Bon il se serait peut-être temps de bosser hein … parce que soulever des poids toute la journée dans ma chambre, ou faire un footing de douze heures autour du village, c’était très bien mais ça ne remplissait pas le frigo. Et ce dernier devenait désespérément vide au fil des jours. Pourtant, pas de missions, pas d’élèves à entrainer car tous les collègues chunin sont passés avant. Cette bande d’affamés de jeunots à peine sortit de l’école … De temps en temps une demande d’escorte se présentait et me permettait à la fois de voir du pays, mais aussi de renflouer le porte-monnaie. Mais ce n’était jamais vraiment fantastique. Or il me fallait des sous pour moderniser mon matériel. Changer les poulies, remplacer certains câbles sur le point de rompre, acheter du riz et de la dinde aussi … bref tout un programme. Il me fallait voir le cas Kaede aussi. Ma chère sœur Hyuga s’enfermait de plus en plus dans son coin, peu importe mes efforts pour la faire sortir et retrouver goût à la vie. Le décès présumé de son abruti de mari l’avait complétement détruite. Et inutile de compter sur les parents, ils étaient aussi efficaces qu’un mur … même si un mur peut être efficace si on jette quelque chose dessus. Ou quelqu’un.
L’idée d’une expédition à Mizu no Kuni commençait à faire son chemin aussi dans ma tête. Mais pour cela il fallait impérativement l’aval du Kage pour ne pas que cela puisse être considérer comme une désertion. Enfin j’avais encore le temps préparer tout ça, de juger si cela valait le coup ou non, et de visualiser toutes les options. Je reposai mes altères, épongeai les gouttes de sueur et vida la moitié de la bouteille d’eau qui reposait toute proche. Et si j’en parlais à Kaede ? Peut-être qu’elle serait intéressée pour m’accompagner. Quoi que, en étant tout à fait pragmatique il ne valait mieux pas y compter. D’une parce qu’elle avait perdue toutes ses capacités de combat à force de jouer les parfaites petites femmes au foyer. Et de deux car mentalement elle n’était plus non plus capable de suivre la cadence. L’archipel recelait de dangers de toute sorte, à chaque instant. On n’emmène pas une civile sur un champ de bataille.
Quelques minutes de relaxation plus tard, un brossage de cheveux, une rapide session habillage et je prenais la direction des portes du village, en fermant soigneusement à clé derrière moi. Rien de mieux qu’un footing pour se changer les idées. Pourtant sur la route elle passa à côté d’un spectacle peu courant. Une jeune femme aux longs cheveux blonds et à la plastique particulièrement attrayante. Même sans être particulièrement de ce bord-là il était important de lui accorder ce bon point. Par contre les quatre mecs qui lui remuaient autour, ça c’était nettement moins positif. Bifurquant de ma route initiale, je vins poser une main sur l’épaule de l’un d’eux et serrer mon emprise suffisamment pour l’immobiliser.
« Les mecs, vous ne voyez pas que vous la faites chier ? Dégager d’ici ou je file un coup de main. »
L’hésitation pu se lire dans leur regard, mais probablement qu’en voyant mes bras et mes épaules, ils en vinrent à la conclusion que ça ne valait pas la peine. Je me tournai alors vers l’inconnue.
« Tout va bien mademoiselle ? Votre tête ne me dit rien, vous venez d’arriver ? Bienvenue à Konoha. »
Plus d'une semaine s'était écoulée depuis son arrivée à Konoha, Saxa se plaisait bien entre ces murs. Même avec l'étiquette de touriste à surveiller, la kunoïchi parvenait à jouir d'une grande liberté, tant qu'elle ne faisait pas usage de son chakra, il s'agirait sans doute de l'un de ses derniers jours au sein du village caché de la feuille avant de devoir retourner à Tsuchi et ainsi s'expliquer auprès de Kanato pour cette longue absence dans le pays du feu. Elle qui ne devait y rester que deux jours avant de revenir avait décidée de prolonger ses vacances sans demander l'accord de son chef. Nul doute qu'il la punira à son retour avec les pires missions et des assignations ennuyantes. Juste penser au genre de contrat dont il l'affublerait à son retour la faisait soupirer. La jeune femme terminait de se préparer avant de quitter le charmant Ryokan dans lequel elle s'était installée pour son séjour.
