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[Mission rang D] L'interminable calvaire du bibliothécaire - solo
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Senbaru Muku
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Kumo
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L'été fut prolifique pour la jeune Muku. D'abord sa nomination en tant que genin, rapidement suivie d'un combat puis de deux missions de rang C. De ces dernières, elle gagna plusieurs milliers de ryos, de quoi satisfaire la cupide jeune femme. Mais avec le recul, elle conclut que la richesse accumulée ne se trouvait pas uniquement dans ses billets et ses pièces. Les kunoichis qu'elle rencontra et les lieux inconnus qu'elle découvrit lui apportaient tout autant de valeur que l'argent. Elle comprit rapidement qu'un bon carnet d'adresses couplé à des connaissances géographiques et culturelles poussées lui apporteraient les moyens à la hauteur de ses ambitions. Elle admit qu'il lui manquait l'expérience. Une guerrière comme Nanabe s'entraîne au combat, une roturière comme Muku doit voyager. Les expéditions et explorations répétées contribueront à élargir ses connaissances et donc son pouvoir.
Pour ne pas naviguer à vue dans ce monde parfois cruel, il lui fallait connaître les bases. Comme d'habitude, elle ne peut compter sur personne, mais un endroit à Kumo rassemble toutes les connaissances accumulées par le village : sa bibliothèque.

« Maigu, vu le temps qu'il fait, je doute qu'on ait du monde aujourd'hui. Je te confie les clefs, je dois m'absenter. » resta énigmatique la jeune Senbaru.

« Mais où tu vas ? Qu'est ce qui te motive autant à sortir par ce temps ? Il neige et le vent s'en mêle ! » s'étonna Maigu, son apprentie.

« Je n'ai pas le temps de te l'expliquer, je ne suis même pas sûr de pouvoir mettre des mots sur mes intuitions. » avoua-t-elle.

Sans un mot de plus, la tisserande enfila la première manche de son épais manteau gris, puis la seconde avant de couvrir son front avec la capuche. Elle enfonça profondément son cou, jusqu'au menton, dans le col et flanqua ses mains dans les poches. Là haut, sur leurs plates-formes aériennes accrochées aux pics rocheux, les Kumojins subissaient l'hiver de plein fouet. Les températures presque négatives le devenaient en ressenties à cause d'un vent cinglant. En ce début de saison hivernale, les rares flocons se transformaient en cristaux acerbes et vous griffer le visage.

La bibliothèque n'était pas très loin mais pour Muku le chemin semblait beaucoup trop long. Quelques torches subsistaient pour lui indiquer la route. Finalement, après seulement une dizaine de minutes, elle put frôler la pierre de l'édifice. Se collant à lui pour limiter l'effet du vent, elle le longea pour gravir enfin les quelques marches qui la séparait d'une atmosphère chaude et réconfortante.
Les grandes portes de bois lui opposèrent une certaine résistance. Elle se faufila à l'aide d'un coup de vent salvateur. D'un pas chassé, elle plaqua son dos contre le battant et poussa à l'aide du poids de tout son corps. Le coup de vent s'essouffla et l'immense portail se claqua bruyamment.

« Chuuuuuuuuut ! » maronna je ne sais qui.

L'entrée de la jeune fille fut fracassante. Le vent qui s'est engouffré par la porte fit s'envoler de nombreux ouvrages, et le vacarme causé par sa fermeture en fit sursauter plus d'un. Soudain, avec une démarche gesticuleuse, rapide mais silencieuse, un vieil homme s'approcha dangereusement de l'étourdie.

« Que faites-vous ici Mademoiselle ? » articula-t-il d'une voix sourde.

« Je... Je... Je viens faire quelques recherches ? »

« Sur quel sujet je vous prie ? »

« A vrai dire je ne sais pas, j'aimerai voyager mais je ne sais pas par où commencer ? »

« Je vais vous le dire ! Commencez donc par le bureau des missions, demandez celle de la bibliothèque et revenez me voir quand ce sera fait ! » postillonna-t-il.

* Et si tu reviens après cet accueil et malgré ce temps, alors je t'accorderai peut-être un peu de mon temps. *
Senbaru Muku
(#)Dim 11 Avr - 11:48
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Elle n'en revenait pas, se faire mettre à la porte de cette façon et par ce temps.

* Mais pour qui il se prend ce vieux schnock ? Je viens glaner quelques idées pour savoir où me rendre dans le pays, et me voilà avec une mission forcée pour pouvoir pénétrer la bibliothèque... *

En fait, la venue de la jeune femme tombait à pique. Voilà plusieurs mois que le vieux Sekigaku avait renouvelé sa proposition de mission, mais elle était restée sans réponse. Avec la réouverture du village, l'administration kumojine avait probablement plus urgent à faire que de ranger la bibliothèque. Alors cette nouvelle tête venue avec le plus grand des fracas était une victime idéale de ce maniaque compulsif.

