Atteindre le Daimyo pour le détrôner relevait du fantasme. La lignée Sugimoto était trop confortablement installée au pouvoir et depuis si longtemps, qu'imaginer ne serait-ce que l'atteindre n'était que pure folie. Qui pouvait ambitionner à cela ? Surtout pas une simple genin issue des bas-fond de Kumo no Sato. Et pourtant pour survivre, Muku s'est accrochée à cet unique dessein. Cette obsession si prenante qu'elle frôle parfois l'insanité. Bien cachée derrière ses traits si féminin, elle n'est que le spectre de la femme qu'elle aurait pu être. Il ne reste de cet enfant qu'une banshee tourmentée et rongé par la vengeance. Mais la tisserande porte si bien son masque que nul à ce jour n'a percé le voile. Sa beauté envoûtante et sa peau si pure éblouissent même les marchands les plus aguerris.
* Tu m'as tout pris ! Je t'arracherai ce que tu as de plus chère, et tu subiras le même sort qu'eux : je t'enfermerai pour l'éternité. *
« Hey Muku ! Tu rêves ? » l'apostropha Maigu, sa jeune apprentie à sa boutique d'étoffes et de tissus.
« Euh non non, j'imaginai de nouvelles pièces... » éluda la rêveuse, en levant le menton de la paume de sa main.
« J'en ai marre, tu vas encore partir en voyage sans moi ! Et quand tu n'es pas là, on vend moins, on a besoin d'argent. »
« Que veux-tu dire à la fin ? »
« Tu n'as pas entendu la clochette ? Décidément, t'étais vraiment perdu dans tes pensées. On nous a déposé un nouvel ordre du bureau des missions. Vu le sceau sur la cire, y'a pas de doute, c'est bien eux ! » confirma Maigu en tendant le parchemin enroulé à sa patronne.
La genin pinça le bout de la petite ficelle piégée dans la cire et d'un geste à la fois ferme et délicat, elle scinda en deux le bouchon rougeâtre. Comme s'il était animé d'une volonté propre, le rouleau se déroula instantanément sous ses yeux, elle n'avait plus qu'à le parcourir. Ses sourcils se rapprochèrent de son front, on lisait facilement sur son visage son dépit.
« Quoi ? Y s'passe quoi ? C'est grave ? » s'inquiéta sa jeune acolyte.
« On me demande de sauver un clown ? »
L'enfant pouffa de rire et ne sut retenir ses esclaffes. Du coin de l'oeil, Muku la toisa. Ce moquait-on d'elle la haut ? Sa quête de pouvoir semblait d'un coup bien lointaine.
« A défaut de voyager, je m'ferai quelques ryos. Et vu que c'est en mission, ils ne seront que pour moi. » s'amusa-t-elle à son tour.
« Oui mais n'oublie pas que le Raikage en prend la moitié pour sa pomme ! »
* Putin ! J'avais oublié cette règle à la con ! *
« Bon, je dois retrouver mon partenaire du jour au bureau des missions. J'y vais, je te laisse nettoyer la boutiqueeeeeeuuuhhh ! » chantonna la kunoichi, en embrassant Maigu sur le front.
« Gnagnagna » bougonna l'apprentie.
Les journées étaient encore chaudes, elle avait tronqué son épais pantalon noir pour un tissu plus estival, et arborait sous un léger kimono blanc, presque transparent, sa brassière noire aux motifs nuageux. On devinait aussi le large tatouage dragon qui recouvrait l'ensemble de son dos.
Vous connaissez l'histoire de SuperNuage ? C'est un gars habillé en costume moulant blanc, avec une cape rouge, qui a un giga logo sur le torse qui dit "SN" - à une lettre près c'était la catastrophe. Bein, SuperNuage en peut plus : il se fait casser la figure en boucle par des brigands qui nuisent complètement à son image. Idole des enfants, clown des parents, protecteur des opprimés, SuperNuage a besoin que vous lui veniez en aide ! Il faut mettre un terme à ces agressions et faire en sorte de remettre sa crédibilité en place !
Courrier du bureau des missions entre les mains, Sayuri se désespère de plus en plus au fur et à mesure de sa lecture. Okay Sayuri s'acharne à faire sa propre justice pour protéger autrui, mais de là à rédiger un tel courrier pour sauver un C.L.O.W.N..... Kumo se fout de Sayuri et de son autrice ! Un superman raté mélangé à du baggy le clown, triste réalité qu'est celle de la Mojuzuka. Après un long soupir qui s'éternise surement un peu trop longtemps, la brune place son sugegasa sur sa tête puis siffle, amenant la chouette blanche jusqu'à son épaule droite. Le duo fin prêt à partir en mission, les deux âmes se mettent tout naturellement en route jusqu'au bureau des missions retrouver la partenaire du jour : Senbaru Muku.
Une fois arrivée, la kunoichi se remémore la raison de sa venue et lâche un énième soupire. SuperNuage, une mascotte pour les petits, un clown pour les grands et une victime pour les brigands. En soit, SN est clairement inutile dans tous les sens du terme, une simple image ne servant qu'à réjouir les enfants, mais aucune utile à sauver Kaminari no Kuni. Il est important de calmer l'hostilité des civils envers les ninjas du pays, mais en quoi une mascotte qui ne les représente en aucun cas les représenterait ? Et bien c'est plutôt simple : en rien. C'est juste un personnage qui ne sert strictement à rien et l'image que reflète les ninjas du village n'est en rien améliorée... Utilité : zéro. Mais malgré ça, l'ordre de la mission est clair : il faut venir en soutien à SN et le rendre moins médiocre. En bref : barbant. En tout cas pour Sayuri, parce que l'autrice se fend la poire à imaginer un mec en collant ! Mais ça... détail détail.~
La Mojuzuka attend en silence dans la hall des bureaux sa partenaire, voit-elle la mission comme une contrainte de mauvais goût ? Peut-être bien qu'oui, peut-être bien qu'non, mais dans tous les cas, Sayuri compte bien mener à bout leurs objectifs, combien même cela lui coûte. Peut-être que ce sera finalement plus important que ça en a l'air aux premiers abords ? Mais disons qu'il est compliqué de crédibiliser un mec en costume qui sert simplement de décoration de rue.
Encore un soupir, puis Sayuri décide d'entamer les démarches de sa mission. "Bonjour, vous pouvez me donner l'adresse du commanditaire de cette mission ?" Fit-elle en accostant l'un des kunojin employé des lieux. Après quelques instants à attendre, elle obtient son dû et décide de sortir fumer afin d'attendre el famoso Muku et relâcher toutes ses mauvaises ondes.
