J’étais assis sur mon fauteuil, dans mon bureau. La porte était ouverte et j’apercevais, à travers l’encadrement, la salle d’attente. Cette dernière en soit n’avait rien de fameux. Les magasines sur la table basse servaient à faire patienter les clients tandis que le tableau des annonces étaient destinés aux mercenaires sans équipe. C’était les plus rentables cela. Prendre une commission sans rien faire. C’était du génie.
-Oh et Sora ! Je veux que les vitres brilles ! Et tira nettoyer les chiottes après. J’ai mangé épicé hier, c’était pas jojo à voir.
Je venais rire tout en me prélassant dans mon fauteuil. La merdeuse avait causé du grabuge et elle devait être puni. Puis il était bon de l’habitué à faire le ménage, j’allais quand même pas devoir m’y coller.
-Frottes, ça te fait du bien. T’es génétiquement plus apte à la tâche que moi.
Mon regard se porta alors sur le tableau de maître que j’avais accroché un peu plus tôt. Putain, ça avait vraiment de la gueule.
La création de la Légende, Moludai Zo, 150::
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-Oh Sora, ça à de la gueule quand même !? Dis !? Sora… SORAAAAAAA ! Putain, dix briques la croûte ! Je peux te dire que ça valait le coup !
Aih aih aih, le premier d’une longue série !
La journée avait été plutôt calme. On avait eut quelques clients pour des reconnaissances de dettes. Il fallait encore que je décide qui envoyer sur ces boulots là, mais c’était pas pressé en soi. Finalement je décidais de me lever en me massant la nuque avant de marcher en direction de la salle d’attente et de prendre place dans le canapé. La vieillesse…
D’un regard, j'avisais les dortoirs fermés. Jorel devait sans doute dormir. Il passait son temps à dormir ce merdeux. Je me perdis alors dans mes réflexions. Ressassant les derniers boulots. On était dans le vert pour le moment, mais il allait sans doute devoir passer à la vitesse supérieure en matière de pognon.
Je fus soudain tirer de mes pensées tout en entendant la cloche de la porte d’entrée sonnait. Quelqu’un montait l’escalier qui conduisait à l’agence. Je lâchais un léger soupire d’aisance.
-Le doux bruit des ryos qui arrivent dans ma poche...
Motobaro, l'envoyé des Nobasu ou plutôt de sa soeur en terre kusajin. Le pays de l'herbe de la tranquillité et du mercenariat visiblement, Hakushi l'avait sommé de trouver de quoi remplir les caisses du clan. La rumeur voulait que l'on trouve des contrats séduisants à Kusa no kuni, alors Moto y est allé. Il paraît qu'il y a des chiens sauvages dans le coin qui ne sont pas tenus en laisse, Motobara aime les cabots cabochards.
Wouaf, fit-il tout seul sur le chemin en dodelinant de droite à gauche sur la route !
Moto fit un petit saut de cabri en claquant ses deux pieds l'un contre l'autre, alors qu'un léger vent soufflait. Il fit gigoter son nez rouge et se mit à trottiner :
Wouaf ! Wouaf, s'exclama-t-il.Nous-ça cherché des sacs à puces, Motobaro. Baahro ! Baahro ! Roh ! Roh!
Puis il fila à toute vitesse le long de ce chemin de campagne tout en pouffant de rire.
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Music:
Arrivée devant un bâtiment plutôt banal un peu comme tous les autres, seul une plaque indiquait la niche des chienchiens. En entrant, une cloche sonna, un joli son... de cloche. Le Nobasu rouvrit la porte par trois fois pour la faire sonner encore, il aimait bien cette cloche, elle sonnait bien. Le dérangé personnage monta un escalier, puis il le redescendit avant de le remonter. Il aimait bien cet escalier, vieux en bois qui craque un peu. Arrivée en haut, il tomba sur une salle avec quelques chaises, des magazines et un tableau. Il se jeta très vite sur un magazine intitulé "La reproduction des batraciens en milieu aride et sec". Il s'assit sur une première chaise, mais ne la trouva pas confortable alors il dodelina jusqu'à une seconde. Toujours pas. Il s'accroupit sur la table basse où reposait les magazines, mais il n'était pas vraiment très confort. Alors, il effectua quelques mudras rapidement, puis s'installa dans un pouf en caoutchouc confectionné par ses soins. Manque de pot, il avait fait un caoutchouc trop rebondissant à peine posa-t-il son cul qu'il rebondit pour s'écraser le crâne, dans le plafond. Suspendu ainsi, il ne voyait plus rien :
Eux-ça on éteint la lumière, qui-ça a éteint la lumière, interrogea le Nobasu la tête à l'intérieur du plafond ?