La tempête assombrissait cette journée s'annonçant morose sous bien des aspects. Pour atteindre le palais du Raikage, il fallait traverser un énorme ponton suspendu dans le vide. Le vent le tiraillait d'un bout à l'autre et la passerelle se déformait, rien de bien rassurant. Muku aurait pu simplement abandonner et retourner au chaud dans sa boutique qui lui servait également de maison. C'était sans compter sur son obstination, une volonté froide et méticuleuse à atteindre ses objectifs. Ce caractère la poussait parfois à employer des moyens peu orthodoxes pour arriver à ses fins. Ça n'est pas un sénile bibliothécaire qui la détournera.

* Putin de temps ! *

Seule sur ce pont où l'on ne voyait pas à plus de deux mètres, une chute et elle tomberait à jamais dans l'oubli sans avoir eu le temps de servir le village, de redorer son nom et d'abattre sa cible. La main fermement accrochée à la corde qui servait de rampe, elle avançait difficilement et aux aléas des bourrasques de vents. Là où quelques minutes auraient suffi, il lui en fallut plusieurs dizaines pour enfin atteindre l'immense bâtiment symbolisant la puissance de Kumo.
La porte du bureau s'ouvrit soudainement et un vent glacial s'y engouffra. Les pauvres fonctionnaires affalés d'ennui sur leur table frissonnèrent de froid et de surprise.

« Bonjour, on m'a demandé de venir chercher une mission au sujet de la bibliothèque. »

« Ah bon, qui vous a donné cet ordre ? »

« Un homme d'âge avancé. » répondit-elle poliment.

« Le vieux Ren ? Ahahahah » se dérida tout le bureau.

Tous semblaient connaître le vieux sage et le piège dans lequel la jeune femme était tombée. Le bureaucrate assis sur son tabouret se pencha pour ouvrir le dernier tiroir, celui tout en bas du secrétaire. Il farfouilla quelques secondes avant d'en sortir un rouleau poussiéreux qu'il tendit à Muku.

« Vous êtes sur que c'est le bon ? Vous ne l'ouvrez pas ? » s'étonna la genin.

« Pas besoin, il nous envoie exactement la même demande chaque semaine, à force on sait à quoi ses parchemins ressembles. Mais grâce à toi, on aura la paix durant les prochains mois ! » et le bureau se poila à nouveau.

* Dans quoi je suis tombé ? *

Mécontente d'être l'objet de leur rigolade, elle quitta les lieux sans les remercier. Sans le savoir, elle venait d'illuminer leur journée.
Le chemin du retour fut tout autant périlleux que l'aller. Midi approchait et la jeune voyageuse n'avait pas encore ouvert un seul livre ou une seule carte. L'estomac vide, sa journée ne faisait que commencer. Elle profita d'une accalmie pour à nouveau pénétrer dans la bibliothèque, en toute discrétion cette fois. Mais le gardien des lieux connaissait parfaitement le bruit du mécanisme de la poignée de porte, personne n'entrait ou ne sortait sans qu'il en soit au courant.

« Vous revoilà jeune fille ? » s'étonna-t-il.

« Je viens ici pour trouver des réponses, je ne compte pas repartir sans elles. » s'entêta-t-elle.

« Je suis heureux d'apprendre que vous allez au bout des choses, nous verrons bien si vous remplissez votre mission. Confiez-moi ce rouleau, je vous le tamponnerai quand vous aurez terminé. » fit-il crescendo en déposant le vieux papier sur son guichet.

« Je n'ai pas pu lire l'objet sur la route, que dois-je faire ? »

« Hihi, tous les jours mes livres sont empruntés, déplacés et mal rangés. Ceux qui ne sont pas replacés dans les étagères sont déposés sur la servante que vous voyez là. » pointa-t-il du doigt un chariot débordant de bouquins. « Et ceux qui sont mal rangés doivent l'être correctement. Voyez-vous, impossible de se repérer dans une bibliothèque désordonnée. » expliqua-t-il d'une voix graveleuse.

* Ça y est, je comprends pourquoi ils se sont payés ma tête … *
Senbaru Muku
(#)Dim 11 Avr - 12:47
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Une fois Monsieur Sekigaku éclipsé, Muku put prendre un instant avant de se tuer à la tâche. Je ne pèse pas mes morts étant donné la quantité de livres à ranger. Il lui avait confié comme seul et unique indice :

« J'ai adopté un rangement chronologique. Plus les étagères s'éloignent de l'entrée, plus les ouvrages qu'elles contiennent sont anciens. »

Ce qu'ignorait la Senbaru, c'est que le chariot qui lui fut délégué ne concernait que les premiers rayonnages, c'est à dire les livres les plus récents et donc les moins précieux. En effet, soucieux de préserver ses trésors, il est impensable pour le vieux Ren de les confier à une inconnue inexpérimentée.
Son attention accaparée par le vieux sage, la jeune femme n'eut le temps d'apprécier le lieu dans lequel elle se trouvait. Debout à côté de la servante, la main droite posée sur le tas de livres, Muku profita de cet instant de flottement pour ressentir l'édifice. Dans ses deux prunelles d'un noir intense se reflétaient les rayons interminables de manuscrits. Le nombre de grimoires était en effet impressionnant, mais l'architecture sculpturale du monument était le vrai spectacle.

