Quelques jours le séparaient de l’annonce des promus du villages. Et cela n’avait pas suffi à Rin d’assimiler -si le terme était permis avec lui- les nouveaux Chûnin du village. Il avait beau prit le temps d’y réfléchir à tête reposée, à chaque fois qu’il pensait à Hayate, son corps était pris d’un violent spasme, comme s’il étouffait. Était-ce la conséquence de cette expérience physiquement et psychiquement douloureuse qu’il avait vécu dans l’arène ? Où est-ce que cela allait au-delàs ? Le garçon n’en savait que trop rien.

Et puis, il vint cette convocation. Cette mission, qui fit électrochoc. Avait-il mal lu ? C’était-il trompé ? Lui ? En mission avec la Kazekage ? Mais qu’est-ce qui avait bien pu arriver à la chef du village du Sable pour le choisir lui ? Lui et une autre Tegami visiblement ? Rin dégluti. La cheftaine du village du Sable le faisait vraiment tourner en bourrique. Pourquoi choisir un Genin sur une mission pour accompagner un Kage ? A moins que cela ait un sens caché ?

Le garçon se plia aux ordres, et se prépara pour rejoindre le point de rendez-vous. Avait-il le choix, de toute manière ? Il était évident que non. Et c’est pourquoi il devait se montrer prudent. Il allait devoir agir sous les yeux d’Hazure, en faisant bien attention à ne pas lui donner une raison d’approuver un quelconque ordre d’assassinat de la part de son clan. Mais, à contrario, c’était aussi l’occasion ou jamais que de fixer son idée sur la deuxième femme la plus importante de son pays.

L’Ordre de mission avait également quelque chose d’étrange. Des denrées de Tanisuna ? La région était plutôt réputée comme chaude, de nuit comme de jour, et riche en minéraux. Alors des denrées ? N’était-ce pas eux qui avait besoin de denrée ? Et même dans l’hypothèse qu’ils aient des moyens de productions, est-ce qu’ils avaient de quoi se permettre d’en vendre ? Et surtout, pourquoi la capitale n’achèterait pas moins cher ailleurs ? Et surtout, qu’est-ce qui faisait dire que le convoi n’était jamais parti ?

Le garçon rejoint alors son groupe, silencieux comme à son habitude. Il toqua à la porte, et entra lorsqu’on lui indiqua. Après quoi, face à sa supérieure, il opta pour une brève inclinaison du buste en guise de révérence.

« Bonjour Kazekage-Sama. » dit simplement Rin.

La simplicité avait parfois du bon. Et malgré son statu en tant qu’Hizori, Rin restait quelqu’un qui préférait la simplicité au raffinement. Pour du reste, le garçon fronça légèrement les sourcils aux explications très brèves, et peu informative, du choix de la Kazekage sur sa personne. Simplement parce qu’il devait s’affirmer en tant qu’Hizori ? Devait-il s’attarder sur le sujet ? Le garçon opta pour ne pas relever la faiblesse de l’argumentation de sa supérieure sur son choix. Il avait espoir qu’il avait été choisi plus par défaut que par véritable choix d’un plan obscur de complotiste politique.

« Bien compris, Kazekage-sama. Je n’ai pas pour habitude d’user de la violence en premier recours. » compléta Rin, ce qui en soit, n’avait rien de surprenant, au vu de l’attitude qu’il avait adopté durant le combat d’arène.

« Avant de partir, Tegami-dôno, j’aurais effectivement quelques… Questions. »

Le garçon fixa Hazure, d’un regard azur le plus sérieux possible, essayant vainement de décrypter une quelconque information à partir de ses expressions faciales.

« Sauf erreur de m’a part, Tanisuna se situe entre la chaîne Ryuuzenkou, des montagnes riches en minéraux – notamment d’ambre gris je crois ? - et la vallée écarlate, une région encore peu sécure. Également, la ville est réputée comme chaude, de jour comme de nuit, ce qui ne rends pas évident la culture de denrée.

Admettons qu’ils répondent à leurs besoins en termes de nourriture et d’eau via des serres et des réseaux de rafraîchissement souterrain, la vente de denrée aurait un coût supérieur qu’ailleurs non ? Et au pire, si c’est une question patriotique, la ville de Yubae serait économiquement plus viable ? Que ce soit pour les questions de sécurité, ou d’économie, se fournir là-bas à plus de sens. Et pourtant… non ? »

Le garçon se frotta le menton, laissant un petit silence pour réceptionner la réponse, avant de continuer.

