Y'a des jours, vaut mieux se péter une jambe avant de sortir de chez soi. Même si pour le coup j'ai plus vraiment de chez moi. Mes parents et surtout mon oncle ont jugé qu'il était temps pour moi de prendre mon envol et de sortir du cocon familial. Pour mon plus grand bien. Ouais c'est ce qu'ils disent à qui veut l'entendre. En vrai ils peuvent plus me blairer. Apparemment je fais trop de conneries et ils arrivent pas à suivre. Pourtant niveau coutume Tegami je suis au top, ma lumière est plus forte que la majorité des gens de mon âge. a croire que ça leur suffit pas et qu'il faudrait que je sois plus à leur image. Que je fasse des courbettes ou que je les écoute parler de leur petite vie insipide dans leur palais doré alors qu'une grande partie des gens crèvent la dalle à l'ombre des palmiers.

Ouais les cages dorées, très peu pour moi.

Par contre, je me suis rapidement à court de blé. J'ai quand même réussi à me trouver un appart' dans les quartiers résidentiels mais c'est pas le grand luxe. Remarque pour le peu de temps que j'y passe. La journée j'y suis pas et la nuit ça dépend. Mais faut dire que j'étais tellement stressée ces derniers temps que j'ai pas mal fait la fête. Ouais j'ai noyé mon chagrin d'avoir été désavouée dans les bras des hommes. Les premiers qui venaient. Hé on écope comme on peut. Certains noient leurs problèmes dans le travail, d'autres dans l'alcool ou le sexe. Perso c'est un peu de tout. Du moment que je passe du bon temps, que ça rapporte un minimum ou que je me fasse entretenir...

Une femme moderne.

Pour le coup ma famille me tient pas en très haute estime et le village de Suna c'est un peu le même topo. Pas du supers missions de la mort qui tue à l'horizon. Mais plutôt des tâches bien ingrates qui rapportent trois fois rien. Heureusement que je me sers à côté sinon je serais obligée de me taper tous les vieux friqués du quartier pour me sustenter. Et y'a pas pire que les vieux, croyez-moi. La mission du jour est naze mais je m'y attendais. Apparemment y'a une vieille très gentille et super appréciée dans le quartier marchand et elle a paumé sa boule de cristal. Trop dure la vie de charlatan. Ses potes du troisième âge se sont cotisés pour sa payer les services d'un sunajin. Pas de pot, ils sont tombés sur moi. Je suis pas une nulle mais y'a moyen que je la revende cette boule de cristal. Surtout si elle vaut du pognon. Même si je foire une mission de rang D, je vais pas pleurer.

"Mouahahaha."

Je manque de m'étouffer en riant aux éclats comme une débile en pleine rue, à deux pas su stand de la vieille. Faut dire que c'est cocasse. Bon par où commencer ? Apparemment, ses potes veulent pas qu'elle soit au courant. Si ça paye je veux bien faire croire que c'est la Déesse elle-même qui a retrouvé cette boule. Je décide de checker les environs dans un premier temps et de questionner ces fameux amis qui ont payé mes services. Peut être qu'un de ceux la pourra me dresser une liste de personnes susceptibles de lui en vouloir ? A vrai dire, je crois pas en l'humanité.

Ca sent le coup fourré d'un proche cette affaire. Tout est bien trop rose.

Intitulé mission:

Il parait que certains sont doués pour tirer les vers du nez d'innocents. Et bine c'est pas vraiment mon cas. Il faut faire preuve de patience, de compréhension et je dirais même d'empathie et d'intelligence. Là encore ce n'est pas des défauts qui me caractérisent. Même si j'apprécie une petite discussion plein de potins. Savoir les ragots du quartier va sûrement m'aider à mieux cerner l'ambiance du coin et la mentalité de tous ces pécores. Je prends une grande inspiration et... Manque de m'étouffer à cause de l'odeur fétide de tous ces gens qui s'agglutinent aux heures de la journée les plus clémentes.

C'est une horreur.