Pour se déplacer d'un pic à l'autre, les ingénieurs Kumojins avaient imaginé d'immenses passerelles faites de lattes de bois, d'épaisses cordes et de rivets de métal. Elles étaient comme les vaisseaux sanguins reliant les différents organes entre eux, facilitant grandement le fonctionnement de ce village atypique. C'est sur celui qui relie le Pic des Bourrasques à la Flèche que Muku s'arrêta. En plein milieu du pont suspendue dans le vide, elle se rapprocha du bord. Pensée suicidaire ? Aucune. Elle profitait simplement de la brise, elle lui caressait la peau d'une main tendre et aimante. La Senbaru y trouvait du réconfort, un moment à part dans sa solitude ordinaire.
« Je ne sais pas si vous avez survécu... J'espère un jour vous revoir. » susurra-t-elle au vent, aspirant qu'il leurs porte ses mots.
Muku n'est pas une orpheline, du moins pas temps qu'on n'aura pas retrouver leur cadavre pour le prouver. Elle reste donc une enfant seule, abandonnée dès l'âge de dix ans. Aujourd'hui âgée de vingt années, elle n'a pas perdu espoir de les retrouver, mais sa flamme vacille, et le temps finira par l'étouffer.
L'objet de la mission ne la pressait pas, mais elle atteignit enfin la première section du bâtiment du Raikage : le bureau des missions. Devant attendait une ribambelle de shinobis, tous plus expérimentés les uns que les autres. Des Juunins avec leur veste représentative jusqu'à des gamins fraîchement sorties de l'école, comme elle en fait. Il y avait des gens hors norme, comme cette fille au grand chapeau avec un hibou en guise de compagnon. Son couvre-chef manquait de raffinement pour que la tisserande ne s'y attarde. A l'intérieur, elle questionna le personnel pour savoir dans quel coin du village se rendre.
« J'ai déjà donné toutes les infos à cette femme là-bas, ça doit être votre partenaire. » s'exclama un officiel, tandis que Muku interrogeait sa collègue.
Sans dire merci, elle se retourna en suivant du regard la personne désignée par son doigt. Bien évidemment, il lui indiqua cette femme aux mauvais goûts.
* D'abord Nanabe qui s'habille comme une amazone, maintenant elle avec son parapluie sur la tête. Qu'ai-je fais au bon dieu de la mode ? * S'inquiéta-t-elle en se rapprochant.
« Je suis Muku. » fit-elle savoir à l'intéressée, qui se retourna.
* En plus du piaf qui doit puer la fiente, elle fume … Il est hors de question que ma tunique sente le tabac. * S'indigna la couturière toujours finement habillée.
« Jolie chapeau ! » mentit-elle avec un sourire innocent. « Hâtons-nous, le héros de Kumo a besoin de nous. » rigola-t-elle. « Sa zone d'action se trouve à la lisière entre les quartiers résidentiel et commerçant, je crois savoir où s'est. »
Une seconde fois, Muku emprunta le pont mais en sens inverse. Cette fois, elle avait vraiment envie de sauter.
Le soleil brillait mais ne culminait pas encore. A cette heure, les rues restaient silencieuses avant le rush de midi. Et pourtant des rires enfantins faisaient écho sur les façades des maisons.
Sayuri ne cesse d'observer les environs faisant attention aux allées et venues des ninjas. La brune attend sa partenaire du jour avec une pointe d'impatience, il faut dire que cette mission ne la réjouit pas plus que ça, mais qu'il faut bien s'y plier et gagner sa croute comme il se doit.
Après quelques minutes à vapoter, plusieurs personnes retiennent son attention. Toutes des genin, forcément puisqu'elle en attend une. Une blonde ayant une démarche assurée, voire coléreuse. Une brune bien soignée, peut-être trop pour une ninja ? Une autre brune au visage défiguré par de nombreuses cicatrices. Toutes viennent d'entrer à l'intérieur du bâtiment à quelques secondes d'intervalles, l'une d'elle viendra surement jusqu'à elle.
Bonne déduction, puisqu'après seulement quelques petites minutes à attendre, une voix vient couper court à l'instant de solitude de Sayuri. Cette dernière se retourne bien évidemment afin de voir laquelle des trois kunoichis lui fait face... Manque de peau, la plus soignée des trois. Ce type de personne font toujours tout pour rester digne de leur tenue, en tout cas la Mojuzuka s'en fait cette idée-là. "Et je suis Mojuzuka Sayuri, enchantée." Lui dit-elle tout naturellement.
Au vu de la mission du jour, pas sur qu'avoir une tête brulée lui soit réellement utile, Muku lui sera donc surement utile à terminer cette mission rapidement. Un joli sourire et une voix fluette digne d'une jeune femme sortie d'un shojo ! Sayuri lui rend son sourire en confirmant ses espoirs : Elle lui sera utile. Elle dégage un charme qui ne déplaît surement pas aux hommes, à l'inverse de Sayuri qui camoufle certains de ses atouts comme son visage. Puis sa voix n'est pas particulièrement enjouée non plus, autant dire que la dompteuse de rapaces ne se préoccupe que de très loin des apparences.
Bref, pour en revenir à ce pourquoi elles sont là, Muku la coupe dans ses pensées afin de se mettre en route en soutien de SuperNuage. "On ne devrait avoir aucun mal à le trouver." Dit-elle avant qu'elles ne commencent leurs recherches.
Après quelques minutes de marche seulement, des rires se font entendre, puis Muku déclare avoir trouvé la cible de leur mission. Sayuri observe dans la direction des ris et trouve un homme en tenue atypique : SuperNuage. Exactement comme elle se l'imaginait. La brune lâche un soupir et s'avance dans sa direction. "SuperNuage je présume ? Bonjour." Elle sort le parchemin où la requête y est écrite. "Vous avez demandé notre soutien, ça vous dérangerait qu'on en discute quelques instants ensemble ?"
Sayuri regarde les enfants qui entourent leur héro, puis elle leur sourit. "Ca vous dérange si on aide SuperNuage ? Il doit botter les fesses de super méchants !" Deux gamins commencent à ouvrir grand leur bouche et commencent à sauter de joie. "Waaaa ! Trop super génial ! J'peux aider, j'peux aider !?" La Mojuzuka rit un coup et leur répond assez rapidement "Han ! Je crois que y'a pleins d'enfants qui ont peur des méchants ! Et si vous alliez leur dire que SuperNuage et ses amies vont tous vous protéger ?" Les deux gamins commencent à bougonner, puis finissent par se convaincre par les autres enfants du groupes plus raisonnables.
