L’odeur si particulière des hôpitaux la met toujours mal à l’aise. Ces lieux sont la définition du « quitte ou double ». On sait quand on y entre, on ne sait jamais quand on en sort, ni comment on en sort. C’est une pression insoutenable, qu’elle serait incapable d’encaisser. Les médecins, quelle que soit leur spécialité, sont parmi les êtres les plus courageux de ce monde. Itoe ne manque jamais de leur rappeler son soutien, son admiration pour eux. Ils méritent tous les présents, tous les encouragements, toutes les récompenses. Sans eux, nul doute que leur village serait déjà à la dérive.

Aujourd’hui est un jour qui les met encore sous le feu des projecteurs. Si les civils n’ont pas conscience de ce qui se passe ici, ceux qui les observent n’en ratent pas une miette. Une escouade de ninjas d’élite a récemment été envoyée en mission, pour une patrouille, d’abord, mais aussi pour s’assurer de la sécurité d’un des camps dans Kaminari.
À leur retour, ils ont rapporté avec eux un blessé grave, probablement une des retombées de ladite mission.

Itoe a dû se rendre sur place, d’abord pour constater les dégâts, pour s’assurer de l’état de chacun de ses soldats, mais aussi pour s’enquérir sur les conséquences. Ont-ils réussi ? Ont-ils échoué ? Quelles sont les nouvelles ? Elle a besoin de tout savoir, pour s’assurer que tout se passe pour le mieux, à la fois pour eux, mais aussi pour le village.
Si le camp a été pris, c’est une force en moins pour eux. S’il a été préservé, il faut savoir ce qu’il est advenu des menaces qui s’en sont pris à eux.

En bref, elle a du pain sur la planche, encore plus que d’habitude.
La paperasse lui paraît bien lointaine, d’un coup.

Arrivée devant le bloc, elle croise le chemin de diverses infirmières, qui tentent un sourire. De fortes combattantes, elles aussi. Capables de rassurer alors qu’elles n’y croient pas forcément. Alors qu’elles se démènent pour maintenir le masque sur leur visage.
Les vrais héros ne portent pas toujours une cape.

Néanmoins, ces femmes et autres soignants, qui déambulent dans tout l’hôpital, ne sont pas ceux sur lequel Itoe porte son attention. Elle s’intéresse davantage à quelqu’un d’autre. Un homme, cheveux très longs, très fins. Il émane de lui une aura de tranquillité. Un charisme qui en écraserait plus d’un.
Cet homme, dont le silence est imperturbable, est Hongaken Azusa. Itoe le connaît via divers dossiers, qui lui ont permis de s’intéresser à son histoire, mais aussi quelques grandes lignes quant à ses capacités. Il est du clan Hongaken, ceux qui manipulent le son. Il fait partie de ces génies, qui parviennent à intensifier un bruit, ou d’autres choses encore qui, à vrai dire, échappent à la Raikage.
Azusa, plus précisément, semble faire l’unanimité auprès de toutes les sphères du village : personne ne s’en plaint, jamais. Mais que fait-il ici ?

Itoe s’avance, effectue une courbette respectueuse.

« Bonjour. Puis-je vous demander la raison de votre présence en ces lieux ? »

Elle arque un sourcil, penche la tête. Il n’y a qu’une hypothèse qui lui saute aux yeux, pour le moment.

« Connaissez-vous la personne dans le bloc ? »

Elle ne saurait imaginer à quel point son idée est fausse.
Et à quel point elle le dérange, actuellement.

C’est toujours intéressant d’observer les manières de ses effectifs.
Certains sont rustres, ne font attention à rien, n’emploient pas nécessairement le vouvoiement. Lorsqu’ils ne se rendent pas compte qu’elle est la Raikage, les gens ont tendance à lui parler comme à une jeune adulte. Ça arrive surtout auprès des personnes âgées, qui oublient un peu qui elle est.
D’autres, au contraire, s’enfoncent eux-mêmes le balai pour paraître bien droits, pleins de bonnes manières. Ils en font tellement que ça se remarque à des kilomètres. C’en devient même ridicule.
Mais lui, c’est différent. Dans la stature, le comportement mais aussi dans les paroles, il montre qu’il vient de ce milieu. Qu’il y a été élevé, qu’il le comprend. C’est assez perturbant à voir, parce que ça la rassure plus que ça ne la met mal à l’aise.
Il la comprend. Il pourra échanger avec elle dans un artificiel qui leur est naturel. Un paradoxe si étrange, de l’extérieur, pourtant si agréable à vivre.