Puisqu'il était là et qu'il ne pouvait pas lire le magazine qu'il avait encore dans les mains, il fit un mouvement de bras rapide et fort pour passer les mains au travers du plafond également. La manœuvre occasionna un second trou dans le plafond, mais il arrivait à distinguer les lettres. Ainsi, installé, il commença sa lecture...
C’était vraiment pas juste. Pas juste que pour quelques claques y a longtemps, j’me retrouvais encore à récurer les chiottes. Fallait vraiment faire quelque chose, j’allais saboter les cuisines ou ligoter le cuisiner de La Perle Rouge, le restaurant en bas de la rue, parce qu’ils allaient tuer Ishiyato à p’tit feu à c’niveau là. Ishiyato, et aussi mon nez, pour sûr.
J’grognais ; pourquoi c’était TOUJOURS à moi d’faire la ménagère. Et pourquoi pas l’autre débile de Jorel ? Un jour j’allais lui faire bouffer ses couilles, il aurait plus aucun problème pour récurer les pavés avec le balai brosse qui lui servait de cheveux. Avec ses dents pointues, il pourrait même bien nettoyer les jointures entre les planches de bois.
N’empêche, que c’était vraiment une journée de merde. Les journées de merde, ça commençait toujours comme ça, surtout quand le moustachu palabrai pendant des heures sur l’espèce de bouse accrochée au mur. De lard, qu’il appelait ça. Moi, j’avais vraiment pas compris, parce que quand j’avais fait remarquer que ça pourrait jamais passer à la poêle, le bouzin, il m’avait foutu un sale taquet. Journée de merde, journée de merde.
Quand des pas se firent entendre dans l’escalier, encore et encore, je soupirai de soulagement. C’était à moi, de le recevoir, histoire de le bouter dehors si c’était pour de la rigolade. Il avait aimé nos escaliers ? Il aimerait aussi les descendre tête la première. Passant à côté de la grosse tranche de lard accrochée au mur, je lançai à Ishiyato :
- Faudra qu’tu m’dises à quoi ça sert de l’avoir accroché là, on peut même pas la bouffer…
Soupirant en rangeant vite fait les produits dans le placard de la salle de bain, , je laissai pas au taquet le temps de partir. Et là, quand j'revenais dans la salle d'attente, avec Ishiyato dans le canapé et… Au putain et là…
Y avait un type qui avait la tête encastré dans le plafond.
Comme ça.
Tranquille.
Je me grattai les cornes. Ca, c’était vraiment pas banal.
Y avait un gros coussin dans une matière toute bizarre exactement sous lui. Bon. Fallait le déloger de là avant de sauter dessus, comme ça, si je finissais aussi la tête dans l’plafond, il pourrait me déloger aussi.
- Oye oye… Bouge pas toi ! Les Chiens Rugissants, toujours prêts pour aider !
En levant les bras sur la pointe des pieds, parce qu’heureusement qu’il était vachement grand et le plafond vachement pas haut, je m’accrochai à ses jambes et commençai à tirer fort fort fort. C’est qu’il était sacrément bien planté là-haut, le bougre.
- Alllleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez…
Dès qu’je sentis que ça commençai à venir, je me jetai sur le côté pour pas me le prendre sur la tronche, et me précipitai sur le truc bizarre.
- C’trop b…
Le plafond, ça faisait vachement mal, mais c’était vachement cool.
- Encore encore !
J’agitai mes jambes pour qu’on me déloge. Eh merde. Pourquoi fallait qu'Ishiyato soit dans la pièce ? Il allat encore râler le vieux. Super journée, on allait pouvoir faire du trampoline !
À quoi ça servait… ? Sora me demandait à quoi le tableau servait… Sérieusement ?
-C’est un peintre kazejine qui l’a fait, Zo Zo je sais plus quoi. À Ryokuiki c’est de la folie, tout le monde se l’arrache. Et tu me demandes à quoi ça sert ? C’est de l’art, t’es conne quand tu t’y mets.
