Après un voyage jusqu’à Nami rempli de péripéties, les deux Konohajins avaient décidé de se séparer quelques heures afin de partir à la collecte d’information, mais surtout d’un nouveau moyen de locomotion.
Ils se trouvaient au Nord du pays, loin de la capitale, et avaient mis les pieds dans un tout petit village côtier.
Comme il avait pu être témoin de cela lors de son premier passage, la vie dans ce village semblait foutrement compliquée.

C’était encore et très certainement de la faute du Daimyo dont l’influence oppressante ne se contentait pas d’écraser les gens de la capitale et ses alentours.
Tout le pays était sous le joug de cet imbécile tyrannique et c’était un véritable crève-cœur pour le Kazama que de devoir revenir ici autrement que pour faire tremper ce vieux débris dans un bain de toxines.

C’est complètement trempé, et recouvert en partie d’une longue cape de voyageur que Tenryu entra dans l’unique petite bâtisse éclairée.
Il s’agissait d’une auberge un peu miteuse, où peu de gens se trouvaient.
En tout, moins d’une dizaine.

Le Konohajin qui ne possédait aucun signe distinctif d’appartenance au village de la feuille s’approcha donc du bar où le tavernier s’adressa à lui.

- Et bien mon jeune ami ? Que t'est-il arrivé ? Ce n’est pourtant pas tempête.
- Veuillez m’excuser pour votre sol, Monsieur s’excusa le Kazama en premier lieu. Mon embarcation a été attaquée un peu plus au large par une bande de pirates, j’ai nagé pour ma vie jusqu’à votre auberge.
- Encore ces maudits pirates s’écria le tavernier alors que les quelques personnes présentes eurent le même élan d’indignation. Ils n’en ont pas assez de nous faire subir ce qu’il nous font subir qu’en plus ils s’attaquent aux navires en mer.
- Je dois dire que je ne m’y attendais pas… Mais comment se fait-il que votre Daimyo laisse ces pirates vous faire subir tout ça…
- Ah !  Ça vous savez… c’est une autre paire de manches…

Le tavernier était resté vague. Ne souhaitant visiblement pas que son opinion sur le Daimyo ne soit révélé.
De toute façon Tenryu était déjà au parfum de tout, mais avait simplement voulu instaurer un semblant de discussion.
Le tenancier de l’auberge était un homme bon, il servit à la suite de leur échange une tasse de lait bien chaud au Kazama enfin que celui-ci puisse “se réchauffer”.

Tenryu venait tout juste de finir sa discussion avec le tenancier de l’auberge, il était sur le point de déguster le lait qu’on lui avait gentiment offert, lorsqu’un jeune homme débarqua de nul part et s’installer au comptoir invitant l’aubergiste à servir au Kazama une bonne dose de saké, histoire de bien le réchauffer.

Le jeune garçon n'était pas ce qu’on pouvait appeler un timide.
Il arrivait, se posait et prenait de la place.
Il scrutait pendant quelques instants Tenryu, comme essayant de le percer à jour.
Avant de lui poser une question. C’était si improbable de voyager seul en mer ?
Mais voilà que Ten’ se retrouvait confronté à un imprévu de taille. Par chance, le jeune garçon ne lui laissa pas le temps de répondre, ce qui lui permit de mûrement réfléchir à sa réponse.

Le moins que l’on puisse dire, c’était que le garçon était vraiment intéressé par cette histoire de pirate.
Mais il était trop tôt pour le Kazama de lui accorder sa confiance. Tous les verres de saké du monde, et les TchinTchin de l’univers n’y changeraient rien.

- J’ai grandi sur le navire de mon père, la mer ça me connait. Récemment, j’ai décidé de faire le tour des océans du Yuukan en solitaire. Me voilà vernis maintenant qu’ils ont coulé mon bateau.

Répondant à la trinque du jeune garçon, Tenryu mit de côté le lait et accepta quelques gorgés d’alcoll en guise d’introduction.
Il avait complètement pipé sa première réponse, mais personne irait vérifier ce détail-ci.
Quant à la suite, il n’était pas tenu de garder secret la manière d’agir des pirates, il était donc beaucoup plus serein.

- Je dois dire que ça a été très rapide. Deux navires, un de chaque côté et j’étais cerné. Il devait être une dizaine.
Ils ont pris mes vivres et lorsque j’ai supplié de m’en laisser un peu pour subsister ils ont rigolé en me disant que je n’en aurais plus besoin. Ils se sont écartés et ont fait feu sur la coque de mon bateau.

Il accompagna son récit de nouvelles gorgés de saké avant de reprendre.

- Le temps que j’abandonne le navire et que je remonte à la surface, un peu plus loin et ils avaient disparu… Je n’ai donc pas beaucoup d'informations à te donner, camarade.
- De vrais brutes ces pirates pesta le tenancier.
- Cela fait longtemps qu’ils agissent dans le coin ? Mon père me disait toujours que les côtes Namijines étaient belles et calmes…

Il plongea son regard dans celui du jeune garçon.