« Au-delà de ça, j’aimerais prendre connaissances des éléments dont nous disposons réellement pour écarter l’hypothèse de l’attaque de bandit. Je suis déjà prêt, je pourrais donc mettre les deux heures de préparation à profit. Si j’ai votre autorisation de fouiller la paperasse relative à cette mission, bien évidemment. »

Observer, puis agir. Cela lui avait permis de gagner la première épreuve de l’examen des Chûnin, alors il allait devoir reproduire cet exploit. Le garçon se tourna vers Rinko.

« Rinko, je t’aurais bien proposé d’échanger sur nos capacités respectives, mais nous aurons le temps de nous synchroniser tous ensemble, pendant le voyage. Alors que l’inverse n’est pas possible. »

Le garçon n’attendez plus que le top départ et les autorisations pour se mettre en quête des informations.

Résumé :

Ma respiration est haletante. Ma main se pose sur ma poitrine. Mes jambes chancèlent telles des spaghettis et menacent de céder.  Mes yeux s'embuent lentement mais sûrement. Non je ne suis pas en train de me satisfaire. Mais je viens d'apprendre la meilleure nouvelle de ma courte vie. J'en lâche même le parchemin de mission que je viens de lire. Et non ce n'est pas la mission en soit qui me rend toute chose mais bel et bien le nom de celle qui va m'accompagner. Hazure-sama en personne ! Mon idole absolue, mon modèle féminin ! La seule personne que j'estime au-dessus de moi dans l'ordre naturel des choses ! Je peine à y croire. A tel point que je crois l'espace d'un instant qu'il s'agit d'un canular de ma famille. Juste pour m'emmerder. Faut dire qu'avec toutes les crasses que je leur ai fais ces derniers temps, surtout à tonton Rikotsu, ça serait presque logique. Je m'agenouille immédiatement pour empoigner le fameux parchemin et le relire, m'assurant une énième fois que le sceau du Kazekage se trouve bien en bas de page.

"C'est authentique !"

Je lève le papier en l'air comme une offrande à la Déesse. Yes ! Mon cri de joie à sans doute réveiller tout le quartier. Mes voisins vont encore gueuler mais j'en ai rien à foutre. Et puis il pourront pas m'accuser d'hurler comme une folle toute la nuit et de stimuler leur gamin de quinze ans. Je pose le parchemin sur la table, pensant même le faire encadrer à mon retour, et je me dirige directement vers mon armoire, seul vestige de la demeure clanique que j'ai embarqué lors de mon émancipation. Je mets une demi-heure pour trouver des fringues, retournant toute l'armoire tel un derviche en manque de sensations fortes. Lorsque je trouve enfin ma tenue pour le lendemain, il fait déjà sombre. Inutile de préciser que je fermerai pas les yeux de la nuit...

"Kazekage-sama."

Je me présente sans bégayer, une fois arrivée sur place. Un exploit alors que mes joues s'empourprent à la seule vue de mon idole. Faut dire que la mission, j'en ai rien à foutre. Il sera temps une fois sur place d'y consacrer un peu plus d'attention. Je ne suis là que pour Hazure. Je pourrais l'entendre parler pendant des heures, explorer le moindre des traits de son visage et de ses courbes si intenses. Un frisson me parcourt même l'échine alors que mon mode fangirl est activé à 100%. Le fait d'être si proche d'elle sans doute. Je daigne même pas gracier les autres de mon regard...

"A vos ordres !"

Je réponds du tac-au-tac, tournant même les talons et m'attendant à ce que mon collègue fasse de même. Mais apparemment il a l'air de vouloir en savoir davantage. Il pose même des questions ! Super, un intellectuel... Pour qui il se prend ? Hazure vient de dire qu'il sera temps de poser des questions sur le trajet. C'est d'une logique implacable et un ordre direct, non ? Si j'arrive à retenir un soupir je ne peux cacher ma réprobation, secouant légèrement la tête. Faut dire que j'ai toujours eu du mal avec les Hizori et visiblement celui-ci ne semble pas avoir les faveurs de notre Kazekage. Apparemment, il ne colle pas au stéréotype agaçant de ceux de son clan. Un incapable ou un rebelle ?