« C'est tout bonnement magnifique.. » s'extasia-t-elle de ses yeux grands ouverts.

Aussi vieille que le village et fidèle aux premières habitations, la bibliothèque est, elle aussi, troglodyte. Une cavité immense taillée entièrement dans la roche était la partie immergée de l'iceberg. De l'extérieur, la partie émergée est représentée par une construction à la hauteur de l'importance de l'édifice, mais l'on croirait qu'elle est simplement adossée à la montagne. Jamais on ne penserai que cette bâtisse plus récente n'est qu'une façade pour cette antre littéraire. Cette solution pensait dès l'origine était l’œuvre des savants et ingénieurs Kumojins. Au fond de cette grotte, la température et l'humidité seraient constamment les mêmes, protégeant ainsi les reliques de papier. L'autre avantage est qu'il suffit de rallonger la partie émergée pour agrandir les capacités de stockage.

L'immensité des lieux est à couper le souffle, mais un second détail et pas des moindres apporte toute sa particularité. Ce monumental trou dans la roche doit être supporté sous peine de s'écrouler. Et bien ceux sont les étagères elles-mêmes qui remplissent ce rôle puisqu'elles sont taillées directement dans des pieds rocheux large d'une vingtaine de mètres. Peu profonds mais nombreux, ils suffisent à garantir la stabilité de la cavité. Évidemment, ils respectent le même schéma qu'une bibliothèque ordinaire : Une allée centrale alignée avec le bureau du conservateur et l'entrée du bâtiment, le long de laquelle les étagères sont installées perpendiculairement à droite et à gauche. Creusées à égale distance les unes des autres avec une précision déconcertante, elles s'enfoncent ainsi sur plus d'une centaine de mètres au cœur de la montagne.
Une coursive ceinture l'ensemble pour fluidifier la circulation entre les étagères. D'autres sont d'ailleurs elles aussi façonnaient à même la paroi inférieure de la cavité, sur l'ensemble de sa circonférence. Le moindre espace est ainsi utilisé à l'archivage d'ouvrages.

« Je ne vais jamais m'en sortir ! » se dégonfla Muku, se sentant minablement petite. « J'en ai pour des jours et j'ai le ventre vide. » gargouilla-t-il.

* Avec cette mission de merde, je vais peut-être tomber sur des cartes aux trésors ? * Se prétexta-t-elle pour s'encourager.

« Avant de ranger un livre à la fois et de parcourir cents kilomètres à la fin de la journée, je dois d'abord les trier : par ordre chronologique comme il me l'a dit. »

La créatrice de papier s'exécuta. Elle examinait chaque tranche ou première page de chaque livre pour en déterminer la date d'écriture. Ensuite, elle faisait des petits tas par décennies pour mieux se repérer, les plus vieux ouvrages au fond de la pile. Mais le vieux fou avait glissé quelques pièges pour déstabiliser ses apprentis. Certaines dates étaient effacées, impossible de les classer. C'était sans compter sur le pouvoir clanique de la Senbaru. Maîtresse dans l'art de créer le papier, elle savait sans grande difficulté estimer l'âge des feuilles qui composent les livres. Les récalcitrants furent donc placés dans les piles correspondantes. Elle acheva la première partie de son plan.

« Ne me reste plus qu'à trouver les étagères et les niveaux qui collent à chaque décennie. » se satisfit-elle.

Plutôt simple quand on sait que chaque rayonnage était fichée sur ses flancs d'une plaque métallique dorée marquée de l'ère correspondante ; de même sur la façade de chaque niveau avec un écusson plus petit et une précision plus grande.

« Et voilà ! » s'ovationna-t-elle en insérant le dernier bouquin. « Ça m'aura prit toute l'après-midi. » avoua-t-elle du haut de son échelle.

A ce moment-même, alors que la plupart des habitués étaient déjà partis, Ren surgit de derrière l'étagère.

« Pas encore fini ma jeune apprentie ? » l'interrogea-t-il de façon rhétorique.

« Et si, le chariot est vide. »

« Quuuuuuuoi ? » s'étrangla-t-il en examinant le dit chariot.

* Comment est-ce possible ? Personne n'a jamais réussi cet exploit. C'est impossible, elle a dû tricher ! *

« Laisse moi contrôler ton travail. »

La mémoire du sage est éléphantesque, il savait avec précision quels livres étaient sur la servante et leur emplacement de rangement. Avec sa drôle de démarche, il scruta avec frénésie chacun d'entre-eux et ne trouva aucune anomalie. Surpris et vexé à la fois, il prenait cet affront comme un échec et ne pouvait en rester là.

« Bien... bien... par je ne sais quel miracle tu t'en es sortie. Mais la mission n'est pas terminée. »

« Quoi ? J'ai tout rangé comme vous me l'aviez demandé. Tout le monde est déjà parti, je suis restée pensant qu'il n'y avait pas de suite ! »

« Et bien si, il y en a une ! Je suis le donneur d'ordre de cette mission, c'est moi qui décide ! » termina-t-il sèchement comme un vieux gâteux.