Je venais agiter ma main dans le vide pour appuyer mes propos tandis qu’elle s’affairait aux ménages.
-Je l’ai payé cash, parce qu’en plus cet enculé il se la joue « je suis un artiste, je ne prends pas les chèques ». Et toi tu me demandes à quoi ça sert ?
Je venais alors émettre un léger rire tandis qu’un débile semblait s’amuser dans l’escalier.
-Ça sert à rien ! Tu poses ça chez toi et puis c’est tout ! Par contre, tu fais gaffes avec ton chiffon ! Madame Hudsa a voulu me faire la poussière du cadre, elle réussit à me le rayer !
Sora s’en allait à la hate ranger les produits de ménage. Ne pouvant l’atteindre, j’attrapais un magazine avant de lui jeter dessus. Au même moment, une espèce de montagne de muscle rentra dans la salle. Sur le coup, je restai un peu con en l’avisant. Sa carrure venait contraster avec un visage maquillé et des vêtements de mauvais goût. Pire encore, ce nez rouge…
Il s’installa l’air de rien. Je l’observais sans dire un mot jusqu’au moment où il entama des mudras. Putain de shinobi ! J’eus un mouvement de recul dans le canapé et sans que j’aie eux le temps de faire quoique ce soit, ce crétin se retrouva dans le plafond.
-Mais… Mais putain !
Je me levais, les yeux écarquillés. Bordel, ça allait coûter une blinde à réparer.
-Mais… Mais putain ! Sora !
La sauvageonne arriva en courant dans la salle d’attente. Elle avisa la création du bouffon puis ce dernier et s’en que je comprenne pourquoi ni même comment, Sora se trouvait dans le plafond elle aussi.
-Mais… Mais putain ! Sora ! Ta race !
Non mais qui m’avait foutu des idiots pareils !? Je venais attraper un des magazines avant de le mettre en rouleau et de me mettre à taper le bouffon au sol avec. Puis mon regard se posa sur Sora et mon pied rencontra son derrière à plusieurs reprises. Enfin, je venais la décrocher du plafond.
-Mais… Mais c’est pas vrai ! Bande de petit con ! Qui va payer les réparations !?
Les trous avaient été agrandi par la chute des deux crétins. Mon regard se posa alors sur le clown par terre. Je jetais la revue sur son visage tout en tapant du pied.
" Comme les reptiles, les batraciens sont ovipares ou ovovivipares. Lorsque la reproduction est ovipare, les œufs sont déposés dans l'eau, entourés d'une substance albumineuse qui se gonfle dans l'eau ; ils sont tantôt fixés isolément sur les plantes aquatiques, tantôt en masses ou en longs cordons. " Était-ce à supposer que la reproduction des batraciens en milieu sec et aride ne se déroulait que de façon ovovivipare ?
Bonjour, sac à puces, dit Moto en marquant une pause dans sa lecture et en faisant un grand sourire dans l'ombre du plénum.
Donc les petites grenouilles et les gros crapauds de Kaze no kuni, ils faisaient éclore leurs œufs à l'intérieur de leur corps ? C'est très intéressant et dégueulasse estima le membre du clan Nobasu. Oh, il était sur le point de tomber. Il avait dit bonjour à une gamine avec les cheveux roses ou rouges ou roses ou rouges peut-être ou roses, enfin, c'était une couleur chaude, on y voyait rien dans le noir. Les deux étaient apparemment coincées dans le plafond et il avait supposé que c'était une des chiennes rugissantes de la compagnie, là ! Tout ça était arrivé très vite, car c'est elle qui l'avait fait tombé en fait Motobaro avait senti qu'on s'accrochait à ses grôles en bas, mais ça ne l'avait pas perturbé. Par contre, leur deux poids avaient fragilisé le faux-plafond et à peine la jeune fille était, elle arrivé dans ce petit deuxième que Moto lui tomba dans la salle d'attente...
Là, ça gueulait, il y a un type qui gueulait. Motobaro entendit les mots "Ta race !" puis "Sora" et "Putain" puis "Réparations" celui-là, il faisait peur pas le type hein. Le mot, parce que "réparations" ça veut dire "ryos" puis comme il est pas con Moto, si vous avez suivi, il est gentil. Beh ! Il sait qu'il va devoir cracher au bassinet, sauf qu'il a tout laissé à Hakushi à sa dernière visite à Ame no kuni, alors pour la thune va falloir repasser. Moto se prenait des coups de magazines, mais il s'en foutait, il cherchait de quoi se sortir du pétrin :
Nous-ça payer, nous-ça payer. Nous-ça pas voleur, non. Il est gentil Moto, dit-il de sa voix particulière en attrapant le pouf de caoutchouc qu'il avait conçu.Lui-ça cher, lui-ça drôle et lui-ça de bon goût, fit-il en tendant le pouf en guise de recouvrement de dette.Si ça pas suffire, nous-ça savoir que les batraciens sont ovipares ou ovovivipares. Information chère, ça suffire. De rien, finit-il par conclure.
Motobaro s'épousseta l'amiante qu'il avait sur les fringues et les cheveux en direction du moustachu comme si de rien était, l'affaire résolue et le marché entendu à ses yeux. Il ouvrit la bouche afin d'afficher un sourire en banane aux chiens rugissants.
C’est vrai que j’avais un peu déconné. Enfin, c’était l’impression que me donnait les coups de pied au cul que m’avait filé Ishiyato, et ceux-là, ils faisaient sacrément mal. Et du coup, c’qui était en train de se passer dans notre QG, c’était tout simplement fabuleux. Le type, il était vraiment déguisé en clown, avec un nez rouge. Moi, j’aimais pas trop les clowns, parce que d’habitude, ils faisaient que des trucs sacrément nazes, mais lui, il était vraiment trop chouette. Si il pouvait faire des supers trucs comme ça, fallait pas non plus lui latter le cul. J’le voyais venir, Ishiyato.
Du coup, je me relevai prestement pendant qu’il disait des trucs incompréhensibles, le clown, enfin des trucs de clown, quoi, et je m’interposai entre le moustachu et lui, les bras ouverts, prête à me prendre des baffes à sa place.
- Ishiyato !! Le tape pas, regarde, il est trop bien. Il va pouvoir me faire plein de truc comme ça tout rigolo. Et puis, il dit plein de truc rigolo que j’comprends même pas. Et puis, si il est là, c’bien pour faire un truc, non ! Jveux travailler avec lui ! Ou pour lui ! Il est génial !
J’en avais la moutarde qui me montait au nez. Son pouf, là, il était trop bien. Et si Ishi devait me taper pour ce que je faisais, qu’il me tape ! Il parlait toujours de ma crise d’adolescence, moi, j’savais pas ce que c’était, l’adolescence, mais ce qui était sûr, c’est que j’allais faire une vraie crise si il s’en prenait à lui !
J’me retournais d’un p’tit bon vers le clown, pour lui faire un grand sourire. Il souriait, tout content, en tendant son super jouet. Je tatais le truc en matière bizarre du bout du doigt, et ça faisait le même effet que quand j’avais sauté dessus, ça faisait repoussait. Trop bien. Avec un truc comme ça, j’pourrais sûrement amortir les choc, quand je m’envolai.
Posant les mains sur les hanches, je lui rendis son sourire.
- Alors, voilà, t’es aux Chiens Rugissants. Moi, c’est Sora. Lui, c’est l’patron, Ishiyato. Et toi, t’es Moto ? Ou c’est le truc que tu tiens, Moto ? En tout cas, t’es à la bonne porte. Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ?
Si ça, si ça c’était pas une bonne entrée en matière, autant me faire encore botter le cul.
Je restais sans voix devant ce crétin fini. Il m’offrait son espèce de coussin immonde et me parlait d’un ovozi-machin chose.
Un sourcil venait se dresser tandis qu’il avait fini par dégueulasser mon habit. J’allais pour lui éclater les dents quand Sora s’interposa et fit un discours sur l’amitié, le sacrifice et toutes ces conneries de syndicalistes. Elle filait d’un mauvais coton la petite.
Et voilà que Sora me tournait le dos. Sérieusement ? Je pris soin de prendre sur moi avant d’extérioriser ma colère. C’était pas bon à mon âge que de tout garder pour soi. Avec la plus grande sympathie du monde, j’attrapais l’arrière du crâne de Sora avant de l’envoyer se fracasser contre celui du clown.