Je reste figée en attendant qu'Hazure statue sur les questions. Qu'est-ce que je donnerais pour être seule avec elle sur cette mission...

Rien.

Il n’y avait rien sur le comment du pourquoi. Rien sur le visage de la Kazekage qui trahirait l’existence d’un plan particulier. Rin fit la moue. Elle semblait à la fois si naturelle et si réfléchis, qu’il était difficile de faire la part entre ses devoirs et sa pensée profonde. Oui, malgré tout ce qu’il pouvait dire, Hazure dégageait une sorte d’aura étrange, inspirant peut-être autant de fascination que d’effroi. Mais malgré les dires de la Kazekage, il avait quand même passé ces deux heures à interroger les différents protagonistes… Pour un résultat très maigre, au final.

***

Rin parcourais depuis un moment le désert, affrontant les morsures du soleil et la longueur harassante de ne voir devant vous qu’un immense dénivelé fait de sable et de cactus. Par chance, il dégageait toujours une petite brise rafraîchissante, souffrant ainsi un peu moins de la chaleur que ses collègues. D’un pas léger, le vent soulevant un peu plus que d’habitude le sable sous ses pieds, le garçon semblait presque aérien, comme s’il avait la capacité de surfer sur les dunes sans aucune difficulté. Mais en vérité, Rin n’était pas assez lourd, et avait, malgré son statut, hérité de la technique de son clan pour se mouvoir avec facilité dans cette immensité désertique.

Hazure posa une question, et le garçon y répondit.

« Exactement, je ne sais pas. » avoua finalement le garçon. « Factuellement par contre, il y a deux raisons. La première, c’est que ma mère est morte en couche par ma faute. Et visiblement, je lui ressemble beaucoup. Mes « proches » ne l’ont jamais accepté, et c’est un peu comme si je remuais le couteau dans la plaie par ma simple existence. »

Il marqua une simple pause, avant de reprendre.

« La seconde, et j’imagine que vous avez pu l’observée durant la seconde épreuve, est que je ne maîtrise pas le sable. Etant un symbole d’honneur du clan, et des choses en entraînant une autre, nous voici dans cette situation où j’insupporte le clan par ma simple présence, et où certains y voient une occasion de décharger leurs pulsions. »

Il tourna la tête vers Hazure, croisant ainsi son regard.

« Mais vous avez raison, ce n’est pas sain comme relation. C’est la principale raison de pourquoi j’avais beaucoup d’espoir en rejoignant Suna : pour permettre que les choses soient différentes. Dépasser le cadre d’un clan pour voir plus grand. Agir pour le bien commun, et rejoindre des gens croyant en cet idéal. Mais j’imagine que cela ne change pas le fait que je reste une « honte » pour le clan Hizori. Un être avec du chakra, mais incapable de faire bouger du sable. Il n’en faut guère plus. »

Le garçon fixait la Kazekage.

« Je pensais que ça allait changer, mais non, je me suis trompé. Comme pour Suna visiblement. J’imagine que vous deviez avoir vos raisons de nommer Hayate Chunin. Vous avez commis une erreur. C’est un être assoiffé de sang, voyant le combat comme la première et seule solution. La discussion, les moyens alternatifs pour permettre d’éviter le sang, n’existe pas pour lui. Ce n’est pas un pas vers la paix, et je plains les Genin qui seront sous sa responsabilité, qu’il sacrifiera sans aucune hésitation pour atteindre ses objectifs. Où au mieux, ceux du village. Je tenais à vous le dire, même si cela n’a aucune importance pour vous. »

Le regard du garçon ne décrocha pas de celui d’Hazure.

« Certains disent que celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas à déjà perdu. Moi je crois que l’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat. Et c’est lorsqu’on dégaine qu’on a précisément perdu quelque chose. »

Il détourna enfin le regard de l’ombre du vent, pour revenir sur celui des Dunes.

« Paradoxalement, c’est parce que je n’ai plus rien d’autre à perdre que ma vie qui me donne la liberté de vous parler en toute franchise. »

Et le garçon se tue. Il avait dit ce qu’il avait à dire.

***

Après quelques heures de voyages dans un silence pesant, le trio arriva jusqu’à la ville en question. Le garçon hocha la tête à l’autorisation de mener l’enquête, de façon assez libre, finalement.

