions de femmes et de jeunes filles avaient été enregistrées un peu partout dans le Pays. À l'époque, les instances Hijines avaient décrété avoir à faire à un traffic d'être humain de grande ampleur. Plusieurs soldats avaient perdu la vie en essayant de les arrêter et puis les enlèvements s'étaient subitement arrêtés lorsque l'un des membres du groupe fut capturé et enfermé dans la prison de haute sécurité du Mont Kagirinai. Le groupuscule s'était alors complètement volatilisé dans la nature sans laisser de traces. Cependant, trois nouvelles disparitions dans des circonstances semblables à celle de l'époque ont été enregistrées à deux endroits différents du Pays au cours des deux dernières semaines. Le Palais du Daimyo n'a pas hésité un seul instant pour transmettre à Konoha les détails pour que le village intervienne.
Tâches de la mission
Silencieux et vêtu d'un de ses kimonos et d'une cape de voyage, l'Hyûga à la mine sombre ne bougea pas d'un pouce à la tentative de blague de sa nièce. Comme d'habitude elle pensait bon d'ouvrir ses conversations par un sarcasme déplacé. Comprenant qu'il ne surenchérirait pas cette fois, elle prit enfin le temps de lire l'ordre de mission, sa mine se faisant visiblement plus sérieuse. Bien, il avait besoin d'elle en tant que kunoichi et pas en tant que comique, surtout pour cette fois-ci.
- Les Disparues d'Hatou. Une affaire qui a agité le pays il y a cinq ans quand j'étais déjà à l'Intérieur. Je ne crois pas que tu avais fait partie de l'équipe en charge du dossier, je l'ai donc ramené, tu pourras le consulter sur le chemin du centre pénitencier du mont Kaginirai quand nous nous arrêterons.
Faisant signe de la tête pour lui indiquer qu'ils partaient et qu'elle avait intérêt à suivre la cadence, l'Ombre salua de la tête les gardes avant de s'enfoncer dans la nuit, Miyako se hissant à sa hauteur.
- Le début de l'affaire a été marqué par une violente rafle de jeunes filles à Hatou, toutes de jeunes nobles de petites familles rendues sur place pour se divertir et passer l'été au soleil. Mais au fur et à mesure de notre enquête, les enquêteurs ont commencé à mettre bout à bout d'autres avis de disparition accumulés depuis quelques années, tous ciblant des jeunes femmes en suivant le même mode opératoire. Elles étaient systématiquement approchées dans des endroits de rencontre du style bars ou soirées par un homme assez jeune et fringant. Au fil des signalements nous avons retrouvé sa piste jusqu'à un entrepot de Kanetsu où nous y avons retrouvé plusieurs jeunes filles dont les disparues d'Hatou... Elles étaient physiquement en bonne santé cependant avaient été ... changées ... modifiées. Elles ne se souvenaient plus de leur identité et n'avaient qu'en tête d'obeir aveuglément à n'importe quel ordre qu'on leur donnerait.
Posant son pied sur une branche, il s'élança à la cime des arbres, la lune et les étoiles faisant de meilleurs guides pour leur permettre d'avancer plus à leur aise.
- L'enquête prenant petit à petit de l'ampleur au fur et à mesure que nous avons compris qu'il s'agissait là d'un véritable réseau, j'ai mené moi-même la charge sur l'entrepôt. Cinq des criminels sont morts malgré mes directives lors de l'attaque et seul le dernier -celui qui séduisait les victimes- a été arrêté... Cependant impossible d'en tirer quoique ce soit et ce malgré les moyens employés. Physiques ... ou mentaux. Au vue de l'affaire j'ai fait appel à Ryuka, qui malgré ses dons n'a pu pénétrer son esprit car un autre Yamanaka avait érigé une barrière à même de protéger de toute violation mentale au risque de détruire totalement sa psyché.
Ordre qu'il avait failli donner dans sa colère froide au risque de perdre leur seule piste.
- Au final, le clan Yamanaka a levé l'hypnose des victimes trouvées sur place mais énormément de disparitions sont restées sans résolution. On suppose qu'elles ont été revendues à gauche à droite par ce réseau que nous espérions dissous même s'il avait vraisemblablement juste déporté son activité ailleurs... Et les voici de retour. Pour ce qui est du prisonnier, il purge depuis son arrestation sa peine au mont Kagirinai... Une aubaine de ne pas l'avoir placé à Arashi malgré l'incitation de Teruo...
Le coeur lour de cet échec, l'Hyûga termina sa tirade.
- Ne reste qu'à le faire parler, d'où ta présence première avec moi. Sauf erreur tu es devenue maîtresse en la matière ... Et je ne voyais personne d'autre pour m'aider à rectifier mes échecs passés.
