L’éclat du renouveau  

@TEGAMI ISARA

Première partie

La prochaine fois.
Ainsi avait fini leur rencontre avec une promesse d’un jour se revoir, alors que la demoiselle avait été abandonnée sur le sol froid d’une cellule, plaquée comme un animal contre le fer froid dans une oasis si chaude. Enfin, ça ou une mauvaise soirée. Mais du haut de son perchoir, l’Hizori fraichement revenue de l’examen venait d’apercevoir un fantôme du passé et si ses deux créatures n’avaient en commun qu’une peau laiteuse, la cicatrice en « I » qu’il portait à la clavicule venait le chauffer. Isara…

Douce créature rencontrée des années auparavant, alors qu’un cirque Tegami s’était installé dans son village natal. Il n’y avait aucun doute, c’était elle. Malgré l’étrange fin de leur première rencontre, le roux s’était laissé aller, quitte à se faire piquer par le venin de ce scorpion albinos, mais il s’était fait piquer. Elle n’était pas illusion, bien au contraire elle se tenait là, dans la ruelle de son village et tout comme lui, portait l’objet qui unirait une fois de plus leurs deux âmes vagabondes.

Sautant jusqu’au niveau du sol, l’ancien protecteur Hizori, remonta de nouveau son masque et même si à défaut d’être en mission, il s’avança en utilisant toutes les précautions possibles. Seth lui traversa l’esprit, son invocation aurait été parfaite pour attirer l’attention de la demoiselle au tempérament bien trempé, mais le village résulterait en une protection suffisante, pour aujourd’hui. Il se fraya donc un chemin dans la foule, faisant bien attention de ne bousculer personne malgré son imposante carrure, puis en vint à porter.

Son cœur stoppa net un instant alors qu’une légère brise lui permit d’humer son parfum, elle n’avait pas changé d’odeur, c’était bien elle…

D’une main agile, il composa ses mudras, puis se retrouva rapidement derrière elle ou le sable lui enlisa les pieds. Son but ? S’emparer de son arme, une seconde fois.

     -Deux en deux pour le protecteur du désert, qu’est-ce que tu m’avais dit déjà ? Ah oui, toujours avoir une arme pour surprendre son adversaire, n’est-ce pas, Isara.

Son sourire carnassier apparut alors que de sa main libre, il redescendit son masque.

     -Je vois que tu as quitté le cirque et que tu as décidé d’apporter un changement plus, important sur le monde ? Dit-il en pointant son bandeau frontal à l’effigie de Suna.

L’éclaircissement de l’éclat

Mayuri se retenait de ne pas éclater de rire devant la réaction de la Tegami qui restait un peu trop sérieuse à son goût. Elle semblait être à la fois au courant des règles internes au village et du fait qu’effectivement, leur histoire devrait se terminer un jour... Finir dans une cage, l’esprit tourné et bien plus vieux du rouquin s’alluma.

     -Je n’aurais rien contre une nuit en cage, tu m’accompagnes ? J’aurais peur de m’y sentir seul et j’ai toujours un peu regretté d’être retourné travailler cette nuit-là.

Dit-il en riant, rappelant par la même occasion tout le sable restant. De nouveau autonome, le duo commença à marcher alors que Mayuri invitait la demoiselle à prendre un morceau.

     -Alors, dis-moi, qu’est-ce qui t’a poussé à quitter le cirque ? J’espère que rien de grave n’est arrivé à la troupe, mais soyons clair, ta nomination en tant que Genin m’intéresse un peu plus. Quant au Sensei, nous devrons tous deux attendre le résultat de mon examen. J’étais au pays du feu encore hier.

Dit-il en mimant le passé d’une main affolé. Il n’y était plus depuis un petit moment, mais tout allait si vite depuis son retour qu’il en perdait presque sa notion du temps. Dans tous les cas, les deux yeux de la demoiselle l’intriguaient, mais pour détendre l’atmosphère, il décida de faire une blague et tout en posant une main dont le pouce fini sous l’œil de sa vieille amie il dit simplement :

     -Tu sais, si tu voulais tant me ressembler, je t’aurais appris la technique de Henge, il ne fallait pas blesser un si joli visage… Isara, que s’est-il passé depuis notre rencontre ?

D’un ton inquiet, le protecteur du désert s’intéressait vraiment à sa vieille amie. Une rencontre dans le désert c’est assez rare, alors quand deux âmes se recroisent des années plus tard, il en va de soi qu’une quête d’information s’impose.

impressions

Désormais assis confortablement, le duo scarifié continua de tergiverser. Un simple haussement d’épaules s’en suivit. Peu importe ce qu’il aurait trouvé dans cette cage ce soir-là, il ne regrettait pas son choix. Elle comprendrait peut-être un jour qu’il ne voulait en aucun cas créer une faiblesse de plus dans celle qu’il avait déjà. D’autant plus que ses motivations ne se verraient qu’affecter par une histoire sans lendemain, il préférait garder son énergie et évacuer sa rage sur les ennemis plutôt que sur la première Tegami venue...

