Inegai, ce village rappelle un peu Kouwareki, ça fait remonter des souvenirs à Hiroki. L'odeur iodée, la vue sur une mer azur infinie, minus la crasse et les mendiants qui sont inhérents à toutes les grandes villes. Mais ce n'est pour autant que la ville est dénuée d'activité, bien au contraire, les marchés au poisson attirent du monde.

Mais Hiroki n'est pas là pour faire du tourisme, il est en mission avec Momji. Rien de bien violant, régler une dispute entre veuves d'un riche marchand. Le problème, c'est que l'une d'entre elle à sûrement des liens avec des groupuscules locaux, donc la petite équipe est là pour assurer les négociations et s'assurer que rien ne dégénéré. Mais malgré toute la gentillesse du géant, il n'est guère un négociateur, il espère que Momji à un peu plus d'expérience que lui pour gérer ce genre de situation. C'est vrai, c'est à peine s'il a reçu une éducation, alors se comporter convenablement avec de la haute société, ça va pas être du gâteaux.

En parlant de gâteaux, le colosse commence à avoir faim, donc il se prend des takayoki, après tout en haut dans les montagnes, le poisson, est moins commun qu'ici. Il ne coûte pratiquent rien. Donc il se permet de prendre une portion raisonnable pour la jeune fille, et le triple pour lui même, car soyons honnête, Hiroki mange pour 5. Un vrais ogre. Mais bon, un métabolisme comme le sien ça consomme pas, ya de la masse à entretenir après tout. Mais peut être devrait il y aller un peu plus molo sur le sucre, aprés tout à la longue ça peut être mauvais pour lui, mais honnêtement il faudrait lui passer sur le corps avant qu'il arrête de bouffer sucrée.

"Bon, tu ty connaît un peu en protocole, politesses et compagnie, parce que je sais comment m'adresser à un supérieur, mais la haute, j'y connaît rien, ça me fait un peu peur."

Briefing ::

Le village d’Inegai est tout ce qu’on pourrait attendre d’un village de pêcheurs, avec ses maisons sur pilotis et ses nombreux bateaux de pêches qui font des allers-retours entre la mer et les côtes. Néanmoins, contrairement à de nombreux hameaux qui bâtissent sur la terre ferme, le sol d’Inegai est plus traître, presque marécageux, de ce fait, même sur les parcelles en dur, il est de bon goût de construire en hauteur. Ne serait-ce que pour éviter la marée haute, mais aussi tout ce qui pourrait venir du sol meuble, se faire réveiller par un crocodile n’est jamais agréable. Mais ces détails n’intéressent pas Hiroki, qui préfère se concentrer sur le poisson, il est vrai que moi-aussi, j’en mangerai bien un petit peu et quand il revient avec de la nourriture pour nous deux, je ne cache pas ma joie.
Nous sommes à côté de la mer, le poisson compte moins cher qu’au sommet des montagnes, à Kumo. Cette mission, si elle n’a rien de drôle, nous offre l’opportunité de changer un peu notre alimentation. Il faut dire que même avec le train, les lignes du pays de la foudre ne montent pas jusqu’au sommet des montagnes et les derniers kilomètres doivent se faire à pied ou à cheval. Ce n’est pas le plus rapide, en particulier quand il faut acheminer des produits frais.
Mais ce n’est plus l’heure de raconter nos vies : nous avons une mission à effectuer et pas des moindres. On nous envoie régler un problème de nature juridique, quand bien même je n’ai jamais fait de droit de ma vie. L’occasion de tester ma polyvalence et ma capacité à réfléchir, même si selon les généraux, il y a des risques que la pègre locale s’en prenne à nous. Sakura, la plus jeune et la plus belle des deux épouses, aurait des liens avec quelques gros bras. Ce n’est pas pour rien qu’on nous envoie à deux régler ce litige.
Pour répondre à la question d’Hiroki.

« Tu dis madame et tu la vouvoies. C’est comme à un supérieur, sois poli et tout se passera bien. D’accord caillou ? »

Nous partons en direction du manoir Fûsho, une grande propriété avec juste à côté, une brasserie et une poissonnerie. Rien d’étonnant à ce qu’il y ait une dispute : sans vouloir faire preuve de cynisme, il y a un sacré magot à la clef. Néanmoins, ce n’est pas mon rôle de juger de cette affaire.
Puis je me souviens des ordres de missions : ils me demandent littéralement de trancher le litige en faveur de Yume si Sakura refuse d’entendre raison.
J’ai un pincement aux lèvres : tout cela ne me dit rien qui vaille.