Aurait-il été d'humeur, il aurait tourné la tête en regardant, attendri, l'Aburame. Elle avait grandi en une redoutable kunoichi et était la seule en qui il avait une totale confiance. En espérant qu'elle ait l'intelligence de ne pas s'en vanter sur le moment et s'adapte à l'ambiance lourde de ce départ nocturne.
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Aburame Miyako
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- … Quel honneur.
Le ton était neutre : à vrai dire, la mission s’annonçait d’une complexité rarement atteinte par l’Aburame. Lors de la rafle qui avait eu lieu, il y a cinq ans, elle était déjà en mission : Genkishi n’avait pas pu attendre qu’elle soit de retour au vu de l’urgence de la situation. Le résultat avait été très décevant, tant pour l’Hyûga qui avait connu là son plus grand échec, que pour Miyako qui avait eu l’amère impression d’avoir abandonné son oncle à un moment où il avait besoin d’elle. Il ne lui en avait jamais tenu rigueur – après tout, c’est lui qui l’avait envoyée ailleurs – mais elle se souvient s’être sentie coupable de ne pas avoir été là. Peut-être que rien n’aurait été différent, mais il y a cinq ans, elle était déjà largement capable de mener ce genre de missions. L’occasion pour elle de consoler ses regrets et les remords de Genkishi. Mais elle se demandait comment réussir là où même Ryuka avait échoué. Elle ne la portait pas dans son cœur, mais elle était assez objective pour admettre la grande puissance de la kunoïchi Yamanaka.
A son grand étonnement, elle réussissait à suivre sans aucun problème la cadence de l’Hokage, bien plus soutenue que la cadence qu’elle avait adoptée lorsqu’elle s’était rendue à Tetsu. Il ne leur fallut que deux jours pour atteindre le mont Kagirinai. Miyako s’était occupée de réserver et de payer les chambres, l’Hyûga bénéficiant d’une trop grande popularité pour prendre le risque qu’il soit reconnu. Leurs chambres étaient rudimentaires mais confortables, l’occasion pour l’Aburame de prendre une douche et de se plonger dans le dossier qu’il lui avait ramené, pendant qu’il se préparait un thé sur la table de la chambre dans laquelle ils s’étaient retrouvés.
- Qu’est-ce qui te fait dire qu’il a des choses à dire en plus ? S’il n’a pas parlé il y a cinq ans, pourquoi parlerait-il aujourd’hui ?
L’homme en question semblait se complaire dans sa version de celui qu’on a payé pour accomplir une tâche : rien de plus, rien de moins. Si c’était vrai, leur escapade n’avait aucune raison d’être. Le problème étant qu’ils n’avaient aucune autre piste plus solide, ils se devaient d’espérer que la barrière érigée dans son mental cachait bien quelque chose.
- Et puis, si ça se trouve, ce ne sont même pas les mêmes criminels…
Elle n’y croyait pas elle-même, les procédés étant bien trop proches les uns des autres, mais la question devait être soulevée. Le dossier expliquait en détails tout ce que Genkishi venait d’expliquer : un jeune homme séduisant qui appâtait des jeunes filles qu’on ne revoyait plus. La liste de noms s’égrenait sous ses yeux, chaque victime ayant un dossier relativement complet. Aucun signe distinctif ne les reliait à première vue. Elles ne venaient pas du même endroit. La seule chose qu’elles avaient en commun était d’avoir croisé la route de cet homme. Miyako soupira, ferma le dossier et retourna dans sa chambre pour se coucher.
Après une courte nuit, ils reprirent leur route vers la prison du mont Kagirinai. La montagne fut visible de loin, et ils arrivèrent à destination peu avant le crépuscule. L’immense édifice en pierre grise était accolé au flan de la montagne, à plusieurs centaines de mètre de hauteur. De nombreuses patrouilles étaient visibles : nul doute qu’elles avaient été renforcées à la suite des évènements d’Arashi. Avançant jusqu’à l’immense grille, l’arrivée des deux Konohajins sembla figer les gardes, qui se tournèrent presque tous instantanément vers eux. Une voix s’éleva des remparts, puissante et autoritaire.
- Vous n’êtes pas autorisés à être ici. Faites demi-tour sur le champ. - Bonjour à vous aussi, enchantée de vous rencontrer. Puisque vous le demandez si gentiment, je suis Aburame Miyako, Jônin de Konoha. Et je pense qu’il est inutile de vous présenter Hyûga Genkishi, Shodaime Hokage ? - Ho… Hokage ?
Rapidement, des murmures s’élevèrent des remparts. L’homme à la voix puissante se présenta finalement devant la grille et s’avança vers les deux Konohajins. Il posa un genou par terre.