Fidèle à leur réputation, le personnel des lieux était toujours aussi souriant et chaleureux lui souhaitant une belle journée. Comment ne pas être de bonne humeur après une telle démonstration. C'était quelque peu dépaysant en effet, mais loin d'être désagréable, un peu de cette chaleur humaine ne ferait pas de tort à Tsuchi... Surtout Iwa, rien n'était chaleureux en ces lieux à présent. Peut-être qu'un jour sa terre natale brillera de nouveau et qu'ils y vivraient aussi bien qu'ici. Pensive, la jeune femme s'enfonçait dans le village de Konoha regardant un peu partout autour d'elle. Depuis son arrivée, la kunoïchi avait remarquée quelques boutiques intéressantes qu'elle s'était mise en tête de zieuter avant de partir, un peu de lèche vitrine allait combler cette journée ensoleillée, mais d'abord, un petit déjeuner s'imposait.
Lors de sa recherche pour un bon petit restaurant, la demoiselle croisait sur son chemin un bon nombre d'habitants. Mais elle attirait l'attention d'un homme qui suivi de ses amis décidait d'interrompre ses recherches pour l'inviter à manger avec lui. Cette invitation aurait peu être charmante si ça n'avait pas été de la petite scène d'argumentation qui suivi avec ses amis. Comme s'ils se disputaient pour savoir qui d'eux pouvait aller manger avec elle... Un moment assez malaisant et Saxa ne parvenait même pas à placer un seul mot, ils étaient trop occupés à débattre sans lui demander son avis. Celle-ci tentait même de s'éclipser, mais l'un d'eux la retenait par le bras ce qui lui faisait froncer les sourcils.
_Mais pas si vite. Disait-il attirant l'attention des autres sur elle, Saxa profitait de ce moment pour lui couper la parole. En tirant sur son bras pour qu'il la relâche.
_Comment osez-vous poser vos sales pattes sur moi manant ! Les hommes avaient d'abord l'air surpris, mais se mirent aussitôt à rire de ses manières. L'un d'eux lui faisait même la révérence en employant un ton moqueur.
_Pardonnez-moi votre majesté. HAHAHAHAHA ! Les entendre se moquer ainsi lui donnait envie de grogner. Saxa plissait les yeux en serrant la mâchoire. Prête à les relancer avec d'autres insultes de son acabit. C'est alors que les hommes se calmaient lorsqu'une femme venait poser sa main sur l'épaule de l'un de ces hommes les invitant à la laisser tranquille, dans le cas contraire elle les forcerait. Décidément, ils n'avaient pas envie de se mesurer à cette femme qui donnait l'impression d'être plus imposante qu'eux. Une grande blonde aux formes généreuses, mais surtout dont la musculature est impressionnante, pas surprenant qu'ils eurent préférés fuir. La jeune femme les regardait partir la queue entre les jambes et croisait les bras en relevant la tête.
_Je vais bien, ces culs-terreux ont ruiné ma matinée, mais je m'en remettrai. Saxa tournait la tête pour regarder la femme qui l'avait débarrassé de ces rustres et par la même occasion, lui avait souhaité la bienvenue dans le village. La Tsuchijin regardait cette dernière du coin de l'œil l'observant de bas en haut. Tenue de sport et un peu éméchée par le vent... Un peu plus poliment, l'Hougyoku se retournait vers elle pour lui sourire doucement sans dire forcé.
_Merci pour m'avoir débarrassé d'eux. Oui, je suis ici depuis une semaine au moins, ce village est vraiment charmant. Dommage que certains habitants n'y font pas honneur. Ajoutait-elle faisant allusion à ces quatre lurons ainsi que ceux qui l'avaient abordé aussi indignement lors des feux d'artifices. Ce qui amenait Saxa à se demander comment Tenryu se portait, la deuxième épreuve de l'examen approchait rapidement, il devait sans doute s'entraîner durement. La jeune femme aimerait bien le revoir avant de partir... Enfin... Celle-ci revenait à la grande blonde devant elle.
_Saxa, à qui aie-je l'honneur ? Demandait-elle en décroisant les bras pour se montrer un peu plus sympathique. Au même moment, son ventre se mit à gargouiller bruyamment. Les yeux de Saxa s'écarquillaient et ses joues tournaient au rouge un peu gênée par le bruit que venait faire son estomac.
