Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri La lune s'est déjà levée depuis quelques temps alors que la silhouette d'une jeune femme passe la porte du karaoké. Peu fréquenté comme à son habitude, le patron salue d'un sourire amical la nouvelle venue avant de reporter à nouveau son attention sur les autres consommateurs présents dans l'endroit. La ville de Kumo comportait bien des endroits permettant aux soldats de se soulager de leur solde tout en participant à différentes activités de loisirs. Certains buvaient, mangeaient, fréquentaient des hotels de passes et autres joyeusetés. Après tout, il leur fallait bien relâcher le stress accumulé par de longues heures de travail acharné, et nul n'allait jeter la pierre aux protecteurs du village. Enfin, si tant était que ces derniers limitaient les dégâts au maximum. Somme toute, les incidents s'avéraient relativement rares et, comme on pouvait s'y attendre d'un village rempli à ras bord de combattants formés pour tuer avant tout, le taux de criminalité était particulièrement bas. De fait, les moyens et hauts gradés étaient pour la plupart affectés en dehors des limites du villlage afin de se poser en temps que défenseurs de la veuve et de l'orphelin en crapahutant dans le pays de la Foudre. Moyennant tout de même une belle récompense sonnante et trébuchante, après tout, la formation des soldats était loin d'être gratuite.
Cependant, cela ne valait réellement que pour ceux ayant déjà roulé un peu leur bosse et fait un minimum leurs preuves. Les bleus et autres fonds de tiroir comme la jeune femme aux muscles endoloris et couverte de bleus et d'ecchymoses, eux, se contentaient pour l'instant des tâches ingrates tout justes bonnes à les perdre dans " l'apprentissage ". Euk... Déposant son sac près de la scène, elle commande une boisson légère pour commencer la nuit avant de croiser son reflet dans le miroir au reflet tamisé au dessus du bar. L'image lui renvoie ce qu'elle avait appris à détester: l'image d'une jeune fille frêle vêtue de vêtements crasseux et usés jusqu'à la corde par une journée complète à répéter inlassablement des katas entre deux missions de raclage des latrines et autres saloperies de bas étage. Kaori était une jeune femme plutôt attirante pourtant. De grands yeux verts émeraude encadrés par une chevelure noire de jais judicieusement ébouriffés, une taille fine à la croupe rebondie et un teint délicieusement hâlé par le travail dans les champs. Sur le papier, tout sonnait bien.
Mais sous les amples bandages recouvrant ses deux mains, ces dernières étaient remplies de cals, fissures, bleus et autres stygmates d'un entraînement draconien tandis qu'une lueur de dégoût empreinte de désillusion voile brièvement son regard éteint. Cela faisait maintenant quelque temps qu'elle était devenue Shinobi. Et depuis qu'elle avait quitté sa vie de pauvre petite paysanne, la jeune fille s'était vue sur des champs de bataille à faire pleuvoir le sang et les tripes, elle s'était imaginé traversant les monceaux de cadavres avec l'excitation du combat aux tripes et la peur de mourir lui enivrant les sens... bref, autre chose que le pauvre petit quotidien que cette vie lui offrait jusqu'à présent.
Malgré le temps écoulé depuis sa nomination au grade le plus bas de la hiérarchie, elle n'avait toujours pas été affectée à une équipe et devait pour l'instant récolter les miettes de ce que l'état major voulait bien lui laisser. Inutile de préciser que sa vie était bien loin de toute forme d'affrontement épique. En vérité jusqu'à présent ce qui ressemblait le plus à ce qu'elle avait imaginé, c'était la traque insoutenable et la pression... de devoir nettoyer des écuries. Forcément, les équipes déjà établies avaient la priorité sur le choix des missions et le fait d'être seule ET avec une expérience à la ferme jouait totalement en sa défaveur. Mais si ce n'était que cela. Non seulement son travail empestait littéralement les excréments, mais en plus la solde était à la hauteur de la tâche, ne lui permettant que de survivre dans le village en attendant des jours plus fastes.
Autrement dit, la pauvre Yotsuki avait quitté famille, amis, océan et crottin... pour encore plus de crottin, mais isolée. Détachant son regard fatigué de l'image renvoyée par la glace, elle finit par se saisir du micro. En cette soirée fatidique, la jeune femme fêtait son premier anniversaire en temps que Shinobi de la Foudre ! Et elle le fêtait seule, puant la merde, avec à peine assez de sous en poche pour payer quelques consommations avant de devoir rejoindre le cagibi qui lui avait été alloué.
Après avoir insulté une fois de plus le monde pour sa situation, elle se jette corps et âme dans l'une des rares activités lui octroyant encore un minimum de réel plaisir et chante son spleen, ignorant que dans son dos, d'autres clients avaient fait leur entrée.
Une journée de plus dans les pattes, un soleil déjà couché depuis une heure... ou deux peut-être. Sayuri s'attend à une fin de journée des plus banales, pourtant à peine rentrée que sa mère se jette à son cou, la mine joyeuse. Ce qui est rare pour la jeune Mojuzuka, c'est de rentrée et d'être accueillie à bras ouverts, en général on lui adresse à peine un regard et une salutation plate, rien de bien joyeux quoi ! Gênée, car peu habituée de trouver sa mère dans la résidence principale et encore moins à cette heure-ci, finalement la madré resserre son étreinte autour de sa fille et l'embrasse. "Prête pour la fête !?"
La jeune kunoichi tourne alors sa tête, peu sure d'avoir bien entendu et fronce alors les sourcils. "Oui oui, t'as bien entendu ! La fêêêêêête !" La dernière fois que ces deux femmes se sont réunies pour festoyer remonte à l'admission de Sayuri en tant que nouvelle recrue du village caché. Qu'avaient-elles donc à festoyer ce soir ? "C'est un événement particulier ?" La chouette de Sayuri s'écarte afin de se diriger vers la chambre de sa maîtresse, épuisé par sa journée il préfère laisser la famille tranquille.
La brune observe sa mère en attendant sa réponse, ignorant totalement les regards sévère de certains séniors de la demeure, tant qu'elles n'enfreignent pas les règles, ils n'ont rien à leur reprocher. C'est d'ailleurs ces mêmes règles qui ont fait fuir sa mère, n'étant pas une Mojuzuka de naissance mais par lien marital, la mère de Sayuri ne s'attendait pas à autant de sévérité par certains... Voilà pourquoi elle et le père de Sayuri ont fini par s'en aller. Manque de peau pour Sayuri, tant qu'elle restera une simple genin ayant besoin encore d'apprendre, il lui faudra rester dans cette demeure.