« Bonjour. Quand est-ce qu’à commence cette activité étrange ? Si vous avez un registre qui ressence les entrées et les sorties, j’aimerais bien pouvoir le consulter, s’il-vous-plaît. »

Rin était un garçon intelligent. Son plan était assez simple : croiser les dates du début des activités étranges, avec les registres des déplacements au sein de la ville. Trouver un détail, quelque chose sortant de l’ordinaire, pour le mettre sur une piste. Et si besoin, il irait directement se fondre dans la foule de Tanisuna.

« Maître Kazekage, si possible, j’aimerais me détacher de notre trio. »

Rin se tourna vers Hazure.

« En passant par une autre entrée et en me détachant de Suna, je pourrais peut-être avoir des informations différentes de vous. Et comme je suis un inconnu, je n’aurais pas de mal à me faire passer pour quelqu’un de différent. »

Si elle acceptait, le garçon prendrait le chemin d’une autre entrée pour se faire passer pour un voyageur itinérant, avant de rejoindre une taverne pour saisir un peu mieux l’atmosphère de la ville.

Oh putain je suis à deux doigts de gerber. Qu'est-ce que c'est mielleux ! C'est quoi ce drama de sitcoms pourri. WTF ! Je suis pas fan des Hizori à la base. normal tout le monde les déteste. Mais là c'est un peu le pompon. T'es sérieux mec ? J'ai l'impression d'entendre parler une bonne femme. Ouais genre une mégère de quarante piges mal baisée. Ou pas assez considérée j'ai plus le terme exact en tête. Cette débauche de sentiments me rend mal à l'aise et je prie pour qu'Hazure fasse quelque chose. Je sais pas, genre lui faire fermer sa gueule ou le paumer dans le désert. Non fausse bonne idée. C'est un Hizori, il serait foutu de retrouver le chemin du Temple. Même si celui-ci ressemble pas vraiment à ses cousins arrogants. S'il avouait que sa mère l'a balancé dans les chiottes à la naissance, je l'aurais crû.

Pour le coup je suis pas loin du compte... Et c'est interminable...

Je pousse un soupir de soulagement lorsque ça s'arrête, rangeant soigneusement la corde que j'avais attaché autour de mon cou pendant le voyage. C'est une image hein. Je suis pas du genre à me suicider. Mais je me dis que je devrai investir dans des boule quies pour ma prochaine mission pour le compte de Suna. Ou pourquoi pas de la drogue ? Faut bien pour endurer tout ça ! Sinon je finirai assurément sur le Bingo Book. Et même si ça me tente pour la réputation et le respect, ça serait trop contre-productif. J'ai pas envie de courir tous les jours moi. Je veux me la couler douce et vivre ma vie tranquille comme je l'entends. C'est Hazure mon idole qui me sort de ce cauchemar en s'intéressant à ma vie. Elle a entendu parler de moi !

"Vous me flattez, Kazekage-sama. J'essaye juste d'être une femme forte et indépendante comme vous. Et quoi qu'en disent mes cousins, mes parents et même tonton Rikotsu, je suis sur la bonne voie. C'est pour ça que j'ai préféré prendre un peu mes distances et m'installer toute seule."

J'avoue timidement avec bien plus d'égards et d'étiquette qu'à l'accoutumée. Ironiquement je parle comme une vraie Tegami. Paye ton discours sur l'indépendance. J'évite soigneusement de parler de mes gaffes et de mon côté carrément rebelle. J'espère qu'Hazure prendra ça pour l'innocence et l'intrépidité de la jeunesse. Et surtout qu'elle ne m'en veuille pas de parler du chef du clan Tegami de la sorte. Je doute qu'elle apprécie Rikotsu assez pour me rabrouer étant donné que ce dernier est plus un politicien qu'un réel ninja. Et même si je prends une dense, au moins ça sera de mon idole et pas d'un vieux schnock...

Je ris de bon cœur au jeu de mots d'Hazure.

Bon on dirait presque une sorcière sous crack mais à ma décharge le voyage a été long et éreintant ! A tel point que je suis aux anges lorsque Rin propose de se séparer du duo. Si je pense que c'est une bonne idée vu que ça me laisse seule avec mon idole et qu'on couvrirait en théorie plus de terrain pour mener cette enquête à bien, mon instinct me dicte la prudence. Bon je l'écoute rarement certes. J'ai juste une mauvaise impression. Après je déteste les pécores et cette ville en est remplie. ca joue sûrement. Et puis cette chaleur me démotive complètement. J'ai plus envie de trouver des bains public et de prendre une bonne douche froide que d'arpenter ce taudis sordide. D'ailleurs je sais même plus ce qu'on fiche ici. Les gardes viennent gentiment me le rappeler.

