Etre une sensorielle avait du bon. Cela permettait énormément de choses, comme de se camoufler, de changer de visage ou encore de repérer des cibles avant que ces dernières n'aient conscience de votre existence. Mais cela vous rendait aussi plus attentif au monde qui vous entoure. Keiko avait senti le changement dans l'air depuis plusieurs mois. Même s'il ne fallait pas sortir de la meilleure académie du continent pour comprendre que le monde était en pleine mutation et risquait littéralement d'imploser. Cela avait commencé par la fuite de prisonniers d'Arashi. Cela prenait en ce jour des proportions plus grandes. La guerre civile guettait. Remarque, c'est pour ça que Kumo était ressorti des profondeurs du pays. C'est aussi pour ça que la sensorielle avait intégré ce même village. A Kumo, elle pourrait faire la différence.

C'était le moment de vérité.

L'heure était matinale. Le soleil dardait ses premiers rayons hivernaux sur les montagnes abritant le village caché de Kumo. Un spectacle de toute beauté qui émerveillait toujours Keiko et pourtant elle y assistait depuis plus de deux mois. Elle se dit même que les autorités n'auraient pas pu trouver de meilleur endroit pour le village. Elle en profita quelques minutes avant de se mettre en route vers les Portes des Cieux. Comme c'était souvent le cas depuis quelques temps, on lui confiait des missions plus éloignées du village. La dernière en date l'avait emmené jusqu'à la pointe nord de Kaminari dans un village de pécheurs. Celle-ci la mènerait vers Kouwareki, Port-Tonnerre. Un port important que la militaire de carrière avait déjà visité lorsqu'elle et son unité avait été affecté à la surveillance de navires en provenance de Mizu.

Keiko arriva éventuellement en vue des fameuses portes dont les environs commençaient sérieusement à s'animer. Elle se fraya un chemin entre les charrettes de marchands et autres personnes en transit et se pointa devant le lieu de rendez-vous. La sensorielle y trouva une jeune femme au physique bien dessiné. Une jeune femme à peine adulte qui ressemblait étrangement à une de ses anciennes camarades de l'armée Kaminarijin. Sans nul doute une combattante au corps-à-corps. Elle laissa échapper un rare sourire en s'avançant confiante. La Genin préféra employer un langage plutôt familier. Un véritable effort pour celle qui a grandit à la Cour du Daimyo sous la coupe d'un clan important de la capitale.

"Bonjour, tu dois être Kaori ? Je suis Keiko, enchantée de faire ta connaissance. Ca te dérange si on prend la route de suite ? On aura amplement le temps de faire connaissance sur la route !"

Keiko n'imagina pas une seconde recevoir une réponse négative et se mit immédiatement en marche.

La jeune Kaori était un véritable monstre physique. Plus Keiko la regardait, plus elle était sur le cul. Cela lui faisait un choc de haut de son mètre cinquante et de ses quarante kilos toute mouillée. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien leur donner à manger à tous ces jeunes kumojins ! Après Nanabe et même Juro ! C'était dingue. Même s'il est vrai que durant sa carrière militaire elle avait pu voir de beaux spécimens, il fallait avouer que Kumo était gâté à ce niveau ! Remarque après réflexion cela se tenait. Le village drainait les meilleurs talents de Kaminari après tout. Elle sortit éventuellement de ses rêveries et écouta avec attention la mise ne garde de sa jeune partenaire.

"J'apprécie ta franchise mais ne t'inquiète pas. Tout le monde a débuté un jour. Prends ça comme une mission toute ce qui a de plus normale. D'ailleurs c'est la raison de mon ton plutôt familier. Dis toi que je suis née au sein d'un clan noble de la capitale, vassale et conseiller des Sugimoto. En gros, ne stresse pas maintenant, tu auras largement le temps de le faire le moment venu. On a le temps avant d'arriver à Port-Tonnerre."

Keiko rit de bon cœur, visiblement très détendue. Cela faisait deux mois qu'elle était à Kumo et les missions s'enchainaient à une vitesse presque irréelle. hier encore elle revenait d'une mission longue du côté de Houryou ! Les temps étaient difficiles et mettraient sans aucun doute à l'épreuve a nouvelle génération de kumojins dont elle était à présent une sorte de vétéran.