Itoe lui sourit. Une mimique discrète, mais authentique.
Elle secoue doucement la tête quand il lui renvoie la balle. En effet, ce serait idiot de lui demander ce qu’elle fait là. Ils savent tous les deux la raison de sa présence, l’inverse serait même étonnant.
C’est triste, c’est difficile. Ça lui met une pression colossale sur les épaules, qui pourrait presque l’écraser entièrement. Mais ça fait partie des tâches ingrates de son travail.
Le monde ne peut pas toujours être fait d’arcs-en-ciel et de fleurs.

Elle hoche doucement la tête aux paroles d’Azusa. Contrairement à certains membres de son clan, il a choisi de rester ici. Il a choisi de servir le village. Les raisons qui l’ont mené à une telle décision intriguent la Raikage. Elle le met dans un coin de sa tête, pour s’assurer d’en reparler plus tard.

Pour l’heure, il faut se concentrer sur l’instant présent : que fait-il ici ? Une opération de grande envergure a lieu derrière les portes fermées, opération dont personne ne doit être témoin. Alors, pourquoi ?
Investi, il annonce s’assurer des résultats de la mission. Itoe penche doucement la tête : comment ? Est-ce lié à ses capacités innées ?
Intriguée, elle met cette question dans un autre coin de sa tête, pour éviter de les mélanger. Elle va avoir beaucoup de choses à lui demander, apparemment.

Itoe opine une nouvelle fois de la tête. La mission est accomplie. Ils ont réussi à repousser la menace, le camp est donc sauvé. C’est un bon point. Est-ce suffisant ? Ça, c’est une autre question.
Les prunelles améthystes s’assombrissent, donnent à la Raikage la dernière information de la liste, la plus importante de tous.
L’un d’eux ne rentrera pas chez lui. Il faudra prévenir la famille, s’assurer de la transmission des biens et lui donner un enterrement digne de ce nom. Cet homme est mort au combat, mort pour son village.
Il fait partie des premières victimes de la remilitarisation de ce monde.

Itoe soupire, presque un sifflement qui s’échappe d’entre ses narines. Le monde a besoin de paix. De prospérité. Il est temps de se mettre au travail pour de vrai.

« Merci. », dit-elle simplement.

Ses iris écarlates ont perdu de leur éclat. Ils ne scintillent plus, sont voilés par une tristesse qu’elle ne peut masquer. Elle secoue la tête.

« Nous devons nous assurer que ce sacrifice ne soit pas vain. »

Itoe ne parle plus avec le même panache. Elle est plus froide.

« Venez, ne restons pas là. Ils auront besoin d’espace pour finir leur travail. »

Solennelle. Itoe reprend son rôle bien en main. Ce sera compliqué pour les médecins, mais ils savent ce qu’ils font. Elle doit maintenant reporter son attention sur ce Chûnin.

« Pouvons-nous nous isoler ? J’avoue avoir quelques questions à vous poser. Ce n’est pas le meilleur moment, ni le meilleur endroit, mais cela me semble important. »

Un sourire. L’ombre de tous les autres, mais sourire quand même.

« Évidemment, si cela vous pose un problème, nous pourrons reporter. »

Elle pose les prunelles sur le couloir, au loin.

« Ne vous en faîtes pas, quand viendra l’heure d’honorer notre coéquipier, nous irons. »

Change de cible, observe de nouveau Azusa. Hors de question de laisser tomber les fiers soldats du village, ils sont une priorité au même titre que le reste, si ce n’est plus encore.

Un sourire.
Une audience, ici, après un tel événement. Ce n’est pas commun.
Itoe a l’impression que c’est une de ces rares occasions, qui ne se présentent qu’une fois dans une vie. Sinon, elle va devoir lui envoyer une lettre, trouver une place parmi ses occupations actuelles. Faire en sorte de le faire exister, là où elle-même n’existe plus.
Trop compliqué.
Autant profiter de l’instant présent, aussi étrange soit leur situation.