Je suis à deux doigts d'intervenir lorsque ces derniers manquent de politesse envers Hazure mais ils se rattrapent rapidement. Je soupire en leur lançant un regard réprobateur alors qu'ils passent à table. Visiblement, les rues de la ville ne sont plus très sures ces derniers temps. Mon idole les questionne gentiment, leur demandant si ça a un rapport avec les retard de livraisons. Je m'impatiente devant leur indécision !

"Dites nous clairement ce qui se passe ! C'est quoi cette activité ? Des bandits ?"

J'explose éventuellement ! Ce sont des gardes bordel. Depuis quand ces types sont du genre à tourner autour du pot ? Ca me fout hors de moi. Bon ok la patience n'est pas ma plus grande vertu mais quand même ! Je jette un regard à Hazure avant de me calmer. Après tout si elle ne s'était pas énervée pour si peu, peut être que je n'aurais pas dû... J'appuie finalement le plan de Rin ouvertement. Ironiquement, c'est plutôt moi qui demande à m'éclipser dans ce genre de situations en règle générale. Pour aller picoler dans une taverne discrètement...

"Je suis d'accord avec le Hizori. Son éloquence lui sera d'une grande utilité pour obtenir des informations. Et en cas de problèmes, cela nous donnera une autre option et un effet de surprise."

Je suis soulagée. Hazure n'en a apparemment rien à foutre de son comportement vis à vis de la famille. Ou alors elle estime que cela ne vaut pas le coup d'aborder la question. Je sais qu'en tant que Kazekage, elle a sûrement mieux à faire que de s'occuper des querelles intestines du clan Tegami, aussi insignifiantes soient-elles. Et puis si ça se trouve tonton Rikotsu n'a pas eu le temps d'ébruiter sa petite rébellion. Voire pire il préfère la cacher aux yeux de tous histoire de préserver l'image de la famille. Ca lui ressemblerait bien. Après tout ça fait des années qu'il a perdu sa paire de couilles... Dans tous les cas, je suis heureuse de voir Rin partir tout seul de son côté. Faut avouer que sa prise d'initiative se tenait mais je doute sérieusement de sa capacité à recueillir des informations dans ce contexte. Un des gardes vient rapidement me confirmer dans mes craintes.

Ca sent vraiment pas bon.

Je suis aux anges lorsqu'Hazure utilise sa technique de clonage. Mes yeux brillent littéralement de milles feux. Faut dire que cette technique me serait assurément super utile dans mon métier certes mais aussi dans ma vie privée. Imaginez tout ce que vous pouvez faire avec des clones ! Et je parle même pas de la chambre à coucher ! J'en ai des frissons ! Bon je suis une fangirl à la base mais en dépit du désintérêt de ma famille, j'ai un réel talent pour le Hikariton. Je suis capable de produire une lumière intense et je me targue même d'être la meilleure dans ce domaine dans mon groupe d'âge.

"Il faut absolument que vous m'appreniez cette technique, Shodaime ! Enfin si vous avez le temps. Si on revient vivantes de ce qui ressemble de plus ne plus à un traquenard."

Je me décompose à mesure que je parle, passant de l'excitation à l'inquiétude. Je me poste par réflexes légèrement devant Hazure pour la protéger d'un éventuel projectile ou d'une attaque de Ninjutsu. Je l'ai entendu dire de pas en faire trop. Elle veut sûrement éviter les tensions inutiles. Et elle a raison. Pas pour l'ambiance, je m'en fous mais elle m'a rapidement cerné. J'aurais facilement tendance à attaquer tous ceux qui nous regardent de travers... Et ça ne tarde pas. Je serre les poings et prends une posture plus défensive, prête à balancer des lasers et à fumer tous ces types au premier mouvement suspect. Mes yeux balancent littéralement des éclairs lorsqu'un de ces derniers se permet une remarque déplacée. Hazure reste calme et réponds poliment...

Pour l'instant, je me retiens.

Une atmosphère étrange.

