La Malédiction de Shimepoi

w/ @Miyazawa Yuri

Un sourire en lisant la missive.
C’est à croire que toutes ses missions avec Yuri vont la mener dans une forêt à un moment ou un autre.
Pour le reste, en lisant attentivement les ordres et ce qui y est noté, Itoe est beaucoup moins amusée. Elle a l’impression que les étrangetés chimiques se multiplient, ce qui devient un véritable problème.
Heureusement, les administrations Kumojines ont bien compris la méthode à appliquer : envoyer un garde du corps, en l’occurrence Itoe, aux côtés d’une scientifique, ici, Yuri, pour étudier la situation et la corriger.
Ça ne dérange pas la Raikage, qui commence à prendre goût au travail aux côtés de la demoiselle.
C’est une jeune femme efficace, avec qui les missions sont toujours enrichissantes. Itoe a autant appris à ses côtés qu’aux côtés des historiens Seika de son enfance. Ça lui met toujours du baume au cœur.

Pour cette fois, la mission est légèrement différente de la précédente. Ce ne sont pas les animaux qui sont touchés, mais la végétation elle-même.
Alors que les habitants d’Houryou profitent de la flore disponible dans la forêt de Shimepoi, il semblerait que cette dernière ne leur soit plus disponible. Du jour au lendemain, sans explication, sans que personne ne puisse expliquer pourquoi, les champignons et plantes médicinales ont disparu.
Curieuse situation qui force les villageois à s’en remettre à des ninjas. Sait-on jamais, peut-être qu’il s’agit, encore une fois, d’une attaque chimique perpétrée par une personne aux sombres intentions.

À bien y réfléchir, le fait que les arbres meurent progressivement n’est pas anodin. Ça ne serait pas arrivé comme ça.
Il y a forcément quelque chose qui explique cela, quelque chose d’inquiétant.
Itoe soupire.
Elle savait qu’il fallait se mêler de tout ça, mais elle n’imaginait pas que ce serait à ce point.
Les exactions de tous touchent la nature maintenant ? C’est une approche intelligente, évidemment, mais c’est d’un frustrant.
L’enquête sera d’une importance capitale, à la fois pour rassurer la population d’Houryou et pour mettre un terme à une situation problématique.

Adossée à la porte Mystique rouge, Itoe attend patiemment l’arrivée de sa partenaire de mission.
Encore une étude pour Yuri !
En espérant que, cette fois, ce ne soit pas une histoire de chantage.

Un bon vieux criminel bien méchant, qui ait un air de monstre tout droit venu des histoires qui font peur, ce serait plus intéressant.
Moins lourd pour le cœur, aussi.
Enfin, elle verra bien.

Alors que sa partenaire arrive, Itoe la salue de la main, un large sourire aux lèvres.

« Salut, Yuri ! »

Sa manière de l’accueillir se fait plus chaleureuse, moins protocolaire.

« Comment allez-vous ? »

Une première approche, pour bien commencer.
Les idées d’Itoe sont si nombreuses qu’elles s’emmêlent. Elle a beaucoup de choses à dire, vraiment beaucoup. A-t-elle point qu’elle préfère tempérer avant de se lancer.

« J’ai quelques pistes de réflexion. D’abord, j’aimerais savoir quelles sont les plantes touchées, ainsi que les champignons. À quoi servent-ils, est-ce qu’ils sont seulement médicaux ? Ou est-ce qu’ils peuvent être utilisés différemment ? Si c’est le cas, nous avons une première piste, j’imagine. Puis, est-ce que nous pouvons inverser la situation ? J’entends par-là réparer les dommages, peut-être en travaillant sur la végétation directement ? »

Une pluie d’interrogations.
Elle sourit, nerveuse.
Quelques pistes, hein.
Rien que quelques pistes.

L’avantage d’être comme Yuri, c’est qu’on cerne très vite ses centres d’intérêt. En effet, depuis son intégration aux village, les missives s’étaient multipliées mais Yuri n’en avait accepté qu’une toute petite poignée. Son désintérêt pour la plupart des missions qu’on lui proposait était tel qu’on hésitait maintenant longuement avant d’en lui proposer une. D’habitude, les gens réalisaient des missions afin d’en récolter l’argent mais dans son cas, ce dernier était bien le dernier de ses soucis. Aujourd’hui, on lui proposait encore de vagabonder dans une forêt en compagnie de Itoe mais cette fois-ci, le phénomène paraissait bien plus étrange. Des rumeurs parlaient d’une montée des tensions de différentes intensités au sein de Kaminari no Kuni et Yuri se demandait si leur mission n’avait pas un lien avec toute cette histoire.

Quoiqu’il en soit, la dégradation de la forêt ainsi que la disparition de la flore posait un sérieux problème aux populations locales dont certaines survivaient exclusivement de ce que leur entourage produisait. Un déréglément comme celui-ci, si il n’est pas résolu, pourrait avoir une conséquence désastreuse sur la région à long terme. Au moins, avec la Raikage à ses côtés, Yuri pourrait investiguer sereinement sans avoir à s’occuper d’un partenaire peu fiable ou qu’elle ne connaissait pas. Malgré la gravité de la situation, la jeune brune se rendit tranquillement aux portes. A quoi bon se faire du mauvais sang d’avance sans en avoir une bonne raison ?