-J’en ai pas… Terminé !!!!
Une fois cela fait, mon visage vira au rouge à cause de la haine et une multitude de veines apparurent sur mon cou et mon front. Je désignais alors mon animal de compagnie ainsi que son nouveau jouet : le bouffon.
-Vous croyez que je vais me laisser me faire baiser de la sorte par un connard de marginal qui joue les clowns pour vivre !? Et toi Sora, tu joues les syndicalistes qui défendent le peuple hein !? C’est quoi la prochaine étape ?! T’enfiles des putains de sarouels et tu t’en vas jouer les jongleurs sur une corde raide entre deux arbres !?
Je hurlai alors. De légère gouttes de baves à l’air sur le visage du duo !
-Vous allez travailler pour me réparer ce trou ! Espèce de résidu de boyau de porc ! Et toi la, le Toto ! Amuses toi encore à parler de ma mère comme ça et je te garantis que je t’arrache la tête, je te chie dans le cou et que je remets ta putain de caboche en place !
En réalité je n’avais pas compris ce qu’il avait voulu dire par ovizguegue là. Mais avec le temps j’avais développé une technique infaillible lorsque je me retrouvais dans des situations où je ne comprenais pas un mot. Je supposais qu’il s’agissait d’une insulte portant sur ma défunte mère et je rentrais dans le lard du malheureux qui avait prononcé le dit mot. Généralement, c'était parfait pour dévier la conversation.
Je venais finalement m’affaler dans le canapé pour reprendre mon souffle. Putain, il fallait vraiment que j’arrête les cigares tsuchijines. Ça ne me réussissait vraiment pas niveau respiration.
Ma main s’agita alors dans le vide tandis que je tachais de me calmer.
-Sora, attrapes un boulot sur le tableau et apportes le moi !
Le type à la moustache était carrément furax, le cadeau ne semblait pas lui plaire, mais la petite aux cheveux roses, elle s'interposa entre Motobaro et l'employé de bureau. Apparemment, le clown risquait physiquement quelque chose à rester là avec son sourire en banane. Il cessa de sourire et écouta l'adolescente. Elle aimait visiblement son art caoutchouteux et en redemandait. La fille était aussi curieuse de savoir ce que venais foutre Moto dans leur agence au nom de chenil. En tout cas, elle le défendait et Motobaro avait déjà la larme à l'œil devant tant de gentillesse, c'est qu'il était plutôt sensible aux petites attentions le grand dadais. Lorsque la petite se retourna en sautillant vers lui, il se remit à sourire toujours les bras tendus avec le pouf blanc. Elle tata la marchandise ce qui provoqua immanquablement le rebondissement de sa main dans l'autre sens. Le procédé semblait l'amusé...
Elle se nommait Sora, elle était trognonne, choupie et Motobaro l'aimait déjà. Lui, c'était Ishigato, ici les gâteaux. Il était vieux, poilu de sous le nez, braillard et trop serré dans ses fringues et Motobaro l'aimait déjà. C'étaient les chiens rugissants et Motobaro aimait les noms rigolos. Il allait répondre à la gentille fille quand Icigateau péta un câble ce qui couvait depuis un moment apparemment. La moustache chopa la petite par la tête puis l'envoya valser dans les bras de Moto qui la réceptionna avec douceur sans bouger d'un millimètre :
Elle-ça pas fait mal, demanda innocemment le clown avec sa voix nasillarde en la regardant dans les yeux un peu inquiets ?
La moustache n'en avait pas fini avec eux, il lança des atrocités et les deux en prirent pour leur grade. Il lança des punchline de la mort qui tue des bébés phoques à la batte à l'encontre de la petite aux cheveux roses. Puis lorsqu'il parla de jongler en sarouel, Motobaro ne put s'empêcher de faire quelques mudras aussitôt un sarouel de caoutchouc entoura ses jambes et une dizaine de balles de caoutchouc se formèrent dans ses mains. Le Nobasu commença à jongler avec les balles tout en souriant et en faisant plein de clins d'œil au type en costard.