"C'est intéressant. J'aurais pu le deviner ! Je peux t'orienter vers un autre Genin du nom de Takeda Juro qui possède les mêmes affinités que toi. Tu sors tout juste de l'Académie ? Je ne t'y ai jamais vu. Même si ça fait maintenant plus de deux mois que je l'ai quitté."

Keiko demanda, curieuse. Elle avait pris l'habitude de faire l'inventaire des compétences de ceux qui partageaient ses missions. Bien entendu c'était un échange de bons précédés et la sensorielle répondit avec la même franchise que son interlocutrice.

"Je suis une sensorielle. Mes spécialités vont du repérage visuel au camouflage visuel et au Henge. Sinon je touche un peu au Taïjutsu aussi. Mais je ne maitrise que les bases. Même si j'y travaille quasi-quotidiennement. Enfin quand on ne m'envoie pas en missions tous les jours !"

Keiko fut surprise d'apprendre que Kaori avait quitté l'Académie de Kumo en même temps qu'elle. La Genin savait qu'il existait plusieurs classes et promotions mais les deux ne s'étaient jamais croisé. Faut dire que la sensorielle n'avait jamais voulu se mêler aux autres aspirants ! elle les trouvait trop immatures et ne voyaient en eux que des gamins irrespectueux et parvenus tout juste sorti des jupons de leur mère. Une étiquette qu'elle adorait leur coller à la moindre occasion et une expression qu'elle employait souvent à tord et à travers. Du coup le fait qu'elle ne connaisse pas Kaori était plutôt bon signe. Au moins elle n'avait pas entendu parler d'elle en mal. La Genin décida de satisfaire les interrogations de cette dernière.

"Ah je suis pas restée longtemps à l'Académie. Je suis une vétéran de l'armée, ayant passée plus de dix ans dans une unité de surveillance basée à Ikeyama le long de la frontière de Shimo no Kuni. Du coup je maitrisais déjà la plupart des bases nécessaires à l'intégration au rang de Genin. Il me manquait juste les bases de l'utilisation du chakra. Je me suis éveillée que très récemment."

Keiko répondit avec sincérité, se disant que son background de militaire pouvait jouer en sa faveur avec la jeune femme. Pas vraiment pour faire d'elle une amie mais pour que cette dernière soit consciente de sa mentalité et plus largement de ses capacités. Les militaires étaient plus ou moins tous formés dans le même moule, d'une loyauté inébranlable et d'une détermination rare. C'était d'ailleurs ce qui l'avait éloigné des aspirants du village et même de certains Genin. Leurs valeurs étaient souvent très différentes même si certains comme Sayuri ou Momiji sortaient aisément du lot. La sensorielle espérait que cette Kaori soit de la même trempe.

"Après c'est peut être mon âge avancé qui fait qu'on m'a confié énormément de mission depuis ma promotion ? Ou alors que je fais partie des rares sensoriels du village. D'ailleurs j'ai déjà croisé Sayuri, je lui ai appris quelques trucs. Elle m'a beaucoup impressionné. Une future grande à n'en pas douter."

Keiko sourit l'espace d'un instant, visiblement prise de nostalgie. Cela faisait des lustres qu'elle n'avait pas pu passer quelques heures à l'entrainement. La faute à ces incessantes missions et le contexte mondial qui se détériorait à vue d'œil.

"Pour ce qui est de la mission, je n'ai pas plus d'infos que toi. Mais la mission n'a pas l'air très compliquée sur le papier. On se renseigne en ville sur les agissements des criminels, leur heures de prédilection, les lieux où les crimes ont lieu, etc... Ensuite on se déguise en riches marchands ou nobles et je suis persuadée qu'on se fera attaquer. On leur met une raclée. Ca te parait viable comme stratégie ?"

Prendre soin des autres ? C'était quoi ce vœu de gamine plein de naïveté ? Keiko devait toutefois admettre que ce n'est clairement pas ce qu'elle ferait si elle devenait un jour Raikage. Ce serait plutôt le retour à l'âge sombre du village. Les militaires ne faisait pas de souvent de bon dirigeants et la sensorielle estima que cette généralité était plutôt juste et s'appliquait particulièrement à elle. Certains estimaient d'ailleurs que les Sugimoto faisaient un travail déplorable. Contrairement aux membres de son clan, elle se fichait pas mal de toutes ces considérations. La Genin était contente de n'être qu'un pion dans une machine bien huilée. Certains étaient faits pour diriger, d'autres pour exécuter les ordres. Ainsi tournait le monde. Dans tous les cas, Sayuri ne lui avait pas paru aussi gentille et naïve que ça. Comme quoi on pouvait pas forcément connaitre ses partenaires après quelques missions.