Bref, tout ça pour vous dire que mon héroïne et sa mère s'en vont toutes deux de la résidence Mojuzuka, ne laissant pas à Sayuri l'opportunité de se changer ou même se laver afin d'enlever toute la crasse de la journée. La génitrice de Sayuri ne lui a toujours pas répondu, à croire qu'elle a quelque chose à lui annoncer, c'est cette supposition qui fait angoisser Sayuri et la rend muette tout au long du trajet, repensant à la moindre possibilité. Mais rien ne lui vient.
Guidée par sa mère, ses pas suivent une ruelle, puis une autre jusqu'à arriver dans un lieu bruyant où certains poussent la chansonnette. La kunoichi pose son regard sur les environs, vérifiant quel type de lieu dans lequel elle vient d'être emmenée, puis finit par lâcher un soupir. De tous les endroits, il a fallut que ce soit ce type-là. Sophie, la mère de Sayori lâche alors sa fille en courant à travers la foule pour prendre en cours de route une chanson et chanter en coeur avec d'autres personnes inconnues au batailloin. Exaspérée, c'est d'un naturel calme que la brune cherche une place afin d'y poser ses fesses. Place repérée ! Ni une ni deux, Sayori s'approche d'un barman et commande de grands verres remplis de bière. Le temps que sa commande arrive, la dompteuse de rapaces sourit en regardant sa mère s'éclater en chantant comme une casserole.
"C'est sur maintenant..." chuchote-t-elle avant de terminer sa phrase dans sa tête. Elle a quelque chose d'important à lui annoncer. Quelque chose qui risque de tourmenter Sayori. C'est surement pour cela qu'elle se défoule ainsi, surement pour relâcher la pression.
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri Après s'être épanchée lamentablement sur la machine, la Genin retourne à sa table, observant en silence le bar se remplir peu à peu. La clientèle des lieux était assez hétéroclite: civils, marchands, parfois quelque badauds. Pourtant elle n'avait jusqu'à présent rencontré que quelques rares shinobi dans l'endroit, peut être parce que le karoké ne figurait tout simplement pas dans la liste des plaisirs prioritaires pour la plupart des soldats. Murée dans son silence, la jeune femme laisse son esprit et son regard vagabonder sans s'arrêter sur un point précis; la pensée de faire une soirée de beuverie solitaire ne l'enchantait guère, mais en même temps elle n'avait pour l'instant pas eu l'occasion de rencontrer grand monde. A défaut de taper la discute avec ses pairs, il lui faudrait sans doute se sociabiliser à minima avec les locaux? Certes, à contrecoeur. Mais comme disait le dicton: faute de grives, on mange des merles.
C'est alors qu'elle se mit à chercher dans l'assistance la présence d'une personne assise seule également, de préférence féminine afin de ne pas faire "mauvaise impression". Quelques secondes plus tard, la brune avise une autre âme solitaire. A première vue relativement jeune si l'on prenait en compte sa petite taille. Elle portait de longs cheveux bruns attachés à l'arrière et des vêtements amples et sirotait paresseusement sa consommation, le regard fiché sur une dame un peu plus âgée affairée avec un groupe d'individus autour de la seconde scène. Supposant être son aînée du fait de son avantage de taille, l'ex paysanne saisit de sa chance et se lève de manière pataude, se dirigeant, verre à la main vers l'inconnue. Au fil de ses pas, Kaori parvient plus facilement à distinguer l'allure complète de la solitaire à la bière et remarque sa tenue relativement peu commune. Levant un sourcil d'étonnement, elle se demande quelle pourrait être l'occupation de cette petite, son accoutrement étant trop spécifique pour être une énième représentante de la plèbe. Etait elle de passage? Une étrangère?
Ce ne fut que lorsque l'autre fut à portée de parole que son visage, à présent clairement révélé ne lui revint à l'esprit: elle l'avait déjà croisée de temps à autres à l'académie peu après la réouverture du village. Ragaillardie par la présence d'une de ses collègues Shinobi, Kaori se rapproche de plus belle, affichant un sourire rassurant avec de se poser sur le siège à côté de l'autre, lui adressant chaleureusement la parole:
" C'est rare de voir des collègues dans ce bouge, à ces mots elle relève légèrement le bas de son "débardeur" couleur caca d'oie rapiécé, dévoilant l'emblème du bandeau frontal de Kumo qu'elle portait à la ceinture Yotsuki Kaori, Genin. Qu'est ce que tu viens faire ici? Vu ton allure, c'est certainement pas pour la boisson j'imagine ? "
Kaori affichait son air le plus sympathique tentant de rattraper au maximum l'image misérable que son accoutrement et sa maigreur lui donnaient.
Deux bons gros verres égalant presque deux bons gros pichets remplis d'eau arrivent sous le nez de Sayuri, comme réclamés quelques instants plus tôt au barman. La jeune Mojuzuka s'apprête à se lever afin de partir s'asseoir lorsqu'on vient l'accoster l'instant pile où elle allait bouger ses fesses de là.
Sayuri pose ses yeux marrons sur ceux de la jeune femme venue l'accoster. Elle distingue mal la couleur des yeux de celle qui lui fait face, peu de lumière à cette heure-ci de la journée, mais soit, cela importe peu après tout. La maigrichonne semble elle-même être une shinobi, raison qui l'a surement poussé à accoster la brune. L'inconnue lui montre son bandeau de ninja utilisé de manière originale qui fait sourire Sayuri. Yotsuki Kaori. La brune lui passe son deuxième verre de bière, oubliant direct qu'il était destiné à sa mère de base. "Mojuzuka Sayori, santé ?" Elle lui propose bien évidemment, loin de elle l'idée de forcer quiconque à consommer de l'alcool.
Présentations faites, la dompteuse de rapace lève son verre afin de trinquer, que la Yotsuki boit ou non avec elle, puis pose ses lèvres sur le rebord du verre. Après un instant de consommation, Sayuri repose son verre et pose son regard sur celle ayant eu le courage de l'accoster. "Au risque de te décevoir, j'ai été amenée un peu de force." Elle pointe du doigt la folle qui s'enjaille sur le devant de la scène en faisant de grands gestes à sa fille. "Ma mère... C'est rare qu'on sorte." Sayuri lâche un rire un peu forcé. "Et toi sinon ? Que viens-tu faire là ? T'es seule ?"
La Mojuzuka garde un oeil sur sa génitrice, préférant éviter le moindre débordement du côté de la gente masculine, puis elle se tourne de nouveau en direction du barman. "Un autre verre s'il te plait." Sayuri repose son regard sur la genin qui se trouve à côté d'elle. "Satisfaite d'être devenue shinobi ?" En soit, la brune imagine plus ou moins la réponse qu'elle risque d'avoir, tous les genins commencent par des tâches ingrates, loin d'être le rêve de tous les ninjas. Mais qui sait, peut-être que cette dernière lui pondra une toute autre chose.