Le patron voulait que les deux fauteurs de trouble réparent le plafond, Motobaro attendit qu'il finisse de s'exciter comme un trader un lendemain de crack boursier et une fois qu'il fut assis dans son sofa, il le regarda puis lui montra le plafond. Il était déjà rebouché avec du caoutchouc et les kanji signifiant Sora puis Motobaro était inscrit dessus. Résultat, la petite était une syndicaliste, Motobaro un toto transformé en fosse à purin et la maman d'Ishiyato planait au milieu de tout ça pour pas grand chose. Il était temps de faire quelque chose pour apaiser la situation, rebouché le trou, c'est fait, maintenant leur faire plaisir.
Le Nobasu effectua de nouveau quelques mudra puis comme par magie deux petites boules de caoutchouc se formèrent puis mutèrent pour devenir deux chiens. Un gros bulldog anglais en caoutchouc blanc, enfin ce qui ressemblait plus ou moins à un bulldog anglais pour Moto. Celui-ci se précipita tout de suite sur les genoux du patron en tentant de le lécher partout, le golem n'avait qu'une fonction être un bon chien pour son nouveau maître.
Chien d'Ish:
Le second Motobaro le modela à la main personnellement, il était complètement fait de caoutchouc, mais ressemblait à un chien ballon d'anniversaire tout blanc. Il n'avait pour fonction qu'être un bon toutou pour sa maîtresse Sora sur qui il sauta tout de suite afin de recevoir des papouilles :
Chien de Sora:
Il est gentil Motobaro, eux-ça fidèle. Eux-ça cadeau, dit-il en montrant du doigt les deux chiens.Nous-ça venir sur ordre du clan Nobasu pour travailler ensemble. Nous-ça mercenaire. Nous-ça vouloir contrat, rien de plus, affirma le clown avec un sourire.
C’était trop, ce qui était en train de se passer, là, beaucoup beaucoup mais alors beaucoup trop. Y a trois trucs que j’ai compris en cet instant, des trucs cools, et des trucs aussi terrible.
Premièrement, Ishiyato il était pas si gentil que ça. Il me criait tout le temps dessus même quand j’étais contente, et me traitait de truc que je comprenais même pas, et ça c’était franchement grave nul.
Deuxièmement, ce tout p’tit chien en caoutchouc qui venait se frottait à mes jambes, il était vraiment trop trop mignon. Je m’accroupis pour lui tapoter la tête qui rebondissait un peu, comme son autre pouf bizarre, et la bestiole elle se frottait à moi, toute mignonne et tout et tout. J’crois que y avait personne qui m’avait fait un cadeau comme ça. Ca voulait dire quoi, ça ? Que les gens les plus gentils, c’était ceux qu’Ishiyato criait dessus ? Mais c’était dur à comprendre.
Troisièmement, Motobaro, il était vraiment trop cool. Et j’aimais pas qu’Ishiyato crie sur les gens cools. Qu’il gueule sur la meute ou les connards, pourquoi pas, mais p’tain, il venait d’me faire un chien ! Et beaucoup plus mignon qu’le sien ! Cheh !
Je me relevai lentement. Je frémissais. J’me sentais grande, si grande.
- Ishiyato…
Les mains posées sur les hanches, et le p’tit chien choupi entre les jambes, je me dirigeais à grand pas vers le tableau des « missions à faire chiantes mais pas prioritaires alors on les fait moisir là », et arrachait un truc avec plein de choses marquée dessus. Je lui tendis en revenant, toujours très très pas contente. J’avais la moutarde au nez, ça me piquait vachement fort.
Je me campai à côté du Nobasuça. Il m’avait même demandé si j’m’étais pas fait mal…
- J’vais la faire ta mission. Mais regarde, il veut travailler. Il va te rapporter du flouze, c’pas c’que tu veux ?! Arrête de dire qu’il est nul !! On pourra s’apprendre plein de truc !
Pour pas le laisser partir, je lui chopai prestement le bras.
- Lui-ça mon copain ! Lui-ça ami ! Lui-ça Chien Rugissant ! Fis-je en imitant sa voix toute bizarre en lui lançant un grand sourire. C’est aussi grâce à moi qu’on a fait tout ça Ishiyato, et moi j’te le dis, je veux le garder !
De toute ma petite taille, je défiais du regard le moustachu. Il allait tellement me rouster le cul que j’allais plus pouvoir m’assoir après ça. Mais bon. Ca valait le coup. Il était gentil Motobaro. C’est c’que jme disais en tout cas. Et puis, il m'avait fait un chien !