Aux explications du garde, Rin plissa des yeux, fixant au loin le tunnel comme s’il essayait d’y voir la ville. Que se passait-il exactement là-bas ? Qu’est-ce qui avait pu provoquer une telle fracture entre les gardiens de la paix et la population ? Il pouvait y avoir plusieurs hypothèses, mais celle soulevée par la faim était peut-être la bonne. Au fond, le soldat n’avait pas la réponse du pourquoi du comment. Comme eux, il était dans l’incompréhension.

La Kazekage accepta que Rin se sépare du groupe, au prix d’être accompagné d’un clone. Le garçon hocha positivement la tête, et se délesta de ce qui pouvait l’associé à un ninja de Suna, notamment son bandeau qu’il portait habituellement en tant que ceinture, qu’il glissa dans son sac de voyage. Par chance, il n’avait pas de gourde pleine de sable pour l’associé au clan Hizori, alors il pouvait clairement se faire passer pour un mercenaire itinérant. Même s’il n’avait pas vraiment la tête de l’emploi.

« Je serais prudent. »

Le garçon s’éloigna alors pour rejoindre la ville. Seul, dans les rues, il commença à saisir un peu plus en profondeur la nature du problème. Sur l’ensemble des lieux de restauration, il trouvait porte close. A chaque fois, on lui bredouillait une excuse, lui glissant entre deux mots que la « marchandise était difficilement trouvable » … Un lui avoua même qu’il s’agissait de la nourriture, qui commençait à manquer.

La nourriture qui manque… Un convoi de nourriture qui part en direction de la capitale. Il n’en fallut pas beaucoup plus pour établir un lien, qui semblait presque trop évident. Rin ne connaissait que trop bien le sentiment de se sentir méprisé par ses supérieurs, et surtout, mis en danger pour survivre.

Il fallait rectifier le tir.

Alors qu’il était à la recherche d’information complémentaire, il intercepta une conversation sauvage entre deux individus. « Il » ? Mais qui était « il » ? Où alors, s’agissait-il de plusieurs personnes ? D’un seul individus ? Le garçon devait en savoir plus, et les intercepta directement.

« Bonjour, excusez-moi, j’ai entendu votre conversation. Je viens d’arriver en ville, j’ai l’impression que la situation semble proche du « critique ». La ville souffre visiblement de la famine, mais depuis quand ? Pourquoi la Kazekage est-elle venue en personne ? Et surtout, qui ne devrais pas l’apprendre ? »

Il s’inclina.

« Excusez mon ignorance, mais j’aimerais me rendre utile si je le peux. »

Que ce passait-il exactement dans cette ville ?

Le garçon resta stoïque.

Il fixa les individus d’un regard neutre. Il écoutait les reproches, et les critiques. Que pouvait-il faire d’autre ? Il n’était pas en posture de reprocher quoi que ce soit. Car, après tout, qui était vraiment l’ignorant parmi eux ? Le garçon était richement habillé, dans une ville qui semblait au bord de la rupture, et de la famine. Que dire d’autre ? Rien. Il fallait rester humble.

« Je vois. » fut la seule réponse du garçon, qui s’inclina respectueusement.

« Je suis effectivement un Shinobi de Suna qui accompagne la Kazekage. Pour autant, je souhaitais réellement comprendre ce qui vous arrive ici, et essayer d’apporter ma contribution pour y remédier, même si je ne suis pas là pour ça. C’est mon devoir.... Même si certains semble clairement l'oublier.»

Alors, il se releva simplement.

« Merci de m’avoir répondu. »

Et il s’éclipsa. Rester plus longtemps serait synonyme de souffler sur des braises ardentes, prête à s’embrasée. Il fallait mieux ne pas plus s’attarder, et rejoindre Hazure. Le garçon fit alors demi-tour, pour rejoindre le convoi. Juste attends pour retrouver la cheftaine en pleine discussion, devant le fameux convoi.

Et quelque chose n’allait visiblement pas.

Un malentendu ? Le garçon n’en savait trop rien. Il resta sur le bord, se faisant discret. Il n’avait pas pu avoir d’autres informations de son côté, mais rejoins quand même la Kazekage un peu plus loin.

« Maître Kazekage. »

Il s’inclina simplement.

