La Sentinelle du Ciel. Elle ne sait pas si elle apprécie cet endroit ou s’il ne suscite rien chez elle.
À bien y penser, Shizue doit admettre qu’elle a vécu des moments intéressants, quand même. Hizori Rin, son partenaire de la première épreuve, a été un vrai atout lors de cette rencontre : sans lui, les opposants à distance n’auraient fait qu’une bouchée d’elle. Donc, pour ça, c’était une bonne chose.
Pour le reste … hm. Bah, ça lui a quand même permis de montrer qu’elle n’est pas qu’une plouc qui a une grande gueule, c’est pas si mal, hein ?

Aujourd’hui, si elle est là, c’est parce que Genkishi l’a invitée à s’y rendre.
Ils ne se sont pas beaucoup – si ce n’est pas du tout – croisés depuis la fin de l’examen. Lui a été très occupé, elle a passé pas mal de temps à l’hôpital, puis beaucoup dehors, à se remettre dans le bain ou dévorer tout ce qu’elle pouvait engloutir.
Ils ont beau vivre dans la même maison, quand la vie de chacun s’en mêle, il semble qu’ils ne soient que deux fantômes l’un pour l’autre.
Chouette, ils vont pouvoir se revoir et il va encore pouvoir la brutaliser !
Nan, on déconne, on déconne. Il est pas si terrible, Genkishi.

Il accueille Shizue assez sobrement, mentionne son état après le combat.
Elle hausse les épaules.

« Boarf, j’suis jeune, m’en faut plus pour m’foutre à terre. »

Un large sourire plein d’une fierté non-dissimulée.
Elle est bien plus forte qu’il n’y paraît, la p’tite ! Et elle en est franchement contente.
Cet examen lui a permis de prendre encore plus conscience de son potentiel, pour le plus grand malheur de tous les autres.
Parce qu’une connasse au naturel, quand on lui donne encore plus de raisons d’être une connasse, nom didiou ça peut faire mal.

Genkishi s’excuse de ne pas avoir pu discuter avec elle avant, mais il a une excuse : ils vont le faire aujourd’hui, en même temps qu’ils s’entraîneront.
Damn, il est malin, Tonton.
Joindre l’utile au très utile, l’est vraiment fort. Pas pour rien qu’il est Kage, hein ?

Il passe le grillage, dégaine une carte et commence les explications.
La première épreuve de l’examen était constituée de deux petites épreuves : de la survie et de l’infiltration. Deux trucs pas du tout adaptés à Shizue, qui l’ont pas empêchée de survivre.
Tout le mérite revient à Rin, hein ? Sans lui elle aurait foncé droit dans les pièges, cette nouille.
Son honneur, SON HONNEUR, voyons !
Mais sa fierté de ninja lui a indiqué qu’il fallait calmer sa joie et écouter le plus tempéré des deux.
La meilleure décision de sa vie.

Elle regarde Genkishi, prête une oreille attentive à ce qu’il lui raconte.
Son Byakugan lui a été particulièrement utile, elle ne le sait que trop bien. Il lui a permis de se sortir de situations problématiques et de voir venir les pièges, qui sont toujours présents aujourd’hui. Et c’est parce qu’ils sont présents qu’ils se trouvent ici.
Donc quoi, les examinateurs auraient pas pu tout retirer ? Ils étaient pas assez payés ?
Dingue, ça.

Ceci dit, cette flemmardise – ou autre chose, hein – permet à Shizue d’apprendre quelque chose de nouveau : elle va pouvoir découvrir une arcane importante de leur clan. Faire sauter un sceau en y infusant leur chakra.
Et ça, quand même, ça vaut tous les pièges laissés sur le chemin par les examinateurs.

Elle hoche vivement la tête.

« Ok c’est noté ! »

Elle va devoir tout désactiver en un après-midi, ça c’est du travail de colosse.
Elle regrette un peu de s’être vantée de sa fringante jeunesse, d’un coup. Ça fait beaucoup de travail, là, quand même.

Alors qu’ils progressent, Genkishi rebondit une nouvelle fois, cette fois sur ce qu’elle a pensé de l’examen.

« Mmh. »

Instant de réflexion … qui ne dure qu’un instant.
Faut pas trop lui en demander, non plus.

« Le gars avec moi m’a fait un méga sermon au début, en me disant que si j’allais trop vite ça allait pas bien se passer, tout ça. Alors j’me suis dit que ça me faisait chier, au début, hein. Mais après, j’ai percuté. Et en fait il était clairement pas bête, le p’tit blond. Du coup je l’ai écouté et on a formé une vraie équipe. C’était très cool ! »

Sacré Rin, quand même.

« Pour la deuxième épreuve j’suis tombée contre une fille qui … manipulait le sang ? Honnêtement c’était bizarre. Du coup j’me suis dit. J’sais pas ce qu’elle fait, j’connais pas, je vais frapper plus fort. Donc j’ai frappé plus fort. Elle s’est foutue dans une sorte de pentacle chelou et là j’ai récupéré toutes mes blessures ?! »

Sa voix monte alors qu’elle montre son étonnement.