"Ne t'inquiète pas, je ne comptais pas les laisser s'en tirer à si bon compte. En bonne vétéran, je n'aime pas qu'on crache sur l'institution non plus."

Keiko se para d'un sourire sans équivoque. Elle aimait bien le caractère de sa jeune partenaire. Elle semblait partager énormément de points communs et notamment un esprit très militaire et plutôt froid. La sensorielle était un peu comme ça, même si cela avait légèrement évolué depuis son intégration à Kumo. Elle avait appris à prendre des gants avec les gens et plus particulièrement ses pairs. Il n'empêche que certaine fois elle rêvait de mettre des baffes à tous ces petits cons qu'elle croise quasiment tous les jours. Mais la Genin prenait sur elle. Pour le bien de Kumo se rappelait-elle souvent.

"Il n'y a plus qu'à."

Keiko acquiesça, contente que Kaori apprécie son plan somme toute assez sommaire. Même si elle se doutait qu'une personne aussi franche et brute serait du genre à aimer les confrontations directes et les plans d'une simplicité efficace. Après quelques heures, le duo arriva éventuellement en vue de Port-Tonnerre. La mission pouvait enfin commencer. Keiko remonta la capuche de son manteau et prit soin de dissimuler son insigne. Elle invita sa jeune partenaire à faire de même.

"Commençons par recueillir des informations sur les trois traîtres. Tu es déjà venue dans le coin ? Personnellement, ça remonte à des lustres mais j'ai souvenir d'une grande taverne vers le port. Un lieu assez vivant et pleins de gens à la langue bien pendue. Ca semble un bon point de départ. Sauf si tu as mieux à proposer ? Je suis toute ouïe."

Si Keiko avait côtoyé d'intéressants kumojins, il y avait quelque chose chez cette Kaori qui résonnait fort en elle et qui lui rappelait Hanae pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas ou peu. Sans doute la manière d'aborder les problèmes ou un professionnalisme exacerbé qui aime aller droit au but. Dans tous les cas, la sensorielle apprécia le fait que sa jeune partenaire ait déjà visité les lieux et récemment de surcroit. La Genin y avait aussi effectué quelques missions de surveillance quelques années auparavant mais ses données étaient probablement obsolètes comparées à celles de Kaori. Comme l'ancienne militaire venait de le dire, elle serait toute ouïe. Elle n'était pas de celles et ceux dont l'ego plombait les décisions après tout. Peu importe qu'elle est le double de l'âge de certains de ses pairs.

Du moment que les informations et les idées en valaient la peine bien entendu...

Si Keiko fut ravie d'apprendre que Kaori était venue ici très récemment, elle fut nettement moins contente d'apprendre que cette dernière était carrément fichée aux yeux des locaux, bandits en mal et autorités en bien. Elle risquait d'être reconnue à tous les coins de rue. Cela faisait légèrement tâche. D'ailleurs la mine de l'ainée du duo refléta immédiatement cette gêne. La sensorielle vivait de sa discrétion même si elle ne pouvait pas attendre de la part de ses camarades la même philosophie. Keiko acquiesça lorsque la jeune femme accepta de suivre le plan initial et que ses propres informations ne rentraient pas en conflit avec ce dernier. Elle fit tout de même part de son appréhension. Et à la vue de la tête de sa partenaire, cela semblait partagé. Cela l'étonnerait si Kaori lui cachait des choses. Du moins assez importantes pour nuire à leur mission.

"Va pour le port. Néanmoins, je préfère être prudente vu ce que tu viens de me dire. Tu es connue ici et cela pourra nous poser des problèmes. Je pense rester dans l'ombre et te suivre à bonne distance sous couvert de Henge. Si je n'ai pas peur des bandits du coin, je préfère éviter les mauvaises surprises. Ca te convient ?"

Keiko avoua en toute franchise, omettant sciemment le fait qu'elle souhaitait aussi éviter les bonnes surprises et des retrouvailles sociales dont elle n'était guère friande... Rester dans l'ombre et observer était un rôle qu'elle affectionnait. Mais peut être se montrait-elle trop prudente ? Ses griffes se seraient-elles émoussées depuis son arrivée à Kumo ? Ou avait-elle pris un peu de plomb dans la cervelle...