La Mojuzuka repose alors ses yeux sur le "héros". "Du coup ?" Elle ne lui laisse pas trop le choix en soit, après ce qu'elle venait d'annoncer aux enfants...
Les deux jeunes femmes mirent la main avec aisance sur l'individu. Muku ne savait pas comment le qualifier tant sa tenue vestimentaire la laisser perplexe. D'abord, le choix du textile : probablement un mélange à base de latex le rendant extrêmement moulant, il collait au corps comme une seconde peau. De ce fait presque à nu, on devinait avec exactitude les deux attributs masculins le caractérisant. Ensuite le choix des couleurs : elles ne représentent en rien ne serait-ce que le village ou le pays, du jaune et du bleu, là, on aurait compris. Rien qu'à cela, la Senbaru en apprenait déjà beaucoup.
* Je dois avouer qu'il est un peu musclé, mais cette volonté de le montrer à tout prix cache une carence en charisme et un manque de reconnaissance. Et ces couleurs, il est en quête de son identité, il cherche encore sa place. *
La tisserande aux remarques habituellement piquantes laissa à Sayuri le soin de gérer les gosses. Après tout, elle soignait bien des bêtes, c'est pareil non ? En revanche, elle ne lâcha pas du regard ce drôle de mec. Il l'intriguait. Mais deux chouineurs firent de la résistance, Muku lâcha un regard en coin assassin qui fit froid dans le dos au reste de la bande. A moitié effrayé, ils embarquèrent finalement les deux récalcitrants.
« Tu vas lui répondre ? » insista Muku face au silence de Supernuage.
* On va lui faire peur à cet idiot, tellement qu'il va se barrer et on aura rater cette mission de merde. J'ai besoin de ryos... Et si je reviens les mains vides, cette peste de Maigu va se payer ma tête. *
« Quelles malpolies faisons-nous, Sayuri voyons, nous ne nous sommes même pas présenté au héro de Kumo Veuillez nous pardonner. Je suis Muku du clan Senbaru, et je vous présente Sayuri du clan Mojuzuka. » dit-elle avec grâce pour le rassurer.
En un instant, le ton, la voix et même l'expression faciale de la couturière changèrent d'un extrême à l'autre. D'une agressivité froide et objective, elle se mua en une mère tendre et chaleureuse. Ça, c'est la force de cette femme. Cette capacité à adapter son comportement et son caractère en fonction de son interlocuteur. Un véritable caméléon sociopathe surjouant l'empathie avec finesse et mépris.
L'oiseau posé sur l'épaule de l'autre genin brailla un coup pour signifier que lui aussi était là et qu'il ne fallait pas l'oublier. C'est justement ce cri qui délia la langue de SuperNuage. Le hibou en fut presque surpris.
« Oui, j'ai bien fait appel à vous. Mais éloignons-nous du boulevard, je n'ai pas envie que l'on me voit en votre compagnie. »
A l'ombre d'une ruelle, loin des regards indiscrets, les kunoichis écoutèrent attentivement ce qu'avait à leurs dire ce clown tout à fait sérieux.
« Vous voyez ses gros muscles sous mon costume ? Ça n'est que de la gonflette ! J'suis qu'un simple mortel, j'rêverai trop d'avoir vos pouvoirs à vous autres les ninjas. Alors je fais comme si, et ça plaît aux gamins... surtout à leur mère. J'ai eu quelques aventures sympathiques, ça pimente le quotidien. » chouina-t-il avant de reprendre. « Mais depuis quelques semaines, une bande de délinquants se prenant pour des bandits veut s'accaparer le quartier pour je ne sais quelle activité. Contre toute attente, ma présence ici rassure les villageois et ça leurs donne le courage de les dégager. Alors ces morveux on décidait de s'en prendre à moi pour les démoraliser. Pour le moment je tiens, mais je ne sais encore combien de temps.... Bouhouhou » s'effondra-t-il en larme sur l'autre épaule de Sayuri.
* Putin j'ai eu chaud. *
Dernière édition par Senbaru Muku le Sam 10 Avr - 13:58, édité 1 fois
Muku s'occupe des présentations des deux ninjas, jusqu'à ce qu'Eiji fasse remarquer sa propre présence qui était silencieuse depuis notre arrivée. "Et voici Eiji." Ajoute-t-elle simplement à la suite des paroles de sa partenaire du jour. Finalement, le "super-héros" décide enfin de leur répondre avant de leur demander de s'isoler, ce qu'ils font afin de faire avancer les choses. Supernuage partage aux deux kunoichi la supercherie des muscles et explique sa situation.
Sayuri est à la limite d'éclater de rire en l'écoutant parler, à s'exprimer presque comme un enfant, il paraît aussi ridicule que son costume. Toutefois, la Mojuzuka se retient seul les coins de ses lèvres se redressent pendant qu'elle dissimule une empathie exagérée par sa bouche. Cacher un sourire n'a rien de réellement difficile, mais les éclats de rires... c'est une autre histoire. Sayuri y parvient malgré tout, mais le karma arrive assez vite. On se moque de fake-gonflette ? Bah ça chouine sur l'épaule. Bam. 1-0 pour SuperNuage.
Ah le sourire disparait assez rapidement. D'une main Sayuri s'empresse de la coller au front de l'imposteur (bienvenue dans Among us) et pousse sa tête afin de le décoller de son épaule. "On a pas élevé les chouettes ensemble, alors un peu de tenue." Sayuri affiche désormais un visage sévère et croise rapidement les bras. "On est pas là pour t'écouter pleurnicher par contre, j'veux bien que tu sois déstabilisé, mais je ne suis pas ton torchon et encore moins ta mère." Finit les politesses, on tutoie direct. Ca y est, Sayuri est de mauvais poil. Merci le clown.~
Elle lâche un soupire exagéré. "Tu sais où on peut les trouver au moins ? Pas qu'le quartier est grand, mais si tu sais où ils se regroupent en général, ça nous ferait gagner du temps." SuperNuage semble perplexe. Il croyait avoir affaire à une douce demoiselle ou quoi ? Sayuri fronce une nouvelle fois les sourcils en attendant la réponse, puis il se racle la gorge, regrettant surement de l'avoir prise pour ce qu'elle n'est pas. "Désolé..." Elle ne relève pas, mais elle attend une réponse à sa question, ça se voit alors il reprend plus timidement. "Ils viennent m'embêter aux alentours de midi dans la grande place du quartier, ils sont une petite bande de voyous, à peu près dix j'dirais ? J'suis pas sur en vrai..." Elle relâche la pression en laissant retomber ses bras le long de son corps. "Bien, tu vas servir d'appât du coup, t'en penses quoi Muku ?"