Itoe traverse le couloir. Au moins, il n’a pas fait le difficile. Et, comme il le dit, les couloirs de l’Aiguille sont relativement vides à cette heure. Les habitants ont tendance à venir plus tard, lorsque le Soleil se montre moins timidement. Les ninjas, quant à eux, arrivent soit très tôt, lors d’urgences, soit en fin d’après-midi, lorsqu’ils ont terminé leurs entraînements.

Quoi qu’il en soit, lorsqu’ils passent le couloir, Azusa revient aussitôt à la charge. Le sujet de leur conversation va être purement administratif, correspondant ainsi à ce que peut faire Itoe. C’est barbant, mais nécessaire.
Elle est certaine qu’une fois toutes ses considérations résolues, elle pourra vivre avec eux des aventures extraordinaires.
Mais, pour le moment, il faut régler ces histoires de paperasse, faire en sorte que tout le monde y trouve son compte.
Mettre les gens dans les bonnes boîtes, pour que le village fonctionne. Pour que tous puissent grandir et contribuer.

« Cela peut paraître déplacé et j’en suis désolée. Néanmoins, si j’avais voulu vous rencontrer autrement, ils nous aurait fallu passer par des moyens bien plus complexes. Ne vous en faîtes pas, cela ne devrait pas être trop long. »

Elle lui sourit. Une mimique timide, qui se présente à peine sur ses lèvres, s’efface aussitôt.

« J’aimerais savoir, d’abord, comment vous vous y êtes pris pour entendre toutes ces choses. Est-ce lié à votre capacité innée ? »

La théorie suppose que oui, mais, comme on ne sait jamais, Itoe préfère s’assurer que toutes les informations soient correctes. Il ne manquerait plus qu’il y ait un quiproquo et qu’ils ne puissent pas évoluer comme il convient de le faire.

« Dans un second temps, j’aimerais savoir ce que vous attendez de moi, mais aussi du village. Que souhaitez-vous accomplir, Azusa ? »

C’est abrupt. Elle reste silencieuse un très court instant, avant de rebondir.

« De quelle manière puis-je vous y aider ? »

Le point important de cette conversation, celui sur lequel Itoe tend à attirer l’attention. Son rôle est de le faire briller, lui aussi. D’en faire une fleur resplendissante.
Pour cela, elle a besoin d’en savoir un maximum.
Une audience peu conventionnelle, mais audience quand même.

Hongaken Azusa est décidément un homme plein de surprises.
Grâce à ses capacités, il est capable d’amplifier des sons lointains, pour qu’ils lui parviennent aussi distinctement que possible. C’est une possibilité incroyable, finalement. Il peut être utile dans tellement de situations qu’elle ne sait même plus laquelle expliquer.
Son regard sur son subordonné change un peu. Elle l’admire, d’une certaine manière. Cet homme peut être un soldat d’une valeur inestimable.

Sa perception et ses attentes du village sont d’une poésie qui la ferait presque rougir. Il a l’air de tant en vouloir, de tant en attendre d’elle, qu’elle ne sait pas si elle sera à la hauteur. Ce sont de grandes responsabilités, plus encore que celles imposées par sa position de Kage. Il l’observe, pose ses espoirs en elle.
Itoe sourit.

Il n’a pas tort, au fond. Ce village peut être le berceau de l’Humanité. En y travaillant bien, il pourrait réellement l’être.
Mais, comme il le dit par la suite, pour cela, il faut que Itoe soit capable de mener ce monde d’une main ferme. Qu’elle ne craigne pas les décisions les plus virulentes, qui mèneront d’autres êtres à la mort. La fin d’une vie, pour la préservation d’une autre. Si c’est pour Kumo, pour Kaminari à plus grande échelle, cela ne lui semble pas si surprenant. Ni impossible. Au contraire.
Elle hoche la tête doucement, le visage sombre. C’est une réalité difficile, froide, à laquelle elle n’échappera jamais.
Dans son sillage traîneront peut-être une grande quantité de cadavres. Peut-être que son règne mènera à la mort de nombreuses figures emblématiques. Ce n’est pas son but, ni son ambition première, mais c’est une réalité que la Raikage ne peut ignorer.