- Hokage-sama, veuillez m’excuser. Je ne vous avais pas reconnu. Que me vaut cette visite ?
- Pas grand chose à vrai dire. Cependant il n'a jamais cherché à nier qu'il détenait un semblant d'information supplémentaire. A mes yeux un mercenaire sans informations et simplement payé pour accomplir sa tâche aurait revendiqué au cours de ses interrogatoires ne rien savoir de plus ou aurait menti pour cesser toute torture supplémentaire ...
Fidélite, peur, obligation mentale via l'arcane du clan Yamanaka ... les possibilités étaient multiples qui pourraient expliquer les raisons de son silence mais il en était persuadé, cet homme n'était pas qu'un vulgaire sous-fifre de cette organisation qui avait sévi sur leurs terres.
- Peut-être ne sait-il rien de plus et qu'il s'agit en effet d'un groupe différent. Mais sait-on jamais ... Tes ... arguments couplés à la connaissance que ses partenaires l'aient laissé croupir en prison toutes ces années alors qu'ils opéraient toujours pourraient enfin percer ses remparts.
Autre chose pourrait également délier sa langue mais il refusait d'y penser pour le moment. Gracier un tel individu reviendrait à trahir le moindre de ses principes quand un tel homme ne méritait en réalité qu'une seule chose à ses yeux ... Repartant au matin il récupéra quelques vivres supplémentaires de l'auberge à laquelle ils s'étaient arrêtés avant de reprendre leur rythme effréné qu'avec surprise Miyako pouvait suivre sans trop de difficultés malgré que l'entraînement physique ne fasse pas partie de ses prouesses les plus spectaculaires.
Le Mont auparavant assez lointain se raprocha de plus en plus jusqu'à arriver à sa base. Remontant le chemin plus lentement pour ne pas alerter plus que de raison les nombreuses patrouilles qui avaient la charge de protéger l'édifice où ils se rendaient. Arrivés à la grille de l'enceinte extérieure, l'un des gardes prit les devants, leur sommant de partir tandis que lui et ses camarades étaient crispés, prêts au combat car plus d'un avait dû sentir leurs deux réserves chakratiques.
- Relevez-vous, ma visite n'a rien de cérémonielle. Je suis ici pour voir l'un de nos prisonniers. Matarashi Ikeo. - Ikeo ? Comme vous devez le savoir malgré toutes nos tentatives il ...
Toisant le chef de la garde, celui-ci se coupa dans sa phrase avant de s'incliner respectueusement. Les invitant à rentrer, il donna l'ordre d'amener le prisonnier à une salle d'interrogation et de prévenir également le gardien du centre pénitentier de l'identité de ses deux visiteurs. Ses hommes les devançant pour mettre en application ses ordres, le gardien leur proposa une collation alors qu'il les guidait parmi les couloirs du centre d'un pas plus mesuré.
- Ca ira merci.
Refusant pour lui et Miayko sans même penser à la consulter tellement le devoir primait sur tout le reste à cet instant. Enfin, ils arrivèrent à la salle d'interrogation devant laquelle deux gardes étaient postés. L'un d'eux ouvrant la porte, il les laisse tous trois entrés, retrouvant à l'intérieur deux autres gardes postés de chaque côté d'un homme assis et menotté à la table d'interrogation.
Spoiler:
- Vous pouvez nous laisser.
Fit l'homme assis d'une voix rauque et solenelle caricaturale au possible. Le gardien allant répondre, l'Hyûga leva la main à son attention avant d'hocher la tête sans dire un mot. Les gardes sortant de la pièce, ceux-ci refermèrent la porte avec attention alors que l'Hyûga s'asseyait sur l'une des deux chaises placées en face de l'homme.
- Quel honneur de vous revoir Hyûga-sama. Ou devrais-je dire Hokage-sama d'après ce que j'ai pu entendre dire ces derniers temps. Belle promotion.
Affichant une moue réellement impressionnée avant d'attarder son regard sur la magnifique créature que son bourreau avait ramené cette fois ci.
- Et à qui ai-je l'honneur ? Il ne me semble pas que nous ayons été présentés, nul doute que je me souviendrais d'un visage aussi divin si ç'avait déjà été le cas. Cela dit, ces dernières années ma mémoire a semblé me jouer quelques tours.
Conclut-il avant de reporter son attention sur l'Hyûga.
- Pas d'inquiétude alors, car nous sommes justement venus ici pour la rafraichir.
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Ouvrant la bouche pour refuser le goûter qu’on lui proposait, elle se ravisa comprenant rapidement que son oncle avait refusé pour eux deux. Elle n’en aurait certes pas voulu – ils étaient dans une prison, le vert qui entacherait les gâteaux secs n’auraient sans doute rien à voir avec la pistache – mais elle aurait aimé avoir la possibilité d’en avoir un. C’est le propre de l’être humain, se plaindre de restrictions qui ne les pèsent même pas car ils ne sont même pas concernés.
