Cela faisait maintenant une année que la Tegami occupait ce poste au sein du nouveau Suna. Sur le papier ce dont lui avait parlé la Daimyô lui était apparu bien plus intéressant que ça... En effet, on lui avait dit qu'il y aurait de l'action, mais pas que; certes... Mais de là à se retrouver plus souvent à écouter des plaintes qu'à faire un boulot de Shinobi; c'était assez loin de vendre du rêve.

Même la prison de Minami lui sembla plus... drôle ? Pas qu'elle appréciait cet endroit, cette cellule humide et encore les codétenus ni mêmes les matons; mais à moins elle trouvait par moment le temps de s'amuser entre une bagarre et un interrogatoire. Là, c'était du sérieux. Elle devait faire ce qu'on lui demandait, ni plus ni moins quoiqu'avec une certaine marge de manœuvre.

Et son village natal, même s'il était plein de dégénérés commençait à lui manquer. Ou, était-ce plutôt ce sentiment de chaos comme elle avait pu ressentir à Minami ? Difficile à déterminer. La seule chose qui lui plaisait le plus ici, était sûrement qu'on la reconnaissait. Hazure aimait être reconnue, mais préférait être redoutée et... Plus le temps passait moins on la craignait, ou pas de la bonne façon tout au moins.

En plus, ne plus avoir à voler, c'était sûrement le pire. Parce que la Shodaime n'est pas une cleptomane de base; elle volait uniquement car c'était son métier et qu'elle aimait son métier. Enfin... La vie à Suna était dur pour elle. Très dur. L'ordre, l'autorité... même elle n'arrivait à les briser ou au moins les agiter ne serait-ce qu'un peu. Et malheureusement, elle en était un genre d'incarnation.

Alors voir ces marchandises sur les étales sous les arches du district dédié au commerce et savoir qu'elle pouvait se les payer et que, si elle se servait; on l'ajoutait directement à sa "note"... C'était un immense... pincement au cœur, pour elle ? Mais pas moins que ces courbettes hypocrites -ou pas- destinées à attirer sa générosité ou plutôt celle de sa bourse...

-Garde ta camelote, ça m'a l'air d'être vraiment... d'la merde. En se penchant sur le marchand et son attirail de babioles brillantes. Je vois que ça a aucune valeur, c'est de la bubuse, et t'as vu le prix ? T'essayes d'arnaquer qui là ?
-Oh ! Désolé Kazekage-sama je ne voulais pas vous duper !
-Ha ! moi non, mais les autres ? Ouais ça te pose pas de problème ? Avait-elle dit attrapant un bracelet, une breloque visiblement en toc. Tu sais ce qui ce passe avec les arnaqueurs ici ? On les interdit de séjour pendant un mois. P'tain c'te blague... Chez moi là d'où je viens... On les banni de la vie.

Elle observa un instant autour d'elle, elle savait qu'un genin, un chûnin ou autre chose se promenait dans le coin... Forcément. Elle voulait voir si y en avait un plus rapide que les autres qui interviendrait...

-Essayer de me voler... c'est la meilleure... se marre-t-elle. Y a un mec à jeter dans le désert ! Quelqu'un pour accomplir son devoir ici ou je dois tout me taper toute seule ?! N'hésite-t-elle pas à lancer au milieu de la foule dont les regards ne prirent qu'une demie seconde à se tourner vers elle avant de reprendre leurs positions initiales. Ils étaient trop habitués à elle visiblement.

Rapidement, c'était inespéré, un des ninjas de Suna intervint; ou tout au moins ce qui devait en être un. Hazure la dévisagea de haut en bas en arquant un sourcil, un sourire en coin. Il y avait de nombreuses pensées qui lui traversaient la tête...

-Oh... J'savais pas qu'on recrutait des danseuses à Suna... Dit-elle en y pensant un instant. C'était elle qui validait la plupart des dossiers et autorisait les promotions... Hm... Et tu comptes le jeter dans le désert ensuite, Ayane ? Parce que j'me souviens pas avoir laissé le choix. Elle pose le regard un sur le marchand à la sauvette.  

On l'avait briefé sur ce qu'elle aurait à faire en tant que Kazekage et Sunajin; il y a un an de cela. Et c'était à peu prés ces "conseils" qu'elle mettait en œuvre. Réprimander et punir les contrevenants. Seulement, on ne lui avait pas dit dans quelle mesure alors elle improvisait; la justice, la justesse et elle étaient loin de faire un.

Pour Hazure, le vol était l'un des pires méfaits; enfin entre voleurs tout au moins, et l'arnaque en faisait partie. Alors, il devait y avoir sanction exemplaire.

-Ah moins que t'ais une objection ? La défiant du regard. Elle allait voir si cette genin qui avait avec elle en commun le nom d'un clan qu'elle n'avait jamais connu, était plutôt une exécutante ou autre chose. Hazure avait toujours été une receveuse d'ordre; et si aujourd'hui elle pouvait en donner... elle pouvait aussi en recevoir; de la Daimyô.

Mais aussi, elle voulait plus que tout voir que toit étaient faits tous ces Sunajin. Arrivaient-ils à la cheville de ses anciens collègues ?

-T'inquiètes toi le marchand, ton cas s'ra bientôt réglé. Sourit-elle, malaisante.

Hazure l'observe, la jauge; comme elle le fait avec tout le monde. Elle se demande si la Tegami, très probable cousine; lui fait ces propositions pour aller dans son sens, ou parce qu'elle fonctionne ainsi. Est-elle sans pitié, ou veut-elle simplement accomplir son devoir de Kunoichi, bien qu'elle ne soit pas, visiblement, en service ? Hazure s'interroge quelques secondes et s'esclaffe.

-Haha... Bien répondu, mais j't'ai demandé si t'avais une objection, pas si tu avais une idée. Lui lance-t-elle sans ménagement. Cela dit, la confiscation en est une bonne, plus un point pour toi. Esquisse-t-elle un sourire le regard maintenant posé sur le marchand palissant de seconde en seconde. Mais, on n'est ni des barbares, ni à Junapura. Elle se souvient de ce que lui avait dit celle qui l'avait conduit à devenir la patronne de ce village. Et je vais pas mettre un type en prison pour ça, ni l'enterrer non plus. Un point en moins pour toi.

Une touche de compassion ? Peut-être, peut-être pas. Il y avait plus odieux comme crime et vendre de la contrefaçon... ce n'était pas celui du siècle. "Ayez un peu de jugement, et de raisonnement, vous n'êtes plus une criminelle". C'est cette phrase que lui avait dit la Moniale, et à laquelle elle avait acquiescé. Mais, c'est clair qu'ailleurs qu'à Suna... Son sort aurait été moins réjouissant.

-Ayane, vas chercher quelqu'un pour "confisquer" ces marchandises. Nous le conduirons aux portes du village ensuite. Reprit-elle en fixant la jeune femme un instant avant de se réintéresser au marchand frauduleux. Quelque chose à dire pour votre défense ? Lui demande-t-elle sur un ton étrangement aimable.
-Eh... euh, oui je..
-Rien à dire, c'est bien ce que je pensais. Elle se tourne vers la jeune femme au crin violacé. Alors ? T'attends quoi ?! Au boulot !

L'efficacité... Il fallait que tout soit efficace avec Hazure, et que tout le monde sache ce qu'il a à faire, à quel moment, et réactivement. Sans doute une déformation "professionnelle" issue de son ancien cadre de vie qui demandait à ce que tout soit paramétré et concorde pile poil ! Et, pour elle il y avait un peu de boulot à Suna, à ce niveau.

Son regard las resté fixé sur le marchand tout le temps qu'Ayane s'absente, ne retrouva son étincelle que lorsque cette dernière fut de retour avec de eux de ses collègues. Elle les observa faire ce pourquoi ils avaient été appelés et lorsqu'ils eurent terminés; Hazure reprit la parole. Le marchand sous la bonne garde de la Tegami semblait déconfit. C'était un peu ce tous les arnaqueurs, voleurs et autres petits criminels ressentaient dans pareille situation. Pris la main dans le sac.

-Aux yeux de Kaze, ce n'est qu'un délit; alors t'inquiètes, il t'arrivera certainement rien, pas aujourd'hui. Lui dit-elle alors qu'ils avaient entamé leur marche vers le Canyon d'Ocres; la porte principale menant au village. Par contre j'aimerai bien savoir un truc, qui te fournit ton matos ? Tu le fabriques pas tout seul. Et me la fait pas à l'envers, je connais le milieu. Lui sourit-elle "diplomatiquement". Et fais pas genre que tu peux pas parler parce qu' "on" te menace.
-Je... Je ne sais pas.

Hazure soupire en se frottant l'avant du crâne avant d'asséner une claque sur l'arrière de celui du marchand.

-Je ne vais pas me répéter. Dit-elle tout à coup très sérieusement. D'ici on pouvait voir le haut du Canyon. J'essaye d'être... Sympa. Un soupir. Tu vois Ayane, on va le relâcher dans le désert, mais je n'ai pas dit d'où; ça peut être du bout du Canyon, ou de son sommet. Hausse-t-elle les épaules. Je ne suis pas la Daimyô, j'suis pas habitée de la même clémence. Alors, parle; c'est dans ton intérêt.

Elle se tait, et le laisse parler. C'est un visage qu'on ne lui connait pas, et pourtant c'est son vrai visage. Ce n'est pas son comportement ou ses cambriolages qui ont fait sa renommée en tant que criminelle de Junapura ces 27 dernières années; mais sa capacité à n'éprouver aucun remord ni aucune considération pour les apparences; bien qu'il lui faille parfois ménager un peu les esprits.

Hazure reconnaissait bien là la façon de faire des Tegami, toujours dans marchandage, l'échange de procédé et le compromis. Mais elle soupçonnait qu'Ayane dut se douter que concernant son matériel saisi, c'était une affaire pliée et qu'il ne récupérerait rien. Qu'elle le laisse sous-entendre ne dérangeait pas Hazure, il n'y avait pas besoin de dire la vérité ou d'être franc à toutes les occasions et encore moins lorsqu'il s'agissait d'atteindre un objectif précis.

Et le marchand frauduleux, lui, semblait avoir compris où se situait son intérêt. Comme beaucoup d'individus issus de prés ou de la loin de la criminalité Sunajine, il devait connaître le nom d'Hazure, il avait dû reconnaître son apparence si singulière. Il devait probablement savoir quelles prouesses on lui allouait, fussent elles vraies, ou fausses.

-Alors, t'as décidé ? Tu veux qu'on te jette dans le désert depuis la porte, ou depuis le rempart ? Demanda-t-elle sur un ton ferme alors que les deux Sunajines se trouvaient juste devant l'immense embouchure du Canyon d'Ocres.
-Après mûre réflexion... hum... haha... Tout ça vient de Junapura... Dit-il d'une voix légèrement apeurée.
-Oh, Junapura... Tu sais que je peux vérifier cette info ? Alors t'as pas intérêt...
-Oui oui je sais ! Je ne vous mens pas !

Elle le fixa un instant et rigola. Elle n'avait pas besoin d'en demander plus, elle le croyait. Ainsi elle fit un signe de la tête à sa comparse Tegami, et elles empruntèrent le long chemin entre les deux parois du Canyon. Ici l'air était plus frais, bien plus respirable que dans le désert ou le village. Puis, une fois que la lumière éclaira l'entrée du passage...

-Le délit que tu as commis aujourd'hui ne vaut pas une peine très lourde, en revanche, les habitants de Junapura ont interdiction de quitter Junapura et s'ils sont pris en dehors; ils peuvent être exécutés. Tu viens de Junapura ?
-Je-Je vous jure que non ! Je fais juste des affaires là-bas ! S'exclame-t-il aussitôt cette fois sans faire se répéter Hazure.
-Oh ! Je te crois... Tegami Ayane, si tu veux bien le libérer... Si jamais tu le revois à Suna, je te donne l'autorisation de l'éliminer.
Lui adresse-t-elle avec une normalité étonnante. A moins que tu ne penses qu'il est en train de mentir !

La jeune genin, enfin jeune, tout est relatif; n’était pas tombée dans le panneau. Hazure ne s’était de toute façon pas attendue à ce qu’elle considère le hors la loi du moment comme un menteur, et à fortiori ne l’exécute ici, elle restait dans le cadre de la « la loi ». Cela déplaisait-il à la Kazakage ? Ni plus ni moins qu’on pouvait l’imaginer. C’était Un acte juste de lui laisser la vie sauve pour un délit aussi mineur, à Suna tout au moins. On aurait presque pu croire à un geste de bonté de leur part, mais c’était mal connaître Hazure.

-Très bien ! C’est ton choix Ayane. Lui repondit-elle en scrutant l’arnaqueur s’éloigner dans le désert, sans doute réjouit, pour le moment, de la sentence qui avait été délivrée. Et tandis que le malfrat s’éloignait un peu plus jusqu’à disparaître derrière le sommet d’une petite dune, Hazure se retourna, reprenant la direction du village, faisant signe de la main à Ayane de la suivre. Elle avait entendu sa question, c’était assez rare qu’on l’interroge à propos de ce lieu.

Il y avait beaucoup à dire au sujet de Junapura, de façon peu ou pro objective. Là ou ceux ayant grandi à l’abri des personnes qui peuplaient un village comme Junapura le voyaient comme l’antre de la malfaisance de Kaze; elle, elle y voyait un endroit libre fonctionnant de manière très simple. Une place au bord de la mer où il était facile de vivre au final, si l’on n’avait pas peur de se salir un peu les mains...

-Junapura... commença-t-elle pensive alors qu’elles traversaient tranquillement le Canyon. N’est pas un lieu pour les gens « normaux ». Quelqu’un qui n’a pas appris à y vivre dès l’enfance ou n’étant pas rompu aux pratiques de ce monde s’y fera tuer. S’esclaffe-t-elle. Combien d’hommes et de femmes issues de tout bord avait-elle vu arriver dans village et s’en volatiliser sans laisser de trace ? Elle ne comptait plus. Ce village pouvait drainer toute moralité, séparer le sens commun de l’être humain, transformer un agneau en loup; et enfin tuer. Mais c’est un beau village sinon, presque une petite ville ! J’y ai passé de bons moments ! Autant que de mauvais, mais parler de ces mauvais moments qu’ils furent là-bas ou ailleurs, ne faisait pas partie de sa personnalité ou de son caractère. Elle avait appris à filtrer ce qu’elle voyait et endurait...

-Puisqu’on joue à question réponse, j’aimerai savoir une chose; qu’est ce qui t’a poussé à être Kunoichi de Suna ? Le clan, ou la Daimyo ? demande-t-elle finalement. Le temps qu’Hazure formule sa répons et sa question, les deux Sunajins avaient déjà parcouru quelques mètres, le bout du chemin entre les parois ocres n’était pas encore visible...

Une histoire relativement semblable à la sienne, à l'origine. Mais la suite était totalement différente, leur évolution aussi. Pour autant Hazure ne regrettait rien, ni n'avait de remords. Elle avait toujours était ainsi, avait toujours pensé de cette façon et même dès son plus jeune âge. Et comme elle, Ayane avait fait ses propres choix et fut soutenue par le clan. Tout ce qu'elle savait du clan, ou presque, elle l'avait appris de livres ou au cours d'échanges avec d'autres Tegami, à Suna.

-De toute façon, les clans participants à la vie de Suna n'ont pas vraiment le choix. Ils sont tous redevables des largesses de la Moniale. Haussait-elle les épaules en avançant toujours vers le village. C'est bien de faire ses propres choix ! S'exclame-t-elle ensuite. C'était même important à ses yeux, tant qu'ils n'étaient pas débiles... Enfin... Rien. Dit-elle simplement en lui jetant un regard. La Direction de Suna, c'est bien la seule chose que je n'ai pas pris dans ma vie hahahahaha. Rigole-t-elle plutôt bruyamment. Disons que certaines personnes me doivent certaines choses, enfin plus que je leur en dois surtout !

Bien sûr, l'histoire était un peu plus compliquée que ça mais en expliquer tous les ressorts aussi facilement n'était pas son genre. Après tout elle avait passé presque quatre ans dans les geôles de la prison de Minami sans livrer une seule information sur "les siens"; et plus de vingt ans entre Junapura et le reste de Kaze et de ses pays frontaliers. Cela-dit, elle restait lucide et savait très bien que tisser les liens entre des faits, des rumeurs et autres discussions, n'était pas impossible.

-Si tu tends l'oreille auprès du clan et que tu es vigilante; tu apprendras par toi même pourquoi je suis aujourd'hui la Shodaime Kazekage. Elle esquisse un sourire en l'observant. Plus loin, le bout du chemin apparaissait baignant son embouchure d'une vive lumière. Plus elles approchaient, et plus la chaleur se faisait sentir. Hazure aimait bien que les gens l'entourant cherchent par eux mêmes, de temps en temps. Bon, encore quelques secondes, et la session questions réponses sera terminée !