« D'ailleurs, je n'ai rangé des livres que dans la partie avant de la bibliothèque. Les plus vieux étant au fond, je suppose que vous ne me faites pas confiance ! Ce qui est vieux est rare, et ce qui est rare a de la valeur. »

« Rappelles-moi ton nom jeune fille ? »

« Vous ne me l'avez pas demandé, vous ne savez même pas qui je suis... Je me prénomme Muku du clan Senbaru. »

* Ceci explique cela. * comprit-il instantanément.

« Puisque tu souhaites plus de responsabilité, je vais t'en donner. Les étagères de l'ère allant de 0 à 30 ans comptent de nombreux ouvrages abîmés. Trouve les, repère les et apporte les moi pour que je puisse les restaurer. »

« Maintenant ? Mais vous avez vu l'heure ? »

« Oui maintenant, à moins que tu préfères clôturer ta mission sans l'avoir achevée ? » lui fit-il du chantage.
Senbaru Muku
(#)Dim 11 Avr - 17:10
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La nuit avait définitivement plongé Kumo dans le noir. La jeune apprentie ne l'avait même pas remarqué au milieu de ses immenses étagères de pierre. Seuls indicateurs, un estomac étonnamment bruyant et des paupières de plus en plus lourdes. L'ensemble des ouvrages couvrant les années 0 à 30 étaient rangés sur trois allées soit six étagères. Chaque étagère comptait près d'un millier de livres, soit un total de 6000 bouquins à vérifier. La tâche était colossale et la vengeance de Ren sans appel. Têtue comme une mule, Muku se rendait bien compte de l'immensité de la corvée demandée, mais bien trop fière, elle refusait d'admettre une quelconque défaite. Alors, dans cette soirée déjà bien avancée, elle sortait chaque livre de son logement pour contrôler son état.

Perchée sur son escabeau roulant, elle ne pouvait s'empêcher de suivre du regard les interminables enfilades de livres, presque hypnotisée. De hauteur et d'épaisseur différentes, avec des dos colorés plus ou moins soignés, cette diversité témoignait de leurs origines diverses et variées. Les chineurs du bibliothécaire alimentaient cette incroyable collection avec des œuvres du monde entier.

« Un savoir immense est compilé dans cette seule et unique salle. Je commence à comprendre pourquoi il en prend si soin, c'est un vrai trésor. Ce vieux fou doit avoir une sacré culture. »

Par ses méthodes peu conventionnelles, le conservateur des lieux tentait de transmettre à ses élèves l'amour du livre et l'importance de leurs mots. Peu d'entre-eux en percevait le réel pouvoir et la plupart abandonnait avant même d'avoir commencé. Muku concevait peu à peu les enjeux d'une telle collection. Connaître l'histoire pour ne pas répéter les erreurs du passé, apprendre des uns pour enseigner aux autres, comprendre les choix des autres pour décider les siens. L'expérience accumulée sur tout ce papier devait servir à nourrir les décisions d'aujourd'hui. A cet instant précis, la mission confiée à la genin prenait une tout autre tournure. Tous ces livres qu'elle avait manipulé nourrissaient déjà son esprit comme un terreau fertile. Des idées germaient, d'autres bourgeonnaient et d'autres encore s'arrachaient à la main de l'Histoire.

« Je comprends mieux pourquoi il faut sauver tous ces livres qui se détériorent. Je viens d'avoir comme un déclic. Ils sont la mémoire de nos ancêtres et d'ailleurs, ils nous expliquent qui nous sommes aujourd'hui et nous indiquent qui nous seront demain. L'oubli et l'ignorance sont les pires des maux. Ils nous ramènent à l'état de bête, un vulgaire troupeau qu'on manipulerait à sa guise. Savoir est le plus grand des trésors. »

Forte de cette découverte, elle reprit avec acharnement son travail. Il était près de cinq heure du matin, et les rayons concernés furent balayés. De nouveau, elle faisait face à un chariot débordant de bouquins en tout genre. Assise sur un banc taillé dans la roche, elle piocha le premier venu et étudia les pages abîmées. D'un œil expert mais d'une main amatrice, elle tentait de rabibocher cette feuille à moitié arrachée. Sans le matériel adéquat, elle n'arriverait à rien.

« Je suis une Senbaru, le papier ça me connaît, je dois pouvoir faire quelques choses ? 
Je crée habituellement des feuilles entières. Avec la concentration suffisante, je devrais être en mesure de créer une quantité limitée de cellulose qui agirait comme une 'colle' pour faire tenir les deux morceaux ensembles. »


Osée, inédite mais pas bête ! L'idée valait le détour et si elle réussissait, le vieux Ren serait littéralement sur le cul ! Après quelques essais fructueux sur plusieurs de ses créations, elle se lança.
Muku rapprocha l'un contre l'autre les deux morceaux de la page ancienne jaunie par le temps. A l’œil nu, on distinguait un liseré blanchâtre apparaître à la jointure des fragments. De bas en haut, la couturière recousit les deux parties ensemble. La création terminée, on ne remarquait qu'un fin cordon blanc sur le jaune de la page.

