Satsuki Matsuho Kumo Satsuki Matsuho Grade / Profession : Genin Satsuki Matsuho Messages : 11 Satsuki Matsuho Expérience : 40 |
Les hurleurs - Rang C- Spoiler:
Les hurleurs est une secte priant pour Susanoo, les informations sont pauvres quant à cette secte mais elle commence doucement à faire parler d'elle. Incroyable, mais vrai, nous savons simplement que de plus en plus de membres rejoignent les Hurleurs. Il vous ait demandé d'enquêter sur ce groupuscule, sans vous faire prendre.
Dans le silence, seule demeure la vérité.
Mais où le trouver ? Telle est la question. Car on doit en effet se demander en quel lieu l'on peut découvrir le silence authentique ? La quiétude absolue, la tranquillité, où faut-il donc les chercher ? La question était de celles que l'on posait aux novices au début de leur incorporation, et rares étaient les aspirants qui avaient assez de jugeote pour s'approcher un tant soit peu de la réponse exacte. Beaucoup levaient les yeux vers les étoiles, et ils désignaient le néant. Là, c'est bien là, disaient-ils. Dans cette obscurité où l'air même n'a pas sa place se trouve le silence. Aucune atmosphère ne peut transmettre les vibrations du son, et il n'y existe nul passage pour les voix, les bruits, les cris. Les hurlements. Le néant, c'est le silence, disaient-ils.
Il fallait bien sûr corriger cette erreur. Car même là où il n'y a pas d'air à respirer, on peut toujours entendre le vacarme, le chaos puisqu'il faut bien le dénommer ainsi. Même là, sur des longueurs d'onde que les hommes ne pouvaient percevoir, régnaient le tumulte des radiations cosmiques et le grondement constant des grands moteurs stellaires de l'univers qui se mouvaient et vieillissaient peu à peu. Même l'obscurité avait un son si l'on disposait des oreilles adéquates pour l'entendre. La question demeurait donc. Où est le silence ? Ici. Je prononce les mots sans ouvrir la bouche. Il est là, en moi. J'effleure ma poitrine des deux mains, les paumes bien à plats, ongles tendus. A l'intérieur de mes pensées, derrière des paupières closes, au-delà du flux de sang dans mes veines, je m’efforce d'écouter et de trouver la tranquillité de ma propre essence. Car ce n'était qu'au sein du cœur humain que l'on pouvait trouver le silence le plus pur, cette paix que seul le mutisme pouvait susciter.
Mon visage gracieux et pâle se rembrunit peu à peu. Je ne parviens pas à l'atteindre. Alors même que cette pensée se forme en moi, je sus que je m'étais laissée aller. L'étreinte parfaite de la sérénité se desserre et je laisse échapper un soupir. Dans le calme étouffé de la forêt, le bruit de mon exhalation est comme le ressac se brisant violemment contre la côte, et je sens mes joue rosir. J’ouvre mes yeux brusquement et je cligne des paupières, mécontente de moi même. D'un infime mouvement de tête, mes cheveux noirs aux reflets pourpres, attachés en queue de cheval, se répandent sur les épaulettes de mon justaucorps de combat. Sous la souple protection que je porte en mission, des cuissardes rouges et des gants matelassés me recouvrent, des plaques de métal protégeant mes bras et une robe en tissus semblable à celle d'une prêtresse voile mes cuisses. Je perds ma concentration, désormais une mer démente dont l'écume sanguinolente tourbillonne follement, où des voiles de couleurs indicibles et inconnus s'agitent dans mon esprit. Tout n'est plus que rage, une rage infinie et constante. Mais là, dans cette forêt, un silence profond règne, un silence absolu.
Des ténèbres d'encre attendent de l'autre côté du sous bois et une pluie diluvienne picotent ma peau glacée. Alors que la pluie corruptrice s'abat et que le vent hurle sa fureur, j'avance tel le pèlerin aidé de son bâton parmi les arbres. Je me protège comme je peux pour éviter que la pluie n'arrive sous mes vêtements. Je commence à perdre la notion du temps, rares étaient les sons hormis celui de l'eau qui claque contre les feuilles mais j'émerge enfin devant ce qu'il me semble être une pierre, le lieu de rendez-vous. Je me fige sur place. Le regard vide rivé sur la pierre, je rengaine précautionneusement mon bâton d'aveugle télescopique. Par deux fois, il semble se coincer, m'obligeant à le retirer légèrement pour ajuster mon geste. Quand il se glisse enfin, je soupire de soulagement. En quelques instants, la froideur qui anime mes muscles commence à s'atténuer, comme un glaçon extrait des flammes. Et je me retrouve une nouvelle fois misérable. "Coincée entre l'eau et la pierre", songeai-je.
Ma première mission seule. C’était en quelque sorte plus rassurant, les rares interactions avec mes semblables aux villages s’étaient terminées en déception et il valait mieux pour moi évoluer loin des regards et des jugements. L'objectif était d’enquêter sur une secte du dieu hérétique « Susanoo » dont les membres disait-on se faisait plus nombreux chaque jour.
La pluie tourbillonne tel un vortex miniature au-dessus de ma tête, les éléments se déchaînaient et se comportaient d’une manière de plus en plus chaotique. Il était peu prudent de s’éterniser ainsi à découvert, alors qu’approchait cette titanesque tempête. Je ralentis mon souffle et déploie mes sens. L’obscurité reste pour moi comme une seconde demeure après toutes ces années passées à y guetter les faibles et les coupables derrière mes yeux clos. Le doute, le regret et l’hésitation étaient des faiblesses dont d’autres pouvaient souffrir, mais pas moi. Ma respiration devient plus profonde et je commence à marcher vers les ténèbres de la forêt, laissant les montagnes et le village derrière moi.
La mort apporte le silence, là est ma vérité.
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