Genkishi avait l’art d’imposer le respect sans le demander. Il ordonnait sans commander, dirigeait sans insister. En quelques minutes, les gardes les firent traverser un dédale de couloir jusqu’à une salle où Ikeo fut rapidement amené. Un garçon au demeurant charmant, mais qui avait cette abominable prétention de ceux qui ont passé des années à se toiser et à ses plaire à soi-même. Il était beau, et il le savait, ce qui, finalement, le rendait d’une extrême laideur aux yeux de l’Aburame. Sa voix, doucereuse et qui se voulait charmeuse, l’irritait. A se demander comment toutes ces jeunes filles étaient tombées dans ses filets.
Oh, elle le savait. Elle savait qu’elle n’avait rien en commun avec toutes ces femmes inconsidérées, avec toutes ces femmes actives dans leur oisiveté, qu’on nomme « sensibles », et dont l’amour s’empare si facilement de toute leur existence. Ces femmes qui passeront leur vie à s’occuper de leurs sentiments, à attiser un feu dont elles ne jouiront même pas. Elles s’abandonneront à leurs idées frivoles, ouvriront leur cœur et leur âme en échange de paroles à la fois douces et brûlantes, confiant les preuves de leur faiblesse à l’objet qui les cause. Elles ne verront pas dans leur amant actuel leur ennemi futur.
Miyako plissa les yeux, les bras croisés. Il avait de la rhétorique, il était à l’aise avec les mots. Il avait résisté aux shinobis les plus forts il y a cinq ans, il avait résisté aux assauts répétés des gardes et des professionnels de la prison Kagirinai. Ikeo était un serpent : il mordait quiconque s’en approchait trop, déversant son poison dans le cœur et dans l’âme de ses victimes, puis se faufilant, glissant, serpentant à travers les embûches pour se sortir des situations les plus délicates. Et si sa fuite ne suffisait pas, il persifflait, utilisant sa langue fourchue pour enfin se dépêtre de là où il n’avait pu s’extirper.
- Aburame Miyako, Jônin de Konoha et, accessoirement, bras-droit de l’Hokage. Et puisque vous ne me connaissez pas, vous devez sans doute avoir deviné que je me fiche de vos exploits d’il y a cinq ans. Ce ne sont pas mes affaires.
Mais ce genre d’individus regorge de points faibles. Ils sont narcissiques, égocentriques, fiers. Ils ne supportent pas l’idée même d’être humiliés. Ils se croient indispensables, irremplaçables, inimitables, uniques. Ouvrant le dossier que Genkishi lui avait donné sur le chemin, elle fit quelques pas en direction du prisonnier, les yeux rivés sur les rapports.
- En revanche, là où ça m’intéresse davantage, c’est que quelqu’un a repris votre petit commerce. Des disparitions de jeunes filles, dont la méthode de ravissement ressemble en tout point à ce que vous faisiez, vous et vos copains, il y a cinq ans. Enfin, en plus efficace.
Léger sourire.
- J’ignore qui occupe votre rôle actuellement dans votre petite société, mais nul doute qu’il est bien meilleur que vous l’étiez.
Elle referma le dossier, plongeant son regard dans les yeux d’Ikeo. Première étape accomplie : elle avait heurté son estime de soi si précieuse. Elle enclenchait maintenant la deuxième étape : la négociation.
- Nous sommes ici pour gagner du temps, parce que vous avez accès à des informations dont nous avons besoin. On vous laisse le choix entre soit coopérer avec nous, soit finaliser la chute que vous avez entamée il y a cinq ans pour une organisation qui, visiblement, ne vous a jamais considérés pour autre chose qu’une marionnette.
Troisième étape : la menace. Pendant qu’elle parlait, Miyako laissa librement quelques insectes s’échappaient des pores de sa peau. Pas une nuée, pour le moment, juste quelques-uns, très perceptibles pour être remarqués, mais trop peu nombreux pour être considérés comme un danger immédiat. Un avertissement.
- Sinon, Monsieur Matarashi, dans l’optique où les enlèvements continuent malgré votre incarcération et vu que, malgré nos nombreuses tentatives et relances, vous semblez décider à ne pas coopérer, vous nous êtes tout simplement inutiles. Et vous savez ce que dit un serpent quand il est dévoré par des insectes ?
Les insectes avaient formé un léger essaim qui s’agita aux derniers mots de l’Aburame. L’air menaçante, le regard assassin, elle leva légèrement la tête.
- Il dit comme tout le monde : il implore la pitié.