Sous couvert de son camouflage visuel, Keiko suivit sans difficultés Kaori dans ses pérégrinations. Elle mit un point d'honneur à ne pas se faire voir, quitte à rester à bonne distance lorsqu'elle n'était pas certaine de ne pas être repérée. Certaines de ses missions dans le quartier marchand de Kumo avait failli se solder par des échecs à cause de ninjas dissimulés à sa plus grande surprise ! Certains riches marchands n'hésitaient pas à louer les services de shinobis plus ou moins expérimentés afin de surveiller et de protéger leurs petites affaires. La sensorielle espérait que cela ne soit pas le cas en ce jour. Et de ce qu'elle avait pu voir après quelques heures, il n'en était heureusement rien. Elle fit ainsi le point avec sa collègue avant de passer à autre chose, confirmant derechef qu'il se tramait bel et bien quelque chose et que cela n'augurait pas grand chose de bon.

"Hmm... Je penche pour une solution hybride avec dans l'idée de les prendre sur le fait accompli. On attend la nuit et je traque la planque ou le point de chute de ces supposés kumojins et j'essaye d'en savoir plus sur leurs prochaines opérations, à savoir le lieu, l'heure et les cibles potentielles. Pendant ce temps là, tu réunis d'autres témoignages et on recoupe nos informations une fois à l'auberge."

Keiko répondit après un instant de réflexion. Elle enchaina sur ce qui apparut comme une réflexion personnelle à voix haute.

"Je préfère qu'on prenne notre temps et qu'on fasse bien les choses. A ma décharge j'ai peut être été un poil trop incisive sur mes dernières missions."

Keiko toussota légèrement comme pour changer de sujet, visiblement peu encline à parler de ses derniers exploits relativement bourrins. Il fallait avouer que dératiser des tunnels de brigands assoiffés de sang ce n'était pas une mission pacifique mais bon... Remarque celle où elle a appréhendé un scientifique fou non plus. Elle prit une pose pensive, sa main glissant sous son menton. C'est vrai que ses dernières missions n'avaient pas trop collé à ses capacités. Bref ! Il était temps de bien faire le travail ! Elle demanda tout de même à sa jeune partenaire si cela lui convenait.

"A moins que tu préfères une approche plus directe ou alors qu'on ne se sépare pas ?"

"Très bien."

Keiko était toujours aussi laconique. Elle ne s'étendait rarement sauf lorsque la situation l'exigeait et qu'elle devait par exemple pondre un rapport comme c'était le cas de Kaori. Elle fit un petit signe de tête approbateur avant de s'éclipser au détour d'une ruelle. Si elle avait beau avoir émis des réserves sur le récent passé de sa jeune partenaire dans cette ville, elle devait avouer que c'était une aubaine d'avoir des informations plus ou moins précises sur ce qui se trame dans le coin. Le rapport de Kaori sur la situation précaire de certains habitants et de leur quartier de "squat" lui seraient assurément très utiles. Elle se dirigea d'ailleurs vers ce dernier, toujours sous couvert de sa capuche et bien discrète du haut de son mètre cinquante. L'ironie voulait que si la sensorielle avait été un poil plus sale, elle aurait pu passer pour une gamine des rues.

Cependant, pas encore de quoi alimenter un vieux complexe d'adolescente...

Faut être une sacrée râclure pour s'en prendre à ce genre de victimes. Keiko voulait bien que la tâche soit facile mais il y avait tout de même des limites. Elle ne possédait que très peu d'empathie pour son prochain mais ce genre de cas la touchait depuis une mission récente. La situation ressemblait étrangement à celle que vivait le quartier marchand de Kumo et tous les réfugiés des Galeries Souterraines. La population locale n'acceptait pas ou peu l'arrivée de gens dans le besoin, pensant que ces derniers lui nuirait d'une manière ou d'une autre, violerait leurs filles ou prendrait leurs repas ou travail. Bref, de ce que la sensorielle avait pu voir, cela donnait souvent des situations inextricables et éventuellement de véritables zones de non-droit gérées par une mafia qui avait pignon sur rue. Néanmoins, Keiko ne détournait pas les yeux et s'imprégna de cette misère, s'imaginant les milles et unes manières dont seraient punies ces imposteurs.

Et Susanoo sait à quel point elle s'y connait en torture.

Keiko retrouva la trace de ces truands de bas-étages avec une facilité déconcertante. Ces derniers ne craignaient effectivement pas les forces de l'ordre. Comme l'avait dit Kaori, ils avaient bien mieux à faire ailleurs, notamment depuis la montée d'un groupe populiste se faisant appelé Jinsei qui cherchait à renverser les gouvernements. Ce n'était clairement pas le cas pour ces imposteurs qui ne cherchaient aucunement à rallier une quelconque opinion populaire. Toujours sous couvert de son camouflage visuel, la sensorielle n'eut aucun à suivre le petit groupe dans ses pérégrinations, de leur planque à leurs petit business de racket. Là encore cela lui était très familier, ayant déjà fait face à ce genre de criminels dans la capitale en compagnie de Momiji. Le même genre, style yakuza. Vue que Keiko avait déjà récolté assez d'informations, notamment sur l'emplacement de leur base d'opérations, elle décida de rentrer afin de faire le point avec sa partenaire.

Si elle s'était montrée prudente jusque là, Keiko avait envie d'action après tout ce qu'elle avait pu voir. Aussi bien au niveau de leur trafic que de leurs capacités...

Keiko pénétra dans l'établissement et repéra rapidement Kaori. Alors qu'elle allait se joindre à cette dernière, sa partenaire fut accostée par un groupe d'individus. La sensorielle ne se précipita pas. Ce genre de menace était très mince pour une kumojine de leur trempe et Kaori semblait du genre à botter des culs par dizaine. Même si pour être honnête, elle ne l'avait jamais vu à l'œuvre. Remarque ça serait assurément l'occasion de voir ce dont cette dernière était capable. Et puis si jamais la situation dégênerait de trop, il lui serait facile d'intervenir. Après tout, contrairement à sa jeune partenaire qui était visiblement connue comme le loup blanc dans cette ville, la sensorielle était encore anonyme et ne payait généralement pas de mine à cause de son physique d'adolescente.

Cependant, la situation prit rapidement un virage significatif.

Il s'avérait que ce groupe d'individus connaissait bien Kaori. En particulier celui qui se posait comme leur chef. Elle l'entendit même prononcer le mot "frangine", ce qui était pour le moins troublant. Non pas que Keiko s'intéresse au passé de sa jeune partenaire mais cela pouvait potentiellement la troubler, lui faire retenir son bras et plus généralement altérer son jugement. La sensorielle n'imaginait pas une seconde que sa jeune partenaire puisse être une vendue à la solde de ces types mais c'était toujours sur la table. Après tout elle ne connaissait pas Kaori depuis très longtemps et l'incorporation à Kumo se faisait généralement à la va-vite compte tenu du contexte mondial. Elle choisit toutefois de faire fi de cette possibilité à la vue du comportement de cette dernière.

Prudence était mère de sureté.

Et puis Keiko s'était presque retrouver dans le même genre de situation quelques semaines auparavant lors d'une mission à Ikeyama le long de la frontière avec le Pays du gel, lieu de son ancienne affectation. Tout le monde avait un passé. Celui de certains était plus lourds que d'autres. Elle espérait que celui de Kaori ne la rattrape pas et ne lui fasse surtout pas trop de mal. Eventuellement, il suffit d'un seul regard à la sensorielle pour comprendre que sa jeune partenaire est sur le point de passer à l'action. Profitant du fait que les mécréants soient focalisés sur Kaori, Keiko fit quelques mudras et disparut dans un coin de la pièce tandis que l'établissement se vida aussi rapidement qu'un bordel lors d'une inspection du Mihari dans le quartier marchand de Kumo...

A la vue des mudras de sa partenaire, elle sut qu'il était temps d'agir.

Keiko sembla surgir du néant aux côtés des individus encore à terre après ce qui s'apparenta à une immobilisation de groupe. Elle loua les capacités intéressantes de Kaori tout en passant à l'action, achevant tour à tour leurs adversaires affaiblis. Ce n'étaient que des civils incapacités après tout. Cela ne lui prit que quelques secondes pour les mettre KO d'un coup derrière la nuque. Elle jeta un coup d'œil à sa partenaire qui tenait fermement à celui qui s'était présenté comme son frangin. La sensorielle lui laissa toute liberté d'agir en la matière, se contentant de hocher la tête dans sa direction avant de se poster près de la porte d'entrée afin d'intercepter tout renfort éventuel.