La conversation continua et même s’il n’eut pas les réponses désirées, le semblant d’information lui révéla que comme pour les siennes, ses cicatrices n’étaient pas que corporelles. Choisissant de se taire, il accepta sa boisson et tout en ingurgitant le nectar de cactus d’un trait, ce fut déjà à son tour de parler.

-Pour tout te dire, je suis mitigé. J’ai l’impression que les atouts de chaque village n’ont pas été révélés. D’ailleurs, je me suis frappé à un mur ces derniers temps. Les shinobis maitrisent une arme que nous n’avions pas dans l’Armée et c’est la politique.

Soupirant. Le roux regarda le ciel comme pour y trouver ses réponses.

-J’ai passé la première épreuve en compagnie d’un homme venant des contrées ou le ciel caresse les habitations des hommes. Celui-ci avait un don que je n’avais jamais vu, encore plus proche de la nature que je n’aurais pu l’imaginer, il appelait ses frères ours pour combattre et crois-le ou non, il pouvait prendre leur forme tout aussi bestiale… Pour la seconde épreuve, je me suis retrouvé contre une sorcière du feu, je n’ai compris qu’après le combat que de tout l’affrontement, ce n’est que mes bonnes vieilles habitudes et un peu de chance qui me permit de m’en sortir sans la moindre égratignure. Cette jeune fille pouvait envoyer son esprit dans le corps des autres. Il y a donc des dizaines de façons d’interpréter la chose, mais si tu veux l’avis d’un vétéran, ce n’était que du tape à l’œil. Qu’une façon de montrer ses pions dans une guerre à venir, de calmer les ardeurs et le jeu le temps d’une saison ou deux… à mon sens, les réels dangers ont été promus avant, secret militaire, ceux-ci n’avaient pas à montrer quoi que ce soit, alors que dans mon cas, j’ai dû montrer mes talents devant une foule de gens qui s’ils me reconnaissent sur le terrain, auront un avantage indéniable.

Soupirant de nouveau, le roux ne savait pas vraiment quoi penser, mais comme il venait de le dire à sa vieille amie, les temps durs étaient à venir et contrairement à ce que laissait croire cet examen, d’un point de vue militaire ce n’était qu’une façon d’obtenir des informations, de jauger la puissance et éventuellement de pouvoir savoir quand et comment attaquer. Lui-même en avait profité pour prendre quelques repères et ce village caché dans les feuilles n’avait que d’égal son cousin du désert.

-J’allais chercher une nouvelle mission quand je t’ai vue, si tu veux, tu peux m’y joindre, en tant que Kunoichi de Suna, nous devons désormais nous assurer que tu puisses grandir rapidement. Qui sait quand nous aurons à vraiment combattre ses monstres des autres nations.

lâcher prise

Grandi, assurément pas sur le plan physique, lui qui avait cette forte carrure depuis toujours se surprit à rire. Elle avait cette façon de le ramener sur terre et pourtant, elle était Tegami, son don ne devrait-il pas l’envoyer dans les étoiles ?

-Mouais, les temps changent et même si nous ne sommes plus constamment en danger, certaine habitude son dure à perdre, d’autre se raffine.

Dit-il en levant une main au niveau du torse pour en composer un mudra unique qui laissa celui qu’elle pensait être le vrai, s’échapper au sol sous la forme d’un amas de sable. Fidèle à ses habitudes, il ne réfléchissait plus en civil depuis bien trop longtemps. Les grains retournerait à son urne et d’un coup, il referma le bouchon, l’avait-elle deviné comme un clone, se montrerait-elle désormais plus agressive ? Lui en voudrait-il d’avoir encore et toujours été sur ses gardes ?

C’est d’ailleurs d’une main nouvellement conquise, conquise par cette idée de pause et de détente qu’il vint toucher l’épaule de la demoiselle.

-Va pour demain alors, je ne voudrais pas gâcher une si belle habitude, d’autant plus qu’en mission les choses vont à une vitesse différente. C’est à croire que toutes ses années passées à faire la guerre n’étaient que massacre après boucheries contre des civils quand on voit le potentiel qu’ont accumulé ses villages.

Il réfléchissait toujours, si bien qu’il ne savait plus comment profiter d’un moment à la fois si simple et naturel, mais elle lui donnait envie d’apprendre. Le seul risque pour son esprit trop pragmatique se retrouvait en cet amour nouveau qu’il portait de plus en plus envers le village. Depuis toujours, il n’avait que vagabondé, seul Rôran avait été différent, mais ici, peut-être qu’une fois la politique mise de côté, il serait capable de se sentir chez lui.

-Je crois que j’aurais bien besoin d’une pause, un peu de méditation sur la plage me ferait le plus grand bien.

Dit-il en lui tendant une main amicale. Il était parfois bon d’avoir une relation qui ne se solderait pas au Kunai… Enfin, il hésitait encore à se prononcer pour sa vieille amie.