« J'ai réussi ! » soupira-t-elle.

La Senbaru souhaitait confirmer ses prouesses pour s'assurer que ça n'était pas un coup de chance. Elle piocha d'autres livres avec les mêmes symptômes et renouvela l'expérience à de nombreuses reprises, avec succès.

A 8h45 tous les jours de la semaine, Sekigaku Ren ouvre les grandes portes de sa bibliothèque. Mais ce matin ne fut pas comme tous les autres. Allongée sur son bureau, il retrouva Muku endormie. D'abord hors de lui, il s'approcha à grands pas dans sa démarche si particulière. Puis il remarqua le chariot et les ouvrages éparpillés tout autour. Il s'empara délicatement de celui que la jeune ingénue tenait encore dans sa main et l'inspecta.

* Comment est-ce possible ? * S'interrogea-t-il en cherchant ses outils de rénovation, sans les trouver. * Par quel moyen a-t-elle pu ? Que.... *

Il venait de tomber sur cette fameuse trace blanche laissé par le pouvoir de la Senbaru. Il caressa le liseré de bas en haut et comprit.

« Incroyable ! » s'émut-il.

Par ses mots, il réveilla son apprentie.
Senbaru Muku
(#)Lun 12 Avr - 21:53
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La candide ouvrit paisiblement les yeux. Son sommeil fut de courte durée mais suffisamment réparateur pour qu’elle ait l’impression d’avoir dormi une nuit entière. En revanche, son réveil fut cauchemardesque. Une vision d’horreur qu’est le visage du vieux sage en colère, un mélange de rage et de stupéfaction. Muku tressaillit et roula dans le vide pour s’écraser sur le sol. Le bras endolori sur lequel elle s’était reposée n’encaissa pas la chute et son visage blanc s’aplatit sur la roche.

« Aie ! »

« Comment as-tu fait ? » ne lui laissa-t-il pas le temps de souffler.

« Savoir que vous me matez pendant que je dors, ça à de quoi surprendre, voyez-vous. »

« Je parle de ça ! » posa-t-il l’ouvrage sur le bureau en pointant du doigt le tracé blanc sur la page.

« Ah ça… J’ai réussi à réparer certains bouquins. »

« COMMENT ? » s’énerva-t-il, même s’il connaissait déjà la réponse, il voulait l’entendre de sa bouche.

« Grâce à mon pouvoir clanique, j’ai créé un lien de cellulose entre les parties déchirées pour les recoller. J’ai réussi à en réparer plusieurs. À la vue de la quantité de manuels abîmés dans cette section, j’ai voulu vous aider. D’autres dégâts semblent à ma portée, comme les pages moisies, humides ou très anciennes. Mais les chances de perdre l’encre étaient trop grandes, alors j’ai préféré les laisser à vos bons soins. » le flatta-t-elle.

Silencieux, l’ermite faillit fléchir un instant et la féliciter, il se retint sous peine de voir son peine autorité naturelle s’effacer. Bien qu’il soit ébahi par les capacités prodigieuses de son apprentie, à l’extérieur, rien ne paraissait. Il se prit au jeu et refusa que la mission se termine ainsi, désormais, elle prenait une tout autre tournure. Conscient des compétences de son élève, le maître allait maintenant tester sa perspicacité puis son intégrité. Muku devrait continuer et il la pousserait jusque dans ses retranchements.

« Tu t’es reposée alors que la mission n’est pas terminée… Ce n’est pas digne d’un ninja. »

Les tempes de la jeune femme s’animèrent au rythme de tambours battants. Sa peau claire vira écarlate et ses yeux s’exorbitèrent. Elle allait exploser.

« Tiens, pour notre petit-déjeuner. Et après on s’y remet. » concéda finalement Ren avant la détonation.

Dans un silence religieux, assis sur le bureau, le duo entama son premier repas de la journée, peut-être même le seul. N’ayant rien avalé depuis 24h, les bouchées de Muku étaient gourmandes et elle le dévora en un rien de temps. Elle amusait beaucoup l’ancien pourtant de marbre.

« Les étagères centrales regroupent les œuvres en tous genres, celles à droite qui longent la paroi de la bibliothèque sont uniquement consacrées à l’histoire de Kumo. Elles aussi suivent la chronologie que le premier conservateur a instauré : plus on s’enfonce dans la grotte, plus elles sont anciennes. Cette section est la plus importante de toute, entretient la et vérifie qu’elle est bien ordonnée. Tu m’as prouvé que tu étais digne de t’en occuper. » lui accorda-t-il finalement.

« C’est tout ? » prononça-t-elle après avoir avalé la dernière bouchée. « Juste du dépoussiérage et du rangement, c’est ça être digne ? » soupira-t-elle.

