Ainsi, il était question de deux missions : l’une d’escorte, tandis que la seconde, celle à laquelle j’allais prendre part, concernait l’enquête sur la disparition de la relique du temple de Susanoo. Pour le coup, je comprenais mieux pourquoi la Raikage avait mobilisé autant de monde. Ainsi donc, les trois jeunes demoiselles et la moine prendront part à la première mission, tandis qu’Itoe, le dénommé Juro et moi allions prendre part à la seconde. Je ne connaissais pas suffisamment les autres pour dire si la répartition était bonne ou non, mais la Seika savait ce qu’elle faisait, il fallait simplement lui faire confiance.

De mon côté, je roulais rapidement des yeux pour observer nos jeunes pousses, tout en m’empiffrant tranquillement de mes chips. La Raikage poursuivit quant à elle son discours, mobilisant et encourageant ses troupes. Puis, sans perdre plus de temps, elle impulsa immédiatement le mouvement en direction du temple. Je rangeai naturellement mon paquet de chips et j’emboitai le pas derrière. Juro fit de même, et ainsi nous nous éloignâmes rapidement des portes des cieux.

Soudain, durant le trajet, la Raikage prit la parole et voulait qu’on fasse rapidement le point sur les capacités de chacun. J’avais quelques idées sur les siennes, notamment grâce aux rapports de mission et des rumeurs à la suite des affrontements pour la libération des galeries souterraines. Elle aussi devait désormais avoir une idée sur l’étendue de mes capacités, y compris ma maîtrise de l’espace que je n’avais pas signalé aux autorités à mon arrivée au village. Cependant, concernant Juro, je ne savais pas grand-chose, mais j’imaginais que ce n’était désormais plus qu’une question de secondes.

« … Eh bien, me concernant, disons que je manie assez bien l’épée et j’ai quelques connaissances poussées dans l’art du Fuinjutsu. De manière générale, je suis plutôt bon en soutien. » Glissai-je, lorsqu’Itoe nous donna la parole.

Je tournai légèrement la tête pour regarder et écouter le Genin. Pendant ce temps, notre voyage se passait sans encombre, on venait même de dépasser le mont Aratsumi. Il nous restait encore probablement deux, voire trois heures avant d’atteindre notre destination. Ça aura été rapide, c’était le moins qu’on puisse dire. En même temps, ce n’était pas très étonnant, vu le rythme fou que nous imposait la Raikage.

« Alors, qu’est-ce que tu penses de cette histoire de relique volée, toi, fiston ? » Finis-je par glisser à l’égard de Juro.

Peut-être qu’il s’était déjà fait plein de scenario en tête et qu’il était très excité de voir ce qu’il en était concrètement. Dans tous les cas, je le voulais chaud et motivé pour cette mission, alors lui parler c’était peut-être un bon début pour remplir cet objectif.

On s’efforçait de maintenir le même rythme, jusqu’à ce que finalement le toit du temple de Susanoo se profile à l’horizon. On avait encore un peu de chemin à faire, mais nous pouvions dire que nous n’étions plus trop loin par rapport à la distance parcourue jusqu’à présent. La Raikage jugea alors bon de nous rappeler que nous ne lésinerons sur aucun moyen pour parvenir à nos fins. Pour ma part, cela ne devrait pas poser de problème, loin de là, après tout c'était ainsi que je procédais autrefois, même si j’avais tendance, surtout depuis la mort de mon épouse, à privilégier la discussion. Après, là il était question d'un vol, ce n'était pas comme si les responsables allaient nous remettre la relique et se rendre sans faire d'histoire. Mais ma foi, si on nous ne laissait pas le choix, on fera ce qui devra être fait pour atteindre notre objectif. Aussi, je ne manquais pas de hocher légèrement la tête en guise d’approbation.  

« On fera ce qui doit être fait, n’est-ce pas, Juro ? » Glissai-je, en regardant le Genin d’un fin sourire.

Rapidement, les contours du temple se dessinaient à l’horizon. Encore quelques minutes et nous arriverons à destination…

Juro nous confia qu’il était plus orienté en taijutsu et maîtrisait également le raiton, dont il s’en servait principalement pour renforcer ses techniques. Ce qui était plutôt pas mal, cela faisait en effet de lui un adversaire dangereux, surtout en combat rapproché, c’était donc plutôt bon pour notre petite équipe.

Quelques temps plus tard, je profitai du calme pour m’adresser au Genin et m'enquérir de ce qu'il pensait du vol de la fameuse relique. Il devait probablement avoir un avis sur la question, ou au pire des interrogations, comme nous tous. Et comme je m’y attendais, sa réponse démontrait une certaine réflexion. Cependant, en l’absence de renseignements fiables pour comprendre l’affaire, le jeune homme préférait se focaliser sur la priorité, à savoir retrouver la relique. Pour cela, il nous fallait commencer par trouver un début de piste, d’où notre voyage vers le temple de Susanoo. Petit sourire aux lèvres, je restais tout aussi confiant que notre Genin, du moins en ce qui concernait le début de piste. Pour le reste, nous verrons le moment venu...

Enfin, le voyage se poursuivait, toujours sans encombre, tandis que la Raikage nous avertissait qu’on ne lésinera sur aucun moyen pour atteindre notre objectif. Cela allait de soi pour moi, et j’imaginais que c’était aussi le cas pour Juro, à qui je ne manquais pas de demander une petite confirmation. C’était alors avec un large sourire aux lèvres qu’il nous témoigna sa détermination et sa confiance quant à la réussite de la mission.

« Bien parlé ! » Glissai-je, léger sourire aux lèvres.

Rapidement, nos regards se posaient sur le temple de Susanoo qui se profilait à l’horizon. Toujours aussi magnifique. Toujours aussi mystique. Quelques interrogations me traversaient l’esprit, alors que nous parcourions le maigre trajet restant. Nous arrivâmes finalement devant les longues marches qui menait au cœur du temple. Quelques personnes étaient visiblement présentes sur les côtés. Si d’aucuns paraissaient bienveillants ou neutres, d’autres semblaient quelque peu hostiles à notre égard. C’était à ne rien comprendre. Oui, pourquoi se méfiaient-ils de nous ? Qu’est-ce qui avait bien pu se passer pour qu’ils se mettent à déblatérer de telles sottises ? Il s’était forcément passé quelque chose durant mon absence, ou peut-être même avant ?

Peu importait.
Toujours la capuche au-dessus de la tête, je posais mon regard perçant sur quelques-uns des individus hostiles, les observant avec une certaine curiosité... Puis, je réalisai qu'ils étaient d’un ennuie… je ne pus m’empêcher de bailler ; trouveraient-ils quelque chose à me reprocher pour ça aussi ? Ou étaient-ils trop focalisés sur la personne de la Raikage ? En parlant d’elle, si elle parut calme au début, elle avait fini par s’arrêter et s’adresser à la foule. Je doutais que cela change quoique ce soit à la situation, mais elle fit de son mieux pour dissiper ce malentendu et exposer clairement nos intentions. Restait à voir si ces gens qui nous prêtaient toutes sortes d’intentions, sur la base, à priori, de simples rumeurs ou fausses croyances, changeraient d’avis. Personnellement, j’en doutais, mais je scrutais toute de même leur réaction pour voir ce qu’il en était concrètement.

« Il s’est passé quelque chose de particulier durant mon absence ? » Finis-je par demander à la Raikage, à voix basse.

Cela m’étonnerait, puisqu’elle-même paraissait surprise. Dans tous les cas, nous reprîmes notre ascension et atteignîmes quelques instants plus tard le sommet. Il ne restait plus qu’à trouver le maître des lieux…  

Comme je m’y attendais, le discours de la Raikage n’avait pas trouvé écho auprès de la foule mécontente. D’aucuns se montraient même plus virulents, c’était comme s’ils en voulaient personnellement à la Seika, en plus de leur hostilité à l’égard de nous autres ninjas. C’était étrange, car c’était bien la première fois que je voyais des civils se montrer aussi ouvertement critiques et hostiles à l’égard de Kumo.

Aussi, on pouvait légitimement se demander si ce sentiment était partagé par tous les habitants de Kaminari ou si c’était propre aux fidèles du temple de Susanoo. Et évidemment l’autre interrogation c’était de savoir pourquoi. Oui, pour quelle raison le peuple ou une portion du peuple nous en vaudrait-il ?

Pour l’heure, je n’avais pas vraiment la réponse, mais à entendre la Raikage ce serait sur la base de simples rumeurs selon lesquels on ne prendrait pas soins des nôtres. Etrange. Bien que je ne sois pas un ardent défenseur des shinobis, même si ironiquement je faisais aujourd’hui partie des leurs, sur ce coup-ci, je trouvais le peuple bien sot et ingrat, ce qui en soi n’était pas une première. Bref, il faudrait sans doute creuser et comprendre ces rumeurs pour mieux anticiper et prévenir les réactions de ce genre. Cela éviterait aussi que la situation s’envenime et que nous soyons pris au dépourvu. Toutefois, pour l’heure, d’abord la mission…

« Etrange, néanmoins ne vous laissez point affecter. Nous tirerons cela au clair, le moment venu. » Finis-je par glisser, d'un ton clair et calme, tandis que nous poursuivons notre ascension.

J’imaginais que ce ne devait pas être simple de ne pas se laisser affecter par la situation, surtout pour Itoe qui n’avait cessé d’œuvrer dans l’intérêt des siens depuis la réouverture du village et prouver à maintes reprises qu'elle était digne de son rôle. Mais, hélas, le poste de Raikage était ingrat, il fallait qu’elle apprenne simplement à faire avec.

Quoi qu’il en fût, nous arrivâmes assez rapidement au sommet, où visiblement de nombreux fidèles étaient en train de se disputer avec des moines. Si les raisons me parurent, au début, pas évidentes, je réalisai rapidement que les moines tenaient en réalité les fidèles à distance, comme s’ils leur refusaient l’entrée du temple. Ce qui avait tendance à agacer les pèlerins, et encore plus lorsqu’ils nous voyaient passer et accueilli par les moines. En l’occurrence, ils ne manquèrent pas de nous conspuer pour accentuer leurs colère, ce qui, en d’autres circonstances, m’aurait bien fait sourire.

Quoi qu'il en fût, nous nous dirigeâmes vers l’entrée du temple, avant de pénétrer dans l’immense et magnifique hall qui conduisait au cœur du sanctuaire, sans tenir compte de la colère de la foule. Espérons seulement que les choses ne dégénèrent pas à l’extérieur.

Enfin, rapidement, nous fûmes accueillis par un vieil homme au front dégarni, sans doute le maître des lieux, qui semblait bien soulagé de nous voir. Itoe ne manqua pas d’entrer directement dans le vif du sujet, tandis que de mon côté je retirai ma capuche et laissai mon regard se perdre quelques instants dans la pièce.

« … Parlez nous aussi de ce qui se passe à l’extérieur, j’imagine que ce n’est pas sans lien avec le vol de la relique ? » Glissai-je, en rabattant mes pupilles sur le moine.

Ce serait sans doute mieux pour nous que tout soit lié au vol de la relique, mais quelque chose me disait que c’était plus complexe que ça…

Le moine ne perdit pas de temps pour répondre à nos interrogations. En effet, il se prononça d’abord au sujet de l’ambiance général, qui, selon lui, avait commencé à se dégrader depuis plusieurs mois. Il enchaîna en nous confiant que les gens n’avaient plus confiance en Kaminari et son seigneur ni à la cité de Kumo. En l’occurrence, la réaction des civils à l’extérieur n’était pas simplement destinée à la Raikage, loin de là. Naturellement, ces informations, si elles s’avéraient être vraies, n’étaient guères réjouissantes et faisaient pour ainsi dire redouter le pire. Si personnellement j’avais eu un peu de mal à comprendre comment les choses avaient pu autant se dégrader sans qu’on le sache à Kumo, les explications du vieil homme me permirent néanmoins d’entrevoir un semblant d’explication logique. Cependant, pour l’heure, je préférais ne pas me prononcer et garder mes réflexions pour moi-même.

« Je vois. »

J’affichais un air relativement neutre, alors que nous suivons le moine vers le fond du hall. J’imaginais qu’il allait désormais nous parler de cette mystérieuse relique volée. Visiblement, non, pas encore. En effet, le vieil homme nous relata un autre fait pour le moins curieux. Apparemment, ils avaient reçu la visite d’une milice privée qui prétendait faire régner l’ordre dans le région. Rien que ça. Pire, les gens connaissaient apparemment cette milice et semblaient l’apprécier. Si, à titre personnel, cela ne me faisait ni chaud ni froid, j’imaginais néanmoins que cela devait être très perturbant pour la Raikage dont le rôle était d’assurer l’ordre et la sécurité de Kumo et de Kaminari, en collaboration avec l’armée de Daïmyo.

Voilà probablement une des raisons pour lesquelles je ne pourrais jamais accepter d’être le chef d’un village ou d’un pays. En effet, c’est trop de responsabilité, trop de choses qui vous échappent et ce même si vous faites tout pour garder le contrôle. C’était sans doute la raison pour laquelle je plaignais la Raikage, qui, en choisissant cette voie, avait définitivement tirer un trait sur sa jeunesse et sur son bonheur. C’était la voie qu’elle sait choisi. Triste mais pas moins admirable. Heureusement, elle pouvait compter sur ses soldats et sur moi pour tenter de comprendre et de résoudre cette crise.

Pour cela, il nous fallait en connaître plus sur cette fameuse milice qui manipulait à priori le peuple. Le vieil homme nous fourni un début de piste, à savoir le nom de la milice. Bien qu’il ne me dît pas grand-chose, je m’efforçai de le garder dans un coin de ma tête, tout en restant à l’écoute du moine. C’était là qu’il nous apprit que les membres de cette fameuse milice portaient un brassard avec un espèce de croissant de lune. Mon regard se tourna naturellement vers la Raikage. Le Jinsei ! Cela ne faisait pas l'ombre d'un doute. Intéressant, très intéressait, songeais-je, tandis qu’on s’avançait, avant de s’arrêter devant ce qui ressemblait à un grand autel vide.

Arriva alors le moment de parler de cette mystérieuse relique. Selon le moine, il s’agissait d’une création datant de plusieurs siècles et il ignorait tout de la manière dont elle avait été dérobée. C’était curieux. Alors que je m’apprêtais à l’interroger, il m’arrêta finalement dans mon élan en nous montrant une photo de la relique volée. La ressemblance avec la statuette que la moniale exhibait à son arrivée aux portes des cieux était frappante. Il n’y avait aucun l’ombre d’un doute, c’était exactement le même objet, pourtant ce n’était pas comme si j’avais accordé une attention particulière à cette statuette.

« Quel est le nom de l’émissaire que vous avez envoyé à Kumo ? » Fis-je, alors que la Raikage donnait l’identité déclinée par la moniale et demandait au moine si ce nom lui disait quelque chose.

Le moine semblait réfléchir, peut-être même qu’il hésitait, allez savoir, alors que pendant ce temps nos Genins semblaient courir un grand danger. Finalement, il s’exprima, déclarant que le nom de Kuroi Souhei ne lui disait rien. Peut-être qu’elle était connue sous un autre nom par les moines ? Ce qui expliquerait naturellement bien des choses, notamment la facilité avec laquelle elle avait pu dérober cette relique. A moins que…

« Pouvez-vous me rappeler l’objet de la mission de votre émissaire à Houryou ? » Demandai-je, d’un air inquisiteur.

Juste histoire d'être sûr...

« Excusez-nous, mais nous devons partir immédiatement. Tâchez de discuter avec vos fidèles, entretenez le dialogue jusqu’à ce que nous revenions vers vous. » Glissai-je, avant de tourner mon regard vers la Raikage et Juro.

Je leur laissai le soin d’ajouter ce qu’ils veulent, avant de me diriger vers la sortie et de prendre la route pour Houryou...