Mais il se foutait allègrement de moi l’autre tache… À un moment donné, fallait pas poussé !
Je venais respirer rapidement tout en balayant l’espèce de chien en caoutchouc de mes genoux ! Je me redressais alors tout en pointant le bouffon du doigt.
-Tu sais lires ‘Toto ? Parfait !
Je venais foudroyer du regard Sora tandis qu’elle me tendait l’ordre de mission. Il n’y allait pas avoir assez de chiottes dans toute cette ville pour pouvoir la punir comme il se doit. Récupérant le boulot, je venais le lire tout en me calmant. La perspective de me faire un peu d’argent avait toujours le don de me calmer.
-Tu cireras mes chaussures quand tu rentreras. Tu nettoieras également les chiottes, encore.
Je tendais alors le morceau de papier au clown en grognant. Cette saloperie était donc un Nobasu. Il n’y avait pas plus filou qu’un Nobasu… Sauf peut être un autre membre de ce satané clan. Il fallait se méfier de lui.
-Je récupère ta prime, Ça payera les dégâts. Je ne compte pas garder tes merdes caoutchouteuses dans mon plafond. Si jamais il te vient à l’idée de te faire la malle sans m’avoir remboursé, je te retrouverais et je te donnerais à grailler à mes chiens, tu captes ?
Je venais alors me relever en essayant de retrouver une respiration digne d’un honnête homme. Je venais glisser le boulot dans la main du clown avant de réajuster la veste de mon costume.
-S’il y a des problèmes à cause de lui, c’est ta responsabilité.
Je coulais alors un regard en direction. Si elle voulait prendre en assurance, elle allait devoir prendre les inconvénients qui vont avec. Mon regard se posa alors sur le Nobasu. Je venais lui tapoter la joue à deux reprises avant de me diriger vers mon bureau.
-Ne t’avises pas de merder le bouffon ou je t’arrache les tripes.
La petite aux cheveux flamboyants défendait bec et ongles le bon Motobaro. Elle alla même jusqu'à insister pour faire de lui un des chiens rugissants. On ne lui avait pas demandé son avis, mais le clown s'en foutait un peu. Il n'était pas là pour les rejoindre, mais si ça pouvait les mettre de bonne humeur, c'est ce qui comptait. Hakushi lui avait demandé de bosser avec eux parce qu'ils commençaient à se faire un nom et que les contrats externes allaient pleuvoir par dizaine. Hors, la situation de Motobaro et du clan restait tendu alors l'envoyer sur des missions avec d'autres Nobasu était compliqué pour la cheffe de clan. Néanmoins, Motobaro ayant la volonté de contribué à la richesse des Nobasu, elle l'envoyait en mission quand même. Malheureusement les missions qu'il était capable d'accomplir seul ne rapportait pas beaucoup, alors elle se débrouillait pour lui trouver des partenaires extérieurs. Comme la fois où il avait bossé avec Kimitsu Hetai sur un vol dans une galerie d'art. Bref, entrer dans le cercle d'une confrérie de mercenaire lui permettrait d'avoir d'autres contrats et de ne pas partir seul en mission. Hakushi aimait son frère et ne voulait pas qu'il revienne les pieds devants.
Sora était mignonne et prenait clairement Motobaro pour un gentil compagnon de voyage. Bah c'était pas un vrai méchant, mais ce n'était pas pour autant un enfant de cœur. Le boss Ishiyato lui, c'était une autre histoire, ça avait mal commencé entre eux, il voulait carrément que Moto paye les réparations complètes avec la prime d'un contrat qu'il lui confia. Pas de doute, il serait sûrement accompagné de Sora vu les dires du chien de garde. Ishiyato regarda une dernière fois le clown, lui tapa deux fois sur la joue et tourna les talons vers son bureau. Motobaro se retint de l'attraper par le col, il jouait au docile imbécile jusqu'ici, mais il ne faut pas déconner.
Bon allez, fini les conneries, les présentations sont faites et Moto à un pied dedans maintenant. Tant pis si son premier contrat avec eux ne lui rapportait rien, tant qu'il y en a d'autres :
Où c'est qu'on va, Sora, questionna-t-il en reprenant son air de gentil farceur ?