« Tu ne te rends pas compte du trésor que je te confie. Fais ce que je te dis, prends le temps de t’imprégner de l’histoire que ces œuvres renferment et reviens me voir quand tu auras compris. »

« Compris quoi au juste ? Je ne saisis pas ce que vous attendez de moi aujourd’hui ? »

« Va et tu comprendras… Je reste ici à mon bureau pour restaurer les œuvres que tu as trié cette nuit. »

Sans grande conviction, Muku obéit. Le sage parlait d’un ton suffisamment solennel pour qu’elle le prenne au sérieux, même si l’objectif de la mission d’aujourd’hui restait flou. Armée de son fidèle escabeau, la Senbaru entreprit le nettoyage des étagères et le contrôle des rayonnages exclusivement dédiés à l’histoire du village.
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(#)Sam 17 Avr - 15:35
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Depuis plusieurs heures maintenant, Muku arpentait les bibliothèques taillées à même la roche. De gauche à droite et de bas en haut, l’ordre régnait après son passage. Les livres qui n’étaient pas à leur place la retrouvèrent rapidement. Efficace et silencieuse, elle n’en était pas moins hébétée par les consignes de son supérieur.

* N’importe quel passionné est en mesure de faire ce que je suis en train de faire. Certes ces ouvrages sont un trésor, mais en quoi suis-je digne de les dépoussiérer et de les ranger ? Et puis, regarde-moi toutes ses encyclopédies, leurs couvertures sont en très bon état, font toutes la même hauteur et sont bien alignés… je n’ai pas grand-chose à faire. *

Aussi surprenant que la foudre qui frappe aléatoirement, un éclair de génie la traversa. Elle descendit de son échelle et prit du recul, observant la paroi dans son ensemble. D’un regard inquisiteur, elle la balaya à plusieurs reprises sur toute la longueur dédiée spécifiquement à Kumo.

* Il y a des trous. Des trous qui ont été comblés. * remarqua-t-elle.

Alors qu’elle entretenait les différents niveaux, le nez à même les livres, elle ne pouvait remarquer cette différence. Mais avec le recul et intriguée par ces encyclopédies trop bien rangées, elle portait un œil averti.

* Pourquoi des rayons entiers d’encyclopédies récentes sont-ils présents dans cette partie reculée de la caverne ? Et ce phénomène se retrouve à plusieurs reprises des années -140 aux années +30, environs. *

La tâche ennuyeuse confiée précédemment se transformait en une enquête des plus passionnantes. De façon volontaire, des pans entiers de l’histoire du village avaient été remplacés. Les habitués des lieux qui avaient eux aussi remarqué ses dos de livres récents parmi des anciens pensèrent, à juste titre, qu’ils avaient été restaurés. Mais après tant d’heures à décortiquer tant d’œuvres, Muku connaissait la manière de soigner de Ren et de ceux avant lui. Dans des termes médicaux, ils préféraient panser les plaies que remplacer les bras. C’est-à-dire sauver les pages une à une s’il le faut, plutôt que recopier entièrement le bouquin. L’idée étant de préserver l’originalité et donc l’âme de l’œuvre. Si ces faux-semblants sont en place aujourd’hui, c’est que le vieux fou y est contraint.

« Pour espérer déchiffrer cette énigme, je dois deviner ce qu’on a voulu faire disparaître. Je dois lire avant, pendant et après ‘ces trous’ pour trouver ce qu’il manque. »

Une nouvelle fois, la tâche était insurmontable tellement la quantité de livres a absorbé était énorme. Mais c’était sans compter les compétences innées de la Senbaru. Son contrôle sur le papier lui permettait de ressentir chaque coup de crayon ou de tampon sur la feuille. Ainsi, en seulement quelques minutes, elle pouvait lire un ouvrage de plusieurs centaines de pages sans l’ouvrir, juste avec la paume de la main posée sur la couverture.
Ces opérations la conduisirent une nouvelle fois au beau milieu de la nuit. Absorbée par l’intrigue, elle ne ressentait ni la faim ni la fatigue qui lui pesaient pourtant.

« Ça y est ! » prononça-t-elle essoufflée après avoir captée le contenu d’une trentaine de manuscrits avant, pendant, après l’ère -140 / +30 années. « Je dois extraire les contenus qui sont présents avants et après mais absent pendant l’ère. Je saurai alors ce qu’on a voulu dissimuler de force. »

En tailleur sur le bureau de Ren, elle s’immobilisa les yeux fermés jusqu’au petit matin. 8h45, les grandes portes de la bibliothèque de Kumo se déverrouillèrent et son gardien y pénétra.

« Ce bureau m’appartient. Vous avez la fâcheuse tendance à le confondre avec votre lit ! » s’énerva-t-il.

« Je sais ce qui a disparu ! » déclara-t-elle, énigmatique.
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(#)Sam 17 Avr - 16:55
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« De quoi parles-tu ? » fit-il mine de ne pas comprendre.

Car oui, s’il la considérait digne de préserver la collection de Kumo, ça n’était pas pour y faire la poussière, mais bien pour percer à jour son secret. Cette tâche banale en apparence n’était qu’un prétexte pour mettre en exergue la sagacité de Muku. Depuis trop longtemps le vieil homme cherchait un héritier. Un être hors norme, comme lui, capable de comprendre les enjeux d’un tel lieu, d’aimer les pages noircies d’encres et de donner jusqu’à sa vie pour sauvegarder ce patrimoine immortel. De son vivant, il a entamé un chantier pharaonique : faire de la bibliothèque de Kumo, la plus grande, la plus riche et la plus reconnue dans le monde entier. Tout à fait conscient que sa seule vie ne suffirait pas à achever l’ouvrage monumental, il devait à tout prix se trouver un successeur digne de ce nom.

« Vous me décevez… » osa-t-elle le défier.

« De quoi parles-tu ? » persévéra-t-il.

La jeune effrontée se dressa sur ses deux jambes, debout sur le bureau de bois. L’homme de grande taille était surplombé par cette femme frêle mais pleine d’assurance. Elle le dévisageait avec un regard inquisiteur. Un silence de plomb s’immisca entre les deux. Muku s’avait d’avance qu’elle perdrait à ce petit jeu, mais elle voulait lui signifier son mécontentement. Après des dizaines de secondes d’absence, elle y mit fin.

« Vous savez pertinemment de quoi je parle. Où sont-ils passés ? »

« Soit plus précise. »

« Où sont passés les Kages ? »

« Tu l’as donc remarqué. » sourit-il d’une satisfaction qu’il ne put dissimuler. « Comment ? »

« Vous préférez soigner les livres que les réécrire. J’ai donc été surprise quand j’ai vu des rangées entières de livres ‘récents’ sur les étagères couvrant les années -140 à +30. Ils sont âgés de seulement plusieurs dizaines d’années alors que la période remonte jusqu’à plus de 250 ans. Pour comprendre, cette nuit j’ai lu différents moments de notre histoire jusqu’à aujourd’hui. Avant l’an -140, j’ai trouvé des écrits sur mon ancêtre Senbaru Eiko, la Shodaime Hokage. Dans les livres d’aujourd’hui, j’ai consulté des articles controversés sur la nomination de Seika itoe. Et devinez quel est son grade ? »

« Shodaime Hokage. »

« Exactement ! Comme si elle marquait le début d’une nouvelle ère, faisant table rase du passé. Entre ces deux Shodaime, on avait voulu tout effacer, tout oublier… » marqua-t-elle une pause.

L’esprit embué, elle descendit prudemment de son piédestal avant de tourner en rond autour du bureau et de Ren. ‘Oublier’ ce verbe lui rappelait des bribes de souvenirs de son père, il y a dix ans. Il lui répétait sans cesse que quand elle serait prête, il lui confierait un secret de famille. Un secret que le clan Senbaru transmet de génération en génération, si lourd, qu’il se paye au prix de sa vie.

« Mon père m’a déjà parlé de ça, des allusions seulement car j’étais trop jeune. En plus à cette époque je n’y prêtai pas grande attention. Il me parlait de l’ignorance de tout un peuple et de sa soumission, un truc dans l’genre, d’oubli… »

« Le Grand Oubli ? »

« Oui c’est ça ! » s’exclama-t-elle. « Comment avez-vous pu laisser faire cela ? » ‘vous’ désignant la succession de bibliothécaires. « Comment les gardiens de l’Histoire on-t-il pu effacer des pans entiers de notre mémoire ? Je ne vous reconnais pas … » s’essouffla-t-elle, anxieuse.

« Mes prédécesseurs y ont été contraints par les autorités Kaminarijins. Ce fut un véritable déchirement pour eux. »

« Et vous, vous ne faites rien pour laver leur honneur ? »

« Je suis aussi soumis au silence par ses mêmes autorités… » avoua-t-il.

« Vous êtes un lâche. »

« Peut-être mais cette collection cache toujours un trésor. »

« Quel trésor ? Vous êtes complices de cet obscurantisme. Sous quelle doctrine notre passé mériterait-il d’être réécrit ? » s’obséda-t-elle.

« Tais-toi et suis-moi. Le temps est venu. »
Senbaru Muku
(#)Dim 18 Avr - 15:36
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Kumo
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Le temps presse, dans quelques minutes les grandes portes s’ouvriront. Le vieux sage avait à cœur d’épancher la soif de vérité de sa jeune apprentie. Depuis plusieurs jours, il avait défié ses compétences et sa perspicacité. Aujourd’hui, elle était digne d’intérêt et sa confiance serait mise à l’épreuve. La dernière épreuve. Agé, il jouait son va-tout et plaçait tout ses espoirs en la jeune Senbaru. Il m’était sur la table plus d’un siècle de secret.
Il déambula jusqu’aux pieds des immenses étagères rocheuses, celles-là mêmes qui abritent la collection exclusive sur l’histoire de Kumo.

« Tu n’as rien remarqué d’autre ? » demanda-t-il expressément à son élève.

