Un choix.

Hizori Rin était à la croisée des chemins. Ces derniers mois, il avait beaucoup réfléchi à sa condition. L’examen des Chûnins, sa défaite contre Hayate, sa presque mort, la nomination d’Hayate, la famine à Tanisuna, l’absence de réelles informations sur le Jinsei, son lien avec son clan. Sa volonté de rendre ce monde meilleur. Quelle place il devait prendre ici, et quelle place il devait prendre là-bas.

Il était l’honnis.
Et comme le vent, il était un peu partout, et nulle part à la fois.
Mais le jeune garçon qui était jeune pousse était maintenant devenu un petit arbrisseau.
Un arbrisseau qui voulait se faire sa propre place dans ce monde.
Et il voulait qu’on le définisse par autre chose que simplement le « raté » du clan Hizori.

Alors, cette nuit-là, il rassembla son courage. Cette nuit-là, il prit une décision importante. Sans un bruit, au cœur de la nuit, il s’approcha du Palais de la Kazekage. De là, à l’abris des regards, il repéra une fenêtre ouverte, et se transforma en vent pour se glisser en toute discrétion dans ce lieu hautement gardé. Dans le bureau même de la cheftaine de Suna.

Il n’avait demandé ni entretiens, ni émis une quelconque demande. Un acte qui semblait, en apparence, impulsif, mais qui avait été longuement réfléchis. Et pour prendre forme, cet entretien en catimini devait avoir lieu… A l’abris des regards. A l’intérieur, le garçon se déplaça jusqu’à trouver non-loin la Kazekage. L’avait-elle senti ? Etait-elle surpris de voir qu’il était un assimilé ? Il n’en savait rien. Rapidement, cette brise en apparence innocente pris la forme d’un jeune homme. Lui.

Il était le vent. Et comme le vent, son passage ici n’était qu’éphémère.

« Shodaime Kazekage, Tegami Hazure-sama, excuser mon intrusion, mais je devais vous parler sans laisser de trace, en privé. »

Et c’était chose faite, il attendait simplement qu’elle confirme cet état de fait avant de se lancer. Depuis sa venue à Suna, Rin avait pris l’habitude de se mouvoir discrètement. Restait à savoir si elle l’écouterait, si elle comprendrait… Rin n’en savait rien. Cette femme était un mystère pour lui.

« J’ai longuement réfléchi sur ma place à Suna. Au rapport avec mon clan. J’imagine que cela doit vous sembler dérisoire, mais c’est l’histoire de ma vie. Alors pour moi, c’est une question à la réponse fondamentale. »

Le garçon fixa le bandeau qu’il avait dans la main. Celui du village.

« Et notre mission à Tanisuna m’a fait comprendre quelque chose… Un début de réponse. »

Son regard se fixa sur la Tegami.

« Rien n’arrive si on attend que cela vienne d’un autre que soi. »

Il posa son bandeau sur le bureau de la cheftaine du village.

« Le Jinsei… J’ignore qui ils sont, ce qu’ils font, mais ils profitent du malheur des gens pour servir leurs intérêts…  Je refuse d’attendre simplement vos ordres, alors que nous sommes aveugles parce que nous sommes terrés derrière nos murs et qu'ils sont partout. Je refuse de laisser de pauvres gens être abusés par la cruauté de certains, dans l'attente de progresser en grade pour devenir quelqu'un ! »

Il fixa une dernière fois son bandeau, avant de le lâcher et de fixer le regard de la Tegami.

« Je vais déserter, et infiltrer le Jinsei. »

Un instant décisif.
Hazure c’était levée. Finalement, elle le prenait vraiment au sérieux.

« Je suis pourtant un candidat idéal. » annonça-t-il simplement « Je suis un paria d’un clan prestigieux, j’ai toutes les raisons du monde d’haïr ce pays, j’ai été recalé à l’examen, et que ce soit ici ou lors de l’examen, j’ai tenté de vous tenir tête. » Le garçon hésita. « Mes attaches ici sont sommaires, voire inexistante. La plupart des gens ne me connaisse que de surface pour les uns, et me voient d’un mauvais regard pour les autres. »

Le garçon fixait la Tegami, plongeant son regard dans le sien. Finalement, il ne savait pas si elle avait compris.

« Si critère de recrutement il y a, je pense que je coche pas mal de cases. » avait-t-il finalement conclu.

La suite par contre, était un sujet plus délicat.

« J’accepte votre autorité, c’est ce que j’ai toujours fait jusqu’alors. Mais je ne peux pas rester les bras croisés a écouté sagement les ordres d’un type qui n’a aucune conscience du problème du Jinsei alors que Suna est aveugle. Nous ignorons à quel point le Jinsei peut avoir accès à nos informations, et vos faits et gestes doivent être surveillé. Si vous preniez cette initiative, il pourrait le savoir. Par contre, un Genin anonyme… Même si on se renseigne, toutes les informations iront dans la même direction. »

Il fixa son bandeau.