« Mais pour être honnête avec toi caillou, j’ignore tout du droit des propriétés et des héritages, j’essaierai de trancher au mieux, mais déjà, allons voir de quoi il retourne. Nous sommes arrivés. »

Je toque à la porte du domaine et c’est une domestique qui nous ouvre. Une jeune femme qui doit avoir mon âge, avec un kimono de printemps.
« Bonjour, nous sommes les ninjas envoyés par Kumo pour résoudre le litige entre les deux épouses Fûsho.
-Que le ciel soit loué vous voilà. Je m’inquiétais que la situation ne dégénère, Yume et Sakura sont à deux doigt d’en venir aux mains. » Nous avons un silence, elle rajoute, « surtout Yume en fait.
-Vous voulez dire Sakura non ? La plus jeune et la plus belle.
-Non, c’est Yume qui s’énerve. »

J’ai un regard vers caillou.
Je sens que la mission va être complexe.

C'est clair, ça va être galère cette histoire. Hiroki commence déjà à suer, à grosse goûtes. Momji décide d'accompagner son compagnon d'infortune pour séparer et interroger les deux veuves. Yume n'est pas forcément la plus dangereuse à priori, mais une crise ne va pas arranger les choses.

À peine les shinobis pénètrent t'il dans la pièce, qu'un vase vole dans leur direction. Le colosse lève ses bras au dernier moment pour éviter de se le prendre en pleine poire, et une voix aigris résonne dans la pièce.

"J'AI DIT QUE JE VOULAIS PERSONNE D'AUTRE DANS LA PIÈCE QUE CETTE PETITE PÉTASSE, ON VOUS PAYE PAS ASSEZ POUR QUE VOUS ÉCOUTIEZ LES ORDRES BANDE DE PEGUS ?!"

La mélodieuse réplique venait d'une femme qui avait la cinquantaine, très énervée, Yume, et en face d'elle, une jeune femme avec un sourire narquois, pipe fusil à la main, sûrement Sakura, déversant sa fumée directement au visage de son interlocutrice.

"Calme-toi grand mère, c'est pas faire ta crise qui va ramener ton pognon. Et c'est pas nos serviteurs, tu pers la vue avec l'âge l'ancêtre ?"

"N-Nous sommes des ninjas venues régler le conflit à propos de l'héritage. Vous devez trouver une solution à l'amiable ou le village tranchera pour vous. "

Le sourire de Sakura s'efface, et le visage de Yume tend entre le soulagement et le stress, se rendant compte qu'elle a balancer un vase aux autorités en charge de régler le conflit et de lui assurer une part du gâteau.

"Excusez-moi pour cette méprise impardonnable, cette petite effrontée me met dans tous mes états. Elle ne veut pas me donner ma part de l'héritage, elle a forcément trafiqué le testament, je le sais !"

"Calmez-vous, nous allons vous parler séparément à chacune pour avoir vos versions des faits puis nous délibérons ensemble de la meilleure façon de procéder."

Nous entrons dans le domaine, tout indique un luxe certains : les peaux de bêtes, les tentures accrochées au mur, l’éclairage électrique et envoyant les tuyaux d’eaux, je me rends compte que ce doit être l’une des rares maisons à avoir l’eau courante. Ou au moins, un système de canalisations. La domestique nous emmène jusqu’au salon et en ouvrant la porte, Caillou se prend un vase. Heureusement, il a les réflexes pour se protéger. La vieille dame nous invective avant de se disputer à nouveau avec la jeune fille, les deux n’hésitant pas à se lancer des piques malgré notre présence. Finalement Yume déclare que Sakura lui a volé sa part de l’héritage, une affirmation très directe qui m’arrache un pincement de lèvre, ne sachant guère comment réagir devant une telle accusation.
Heureusement, Caillou explique le déroulé des évènements, individuellement, nous allons prendre le témoignage des épouses pour ensuite résoudre le problème.
Ne souhaitant guère faire face à Yume qui semble très impolie, en plus d’être agressive, je tourne par instinct mon regard vers Sakura. La jeune demoiselle m’accorde un bref hochement de tête.

« Nous allons nous trouver un petit salon où nous pourrons discuter de la chose avant de vous appeler une par une pour prendre votre version des faits. » Je toque à la porte et la domestique entre ouvre la porte. « Vous pourriez nous guider vers une pièce ou nous pourrions prendre le témoignage de chacun.
-La cuisine devrait faire l’affaire. » Alors va pour la cuisine.

Nous nous y installons, c’est une grande salle avec un immense plan de travail au centre. Les casseroles en cuivre et la cuisinière me font dire qu’à une époque, le défunt Fûsho était un homme très riche, très habitué à recevoir de la compagnie. Une légère odeur de charbon de bois donne une ambiance agréable à la pièce, familière, comme si j’étais dans ma cuisine, quand bien même elle est à des centaines de lieues d’ici.
Hiroki et moi nous installons. Je prends un crayon et un papier.
Je me tourne vers la jeune fille, attendant son témoignage.

Hiroki est plus concentré sur la cuisine que la mission. L'étalage de matériel, la propreté des lieux, les produits exotiques et rares qu'il ne pourrait oser se payer dans ses rêves les plus fous, rien que le four fait bien le double du sien. Des épices qu'il ne connaît même pas de nom, des fruits étranges, de la salaison de haute qualité, y a pas à dire, il s'amuserait dans cette cuisine. Mais il se fait vite rappeler à la réalité par la jeune fille qu'il interroge.

"Oh, le ninja, vous estes la, je voudrais finir l'interrogatoire le plus vite possible, vous aurez tout le temps de regarder si la cuisine vous fait tant d'effets."

Dit elle toujours avec son maudit sourire narquois, et sa posture trop relaxé pour une veuve aristocrate. On dirait plus une fille de joie qu'une noble. C'est sur elle n'a pas été épousée pour son respect de l'étiquette. Malgré tout, il exulte un certains charme d'elle, tel un fruit défendu, soyeux et juteux à l'extérieur, mais vulgaire, pourrie, et nauséabond à l'intérieur. Autant dire que des petites pétasses, Hiroki en a côtoyer, il a appris à faire avec, pour lui, c'est moins intimidant que la noblesse. Vu qu'il a passé son enfance dans des quartiers mal famé et que beaucoup de soldats utilisent les services de filles de joie, (même si lui n'a jamais testé ce genre de services, parce qu'il croit en ces conneries de bonnes femmes appelés le romantisme, l'amour véritable et toutes ses conneries) il a appris à gérer ce genre d'énergumènes. Il se contente d'ignorer les provocations et passe directement aux questions.

"Très bien, Sakura, vous savez pourquoi nous sommes là, n'est ce pas ?"

"Ouais pour gérer le "conflit", même si y a rien à dire, notre mari n'appréciait plus la veille, trop ridée à son goût, alors il m'a tout légué, à moi sa favorite, y a rien à dire d'autres. Mais si vous virez vite la vioque, disons que Kumo aura une part plus généreuse que prévu avec les impôts, si vous voyez ce que je veux dire. Honnêtement, pourquoi je donnerais quelque chose à cette vielle harpie, vous avez vus, elle est folle à lier, c'est à cause d'elle que son cœur à lâcher, croyez moi"

Sakura invective Hiroki, comme quoi il serait lent à la détente et observe un peu trop la cuisine. C’est vrai qu’il est un peu absent aujourd’hui, d’ordinaire, Caillou est plus actif. Mais il ne se laisse pas démonter et alors que j’allais prendre sa défense, il réagit et va directement aux faits. Demandant le témoignage de la jeune fille sans perdre de temps. Celle-ci nous propose un pot de vin de façon à peine dissimulée, enchaînant sur quelques injures à l’égard de l’ancienne. Comme quoi elle est hystérique et que le vieux est mort de fatigue, à force de l’entendre hurler. Quelque part, j’écarterais volontiers ses allégations au motif qu’on ne meurt pas à cause d’une femme qui crie, puis j’ai le souvenir de certains voisins, ou vieux couples particulièrement ronchons. C’est tout à fait possible.
Je me racle poliment la gorge.

« Mademoiselle, vous êtes censée savoir que Kumo prend toujours exactement ce dont il a besoin pour subsister. Votre proposition, si elle est alléchante, représente un délit de corruption et est techniquement passible de quelques jours au cachot. Je suis certaine que vous n’aviez aucune intention de nous emmener sur ce terrain-là, mais je préfère rappeler les lois de Kaminari. » Je n’apprécie guère qu’on s’en prenne verbalement à mes collègues. « Je peux comprendre votre animosité envers Yume, mais nous avons été envoyé ici pour trouver un compromis entre vous deux. En dernier recours, c’est nous qui avons le privilège de trancher cette affaire. De ce fait, vous comprenez que pour… » j’hausse les épaules, l’air songeuse, « vous aidez à trouver un manière satisfaisante de partager l’héritage, il faut que vous formuliez des demandes. »

Ce n’est pas dans l’intérêt du village de trancher ce litige à coup de hache, à séparer la propriété en deux à l’aide d’une règle et d’un crayon. J’aimerais éviter d’en arriver-là. Toutefois, ça ne dépend pas de nous : cela dépend de la bonne volonté des deux partis.

« Le manoir, la brasserie, la pêcherie, il doit y avoir une partie des biens que vous aimez moins que les autres. »

Il faut que chacun y mette du sien toutefois.