« J’aurai dû ? » supposa-t-elle.

« Oui tu aurais dû ! » affirma-t-il. « Apporte mon escabeau et prend le tiens, je vais te montrer la vérité. »

Pour la première fois, Muku ressentit de l’effroi dans la voix de son maître. Quel trésor interdit était enfoui ici ? Ce ressentiment entretenait l’angoisse de la jeune femme qui pressait le pas. Elle devait découvrir la vérité avant que les premiers clients de la bibliothèque n’entrent.
Aussi vite qu’il put, c’est-à-dire une marche à la fois, le vieux atteignit la plate-forme de son échelle. Dans les rayonnages, il y avait les œuvres ‘réécrites’ sous forme d’encyclopédie de taille homogène. Mais il y avait aussi et surtout d’innombrables œuvres originales aux formats multiples. C’est à l’un de ses niveaux que s’arrêta le vieux fou. Près de lui, il demanda à Muku d’agripper trois livres sur un autre niveau, il fit de même sur le sien.

« Quelle différence remarques-tu entre ta pile et la mienne ? »

« Je ne sais pas, je ne les ai pas lus. »

« Je le sais bien idiote ! D’aspect extérieur ? »

« Et bien, leur vétusté est comparable, je dirais leur couverture de cuirs différents ? »

« Oui, mais encore ? »

« Et bien, leur taille diffère également. » précisa-t-elle en scrutant les deux piles puis leur emplacement.

D’un côté puis de l’autre, un coup à gauche un coup à droite, un truc clochait mais elle ne savait dire quoi. Les deux niveaux d’étagère se ressemblaient à un détail près, leur profondeur. Elle prit en main la pile de Ren et inspecta minutieusement chacun des livres. Rien. Elle les rempila et glissa ses mains sur les tranches pour les aligner proprement.

* … *

Elle fut surprise qu’aucune arrête ne dépasse. Elle reprit son tas et le remboita dans son logement. Elle le ressortit pour le placer dans celui de la pile de Ren. Ses trois livres dépassaient. Elle se saisit à nouveau du trio et positionna l’autre sur le sien. Les trois livres de Ren étaient moins profonds, à l’image du niveau qui les accueillait. Pour lever tout soupçon, elle demanda à Ren d’extraire trois livres sur le niveau inférieur au sien et d’y glisser la pile de Muku. Les livres s’incrustèrent sans dépasser.

* Son niveau est volontairement moins profond que les autres. *

« Tu y es ? Et ce n’est pas le seul, il y en a pleins d’autres. »

« J’ai passé ma nuit ici et je n’ai rien remarqué. »

« Aide moi, enlève tous ses livres ! » pointa-il du doigts une série de bouquins sur ce fameux niveau.

L’étage fut en partie vidée. A chaque extrémité de cet espace vide se trouvaient deux fissures identiques dans la roche. A les voir seules, impossible de comprendre, mais place nette étant faite et avec un œil averti, elles prennent de suite l’image de serrures activant un mécanisme.

« Tiens, prends cette partie et insère là. » indiqua Ren en scindant en deux son pendentif.

En même temps, ils tournèrent la clef en laiton dans la serrure de pierre. A cet instant, un mécanisme métallique s’enclencha et la paroi du fond se déchaussa. Avec précaution, le gardien la coucha en avant, dévoilant une ingénieuse cachette. Le trésor se dévoila enfin sous les yeux ébahis de la jeune Muku. Dans ce double fond, les prédécesseurs de Ren enfouirent une partie des œuvres interdites.

« Voilà où sont passés les Kages manquant ! »

« C’est incroyable ! Mais comment ont-ils fait ? »

« Lorsqu’on l’a obligé à brûler les livres dérangeants, le conservateur de l’époque, conscient de ce qu’on lui demandait, sacrifia à la place d’autres œuvres de moindre envergure. »

« Mais les autorités ne sont pas dupes, elles ont certainement vérifié qu’ils détruisaient les bons ? »

« Evidemment idiote ! Et à l’époque ces cachettes n’existaient pas. Il a simplement échangé les couvertures et replacé les faux livres à leur place. Il a transmis chaque emplacement au gardien suivant qui a imaginé ce dispositif. Puis le suivant l’a créé et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Je suis le gardien de ce trésor. »

Emue, Muku ne dit rien et se contenta d’une larme pleine de sincérité et d’admiration.

« TAP TAP TAP, Ren tu dors ou quoi ? » s’excita le premier client de la journée, derrière les portes closes.

« Merde, je n’ai pas vu l’heure, rangeons tout ça. »

Le duo uni par le secret referma le coffre et remit tout en ordre. En passant devant son bureau pour accéder aux portes, Ren sortit de son tiroir l’ordre de mission qu’il tamponna.

« Tiens, ta mission est validée. » sourit-il, heureux du dénouement de cette mission.

« Merci… » se contenta Muku.

« Reviens me voir petite, ton apprentissage ne fait que commencer. »
Senbaru Muku
(#)Dim 18 Avr - 17:21
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