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri Après l'avoir remerciée, l'ex-paysanne se saisit de la chope et procède à une longue gorgée bien fraîche. Appréciant la fraicheur du liquide dans son gosier, elle relève finalement la tête sur la vision de son interlocutrice prenant de petites rasades, arguant qu'elle n'avait pas vraiment eu son mot à dire sur sa sortie de ce soir. Suivant du regard le doigt de la jeune fille, l'ébouriffée distingue finalement la génitrice de sa compagnonne de beuverie. Cette dernière semblait particulièrement excitée d'ailleurs. Elle s'étonna même que cette éveille une gêne quelque part dans sa poitrine. Kaori n'avait en effet pas revu sa famille depuis plus d'un an à présent, et forcément leur dernière rencontre n'avait pas été des plus agréables. Cependant, elle se forca à décrocher les yeux de la femme, refusant de se laisser gagner par encore plus de mélancolie que ce qu'elle n'avait déjà.
" Oui, seule. Je n'ai pas encore d'équipe et disons que je n'ai pas vraiment eu le temps de me faire des relations depuis l'année dernière. une autre rasade plus mesurée suivie de quelque secondes de silence le temps que la dénommée Sayuri ne commande à nouveau. Ouais. Je sens que je suis faite pour ça. Le sentiment de pouvoir, l'extase du combat, le plaisir de se sentir être fait pour plus. "
Elle s'arrête un instant, l'air d'avoir soudainement compris quelque chose avant de s'esclaffer toute seule avant de reprendre d'un ton amusé :
" Haha, attends, j'suis conne, je viens juste de percuter que Mojuzuka c'est un clan important à Kumo. Un honneur de boire avec quelqu'un venant d'un clan renommé ! La prochaine sera pour moi ok? si elle affiche un air sympathique, quelque chose à changé dans posture: elle se tient plus droite, son regard est soudain bien plus intéressé. T'as de la chance d'être née dans un clan quasi-noble. Moi il n'y a pas si longtemps, j'étais pêcheuse et paysanne à Houryou. Je suis la seule à être capable d'utiliser le chakra, c'est pour ça que je suis venue m'engager. "
Sa voix se fait plus haut perchée, on peut à présent clairement sentir l'excitation de la jeune genin sur le sujet tandis qu'elle reprends de plus belle:
" Je passais mes journées à travailler les champs, ou à jeter des filets en espérant attraper quelque chose à vendre pour quelques maigres ryos. J'avais aucun avenir, juste une vie morne et sans saveur... Et aujourd'hui j'apprends à tuer. Littéralement d'ailleurs, ma spécialité c'est le taijutsu joignant le geste à la parole elle lui montre son bras droit. Malgré la présence de plusieurs bandages sales et déchirés témoignant de l'intensité de son entrainement, on pouvait apercevoir sa peau contusionnée, parcourue de bleus et de quelques boursouflures. Des stygmates représentant des heures et des heures entières à frapper sans discontinuer malgré la fatigue, la douleur et l'ennui. Je veux devenir un shinobi de légende moi aussi, une bête réspectée et crainte... un peu comme Senbaru Eiko en son temps tu vois? "
A peine avait elle articulé ses mots qu'elle faillit se mordre la lèvre. Emportée par son excitation - et peut être un petit coup dans le nez aussi, elle n'était pas vraiment habituée à boire - Kaori avait laissé échapper le nom de la Shodaime Raikage originelle. Autrement dit, une personnalité particulièrement controversée dans le village compte tenu de son héritage historique. Et il ne faudrait sans doute pas longtemps à Sayuri pour remarquer qu'elle n'avait pas énoncé ce nom par hasard.
La Mojuzuka essaye de déchiffre les expressions du visage de sa voisine, lorsqu'elle les voit, mais ce n'est pas sa spécialité de comprendre autrui avec des suppositions. Si Sayuri a des questions ou s'inquiète pour une personne, elle ne passe par quatre chemins. Malgré tout, plutôt que de couper Kaori, la dompteuse de rapaces préfère l'écouter. Elle tente peut-être d'éviter de parler plus amplement de sa solitude et Sayuri préfère ne pas le remettre sur le tapis. Elles se parlent après tout, il est temps de changer la donne.
La Yotsuki montre les dégâts de ses entraînements, appuyant ses propos. Sayuri ne porte pas réellement de cicatrices, il faut dire que sa spécialité n'est pas réellement d'être le bourrin de service. Cependant elle sait aussi manier le même art, à sa manière, mais tout de même ! "T'inquiète, je pratique aussi." Petite pause en remarquant qu'elle fait pâle figure à côté de Kaori. "Un peu moins, mais je pratique aussi !" Sayuri sourit.
Soudainement l'autre brune se met à rire et s'explique. Ca y est, le nom de Sayuri lui rappelle quelque chose, puis ce qu'elle dégage commence à changer au fur et à mesure de son monologue. La Mojuzuka écoute bien entendu, mais son regard s'assombrit malgré elle et décide de le porter sur sa boisson avant de boire une grande gorgée. Kaori finit par se comparer à Sayuri, expliquant son parcours de vie, une pêcheuse dans une famille de pêcheurs dans un lieu de pêcheurs. Sa vie aurait pu en rester à ce cercle-là, mais l'autre brune a développer des compétences que des civils parviennent rarement à développer. Le cercle familiale est rompu. La Yotsuki n'est plus faite pour devenir pêcheuse, la voilà donc shinobi.
Sayuri salue son parcours, il est vrai que les deux kunoichis sont loin de se ressembler à ce niveau-là, mais est-ce réellement important ? A voir, mais pour l'instant Sayuri préfère rebondir sur la vie de Kaori que sur le sien. "Senbaru Eiko ?" La Mojuzuka plante son regard dans celui de l'autre brune et affiche un sourire amer. "C'était une combattante de légende, mais t'es sur de vouloir suivre ses pas ? Aujourd'hui, Kumo est différent et la violence est nécessaire par moment, mais pas tout le temps." Sayuri prendre une énième gorgée et reprend la parole. "En vrai, on a besoin de personnes puissantes et qui savent se battre, l'ancienne raikage avait ses raisons d'user de la violence." La dompteuse de rapace fait de nouveau face à Kaori. "Et toi ? Quelles sont les raisons qui t'animes pour suivre un tel chemin ?" Elle sourit en attendant une réponse, puis elle reprend. "Et du coup, tu ne regrettes pas d'être venue ? Loin de ta famille et de ton quotidien, ça doit pas mal te changer."
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri Bien qu'elle se soit préparée à un rabrouement sévère du fait de la nature controversée de la Shodaime Raikage, Kaori constate avec une certaine surprise que son interlocutrice se contentait de souligner légèrement l'influence néfaste d'avoir un tel modèle. Ce à quoi la brune répondit avec un petit gloussement amusé derrière sa chope. Peut être était ce les effets de la boisson ou de la première réelle intéraction sociale qu'elle avait depuis un certain temps, mais en cette soirée d'anniversaire, Kaori se sentait d'humeur bavarde; et visiblement la Mojuzuka nourrissait un semblant de curiosité vis à vis de sa collègue kunoichi. Il ne lui en fallait pas plus pour exposer son point de vue, d'autant que la paysanne avait eu le temps de mûrement réfléchir sa propre définition du shinobi. D'aucuns pourraient même dire qu'il s'agissait de son Nîndo.
" Non, il arrivé souvent que mes parents et mes grands frères s'absentent pendant plusieurs semaines lors des saisons difficiles pour travailler au port. Vivre à la campagne te rends particulièrement vulnérable aux aléas de la nature, alors quand un hiver s'annonce particulièrement rude ou un été trop fort, on doit s'arranger comme on peut pour survivre. Elle dépose sa chope vide sur le comptoir, avant de faire signe à l'employé de lui en remettre deux comme ça puis reprends: Tu as déjà vécu en dehors du monde shinobi? Sans argent, pouvoir ni nom, tes perspectives d'avenir ne sont pas spécialement reluisantes. Dans cette situation, savoir utiliser le chakra c'est plus une malédiction qu'autre chose. "
Malgré elle, Kaori prends un air maussade, le regard figé dans le vide tandis qu'une étincelle de colère luit brièvement au coeur de ses yeux émeraude :
" J'ai su il y a des années que je pouvais utiliser le chakra, mais je savais aussi que j'étais la seule dans mon villlage depuis plusieurs générations à être capable de le faire. Le problème c'est qu'avec les rumeurs sur la prison d'Arashi, on m'a prévenu de faire très attention. Bref, quand la prison s'est faite attaquer et que Kumo a rouvert, j'ai sauté sur l'occasion, j'ai plaqué la famille, les amis, et mon ancienne vie pour venir ici et devenir soldat.
Franchement, il serait plus simple de trouver ce que je ne veux pas! J'ai grandi sans rien, et maintenant je veux tout! Je veux être plus qu'une paysanne sans intérêt. Je veux conquérir par la force de ses poings frêles et disgracieux, je veux... Je veux bouffer le monde, vomir ses cadavres et retourner m'en mettre plein le bide! Je veux vivre de sang et de sueur. "
Et alors qu'elle étend sa tirade en longueur, elle reprends des couleurs. A l'évocation d'un destin glorieux empli de guerre, de conquêtes et de plaisirs elle esquisse un grand sourire carnassier, les yeux pétillants de joie; sans se rendre compte que son discours puisse sembler particulièrement belliqueux et malvu compte tenu du passé trouble de Kumo. Mais qu'à celà ne tienne, on lui avait demandé ce qu'elle voulait faire de sa vie, et Kaori se faisait un point d'honneur à répondre franchement.
Cependant, après avoir exulté, elle finit par tourner son sourire béat vers son interlocutrice, relançant la conversation:
" Et toi alors? Qu'est ce qui t'as conduit à devenir un soldat? "
Sayuri avait posé ses questions en s'attendant à toute éventualité, elle n'est pas là pour juger qui que ce soit. Cependant, à aucun moment elle s'attendait à partager son verre avec une totale inconnue dans un lieu qu'elle n'a même pas choisi. Bref, une situation qui l'amuse plus qu'elle ne l'embarrasse. La Mojuzuka écoute donc attentivement le monologue de la brune, découvrant à quel point sa soif de violence est à un stade qui dépasse la dompteuse. Elle sourit malgré elle, il faut dire que l'enthousiasme de l'autre brune est assez contagieux, combien même le sujet n'ambiance pas autant Sayuri.
A vrai dire, en tant que recrue de l'unité spéciale Mihari, cela lui semble tellement intolérable de penser de la sorte, mais en tant qu'être humain, Sayuri comprend que chacun a ses raisons de vivre. Le seul bémol dans tout ça, c'est qu'il faut savoir faire les choses au bon moment, c'est ainsi que pense la Mojuzuka. La bogor, pourquoi pas, mais en temps et en heure. Kaori va très vite comprendre que toutes les deux sont très différentes et au vu des paroles de la Yotsuki, Sayuri a d'ores et déjà remarqué qu'elles deux ne pourront pas totalement se comprendre et peut-être se jalouser... ce qui est peut-être déjà le cas chez l'une, ou chez l'autre... ou les deux.
"Je pourrais te citer plusieurs raisons qui m'ont fait devenir shinobi." C'est malheureusement le cas. "Mon clan, bien trop réputé. On sert Kumo depuis des décennies, c'est ce qui pousse plus ou moins tous les membres du kekkei genkai à devenir shinobis." C'est un fait. "C'est l'une des raisons, on peut dire que c'est plus du coté obligation, après si ma volonté en avait été autrement, je ne me serai surement pas pliée aux règles... Mais c'est ainsi, je l'ai aussi voulu." Peut-être causé par l'éducation du clan, ce qui est fort probable d'une certaine manière. "Personnellement, je ne peux m'empêcher de me préoccuper des injustices que subissent la plupart des citoyens. Comme tu l'as mentionné, la prison d'Arashi a vraiment fait polémique." Si Sayuri en savait plus à ce sujet-là... sa vision de la vie pourrait potentiellement changer du tout au tout.
"Je me suis engagée pour protéger nos civils incapables de se battre et rétablir ce qui a été détruit." Elle plonge son regard dans celui de Kaori. "Je ne suis surement pas la plus puissante des shinobis, mais je sais me rendre utile et je compte bien le faire savoir à ma propre manière. Je compte bien prouver à ce village qu'il est nécessaire de rester unis pour rétablir la vérité et la bonne conscience. S'il faut se battre, je me battrai." Sayuri termine son verre avec énergie, attendant déjà la prochaine pinte. "Kaori, tu dis que tu veux te battre, tu veux faire parler de toi. Tu veux qu'on t'acclames ou qu'on te maudisse ?" La Mojuzuka regarde du coin de l'oeil sa mère s'affaler sur une chaise en lui faisant signe. "Si tu tiens réellement à te battre, fais le au moins pour quelque chose qui t'apportera du bon. Tu t'es sortie de ta vie de pêcheuse, ne meurs pas bêtement sans avoir accomplit quoique ce soit de grandiose. Ca se voit que tu veux prouver au monde que ton existence a de la valeur, si tu veux le faire avec les poings, vas-y, mais choisis bien ton moment et ta cible. Les innocents qui périront de tes poings ne t'aideront pas à t'élever."
C'est surement dû à l'alcool, mais Sayuri parle beaucoup, peut-être trop. Dans tous les cas l'alcool fait des miracles et dénoue des langues, à voir si cela apportera du bon, ou tout son contraire.
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri C'était cette fois au tour de la mâte maigrichonne de porter l'oreille aux considérations de la dompteuse, une tâche qu'elle était tout à fait disposée à accomplir ne serait ce que par pure politesse compte tenu des monologues qu'elle avait déjà elle même articulé. Ainsi, elle observe l'autre en jouant nonchalamment avec l'écume de son verre tout en pesant ses paroles. L'exposition de la situation clanique de la jeune femme se faisait avec une curieuse pointe d'amertume par delà le devoir comme le criait l'utilisation du terme "obligation". Bien qu'elle tenta de diluer cette amertume en y apposant son libre arbitre, il était clair que ce dernier n'avait pas vraiment été l'élément déterminant de sa décision de devenir shinobi. Pour une personne qui semblait vouloir vivre de manière vertueuse, cela ne semblait pas être le meilleur des prémices pourtant. Plus d'une personne souhaitant la justice et le bien s'était pervertie au contact du pouvoir, mais la Mojuzuka semblait être ancrée dans la ferveur de son zèle, sans doute pensai-t-elle y puiser la force de résister à la tentation.
L'histoire était tout à fait différente pour notre férue de bagarre et, lorsque sa consoeur lui donna à nouveau la parole, elle ouvrit sa réflexion avec une question qui n'appelait pas vraiment de réponse.
" Et si je te répondais les deux ? La puissance fait naître chez certains l'admiration, chez d'autres la peur. C'est exactement ce qui s'est passé avec Senbaru. Sa "justice" c'était la force: si tu veux quelque chose et que tu te montres suffisamment fort pour l'obtenir, sers toi. Si tu veux mon avis c'était juste, les règles du jeu étaient égales pour tous.
Vouloir être un parangon de vertu, défendre les innocents et tout ça c'est extrêmement noble, dans l'absolu je n'ai rien contre ça, ce n'est juste pas important pour moi. Néanmoins, n'oublie pas que nous sommes des soldats avant tout. Que feras tu lorsque tu tomberas un jour face à une mission qui te demande de récuser tes idéaux pour le bien du village, et par extension le tien? Que fais tu des Daimyôs qui tirent nos ficelles dans l'ombre depuis des dizaines d'années et donc, par extension, on déjà bien plus de sang sur les mains que tous les ninjas du village réuni? ses paroles étaient incisives, tranchantes et particulièrement chargées de fiel, sans pour autant être erronnées - du moins le pensait elle- et pourtant son visage restait figé sur un sourire mauvais. Kaori se rendait-elle compte des signaux contradictoires qu'elle envoyait à son interlocutrice? sans doute pas, mais il était clair que son sens de la moralité était pour le moins... discutable Pour quelqu'un comme moi qui n'attache pas de notion de valeur à notre occupation, ça ne serait pas un problème, mais j'ai peur que le dilemme soit plus difficile pour quelqu'un de bien comme toi. "
Elle s'arrête un instant le temps d'étirer ses bras emplis de bleus et de cals, sa maigre shilhouette soulignant encore plus son air sournois des dernières secondes. Son ombre, projetée langoureusement sur le sol, ressemblait d'avantage à celle d'un ophidien chatoyant: perfide, opportuniste et particulièrement venimeux derrière une parure de couleurs bariolées.
" Honnêtement, mes cibles je ne les choisirais pas. C'est le Raikage qui les choisira pour moi. Mais le jour où je pourrais les choisir moi même, il sera peut être temps de m'émanciper. M'enfin, c'est pas demain la veille, pour l'instant j'ai seulement pu poser ma candidature pour l'unité Mihari dans le but de rejoindre le Kiheitei. Pas de réponse pour l'instant, mais j'espère pouvoir les intégrer, j'ai beaucoup à apprendre d'eux dans l'art du combat. Tiens d'ailleurs, si ton but c'est la protection, je suppose que tu es intéressée par cette unité aussi non? "
Tout au long de sa tirade, la jeune femme obnubilée par la force s'était exprimé en demi-vérités et en rhétorique douteuse nimbée d'un fort égocentrisme, voire d'égoïsme. L'effet de l'alcool avait été particulièrement désinhibant pour la jeune femme, et elle montrait une part d'ombre conséquente à son interlocutrice derrière une attitude enjouée et une bonhommie certaine. Cependant, elle ne laissait transparaître aucune animosité malgré des mots durs. Peut être ne fallait il y voir qu'une jeune femme ayant du mal à porter le poids de la solitude, au point de considérer une parfaite inconnue comme une confidente?
Elle l'écoute prononcer ses mots, lourds de sens, durs voire carrément impitoyable. Sayuri lui a expliqué son désir ardent de protéger des innocents et Kaori lui répond que cela ne l'intéresse pas... ou pas particulièrement, ce n'est pas son objectif de vie. Les deux shinobis ne s'entendront surement pas concernant leurs idéaux, pas sur qu'elles deviennent proches non plus pour ces mêmes raisons. Toutefois, la Mojuzuka peut-elle réellement laisser une telle ninja la juger sans rien savoir de ce qu'elle peut faire ou non ? Pouvoir oui, mais le fera-t-elle ? Surement pas.
"Nous n'avons pas la même vision des choses et encore moins les mêmes désirs, mais ce qui est sur, c'est que la protection de civils se résume à de nombreuses choses. Des sacrifices, nous sommes censés en faire pour le bien commun d'autrui. Si demain sommes amenés à entrer en guerre, tu seras surement satisfaite, mais ne parle pas sans savoir car je ne suis en aucun cas une dame au grand coeur." S'il faut avoir du sang sur les mains protéger son peuple, alors Sayuri n'hésitera pas. Elle fronce les sourcils en plantant son regard sur sa nouvelle pinte, préférant éviter le regard de sa comparse. Sayuri bouillonne de l'intérieur, mais elle ne peut pas se permettre de créer une esclandre. Encore moins avec une collègue shinobi du village de Kumo.
La Mojuzuka affiche un sourire mauvais, lâchant un rire presque forcé. "Si tu souhaites intégrer l'unité Mihari, crois-moi... surveille ce que tu dis." Elle ferme ses yeux et lâche un soupir avant de se lever en prenant son verre. "L'unité Mihari ne correspond pas à tes principes, elle existe pour protéger les citoyens. Faire partie de cette unité, c'est être prêt à se sacrifier pour des civils." Sayuri plante un regard dur sur la Yotsuki. "En es-tu capable ?" Pas sur.
Elle s'apprête à partir rejoindre sa mère, son corps lui suggère de partir, mais sa morale lui implore de rester. "Tu peux penser ce que tu veux de la hiérarchie de notre village, mais n'annonce pas des choses dont tu ne sais rien. Comme tu l'as si bien dit, tu sors d'une vie de paysanne." Kaori pense que Sayuri est une femme douce ? Il faut croire qu'on connait mal la Mojuzuka. "Tu ne sais rien des choix qu'ils ont fait, moi non plus d'ailleurs. Alors ne parle pas en croyant tout savoir. Protéger la vie d'innocents est ma priorité et je sais très bien ce qu'il peut en coûter." Sayuri termine son verre d'une traite. "Les enfants de coeur n'ont rien à foutre en tant que shinobis. Nous sommes destinés à nous battre et à tuer, tout ça pourquoi ? Pour protéger ce qui appartient à nous et notre entourage. Et si l'un des ninjas de Kumo pense le contraire, il sera bientôt mit face à la réalité."
La brune pose son verre et termine. "A Kaminari no Kuni, qui que nous soyons et qu'importe notre origine ou notre rang, nous sommes entraînés pour tuer." Elle regarde une nouvelle fois Kaori. "Si cela est nécessaire." Sayuri reste plantée devant l'autre shinobi, attendant de voir ce qu'elle a à dire, jaugeant les raisons qui la pousseront à rester ou à fuir cette kumojin..
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri Le revirement d'attitude de sa consoeur tira rapidement Kaori du léger état d'euphorie qui avait été le sien jusqu'à lors. L'ambiance auparavant sympathisante de la pièce était brusquement redescendue, et il eut été aisé de sentir le froid qui s'était installé entre les deux femmes. Ceci étant dit, la diatribe de la dompteuse avait été particulièrement édifiante pour l'autoproclamée chienne de guerre. Elle pensait pouvoir distinguer une pointe de colère, et de culpabilité dénuée de réelle vertu derrière les phrases emplies de menace voilées. Sayuri montrait les crocs, tant en mots qu'en actes avec un sourire mauvais et visiblement prête à lui tourner le dos alors que quelque chose semblait la retenir coincée dans cette discussion qui lui semblait visiblement difficile. Ce changement avait fortement désarçonné l'ancienne paysanne qui pensait sincèrement complimenter l'autre pour son altruisme, mais visiblement, la jeune femme ne semblait pas penser mériter le sobriquet de "bonne personne". Observation paradoxale compte tenu des mots qu'elle avait pourtant eu jusqu'à lors. Kaori laissa quelques secondes passer durant lesquelles elle se fixa de soutenir le regard silencieux de son interlocutrice, se demandant quelle était la meilleure manière d'aborder la suide de la conversation. Puis, d'une voix suave et enjôleuse elle finit par renchérir:
" Il est vrai que je t'ai jugée rapidement. Pour ma défense, les gens naturellement altruistes et en quête de justice comme tu te réclames être sont rarement des mauvais bougres. Surtout comparés aux gens comme moi. D'autant que je pensais sincèrement te faire un compliment. Et puis, comme je le disait tout à l'heure, je suis avant tout un soldat. Si on m'ordonne de le faire, oui je privilégierais bien entendu la protection des civils. Maintenant, faut il vraiment que je t'explique pourquoi je veux rejoindre l'unité de neutralisation et de suppression des menaces plutôt que de maintien de la paix citoyenne? Kaori se lève à son tour, lui retournant le même sourire provocateur avant de reprendre d'un ton mi-amusé mi agacé Nous sommes complémentaires. Tu veux protéger le peuple de Kumo, et moi abattre ses cibles. Il n'y aucune raison pour nous de ne pas nous entendre, surtout qu'on est sous la même bannière.
Et puis en plus, ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. Je n'ai rien contre nos supérieurs ou les Daimyôs, tout ce que je dis c'est que ceux là se sont déjà retournés contre le village une fois et qu'ils n'hésiteront pas à le refaire si c'est dans leur intérêt. Nous sommes des pions, des jouets, des outils utiles. Pour eux la seule question qui compte c'est de savoir combien de temps la partie va durer et jusqu'où ils peuvent nous utiliser jusqu'à ce qu'on devienne gênants. Et personnellement, je ne tiens pas à être sans défense si jamais on en vient à cette extrémité. "
Elle s'arrête un instant, sort quelques pièces de sa poche pour les poser sur le comptoir, et de fait règle d'avance deux nouvelles consommations pour les deux femmes comme elle avait l'avait annoncé quelques minutes auparavant.
" Ca va te paraître égoïste, mais n'oublie pas que même dans les forces d'urgence, la règle principale c'est la survie. Tu sauveras plus de monde en restant en vie qu'en te sacrifiant. "
Sur ces mots elle se rassoit et termine son verre, le regard toujours vissé vers son interlocutrice. Cette dernière allait elle choisir de répondre ou de rejoindre sa génitrice? Dans les deux cas, Kaori pensait avoir convoyé son message principal.
Debout, montrant clairement de l'hostilité envers sa comparse shinobi, Sayuri attend la réponse de l'autre brune qui finit par arriver bien assez vite. Cette discussion n'est pas un dialogue de sourds, fort heureusement, chacune sont capable de laisser l'autre s'exprimer combien même leurs avis peuvent diverger. Cependant, il faut croire que la Mojuzuka se soit rapidement enflammée, comme à son habitude quand elle comprend une chose au lieu d'une autre. De ce fait, Kaori se lève à son tour, s'explique et en vient même à annoncer à la dompteuse de rapaces qu'elle pensait la complimenter... ce que Sayuri a prit pour de l'arrogance si l'on se remémore son ressenti. Peut-être est-ce dû à ses nobles origines ? Finalement, la Mojuzuka est peut-être bien trop attachée à sa faction, plus qu'elle ne le voudrait réellement ?
On pourrait presque imaginer des chaines à ses poignés et ses chevilles. Sayuri s'imagine soudainement ainsi et se sent déstabilisée. Son coeur bat à tout rompre et sa respiration saccadée. Est-ce les effets de l'alcool ? Pourtant la p'tite brune n'est pas une petite nature en terme de beuverie.
Sayuri écoute Kaori parler, tout du long. Répond dans son esprit à plusieurs reprise "je sais", oui elle le sait... enfin, elle s'en doute plus qu'elle ne le sait réellement que les Daimyos sont capable du meilleur comme du pire. Parfois même plus du pire que du bon. Il suffit de repenser à la prison d'Arashi, mais Sayuri le sait. Oui, elle le sait que quelque chose cloche, qu'il manque des informations importantes, des détails qui comptent. Ca ne sert à rien de lui rappeler cette cruauté, la Mojuzuka y pense déjà bien assez, mais que peut-elle bien faire d'autre que de se plier aux lois de Kumogakure et protéger les civils ? Rien. Comme Kaori. Toutes deux ne sont pas encore en mesure de faire quoique ce soit pour renverser cette donne.
"Certes," commence-t-elle en reprenant ses esprits, "tu n'as pas tord. Nous sommes complémentaires et c'est pourquoi je pense aussi que nous avons besoin de personnes comme toi." Sayuri détend les traits de son visage, ne lâchant pas le regard de la Yotsuki pour autant. "Ne crois pas que l'affaire Arashi est aux oubliettes." Ca ne l'est absolument pas. "Je pense que nous avons tous conscience de se que sont capables de faire nos dirigeants, c'est pour ça.." Sayuri sert les poings, lâche un soupir et décide de se rasseoir. "C'est pour ça qu'il faut protéger ceux qui ne sont pas capable de le faire par eux-mêmes."
La Mojuzuka repense au derniers propos de Kaori et sourit en prenant une nouvelle gorgée. "Si je reste sans rien faire, ce n'est surement pas comme ça que je parviendrai à aider qui que ce soit. Si je me dis que c'est trop dangereux sans même avoir essayé, je ne saurais jamais si j'aurai pu ou non sauver cette personne." Elle frotte son visage de ses deux mains afin de garder éveillé la totalité de ses sens. "Pardonnes-moi." Sayuri baisse les yeux. L'alcool peut avoir de bon effets sur une personne, Sayuri qui présente des excuses sorties de nulle part, du jamais vu. "Je me suis montrée surement agressive, mais je suis sérieuse." La kunoichi baisse légèrement son sugegasa afin de camoufler son visage. "Ne mentionne pas aussi légèrement ce que tu penses savoir des Daimyos ou tu risques d'avoir de gros problèmes."
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri Les efforts de la jeune Genin pour désamorçer la situation semblaient finalement porter leurs fruits étant donné que l'autre femme avait drastiquement changé d'attitude; allant même jusqu'à s'excuser pour son coup de sang. En guise de réponse, Kaori se contenta de hausser les épaules et de secouer la main nonchalemment pour lui signifier qu'elle ne lui en voulait nullement de s'être emportée. Cependant, elle conserva à l'esprit sa mise en garde les paroles volages susceptibles de lui revenir en pleine face. D'ailleurs, Sayuri avait prouvé une fois de plus qu'elle avait un bon fond. Si leurs places avaient été inversées, Kaori aurait quand à elle plutôt cherché un moyen de lui nuire plutôt que de la prévenir. Décidément, cette petite devait avoir une bien piètre image d'elle même pour ne pas voir ses propres qualités. Ceci étant dit, la paysanne ne chercha nullement à raviver ce sujet compte tenu de sa nature glissante. Elle préféra plutôt poursuivre l'une des réflexions précédentes:
" Bien d'accord pour Arashi, mais j'avoue que pour moi c'était une aubaine vu que ça a permis de rouvrir Kumo. Mais tu sais, les gens comme moi ça court les rues. Nous sommes ceux qui exécutent les ordres sans poser de question, peu importe le contexte ou l'objectif final. Ca peut sembler lâche à certains, malins pour d'autres. Pour moi, c'est juste le moyen que j'ai trouvé pour atteindre le plus facilement mon but: A ce mots, elle lève une main et pointe de l'index un vague point au dessus d'elle devenir une légende. Mais tu sais ce qui me fait marrer? C'est que même si j'y arrivais, je ne saurais pas quoi foutre de mon héritage. Mettons que je devienne Raikage par exemple. Je n'ai aucune idée de comment mener une guerre, diriger des troupes ou même motiver des civils... franchement je démissionnerais sans doute aussi sec et j'irais vadrouiller dans les autres pays à la recherche de combattants capables de me tenir tête.
Tiens tu ferais toi quoi si jamais tu devenais Kage? "
En réalité, Kaori n'avait énoncé qu'une demi-vérité à son homologue, mais par précaution - et au regard de ce qui venait de se passer - elle avait préféré lui mentir par omission. S'il était vrai que la jeune adolescente ne pensait pas avoir les qualités réelles pour diriger, elle se doutait pourtant que l'accession au pouvoir d'une va-t-en guerre de son acabit sonnerait sans doute le retour aux temps des conquêtes et de la loi du plus fort. Quoiqu'en y réfléchissant un tant soit peu, cette dernière loi était implicite dans un pays à l'héritage aussi guerrier que le pays de la Foudre.
Sirotant son verre avec un peu plus de douceur qu'avant, Sayuri prend le soin d'éviter de se retrouver totalement saoule avant d'avoir pu discuter avec sa génitrice. De plus, cela lui permet de rester focus sur sa discussion actuelle, d'où sa baisse de consommation ou tout du moins la baisse de rapidité à consommer l'alcool. La Mojuzuka écoute alors les paroles de sa collègue shinobi lui avouant son souhait de devenir un jour une légende. L'alcool un peu monté à la tête, la petite brune ne peut s'empêcher de lâcher un petit rire innocent. En écoutant la suite, Sayuri découvre une facette très réfléchie de la Yotsuki. En effet, devenir raikage a son lot de complications et de responsabilités, donc quand Kaori lui pose sa question, Sayuri laisse s'échapper une deuxième rire naïf qu'elle tente maladroitement d'étouffer avec ses deux mains.
"Moi ? Raïkage ? Hahaha !" Elle finit par se calmer, ramenant derrière son oreille une mèche de cheveux. "La question est assez compliquée, je ne me suis jamais imaginée à ce poste-là. Je ne suis pas assez puissante pour endosser ce rôle." Sayuri prend une nouvelle gorgée. "Mais j'imagine que je prendrai le soin de m'occuper des citoyens et des shinobis de Kumogakure. Itoe s'en sort pas trop mal en soit." Elle se tourne et pose son regard sur sa mère. "Mais devenir une légende, c'est sympa. J'espère que tu atteindras ton objectif, si tu peux devenir une légende alors c'est que tu te seras donné du mal pour en arriver là, tu le mériteras donc." Sayuri prend son verre et le tend brièvement en direction de Kaori.
Après un instant à repenser au fait de devenir une légende, la Mojuzuka reprend la parole une nouvelle fois. "Je ne pense pas que mon rôle au sein du village me permettrait de devenir une légende, mais c'est vrai que ce serait gratifiant d'en devenir une... ce serait une sorte de récompense pour tous ces efforts." Elle sourit faiblement, peu convaincue par l'idée que cela soit possible pour elle.
Soudainement, la mère Mojuzuka croise le regard de sa fille et se lève de sa place afin de rejoindre sa progéniture en titubant. "Arg... ma mère arrive..." Sayuri tente de se cacher, mais à quoi bon ? Sa mère l'a déjà repéré. "Ne fais pas trop attention à elle Kaori..." Et sans plus tarder, la voilà qui débarque les cheveux ébouriffés, un sourire jusqu'aux oreilles. "Sayuri ! Tu ne nous présentes pas ? C'est rare de te voir accompagnée !" Surtout quand on se fait trainer jusqu'à un lieu qui n'était pas prévu à la base. C'est suuuur. "On ne va pas trop tarder, Sayuri part en mission demain." La jeune Mojuzuka se rappelle de ce détail et se tourne vers sa mère. "Exact, merci de me le rappeler." Elle lâche un soupir puis pose son regard sur Kaori et affiche un sourire. "Qui sait, tu seras peut-être ma partenaire de demain, haha." Pas sur, mais rien ne dit qu'elle ne le sera pas un jour ou l'autre, dans un avenir proche ou lointain.
Comme chien et chat | Ft Mojuzuka Sayuri " Se donner du mal ". La phrase était restée à l'esprit de la Genin pendant quelques secondes, alors qu'elle écoutait d'une oreille l'autre jeune femme. Les efforts fournis à la sueur de son front ne justifiaient, à son sens, pas forcément une position de pouvoir. De son point de vue, le pouvoir se suffisait à lui même, mérité ou pas. Sa définition du pouvoir étant avant tout guerrière il ne servait, selon sa vision du moins, à rien de tenter de raisonner quelqu'un de plus fort que soit. C'est celui qui a le pouvoir qui choisit ou non, de suivre une autre voie. Si un shinobi choisit d'épargner quelqu'un de plus faible, c'est parce qu'il a fait un choix en son âme et conscience. Mais cette allégorie se prêtait à de nombreuses autres situations. Quand à la remarque sur Itoe, Kaori se contente d'un hochement de tête, il ne lui appartenait pas de juger de son règne; d'autant qu'elle était de toute manière arrivée trop récemment pour avoir une idée arrêtée sur sa politique. Ceci étant dit, le bruit courrait qu'elle était effectivement très bien vue aussi bien par les civils que l'état Major. Néanmoins, la jeune brune ne pouvait que regretter l'instauration du "Grand Oubli", mais c'était un sujet stérile qu'il ne convenait pas d'aborder avec une inconnue, d'autant que cela aurait fait mauvais genre de la part de représentants du pouvoir en place de briser publiquement un tabou dans un lieu public.
A l'apparition de sa génitrice, la dompteuse semble gênée. Une réaction touchante, qui tire à notre belliqueuse brune un hochement de tête respectueux. Elle signifia l'imminence de leur départ, pretextant une mission pour la jeune fille le lendemain ce à quoi l'autre Genin rétorqua avec un ton sympathique:
" J'en doute, mais on se reverra peut être un peu plus tard. elle saisit son sac d'une main et se prépare à se lever C'était un plaisir de te rencontrer, Sayuri. Peut etre qu'on se croisera une autre fois. Qui sait, au sein de la police peut être? "
Sur ces mots, elle se lève et se prépare à tourner les talons. L'heure était déjà bien avancée, et la jeune adolescente avait déjà descendu suffisemment de pintes pour se sentir légèrement euphorique. Il était sage de s'arrêter maintenant, avant de devoir recourir à des artifices pour l'entrainement matinal du lendemain. Ce faisant, elle adresse un hochement de tête amical aux deux femmes avant de se diriger, le pas léger vers la sortie.
La mère de Sayuri ne semble aucunement gênée de s'être ainsi incrustée dans la conversation, ainsi elle fait la rencontre d'une nouvelle shinobi du village. Expliquant qu'il se fait tard et que sa fille aura très probablement du taff le lendemain, c'est comme cela qu'elle met fin à la rencontre entre Kaori et Sayuri. Cette dernière semble supposer que toutes les deux seront potentiellement partenaires le lendemain, mais Kaori ne semble pas du même avis. La voyant se lever la première en balayant cette idée dans la seconde, la Mojuzuka affiche un sourire gêné. "Si tu y es recrutée, nous aurons l'occasion de rediscuter, mais aussi de partager des missions et surement des combats ensemble." Peut-être que Kaori n'en ressent pas l'envie, mais si cela devait arriver, il faudra bien l'accepter.
La dresseuse de rapaces se lève à son tour. "A la prochaine Kaori." Elle lui sourit sincèrement. Combien même, toutes deux ont des idéaux qui diffèrent, des objectifs opposés, ces deux shinobis sont liées. Si un jour leur relation devait s'approfondir, Sayuri ne peut qu'espérer que cela s'améliore... bien que rien n'est jamais sur. En voyant l'autre brune s'en aller, la mère de Sayuri entame son départ et sa fille la suit tout naturellement.
Désormais sur le trajet du retour, les deux Mojuzuka sont bien silencieuses, l'une attendant désespérément de comprendre les raisons qui ont mené sa mère à la traîner jusqu'ici, puis l'autre ne sachant pas par où commencer. Lâchant un soupir d'impatience, Sayuri décide d'arrêter son pas en croisant ses bras. "Dis-moi, à cette allure on sera rentrées avant que tu n'ais eu le temps de m'expliquer ce qu'il y a." Un regard inquiet, la plus jeune dévisage la plus vieille. "Tu t'es bien amusée..?" Sayuri soupire. "Okay okay..." La mère baisse sa tête en mordillant sa lèvre inférieure.
"Ton père et moi allons bientôt devoir partir en mission, nous n'allons pas revenir avant un bon moment." Cela annonçait de nombreuses choses et rien de bien agréable. "Je te connais, je sais que tu ne te laissera pas faire, montre aux Mojuzuka de quel bois tu te chauffes." Elle tente de rassurer sa fille, mais il manque encore un détail. "Puis... c'est pas encore sur que nous revenions saints et saufs." Voilà. D'autant plus inquiète par ces mots, Sayuri s'avance et enlace sa mère tendrement. "Ne m'abandonne pas... alors reviens." Un baiser sur son front et les deux jeunes femmes se séparent, l'une retournant à la résidence des Mojuzuka et l'autre à son foyer marital. Ceci est leur dernière rencontre... jusqu'au jour du départ.
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