« Qu’est-ce qui vous garantit ma loyauté ? » avait-il reprit. « Même si j’avais peur de vous, parce que vous êtes une femme imprévisible et terriblement puissante, j’ai toujours eu le courage de vous dire le fond de ma pensée. »

Il reposa les yeux dans les siens.

« Et parce que je ne fais pas ça pour vous plaire ou pour vous impressionner, Tegami Hazure. Je fais ça parce que pour battre le Jinsei, nous devons nous battre avec leurs armes. »

Il lui fit un sourire.

« C’est ce que vous m’avez enseignée. »

Fin du discours. A peine avait-elle mis ses mains en positions, que le garçon composa des Mûdras pour disparaître, soufflant dans un coup de vent.

« Faites ce qui doit être fait, comme vous l’avez toujours fait. »

Et il se propulsa, en une bourrasque, direction la fenêtre. L’instant fatidique. En une poignée de seconde, la lumière explosa. En une autre poignée de seconde, la fenêtre implosa, un violent courant d’air sortant en trombe, et voletant en l’air pour rejoindre l’extérieur du village.

Il avait réussi a limité les dégâts, mais l’Hizori avait mal. Lorsqu’il reprendrait forme, une partie de son corps serait sûrement brûlé.

Il restait à savoir s’il s’agissait d’une mission suicide. Et si la Tegami avait bien saisi la nature de son geste.

Résumé :

Spoiler:

Le destin.

En fuyant par la fenêtre, le garçon ne tourna pas son regard vers la Kazekage. Il sentait les brûlures sur son corps, mais son esprit l’avait momentanément déconnecté de la réalité. Était-ce là, l’effet de l’adrénaline ? Etait-ce là, avoir du courage ? Ou de la folie ? Tout se tordait dans son esprit pour former une sorte d’état de concentration transcendant les sensations, qu’il n’avait jamais vraiment atteint.

Etrangement, cette sensation de devoir fuir, lui était à la fois étrangère et familière. Familière, car il avait l’habitude de fuir. N’était-ce pas ce qu’il avait, dans un sens, toujours un peu fait ? Mais étrangère, parce que cette fois, il montrait sa forme à la vue de tous. Oui. Il ne contrôlait pas le sable. Il contrôlait le vent. Et, même si ce faisant, il devenait le paria de sa nation, jamais il n’avait eu la sensation de leur dire autant la vérité.

Dans un sens, c’était la fin des secrets.

Hizori Rin était finalement, devenu un Djinn aux yeux de tous.
Et ce faisant, il était devenu un déserteur.

Se propulsant le plus loin possible grâce à sa trancheuse, le temps se figea pendant un instant. Rin fixait la ville, dont la nuit paisible avait brusquement pris fin. Mais n’était-ce pas là un énième mensonge ? Avec le Jinsei, le monde n’avait plus rien de paisible. Rien n’était vrai. Les sentiments des gens étaient fondés sur un mensonge, des intrigues, des subterfuges. Des vies brisées pour détruire les villages. Pour détruire ce village.

Soudainement, le temps repris son cours. De ses yeux invisibles, un individu qu’il ne connaissait pas, le suivait également. Un individu, qui derrière la pénombre et ses traits masculins, ressemblait à Rise. « Un frère ? » pensa le garçon. L’information fut confirmée lorsque ce dernier invoqua un cadavre en à peine une fraction de seconde. Le garçon haussa les sourcils, alors que le cadavre courbait le dos en arrière, comme prenant une grande inspiration.

Peu importe de quoi il s’agissait, le garçon ne devait pas s’attarder. Et surtout, mieux ne fallait-il pas confronter directement cette chose avec son corps, même en vent. Ce qui se confirma alors qu’un gaz vert putride s’approchait dangereusement de lui. Le garçon se retransforma alors partiellement -à peine son torse, sa tête et un bras- usant de sa main libre pour se boucher les narines, et retenir sa respiration. Alors que ses pieds s’efforçaient à l’élever pour le faire s’échapper par la voie des airs, son bras formait quant à lui une petite sphère, qui se libéra pour repousser le nuage empoisonné, formant ainsi une sorte de barrière opaque, qui lui servirait à couvrir sa fuite.

Le garçon releva la tête. Il avait franchi une bonne partie. Les murailles n’était pas si lointaine, pas si haute de sa position, et pourtant… Cela lui semblait encore si loin.

Résumé :

Spoiler: