Le long des chemins de Ta no kuni, Motobaro sifflait tout en marchant en route pour exécuter un contrat pas très mirobolant, mais ça suffisait pour vivre et laisser vivre. Il enverrait une partie à Hakushi puis aux restes des Nobasu pour rembourser sa dette et aider à l'effort du clan puis garderait le reste pour lui. Siffler lui donnait envie de danser, alors il exécutait des quelques pas de danse désordonné sur le bord de la route entrecoupé de quelques sauts et cabrioles enfantines.
Il fit une roulade vers l'avant juste au moment où un vieux avec son âne et une charrette passait par là, l'ancien le regarda d'un air ahuri. Il devait se demander ce que pouvais bien foutre un grand bonhomme de presque deux mètres vêtus d'un t-shirt à rayure, portant un nez de clown rouge et maquillé comme une putain un soir de pleine lune pouvait bien foutre-là à danser et siffler au bord d'un chemin du pays du riz :

Est-ce que ça va, mon gars, lança-t-il de sa voix de péquenaud interrogatif ?

Motobaro était en transe et ne répondit même pas à la question, il filait en direction de Numata la capitale aux frontières infinies. Enfin, c'était une ville très étendue surtout parce qu'elle comprenait pas mal de rizière.
L'idée était simple, il devait retrouver un type et sa concubine pour leur faire passer un message, mais la prise d'information pour Motobaro s'avérait toujours compliqué. Encore plus dans les grandes villes, les gens ne bitaient pas toujours ce qu'il pouvait raconter son esprit désordonné mélangeant constamment les mots. Aux yeux des gens, ça ressemblait à comme qui dirait une dyslexie de la bouche, c'était d'ailleurs ce que balançaient les rustres comme insulte au shinobi lorsqu'ils en avaient marre d'entendre son charabia. Bande d'inculte, c'est une forme d'aphasie...

Numata, capitale de Ta no kuni, le pays du riz son marché était impressionnant et bien que très grand Motobaro se sentait tout petit ici. Bien sûr, comme partout où il passait, il ne passait pas inaperçue. La taille du shinobi, son apparence, son look et sa façon de dodeliner comme s'il était saoul attirait vite le regard. Bien entendu, tout cela reflétait sa personnalité toute particulière, mais c'était aussi le moyen pour Motobaro de passer inaperçue auprès des personnes pour qui il devait être invisible. En résumé, les types qu'ils cherchaient pour ses contrats. Les gens qui se savent chassés ou juste recherchés ont tendance à se méfier de tous et de tout le monde. Personne ne se méfierait de l'idiot du coin, attifé comme un clown et semblant ivre...

Passant à côté du stand d'un boucher situé au croisement d'une ruelle sombre, il chopa le commerçant par le col. Une seconde plus tard, le boucher était suspendu à plus d'une dizaine de centimètres au-dessus du sol le dos plaqué contre le mur de la ruelle, les jambes tremblantes :

Nous-ça chercher, Bun. Akimichi Bun et sa douce, Hako. Nous-ça savoir que Bun être cuisinier. Bun s'approvisionne chez Ikiri. Lui-ça Ikiri, n'est-ce pas, questionna le clown de sa voix étrange en pointant du doigt le visage du commerçant ?

Le phrasé particulier de Motobaro et son look ridicule avaient certes l'effet de le faire passer pour un crétin, mais dans un contexte approprié, il pouvait... et voilà le type se pissait dessus maintenant. Motobaro pouvait se montrer convaincant donc :

L'avant-dernière ferme, au nord-est de Numata. Elle a un toit rouge, ne me faites pas de mal, supplia le boucher avec les yeux humides, la morve au nez et le pantalon trempé.

Merci, répondit Motobaro en faisant glisser Ikiri tout doucement contre le mur avant de l'asseoir par terre.