Cela faisait littéralement deux mois que Keiko enchainait les missions à un rythme effréné. Elle était loin de s'en plaindre, c'était même le contraire. Pour une militaire de carrière, il n'y avait rien de mieux que de se sentir utile et appréciée. C'était visiblement le cas, ses missions devenant de plus en plus compliquées et dangereuses au fil des semaines. Le pire dans tout ça c'est que le rythme semblait même s'être accéléré ces derniers temps ! Elle venait d'ailleurs à peine de rentrer d'une mission à Port-Tonnerre en compagnie de Kaori. Elle avait juste eu le temps de remettre son rapport qu'on lui avait littéralement sauté dessus. Même si la sensorielle avait du mal à se l'avouer, elle aurait bien apprécié quelques jours de repos dans une source thermale. Historie de décompresser.

Mais ça c'était avant de prendre connaissance de sa dernière affectation !

Keiko était réquisitionnée afin de mettre en terme à l'activité criminelle qui sévit actuellement à Raiun au nord de la capitale. Une zone particulièrement instable ces derniers temps. Cela lui faisait énormément de bien de retrouver un peu d'action. Ses dernières missions s'étaient révélées certes très intéressantes mais elles avaient surtout tourné autour de la diplomatie et des plans plus élaborés que ce qu'elle appréciait. Attention, la sensorielle n'était pas une bourrine mais sans son entrainement quotidien elle pouvait se montrer à cran. Alors quand on lui proposait de se défouler un peu, c'était généralement le bienvenue...

Mais ce n'était pas la meilleure nouvelle !

Keiko serait accompagnée de nulle autre que la Raikage, Seika Itoe en personne ! Décidément, elle avait vraiment pris du galon. Ou alors ils n'avaient trouvé personne d'autre de gradé pour accompagner la kunoichi la plus importante du village ! C'était clairement du domaine du possible tellement Kumo avait à faire ces derniers temps ! Kaminari semblait sur le point de littéralement imploser ! Elle eut quelques pensées pour sa famille à la capitale, vassale des Sugimoto. Ces derniers seraient probablement les premiers visés en cas d'attaque ne règle sur le gouvernement. Mes ses pensées n'occupèrent pas longtemps son esprit. Elle avait tellement de challenges à affronter à Kumo. C'était pour ça qu'elle avait intégré le village après tout ! Après des ablutions sommaires, Keiko se rendit aux porte du village afin d'y attendre sa Raikage qui prendrait évidemment la tête de leur mission. Quelle fut sa surprise en constatant que la Seika était déjà sur place ! Et dire qu'elle se targuait d'être toujours en avance... Ca la foutait un peu mal.

"Raikage-sama. Je suis prête quand vous l'êtes."

Keiko se courba une fois à sa hauteur. Elle dut combattre son éducation noble et toutes ses leçons d'étiquette pour ne pas immédiatement flatter Itoe. Elle se tint toutefois bien droite, ne connaissant pas les habitudes ou la rudesse de la cheffe du village.

"En effet. Ce genre d'individus ne répondent qu'à la force."

Keiko acquiesça devant la déduction d'Itoe sur les bandits. Ces derniers ne juraient que par la loi du plus fort, que ce soit au niveau de leur bras ou de leur parole d'ailleurs. C'était un simple constat mais tous les bandits qu'elle avait croisé par le passé durant son affection le long de la frontière de Shimo, et Susanoo sait que ces derniers furent nombreux, ils parlaient tous forts et avaient tendance à surestimer leurs propres capacités. Un point sur le quel il serait ainsi facile d'appuyer le moment venu. Même si cela restait de simples bandits selon les rapports initiaux. Les seules craintes de la sensorielle résidaient dans la présence de civils innocents dont les bandits se serviraient comme bouclier. Ils n'étaient pas les plus courageux et honorables. La confession de la Raikage sur ses propres capacités prompta la Genin à en faire de même.

"C'est exact, je suis une sensorielle avertie, spécialisée autant en camouflage qu'en repérage incluant leurs nombreuses déclinaisons comme le Henge pour ne citer que cette aspect. Je maîtrise aussi les bases du Taïjutsu, ayant fait de gros progrès en la matière grâce entre autres aux conseils avisés de Danseitai Hiroki, mon chef d'équipe. Si mon Taijutsu n'a pas la versatilité de ma sensorialité, il me permet es techniques toutes aussi redoutables en combat rapproché."

Keiko était flattée que la Raikage, non seulement la connaisse, du moins sur le papier mais lui demande en plus son avis. Elle essaya d'en montrer le moins possible mais une franche admiration parvenait tout de même à percer sa façade d'ordinaire d'une solidité à toute épreuve. Cela ne faisait que quelques mois qu'elle avait intégré le village en quête de défis à relever alors elle ne pouvait pas vraiment se prononcer sur la politique d'Itoe. Néanmoins, de ce qu'elle avait pu entendre, cette dernière serait un peu trop laxiste au goût de certains. Et ces personnes étaient de plus en plus nombreuses et devenaient bien plus vocales. Si Keiko n'avait pas choisi d'intégrer l'armée kaminarijin très jeune, elle serait probablement à la cour du Daimyo à l'heure qu'il est, mariée au fils d'un autre clan de la capitale. Et accessoirement elle ferait sans doute partie de cette minorité vocale qui voudrait que Kumo se montre plus intimidant, sans toutefois retourner aux méthodes bien plus brutales du passé. Elle estimait qu'il y avait un juste milieu à trouver. Même si sa condition de simple soldat lui dictait de se taire et d'obéir aux ordres. Quels que soient ces derniers. Elle donna tout de même son opinion sur la mission.

"Je suis partisane de la manière forte. Pour montrer l'exemple et empêcher que ce genre de véritables "prises d'otages" se reproduisent dans d'autres villages du pays. Dans un premier temps il serait bon de s'enquérir de leurs effectifs. Pour ce faire, on peut récolter des témoignages auprès des victimes et de leurs proches mais on peut aussi espionner directement leur camp de base. Je pense qu'on peut se séparer ces tâches avant de se rejoindre pour faire le point de décider de cette fameuse manière forte."

Keiko répondit en toute franchise après quelques instants de réflexion. Elle était du genre honnête et franche à ce niveau là, n'hésitant pas à donner son avis lorsque ce dernier lui était demandé. De la même manière, elle appréciait le fait qu'Itoe, sa supérieure, lui ait demandé son avis comme elle l'aurait fait elle-même si elle avait été dans sa position. La sensorielle n'avait presque aucun ego et n'hésitait pas à avouer ses faiblesses pour le bien de la réussite d'une mission. Etonnement, si ce n'était probablement pas le cas de tous les kumojin, ceux qu'elle avait rencontré jusque là partageaient ce trait de caractère. Après y'avait sûrement des cons pompeux et pédants partout mais force est de constater qu'il y en avait bien moins que dans l'armée régulière.