Je décide de commencer mon enquête au début de la rue où habite la vieille dont j'ai carrément oublié le nom. Hina ? Hinata ? Non c'est un truc moins classe. Hmm... Itoe ? Clairement pas, c'est trop la honte. Iroma, Iruma peut être ? C'est pas un nom de gars ça ? Je suis sûre que je m'en suis déjà tapé un. Remarque c'est pas vraiment un exploit en soit mais me rappeler le nom ça c'est digne de figurer dans les annales. Jeu de mots involontaire... Merde, ça la fout mal. Va me falloir un peu d'aide et fort heureusement mon premier client a la réputation d'être plutôt bavard mais carrément sénile. Je m'approche nonchalamment et lui fait mon plus beau sourire. Rien de naturel là-dedans...

"Vous êtes monsieur Suzuki ? J'aimerais vous poser quelques questions. Vous avez quelques minutes à me consacrer ?"

Je demande avec les formes en vouvoyant et tout. Je crois que ça m'est pas arrivé depuis près de six mois. On pourra pas me reprocher mon manque d'implication et de diplomatie ! Pour une fois que j'agis en Tegami ! C'est un vieux clodo, enfin marchand, qui pue la boucane mais bon. C'est un bon début. Je peine d'ailleurs à rester directement en face de lui. J'ai peur de crever lorsqu'il ouvrira la bouche. J4ai rien contre le bas peuple hein. Je défends même ces derniers contre l'élitisme qui règne dans les hautes sphères du village mais y'a des limites.

"C'est moi ! Le grand Hiroki Suzuki, la terreur des voleurs ! J'ai rencontré le Shodaime ! Elle m'a même donné une médaille, regarde et admire gamine !"

J'ouvre grand la bouche, complètement prise de cours par les affirmations du vieux. Du moins avant qu'il sorte sa médaille de sous ses guêtres et que je me rende compte qu'il s'agit d'un vieux bout de métal accroché à une sorte de lacet de chaussures. Même mes petites cousines sont capables de faire un meilleur boulot que le ce type. Je soupire de déception. Moi qui aurait tant voulu en apprendre plus sur cette rencontre avec Hazure, mon idole. Ouais pour le coup j'ai été super naïve. quelles étaient les chances pour que ce clodo dise la vérité ? Je lui montre alors mon bandeau de sunajin.

"Elle est magnifique, vieil homme ! Vous êtes un digne représentant des valeurs de notre village. Cependant, je crains que Sunagakure ait encore besoin de vos services. Un odieux crime a eu lieu et je dois retrouver le ou les responsables de cette ignominie. M'aideriez-vous, noble héros à mener ma mission à bien ?"

Je manque de pouffer alors que j'en fais des caisses en me courbant même presque à 90 degrés. Je suis à deux doigts de lui faire une révérence. Mais visiblement ça à l'air de marcher et le type semble charmé. Il se sent carrément plus et bombe même le torse. Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour se faciliter la tâche des fois. Car j'ai bien l'intention d'en faire le minimum syndical et laisser tous ces pécores faire le boulot à ma place ! Bon ce type à l'air motivé, même s'il parait complètement à l'ouest. Du moment qu'il me ramène pas un dromadaire, ça devrait le faire...

"Vous êtes au courant du crime Monsieur ?"
"La boule de la voyante ?"
"C'est ça, je compte sur vous ! Si vous avez des informations, n'hésitez pas à me contacter. Et surtout vous ne lui en parlez pas directement. Ordre de notre Kazekage ! N'oubliez pas c'est une mission strictement confidentielle !"

Je peux sentir la fibre patriotique de Hiroki. A le voir ainsi motivé, j'ai maintenant presque peur qu'il en fasse trop. Je sens qu'il va me pondre un rapport de trois pages sur tous les habitants de la rue... Meh. Au suivant.

Alors que la journée se termine et que le soleil darde ses derniers rayons sur le quartier marchand, je me pose dans une auberge. Ca fait un super point de chute et avec un peu de pot, j'en apprendrai davantage sur l'auteur de ce crime odieux. Nan je plaisante, j'en ai rien à foutre de cette fichue boule. C'est juste que j'ai les jambes cramées à force d'arpenter cette rue marchante. En plus, j'ai l'impression d'être une putain de VRP. Ca commence sérieusement à m'énerver et je suis à deux doigts de laisser l'autre abruti de Suzuki gérer tout ça à ma place. Je prends une chambre mais je reste au rez-de-chaussée. Je m'installe à une table centrale et je commande un truc à manger. Evidemment je me saoule la gueule. J'aime pas spécialement boire toute seule mais je ne pense pas trouver une charmante compagnie dans un bouje comme celui-ci.

"Mademoiselle, je peux m'asseoir ?"

J'ai parlé trop vite. Je tourne légèrement la tête vers le type à la voix mielleuse qui s'est penché sur ma gauche. Bien sapé et poli. Je me contente de moins bien en temps normal. Ca m'apprendra à être médisante. Bon j'ai déjà eu des mauvaises surprises en tombant sur des psychopathes ou des mous de la tige. Mais à choisir ces derniers sont plus emmerdants. Les tarés sanguinaires je peux gérer. Les impotents sont des cas désespérés. Je lui fais un clin d'œil et je ma pare d'un sourire aguicheur. a défaut de passer une bonne nuit, peut être que ce type pourra m'aider dans mon enquête. Qui sait ?

"Il a un nom le beau-gosse ?"
"Akihiro, Akihiro Onoki pour vous servir, mademoiselle ?"
"Sépa, Sépa Important. Je sais c'est très original. Mes parents ont toujours eu beaucoup d'humour."

Je plaisante en terminant mon verre cul sec et en lui faisant clairement comprendre que j'aimerai bien rhabiller le petit. Il a l'air de le prendre bien. Ou alors il est trop bête pour comprendre ? C'est possible aussi, je suis déjà tombée sur des cas grave de chez grave. Après c'est pas vraiment ce que je leur demande à la plupart... Le fait qu'il porte un prénom proche d'un ancien partenaire de mission coincé du cul c'est du bonus. Le type commande à boire avant de me regarder droit dans les yeux. Il est pas mal.

"Qu'est-ce qu'une charmante jeune femme fait dans un tel endroit ?"
"Je suis venue rendre visite à ma grand-mère. La voyante au bout de la rue."
"Oh la vieille Iruma ? Je suis un de ses meilleurs clients !"
"Ouais t'as une tête à avoir besoin de conseils..."

Je marmonne dans ma barbe en improvisant mes répliques au fur et à mesure. C'est une chance pour moi que ce beau-gosse soit originaire du quartier. Ca me facilite grandement les choses. Du moins sur le papier. Car à part Suzuki j'ai pas eu vraiment de chance en la matière. Même si ce dernier sera sûrement  un bon et loyal serviteur, celui-ci est plus jeune et sûrement aussi travailleur. Du moins il le sera assurément le lendemain ! Reste plus qu'à faire marcher mon charme naturel.

"Vous disiez ?"
"Oh je me demandais si vous étiez du coin ?
"J'habite ici depuis tout petit. Madame Iruma est pour ainsi dire une voisine, presque de la famille !"
"Vous avez entendu parler du vol alors ? Je donnerai tout pour retrouver sa fameuse boule de cristal et encore plus pour la venger. Même de ma personne..."
"Je ferai n'importe quoi pour vous aider !"

Et nous y voila. Cela n'aura pas pris longtemps. Après quelques tournées de plus, j'embarque le type dans ma chambre. Je le gratifie alors de toute mon attention. Au lever du soleil le lendemain, il me mange dans la main. Il parle même de me présenter à ses parents. Je suis à deux doigts d'éclater de rire en prenant ma douche. Il m'a promis de retrouver les coupables et même la boule de la vieille. Le tout sans ébruiter l'affaire. Parfait.