« Je vais bien, ces culs-terreux ont ruiné ma matinée, mais je m'en remettrai. » Répondit l’inconnue avec un curieux accent hautain et un regard inquisiteur sur ma personne, avant qu’un sourire poli n’apparaisse enfin sur son visage. « Merci pour m'avoir débarrassé d'eux. Oui, je suis ici depuis une semaine au moins, ce village est vraiment charmant. Dommage que certains habitants n'y fassent pas honneur. »
J’approuvai ces mots avec un mouvement de tête, un haussement de sourcils et d’épaule. Résignée. C’était ainsi, comme partout il y avait des brebis galeuses et en l’occurrence ici des bouquetins galeux. Des types avec suffisamment peu de courage pour draguer à plusieurs et très lourdement une femme, aussi belle soit-elle, et trop de confiance en eux pour se permettre d’agir en caïd à l’encontre d’une étrangère. Cette dernière se présenta sous le prénom de Saxa, et son estomac répondit à la place, hurlant une plainte affamée au point d’en faire rougir sa propriétaire. Je ne pus cacher un sourire moqueur :
« Il n’y a pas de mal mademoiselle Saxa, appelez-moi Milly. Je suis chuunin ici et garde du corps pour qui le demande le reste du temps. Je connais assez bien ce genre de gêneur, normalement ils ne devraient plus vous importuner. » Je vérifiai tout de même du regard s’ils ne tentaient pas une entourloupe. « Si vous avez réellement faim mademoiselle, je vous conseille la spéciale du chef, c’est un udon tout particulier, l’un des meilleurs du quartier. Et à un prix très compétitif. »
Un mouvement au coin de la rue attira mon regard. Ils n’oseraient tout de même pas, si ? Pas tant que je serais là au moins. Avec un certain soupire je me saisi du dossier de chaise face à celle de la jeune femme, tirai dessus et m’y installa, les bras croisés sous la poitrine et le regard fixé sur l’angle de rue à plusieurs dizaines de mètres.
« Si cela ne vous dérange pas je vais vous imposer ma compagnie, au moins le temps d’être sûre que vous soyez tranquille … » Pour le moment, plus aucun mouvement suspect, mais il valait mieux reste vigilante. Pour autant je tournai la tête vers l’étrangère et demandai poliment : « Du coup vous êtes à Konoha depuis longtemps ? Il y a un tournoi international en ce moment et beaucoup de candidats prometteurs. Vous êtes peut-être là pour y assister ? Et j’ai pu remarquer votre accent, sans réussir à localiser sa provenance. Il y a une certaine mélodie royaliste qui me ferait penser à des régions du Nord, mais peut-être que je me trompe complétement. »
Un serveur en tenue vint à notre rencontrer avec une paire de menu plastifié, nous demandant ce que nous souhaitions boire. Un simple verre d’eau pour moi.
Au moins ce gargouillis amusait quelqu'un. Son interlocutrice avait du mal à cacher son sourire face à l'air surpris et gênée de Saxa ce qui lui faisait légèrement plisser les yeux et croiser les bras. Susceptible ? Bien évidemment. Cette fois, la grande dame prenait la parole pour se présenter un peu plus en détail. Garde du corps ? Au moins elle en avait le profil, avec d'aussi gros bras les voyous avaient de quoi hésiter à lui tenir tête. « D'ailleurs, il ne doit pas avoir que les voyous qui se sentent intimidés à son égard. » Pensait la kunoïchi. La sortant de sa petite réflexion sur son physique Milly lui proposait d'essayer les pâtes de blé de la place, selon elle, il s'agissait d'une spécialité avec une bonne réputation. La jeune femme tournait un peu la tête pour balayer le comptoirs du regard avant de se retourner vers son interlocutrice.
_Les udons vous dites... Mhhh. Saxa pinçait les lèvres en relevant le menton avec l'intention de croiser le regard d'un ou d'une serveuse pour demander un menu, mais avant d'avoir pu faire cela, la femme tirait la chaise devant elle pour s'asseoir à sa table. La Tsuchijin fronçait les sourcils. Elle l'avait débarrassée de ces animaux, mais ce n'était pas pour autant qu'elle l'avait invité à partager un repas. Cependant, avant que la jeune femme eut le temps de se plaindre ou de lui refuser son intrusion, cette dernière mettait cela sur le dos de la précaution. Son regard qui vacillait autour d'elles indiquait que quelque chose l'inquiétait. La bourgeoise se faisait un peu moins réticente et haussait doucement les épaules.
_Soit. Répondait Saxa en levant les yeux au ciel quelques secondes avant de la regarder de nouveau. Milly avait quelques questions qu'elle posait à Saxa, soit pour assouvir sa curiosité ou pour faire la conversation, ce qui était sûr, c'est la jeune femme ne lui dirait pas toute la vérité... « Mentir... Je déteste mentir... » Alors, elle voulait savoir si elle venait pour l'examen... Serait-ce un bon mensonge? Non. Puisqu'elle n'avait pas assistée à la première partie... Tenryu lui avait fait un résumé de ce dont il était question, mais elle ne pouvait pas faire semblant d'y avoir assisté. Donc, une petite variante de la vérité serait plus appropriée si la Konohajin avait d'autres questions.
