Descendre un peu plus au sud n’avait pas été une très bonne idée pour contempler autre chose que la misère du pays de l’eau. Chaque village avait sa petite déception à ajouter au lot quotidien d’infamie de ce lieu qui, aux yeux d’Utara commençait franchement à ressembler à une version torturée d’un purgatoire malsain. Elle avait même été jusqu’à s’imaginer que la situation serait meilleure sur les îles. En vérité elle le contemplait allègrement, la terreur s’emparait de tout ce qui n’était pas au centre névralgique. Elle n’avait jamais été particulièrement cultivée d’Histoire, cependant elle pouvait être certaine que ce pays avait vécu mieux, bien mieux et ce malgré les guerres.
Elle avait mis le cap sur l'île de Netami et son appétit l’avait conduite, après quelques recherches infructueuses de villages, en forêt ou un calme épidermique, signe de danger, planait. D’un coup d’oeil la femme scruta les cîmes, ses oreilles attentives aux chants, mais aucun oiseau, pas même un rapace ne faisait l’ombre d’une note, même lugubre. C’était évidemment mauvais signe, seules les présences humaines ou les gros prédateurs font fuir la faune. Aucun arbre ne semblait avoir servi à un ours, pas de boule de pelage dans les buissons ou dans les branches, il ne restait qu’un coupable éventuel. Un mouvement, tout d’abord furtif puis tour à tour vif et invisible. Quelqu’un courrait dans le maquis, un chargement sur l’épaule et un arc, fil attaché, dans la main. Probablement un chasseur, ceci dit, il n’avait pas l’air de faire attention a ses déplacements et c’est quand elle aperçut une flèche fichée dans le chargement de l’individu qu’elle découvrit le tableau dans son intégralité.
Sans perdre un instant, Utara sauta, s'agrippa à une branche et balança son corps en hauteur. Là haut, elle décrocha sa cape pour la retourner, s’assurant que le côté noir dissimulerait bien plus son corps avant de rabattre la capuche sur son visage et son regard sur la scène. Elle vît du mouvement, mais trop de feuillage bloquait son champ de vision, elle n’aperçut pas le ou les poursuivants, son ouïe ne lui apporta pas plus de détails. Quelqu’un fouillait dans des fourrés, puis repartait dans l’autre sens.
Le calme revint, mais dans la tête de la blonde les questions défilaient. Elle devait en savoir plus, et pour cela, une option était sans doute plus aisée d’accès. Elle nota mentalement les repères de cette scène, puis progressa lentement, d’arbres en arbres, suivant la piste que le chasseur pratiquait en rabattant des branches.
Son parcours se faisait de plus en plus sinueux, divergent, presque erratique. Probablement une tentative pour déconcerter ses poursuivants sans savoir qu’ils avaient lâchés prise. Il n’y avait aucune tâche de sang, au moins Utara pouvait-elle espérer qu’il ne soit pas blessé. Les premiers soins n’étaient pas son point fort et les gens avaient tendance à être bien plus irritables lorsqu’ils n’étaient pas au meilleur de leur forme. La trace s'arrêtait brusquement, sans plus de signes, sans fourrés pliés, coupée dans son élan par un court d’eau.
C’était habile, une technique que tout bon chasseur connaît, mais habile tout de même. Rester ici serait une perte de temps à moins que le ou les poursuivants reprennent sa piste et qu’Utara les attendent bien sagement en espérant les revoir. Il fallait prendre une décision, amont ou aval. La jeune femme marqua sa pause, scrutant les deux voies. La remontée était dangereuse, la descente aisée, mais le courant pouvait s’accentuer en bas. Prendre les chemins de l’eau c’était dangereux pour de nombreuses raisons. L’humidité tue, les glissades aussi et les rochers n’aident en rien.
Jusque là il ou elle avait été bon chasseur, n’avait raté aucune occasion de masquer une trace sur ses derniers agissements. Cet individu savait qu’il y avait une rivière, il connaissait le coin. Alors l’instinct d’Utara lui dictait de remonter le cours de celle-ci. Elle ne connaissait pas l’endroit, mais un sentiment lui disait qu’il choisirait un risque de plus à parier sur sa survie.
Cela faisait longtemps. Bientôt deux ans, jour pour jour, qu'elle avait posée un pied sur l'île de Netami. La native de l'île avait des souvenirs douloureux de la dernière fois où elle avait été là. Pressés et désorganisés par l'attaque soudaine, ils avaient du tous fuir le plus vite possible. Une partie était restée en groupe malgré la panique et les autres s'étaient sauvés chacun de leur côté. Bien qu'agressé brutalement et ayant subit des pertes, c'est bien le groupe qui avait réussit à s'en tirer le mieux. Il était évident qu'il était composé du plus grand nombre de personnes hardies ou maitrisant les arts ninjas alors sur place qui s'assuraient que les civils soient rapatriés les premiers. Ceux ayant donc fait le choix de se regrouper car ils l'avaient put possédaient donc plus de chance d'avoir un moyen de sortir de l'île. Ceux s'étant éparpillés au contraire devenaient des proies isolées et faciles pour la vague criminelle. Le chaos alors sur place avait coupés leurs possibles retraites dans la majorité des cas. Il restait bien évidemment quelques petites embarcations ça et là mais le plus grand nombre avaient du faire face à leur sort, celui d'une bête écartée du troupeau et absolument pas préparée à la menace existante et présente.
Des centaines et centaines de personnes avaient perdues la vie ce jour-là. Cette période avait été très sombre et Yūsei était heureuse qu'elle soit enfin terminée, même si les souvenirs resteraient à vie. Quelques ennemis avaient fait partie intégrante du nombre de morts ce jour-ci, mais la majeure partie était composé des natifs de l'île. Et quelques uns de ceux qui s'étaient rassemblés pour aider les plus faibles à survivre. La Mujitsuame avait perdu nombre de gens qu'elle connaissait depuis son plus jeune âge. Et le premier pied posé sur la terre ferme lui avait envoyé une vague de frissons parcourir son corps en entier. C'était dur, d'être ici. Mais ce serait impensable de repartir sans rien faire. Il fallait bien que quelqu'un aide ces pauvres gens. Peut-être aurait elle du soutien sur place, quelqu'un s'était peut-être chargé d'aider les âmes égarées et éparpillées ça et là ? Ou peut-être que personne n'avait rien fait. C'était une île fantôme qui se présentait à elle. Le transport qu'elle avait prise n'avait pas tardé à quitter l'endroit et elle était de nouveau seule, avec son gros sac. Mais pas de temps à perdre. Elle allait devoir passer dans les nombreuses ruines, prendre compte de la situation actuelle et de ce qu'elle allait devoir faire pour aider l'île en elle-même.
La kunoichi s'exécuta donc et rencontra après une bonne heure de marche et de recherche quelqu'un. Une femme, plus précisément. Yūsei avait été d'abord regardée intensément, de haut en bas, comme une sorte d'analyse. Et bien vite la silhouette féminine décidait de quitter l'endroit sans dire un mot, prenant une direction loin de là où se trouvait l'Assimilatrice. Cette dernière la rattrapa rapidement au travers des bois et se présenta succinctement en gardant un ton de voix bas tellement les alentours étaient silencieusement oppressants.
- Hey, attendez. Je me prénomme Yūsei Mujitsuame, fille d'Ikutaka et Kazuha. Je suis née ici, et j'étais là lors de l'attaque. Je viens pour vous aider, vous pouvez me faire confiance. Comment est-ce que vous vous appelez ? J'ai un peu de nourriture sur moi, si ça peut vous aider.
La dame plus âgée fronça les sourcils, un peu moins grande que la kunoichi et habillée d'habits de fortune. Elle avait cousue des tissus verdâtres en plus de ce qu'elle avait sur ses vêtements sombres pour se fondre dans la forêt en elle-même. Puis, celle qui il y a quelques secondes fuyait prit le visage de la jeune fille entre ses mains. Sa voix sortit alors d'entre ses lèvres alors que ses yeux scrutaient le visage de la demoiselle et saisissait un bout de sa chevelure.
- Yūsei ? Celle même qui est allée à Genjikyouren ? C-c'est bien toi ? Ne restons pas ici ma petite, suis-moi et fais attention aux alentours, je vais t'expliquer.