« Nan là c’était vraiment bizarre. Mais heh, on est Konohajin où on l’est pas : je me suis battue jusqu’au bout, même quand elle m’a dit qu’elle allait nous tuer toutes les deux. J’me suis approchée et j’lui ai dit de le faire. Hé, la mort avant le déshonneur, on est Konohajin, bon dieu. Ça lui a fait peur et elle a fini par tomber dans les pommes. »

Se gratte l’arrière de la tête.

« J’t’avoue que j’ai pas tout tout compris. Mais j’ai gagné et j’ai quand même appris des trucs, donc c’était cool ! »

Large sourire.

Ouais, il était pas si terrible, son examen.
Il était même plutôt bien, finalement.
Plutôt très bien.

Ça la rend grognon, Shizue, d’entendre ce qu’il lui dit.
Elle se bat jusqu’au bout, Shizue, quel que soit l’objectif. Si les arbitres avaient pas pu intervenir, bah tant pis, hein. Elle serait morte et voilà. Ce serait dommage, mais elle serait partie avec son honneur bien en place.
Une moue apparaît sur son visage, alors qu’elle rumine.
Oh, l’Hyûga pourrait se contenter de ne rien dire …
Elle pourrait, oui.
Sauf que ce n’est pas ce qu’elle fait, évidemment.

« Bof, justement. C’était un combat pour le spectacle, elle se serait pas foutue en l’air pour ça. »

Ses yeux s’écarquillent.

« Ou alors elle aurait pu et … Elle aurait flanqué une sacrée réputation de déglingos aux Sunajins. Et p’têt’ pire encore. Ça aurait pu être marrant, ça, tiens. »

Marrant pour elle. Probablement pas pour Genkishi.
Ceci dit, vu ce qu’il lui dit après, il a plutôt l’air d’accord avec elle. Cette fille était un peu dérangée du bocal.
Il complimente le combat qu’elle a mené et lui explique les capacités de son opposante. Une Kaerichi. Des gens qui manipulent le sang et qui, après en avoir ingéré, peuvent répercuter ce qu’ils subissent à leur adversaire.
Des déglingos, quoi.
Après c’est pas tant sa faute si elle fait ça. Shizue n’a pas demandé à être une Hyûga, pourtant c’est ce qu’elle est.

Haussement d’épaules.

Il poursuit en parlant de leurs coutumes et de plein d’autres choses qui dépassent un peu sa nièce.
Elle hoche la tête simplement.

« Ouais, j’pense que c’était un plongeon dans le grand bain direct. J’ai pas eu le temps de dire ‘ouf’ que je devais déjà nager. Ceci dit, c’était flippant mais c’était pas la mer à boire non plus. De toute façon, c’est pareil pour tout : si je connais pas, je frappe plus fort. Derrière, ça s’est joué sur la résistance et … heh. J’étais la plus résistante, c’est tout. »

Une nouvelle fois, Shizue hausse les épaules.
Ça ne l’atteint pas plus que le reste, finalement. C’est une aventure comme une autre, qui lui permettra de grandir et de devenir plus forte.
Plus cultivée sur les possibilités des ninjas du Yûkan, aussi.
Mais ça ne lui donne pas d’opinion sur les membres du clan Kaerichi – de toute façon, ils font ce qu’ils veulent, elle s’en fout – ni sur Ostara en elle-même.
La rouquine a lutté jusqu’au bout, rien que pour ça, c’était satisfaisant.

Alors qu’elle continue de marcher, la main de Genkishi la force à s’arrêter.
Il désigne deux pièges sur les arbres.
Le début des problèmes.

La technique est relativement simple, somme toute.
Enfin, la théorie paraît toujours super facile, quand on y regarde bien. La pratique met en évidence les complexités de l’apprentissage.
Et les efforts que Shizue doit faire pour le mener à bien.

Là, il faut qu’elle insuffle du chakra comme lors d’une paume du Hakke, sauf que. Parce qu’il y a toujours un sauf que, évidemment.
Elle doit pas juste faire ça.
Elle l’a vu, mais elle saurait pas l’expliquer.

« Ah, ouais. »

Sur le papier, ça paraît être un jeu d’enfant, eh oui.
Mais en réalité …

Bein en réalité, quand Shizue réplique l’acte, elle n’est pas sûre de la méthode à appliquer.
Alors elle frappe, elle aussi, mais pas assez fort.
Le chakra est expulsé, la paume se fait comme prévu, sauf que ça ne fonctionne pas.
Y a rien qui vient.
Le piège ne s’active même pas, comme si même lui n’en avait rien à faire de sa présence.

Forcément, Shizue, qui se sent un peu vexée, réplique.
Et là elle frappe trop fort.
Bah ouais.

Donc le machin s’active et ça tourne vraiment mal.
Oopsie.