- Ils m’ont pas l’air d’être des personnes fréquentables avec qui on a envie de s'acoquiner, cela fait un moment que tu es à leur recherche ?

Tenryu n’était pas en mesure de communiquer plus d’informations qu’il s’autorisait à donner. C'est-à-dire un strict minimum en jouant sur les faits que les locaux devaient déjà connaître.
Le reste n’était que du ficelage afin de paraître crédible et surtout ne pas griller sa couverture.
Ce jeune homme inconnu n’était qu’un étranger, et le fait qu’il soit à la recherche des pirates pouvait laisser penser une multitude de scénario que le Kazama n’était pas en mesure de contrôler.

Les informations de ce dernier semblaient coïncider avec les informations que le Konohajin détenait.
Des attaques récurrentes lors des dernières semaines sur les villages côtiers du pays. Mais qu’est-ce qui prouvait à Ten’ que ce garçon ne faisait pas partie de cette équipage ou prévoyait de le rejoindre ?
C’est avec cette crainte que le shinobi était en train de jongler. Cela faisait quelques jours qui s’était lancé à leur recherche, et n’avait trouvé que de maigre piste.
Pour l’instant, le garçon de Konoha devait continuer à jouer son rôle avec celui qui se présenta comme Kokusen. Une vraie identité ? Un pseudonyme ? Encore une fois, c’était le doute, alors autant se montrer préventif. D’autant plus avec un homme qui balançait volontier de scud sur le Daimyo en place.

- Tanaka, heureux de faire ta connaissance Kokusen.

Pour clore ces présentations, le konohajin porta son verre à sa bouche et bu une gorgée de cet alcool qu’on lui avait gentiment offert.

- Toutes les personnes ici présentes semblent un peu effrayées par ces pirates et de ce Daimyo… Mais toi tu critiques ouvertement les agissements du second et recherche les premiers…

Tenryu se montra délibérément songeur envers Kokusen, réfléchissant sur le compte de ce dernier.

- Un voyageur comme moi se questionne sur ce qui peut motiver un jeune homme comme toi à vouloir faire face à ce genre de personne. Tu as toute la vie devant toi, pourquoi t'attarder sur ces pirates ?

En réalité, l’ex-Mizujin le comprenait plus que très bien. Souhaitant lui-même faire rouler la tête du Daimyo de Nami no Kuni jusqu’au bord d’une falaise pour ensuite la balancer en peinture aux requins.
Mais pour ce qui était des pirates, c'était encore un mystère qu’il espérait découvrir.

- On me disait autrefois que plein de petits îlots entouraient le Pays des Vagues… Cela ne serait pas étonnant que ces malfrats s’y cachent…

Disait-il songeur histoire de placer là quelques hypothèses pour montrer qu’il n’était pas juste là pour poser des questions.

Le fameux Kokusen n’était visiblement pas quelqu’un qui avait la langue bien dans sa poche.
Bien au contraire, il avouait sans le moindre détour ses convictions.
C’était un garçon qui s’était juré d’être présent pour les Namijins. Un garçon qui mettait déjà tout en œuvre à son échelle pour y parvenir. Un garçon qui n’avait aucune crainte à critiquer le Daimyo Moriko. Un garçon qui tout comme le Kazama et bien d'autres souhaitait voir la sale tronche de ce dernier balancer à la mer.

Était-il possible que le Kazama soit en présence d'un éventuel allié supplémentaire ? Ce dernier était-il au courant du mouvement de révolution qui s’était développé dans l’ombre du pays ? Comment devait-il gérer cet imprévu dans cette mission top secrète qu’il menait actuellement sur le sol namijin ? Pouvait-il faire confiance à ce garçon ?

Le tenancier apporta plus de poids au discours du jeune homme. Il semblait reconnaître les agissements positifs du jeune garçon. Une histoire de mariage certainement pas souhaité de la nièce du tavernier.
Le gamin faisait donc des choses pour son peuple. Enfin… Disons qu’il était plus actif pour ce dernier que ne l’était le Daimyo.

Cela permettait au Chûnin de la feuille d’y voir plus clair. Mais il n’était pour autant pas forcément en mesure de faire quoi que ce soit.
Son ordre de mission lui interdisait formellement de révéler son identité.
Il ignorait encore comment il allait pouvoir se dépêtrer de cette situation où le jeune garçon lui proposait de l’accompagner sur les îlots entourant le pays afin de débusquer les pirates.

- J’admire ton entrain Kokusen, voir tant de dévotion pour ton peuple fait chaud au cœur à un solitaire tel que moi… Mais je tiens plus à ma vie qu’à mes affaires volées. Tant que je peux retrouver un navire et repartir en mer cela me suffit.

