Depuis peu de temps, les voix secrètes de l'unité Kagakusha susurraient aux oreilles de Muku. Une complainte mélodieuse et envoûtante réclamant l'arrivée de la genin en son sein. La branche Kaitakusha avait besoin d'aide, elle avait besoin d'elle... Convaincue que l'échec au temple oriental de Susanoo aurait pu être évité, la genin se targuait naïvement d'être le remède à la carence du village. Un service de renseignements défaillant voire inexistant. Son pouvoir originel lui ouvrait le champ des possibles, mais avant de déployer ses origamis à travers le monde, elle devait passer maître dans l'art de la discrétion et de la récolte d'informations. Le printemps est arrivé, la saison de la moisson approche.

N'être rien, être invisible aux yeux de tous fut son quotidien pendant des années. Une moins que rien. Une âme sans valeur. Un insecte qu'on ignore à défaut de l'écraser. Tout ça, elle saurait le jouer sans forcer, se fondre dans la masse pour passer inaperçue. Ne lui restait qu'à maîtriser les différents moyens de récolter les informations. Avant de déployer des trésors d'inventivités, il fallait se concentrer sur la base, l'essentiel : être partout à la fois. Se démultiplier pour prendre ce qui à prendre, et jeter ce qui est à jeter. Ne garder que le meilleur, l'information capitale qui changera le cours d'une bataille.

Le tournoi Kumojin fut formateur sous bien des aspects. De ses expériences personnelles, Muku avait appris à ne tirer que le positif. Alors sa nouvelle défaite contre Nanabe n'en fut pas une, puisqu'elle s'évertua à discerner le point faible de son adversaire et à mettre immédiatement une stratégie en place pour s'en défaire. Loin des combats brutaux et honorifiques, elle se satisfait dans les éliminations rapides et silencieuses. L'ombre est accueillante et protectrice pour qui sait voir à l'intérieur.
Sous un tout autre aspect, le tournoi apporta au nez de la genin divers combats dont elle sut tirer les enseignements. Cette jeune femme à la chevelure ébène, elle aussi, avait fait étalage de toute sa puissance contre l'homme élastique. Notamment une technique convoitait par la Senbaru, le clonage élémentaire.

* Quand je l'ai vu se battre, j'ai instantanément compris l'utilité de ces invocations. Je n'en mesure peut-être pas encore toute la portée, mais je sais déjà que tant sur le plan offensif que sensoriel, elles me sont indispensables. *

Et comme le destin est enfin généreux avec la pauvre Senbaru, il plaça sans attendre la chûnin sur sa route. Nommée Senseï, elle apprendrait à la genin tout ce qu'elle doit savoir sur les arts ninja, et notamment ce fameux clonage élémentaire.

* Je ne la connais pas encore très bien, je ne sais pas à qui j'ai à faire. Mais temps qu'elle me donne ce dont j'ai besoin, je m'en contenterai. * Se suffit la narcissique tisserande.

Elle avait retrouvé une figure paternel en la personne de Ren, le bibliothécaire. Leur relation fusionnelle, normal entre deux cons, et le secret qui les unissaient lui suffirent. Elle n'avait nul besoin d'une mère ou d'une grande-soeur de substitution, elle était simplement venu chercher une instructrice militaire.

« Je suis là pour apprendre à me battre. » lança-t-elle dans le vent, sur cette plate-forme déserte.