En tout cas, ce n’était peut-être pas le cas de sa partenaire du jour qui la salua brièvement avant de se lancer dans un flot de paroles ininterrompues. Pauvre petite Itoe, elle doit avoir tellement de responsabilités…et elle trouve encore le temps de partir en mission avec tout cela. Vraiment, Yuri admirait le courage de l’albinos qui ne reculait jamais devant l’adversité sans être impressionnée outre mesure...on parlait de Yuri quand même... D’un sourire, la jeune brune posa une main sur la tête de la Raikage comme si elle désirait calmer un enfant un peu trop agité.

« Doucement Itoe, calme-toi et respire un bon coup…Une chose à la fois veux-tu ? »

Yuri sortit quelques notes de son sac et y jeta un rapide coup d’œil avant de replonger ses yeux cramoisis dans ceux de la Raikage.

« Les récents rapports indiquent qu’un homme du nom de Yakuzuna avait entrepris de classifier certaines espèces de champignons et d’herbacées. Je crois qu’on lui avait proposé de rejoindre l’unité d’exploration mais il avait poliment refusé en justifiant qu’il préférait travailler seul et près de sa famille qui habite à proximité de notre objectif de mission. Malgré son refus, il était disposé collaborer avec le Kagakusha en aidant nos membres à naviguer à travers la forêt. Aux dernières nouvelles, il avait consigné plusieurs notes relatant de ses recherches individuelles et l’on s’apprêtait à négocier avec lui pour en avoir une copie. Cependant, nous avons subitement perdu contact avec lui et depuis, il est porté disparu. Quelques jours plus tard, on nous signalait d’étranges phénomènes de défoliation qui conduisent à une mort progressive de la flore. Comme tu t’en doutes, on ne connait pas la cause à l’origine de ce phénomène et c’est d’ailleurs pour cela qu’on nous envoie. C’est surtout pour les habitants de la région que c’est délicat. Beaucoup tiraient leurs provisions de la forêt et si cette dernière se meure et bien, j’ai bien peur que c’est toute une population que l’on risquerait de condamner. »

Actuellement, des convois avaient été sollicités afin de venir en aide aux populations locales mais Kumo ne disposerait probablement pas des ressources suffisantes pour prodiguer une aide à long terme sans que cela ne se répercute sur sa propre population. Le problème était urgent et il fallait ‘y rendre sans plus tarder afin d’y trouver une solution, même temporaire.

« La plupart des plantes analysées étaient également à la base de l’alimentation des habitants. Depuis l’apparition du problème, la population souffre de malnutrition et beaucoup en sont tombés malades. Sans les précieux remèdes de Yakuzuna, les gens souffrent beaucoup et se sentent abandonnés. Voilà, c’est tout ce que je peux te dire pour l’instant. Pour le reste, il faudra aller le découvrir sur place. »

Qui sait ce que les deux femmes trouveront là-bas ? En tout cas, cette nouvelle mission s’avérait des plus passionnantes et malgré la gravité de la situation, Yuri avait déjà hâte d’en découvrir les mystères.

La Malédiction de Shimepoi

w/ @Miyazawa Yuri

Une main posée sur sa tête, comme pour calmer un enfant.
Elle reste interdite un instant, perturbée.
La main, là.
Euh ?
Elle se sent réellement comme une petite fille, maternée par la scientifique.
Bien sûr que ça va vite, dans sa tête. Ça fuse dans tous les sens et elle n’a aucun mal à l’admettre mais.
Mais la main.
Là.
Sur sa tête.
C’est …
Itoe rougit, sans savoir quoi dire.

Yuri n’y prête même pas attention, elle continue sur sa lancée. Cette fois, c’est à elle de prendre la parole pour raconter beaucoup, beaucoup de choses.
Selon ses notes, un scientifique vivant non-loin de la forêt de Shimepoi a commencé un long travail de classification des champignons et des herbes. Évidemment, repéré par Kumo, une place lui a été offerte dans l’unité de recherches, mais il l’a déclinée. Il a continué son travail dans son coin, tout en procurant des informations au village et en communiquant avec le Kagakusha.
Jusque-là, tout va bien, pas de problème à signaler.
Sauf que.
Alors que le village s’apprêtait à obtenir une copie de ses informations, les contacts ont été coupés. Du jour au lendemain, hop, plus rien.
Plus aucune nouvelle, plus aucune information.
Disparu des radars.

Et c’est là que commencent les problèmes.
Après la disparition de Yakuzuna, d’étranges phénomènes se sont produits dans la forêt, menant à une mort progressive de la flore de Shimepoi. Évidemment, les autorités Kumojines ne savent pas ce qui se cache derrière cette défoliation massive, sinon ce ne serait pas amusent.
Le souci étant que la perte de la flore de la forêt cause divers problèmes pour la population, qui s’en servait pour diverses raisons, notamment pour se nourrir.
Autrement dit, un simple problème de flore et tout un village pourrait être condamné.
Si l’aide apportée à Shimepoi par Kumo leur permet de tenir le coup pour le moment, cette aide ne suffira pas à long terme, c’est pourquoi les deux femmes doivent se mettre en route et tirer la situation au clair aussi vite que possible.
Finalement, les missions où Yuri et Itoe collaborent s’avèrent souvent être de véritables casse-têtes. Un petit phénomène étrange qui peut avoir d’énormes conséquences.
On a rarement vu d’effets papillons aussi inquiétants.