La médecin suivit donc la dame qui se présenta en cours de route comme Mashiro. La Mujitsuame ne la connaissait pas personnellement mais elles avaient des relations en commun. Enfin, avaient eût. Comme l'expliqua la cinquantenaire, énormément de gens qui étaient restés sur place car n'ayant pas eût le temps et/ou de moyen de fuir avaient perdus la vie et tous les survivants devaient constamment se cacher, expliquant donc son attitude et sa tenue. Netami n'était plus rien de ce qu'elle était avant. Ruines et terreurs étaient les deux mots les plus appropriés pour qualifier ce bout de terre au jour d'aujourd'hui comme l'avait si bien dit celle qui guidait actuellement la jeune fille dans les bois.
Elle surveillait ses alentours, sur ses gardes. Et bientôt, Yūsei put entendre le bruit si familier de l'eau courant. Les deux figures féminines remontaient le courant visiblement et bientôt, arrivèrent à une sorte de hutte en bois probablement construite pour la chasse à la base.
Ils ne sont pas tous partis. Certains malfrats sont restés et nous tyrannisent. Ils persécutent, volent, et pire encore. Nous devons sans cesse nous cacher afin de pouvoir garder le plus de choses possibles. Je dis "nous" car on se sert les coudes entre survivants. Ca fait des mois que j'ai rencontré un homme, un chasseur. C'est lui qui sort souvent pour nous alimenter. Il est partit tout à l'heure mais il n'est toujours pas revenu. Allez rentre, on sera mieux à l'intérieur.
Dernière édition par Yūsei Mujitsuame le Sam 1 Mai - 22:05, édité 1 fois
En remontant la rivière, Utara pu finalement rattraper le fuyard. Il remontait lentement le courant, prenant soin de ne pas faire de mauvais pas. Elle pu également détailler un peu plus l’individu malgré ses habits épais. Il ne faisait probablement pas que chasser au vu de ses formes. Tout en muscles mais pas grand, il était dans la force de l’âge, probablement un peu plus vieux qu'elle, cela dit. Son arc était de plutôt bonne facture, ses habits prévus pour la furtivité. Son chargement était vide, probablement que les types qui l’avaient attaqué l’avaient également empêché de ramener quoi que ce soit.
Il s'arrêta soudainement, approcha une de ses mains de son carquois, il l’avait repérée. Méticuleusement, il encocha une flèche, scruta de son champ de vision périphérique les environs et Utara se leva sur sa branche. -Je ne compte pas vous faire de mal, si c’est ce dont vous avez peur. lâcha celle-ci en levant les mains.
Le chasseur se retourna et la visa sans bander son arc. -Qu’est ce que vous me voulez alors ? -Savoir ce qui se passe sur cette île, dans ce pays. J’ai cru comprendre qu’on vous pourchassait, les flèches dans votre chargement laissent suggérer que c’était des humains. Les questions viennent naturellement, qui, et pourquoi ? -J… -Vous pouvez baisser cet arc également, si j’avais voulu vous faire du mal vous seriez déjà mort.
L’homme baissa son arc, toujours légèrement tendu, mais se permit d’inspirer avant de soupirer. -Venez avec moi, peut-être que vous pouvez vous permettre de rester ici, mais ils pourraient me retrouver ici, grelottant et les pieds dans l’eau. Je n’ai pas vraiment envie de leur faire ce cadeau. -Comme tu veux.
Le chasseur replaça sa flèche dans son carquois, puis se retourna une fois encore pour remonter le courant petit à petit. Utara le suivit, sautant d’arbre en arbre, l’attendant patiemment, détaillant les derniers indices qu’elle pouvait dénicher sur l’homme. Ils arrivèrent à une cabane de chasse grossière, à l’air vaguement abandonnée, si ce n’était pour les voix à l’intérieur de celle-ci. Le chasseur n’avait pas l’air alerté, mais légèrement ennuyé. Il sortait de l’eau et Utara se lança à ses côtés avec délicatesse. Il eut presque surpris un instant, puis contourna lentement la hutte. -Mashiro-baasan, je suis de retour, à qui parlez-vous ? demanda le chasseur en retirant son chapeau.
Utara pus noter la beauté sérieuse du trentenaire bien entretenu, probablement qu’il ferait un maris fabuleux à une chanceuse. Elle enleva ensuite sa capuche et dégrafa sa cape, la pliant en deux pour la ceindre à sa taille avant de franchir la ligne de vision ou tout le monde pourrait la voir. Elle ne doutait pas qu’il s’agissait de villageois communs, légèrement démunis, si elle pouvait éviter de leurs faire peur avec une apparence d’encapée, ce serait pour le mieux. Elle inclina légèrement la tête devant les deux femmes hétéroclites. L’une était assez âgée, sans doute du même groupe que le chasseur, vu son accoutrement discret. L’autre était… Encapée ? Au temps pour elle. Cela ne lui disait rien qui vaille, mais bon elle n’avait pas l’air spécifiquement agressive, pas plus que la vieille n’était apeurée. Toutes deux avaient mis les pieds dans l’eau, sans doute étaient-elles arrivées avant eux.
Utara tappa sur l’épaule de l’homme avant de tirer sur la flèche enchâssée dans l’armature de son chargement pour la retirer. -Je peux avoir le fin mot de cette histoire ? Qui, quoi, où, comment ? -Pour faire court, personne ne peut s’installer ici, des bandits sévissent dans les environs, chaque fois que quelque chose s’organise, ils se précipitent dessus et saccagent tout. Alors chacun fait comme il peut, surtout qu’on sait pas combien ils sont ou si ils sont tous dans le même camp. -Ca n’est pas très productif. nota Utara en repensant à l’organisation dont elle avait elle-même fait partie. -Ils sont violents, mais pas particulièrement doués ou futés, sinon nous serions probablement tous morts depuis les premiers raids. répondit le chasseur. Désolée, Mashiro-baasan, je n’ai pas pu te ramener quoi que ce soit.
Répondit la vieille femme à son homologue masculin afin de répondre à son questionnement. Yūsei elle se plaça vers le fond de la pièce afin de pouvoir laisser de l'espace aux nouveaux arrivants, à l'entente du bruit à l'extérieur. Un homme d'abord, puis une femme à la peau basanée ensuite. Une blonde aux yeux verts clairs et avec une bonne carrure. L'homme avait lui encore plus de stature que la femme, il semblait plus imposant du moins. La kunoichi ne tarda pas à saisir les bords de sa capuche pour délicatement la laisser tomber en l'accompagnant jusqu'à la fin du mouvement, révélant son visage clair plus en détail. Elle répondit au signe de tête par le sien, incliné également et avec un léger sourire de bienvenue, accompagné de paroles.
- Bonjour. Vous êtes donc Rokujirō, c'est cela ? Enchantée, je me prénomme Yūsei, je suis native de l'île et je viens tout juste d'arriver. Et vous êtes ?
Demanda-t'elle à l'attention de celle qui accompagnait le chasseur. Elle n'avait pas été prévenue par Mashiro de cette présence féminine, et n'avait donc aucune idée de qui cela pouvait être. Elle ne lui semblait pas familière en tout cas, et le nombre de personnes a la peau basanée qu'elle connaissait natifs de Netami n'était pas si nombreux que cela, alors elle aurait logiquement pu s'en rappeler, non ? Mais non, décidément cette tête blonde ne lui disait rien du tout. En tout cas, cette dernière semblait avoir de bonnes intentions si elle se renseignait sur la situation actuelle. Enfin, ce n'était pas garantit cela dit mais pourquoi accompagner un homme à un autre groupe si elle lui voulait du mal ? Elle était armée, elle aurait pu tenter de l'intimider, non ? Yūsei pensait trop, et la conversation suivait son cours.
- Ce n'est pas grave Roku, la petite là est une ninja et elle vient pour nous aider alors on devrait enfin pouvoir riposter sérieusement. Hey, tu me dis que t'as rien pu me ramener mais c'est tout de même un beau spécimen la demoiselle. Vous venez pour visiter l'île ? Vous allez pas être déçue.
La médecin resta dans sa tenue anti-humidité assez rustre mais efficace et finit par prendre la parole, un air réfléchit et assez sérieux pour le notifier.
- Soyons modeste. Je suis formée aux arts ninjas et je les pratiquent, mais je ne sais pas ce que ces bandits en face savent faire. Est-ce qu'ils peuvent manipuler le chakra déjà ? Qu'est-ce que vous savez précisément sur eux et leur nombre ? Le plus d'information on aura, le mieux préparé on sera. Il va nous falloir un plan, et je compte sur votre connaissance des lieux et des menaces sur cela. Ca fait deux ans que je n'ai pas été ici et je n'avais pas pour habitude de parcourir la forêt alors je n'ai pas un savoir aussi grand que le vôtre sur les lieux. Il va aussi falloir réunir le plus de force possible. Rokujirō-san, vous dites qu'ils se ruent sur chaque chose qui s'organise, comment peuvent-ils être au courant à chaque fois ? Il va falloir faire changer les positions. On doit se regrouper, et/ou les prendre à part. Le but, c'est de frapper efficacement avec les informations que l'on a, et les prendre par surprise.
Dernière édition par Yūsei Mujitsuame le Mar 4 Mai - 23:46, édité 2 fois
La capuche de la fille tomba, Utara se permit de juger mentallement la “petite” maigrichonne aux cheveux bleus d’emblée. Elle lui rappelait un peu une de ses secondes, Pani, la belle qui s’était trouvé un idiot pour la protéger au péril de sa vie d’idiote, dont la beautée n’écrasait que de peu l’absurdité de son incapacitée à penser bouche close. Elle était jeune, et pleine d’entrain à la vue de son sourire. On venait de dire que le monde allait mal, mais elle avait de l’allégresse à revendre avec son visage parfait. Elle fît tout comme une gentille fille, présenter les gens, se présenter elle-même et demander le reste, mais il fallait bien clore ce petit minois avant que son enthousiasme ne la tue un jour. -... et vous êtes ? demandait-elle, innocente. -De passage, répondit simplement Utara.
Mais le mal était déjà fait, et la vieille s’y mettait, en parlant de ninja, de s’organiser pour détruire une organisation dont elle ne connaissait pas l’ampleur, juste parce qu’une petite fifille avait rejoint le groupe de la justice. Elle termina par un commentaire sur sa visite, et la blonde haussa les épaules avant de lancer un sarcasme, presque désolée. -Jusque là votre île n’a pas grand chose à offrir, sinon des problèmes aux honnêtes gens, un éventuel travail aux brigands et un exploit à effectuer pour les casse-cou.
La fille reprit sans aucun calme, d’abord en jouant les modestes, puis en bombardant des questions et des affirmations au hasard, parfois même pour se contredire, ce qui laissa utara perplexe autant que cela eut l’effet de la faire pouffer de rire derrière une main les yeux fermés, tellement la situation lui paraissait être une comédie d’enfant dans une cour d’école. La petite était native d’ici, mais ne connaissait pas la zone, elle n’avait donc pas connu le désarroi de cet endroit ? Ou était-ce à cause de lui qu’elle avait dû le quitter ? Probablement la deuxième option considérant la candeur. L’homme avait également le sourire aux lèvres, mais son regard restait sérieux alors la blonde baissa sa main vers son menton et posa l’autre sur son coude, imitant l’instant de réflexion d’un autre membre de son ancienne troupe. Elle ne voulait pas se mouiller tout de suite dans cette aventure sans connaître les tenants et les aboutissants. -Avant même de parler d’attaquer efficacement, ce serait bien de connaître mieux la situation, mais pas que de leur côté, petite. Ce n’est pas parce qu’ils sont peu, ou pas décemment armés, qu’il ne pourraient pas s’occuper de toi ou d’une femme âgée, ou d’un homme en pleine possession de ses moyens. Néanmoins je gage que si Mashiro a dit que vous pourriez riposter sérieusement, c’est sans doute qu’elle a les informations qu’il manque.
Utara s’était volontairement exclue de l’équation, spécifiquement pour engranger une réaction simple. -Vous ne comptez pas nous aider ? s'inquiéta le chasseur. -Cela dépend de la situation, soupira Utara calmement. Mettons que je vous aide, mais que vous n’êtes pas si nombreux ou pas si fort, mais que nous gagnons quand même. Si je repars, qui pourra remplacer mes actes et vous défendre ? Changer votre condition temporairement ne vous servira à rien. Cela n’alimentera que l’idée que faire partie du camp adverse est la solution, et soit vous finirez par remplacer vos ennemis, soit vous mourrez bêtement pour avoir voulu quelque chose d’inaccessible. -Je vois, plaça à voix basse Rokujirou. -Mais écoutons voir madame, puisque tout ce que je sais, c’est que vous êtes trois, et qu’ils sont au moins un mais sûrement bien plus nombreux que cela, et qu’ils ont un arc, et qu’ils sont mieux organisés que vous ne le pensez.
Utara tendit la flèche devant elle et examina la tête fêlée alors que les visages devenaient un peu plus déconfits à mesure que leurs options devenaient plus réalistes. -Et bien, tout n’est pas aussi simple que nous l’imaginons, je suppose. commenta la vieille femme. Ce n’est pas commun de croiser des femmes aussi franches et armées. Mais pour vous répondre honnêtement, nous n’avons personne à par vous. Il y aurait bien des pêcheurs, en bas de la rivière, mais ils nous évitent, et même si vous pourriez changer la donne, je ne peux pas dire qu’ils vous laisseraient les approcher ou leur proposer de nous aider. Les autres changent sans arrêt de place, comme tout, ici.
Avec cela, la petite et Utara étaient au courant. Pas grand chose, contre on ne sait combien de gens. -J’imagine que cela ne servirait à rien de tenter quoi que ce soit en l’état, il va nous falloir plus d’information, à moins que… Utara coupa sa phrase pour regarder Yusei un instant… n’ait envie de partir foncer dans le tas ?
La femme posa la flèche dans la main du chasseur puis partit vers la sortie. -Je vais explorer les environs, voir si je ne trouve pas d’autres rescapés, je vous laisse vous occuper des pêcheurs, selon nos performances, il se peut que j’ai ensuite un plan à vous proposer.
La blonde se propulsa dans un arbre et se lança dans la forêt sans attendre.
A l'entente de la réponse de la blonde, Yūsei tourna sa tête sur le côté en fronçant les sourcils. De passage ? Comment ça de pa... Oh. Elle replaça sa tête de face et hocha légèrement la tête en avant et en arrière en refermant légèrement ses lèvres sur elle-même. Eh bien, elle n'avait pas tord mais cela voulait également dire qu'elle ne souhaitait pas donner son identité rapidement. La Mujitsuame haussa les épaules. Tellement de raisons étaient possibles, elle n'allait pas s'y attarder. La bleue écouta donc la blonde intervenir, entretenir la discussion qui se déroulait là. Elle abordait un point que l'Assimilatrice n'avait pas évoqué tant il était évident pour elle. Evidemment qu'elle allait s'enquérir des habitants de Netami, c'est d'ailleurs ce qu'elle avait laissé entendre par "rassembler le plus de force possible".
M'enfin, une possible étrangère ne pouvait pas la comprendre en un instant. Et pourtant, même si cette blonde souhaitait savoir le plus possible sur la situation elle ne s'engageait pas à aider directement. La native de l'île fit donc directement la constatation qu'elle n'était pas de son camp. Celui qu'elle considérait être les natifs de ce pays, les victimes des horreurs des deux dernières années et du règne d'un homme méprisable à souhait. Yūsei la trouvait pessimiste. Sous-estimait elle la volonté d'un peuple harcelé, mis en esclavage parfois, abusé, tué, massacré ? La jeune fille croisa les bras, elle se faisait même appelée "petite" désormais. Meh.
Elle ne savait pas quel âge avait cette femme en face d'elle, mais c'était assez hautain de son point de vue de nommer quelqu'un par sa hauteur dès le début d'une rencontre. Elle laissa donc la conversation continuer sans intervenir, même au moment où la basanée lui avait quémandé une réponse du regard. La native de Netami se serait contentée de lui rendre son regard avec une émotion un peu désolée, las. Elle saurait alors se donner sa propre réponse. Puis la blonde partit vers la sortie en missionnant les trois restants dans la construction de bois, se justifiant de vouloir aider.
Yūsei laissa le silence s'installer quelques secondes avant de se diriger vers la porte d'entrée. Elle serait sortie afin de donner quelques coups d'yeux dans les alentours afin de surveiller, mais personne ne semblait là, même celle qui venait de quitter la scène sans se présenter. La bleue retourna à la porte d'entrée, et observant les deux autres natifs, dit d'un ton tranquille.
- Je ne sais pas si on peut lui faire confiance. Elle à l'air investie pour savoir ce qui se passe mais elle pourrait très bien vouloir tirer profit de la situation. Si vous êtes prêts allons-y, je vais vous couvrir grâce aux hauteurs.
La petite avait eu l’air de retenir une leçon amère, la corde était tendue, c’était suffisant pour qu’elle soit d’après Utara sur ses gardes. Elle n’aurait probablement aucun problème avec les pêcheurs si ils s’en prenait à eux. Néanmoins la blonde doutait du pouvoir de persuasion d’une petite fille à l’apparence si fragile, mais le trentenaire serait sans doute là pour rouler des épaules au besoin.
Utara avait beau avoir dit qu’elle chercherait la zone en quête des derniers survivants, ses indices étaient minces, pour ne pas dire inexistants. Ils changaient de place, mais avaient toujours besoin d’eau en principe. Ceci dit vivre près de l’eau était bien trop simple, alors choisir une autre méthode, comme l’eau de pluie, abondante dans ce pays était une option viable. Dès lors le lieu pouvait être caché dans un endroit reculé, sans vision extérieure, comme une grotte ou une falaise, même un simple arbre couché pouvait receler une cache simple enfouis en dessous. Débusquer les fuyards, c’est une chose que l’ex bandit avait déjà fait. La tâche était bien plus ardue sans senseur, ces shinobi qui maîtrisent les techniques de repérage, mais pas impossible.
Sautant d’arbre en arbre, elle était non pas à la recherche de la cache directement, mais d’une erreur. Tout le monde fait des erreurs, et les villageois dans la panique, changeant de cache ou prenant un peu trop leurs aises finissaient toujours par se trahir d’une manière ou d’une autre. Il fallait donc chercher des yeux des traces de passage, de mouvement, d’efforts, et tendre l’oreille pour percevoir les sons, et inspirer les odeurs simples mais inexistantes qui s’exacerbent quand l’humidité s’en mêle, comme celle…
De cendres mouillées, celles d’un petit feu tout juste éteint. La blonde s'arrêtait sur une branche et farfouillait des yeux, cherchant le chaînon manquant, l’indice d’une cache. Rien ne semblait avoir vraiment bougé dans le coin, les branches n’étaient pas brisées, mais certaines tendaient vers la mauvaise direction, aucun arbre n’était couché, mais l’un d’entre eux semblait suffisamment large à sa base et la terre en dessous suffisamment humide pour être pratiquée. Ca ou les personnes qui s’y étaient aventurés avaient délogé un animal de sa tanière et l’avaient élargi avant de la camoufler. La blonde chuta au sol sans révérence, se rattrapant au dernier instant avant de regarder plus attentivement la base du grand feuillu. Un matelas de mousse, le topo habituel. -Je ne vous ferais pas de mal, mais les autres ont besoin de vous pour se débarrasser des gêneurs.
Le silence fut sa seule réponse. la femme sortit une pipe de ses affaires, puis du tabac, fourbissa l’entonoir de l’instrument et alluma le tout avec une allumette. -Je comprends bien la situation dans laquelle vous êtes, même si je n’ai pas eu la chance de la connaître, néanmoins vos amis ne seront peut-être pas aussi compréhensif que moi.
Toujours pas de réponse, elle lâcha l’allumette sur le tapis de mousse avant de tirer sur sa pipe. -Ils ont besoin de vous, mais vous pouvez rester là jusqu’à que les bandits arrivent si vous le désirez, au moins ce sera vite terminé.
De la fumée blanche commençait à se former sur la mousse qui s’écarta soudain. Une tanière évasée, un homme, une femme, une enfant. Prenant soin de protéger sa famille, l’homme se mit devant les deux autres sous les yeux de la blonde tout en la fusillant du regard. -Tu pourras dire ce que tu penses de ma manière d’agir aux autres si cela te soulage de ta colère. Je vous suggère de partir dans cette direction et de ne pas traîner, la fumée attirera sûrement ceux qui vous persécutent.
Sans échanger un mot, le groupe se dirigea dans la direction indiquée sans demander son reste, ils auraient sans doute beaucoup de choses à redire sur sa méthode, mais la fin justifiait les moyens. Personne n’avait été blessé ailleurs qu’à son égo. Utara se pencha, attrapa le tapis de mousse en feu et le jeta dans la tanière avant de casser quelques branches de l’arbre pour alimenter le monstre qu’elle venait de jeter en bas. Puis elle se retira, à l’affût dans les hauteurs pour observer après avoir jeté le reste de tabac consumé au sol devant l’incendie en devenir. Elle espérait que cela se passait bien de l’autre côté, quand bien même la gamine avait l’air pénible à la longue, cela restait un futur ninja.
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