Elle sera un instrument de vie, oui.
Mais elle sera aussi un instrument de mort.

Son sourire s’affirme aux derniers mots d’Azusa. D’une certaine manière, il la remotive. Il lui donne envie de se battre.
Itoe déplacerait des montagnes, pour tous ces gens. Elle irait jusqu’au bout du monde.

« Merci encore, Azusa. J’ai l’impression de passer plus de temps à vous remercier qu’à vous exposer mes idées. C’est amusant. »

Elle inspire profondément.

« Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que Kumo prospère. Quoi qu’il en coûte. Vous pouvez me faire confiance pour cela. »

La voix est froide. Dure. Il y a dans les intonations une lucidité qui lui fait presque peur.
Tuer pour préserver. La loi de la jungle. Une loi qu’elle n’aime pas, mais à laquelle elle ne peut se soustraire.

« Quant à vous, je pense que vous pourriez m’être d’une grande aide. J’aimerais savoir, Azusa, vous considérez-vous comme un grand combattant ? Ou préférez-vous être dans l’ombre ? »

Son sourire revient. Elle est redevenue douce, légère.

« Vous pourriez être un espion, un assassin, ou simplement un voyageur qui récolte des informations. Toutes ces pistes me semblent vous seoir à merveille. Mais j’ai besoin de savoir ce qui vous intéresse le plus. Je ne voudrais pas faire peser sur vos épaules le poids d’une mission que vous ne voudriez pas. »

Seule la Kage doit porter ce fardeau.
Les autres peuvent grandir et s’épanouir à leur manière : elle prendra sur elle tout ce qu’ils ne doivent pas subir.
Maintenant et jusqu’à son dernier souffle.

Il y a, dans le respect d’autrui, quelque chose qui frôle l’embarras. Ce n’est pas réellement gênant, mais ça ne la met pas forcément la plus à l’aise possible. Elle sait que tous ces visages comptent sur elle, que toutes ces vies peuvent s’éteindre si elle ne travaille pas dur. C’est ce qu’elle a accepté en arrivant ici, en endossant cette lourde cape d’Ombre des Nuages. Pourtant, quand elle est mise face-à-face avec quelqu’un qui lui est fidèle, qui lui est loyal sans détour, elle ne sait plus trop où se mettre.

C’est un sourire timide sur ses lèvres, quelques rougeurs sur ses joues.
Ça a l’air anodin, comme ça.
Dans sa poitrine, par contre, c’est la folie. Les battements de cœur affolés, qui ne veulent plus rien dire.
Itoe fait en sorte de rester digne, de ne rien laisser paraître. Elle se contente de pencher la tête, plus touchée que jamais.

Hongaken Azusa s’illustre de plus en plus comme quelqu’un de confiance, en qui Itoe peut poser de nombreux espoirs. S’il s’extirpe de la responsabilité d’être un très grand combattant, qu’on envoie sur le champ de bataille pour mettre tout le monde à mal, il brille différemment. C’est un observateur, qu’on emploie pour ses capacités déductives, parce qu’il sait tout. Il agit dans l’ombre la plus noire, là où les yeux humains ne peuvent plus l’atteindre.

Itoe sourit.
Il lui fait penser à Raesthra, d’une certaine manière.
Et elle ne sait que trop bien à quel point ces gens sont précieux pour le village.

Il est cette silhouette presque invisible, tapie dans l’Ombre, qui n’attend que son signal pour se mettre en marche. Mais comment le mettre en marche ? Comment employer ses capacités à leur potentiel maximal ? Comment faire de lui une unité d’élite, sans qu’il se sente lésé ? Sans qu’il ait l’impression d’être simplement mis dans une case, jusqu’à ce qu’on ait besoin de lui ?
Itoe réfléchit. Elle n’est pas sûre de la méthode à employer. Elle a besoin d’en savoir plus.

« Votre dévouement me touche, Azusa. Il est clair que certaines personnes sont moins bienveillantes à mon égard, mais il est de mon devoir de leur montrer que je ne suis pas qu’une jolie fleur. Je travaillerai à ce qu’ils soient convaincus par mon travail comme vous pouvez l’être. »

Son sourire se fait plus naturel, plus doux.