La Mojuzuka se tourne vers sa comparse genin. Pas trop compliqué dans l'esprit de Sayuri : attendre la bande de malfrats lorsqu'ils souhaitent d'en prendre au clown, puis intervenir sur le moment -ou après pour se venger- pour y mettre fin. Cependant, Sayuri n'est pas la plus grande des stratèges et deux cerveaux valent mieux qu'un seul, d'où son intérêt quant à l'avis de la Senbaru.
« Vous faites un joli p'tit couple ! » se délecta Muku à voix basse, sous couvert des larmoiements du super-zéro.
Seul le hibou semblait l'avoir entendu et la jeune femme le remarqua. Dans ses deux grands yeux ronds, elle plongea son regard. L'animal pivotait sa tête à plus de 90° et ne souffrait d'aucune gêne. L'humaine mesurait les compétences de la bête dotée d'un ouïe extraordinaire. Depuis longtemps elle rêvait de rencontrer un Mojuzuka, les fidèles larbins du Daymio. Cocasse cependant de partager une mission avec un laquais de celui qu'on souhaite voir disparaître. Cette occasion ne sera pas veine puisqu'elle lui permettra dans apprendre d'avantage sur les pouvoirs claniques de cette famille de sauvages. Ne restait qu'à espérer que cette bestiole ne perce pas à jour les véritables pensées de la Senbaru.
Après avoir raisonné brusquement ce drôle de bonhomme, Sayuri l'interrogea au sujet de ses agresseurs. Sans broncher, il vida son sac et expliqua comment se déroulaient les attaques de manière générale. Pour porter un coup au moral des habitants du quartier, les voyous s'en prenaient à lui dans un lieu et à une heure de grande affluence. Trop occupés à l'heure du déjeuner, ils n'avaient guère le temps de réagir face à ces attaques éclairs mais répétées quotidiennement. Aussi, elles portaient leurs fruits en démoralisant la population, faisant émerger une peur grandissante. Seul les enfants montaient au front pour sauver leur héro, mais restaient bien trop fragile face à cette bande organisée.
« J'allais le dire, la journée se passera comme d'habitude pour vous ! »
« Oh non, j'vais encore me faire casser la gueule ! Vous êtes là pour empêcher ça ! » rechigna-t-il.
« Si on se balade comme deux gardes-du-corps à vos côtés, vous serez discrédités aux yeux des gosses. Et adieu le batifolage avec leurs mères... Même si ce dernier détail me débecte au plus haut point. On se mêlera à la foule, vous les attirerez comme d'habitude sauf que cette fois vous vous enfuirez dans une coursive de la place, à l'abri des regards. On s'occupera d'eux comme il se doit sans nuire à votre réputation. »
L'homme en collant n'eut d'autre choix que d'accepter face à ses deux pestes qui l'utiliserait comme du vulgaire bétail. Même si Muku se méfiait de la famille Mojuzuka, elle appréciait ce trait de caractère chez sa comparse. Cela l'amusait beaucoup.
Mais alors que le trio pensait s'être réfugié à l'abri de tout soupçon, une ombre se défila dans ce dédale de ruelles. Passé inaperçu, l'être solitaire avait néanmoins assisté à toute la scène et le secret des deux kumojins n'en était plus un. La bande de brigands a des yeux et des oreilles partout dans ce quartier qu'elle convoite. Quelle surprise leurs réserve-t-elle ?
« Allons-y, il est bientôt l'heure. Séparons-nous ici. Nous nous retrouverons sur la place. Sayuri et moi resterons à bonne distance. »
Sur ces derniers mots, les kunoichis virent pour la dernière fois SuperNuage. En effet, arrivées sur la place et mêlées à la foule, l'appât restait introuvable.
La partenaire de Sayuri semble en accord total avec la proposition de la Mojuzuka, le pervers en collant servira d'appât pendant qu'elles s'occuperont de malmener les malfrats. Au moins, la petite nana à la tenue chique semble avoir du caractère, peut-être trop au vu de ses dires prononcées plus tôt. Bien que Sayuri ait décidé de ne pas relever, les aptitudes d'Eiji sont devenues les siennes, ayant l'ouïe fine, compliqué pour elle de ne pas entendre ce qu'il se dit à côté d'elle.
Supernuage se plaint une nouvelle fois, à croire qu'il n'est doué que dans cette catégorie, un réel déchet du peuple kumojin. Muku prend tout de même la peine de lui expliquer la stratégie à laquelle les deux shinobis pensaient, satisfaisant Sayuri de voir que sa partenaire à la langue bien pendue ait pensé au même plan qu'elle. "Puis l'objectif n'est pas de vous protéger aujourd'hui même, mais de vous protéger sur le long terme. Donc on fera notre devoir, continuer de faire le votre et tout devrait bien se passer." Rajoute Sayuri une fois que Muku ait terminé ses explications.
Une respiration supplémentaire vient s'ajouter à la conversation, Sayuri l'entend et tourne ainsi la tête à la recherche de l'intrus. Malheureusement, à peine tourne-t-elle la tête, et dans non pas dans la bonne direction, que l'inconnu(e) s'éloigne. La Mojuzuka tourne une nouvelle fois la tête, cette fois-ci dans l'autre sens, mais l'intrus n'est déjà plus là. La brune fronce les sourcils, perturbée par cette présence... Sayuri ne peut rien y faire et laisse donc couler, préférant se concentrer sur les événements à venir. Muku décide alors de séparer le groupe jusqu'à l'heure prévue pour mettre en place la stratégie. Sayuri la retient malgré tout un instant. "Restons sur nos gardes, il se trame quelque chose." Fit-elle avant de s'éloigner.