_En fait, c'est un surtout par hasard que je suis venue ici en même temps que l'examen ninja. Je suis venue pour les boutiques du pays du feu et Konoha semblait être l'endroit parfait pour ma sécurité lors de mon voyage. À la fois vrai et faux, ce n'était pas comme si elle avait choisi d'être à Konoha, mais bon, ça la garde du corps l'ignorait... Au moins, pour l'instant si ceci ne s'ébruitait pas trop dans leurs rangs.
_Je ne suis pas une voisine en effet, je viens de Tsuchi. Répondait la kunoïchi. Un très long voyage pour quelques robes, mais Saxa aurait fait le tour du monde juste pour poser les yeux sur la nouvelle collection de son couturier préféré qui s'était exposé à Itsuminai. Un petit sourire venait étirer ses lèvres lorsqu'elle pensait à sa nouvelle acquisition avant d'être dérangée par un serveur qui leur apportait les menus. La demoiselle levait les yeux vers le jeune homme lui demandant une eau gazeuse avant de s'emparer du menu pour regarder les udons.
_Vous mangez quelque chose ? C'est moi qui invite. Disait-elle en lisant les plats proposés sur son carton plastifié. « Viande rouge, viande blanche... Porc? Mhh fruits de mer... Mhhh. Pourquoi pas végétarien, » La variété des ingrédients la tentait grandement. Saxa posait le menu sur la table et s'accoudait en croisant les doigts ensemble pour les serrer ensemble.
_Et vous, vous êtes à Konoha depuis toujours ou on vous a recruté ?
Et une eau pétillante pour madame. Elle voulait donc s’assurer de rester sobre et en pleine capacité de ses moyens pour le reste de la journée, un très bon choix. Elle expliqua également être ici plus par hasard qu’autre chose. L’un de mes sourcils s’éleva plus haut que l’autre, ne comprenant pas comment on pouvait venir dans un village caché par hasard. La vraie raison arriva juste après. Les boutiques. Immédiatement j’approuvai de la tête, sans en rajouter car étant totalement novice sur le sujet il était préférable de garder cela pour soi et ne pas se ridiculiser. Oh elle venait de Tsuchi no Kuni ? Tout ça pour des bouts de tissu ? Punaise c’était impressionnant. Je n’avais nullement connaissance de talents couturiers à Konoha qui justifie un tel voyage. Mais probablement que quelqu’un s’y connaissant – et s’y intéressant – mieux comprendrait. Quelqu’un comme Kaede par exemple.
« Je vois, vous l’aurez certainement remarquée je ne suis pas particulièrement calée sur le sujet, aucun je vous souhaiterais simplement de trouver ce que vous êtes venu chercher. Surtout en venant de si loin. »
Et maintenant qu’elle annonçait inviter pour le repas, mon attention se posa sur le menu avec un plaisir. C’était toujours meilleur quand il ne fallait pas sortir le porte-monnaie. Elle, semblait vouloir partir sur une version végétarienne, j’appréciai toutes les infos qu’un tel choix donnait sur elle.
« Moi je prendrais leur udon montagnard, avec œuf, bœuf et beaucoup de légumes, accompagné d’un soupçon d’épices. C’est le genre de plat qui tient bien au ventre pour ne pas tomber à court d’énergie au milieu de l’après-midi, ni entre deux exercices. »
Il suffisait de la regarder pour deviner qu’elle, ses priorités n’étaient pas dans le sport. Mais peut-être qu’elle n’était même pas ninja. De mémoire Tsuchi ne disposait d’aucun camp d’entrainement shinobi, et encore moins de village, alors ce n’était pas impossible qu’elle soit simplement une civile férue de mode.
« En effet j’y suis depuis toujours. Enfin à Hi depuis toujours et à Konoha depuis la fondation du village. Ça aide quand notre mère nous met au monde dans les parages. » Je vins m’accouder à la table en me rapprochant un peu, ça permettait surtout d’avoir un angle de vue optimal sur la rue derrière elle et les potentielles menaces. « Et vous ? Née à Tsuchi je suppose ? Ça a dû vous prendre plusieurs jours pour arriver jusqu’ici. Je salue l’effort. Et votre voyage dans le monde de la mode va se poursuivre ailleurs ensuite, ou bien vous rentrerez simplement chez vous ? Les routes ne sont pas sûres en ce moment, vous pourriez avoir besoin de quelqu’un pour veiller sur vous. »
J’haussai les épaules, l’air de rien, le regard fuyant le sien pour fixer l’angle de la rue et les mouvements suspects.
« Je dis ça sans aucune arrière-pensée ni proposition dissimulée. »
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