« La ville souffre visiblement d’un manque de nourriture, et d’un problème visible de qualité de vie globale. De toute évidence, il y a un fort sentiment de mépris envers la caste dirigeante. Je n’ai pas pu en savoir plus, j’ai été découvert à cause de mes habits et du fait que je suis bien portant… Alors que je suis loin d’être riche, même si je suis en bonne santé. »

Le garçon plongea son regard dans la Kazekage.

« Hazure-sama. Je vais me permettre de vous parler en toute franchise. »

Pendant un instant, Rin fixa la plus haut-gradée du village dans un court silence, mais qui semblait une éternité, comme s’il cherchait à s’assurer qu’il la prenne au sérieux.

« Je ne prétends pas m’y connaître en guerre civile, mais je sais reconnaître le désespoir. De toute évidence, la population semble avoir été poussée à bout, manque de nourriture, de travail, d'argent et de sécurité, et la qualité de vie est médiocre… Et personne ne sait rien ? Il est clair qu’il y a des braises prête à s’embraser dans des flammes révolutionnaires au moindre coup de vent... et les Shinobi de Suna n’ont eu vent de rien ? »

Il arbora une mine sombre.

« Il y a des traîtres dans nos rangs, où au minimum des espions qui gangrène les réseaux d’informations. Et ils travaillent pour ce « Jinsei » … Qu’est-ce qu’on sait de cette organisation ? »

Je me crispe alors que la tension monte. A tel point que du sang est pas loin de couler de mes poings fermés. Il suffirait d'un ordre d'Hazure pour que des lasers partent dans cette foule dense. J'imagine déjà le carnage et le spectacle pyrotechnique. Je tombe presque des nues lorsque la Kazekage tente de calmer l'auditoire. Elle a choisi la diplomatie mais ces barbares ne sont pas réceptifs. On dirait qu'ils ont été lobotomisés et qu'ils sont même prêts à se sacrifier pour une cause qui m'échappe complètement.

Bref, ça pue la merde bien comme il faut.

La dernière que je me suis retrouvée au beau milieu d'une groupe de pécores en sueur, y'avait de l'alcool et tout le monde était nu. C'est clairement pas le même délire. Même si je suis sûre que y'a moyen de faire quelque chose et de retourner la situation. Une épaule qui se dénude, un clin d'œil aguicheur, un ramassage de clés tombées à terre offrant une vue impeccable sur mon cul... Si j'avais été seule bien entendu. Là je suis avec la Kazekage. Je ne lui imposerait pas ce genre de festivités. Enfin, sauf si elle prend les devants. Je reviens de mes délires lorsqu'Hazure évoque une guerre.

"Qui veut la paix, prépare la guerre."

Je lance à Hazure une fois qu'on est légèrement écarté du peuple, histoire de me vanter de mes connaissances. Je serais bien incapable de dire de qui c'est mais bon ça s'applique bien à la situation. Alors que j'allais évoquer ma réticence à dormir sur place, Rin vient évidemment tout gâcher. Il est encore vivant ? J'espère qu'il a pu récolter des informations.

Il s'avère que non. Tu parles d'un mec inutile. Il fait que parler et enfoncer des portes ouvertes. J'ai presque envie de lui demander d'aller tester sa verve naturelle sur le peuple. Juste pour voir. Ca engage à rien. Je veux juste le voir faire un petit sermon à tous ces types bourrés de testostérone. Il évoque un tas de trucs. Ca rentre, ça sort. Je pense à mon appart'. J'ai pas laissé le gaz allumé quand même ? Meh. Si ça saute j'accuserait le proprio. A la mention de traîtres, je m'anime.

"Des traitres à Suna ? Tu n'es pas sérieux. En tout cas chez les jeunes ou les recrues j'ai rien vu de suspect. Même à leur domicile... La plupart sont des manches tout juste sortis des jupes de leur mère. Et puis ils ont même pas de tatouages comme ceux qu'on a vu aujourd'hui et qui semblent mener la danse."

Je prends la pose, une main sur la hanche. Je m'éclaircis la gorge et m'excuse de prendre la parole avant Hazure. Je suis clairement moins inquiète et alarmiste que mon collègue Genin.

"Juste pour dire que ces types n'ont pas besoin d'espions pour manipuler des pécores. T'as juste à leur promettre tout un tas de trucs à la con pour améliorer leur triste vie insipide et le tour est joué. Ce sont des marchands de tapis ces types. Je pense que tu réfléchis trop, Rin."