Hors de question donc pour lui de faire un Leeroy Jenkins avec un inconnu en plein milieu d’un repère de pirate.
Ce qu’il souhaitait à présent c’est décourager le jeune homme de faire une chose aussi stupide qu’un Leeroy Jenkis en solitaire au coeur d’un repère de pirate.
La mission qui avait été confiée au Kazama était de rang A. Cela n’avait rien à voir avec un mariage avorté, mais ça, Tenryu ne pouvait le révéler.
Il haussa donc un peu le ton afin que chaque personne présente dans cette auberge miteuse puisse l’entendre. Il y avait peu de chance que des émissaires du Daimyo s’y trouvent, ces derniers bien trop habitués aux coins luxueux ne viendraient pas se risquer à respirer le même air que la plèbe qu’ils tyrannisaient.

- Vous tous… Vous semblez mener une vie bien délicate… Je ne sais pas si je fais bien de vous révéler cela… Je ne souhaite pas donner de faux espoirs…

Un discours mené lentement, afin de captiver l’attention des personnes présentent.

- Lorsque l’on navigue en mer, on voit beaucoup de choses, on doit aussi surmonter de terribles épreuves et parfois c’est l’instinct qui nous sauve la mise. Ces derniers temps, la mer s’agite, et mon instinct me dit que c’est pour votre pays.

Son discours éveilla la curiosité chez certains, la peur chez d’autres. Le Kazama étoffa son discours sur quelque chose de plus palpable. Et rassura sur une quelconque catastrophe naturelle.

- Oh n’ayez pas peur, rien à voir avec un caprice des océans… Mais on m’a toujours dit qu’après une sombre période, la lumière finissait toujours par arriver.

Les inquiets furent soulagés tandis qu’il regarda Kokusen avec un peu plus d’insistance.

- Tu dois pouvoir voir cette lumière Kokusen, alors ne fonce pas tête baissée dans la gueule de ces pirates.

Des pirates dont il ignorait tout. Leurs nombres, leurs dangerosités, et bien d'autres facteurs qui devaient impérativement être pris en compte avant chaque action.
Le tavernier était d’accord avec les paroles de celui qu’il croyait s'appeler Tanaka, il s’empressa donc de le faire savoir au Kokusen. Demandant à ce dernier de continuer à veiller sur eux.

Le jeune homme appelé “Kokusen” faisait preuve de beaucoup de courage pour ainsi s’opposer publiquement et physiquement à la situation actuelle du Pays des Vagues.
Il s’était construit une petite réputation auprès du peuple, agissant tel le sauveteur de plusieurs d’entre eux.
Pour autant, le Konohajin sous couverture qu’était le Kazama avait pris la décision de taire toute information supplémentaire.

Dans un sens, ce garçon lui inspirait confiance, mais d’un autre. La mission qui était la sienne ne pouvait être associée officiellement à Konoha. Intérieurement, Tenryu était désolé. Mais outre les échanges de verre, il n’y aurait pour l’instant aucune collaboration entre les deux hommes.

Le Kazama tâche tout de même de dissuader le jeune garçon de se lancer à la poursuite de ces pirates.
Une mission de rang A était parmis les plus difficile du genre et bien que le garçon ait confiance en ses compétences…et tout aussi dur à cuir qu’il se croyait, il ne ferait pas le poids face à une potentielle armada.
Mais face à un tel obstiné, il comprit rapidement qu’il n’aurait pas le dernier mot et qu’il n’aurait aucun moyen de raisonner ce dernier.

Il était déterminé à aller fouiller les îlots autour de Nami et s’était mis en tête qu’il retrouverait les affaires imaginaires du Kazama.

- Kokusen à Doyagai répéta Ten’ à voix haute comme pour inscrire cette information dans sa mémoire. Je prends note, mais ne vas pas risquer ta vie pour quelques broutilles.

Une énième tentative, mais c’était déjà trop tard, Kokusen quittait déjà l’établissement, adressant un dernier signe de main au Kazama.

Cette fois-ci, Tenryu n’avait plus le choix. Il devait impérativement régler cette affaire de pirate avant que le Namijin s’y risque davantage…
Il termina d’une traite son verre qu’il déposa ensuite sur le comptoir avant de s’adresser au barman.

- Merci beaucoup pour tous ces breuvages, ils étaient délicieux. Dites moi… J’ai cru comprendre que le Seigneur d’ici est plutôt un homme à éviter. Ainsi, je voudrais éviter de mettre un pied dans la capitale. Connaissez vous, un constructeur de bateau ou un pêcheur discret à qui je pourrais emprunter une embarcation afin de poursuivre mon voyage ?

Il lui donna une adresse, que le shinobi sous couverture répéta.
Puis il se leva, remercia chaleureusement son hôte et quitta l’établissement après avoir laissé un pourboire conséquent.
Il devait à présent se mettre à la recherche de Yusuke afin de planifier la suite des opérations.

The End: