Quelques jours s’étaient passés depuis que les membres de la famille étaient arrivés au sein du village caché de Suna no kuni. Une décision qui pouvait paraître surprenante aux vues des capacités relationnelles que les différents membres pouvaient entretenir avec autrui… Mais pourtant pas dénuée de sens. Ils avaient un but bien défini, une ambition qui faisait qu’ils devaient se rendre dans ce village pour tenter d’en apprendre un peu plus.

Kyoi n’en était ni le décisionnaire, ni l’initiateur, il se contentait simplement de suivre le mouvement. Et si chacun avait élu domicile dans des quartiers différents pour le moment, ils avaient pour projet de s’installer dans un manoir un peu en retrait du quartier commerçant et des habitations les plus fréquentées. Un manoir qui valait donc une certaine somme, mais l’argent n’avait jamais vraiment été un problème pour les fils de Reizoku.

Mais en attendant, il habitait avec la plèbe, dans un studio qu’il louait une misère au village caché. Les avantages d’être shinobi, lui avait-on dit. Ce qu’ils présentaient comme un avantage ressemblait plus à une punition aux yeux du shinobi aux cheveux blancs, lui qui n’avait qu’une hâte, retrouver un minimum de confort lorsqu’il rentrait chez lui. Mais comme déjà dit, ce n’était pas encore le cas, et ce fut donc pourquoi il profita d’une légère brise en cette fin d’après-midi pour aller se balader dans les rues du village.

Il ne connaissait pas encore parfaitement les rues de sa nouvelle ville, et il savait ô combien il était important de connaître son environnement si jamais un pépin arrivait. Telle fut donc la raison qui le poussa à arpenter le quartier commerçant du village, déambulant les mains dans les poches, tout en serrant les dents pour supporter cette chaleur à laquelle il ne s’était pas encore habitué.

Ses pas le firent passer des rues bondées et animées de marchands, jusqu’aux plages d’entraînement se trouvant un peu plus loin. Il prenait bien soin de lever les yeux, d’observer la topographie des bâtiments, de noter ce qui sortait de l’ordinaire pour pouvoir, peut-être un jour, réutiliser ces informations à bon escient. Comme à son habitude, il faisait tout ceci sans dire un mot, sans chercher le moindre contact visuel avec qui que ce soit. Les autres ne l’intéressaient pas vraiment, il préférait faire son petit tour de son côté sans embêter personne, et sans que personne ne l’embête.

Mais c’était malheureusement trop demander… Car à peine venait-il de dépasser le second terrain d’entraînement qu’un groupe de Sunajins se mit en travers de sa route, avec à leur tête un gamin avec une grosse cicatrice sur le front qui le regardait avec un sourire… Malsain.

•• Tiens tiens tiens… Mais ça serait pas le nouveau petit glaçon qui s’est perdu dans le désert ? ••

Suite à cette comparaison assez grossière, sa petite bande ne montra aucune retenue pour rire grassement, comme si leur petit chef venait de faire une blague tordante.

•• Tu sais, on aime pas trop les étrangers par ici, surtout ceux qui viennent d’on ne sait-où. Ta petite gueule, tes cheveux blancs… Tout cela détonne avec le paysage tu ne trouves pas ? Tu ne penses pas qu’il faudrait rentrer chez toi ? Car je peux t’assurer qu’ici, rien ne t’attend et personne ne te fera le moindre cadeau… Pas vrai les gars ?! ••

Fit-il tandis que ses sbires venaient de se placer de telle sorte à encercler notre nouveau shinobi à la chevelure blanche. Et tandis qu’ils tentaient d’intimider la nouvelle recrue shinobi, Kyoi resta de glace, évidemment. Il ne bougeait pas, mais n’en restait pas moins très attentif à ce qu’ils allaient faire. La peur ne faisait pas partie des sentiments qu’on lui avait inculqués, il resta donc calme.

Cependant, son instinct lui disait qu’il devrait tout de même se préparer à réagir, juste au cas où. Ce fut donc pourquoi il commença à malaxer son chakra, sans pour autant faire le moindre signe… Il se préparait à devoir riposter, si jamais la situation tournait au vinaigre.

•• Je suis pas là pour créer des histoires… Du coup, laisse moi passer, s’il te plaît. ••

Tout en restant courtois, les gosses pouvaient sentir que Kyoi n’était en aucun cas amical avec la petite bande, bien au contraire. Les dents serrés, ses yeux montraient son sérieux… Et sa voix était teintée d’un léger ton de menace…

Le ton. La posture. La réponse en elle-même. Tout ou presque avait énervé le jeune balafré qui serra les dents et arma son poing droit. Il n’était pas le seul d’ailleurs : tous les autres gamins qui le suivaient baignaient dans le même état d’esprit. Un rien pouvait échauffer ces esprits prépubères qui versaient puérilement et un peu tristement dans la xénophobie. L’issue semblait donc fatale, inévitable. Mais alors que ledit balafré irradiait son poing de chakra et s’apprêtait à meurtrir le visage de son vis-à-vis qu’il semblait cordialement détester, un doux murmure mêlé aux fracas des vagues et au bruissement de la brise fraiche, se fit entendre derrière le groupe des jouvenceaux, interrompant ainsi le geste de leur leadeur.

- « Les enfants… »

La surprise vint profondément marquer le visage des gamins prêts à en découdre. Cette intonation douce et quasiment fluette, ils ne la connaissaient que trop bien. Ebranlés par le nouvel arrivant, ils firent tous volte-face, brusquement, au même moment et purent enfin voir que Yori se tenait derrière eux, avec une mine paisible. D’où venait-il ? A quel moment était-il apparu dans les environs ? Mystère. Face à leur ainé qui s’assimilait parfois à un professeur, les adolescents restèrent immobiles pendant une bonne poignée de secondes, choqués par sa présence soudaine ; puis ils s’inclinèrent rapidement devant lui, quelque peu affolés, mais surtout gênés d’avoir été pris en flagrant délit par une figure d’autorité qu’ils estimaient.

- « Relevez-vous, voyons… »

Lorsqu’ils se redressèrent enfin, Yori s’approcha de l’un d’entre eux et passa tranquillement une main dans sa chevelure rêche qu’il prit plaisir à caresser affectueusement. Ce dernier ferma les yeux et sa mine accablée trahissait le fait qu’il regrettait son acte dans un sens. Il n’était pas le seul : tous affichaient une mine désolée qui arracha un petit rire au jônin. S’il avait été un brin déçu de constater qu’ils pouvaient facilement être violents, les remords qu’ils éprouvaient, rien qu’en sa présence, lui faisait comprendre que tout n’était pas perdu, ni à jeter chez ces jeunes qui étaient parfois en manque de repères. Suna se construisait encore une identité culturelle. A bien des égards et au vu du passé sanglant du pays, il était aisé de comprendre ces attitudes.
Comprendre, sans pour autant cautionner, évidemment.

- « Votre politesse a été adressé à la mauvaise personne, jeunes gens… »

Regretter était une chose. S’excuser une autre.

Si certains froncèrent aussitôt leurs sourcils, d’autres détournèrent leurs regards non sans gonfler leurs joues. Ces grimaces de mécontentement et bouderie arrachèrent un rire à l’adulte qui s’était mis à en ébouriffer gentiment les plus proches de lui. Puis, un énième regard doux les convainquit de se retourner vers l’albinos en retrait, de s’incliner, non sans s’excuser sincèrement à l’unisson. Pour sa part, Yori hochait doucement sa tête en signe d’approbation. Il y avait été pour beaucoup, n’était pas naïf en pensant que leur haine pour le pseudo « étranger » s’apaiserait comme par magie, mais considérait très honnêtement qu’un pas en avant avait été effectué. A son sens, c’était étape par étape que les choses s’amélioraient doucement…

- « Qu’en penses-tu ? Leurs excuses sont-elles recevables ? Te suffisent-elles ? »

Cette fois-ci, Yori s’était adressé à l’agressé, toujours avec un air affable.

Son avis était le bienvenu, même si l’adulte espérait qu’il n’envenime pas la situation.

Tandis que les gamins semblaient prendre un malin plaisir à venir embêter le manieur de Hyoton, ce dernier resta de glace. Il savait qu’il était dans une situation inconfortable, il n’était pas encore assez puissant pour pouvoir les affronter de face dans cette configuration. Et tandis qu’il voyait le balafré prendre ses grands airs afin de prouver à ses petits copains qu’il était courageux et fier, à attaquer alors qu’il avait toute sa petite bande derrière lui.

Et tandis qu’il venait de charger son poing de chakra, Kyoi commença à malaxer son chakra pour se protéger à son tour. Et tandis qu’il commençait à exécuter les mudras, le jeune garçon fut interrompu par une voix calme, presque douce. Il ne la connaissait pas, mais vu la réaction de ses prochains agresseurs, il sut tout de suite que l’homme était une personne connue, mais surtout reconnue.

Car aussi doucement qu’il avait interpelé les petits garnements, il continua son petit sermon et leur fit la morale pendant quelques bonnes dizaines de secondes qui leur parurent sûrement une éternité. De son côté, le membre du Kagirinai observait la scène avec attention. Non qu’il aime voir les gens se faire remettre à leur place, mais il appréciait ce qu’il voyait. Le pouvoir, l’influence imposés par le nouvel arrivant était indéniable.

Il les fit même s’excuser auprès du jeune garçon aux cheveux blancs. Chose que ce dernier n’aurait jamais cru possible quelques secondes auparavant. Comme quoi, le pouvoir pouvait vous permettre de faire des choses dont d’autres n’avaient fait que rêver. Et c’est ainsi que la petite scène se termina, lorsque chacun des agresseurs repartit alors avec la queue entre les jambes.

Un petit sourire orna alors le visage de notre jeune héros, jusqu’à ce que l’inconnu reprenne alors la parole, s’adressant cette fois au manieur de glace. Ce dernier releva la tête et son sourire s’effaça alors, plongea ses yeux azurs dans ceux de l’inconnu.

•• Je n’ai que faire de leurs excuses. De plus, forcer les gens à faire quelque chose, ne fait que renforcer le fait qu’elles soient fausses. ••

Lui dit-il tout simplement. Il n’y avait pas de fierté mal placée, pas de faux semblants non plus. Le jeune garçon aux cheveux blancs ne voulait pas être désagréable, mais il avait toujours des problèmes avec l’autorité et la vie en communauté. Cependant, il savait qu’il était indispensable pour lui de se faire accepter dans ce village, ce fut pourquoi il s’efforça de reprendre la parole pour se montrer un peu plus « amical ».

•• Mais je te remercie pour ton intervention, sans toi j’aurai sûrement quelques bleus en plus sur le corps. Il me semble que tu sois respecté par ces garnements, je me trompe ? ••

Un peu directe comme approche, non ? M’enfin, c’était comme ça que Kyoi était, et ce n’était sûrement pas quelques jours dans la civilisation qui allaient changer cela.

- « Ils me respectent surement parce que je leur enseigne de petites choses occasionnellement. C’est à croire que même des chenapans savent s’assagir quand il le faut. »

Yori eut un petit rire. Si Suna n’avait pas encore établi une académie à proprement parler, il lui arrivait d’enseigner les bases du ninjutsu à ces petits garnements qui le lui rendaient bien en progressant vite et en étant particulièrement reconnaissants du temps et de l’énergie qu’il leur consacrait. S’il était jônin et qu’il participait aux quelques réunions de hauts gradés en compagnie de la Kazekage, l’Hizori n’avait pas encore de poste ou d’assignation fixes et touchait donc un peu à tout : l’enseignement, la surveillance du canyon, celles des principales artères et avenues de la ville… Bref, autant de tâches indispensables au bon fonctionnement de la ville militarisée où il faisait maintenant bon vivre. Un calme qu’il espérait perpétuel…

- « Pour ma part, j’estime qu’il y a une différence entre le fait d’encourager et le fait d’obliger… Enfin, j’imagine que chacun à son point de vue. Ne t’en fais pas… Je ne vais pas essayer de te faire adhérer au mien. Je sais à quel point ça peut être embêtant. »

Yori n’avait pas vraiment obligé les enfants à s’excuser. Ils auraient bien pu se dérober voire même se carapater tout juste après sa remarque, et ce sans craindre un retour de bâton de sa part. Après tout, ces gosses savaient pertinemment que leur enseignant n’était pas homme à verser dans les punitions. Il grondait dans le pire des cas, mais lesdits cas étaient très rares. N’importe qui assimilerait cette façon de faire à du laxisme, ce qui n’était pas faux dans un sens. Le jônin était effectivement trop gentil et coulant. Cette façon de penser et d’agir était la résultante de ses diverses expériences. Après avoir vu trop de sang couler, Yori partait du principe que chérir ces bambins sans pour autant en faire des pourris-gâtés était l’une des meilleures formes de pédagogie.

- « En ce qui concerne l’intervention, je t’en prie, c’est bien naturel. Au-delà du fait que je sois un repère pour eux, c’est aussi mon rôle d’ainé de veiller sur eux, même si ma présence ici tient plus de la chance qu’autre chose. J’aimerais vraiment que vous puissiez vous entendre, mais j’imagine que ça prendra encore un peu de temps… »

Suite à sa réponse, l’héritier des Hizori et un sourire désolé. Navré, il l’était sincèrement pour l’albinos qu’il observait avec beaucoup de douceur et d’empathie. Ce dernier ne semblait pas spécialement affecté par ce qui venait de se passer et c’était d’autant plus triste à son sens : cette réaction trahissait un certain vécu de l’adolescent qui a dû en voir des vertes et des pas mûres. Son langage et sa gestuelle corroboraient également les suppositions du sableux : « Ces situations arrivent souvent ? Tu peux m’en parler tu sais et je t’aiderai du mieux que je peux. » L’offre de Yori était totalement sincère. Du reste, même s’il n’avait pas forcément entendu tout ce qui s’était dit entre eux, il arrivait plus ou moins à devenir ce qui avait pu se passer juste avant son arrivée.

Plutôt que de s’imposer devant lui ou à ses côtés, Yori se décala gentiment de la trajectoire de son interlocuteur : l’adolescent était libre de partir comme de rester en sa compagnie s’il désirait ; même s’il espérait vraiment qu’il reste pour faire plus ample connaissance. « Je m’appelle Hizori Yori, mais tu peux m’appeler Yori. Et si jamais tu as besoin d’aide ou de conseils, n’hésite pas à m’approcher une seule seconde. Je t’aiderai du mieux que je peux. » Malgré son grade élevé (qu’il avait pris le soin de ne pas mentionner pour que l’enfant garde sa spontanéité avec lui), le manieur de sable n’était pas très protocolaire. S’il respectait les grades, la hiérarchie et toute la symbolique derrière, le jônin ne s’en formalisait absolument pas lors des rencontres informelles.

Tandis que le nouveau venu venait de faire fuir les petits garnements qui étaient à l’origine de toute l’agitation qui se passait dernièrement, Kyoi comprit alors qu’il devait avoir une certaine réputation, voire une certaine puissance déjà connue. Lui n’était pas au courant de tout cela, n’étant dans le village caché de Suna que depuis quelques semaines, il n’était pas encore au fait de tous les membres influents que comptait le village caché de Suna no kuni. Cependant, il fut bien content que cet individu passe dans le coin, car sinon il se serait fait passer à tabac, même s’il aurait sûrement donné quelques sueurs froides à quelques uns.

•• Je pense que tu te trompes sur ces gens-là. Selon moi, ils aiment agresser ceux qu’ils considèrent plus faibles qu’eux. En même temps, agir en bande organisée, ça les fait se sentir puissants… Je peux comprendre ça. ••

Kyoi ne s’était jamais senti autant en sécurité que lorsqu’il se trouvait avec ses frères et sœurs. Lorsqu’ils étaient ensembles ; notre jeune héros avait vraiment le sentiment que rien ne pouvait l’atteindre. Certes, ses aînés étaient les plus expérimentés et puissants shinobis qu’il connaissait, mais c’était surtout leur assurance et le lien qu’ils partageaient qui faisaient d’eux une véritable famille… Bien plus que leur lien de sang.

•• Non, cela n’arrive pas souvent ; mais je sais reconnaître les ennuis lorsqu’ils arrivent. Mais j’imagine qu’il n’y a rien d’autre à dire à ce sujet. La seule chose que je peux te demander à ce sujet serait de mieux les surveiller ou de les éduquer si tu es en charge de leur éducation. ••

Il n’y avait aucune provocation dans sa voix. Notre jeune héros à la chevelure blanche se permettait simplement une remarque tout en restant le plus neutre possible, sans pour autant avoir l’air condescendant. Il donnait simplement son avis, comme Yori avait été gentil et bienveillant avec lui, il lui rendait l’ascenseur.

Et tandis que la discussion était terminée, Yori fit alors un pas de côté tout en affirmant qu’il était toujours disponible si jamais le gosse aux cheveux blancs avait besoin de quelque chose. Ce dernier sourit alors et plongea son regard azuré dans celui de son interlocuteur avant de se présenter à son tour, c’était la moindre des choses.

•• Je m’appelle Kyoi. Et je te remercie encore une nouvelle fois pour ton aide. Maintenant, si tu veux bien m’excuser… ••

Fit notre jeune héros tout en passant par l’espace que lui avait libéré Yori. Il ne voulait pas paraître impoli, mais rester avec un inconnu à parler de la météo n’était pas son fort.

Et si le haut gradé ne l’arrêtait pas, alors le manieur de glace continuerait son chemin jusqu’à chez lui pour aller se changer. Il transpirait sous cette chaleur étouffante !

HRP:

- « Ils aiment agresser les plus faibles ? Qu’est-ce qui te fait penser cela ? Et pourquoi te crois-tu faible ? De ce que j’ai vu, j’ai pourtant eu la sensation que c’était tout le contraire. J’en connais qui fuiraient ou pleureraient pour bien peu, tu sais. »

Yori observait Kyoi avec douceur. Il savait qu’il retenait quelque peu le jeune garçon alors que ce dernier s’apprêtait à prendre congé, mais ses dires avaient intrigué l’adulte. Il n’était bien entendu pas dupe sur la cruauté dont pouvait faire preuve certains enfants, mais il n’imaginait pas vraiment que ces galopins puissent être mauvais comme les avaient dépeints l’albinos. De plus, le sunajin avait une conception plus large des mots « fort » et « faible ». Il avait néanmoins considéré le point de vue de l’adolescent, plutôt intéressant dans le genre…

- « Y aurait-il la moindre chance que tu aies fait comme eux par le passé ? A te promener avec tes amis et à agresser les plus faibles, en groupe ? »

Il n’y avait qu’à voir l’air avenant de Yori pour comprendre qu’il ne le jugeait absolument pas. Même s’il avait été lui aussi un enfant et même s’il avait plus d’expériences que son interlocuteur, il n’était pas homme à prendre de haut ni à camper mordicus sur ses positions sous prétexte qu’il saisissait mieux la vie qu’un gosse. C’était l’une des raisons pour lesquelles il essayait d’initier un échange qu’il trouvait d’avance assez intéressant ; quoique sans doute ennuyant pour Kyoi qui voulait s’en aller. Une pensée qui lui arracha un sourire désolé, avant une dernière question :

- « Je ne suis pas spécialement en charge de leur éducation, mais j’y contribue de temps à autre quand le temps me le permet. De ce fait, tout conseil serait le bienvenu. Tes suggestions pourraient m’aider à rectifier le tir, si jamais. »

L’héritier des Hizori était totalement sincère. Tout avis était bon à prendre. Ceux de Kyoi seraient certainement intéressants à entendre. Toutefois, le manieur de sable ne l’obligeait à rien. Il ne prendrait même pas mal un départ silencieux de sa part. Après tout, le gamin ne le connaissait absolument pas et ses vêtements presque trempés de sueur à vue d’œil pourraient éventuellement expliquer son envie de continuer son chemin. Sous un coup de vent plus fort que les précédents, Yori rejoignit ses mains devant lui et contempla l’horizon.

Le crépuscule qui se dessinait était tout bonnement magnifique…

Tandis que le jeune garçon aux cheveux blancs pensait à prendre la tangente, il fut interrompu par l’éducateur des jeunes enfants légèrement perturbés. Selon lui, il ne fallait pas leur en vouloir, c’était ainsi qu’allait la vie. Le manieur de glace venait juste d’expérimenter une nouvelle étape de la vie. Les enfants étaient méchants en général, Kyoi le savait bien, même s’il ne l’avait pas encore testé.

Le dénommé Yori affirma ensuite que notre jeune héros n’était pas faible. Cette remarque lui arracha un sourire, pas bienveillant, malheureusement. Du fait de son aura et du respect que les petites frappes lui témoignaient, il était beaucoup plus facile pour lui de parler de puissance, plutôt que notre jeune héros. Il était facile de dire que quelqu’un n’était pas faible, du moins reconnaître une autre forme de force que celle qui permettait de mettre au tapis ses adversaires.

•• La puissance est relative. Et par rapport à ce que j’ai envie de faire, il est clair que je reste faible. Alors oui, peut-être que je ne pleure pas lorsqu’on m’agresse, mais je ne suis clairement pas assez fort pour réaliser mon objectif. Mais je te concède quelque chose, être faible reste relatif à l’objectif que l’on tient. Le mien est… Délicat, si je dois dire, du coup je t’assure que je reste faible aujourd’hui. ••

Dit-il avec le spectre de son paternel dans les yeux. C’était bien lui, son objectif. Et s’il avait réussi à se défaire facilement de ses frères et de Kyoi, le match retour serait tout autre. Car c’était bien pour cette raison qu’ils avaient migré vers le village caché de Suna !

Yori tenta ensuite de savoir ce qui avait pu se passer dans l’histoire de notre jeune héros. Il tenta de lancer un petit hameçon pour que Kyoi se confie à lui. Cela le fit sourire, intérieurement cette fois. Si seulement il savait…

•• Je pense que ça ne te regarde pas. Mais non, pour te rassurer son profil, cela ne m’est jamais arrivé de venir embêter des plus faibles comme cela. Ce n’est pas vraiment dans ma nature, et je ne vois pas l’intérêt d’agir aussi… Lâchement. ••

Et finalement le manieur de sable reprit la parole. Il était en quête de conseils, de recommandations pour qu’il puisse s’améliorer dans le futur. Kyoi sourit suite à ces remarques, ce Yori était visiblement quelqu’un de singulier, le genre de personnes dont Kyoi n’avait pas l’habitude, il fallait l’avouer.

•• Si je pouvais me permettre un conseil, ça serait sûrement d’être moins… tendre avec ce genre de personnes. Si les sourires ne suffisent pas, alors il faut passer à un moyen plus… Direct. ••

Fit-il avec son regard le plus sérieux possible.

- « Malheureusement, mes prérogatives s’arrêtent à la pédagogie et au conseil dans l’ensemble… Enfin… Ce n’est pas comme si je pouvais être dur avec des enfants, même si j’en ai le droit. J’imagine que mon approche a aussi ses tares… »

Yori pouffa de rire. L’éducation à la dure n’avait pas que de mauvais côtés, loin de là et c’était un fait dont il avait pleinement conscience. Néanmoins, il n’arrivait pas à se résoudre à user de force, punitions ou autres pratiques de ce genre… La mort de son frère quelques années auparavant l’avait profondément marqué dans ce sens. En effet, si leur père ne leur avait pas imposé le fameux pèlerinage d’Amaterasu propre aux Hizori, son cadet n’aurait peut-être pas perdu la vie. Bien entendu, il n’en avait jamais voulu à son paternel, mais ne voulait absolument pas adopter sa façon de voir les choses. Et puis, comme il l’avait mentionné au jeune albinos, il ne s’agissait pas de ses bambins et il n’était pas question d’aller au-delà des réprimandes avec eux. Et puis, le jônin ne pouvait pas non plus se substituer à leurs parents respectifs, bien qu’il comprît pleinement l’avis du jeune garçon avec qui il échangeait.

- « Ceci étant dit, je prends note de tes conseils. Ils sont aussi clairs qu’évasifs mais je suppose que tu me laisses le loisir de les interpréter à ma façon. Tu as mes remerciements, Kyoi. Mais tu as aussi mes excuses. Il est vrai que j’ai quelque peu été intrusif tout à l’heure. »

Sur ces paroles, le jônin s’inclina légèrement en direction du garçon, comme pour joindre l’acte à la parole. Il n’avait aucun mal à s’excuser même devant plus jeune que lui et trouvait ce fait normal. Bien sûr, il savait que trop de gentillesse pouvait être interprété comme de la faiblesse, mais il s’arrangeait toujours à rectifier le tir de sorte que le respect soit toujours de mise entre ses interlocuteurs et lui. Le fait que Kyoi lui ait quand même donné des réponses l’avait conforté dans l’idée de lui présenter ses excuses le plus rapidement et humblement possible. Lorsqu’il redressa son torse, on pouvait voir un doux sourire toujours scotché à ses lèvres. Il prenait vraiment plaisir à échanger avec lui. Il aurait voulu creuser un peu plus, comprendre d’où lui venait ces pensées réfléchies et ce tempérament calme, mais il préféra ne pas pousser sa chance plus loin. Et puis, il imaginait que le gamin avait mieux à faire.

- « J’ai été ravi de faire ta connaissance Kyoi, mais je ne vais pas te retenir plus longtemps. Si jamais tu as besoin d’aide, n’hésite pas à te rendre à la demeure clanique des Hizori. Même si je ne suis pas sur place, quelque saura te guider jusqu’à moi. Et ne t’en prives pas : qu’il s’agisse de discussions ou même d’entrainements, je serai ravi de t’épauler. »

Le sourire de l’héritier des Hizori s’élargit un peu plus. Il aurait pu passer son temps à lui poser une multitude de questions pour mieux le connaitre comme il le faisait subtilement avec d’autres enfants et adolescents bien moins sur le qui-vive ; mais il était persuadé que le gamin le percerait à jour et le rabrouerait. Malgré tout, son petit doigt lui disait qu’ils seraient amenés à se revoir et à se côtoyer bien plus vite qu’il ne le pensait. C’était la raison pour laquelle il le laissait filer. Qui plus est, le soleil qui déclinait doucement à l’horizon le poussait à aller dans ce sens. La nuit allait bientôt tomber et surement que ses parents se feraient du mouron pour lui. Yori s’inclina alors une dernière fois, puis il prit le chemin inverse. Il comptait se promener encore un peu en bordure de mer jusqu’à la nuit tombée. C’était par la même occasion une petite patrouille pour s’assurer qu’il n’y avait rien de bien grave à signaler…