Sa libération n'était pas toute récente. Même si quelques années se sont écoulées depuis la fuite de sa condition d'esclave, l'ange déchu se lançait à peine à la découverte du monde, sans savoir où il allait ni ce qu'il comptait faire. Le bien ? Profiter de son pouvoir pour faire le mal et vivre dans la facilitée ? La première option semblait plus correspondre à notre personnage, joyeux et pourtant si mystérieux. Comment un passé aussi sombre, peut-il créer un homme aussi bienveillant ?
Loin dans le ciel, l'oiseau des cieux venait de franchir les frontières du pays de la terre et il avait bien besoin d'un repos mérité après son long voyage. Amorçant sa descente au fur et à mesure de la distance qu'il parcourait, il pouvait peu à peu apercevoir le paysage qui l'entourait. Un sentiment de liberté total dont il prenait de grandes inspirations sans aucune modération. Heureux ? Il l'était enfin. Satisfait ? Pas exactement. Il lui manquait quelque chose, que lui-même ne saurait pas définir.
Il était écrit depuis le début qu'il serait un homme capable de voler de ses propres ailes. Pourtant, esclave de sa propre liberté, il ne trouvait la satisfaction de celle-ci que dans la compagnie de ceux qu'il rencontrait. Seul, le monde ne peut tourner. Alors, c'est en étant accompagné qu'il pourrait avoir la conscience tranquille, délivrée de toute responsabilité. Mais il était conscient que de part sa différence, il n'était pas facile de trouver une personne bien intentionnée ou qui n'ait pas peur.
C'est en faisant un arrêt à Nagashi que la réelle aventure du blondinet commençait. Ayant repéré un grand marché depuis les airs, c'est ce qui avait attiré son attention. Village au bord de la mer et proche d'une dense forêt montagneuse, c'était un horizon définitivement plus plaisant qu'il contemplait curieusement. Posant pied à terre, pour la première fois, il circulait librement dans un pays sans se cacher.
Affamé, il avait réuni le peu d'économie qu'il avait réussi à se débrouiller pour acheter ses propres plaisirs. Friandises, nourritures et boissons, l'homme, petit et pourtant bien proportionné, ne mesurait pas sa faim et ne faisait guère attention à son poids. L'assouvissement de ses désirs était le maître-mot. Cependant, c'est en marchant et en découvrant ce premier petit village, qu'il se confrontait à la noirceur de l'humanité, à ce côté sombre que la plus part ne souhaiterait pas découvrir.
Des rumeurs, assez floues se propageaient petit à petit, aux divers coins des ruelles ou entre deux chuchotements dans un petit restaurant. Intéressé par l'idée de faire un premier acte de bravoure, des années après son évasion. En tendant l'oreille et en écoutant de manière indiscrète quelques conversations, il avait été redirigé vers ce qu'il cherchait : une quête. En effet, sur un bout de papier, il y avait trouvé les diverses informations dont la rumeur parlait. Comprenant un peu plus la situation, il était curieux à l'idée de savoir s'il s'agissait là d'un acte de harcèlement ou d'une farce. Pourtant, il n'excluait pas le fait que tout cela pouvait cacher quelque chose de plus dangereux.
En questionnant les divers commerciaux, il n'était pas difficile de retrouver l'entrepôt dans lequel se terrait la proie apeurée. Voulant absolument savoir si son flair ne l'avait pas trompé, Datenshi se faisait un pari à lui-même. Mais il n'avait pas imaginé la présence d'un autre individu qu'il n'avait encore jamais croisé. Une jeune fille au regard qu'il trouvait plutôt vide. Décidé dans un premier temps à l'ignorer, c'est en remarquant un bout de papier similaire à celui qu'il avait eu auparavant entre les mains qu'il décida de faire plus attention à celle-ci. Il n'était pas commun de regarder un entrepôt sans dire un mot comme elle le faisait. S'approchant lentement dans son dos, il n'avait pas vraiment pour intention de lui faire peur.
« Ahah, il faut croire que cet entrepôt attire l’œil, n'est-ce pas ? » A niveau de celle avec qui il commença à échanger, il lui adressa un sourire. « De là où je viens, on m'appelle Datenshi et toi ?»