Jusqu'au moment T, Sayuri n'a de cesse de vérifier les environs, faisant mine de se promener dans les ruelles du coin. Quelques passant par ci et par là, mais rien d'étrange, rien qui n'attarde le regard de la Mojuzuka en tout cas. Vient alors enfin l'instant tant attendu afin d'agir pour rétablir l'ordre des choses, mais l'autre pervers est introuvable. La dompteuse de rapaces envoie alors la chouette en éclaireur avant de s'approcher de Muku, cette dernière qui remarque aussi l'absence du bonhomme."Je l'ai déjà envoyé en éclaireur." Sayuri n'a pas besoin qu'on lui dise quoi faire. Elle vérifie les alentours d'un regard sévère, puis Eiji revient paniqué. "Houla, qu'est-ce qu'il t'arrive ?" L'animal agite ses ailes dans tous les sens et Sayuri comprend. "On est plus ou moins encerclés et Supernuage est introuvable."
La Mojuzuka regarde sa partenaire en se maudissant de ne pas être restée à quelque mètres du mec en collants.
La sentinelle animale volait en cercle au-dessus de la place pour dénicher cette vermine de SuperNuage.
* Putin, qu'est-ce qu'il fout ? Cette chiffe-molle a eut peur et a préféré fuir ? J'y crois pas ! *
Les deux jeunes femmes avaient beau le chercher, la foule trop compacte réduisait drastiquement leur chance de le retrouver. L'éclaireur revint précipitamment auprès de sa maîtresse pour la prévenir, mais il était déjà trop tard. A peine l'alerte lancée, les deux kunoichis reçurent un violent coup à la nuque et perdirent connaissance.
« Qu'est-ce qui m'arriveeeeeee …... » s'effondra Muku en voyant l'oiseau s'envoler.
Les genins ne s'écroulèrent pas au sol, elles rejoignirent les bras de leurs princes charmants, du moins c'est ce que les gens aux alentours s'imaginèrent.
« Désolé, elles ont un peu trop bu. On les raccompagne. » s'excusa un beau jeune homme. « Porte la à deux bras comme une princesse et met lui ta bouteille de vin sur le ventre, les passants comprendront, ils ne poseront pas de question. » chuchota à son collège un brigand.
Inconscientes, les deux gamines traversèrent la place dans les bras de vauriens, passant pour deux pochtronnes. Le quatuor s'engouffra et disparut dans les ruelles du quartier. Seul survivant de l'attaque surprise, Eiji les suivait à bonne distance, jamais il n'abandonnerait sa sœur de couvée.
…
« Réveillez-vous ! Et réveillez-vous ! » gesticulait superman pieds et mains noués à une chaise en bois.
Dans un entrepôt désaffecté à l'abri des regards indiscrets, les trois comparses se retrouvèrent attachés chacun à une chaise. Dans ce hangar où règne l'obscurité, la lumière du jour ne perçait que par les rares lanterneaux installés sur le toit. Les murs ne comportaient aucune fenêtre, personne ne se douterait jamais qu'ils sont emprisonnés ici.
« Toc Toc Toc » raisonnaient sur le sol les pieds de chaise de SuperNuage qui tentait désespérément de réveiller les deux ingénues. « V'la les deux super-ninjas envoyés par le village pour me sauver. Si j'men sors, j'irai me plaindre au bureau des missions ! » râla-t-il.
Finalement, ses protestations auront eut raison du sommeil forcé de Muku. Ses paupières balbutièrent, puis s'ouvrirent légèrement. Elle clignota des yeux de plus en plus vite, à chaque seconde se remémorant les dernières images avant le trou noir. La tête pendante en avant avec ses cheveux détachés, elle reprit complètement connaissance et la releva pour comprendre ce qu'il se passait. Elle la rabaissa aussi vite. Tous trois installés sous une fenêtre de toit, les rayons du soleil les aveuglaient, agissant comme une lampe orientée à proximité de leur visage.
« Il était temps ! Sortez-moi de là ! » ordonnait le casse-pieds.
« Ferme là idiot. Sayuri, tu es là ? Tu vas bien ? »
« Oui elle est là, mais elle dort encore cette feignasse ! »
« Baisse d'un ton du con, où ils seront prévenus que nous sommes réveillées. »
Trop tard, dans un bureau non-loin caché dans le noir qu'il leurs était impossible de distinguer, une dizaine de malfrats en sortit et les encerclèrent.
« Ah ! On dirait que nos femmes sont réveillées ?! » s'exclama leur chef, qui fit se marrer l'assemblée.
Eiji a tout juste le temps de revenir jusqu'à sa maitresse pour la prévenir du danger, qu'il est déjà trop tard, il pose ses pates sur l'avant bras de Sayuri puis aperçoit derrière la kunoichi l'une des âmes aperçues plus tôt. Eiji s'envole aussitôt, certain que la Mojuzuka parviendrait à éviter la moindre attaque venant de cet individu... mais c'est sans compter tout un groupe. Sayuri aperçoit bel et bien celui qu'a vu l'animal, mais c'est en se tournant pour appréhender la personne qu'elle reçoit subitement un coup dans la nuque. Elle a tout juste le temps de poser son regard sur Muku, qu'elle voit cette dernière se faire frapper la nuque à son tour. "Merde..." Puis c'est le noir total.
Lorsque Sayuri commence à sortir de sa somnolence, tous ses sens sont en alerte. La dompteuse de rapace se sait dans une posture délicate et préfère alors garder les yeux fermés, le temps pour elle de se remémorer les événements qui l'ont menés à se retrouver ici. Sayuri reconnait la voix insupportable de Supernuage, au moins sa trace est retrouvée, puis elle entend la voix de l'autre kunoichi. Sayuri prend une grande inspiration après s'être souvenue avoir perdu connaissance dans la rue. Elle sert les dents. Où est Eiji ? Elle se pose tout juste la question qu'elle ressent des liens qui l'empêchent de se mouvoir. Sayuri ouvre les yeux presque immédiatement après avoir découvert cela, Muku et l'autre victime se chamailles sans s'apercevoir qu'elle est désormais réveillée.
La Mojuzuka entend, peu de temps après avoir ouvert les yeux, des pas se rapprocher de sa position. Elle a tout juste le temps de vérifier se qui la retient avant qu'un homme n'entre dans la pièce. Des cordes. On la prend pour une novice ou ça s'passe comment ? Sayuri affiche un sourire mauvais lorsqu'elle entend une voix masculine et inconnue au bataillon. S'ensuit plusieurs réflexions de la part de la dompteuse : combiens sont-ils ? Les capacités de Sayuri ne lui permettent pas de déterminer exactement le nombre de personnes... mais elles peut le supposer au vacarme qu'elle entend non loin d'elle. Quatre ? Peut-être six ? Plus ? Sayuri entend des éclats de rire et des bruits de pas. Muku est une shinobi, sait-elle se battre face à autant de gars ? La Mojuzuka jette un rapide coup d'oeil à la demoiselle.