Yuri ajoute finalement que les problèmes de la forêt ont causé une malnutrition chez la population, qui ne peuvent être soignés sans les remèdes de Yakuzuna.
Un petit peu de piment en plus sur la situation complexe, parce que, non, vraiment, sans ça ce n’est pas aussi drôle.
Itoe hoche la tête.

« Boooon … »

Ouais, ça fait vraiment beaucoup là.

« Allons-y sans plus tarder, alors. »

Un sourire.

« Merci pour toutes ces informations ! »

Et aucune mention de la caresse sur sa tête qui a précédé cet échange.
Aucune, jamais.

Itoe se met en route rapidement, prend la tête de leur duo et impulse le mouvement en direction de la forêt de Shimepoi.
Ça ne devrait pas être trop long.

« Bon, voilà ce que je vous propose. Pour commencer, nous devrions peut-être nous rendre directement dans la forêt. Nous ferons un premier état des lieux, qui nous permettra de constater l’étendue des dégâts. Une fois que nous aurons ces informations, nous nous dirigerons vers le village, d’abord pour récupérer des informations au sujet de Yakuzuna puis pour nous occuper des malades. Je pense que savoir quel mal les ronge pourrait nous permettre d’en savoir plus sur les phénomènes de la forêt. »

Elle n’est pas scientifique, mais elle n’écarte aucune possibilité, jamais.
Toute information est bonne à prendre, en particulier dans leur situation.

« Cela vous convient-il ? »

Mettre le plan au point avant d’arriver à la forêt, pour savoir s’il faut aller dans une direction ou une autre, plutôt que progresser dans le mauvais sens dès le départ.

Le chemin vers la forêt de Shimapoi était assez long. Située en bordure de Kaminari, la zone qui délimitait la forêt se situait dans une zone reculée, ce qui n’avait d’ailleurs pas faciliter les échanges entre le Kagakusha et leur voyageur indépendant. C’est en partie pour cela que son étrange disparition n’avait été remarquée que plusieurs jours plus tard, ce qui laissait un véritable mystère quant aux phénomènes qui se déroulaient à Houryou. Yuri était plutôt d’accord avec la plan de la Raikage et pensait comme elle qu’il était plus judicieux d’explorer la forêt d’abord.

« Je te rejoins sur ce coup-là. D’autant plus que l’état des habitants doivent être tel que je ne pense pas qu’on soit très bien accueillies. Il vaut donc mieux qu’on les rencontre en ayant déjà des éléments concrets à leur présenter car, à mon avis, ils ont besoin de plus que d’être simplement rassurés. »

Non pas qu’elle doutait de l’autorité de Itoe au sein de Kaminari mais ces gens vivaient dans une telle précarité depuis plusieurs semaines qu’ils pourraient très bien se laisser aller à leurs instincts les plus primaires. Pour éviter cela, il fallait agir avec prudence et surtout avec beaucoup de patience. Elles traversèrent donc le pays d’un pas assuré mais sans se précipiter. A quoi bon se hâter vers l’inconnu après tout ? Yuri avait entendu pas mal de rumeurs sur cette forêt et beaucoup de gens rechignaient à vouloir s’y aventurer. Ainsi, des récits racontaient qu’on y trouvait des bêtes féroces capables de dévorer un être humain en une seulement une bouchée. Une histoire souvent racontée aux petits enfants un peu trop turbulents.

L’esprit critique de la jeune femme l’empêchait de croire en ces contes de fées et c’est avec beaucoup d’assurance qu’elle s’aventurait dans la forêt. Les bruits alentours ne semblaient pas la déranger et elle ne s’arrêtait que de temps à autre pour se concentrer sur la flore environnante. Le début de leur exploration ne leur révéla pour ainsi pas grand-chose ou en tout cas, rien qui n’ait attiré l’attention de la jeune scientifique. La jeune genin proposa donc de se séparer sur quelques mètres afin de couvrir une zone un peu plus étendue tout en essayant de ne pas se perdre de vue ou fortiori de toujours être à portée de voix. Bien sûr, elle ne possédait pas les facultés sensorielles de l’Ombre du village mais elle lui faisait confiance pour la prévenir si quelque chose de sérieux avait piqué son attention et qui aurait échappé à la vigilance de la jeune brune.

« Rien à signaler de mon côté. Pour l’instant c’est plutôt raccord avec l’ordre de mission qui nous signalaient que les arbres qui chutaient étrangement se trouvent plus au nord encore. »

Elle laissa le temps à Itoe de lui faire part de ses éventuelles observations avant de continuer plus au nord. Les eaux du nord ainsi que les vents de l’ouest apporté par Yuki no Kuni, conférait à la région d’Houryou un climat subarctique, à mi-chemin entre un climat tempéré des régions intérieurs de Kaminari à un climat polaire du pays de la neige. Quoiqu’il en soit, les deux femmes arrivaient donc à leur première objectif et la vue de tous ces arbres couchés à même le sol ne faisait que confirmer leurs appréhensions.

Une rapide exploration des lieux permit à Yuri de déceler d’éventuelles traces d’activité humaine. Depuis sa mission précédente où les deux femmes avaient arrêté les brigands, Yuri préférait n’écarter aucune possibilité. Elle sollicita l’aide de sa compagne dans les fouilles puisqu’elle aussi devait parfaitement savoir ce que les deux kumojins étaient en train de chercher. Point de traces de poudre cependant, ce qui signifiait que le coupable était soit beaucoup plus malin cette fois-ci ou alors que pour une fois, l’homme n’était pas impliqué dans cette tragédie.

Loin de se décourager, Yuri s’affaira à dénuder quelques arbres de leur couche de neige qui s’était accumulée dessus pour révéler leur tronc ainsi que les quelques feuilles qui ne s’étaient pas encore décomposées. Elle passa délicatement ses doigts dessus et repéra, à certains endroits des petites échancrures. Passant d’un arbre à l’autre, Yuri trouva les mêmes découpes qui s’étendaient parfois jusqu’aux branches des arbres. La jeune brune se gratta l’arrière de la tête, levant les yeux au ciel comme si la réponse allait subitement lui être révélée sous forme d’inspiration divine. Quelques minutes de réflexion plus tard, elle était accroupie, le nez au ras du sol à examiner les racines telle une fouine, enfonçant à demi sa tête dans le tronc couché.

De prime abord, ces arbres étaient tombés naturellement et ne semblaient pas avoir été déracinées mais en examinant de plus près, l’on pouvait noter la présence de petits filaments qui continuaient jusqu’au sol et dont la prolongation n’était pas visible en raison de la couche de neige qui recouvrait celui-ci. Se relevant de son exploration, une pointe de neige recouvrant son nez, elle fit part de ses premières observations à ltoe.

« D’une manière ou d’une autre, il n’y a pas que les habitants qui sont tombés malades. Ses arbres l’étaient également. De quoi, je n’en sais rien pour l’instant. Il y a plusieurs coupures sur le tronc et les branches principales, un peu comme si ils avaient été blessés par quelque chose de pointu ou tranchant. C’est assez courant avec les animaux qui font leurs griffes dessus ou qui marquent leurs territoires mais en général, ils auraient du s’en remettre sans soucis et encore plus pour des arbres censés vivre dans des zones aussi froides. »

Encore une chasse au méchant ? Il était encore trop tôt pour le dire mais elles n’en avaient pas encore finis avec cette zone puisqu’il fallait maintenant se rendre compte de l’ampleur du phénomène et d’éviter à ce qu’il s’étende à l’ensemble de la forêt. En attendant la réaction de la raikage, Yuri s’affairait à déblayer un peu autour de l’arbre qu’elle avait analysé afin de voir jusqu’où s’étendaient ces mystérieux filaments et de déterminer leur source.

La Malédiction de Shimepoi

w/ @Miyazawa Yuri

Ils ont pas idée de l’envoyer aussi loin en renfort.
Non, vraiment.
D’accord, les obligations, les missions, les ordres de dernière minute, tout ça. Elle comprend, Hinako. Elle comprend bien, même.
Mais bon dieu. Houryou.
C’est juste à l’autre bout du pays, en fait.
Après, bah. Elle est gentille, Hinako. Ou alors elle est trop loyale. Trop bon chien ? Meh.

Du coup, comme pour toutes les missions où elle est appelée en urgence, Hinako se prépare très rapidement, avant de se mettre en route à fond les ballons.
Son t-shirt recouvre à peine ses épaules, laisse voir les bouches présentes sur ses bras, signe de son appartenance au clan Suibaku. Si certains trouvent ça immonde, la blonde n’en a rien à faire. Elles sont là, pas de raison de les cacher ou de les ignorer : elles ne la quitteront jamais.
C’est son lot, c’est tout.
À Kumo, ça va, mais est-ce que ça ira ailleurs aussi ?
À Houryou, ils la prendront p’têt’ pour un monstre, qui sait ? Ça peut être drôle, ça.
Enfin, pour le moment, elle va juste dans la forêt. ‘fin c’est ce que lui a dit Maki. P’têt’ qu’elles sont plus là-bas ?

Sa marche se fait plus rapide, jusqu’à ce qu’elle atteigne les bois.
Ses sens en alerte, de manière à percevoir tout ce qui l’entoure et plus encore, Hinako ne met pas bien longtemps à trouver Seika Itoe. Pauvre femme, quand même. Quand elle pense que le devoir l’appelle, bein. Il l’appelle pas, il la siffle.
Et hop, retour à l’envoyeur.

Arrivée à destination, elle se laisse tomber doucement auprès des deux femmes.
La brune qui accompagne la Raikage, Miyazawa Yuri, est connue pour être une encyclopédie scientifique sur pattes. Il semble qu’il n’y ait pas de mot dont elle ne connaisse pas le sens.
Cette femme est un être de fascination pour certains, de jalousie pour d’autres, de colère pour les derniers. Ah, oui, c’est chiant d’avoir une petite voix qui n’intervient que peu, seulement pour poser des affirmations irréfutables.
Hinako lui sourit.

« Désolée, j’dois te voler la Kage. J’vais devoir prendre sa place. »

Son regard migre sur l’albinos.

« Cheffe, une urgence. J’sais pas trop, Maki a pas voulu m’dire. »

Elle hausse une épaule, nonchalante.
La borgne reste complètement stoïque à cette manière de parler, qu’elle connaît comme étant celle d’Hinako. Elle n’est pas impolie, juste … C’est sa manière de parler, quoi.
Avec un sourire plein de douceur, Itoe s’excuse platement à Yuri de devoir l’abandonner, résume tout ce qui s’est passé à Hinako. Puis, quelques minutes plus tard, comme un courant d’air, la voilà repartie.
Dure, la vie de Kage.

La blonde se met alors au travail.

« Hinako ! Jônin, membre du clan Suibaku. »

Elle observe tout partout.