"Il m'aura fallu trois jours de recherche intense et de questionnement interminable pour retrouver cette satanée boule de cristal ! Nan je déconne ! Haha hé oh réveille toi papy !"

Je balance un vicieux coup de coude sur le pilier de bar qui me sert de voisin dans un de ces boujes sordides du quartier marchand. Le type s'écroule par terre comme une merde, tombant de son siège de manière théâtrale. J'en pisserais presque de rire. Je jette un coup d'œil sur le sac à mes côtés. A l'intérieur se trouve une boule de cristal. Le vieux vient de me la ramener. On vient de fêter cette merveilleuse trouvaille qui va me permettre de terminer cette mission. Enfin, je croyais que ça n'allait jamais se terminer. Faut avouer que j'ai passé ces derniers jours à picoler dans des bars mais les gens qui ont cherché la boule de cristal ont dû cravacher dur.

Le plus marrant dans tout ça ?

Je donne cette boule au tenancier. Pour couvrir ma dette évidemment ! J'ai appris d'un voisin qu'il s'agissait d'un accessoire de voyance assez recherché dans le métier ! Parait qu'elle est faite d'une sorte de nacre rare qu'on trouve que dans les mines au fin fond de Suna. Ouais j'y crois moyen mais si ça me permet de couvrir ma dette de boisson... Je prends ! Bon c'est pas tout mais faut que j'achète une bouel de remplacement pas cher. Ou plutôt je vais demander au type que je me suis envoyé y'a quelques jours. Celui qui me mange dans la main. Au moins il servira à quelque chose. Enfin en plus de me payer la chambre d'hôtel.

"J'vous ai dit que j'étais une connasse ? Haha. A plus les nazes !"

Je m'exclame en titubant vers la sortie du bar. Le soleil me piquent les yeux et ça me rappelle que je ne l'ai pas vu depuis des lustres. Tss... Un comble pour une Tegami ! Tonton Rikotsu serait blanc comme un linge s'il apprenait cette histoire. J'aurais dû dire au barman que j'étais une Tegami et lui refiler la note. Super idée pour la prochaine fois, historie de bien faire chier tous ces vieux cons qui ne vivent que pour préserver la sainteté du nom Tegami. Tu parles d'une vie. alors que je rentre à l'hôtel pour cuver, me refaire une beauté et retrouver mon beau-gosse, le fanatique du début de semaine fait son apparition et vient se planter devant moi. Je l'avais presque oublié celui la. Le plus étonnant ? Il tient une boule de cristal dans les mains !

Le plus marrant dans tout ça ?

Il l'a soi-disant récupéré d'un type qui lui devait de l'argent ! Un mec qui tient un rade miteux quelques rues plus loin ! J'explose de rire alors que le fanatique me regarde de biais se demandant ce qui pouvait bien provoquer tant d'hilarité. Intérieurement, je prie la Déesse pour ce miracle. Je remercie le vieux et lui dit que Suna est fier de lui et qu'il a bien fait son devoir. Comme d'habitude, j'en rajoute des tonnes mais je m'attarde pas. Ca reste un pécore. Je peux attraper des boutons ! Je me demande l'espace d'un instant si je ne devrais pas revendre cette boule qui semble attacher à moi comme le fœtus dégeulasse d'une jumelle morte née...

"Je suis vraiment trop altruiste."

En vrai ce coin commence à me saouler grave. Il est temps de rentrer à la maison et de passer à autre chose de plus... Stimulant. Je choppe un gamin qui fait la manche avec sa mère dans la rue et lui refile la boule de cristal, stipulant qu'il devait la cacher chez sa propriétaire, la vieille Iruma. Je fais quelques mudras et un trait de lumière vient pénétrer le mur à côté de la tête de la mère. Une menace adéquate assurément. Il mènera sa mission avec zèle. J'en ai aucun doute. Il me reste plus qu'à écrire un rapport soulignant ma merveilleuse contribution au village. Enfin je trouverai bien un type qui fera ça pour moi...

C'est du tout cuit.