Loin de lui l'idée de paraître indiscret. Pourtant, il avait sa petite idée sur ce qui avait attiré la jeune femme en ces lieux. Sans dire un mot de plus, il passa lentement sa main à l'intérieur de sa veste. Quelques bruits de frottements, un bruit commun, celui du papier. Il montrait alors à celle-ci, la même chose qu'elle possédait et sans doute rédigée par la même personne. Cependant, ayant le souvenir de ne pas avoir croisé la jeune femme à l'endroit où il avait pu dénicher la mission du jour, il comprenait que l'affaire était peut-être un peu plus sérieuse qu'il espérait.
« Semble t-il que nous soyons ici pour les mêmes raisons. » Il secouait la missive, alors que son sourire devenait beaucoup plus niais que le précédent. Une taquinerie, sans doute. « Rassure-toi jeune fille, je suis pas ici pour me disputer la place. Fais ce qui te chante, moi je rentre. »
Il commençait alors à faire un premier pas, puis un second. Mais il n'excluait pas une potentielle réponse de son interlocutrice et par ce fait, il gardait une oreille attentive à ce qui se passait dans son dos, le regard rivé vers la porte d'entrée de l'entrepôt, avançant en direction de celle-ci. Cependant, les nombreuses heures de vol ne l'avaient pas épargné, et il ne put s'empêcher de lâcher un franc bâillement.
Dernière édition par Datenshi le Jeu 20 Mai - 12:22, édité 2 fois
Tout de même, être libre, c’est incroyable. Pas besoin de rendre de compte à qui que ce soit, pas besoin de rentrer à une heure définie. Pas de cage pour l’enfermer, pas de punition si elle agit mal. C’est son ciel. Sa forêt. Sa montagne. Elle va où bon lui semble, sans que personne ne puisse lui interdire quoi que ce soit. C’est un avantage indéniable, qu’elle chérit un peu plus chaque jour. Bon, évidemment, cet amour de la liberté se tarit quand elle tombe sur un contrat comme celui du cirque. D’un coup, elle se dit que l’Homme et le monde sont encore plus pourris qu’elle ne l’imagine. Forcément, la liberté lui paraît moins douce, mais ça ne l’empêche pas de rebondir.
Elle est repartie dans une autre direction, à la recherche d’autre chose. Sa vie se résume actuellement à écouter les rumeurs, choisir celles qui l’intéressent le plus, puis se mettre en route. Quelques fois, aux rumeurs sont attachés des contrats, qui lui apportent de l’argent et de la reconnaissance en plus de lui faire des aventures. Parfois il n’y a pas d’argent, comme cette fois, mais une personne à sauver.
Il paraît qu’un commerçant raconte à qui veut l’entendre qu’il se fait suivre. Entre ceux qui se moquent de lui, ceux qui le prennent pour un fou et les autres, son histoire a vite fait le tour du village et même des alentours. Placardé sur un mur du bar, le contrat stipule qu’il faut prendre contact avec ce type à Nagishi pour régler son problème. Enfin, s’il a réellement un problème.
Habituellement, Moe ne s’en serait pas souciée : les soucis des autres, s’ils n’impliquent pas de l’esclavage ou n’importe quelle forme de maltraitance humaine, ça ne l’intéresse pas. Mais là, avec ce qu’elle a vécu récemment, elle se demande s’il ne vaut pas mieux s’en mêler. Y jeter un œil pour de vrai, pour voir si cet homme ne serait pas une énième victime de nouveaux fous. Avec tout ce qui pullule, ce ne serait pas étonnant.
Après avoir commencé son enquête, Moe a fini par atterrir dans un entrepôt. Transformée en chauve-souris, elle s’est installée sur une poutre en hauteur pour observer tout ce qui s’y passe. De son perchoir, elle ne perçoit rien d’étonnant, ni dérangeant. L’homme se planque ici, oui, mais pourquoi ? Il n’y a rien autour de lui, rien de perturbant. Moe descend, reprend forme humaine. Il faudra peut-être lui parler avant toute chose …
Son plan est mis en suspens quand elle perçoit une autre présence près d’elle, qui s’approche de plus en plus. Qui s’arrête, là, à ses côtés. Et qui lui parle, en plus !
Elle se tourne, pose son regard sur lui. Un blondinet ailé. Tiens, un autre volatile. Il dit s’appeler Datenshi. Moe hoche la tête sans un mot. Ok, mais elle s’en fout, en fait. Il pourrait s’appeler n’importe comment, ça ne l’effleurerait pas plus que ça. Pour autant, l’homme ne bouge pas. Il dégaine un papier à son tour, qui semble être le même que le sien. Le même contrat ? C’est ce qu’il lui confirme juste après, avant de lâcher l’affaire.
« Ah, donc tu prends un contrat pour pas le faire, toi ? »
Elle arque un sourcil. C’est parti tout seul. Quel genre d’idiot est-il, celui-ci ? Un dégonflé ?
« S’il a été placardé partout, c’est peut-être pour une bonne raison. »
Elle hausse les épaules, soupire. Donc non seulement elle a un contrat qui concerne un gars un peu timbré, mais en plus, elle va peut-être devoir faire équipe avec une feignasse ? Roh, quelle horreur. Elle a envie de faire demi-tour.
Le chiroptère dégaine ses ailes et s’envole pour faire barrage à l’oiseau, plantée devant lui.
« Moe. »
Son regard glisse jusqu’au sien, qu’elle soutient. C’est un piaf, il ne lui fait pas spécialement peur. Au pire, elle fuit, c’est pas si compliqué.
Il ne l'aurait pas parié. Mais en tout cas, il l'avait bien deviné. Ni une, ni deux et pas même trois, que le petit bout de femme aux cheveux albinos s'interposa entre lui et l'entrée. Et quelle intervention ! C'était la bouche tombante et les yeux écarquillés que Datenshi était ébahie. Elle se trimballait une sacrée paire d'ailes la petite autoproclamée " Moe ". Secouant sa tête comme pour reprendre ses esprits, il observait de haut en bas celle-ci avant de plonger son regard perçant dans le sien. L'index et le pouce sur l'extrémité de son menton, il était entré en phase de réflexion, prêt à attaquer.
« Minute papillon ! Il y a bien plus urgent pour le moment ! » C'était alors à son tour de s'interposer entre elle et la porte, afin de mieux voir les ailes de celle-ci.« Je rêve ou j'hallucine ?! Comment t'as fait pour cacher tes ailes ?!»
Cependant, bien qu'il fût jaloux de la dite technique qui permettait à celle-ci de dissimuler ses membres, dans la tête de l'ange déchu un grand sourire se dessinait. Il ne faisait aucun doute que ses plumes avaient bien plus de classe, de prestance. Les agitants légèrement, entre quelques mots, quelques regards, il frimait discrètement, cachant difficilement son petit sourire narquois qu'il maintenait en coin.
Mains sur les hanches durant sa frime machiste, il écoutait simplement les dires de la femme, mais était vite déconcentré par l'envie d'une sucrerie à la bière. C'est alors, qu'il sortait devant elle, le saint-graal du petit encas et ce qui lui permettait de rester décontracté en tout temps : une sucette à la bière. Pourvu d'un bon esprit et bienveillant par nature, il balançait une seconde sucette dans les mains de Moe.
Douceur en bouche, réponse plus froide que trente râteau de la part de Moe, Datenshi était prêt à se re concentrer sur la quête qui l'avait conduit ici. Il avançait, puis, ouvrit la porte de cet entrepôt, quelque peu abîmée. Entrouvert celle-ci, il y passa d'abord un œil.
« Tu vois quelque chose ? Passe la tête. » Demandait-il à sa " partenaire ", par sécurité... avant de passer la sienne dans l'entre-ouverture. « Y a quelqu'un ?!»
Une voix rauque répondit. Tout semblait en ordre. Il ouvrit alors entièrement la porte et se dévoilait à celui qui était la cause de leur venue en ces lieux. Se rapprochant, il pouvait à chaque avancée de ses pas, mieux discerner l'homme en question. Il semblerait a première vue, qu'il ne portait pas une bonne santé mentale au vu de son physique négligé, ce qui semble confirmait l'importance et la véracité de cette mission. Si cet homme vie dans la peur depuis si longtemps, il ne faisait aucun doute que son hygiène de vie allait être vite impactée.
« Ne paniquez-pas, nous sommes là pour vous aidez... enfin, j'imagine. » Son regard se posait sur l'autre volatile un instant avant de revenir sur l'homme. « Et si vous nous expliquiez ce qui se passe ? »
Repérant un petit carton pas trop loin, il avait pris la liberté de s'asseoir dessus afin de se mettre à l'aise pour écouter l'histoire de l'homme, agitant sa confiserie dans sa bouche, les bras détendus sur ses cuisses. Mais... il ne pouvait pas s'en empêcher à l'occasion, de laisser Moe s'incruster dans ses pupilles.
Accueil