« J’entends que vous êtes loyal, que vous souhaitez m’aider de votre mieux. Néanmoins, toutes options considérées, je ne suis pas sûre de savoir où vous positionner pour que votre rôle vous convienne. »

C’est une situation étrange, finalement. Ne pas savoir quoi faire pour l’aider. Pour rendre son service à Kumo plus simple, plus agréable. Enfin, simple, c’est relatif. Il va peut-être devoir réaliser des tâches qui ne lui plairont pas, ou ne lui conviendront pas. Itoe doit trouver la bonne piste à suivre pour que le Hongaken s’épanouisse pleinement au sein du village.

« Je vois bien quelques autres pistes, pour être parfaitement honnête. Ceci dit, j’aimerais savoir quelles sont vos idées avant de vous parler des miennes. Peut-être avez-vous pensé à quelque chose que je n’ai pas encore vu, Azusa. »

Travailler de concert pour un monde de paix. Encore, toujours.
Et Azusa a peut-être une longueur d’avance sur elle, qui sait ?

Quoi ?
Ça lui tombe dessus comme un marteau. Elle ne comprend pas.
Sa garde rapprochée ?
Pourquoi ?

Itoe l’observe longuement, perplexe. Interdite, l’albinos n’a aucune idée de la réponse à donner à cette question.
Pourquoi veut-il être aussi proche ? Pourquoi pense-t-il qu’il faille lui offrir une telle protection ?
Ses mots sont doux, caressent sa peau comme une plume. Elle a presque envie de le serrer dans ses bras.
La sensation s’envole rapidement, remplacée par une mine perturbée. Il voudrait rester là. Auprès d’elle. La protéger, agir pour elle. Être l’ombre de l’Ombre. Le peut-il cependant ?
Itoe rougit.

« Oh. »

L’onomatopée lui échappe. Le monde tourne autour d’elle. Il fait sens, sans faire sens. C’est étrange. Perturbant. Ça lui donne l’impression qu’elle ne peut plus rien y faire. Qu’elle a raté le coche.
Sa main s’élève, le long de ses hanches. Elle retombe aussi sec. Des actes qui s’affaissent avant même de prendre forme. Ça disparaît sans avoir vécu.
Elle hésite.

« Une Garde rapprochée. »

Ça heurte sa perception. Ça la laisse pantoise.
Mais il faut qu’elle se reprenne, qu’elle lui donne une réponse. Qu’elle lui dise quelque chose. Quelque chose de censé, qui lui permette d’avancer.
Pas n’importe quoi, n’importe quoi ne fonctionnerait pas.
Itoe chasse tous ses songes et recentre son attention. Elle inspire longuement.

« Votre sollicitude me touche profondément, Azusa. Je suis heureuse qu’il existe des êtres, comme vous, qui fassent preuve d’une telle loyauté. J’espère ne jamais vous décevoir. »

Un sourire.
Reprendre ses moyens. Chasser ses peurs, chasser ses doutes par la parole. Se concentrer sur l’instant présent. Ce qu’il est possible de faire, ce qui ne l’est pas.
Ce qui importe le plus.

« Je ne peux malheureusement accéder à votre requête pour le moment. Néanmoins, j’aimerais vous proposer quelque chose de nouveau, qui vous permette peut-être, à terme, d’atteindre cette position. »

Y aller petit à petit. Lui offrir des opportunités.
Lui permettre de grandir, comme il l’aimerait.

« Formons un duo. En évoluant ensemble, nous apprendrons à tisser cette confiance dont nous avons besoin. Nous apprendrons à fonctionner de la meilleure des manières. Une fois cette étape finalisée, vous pourrez prétendre à ce rôle. »

Des promesses d’avenir. Ces promesses que tout le monde aime entendre, mais que chacun préfère voir réalisées. Il va falloir travailler dur, prendre le temps de faire les choses.
Mais il est certain qu’ils parviendront à quelque chose.

« Est-ce que cela vous convient ? »

Dîtes oui, dîtes oui.
Par le ciel, ne soyez pas offusqué par cette remise à demain.
Comprenez.
Et dîtes oui.