"Muku, ça va, tu peux encore te relever ?" Sayuri ignore délibérément l'homme qui vient d'entrer dans la pièce, elle fronce les sourcils en posant sa question à sa partenaire, espérant qu'elle comprenne là où elle souhaite en venir. Les bras derrière le dos, faisant face au mec, la Mojuzuka renforce ses mains de chakra, ses ongles devenus aussi tranchants que des serres commencent alors à couper les liens qui la retienne en douceur, évitant au maximum d'attirer l'attention sur ses agissements. "OH, fais pas la maligne." L'homme se rapproche brusquement de Sayuri et lui attrape le menton. "Quand on te parle, on répond sale chienne!"
La Mojuzuka sent ses mains se libérer, elle affiche alors un sourire satisfait. "Et elle ose sourire cette conne..." Il recule, outré par le comportement de la demoiselle, puis il commence à lever l'une de ses mains pour gifler la shinobi. D'une main, elle attrape son bras en plantant ses serres dans le membre du mec et de l'autre, Sayuri attrape son cou. Désormais debout, elle lui parle à voix basse. "Crie et tu crèves." La Mojuzuka le tient toujours et le fait reculer en même temps qu'elle se lève et s'avance jusqu'à la porte de la pièce. Elle ferme ladite porte d'un léger coup de pied et s'adresse une nouvelle fois au gars. "Je vais libérer mes deux amis et tu vas rester bien sage, n'est-ce pas ?" Il lui répond un "hum", puis elle se tourne vers Muku et Supernuage en tenant toujours leur agresseur par la cou. "Avance."
Sayuri s'approche de Muku en premier lieu et détache ses liens, puis vient le tour de l'autre victime. Sayuri ne pense qu'à une seule chose : Où est Eiji ?
Sayuri allait bien, elle était même en pleine forme. Le gangster en chef comptait l'utiliser pour montrer l'exemple et terroriser les deux autres. Aujourd'hui, il prendrait enfin le contrôle sur le territoire convoité. En une journée, il aura mis SuperNuage sur la touche et aura même envoyé un signal fort aux autorités du village, ici, c'est lui le boss ! Fort de sa position dominante, face à des victimes ligotées, il se délectait d'avance de sa victoire. Entouré de ses sbires, il profita même de la situation pour asseoir son autorité en insultant la jeune Mojuzuka de « chienne ».
* Si tu savais ! C'est presque ça ! * Sourit Muku.
Devant l'effrontée qui lui rit au nez, la brute recule d'un pas pour mieux la cogner du revers de la main. Le coup part, SuperNuage pousse un crie de gamine, terrorisé. Muku ne bouge pas d'un iota et tourne la tête seulement quand elle entend l'autre se tordre de douleur. Des serres d'aigles venaient de lui empoigner l'avant bras, et d'autres lui étranglèrent le cou. D'un pas sûr et déterminé, Sayuri l'emmena jusqu'à la pièce d'où ils étaient sortis et ferma la porte. Leur leader sous étreinte, le reste de la bande n'osait bouger sous peine de le perdre. Cette femme leurs inspirait la crainte, ils ressentaient comme une aura bestiale qui les tétanisait presque.
« Tu sais pas ce que tu fais gamine ! Lâche-moi et on vous laisse partir toi et ta copine. » l'avertit le meneur.
N'ayant que faire de cette menace, Sayuri détacha enfin la Senbaru et SuperNuage.
« Je t'ai prévenu sale garce. Ce faux héros reste avec nous, quant à vous deux, vous allez payer pour avoir mis votre nez dans nos affaires. » gronda le chef libéré des entraves de Sayuri.
« Quelles affaires ? Ce quartier est tout ce qu'il y a de plus banal. » s'interrogea Muku.
« Puisqu'on va s'occuper de votre cas, j'peux au moins vous dire pourquoi vous allez mourir. Ahah. On va imposer notre service de sécurité aux commerçants du coin, et évidemment ce service est payant. Et puis on a trouvé un p'tit filon d'herbes à fumer en provenance de Hi no kuni, de la bonne qualité. On va pouvoir écouler sa tranquille... Mais cet avorton en collant a un effet inattendu sur la population, il les galvanise avec ses histoires de super-héros à la con. Mais comme il ne sera bientôt plus là pour les encourager, on va pouvoir mettre notre plan à exécution... Assez parlé. » avoua-t-il avant de siffler bruyamment.
Tout autour d'elles, d'autres portes grincèrent et des ricanements masculins résonnèrent dans l'énorme hangar. Plongées dans le noir et à moitié aveuglées par le soleil perçant par le skydôme, les shinobis ne voyaient pas à plus de dix mètres et ne mesurèrent pas l'immensité des lieux. En réalité, les deux genins étaient au cœur du repère des malfrats.
« On est tous là pour s'occuper de vous mesdames, quel chance ! »
« Tous là, t'en es bien sûr car elle a l'air déchaînée ? » le provoqua Muku.
« Oui tous là sans exception ! Profitez-en les gars ! » lança-t-il l’assaut.
Armés de battes, de chaînes, de couteaux et d'autres armes blanches, la trentaine de tortionnaires se complaisait dans la boucherie à venir, ils allaient se mettre sous la dent ses deux jeunes ingénues. Ils en bavaient d'avance. La première rangée qui les encercla s'avança pour porter les premiers coups. Soudain, le vitrage du lanterneau se brisa, projetant des éclats de verre vers le sol. Alerté par le sifflement soufflé par leur chef, Eiji retrouva la trace de sa maîtresse et il venait à son secours. Profitant de cette entrée fracassante et providentielle, Muku signa plusieurs mudras pour lancer la première offensive.
« Kami, Pluie de Shurikens ! »
Trois dizaines de page s'effeuillèrent de ses larges manches blanches au fur et à mesure qu'elle signait et prirent l'apparence de shurikens. Puis les armes fondirent sur une partie des hommes qui les encerclaient.
« Je vais les retenir, occupes toi du chef ! Sans lui, ils seront désordonnés ! » s'époumona la Senbaru. « Et demande à ton compagnon s'il a vu une sortie pendant qu'il était là-haut ! »
Tandis qu'elle s'occupe de libérer Muku et Supernuage, l'autre gugus décide de s'énerver et d'empirer la situation. Tant pis pour lui, Sayuri est assez agacée de s'être ainsi assoupie et d'avoir perdu la trace de son partenaire animal. S'il faut tous les zigouiller pour sortir de là, protéger son client et retrouver son ami, la Mojuzuka n'hésitera pas, encore moins avec de tels vauriens.
La langue bien pendue, alors que d'autres malfrats commencent à encercler le trio, le leader explique leurs raisons de tout ce micmac. Sayuri affiche un regard mauvais et un sourire moqueur. Quelle bande de tocards quand même, ils se croient au-dessus de tous au point de croire qu'ils peuvent contrôler un quartier du village sans que personne n'intervienne, de véritables abrutis. Muku semble s'amuser à répondre à ce leader de pacotille, énergie que Sayuri ne décide même pas de prendre. Cela n'en vaut clairement pas la peine.
Subitement, tous leurs ennemis se mettent à charger, mais c'est aussi à ce même moment qu'un son vient jusqu'aux oreilles de la sensorielle. Exactement le même bruit que fait Eiji lorsqu'il prend son envole, repoussant l'air de ses majestueuses ailes. Sayuri comprend donc que son ami arrive, elle ne bouge pas d'un pouce, puis un bruit de fracas se fait entendre derrière elle. Des débris de verres tombent sur le sol tandis que l'animal fonce sur le plus imposant des ennemis, c'est aussi à ce même instant que Muku s'agite et riposte à son tour. Il est temps pour le groupe de sortir de là et de mettre une belle rouste à ces abrutis.
Muku se sert du menu fretin et Sayuri plonge sur le plus horrible, alias le leader. Trois mecs foncent sur la Mojuzuka afin de l'empêcher d'atteindre leur chef, mais elle chope leur tête d'une serre aiguisée et repousse deux d'entre eux, tandis qu'elle balance un coup de pied dans l'entre jambe du dernier. Obligeant celui-ci à s'accroupir, couinant comme une pauvre victime. Sayuri pose sa main sur se tête avant de le pousser sur le côté, laissant le chemin jusqu'au "boss" libre. "Bien, je crois que tu as mal compris dans quelle position t'était l'ami." Le regard perçant tel un rapace observant sa proie. "Je vais d'abord rectifier tes propos, si tu veux me nommer, tu n'as qu'à m'appeler le piaf, ça passe limite. Je ne sens pas aussi mauvais que ces chiens qui se tortillent dans la boue." Elle s'avance, tandis que l'autre bouffon recule, visiblement apeuré. "Tu ne m'auras pas, nous sommes bien trop nombreux !" L'individu tente de balancer une chaise contre la Mojuzuka, mais elle l'évite simplement, comme le lui a apprit Nanabe.
La chouette blanche revient près de sa maitresse et se pose sur son épaule. Leurs deux regards perçant posés sur leur proie. "C'est toi qui choisi. La prison ou la mort ?" Faisant partie de l'unité Mihari, il est clair que ramener un tel homme jusqu'à Hiroki est une belle façon de prouver son utilité au sein du village. Même s'il décide la mort, Sayuri le fera simplement souffrir... jusqu'à la perte de conscience, puis elle le ramènera. Il choisit simplement la méthode, peu importe le procédé, il finira derrière les barreaux.
Sayuri continue de s'avancer, puis l'homme décide de ne pas répondre, envoyant valser plusieurs chaises afin de blesser la kunoichi... sans succès. Puis elle finit par s'agacer. Elle court subitement jusqu'au leader, puis elle chope son cou de ses serres, puis Eiji avance le long du bras de sa maitresse, se rapprochant dangereusement du visage du bonhomme. "Fais arrêter tes hommes, ou tu perds un oeil... ou p't'être deux d'ailleurs." L'homme tente d'un premier temps d'échapper à l'étranglement de Sayuri, puis de l'autre une bouffée d'air... Eiji rapproche son bec de l'oeil droit du leader. "Ta réponse ?"
D'autres gars tentent de courir jusqu'à Sayuri, mais Muku se charge d'eux, la brune n'en doute pas une seule seconde. Le leader ne répond toujours pas. "Un." Compte à rebours lancé. "Deux." Sayuri perd patience, puis elle s'apprête à siffler pour signaler son autorisation à Eiji, mais le mec l'ouvre enfin. "STOP STOP STOOOOOOOOOOOP !!!"
La salve d'armes en papier crucifia au sol une bonne moitié de ces avortons. Mais leur sang ne s'écoulait pas sur la terre battue. Les feuilles encore fichées dans leur corps absorbaient le liquide rougeâtre de leurs plaies. De bas en haut, la couleur blanche des feuilles immaculées vira au rouge infernal. La scène était macabre, le papier se nourrissait de leur sang, il le buvait d'une soif inextinguible. Muku se délectait et ressentait les pulsations cardiaques de chacune de ses victimes, son cœur et les leurs battaient à l'unisson.
A moitié terrorisé par cette sorcière, le reste de la bande s'y reprit à deux fois avant d'attaquer. Seuls les cris du chef de la bande en remotivèrent certains, les moins lucides et courageux, qui s’élancèrent en beuglant comme pour se protéger contre Sayuri. La menace ne viendrait pas de cette femme-animal, trop concentrée sur sa proie.
« Kami, Mur de papier. »
De ses longues manches tombantes filèrent une quantité mirobolante de feuilles de papier. Elles se dressèrent soudainement entre Sayuri et ses assaillants. Aveuglés par leur charge démente, ils enfoncèrent ce mur de papier qu'ils imaginèrent aussi fragile que leur feuille à cigarette. Ils se trompaient. Leur face minable s'écrasa sur le mur aussi solide que la pierre. Une nouvelle fois, leur sève vermeil entacha la pure blancheur des feuilles de Muku. Assoiffé de leur sang, le mur s'écroula de leur côté et les ensevelit. Aussi lourd que la roche, il les blessa d'avantage. Puis les feuilles se disloquèrent pour les recouvrir, espérant chacune entrer en contact avec le liquide écarlate.
« STOP STOP STOOOOOOOOOOOP !!! » ordonna finalement le patron à ses troupes, du moins ce qu'il en restait.
« C'est bon, c'est bon ! Calme toi sale piaf ! » osa le malotru.
* Où est SuperNuage ? * S'interrogea Muku.
Durant tout le combat, le courageux super-héros s'était réfugié à quatre pattes, la tête entre les mains, sous l'assise d'une chaise.
« Tu peux sortir de là, idiot... » s'agaça Muku devant cet icône médiocre, pourtant idolâtrée.
