Aller à Kodai en terre yujin qu'elle avait dit Hakushi, retrouver Kimitsu Hetai au point de rendez-vous et bosser en duo. Elle était marrante, Motobaro travaillait quasiment toujours seul sauf dans les cas exceptionnels ou alors avec des membres du clan quand ceux-ci acceptaient de partir en mission avec lui. Il n'y avait bien que quelques anciens assez sage pour accepter de partir en mission avec le bouffon du clan Nobasu. Là, Hakushi n'avait personne sous la main, enfin, personne de consentant surtout. Refusant de fermer les yeux sur un contrat reluisant, elle espérait pouvoir envoyer un Nobasu sur place. Et comme Motobaro venait tout récemment de finir un contrat à Ta no kuni, il était le plus proche pour se rendre rapidement sur place. Aucun Nobasu disponible n'avait accepté de rejoindre le petit frère de la cheffe à Kodai, aucun ne voulait travailler avec lui. Pourtant, Hakushi ne voulait pas laisser son frère seul sur cette mission qui rapporterait gros au clan, alors elle a décidé de sous-traiter le contrat. En jouant de plusieurs contacts, elle avait sans doute pu faire contacter cette Kimitsu qui lui avait été chaudement recommandée.
C'est ainsi que le dérangé Motobaro se retrouvait à Kodai au pays des sources chaudes, à attendre une changeuse de peau. Il était arrivé il y a une quinzaine de minutes sur les lieux où se tenait l'exposition. On l'avait d'abord dévisagé, puis on l'avait évité et enfin, un homme assez courageux pour s'adresser à lui a demandé la raison de sa présence. À peine s'était-il présenter et avait-il prononcé quelques mots que le type était partie en courant, il n'avait pourtant pas utilisé de méthode d'intimidation particulière. Il avait juste fait flipper le type comme d'habitude, le combo look, voix nasillarde, phrasé aphasique et physique impressionnant avait eu raison du courage et de la vessie de son interlocuteur.
Hep ! Nous-ça Nobasu, Motobaro Nobasu. Nous-ça chercher Moludai Zo, l'artiste, pour interrogatoire, questionna le shinobi en retenant gentiment par l'épaule un gars qui semblait faire partie du personnel ?
Apeuré, mais décidé à répondre à toutes les questions de ce grand bonhomme au nez rouge, le type lui indiqua du doigt un autre type. Il était beaucoup plus jeune que ce que Motobaro avait imaginé, il devait avoir son âge, taille fine, mesurant environ un mètre soixante-dix, cheveux noirs et petite coupe proprette. Porteur de lunette, le prénommé Zo était maquillé lui aussi sous les yeux, sur le nez et au niveau des pommettes, un point commun avec le Nobasu qui se dirigea vers notre artiste après avoir lâché l'employé. Motobaro avait pu admirer une de ses œuvres dans le bureau du cabochard Ishiyato Nishimura à Kusa no kuni, un drôle d'art, mais ça avait le mérite d'être original...
Après son passage éclair à Ryokuiki pour un des plus grands tableaux de sa carrière, le grand artiste réaliste Moludai Zo s'est rendu à Kodai, sur les terres de Yu no Kuni, pour participer à la grande exposition de la ville : de nombreux scientifiques et archéologues ont fait des fouilles et déterré des artefacts remarquables dans les souterrains, et Moludai Zo s'était appliqué à dessiner, d'après les ruines, les murs de l'Antique Cité. Ainsi, cette exposition qui avait eu lieu pendant le solstice d'hiver devait marqué un jour nouveau : celui de l'alliance de l'art et de la science, pour donner vie, l'espace d'un instant, à cette cité perdue. Mais il en avait été autrement. En pleine cérémonie pendant le gala d'ouverture, la salle avait été plongé dans une pénombre noire. La panique. En quelques minutes, on a fait évacué, on a appelé les gardes, pour retrouver les pauvres bougres disaient des choses insensés, comme hypnotisés ! Une fois le calme retrouvé, le constat été sans appel, les oeuvres du grand Moludai Zo et nombres d'artefact avait disparu, la vitre protectrice minutieusement découpée au cristal ! Mais comment on-t-ils fait, pourquoi, et qui sont-ils... ? Autant de question qu'on vous a chargé de répondre, dans la plus grande discrétion possible. Ce n'est pas une simple histoire de réputation, qui est ici en jeu... Car sur le mur principal, on pouvait lire, en toute lettre de cristal "Ni arme, ni haine, ni violence".
De par ses compétences non négligeables en sensorialité, la louve était régulièrement sollicitée dans des histoires de vol où il fallait retrouver des voleurs. Il était souvent nécessaire qu’elle leur passe l’envie de recommencer également, et cela aussi elle savait le faire. Le canidé n’avait pas peur de tremper ses griffes dans la peau sensible de ses adversaires. Mais quand il s’agissait d’y planter ses crocs pour s’assurer de les mettre hors d’état de nuire à jamais, l’animal préférait s’abstenir. Cela ne lui avait encore jamais valu de représailles mais elle restait tout de même méfiante quant à ses nouvelles rencontres. Et l’homme qu’elle devait rejoindre ne ferait pas exception même si elle avait été envoyée pour faire équipe avec ce dernier de la part de son clan : les Nobasu. Comme la plupart des clans qui faisaient partie de ce monde, Kimitsu ne les connaissait pas et fut assez surprise d’être contactée par ces derniers. Était-ce la curiosité où cette marque de reconnaissance qui la fit accepter ce nouveau contrat ?
Qu’importe, la louve s’était mise en chemin pour rejoindre Yu no Kuni, et plus précisément la ville de Kodai. Elle n’était encore jamais allée de ce côté-là. Elle ne connaissait pas encore tous les pays bien qu’elle ait réellement envie de découvrir tous les endroits afin de trouver le lieu le plus propice à la retraite de l’animal. Comme toujours, elle avait fait le plus gros de chemin sur ses quatre pattes afin de couvrir plus de terrain, plus rapidement, plus discrètement. Elle avait appris à se montrer le moins possible aux yeux curieux et elle préférait que cela reste ainsi. Après plusieurs jours de marche en partant du Sud de Hi no Kuni, elle rejoignit une chaine de montagne qu’elle contourna vers l’Est puis remonta vers le Nord. Là, elle traversa à nouveau une forêt avant que la ville de Kodai ne sorte de terre.
Elle avait bien gardé en tête l’intitulé de son contrat qui était de retrouver les tableaux d’art perdus, ainsi que les voleurs pour qu’ils puissent répondre de leurs actes. La louve espérait seulement que son acolyte du moment ne serait pas un incapable impulsif n’écoutant que la parole de ses poings sur la face de ses adversaires.
Retrouvant sa forme humaine et ses vêtements sombres, elle entra dans la ville et rejoignit rapidement l’exposition. Difficile de la manquer, elle était affichée partout et il n’y avait qu’à suivre les flèches. Ils devaient réellement être fiers de ces tableaux, et davantage détruits d’en avoir été démunis. Elle se présenta à l’accueil, chercha de son regard dissimulé sous sa cape noire, un dénommé Motobaro mais n’en vit pas le caoutchouc. Elle reporta donc son attention sur l’employé tendu qui s’approchait d’elle à grande enjambée. Prenant conscience de son apparence peu familière, la jeune femme découvrit sa tête de sa capuche, découvrant son visage aux allures sévères mais sérieuses et calmes.
« — Bonjour. » Le salua-t-elle avant qu’il ne commence à parler. « Je cherche Moludai Zo, je suis chargée de l’enquête sur les vols. » Elle darda sur l’employé des prunelles sans équivoque et l’homme acquiesça simplement de la tête, fit un mouvement de main en direction de l’homme en question.
La louve ne mit guère longtemps à trouver l’homme qu’elle cherchait. Elle faisait un peu sombre à côté de cet homme aux habits affriolants. Quoi que ? Qui des deux était le Moludai Zo ? Était-ce l’homme aux cheveux bleus ? La jeune femme resta interdite, s’avança calmement vers les deux hommes qui semblaient tout juste se connaître vu le regard que l’un portait à l’autre, et inversement.
« — Moludai Zo ? » Demanda-t-elle alors que son regard s’arrêtait sur le clown puis sur le binoclard.
Comment pouvait-elle deviner qui était le bon ? Les artistes n’étaient-ils pas réputés pour être originaux et assez dérangés ? Et cet homme à côté serait probablement le Nobasu qu’elle cherchait.
« — Je suis Kimitsu. » Se présenta-t-elle en laissant son regard trainer sur le visage de l’un et l’autre, indécise. « Je fais partie des personnes envoyées pour enquêter sur le vol de vos tableaux. » Elle marqua une pause, jaugea l’homme aux cheveux bleus, ne pouvant se rendre à l’évidence qu’il était probablement son acolyte étant donné l’habillage de l’autre qui était très propre et donc davantage apprêté pour une réception. « Avez-vous remarqué des mouvements douteux ? Même un détail nous permettrait de nous lancer sur une piste. » Demanda-t-elle à l’homme aux lunettes.
Moludai Zo semblait être un type plutôt allumé dans son genre, Motobaro pouvait lire ça dans son regard vu que lui aussi n'était pas très net. Avant même que le Nobasu n'entame la discussion avec l'artiste-peintre, une jeune femme plus âgée que lui arriva sur les lieux. Elle cherchait Zo elle aussi, la première réaction de Motobaro fut de se méfier. Les criminels revenaient parfois sur les lieux de leurs crimes pour savourer la désespoir de leurs victimes. La fille avait des cheveux noirs, très noirs. Le visage pâle, les cheveux en arrières et les yeux revolver. Un capuchon abaissé sur ses épaules, une écharpe rouge, c'était plutôt une belle femme. Par contre, elle n'avait pas l'air d'être là pour plaisanter. Enfin, elle se présenta comme étant Kimitsu, c'était donc le contact de Motobaro pour cette mission. Bien qu'elle semblât ne pas trop savoir à qui s'adresser, elle posa les bonnes questions et à la bonne personne celui-ci répondit :
Oh oui ! Oh oui ! C'EST MOI, LE GRAND MOLUDAI ZO, s'égosilla le peintre !C'est affreux, affreux, on a volé toutes mes œuvres ! D'un coup, les ténèbres ce sont abattus sur mon talent, les émotions des petites gens s'en sont mêlés. Oh ! Ils criaient, ils criaient et j'entends encore leurs cris. Traumatisant, je vous jure, dit-il d'une voix faussement outré.J'en ai encore mal aux tympans, avoua l'artiste.
Le Nobasu n'avait toujours pas pipé mot, il préféra laisser la traqueuse s'occuper de l'interrogatoire de la victime tandis qu'il se rapprocha d'une des vitres qui renfermaient jadis les œuvres de Zo. Celle-ci avait été découpée, un trou de forme ovale au bord parfaitement lisse. La découpe de cette vitre avait été chirurgicale à croire qu'elle avait été faite par un laser. Motobaro avait eu des années pour étudier les différents clan du Yuukan dans sa cellule, c'était une rare chose dont il se souvenait vraiment. Peut-être était-ce l'œuvre d'un renégat du clan Tegami, ces utilisateurs de l'hikariton avec leur ninjutsu laser. C'est à ce moment-là que le clown remarqua par terre de petit résidus de couleur violacé mêlé à quelques éclats de verre. Il passa son gant de caoutchouc sur le sol afin de ramasser les résidus, dont l'un était un éclat aussi, mais violacé et non-transparent comme les éclats de verre. Intéressant. Il plaça cet échantillon dans un petit sac de toile pour demander à la kunoichi d'utiliser ses dons sensoriels. Et en relevant la tête, c'est sur un message qu'il tomba. Là, derrière la plus grosse vitrine de l'exposition elle aussi découpée chirurgicalement avec soin. Sur le mur du fond, un gros message fait de la même matière violacé que ce qu'il avait ramassé : "Ni arme, ni haine, ni violence".
Oh ! Et puis cette couleur qu'il a choisie pour écrire son message, c'est d'un mauvais goût en cette saison, grogna le peintre en pleine discussion avec Kimitsu.
Un message qui pouvait vouloir dire bien des choses, mais sans doute principalement qu'il n'avait affaire qu'à un voleur d'art :
Vous-ça venir, interpella Moto en voyant le premier employé qui passait par-là tout en l'attrapant par le bras.Vous-ça connaître marché noir aux pays des sources chaudes, questionna le clown impatient de localisé un endroit qui pourrait convenir à notre voleur pour revendre la marchandise volée ?
Euh... oui monsieur, il existe dans les quartiers pauvres de Furo un marché alternatif d'après les rumeurs, expliqua inquiet l'employé avant d'être relâché par le Nobasu.
Après avoir fini de fureter dans le coin, Motobaro se ré intéressa à sa partenaire et sans attendre la fin de sa discussion, il commença :
Ravi, Kimitsu. Nous-ça deviné que le voleur vouloir revendre œuvre de Zo. La capitale abrite un marché, un marché secret. Nous-ça enquêter à Furo, expliqua le clown.Tiens ça cristal comme sur le mur, là, dit-il en désignant le message et en tendant l'éclat de cristal violacé.Shoton, encore sale tsuchijin de clan Hougyoku.
La louve sembla discerner dans le regard du clown une once de méfiance. Il la relookait comme une criminelle, dardant sur elle des prunelles qui ne s’en cachaient guère. De son côté, son regard n’en reflétait pas moins. Elle ne le connaissait pas mais elle avait assez eu de déconvenues avec ses compagnons de contrat qu’elle avait appris à ne pas agiter la queue trop vite. Elle n’avait pas que le regard qui tue, néanmoins elle ne le quittait pas des yeux, sauf pour retourner son attention vers l’excentrique que l’on dénommait artiste dans ce cas-ci. L’homme ne mit guère longtemps à répondre, le ton de sa voix digne d’une représentation théâtrale.
« — Oh oui ! Oh oui ! C'EST MOI, LE GRAND MOLUDAI ZO. C'est affreux, affreux, on a volé toutes mes œuvres ! D'un coup, les ténèbres se sont abattues sur mon talent, les émotions des petites gens s'en sont mêlés. Oh ! Ils criaient, ils criaient et j'entends encore leurs cris. Traumatisant, je vous jure. J'en ai encore mal aux tympans. » S’époumona-t-il sans ménager les tympans des deux investigateurs du jour.
Sur le visage de la jeune femme, une grimace. L’envie de sourire lui vint mais elle se réprima tant qu’elle put pour ne pas lâcher ne serait-ce que l’ombre d’un rictus. L’homme était probablement un génie quand il s’agissait de peindre des œuvres qui vaudraient des millions. Néanmoins, il ne semblait pas avoir la lumière à tous les étages. Ou bien cela faisait-il partie de son personnage. Peut-être la louve avait-elle trop d’à priori.
Alors que son acolyte s’éloignait de l’excentrique, Kimitsu conserva son attention sur celui-ci, acquiesçant doucement suite à sa tirade.
« — Pas d’inquiétude, on ne vole pas autant de choses d’un coup sans laisser de traces. » Répondit-elle alors que son regard rejoignait la position du clown qui semblait avoir trouver des preuves sur le sol.
« Oh ! Et puis cette couleur qu'il a choisie pour écrire son message, c'est d'un mauvais goût en cette saison. » Ajoutait l’homme en se massant le menton.
Elle leva brièvement les yeux au ciel et tenta de conserver son sérieux et sa concentration.
« — Bon… » Elle réfléchit un instant, se mâchouilla l’intérieur des joues. « Y avait-il des personnes au comportement… différent, quand les lumières se sont éteintes ? Avez-vous autre chose dans les ténèbres ? Un éclat, une lumière ? Ou bien sentit ou entendu quelque chose en particulier ? » Le questionna-t-elle avant de faire une pause et de reprendre. « Connaissez-vous quelqu’un qui pourrait vous en vouloir à ce point ? »
L’homme la toisa un instant, sembla chercher dans sa mémoire ce qui pourrait attiser la soif de curiosité de la jeune femme. Mais son esprit semblait tant embrumé par la tragédie qu’était le vol de ses bébés, qu’il ne semblait pas capable de se souvenir de quoi que ce soit. Si ce n’est les ténèbres suivis du désespoir d’avoir tout perdu en quelques secondes. Son compagnon la rejoignit alors qu’il avait disparu depuis plusieurs minutes de son champ de vision.
« — Ravi, Kimitsu. Nous-ça deviné que le voleur vouloir revendre œuvre de Zo. La capitale abrite un marché, un marché secret. Nous-ça enquêter à Furo. Tiens ça cristal comme sur le mur, là. Shoton, encore sale tsuchijin de clan Hougyoku. »
Sa voix particulière ainsi que sa façon de parler tout aussi originale surpris quelque peu la jeune femme. Il avait déjà fait quelques recherches et il était déjà sur une piste, au moins ce n’était pas un tire-au-flanc. Et maintenant qu’elle y songeait, il ne s’était même pas présenté à elle, mais elle pouvait tout de même conclure qu’il était bien le Nobasu avec qui elle devait travailler. Quand il lui tendit le cristal, elle le prit dans le creux de sa paume et l’observa attentivement. Elle n’y connaissait pas grand-chose, et elle n’avait pas fait la connaissance avec un ninja du clan Hougyoku. Mais elle pouvait aisément deviner que le Nobasu ne tenait pas ce clan dans son cœur.
« — Nobasu Motobaro… Je présume. » Répondit-elle en hochant la tête, lui rendant le cristal. Impossible pour elle de discerner une quelconque signature olfactive sur du chakra cristallisé. « Je vous fais confiance, c’est une piste comme une autre. » Elle réfléchit un instant. « Il doit y avoir quelques jours de marche pour se rendre à la capitale de Furo. » Moins si elle voyageait seule. Elle se tourna vers l’excentrique « Peut-être pouvons-nous emprunter des chevaux ? » Le questionna-t-il.
On leur présenta par la suite des destriers. Ceux-ci n’étaient pas des canons de beauté dans le domaine équestre, mais ils feraient l’affaire pour avancer à une vitesse plus rapide, et pour éviter de trop se fatiguer. Ils allaient pouvoir s’engager sur la route vers Furo et continuer la suite de cette enquête.