Ostara, Ostara, Ostara.
Lire son nom sur la missive lui fait chaud au cœur.
Elle va revoir Ostara.
Elle a l’impression que la dernière fois remonte à une éternité.
Depuis, Rise a rencontré le chien de la famille, elle est devenue Chûnin, elle est partie à Arashi pour voir ce qui s’y tramait.
Que s’est-il passé dans la vie d’Ostara pendant ce temps ?

Postée devant les portes du village, la borgne attend sa compagne de mission avec une impatience croissante.
Bon, ses ordres du jour ne sont pas les meilleurs qui soient, c’est évident, mais c’est une mission avec Ostara ! Comment va réagir la rouquine, confrontée à une autre religion ?
Selon les faits relatés sur la missive, il s’agirait d’un groupe qui tendrait à concurrencer le temple d’Amaterasu.
Donc des religieux un peu timbrés qui veulent imposer une nouvelle religion, en parallèle d’une autre qui est déjà présente, ancrée dans les mœurs.
Ça ne choque pas Rise, après tout, ce n’est pas la première fois qu’elle entend ça. Mais quand même. Ça l’embête.
Pourquoi tenter de concurrencer une autre religion ? Surtout quand elle est établie à ce point ?

Et puis, ça sous-entend d’autres questions, toujours aussi nombreuses.
Que vénèrent les gens qui y croient ? Vers qui portent-ils leur foi ?
Quelles sont leurs revendications ? Que cherchent-ils à faire ?
Que cherchent-ils à obtenir ?
Pourquoi tenter l’impossible ?
Quelles coutumes ? Quelles applications ?

Encore une fois, selon la lettre, ils n’ont commis aucun acte répréhensible et n’ont fait de mal à personne, pour autant, il faut absolument s’en mêler et les arrêter.
Alors pourquoi ?
Rise soupire.
Encore des fanatiques ?
Ou alors ils sont gentils et la « conversion », si tant est qu’il faille les convertir, sera plutôt perçue comme une répression.

Rise n’a jamais su gérer les religieux correctement. Elle ne comprend pas comment l’Homme, à un moment de sa vie, a pu se dire qu’il n’y avait que cette foi qui lui permettrait d’avancer.
Elle ne parvient pas à saisir comment quelqu’un peut finir par croire en quelque chose qu’il ne voit pas, qu’il n’entend pas et dont les paroles sont rapportées par quelques autres.
Non, elle n’y arrive vraiment pas. Pourtant, nombreuses sont les confrontations qui ont eu lieu entre elle et des religieux ! C’est pas faute d’avoir essayé.

La nécromancienne ne les empêche pas de le faire, loin de là. Seulement, non, elle n’y arrive pas.
Elle ne pourrait pas dédier sa vie à une entité impalpable, lointaine, qui n’existe que grâce à la foi.
Probablement parce qu’elle n’a pas de foi, justement.

M’enfin.

Son regard quitte le rempart, qu’elle fixait sans fixer depuis un instant, suite à toutes ses réflexions.
Au loin, la jolie Ostara arrive, fidèle à elle-même.
La rouquine !

« Salut toi ! »

Un large sourire.

« Comment vas-tu ? »

Mais aucune autre marque d’affection.
Elle est contente de la voir mais ne le dira pas. Ne le montrera pas.
Parce qu’au fond, si son cœur danse en voyant Ostara, Rise n’a aucune idée de la manière dont ces choses se communiquent.
Alors elle se contente de mener sa vie comme d’habitude, façon Rise.

Elle est Chûnin, c’est vrai.
Cette nouvelle trouble Rise, qui se souvient de la longueur de son voyage à Arashi. Elle a l’impression d’avoir raté tant de choses et, pourtant, tant appris en même temps.
Ça la perturbe énormément.
Mais en même temps, ça la rend si heureuse !
Sa petite Ostara lui semble grandie. Différente.

Elle sautille sur place.

« Roh mais félicitations à toi ! Je suis si fière ! »

Un large sourire étire ses lèvres.
Du bout des doigts, elle caresse l’épaule de sa partenaire du jour.

« T’en fais pas pour le p’tit père. Il ira très bien. »

Elle ne sait pas si Akira est comme leur chien, qui est plutôt indépendant. Il vit sa vie tranquillement, ne s’inquiète ni des départs, ni des retours.
Comme s’il s’en foutait, en fait.
Aussi flegmatique que sa maîtresse.

Aujourd’hui, Ostara est celle qui régale. Elle annonce à Rise qu’elle a trop cuisiné la veille, ce qui leur donne des provisions pour leur voyage et plus encore.
La borgne hoche doucement la tête.

« Super ! »

Naturellement, après avoir pris toutes ces informations, la Chûnin se met en route.
Comme elles savent plus ou moins de quel bois est faite leur partenaire, les deux femmes n’ont pas à s’embarrasser de ces longues discussions inintéressantes.
Rise en profite donc pour amorcer un autre sujet alors qu’elles avancent.

« J’ai appris que tu étais allée à Konoha pendant mon absence ! C’est bien, là-bas ? »

Elle n’a jamais mis les pieds ailleurs qu’à Kaze. Et Cha, maintenant, mais c’est différent.
Ce n’est pas faute de vouloir voyager, découvrir le monde et connaître d’autres pays, mais ce n’est pas à l’ordre du jour.
Son œil unique scrute les alentours pour s’assurer que rien ne vienne perturber leur trajet et, pour le moment, il s’agit d’un voyage plutôt tranquille.
De quoi progresser sans trop se fatiguer.

N’empêche, cette histoire de religion … Comment est-ce que la rouquine se sent, par rapport à tout ça ?
Qu’est-ce qu’elle préconise ?
Ici et maintenant, Ostara est la plus avantagée des deux, celle qui a le plus de chances de faire pencher la balance dans un sens ou dans un autre.
Rise pourrait très bien casser la baraque et régler le problème avec la violence, mais elle n’est pas certaine que ce soit la meilleure méthode.

« Pour cette histoire, là. Tu conseilles quoi ? Ils n’ont encore attaqué personne, après tout. Leur rentrer dedans fonctionnerait pas. »

Si leur relation est tumultueuse quand elles viennent à parler de religions, Rise est consciente que, cette fois, les connaissances de son amie seront plus que précieuses.
Elle met de côté toutes ses appréhensions, tous ses ressentis négatifs et tous ses doutes pour se concentrer sur la mission.
Pour mieux désamorcer une telle situation, il faut comprendre ce qui la génère, ce qui lui permet de subsister.
Pour cela, rien de tel que la patience, l’écoute et … toutes ces choses qui n’animent pas beaucoup Rise, malheureusement.