A cet instant, les énormes portes du hangar cachées dans la pénombre coulissèrent dans un vacarme métallique. De l'ombre naquit la lumière, dévoilant les citoyens du quartier. L'ensemble du bâtiment était désormais éclairé de la lumière du jour. Les habitants affluèrent et découvrirent le spectable. A cet instant, SuperNuage s'était relevé et époussetait son horrible costume en le tapotant de ses mains.
« SUPERNUAGE ! » s'écrièrent la bande de gosses en retrouvant leur héro. « Tu les as tous mis K.O. ! »
« Oui c'est moi ! » se gratta l'arrière du crâne le gros menteur.
« Comment nous avez-vous retrouvé ? » questionna Muku les parents, pour ignorer ce qu'elle venait d'entendre.
« C'est l'oiseau là, il est réapparu sur la place et s'est mis à piailler comme un cinglé. Du coup on la suivit jusqu'ici. Il se passe quoi d'ailleurs ? » expliqua un habitant.
« On a trouvé l'origine de vos problèmes, et ça c'est leur chef. » indiqua Muku en regardant Sayuri et sa proie.
Finalement le piètre leader finit par céder à la menace et stoppe l'ensemble de la résistance de ses larbins. Toutefois, Sayuri ne desserre pas son emprise du bonhomme, même lorsque des habitants arrivent près du groupe. La Mojuzuka préfère les ignorer et jette un regard à Muku lorsqu'elle parle du chef. "Tu peux m'aider vite-fait ?" Lui envoie-t-elle afin de se libérer de cette tâche ingrate. Après avoir vu, plus ou moins, les compétences de Muku, Sayuri ne se doute pas que sa petite demande doit être plutot simple à exécuter. "Tu penses pouvoir lier ses mains et ses pieds ?"
Suite à ça, Sayuri jette un regard sévère à son client en lui faisant signe de se barrer avec les gêneurs tout juste arrivés. Sourire gêné sur sa face, il évite de croiser le regard de la Mojuzuka plus longtemps. "Bon bon bon ! Maintenant que les méchants sont neutralisés, je crois qu'il est temps de tout vous raconter !" Les étoiles pleins les yeux, les enfants crièrent de joie tous ensemble, friands d'histoires. Les adultes quant à eux, observent les ennemis au sol, notamment le "grand méchant", puis en voyant les deux kunoichi à côté, ils finissent par suivre le "héros" à l'extérieur.
"Enfin seules. Bref, on a accompli notre devoir de la journée. Je vais le ramener à la base de l'unité Mihari et j'en profiterai pour faire notre rapport." Attendant de voir Muku s'activer pour ligoter le leader, Sayuri jette un oeil aux alentours. "J'en profiterai pour leur dire de venir faire un peu de ménage ici." Lâchant le mec, qui au passage grogne d'insatisfaction, Sayuri croise les bras en souriant. "Beau travail, merci pour le soutien." Souriant sincèrement, la jeune Mojuzuka agrippe le bras du gars, bien décidée à la ramener a plus vite là où est sa nouvelle place : la prison. "A la prochaine Muku." Elles se reverront sans doutes, Sayuri n'en doute pas.
Obnubilée par la star, la foule ne s'attarda que peu de temps sur les hommes inconscients allongés sur le sol. Quand elle comprit que la racaille qui menaçait la vie de son quartier était hors d'état de nuire, elle se focalisa sur les mots de SuperNuage, le héro du jour, le héro de toujours. Les enfants criaient son nom et leurs mères n'avaient d'yeux que pour lui.
« Raconte nous SuperNuage ! » demanda un gosse.
« Et bien, alors que je faisais ma ronde habituelle dans le quartier pour y faire régner l'ordre et la justice, j'ai aperçu ces brigands s'en prendre à ses deux pauvres femmes shinobis. Je les ai suivi jusque ici. Et quand ce tas de brutes musclés allaient leurs faire des choses immorales, l'homme que je suis n'a pu s'empêcher d'intervenir et j'ai volé à leur secours. » étala le baratineur à la foule en quittant le hangar.
« Quel courage ! » « Quel homme ! » « Qu'il est beau ! » s'extasièrent différentes voix féminines.
« Mais je vous mentirai si je vous disais que ce fut du gâteau. Ils étaient nombreux et armés jusqu'aux dents, puis les deux gamines criaient et avaient peurs, elles ne me lâchaient pas pour que je les sauve. Armé de mon courage et de mes compétences martiales, je les ai maté un à un jusqu'à leur chef. » raconta le gros menteur.
« Euh, c'était pas justement l'une de ses gamines qui menaçait le fameux chef ? » contredit un mari jaloux.
« Pwarf, elles ont profité que je l'ai mis hors d'état de nuire pour aller se venger, des trucs de gamine sans importance. Le plus important c'est qu'elles soient saines et sauves. » « N'est-ce pas Mesdames ? » s'écria-t-il en se retournant vers Sayuri et Muku.
Oblitérée par cette histoire rocambolesque inventée de toutes pièces, les deux kunoichis bouillirent de lui écraser la face dans le sol poussiéreux. Muku fit instinctivement quelques pas dans sa direction en s'imaginant de quelle manière elle pouvait bien le faire souffrir. Mais elle se souvint de l'ordre de mission : 'redorer le blason de SuperNuage'. Hormis l'honneur de son nom, la Senbaru n'en avait que très peu. Elle accordait peu d'intérêt à l'avis des gens de ce quartier. Pour finir, ce mensonge avait peu d'importance et rapporterait d'avantage de ryos.
« Merci pour ton aide SuperNuage, tu nous as sauvé la vie ! » s'époumona-t-elle avec un large sourire, le masque de la joie sur son visage.
« Il n'en vaut pas la peine. » précisa-t-elle à Sayuri. « La ferveur qu'il suscite est plus importante que son mensonge, je suppose. » « Je vais entraver ses mains et ses jambes avec mon kamiton. Je t'accompagne jusqu'à la base de l'unité. Je te laisserai alors le remettre aux gardiens de sa futur geôle. »
Les mudras se dessinèrent sur les doigts fins et agiles de Muku. Des feuilles blanches naquirent de ses manches une dernière fois et s'enroulèrent autour des poignées et des genoux du brigand en chef. Ainsi menotté, il fut escorté sous bonne garde jusqu'à la police de Kumo à qui il fut remis.
« Mission accomplie ! Je te laisse faire le rapport. A bientôt. » salua-t-elle en opinant du chef, vers Sayuri et vers Eiji.