« Alors, si j’ai bien compris, une maladie étrange décime tout et tout le monde. Elle fait tomber les arbres et, comme ils meurent, les gens aussi ? Du coup la solution c’est de soigner la forêt avant de soigner les habitants ? »

S’approche d’un arbre.

« De ce que je vois … »

Croise les bras.

« Les griffures sont trop profondes pour être animales. On dirait des entailles faites par une arme humaine, ou quelque chose de très très gros. »

Un sourire.

« J’suis pas une maître en sciences, mais la sculpture et la gravure, ça va, j’me débrouille. »

Quelle mission étrange.

« Est-ce que les hommes pourraient rendre les arbres malades ? À quel point ? »

Ses yeux s’illuminent d’étoiles quand elle regarde Yuri.
L’Homme est probablement capable de toutes ces horreurs, oui. La question, maintenant, est de savoir jusqu’où il peut aller dans cette dite horreur.

Yuri n’eut pas vraiment le loisir d’entendre le raisonnement de la Raikage. La forêt si calme jusqu’à présent fut perturbée par quelqu’un qui s’approchait à vive allure. Un peu surprise, la scientifique observa la Raikage qui ne semblait pas vouloir bouger. Puis, soudainement, l’inconnue avait déjà atterri devant elles. Une rapide conversation fit comprendre à Yuri qu’elle allait devoir se séparer d’Itoe, rappelée au village pour une quelconque raison. A vrai dire, la jeune brune ne s’attendait pas vraiment à devoir changer de partenaire en plein milieu d’une mission et était en générale très peu encline à y aller avec des gens qu’elle ne connaissait pas.

Cependant, Itoe semblait lui faire confiance et Yuri faisait confiance à Itoe alors, pour cette fois, la jeune brune était prête à faire un effort. Une fois partie, elle put mettre un nom sur ce nouveau visage. Quelqu’un de compétent et de haut gradé…cela devrait faire l’affaire à priori. Elle semblait beaucoup plus détachée qu’Itoe, ce qui pouvait faciliter la communication. Elle la jaugea un instant, son regard se posant sur les excroissances buccales qu’elle possédait sur ses bras. C’était à la fois fascinant et intrigant et même si Yuri en avait déjà entendu parlé, le voir en vrai était encore plus satisfaisant. Dans un soucis de politesse, la jeune brune se présenta également.

« Enchanté Hinako. Moi c’est Yuri. Membre de la section scientifique du Kagakusha…et genin accessoirement mais ça c’est n’est pas très important. »

La jeune brune souriait avant de sentir le bout de neige sur son nez fondre et tomber au sol, ce qui provoqua chez elle un léger éternuement. Elle s’essuya rapidement la figure avant d’écouter les suggestions de sa nouvelle compagne. Elle était toujours intriguée par les bouches sur ses bras mais ce n’était pas le moment de satisfaire sa curiosité. Enfin, Yuri nota surtout que Hinako la fixait intensément si bien que la jeune femme se demandait si elle avait quelque chose sur la figure. De nature modeste, la jeune scientifique ne s’était jamais questionnée sur sa côte de popularité au sein du village ni des avis mitigés que l’on pouvait avoir sur sa personne. Ce qu’elle faisait lui paraissait « normal » et Yuri n’était pas animé par ce sentiment de se croire plus intelligente que le reste de la population. Elle exposait les faits, les analysait et ensuite en tirait des conclusions. Ni plus ni moins. En tout cas, sa partenaire semblait bien saisir la situation, ce qui était une bonne chose pour commencer. Elle avait rapidement saisi ce que Itoe lui avait dit ce qui évitait à la scientifique de tout répéter.

« C’est à peu près cela. Enfin, évitons de tirer des conclusions trop hâtives et essayons d’avancer pas à pas. Des vies sont en danger mais je ne pense pas que nous arriverons à grand-chose en nous précipitant. Cependant, tu as raison sur une chose. Les coupures sont trop méthodiques pour que cela soit du à un accident naturel. En fait, si tu regardes bien, certaines entailles sont profondes et nettes, ce qui laisse supposer qu’elles ont été faites d’une traite à chaque fois. »

La jeune femme s’approcha d’un arbre et en caressa l’écorce avant de continuer.

« En général, l’écorce d’un arbre s’épaissit avec le temps, ce qui le rend plus résistant aux agressions extérieures car plus difficile à pénétrer. Cependant, les coupures ont délibérément été faites pour atteindre le bois tendre qui se situe derrière l’écorce. Ce qui me chiffonne, c’est que si on voulait vraiment abattre l’arbre, il suffisait simplement de le couper à la base et de le laisser tomber. Mais là, on dirait qu’on avait juste besoin de l’affaiblir pour une raison donnée. »

La question des petits filaments trouvés à la base de l’arbre trottait toujours dans sa tête. L’arrivée de Hinako avait interrompu son petit fouinage mais son premier essai lui indiquait que ces derniers continuaient sur une certaine distance et que d’autres arbres présentaient également ces étranges filaments à la base de leurs racines. Ces filaments semblaient vouloir converger vers certains endroits mais l’entremêlement des racines avec ces derniers rendait le pistage relativement fastidieux.

« Hmm…j’ai peut-être une idée. »

Yuri s’assit sur une souche de bois morte et sortit un calepin et enfila des lunettes, ce qui accentuait encore plus son côté intellectuel. Elle était en proie à une intense réflexion mais n’interdisait pas à Hinako de venir s’installer auprès d’elle. De temps en temps, Yuri se levait et parcourait quelques pas entre les arbres et notait ce qui s’apparentait à des distances. Les chiffres ne semblaient pas faire sens mais bientôt, la jeune scientifique se lança dans des calculs complexes de calcul d’angles et autres joyeusetés mathématiques avant de marquer d’une croix l’une des figures qu’elle avait dessinée.

« Environ deux kilomètres à l’est d’ici, puis cinq kilomètres à l’ouest et enfin trois kilomètres au Nord. Je pense qu’on a de bonnes chances de trouver la cause de tout cela. D’ailleurs, à en juger par les bouches sur tes bras, tu es une Suibaku, n’est-ce pas ? Tant mieux parce que je pense qu’on aura besoin de « dégager » un peu le terrain. Je t’expliquerai sur les lieux. »

Elle se mit en route. L’ordre importait peu. Si son hypothèse était exacte, il fallait de toute façon parcourir ces trois positions. L’ironie était que Yuri avait le partenaire parfait pour ce genre de manœuvre. Finalement, c’était peut-être une bonne idée d’échanger Itoe contre sa nouvelle partenaire.

La Malédiction de Shimepoi

w/ @Miyazawa Yuri

Yuri, Genin.
Comme elle le dit, c’est pas trop important.
Devant Itoe, un peu. C’est une sorte de formalité qu’elle n’a jamais oubliée, qu’elle se contente de ressortir à chaque fois, comme une leçon apprise par cœur.
Pour le reste, Genin, Chûnin, Jônin, peu importe. Ce qui compte, c’est sa manière de bosser. Et, pour le moment, Hinako n’a pas à se plaindre. Cette demoiselle est drôlement efficace. Elle sait de quoi elle parle.
Pas étonnant que l’albinos l’aime bien, tiens.

La Jônin s’amuse un peu du regard de la brune, les yeux rouges se baladant avec insistance sur les cavités buccales situées sur ses bras.

« C’est rare qu’on m’regarde comme ça. » Elle rit. « Habituellement ça fait plutôt peur. »

C’est pas pour lui déplaire, faut dire.
La bête de foire, qui choque les Kumojins, ne choque pas celle-ci. Elle l’intrigue.
Héhé, y a p’têt’ quelque chose d’intéressant à faire de ce côté, qui sait.

Les deux femmes se mettent rapidement au travail, la Kage désormais bien loin d’elles.
D’abord, Yuri commence par calmer les ardeurs de la blonde. Ça la fait sourire.
Faut pas se précipiter, tout ça. C’est une bonne scientifique. Ça ferait sûrement une bonne espionne, aussi. Pas dit que ça l’intéresse, ceci dit. Elle s’épanouit beaucoup plus dans son monde actuel, Yuri.
Du coup, après ce petit interlude, la brune rebondit sur les hypothèses d’Hinako. Apparemment, elle a vu juste : les coupures sont trop méthodiques pour que ce soit accidentel. Il y a quelqu’un derrière ces destructions, quelqu’un de doué et d’assez calé sur le sujet.
Le coupable aurait pu se contenter de faire des entailles et basta, sans se casser la tête. Mais non ! Il y a un véritable plan derrière ces attaques. L’écorce a été entaillée jusqu’à atteindre le bois tendre. Ce n’est pas une tentative de destruction, c’est autre chose.
Un autre chose sur lequel, pour le moment, ni l’une ni l’autre ne peuvent mettre d’explications.

Yuri s’installe, se met à calculer des tas de trucs sur un carnet.
Alors, ouais. Là, Hinako comprend carrément que l’espionnage, c’est pas pour Yuri. Ceci dit ! Les compétences de la brune et les capacités de la blonde pourraient créer un super combo.
Y a moyen de faire du propre, là.

La Suibaku observe tout autour d’elle en attendant, ne comprenant pas tellement les calculs réalisés par la Miyazawa. Elle se concentre sur la forêt, au cas où quelque chose menacerait de les attaquer.
Apparemment, ce n’est pas l’heure pour ça.
La forêt reste bien calme, parfaitement silencieuse. L’épidémie doit repousser toute intrusion, exception faite du type qui s’amuse à abîmer les arbres.
Malin, le gars.
Il a Shimepoi pour lui seul et il décime toute une population.
Vraiment, elles se heurtent pas à un petit rigolo.
Il sait ce qu’il fait et il sait probablement ce qu’il veut.

Quand Yuri se redresse, elle indique des directions à Hinako, qui les met dans un coin de sa tête.
Deux kilomètres à l’est, cinq à l’ouest et trois au nord. Sur place, Yuri aura besoin que la blonde « dégage » le passage.
Ah, donc faut faire boom ? Cette mission devient de plus en plus intéressante.

« Ouaip, Suibaku. On fait comme ça. »

Oh, ouais. Cette mission va être bien drôle.

La blonde se met en route, reste à côté de Yuri pour la protéger au cas où.

« J’imagine qu’Itoe te servait de garde du corps privilégié ? »

P’têt’ que ça lui plaît pas qu’elle soit partie finalement … Mmmh.

« J’ai pas ses compétences, mais j’suis pas trop mal non plus. Tu risques rien. »

Ou au moins, pas grand chose.
Yuri est la petite protégée de la Kage, donc une personne sur qui Hinako doit veiller. La hiérarchie, la loyauté, tout ça.
Elle ne la connaît pas mais n’a pas besoin de la connaître pour savoir qu’elle est précieuse.

Elles progressent toutes deux dans la forêt, Hinako ayant choisi de suivre la première indication de la brune. L’est, d’abord.
Arrivées sur place, la Jônin regarde sa partenaire.

« Alors, de quoi t’as b’soin ? »

Qu’est-ce qu’il faut faire péter ?
Elle s’en frotte déjà les mains.

Sur le chemin, Hinako se montrait un peu plus ouverte. Pour être honnête, la jeune scientifique imaginait quelqu’un de plutôt froid au vu des fonctions que la Suibaku occupait et pourtant, c’était loin d’être le cas. Même lorsqu’elle établissait la direction des différents plants qu’elles devaient rejoindre, la jonin s’était contentée d’observer silencieusement la forêt, observant de temps à autre la Miyazawa. Tandis qu’elles foulaient tranquillement la neige de leurs pas, Yuri nota la proximité relative entre elle et Hinako. Une chose était sûre, c’est que sa partenaire faisait bien son travail. La jeune scientifique avait l’impression d’être une princesse en escorte vers un autre pays en compagnie de sa fidèle garde du corps. C’en était presque mignon de voir Hinako se soucier de sa sécurité et la situation finit par lui arracher un rire amusé.

« Itoe est une amie. Sans doute l’une des rares personnes que j’apprécie vraiment en dehors de mes activités professionnelles. Il est vrai qu’on se voit assez souvent malgré sa position. C’est presque hilarant de voir une genin aussi familière avec son Kage. Pour être honnête avec toi Hinako, j’ai été un peu surprise de la voir m’abandonner de la sorte mais je pense que tu es tout aussi intéressante finalement. Il ne faut pas avoir peur, je sais me défendre au cas où cela se passerait mal mais j’apprécie que tu te soucies de ma sécurité. Je m’attendais à ce que je sois sous la tutelle d’un quelconque gradé au discours rébarbatif mais je suis contente de voir que Itoe essaie toujours de s’efforcer à me grouper avec des personnes intéressantes. »

Yuri marqua une pause où elle haussa les épaules avant de continuer.

« Ou peut-être que c’est juste une coïncidence et que c’est juste le destin après tout. De toute façon, on me dit toujours que je réfléchis trop. En tout cas, plutôt que d’avoir peur, je dirais que je suis plutôt curieuse. Lever les mystères, c’est un peu mon domaine alors quand quelque chose m’intrigue, forcément, je finis par m’y intéresser. »

Un nouveau sourire joyeux s’échappa de ses lèvres avant de s’apercevoir qu’elles arrivaient au premier point de rendez-vous. La scientifique posa délicatement sa main sur l’épaule de la Suibaku pour l’arrêter à proximité puis elle se dirigea vers un arbre, activa son scalpel de chakra avant de découper soigneusement un petit fragment d’écorce en forme de cylindre, de manière à creuser plus ou moins profondément dans le tronc. Le diagnostic était plus ou moins formel et le bois tendre de l’arbre était entremêlé dans de petits filaments qui le ternissait légèrement. Si on laissait faire, l’arbre mourrait et il finirait par se déraciner avant de tomber lourdement au sol. Au milieu de la forêt, il y avait une petite zone délimitée dans laquelle ne poussait plus d’arbre. Sans doute que la source du mal se terrait quelque part dans le sous-sol. Toujours à l’aide de son scalpel, Yuri délimita une zone rectangulaire.

« Je confirme que c’est bien ici. Regarde, il faudrait que tu puisses dégager cette zone. Disons sur une demi-dizaine de mètres de profondeur pour être sûr. Il y a des grosses plantes qui pompent l’énergie des arbres alentours. C’est pour cela qu’ils meurent. Il faudrait donc que tu creuses un peu pour voir à quoi on a affaire parce que, dans mon répertoire, je ne connais pas de végétaux qui puissent avoir une aussi grande influence sur la forêt toute entière. Fais juste attention à ne pas causer plus de dégâts. On y va doucement sur les booms, d’accord ? »

Même dans cette situation atypique, la Miyazawa arrivait encore à plaisanter. Une chose qui lui semblait nécessaire au vu de ce qui les attendait lorsqu’ils rencontreraient les paysans. En somme, Hinako était un bon choix de remplacement et tout portait à croire que les deux femmes finiraient par bien s’entendre.

La Malédiction de Shimepoi

w/ @Miyazawa Yuri

Une amie ?
Ça ne surprend pas tellement Hinako. Elle a l’habitude de voir Itoe nouer de tels liens avec les ninjas autour d’elle. Ça n’a jamais été la Kage froide, distante, qui refuse de se mêler à la foule. Certains diront que c’est une bonne chose, d’autres diront que ça la perdra.
Reste à voir lesquels ont raison.

Ceci dit, bien que la Miyazawa considère l’albinos comme une amie – et l’inverse est probablement vrai aussi, elle admet volontiers avoir vécu son départ comme un abandon. Cet aveu est rapidement compensé par un compliment à destination de la Suibaku.
Ça lui arrache un sourire.
Intéressante, hein ? Venant d’une parfaite inconnue, ça fait plutôt plaisir.
Ladite inconnue, d’ailleurs, n’est pas une fleur fragile qui a besoin d’être préservée. C’est une combattante, elle aussi. Elle sait se défendre. Alors pourquoi ? Ce n’est pas un manque de confiance, c’est autre chose.
Sûrement de l’amitié pure et simple, finalement. Elles partent en mission ensemble parce que c’est quelque chose que la Kage aime faire.
Ça non plus, ça l’étonnerait pas.

Par contre, le dernier point sur le discours rébarbatif, ça, ça la surprend un peu.
Ça la fait rire, aussi.

« J’crois que j’dois être une des moins protocolaires du tas. »

Y a Kimiko qui se défend aussi, mais c’est pas la pire. Elle a un peu plus de bonnes manières.

« C’est p’têt’ pour ça qu’elle nous aime bien, finalement ? »

Les plus rebelles, les plus franches. Celles qui ne se cachent pas derrière de beaux et longs discours pour lui dire « merde ». Alors, évidemment, dire « merde » à son chef, ce n’est jamais simple – ni toujours très bien – mais il semble que ce soit important pour Itoe.
L’honnêteté, tout ça.
M’enfin.

Yuri se présente exactement comme Itoe la lui a décrite. Une fille curieuse, qui dit les choses comme elle les pense. Ce sont les mystères qui l’animent.
Contrairement aux ninjas clichés qui aiment la bagarre et les trucs un peu stupides, Yuri est plus posée, plus mesurée. Elle veut des réponses à ses questions.
Y a moyen qu’elles s’entendent bien, ces deux-là.

« J’crois pas trop aux étoiles et ces choses-là. Donc j’peux pas te dire. Mais c’est cool d’être tombée sur toi. »

Sur ces belles paroles, Hinako se concentre une nouvelle fois sur la suite de leur aventure.
Elles arrivent finalement au point de rendez-vous, où Yuri s’active directement.
Le morceau de bois récupéré lui permet de voir que, dessous, quelque chose s’agite. Quelque chose d’anormal, qui pose un réel problème.

La voix de Yuri attire son attention.
Il faut qu’elle fasse péter un périmètre précis, mais pas trop fort, pour éviter de tout abîmer davantage.
Le plan est de causer une explosion pour creuser sur une demi-dizaine de mètres. Ça, elle sait faire.
Elle hoche la tête, se prépare, quand sa partenaire lui indique d’y aller « doucement sur les booms ».
Hinako pose ses yeux améthystes sur la Genin.

« Quoi ? C’était pas dans l’contrat ça. »

Un sourire.
Bon, en fait, si, ça l’était totalement, mais bon.
Pas de grosse explosion, pas de gros boom.
De la douceur.

Alors qu’elle malaxe son chakra, les bouches sur ses bras s’agitent. Elles remuent comme lors d’une mastication basique, jusqu’à recracher des formes d’argile blanche.
Hinako a choisi des taupes pour cette fois. Armées de leurs petites griffes solides, elles creuseront la terre et s’y enfouiront pour exploser de l’intérieur.
Bien placées, elles ne risquent pas de tout emporter.

Les bestioles quittent ses bras et sautent sur la terre ferme avant de filer à toute allure.
Arrivée au point d’impact, la blonde claque des doigts.

« Boom. »

Et tout explose.
La terre s’effondre sur le périmètre donné, dévoilant des fleurs roses et blanches, exactement comme des lotus.
Au cœur des plantes, à l’emplacement du pistil, se trouve une forme étonnante de couleur verdâtre, dont l’odeur est plutôt désagréable.
Une puissante odeur de moisissure émane des végétaux.

« J’suis pas botaniste, mais ça, c’est pas normal. »

Et c’est surtout pas naturel.
Pas du tout naturel.

Elle s’approche un peu, juste assez pour y voir de plus près.
Les plantes sont profondément enracinées dans la terre, reliées les unes aux autres. Si elle en fait péter une, il y a moyen que ça cause bien plus de dégâts qu’elle ne l’imagine.
Dans le doute, elle préfère ne pas y toucher et laisser l’experte donner son avis.
Après tout, Hinako est surtout là pour faire boom.
Le reste, c’est le taf de la Miyazawa, non ?

Yuri assista avec un intérêt non dissimulé aux facultés claniques dont disposait Hinako. C’était assez fascinant de voir comment elle donnait vie à l’argile surtout qu’elle semblait pouvoir en changer la forme à volonté. De ses bouches étranges, sortirent de petites taupes qui se faufilèrent dans le sol. C’était très ingénieux pour minimiser l’impact de l’explosion. Comme quoi, la jonin n’était pas en reste lorsqu’il fallait utiliser sa matière grise, une faculté qui était plutôt prisée par la scientifique. Sans qu’elle ne lui dise, Hinako avait parfaitement su mettre en forme les directives de Yuri. Peut-être qu’elle ferait une bonne stratège finalement ? Cette petite réflexion lui arracha un sourire mais bientôt un tremblement la tira de ses idées rêveuses.

« C’est très impressionnant… »

Bientôt, la neige s’affaissa et laissa place à un trou dans lequel reposait un véritable de nid de plantes entremêlées. Ce qui s’en dégagea surtout était l’épouvantable odeur de putréfaction. Pourtant, les plantes n’avaient pas vraiment l’air mourantes donc cela devait provenir d’autre chose. La Miyazawa s’installa quelques minutes, le temps que l’odeur ne se dissipe un peu à l’air libre. Elle comptait bien sûr faire ses analyses mais cette odeur la gênerait un peu.

« C’est bon, assieds-toi un peu. » Dit-elle en désignant un tronc d’arbre couché.

C’était un phénomène assez particulier. Les plantes étaient bien grosses pour leur genre et trop solidement ancrées dans le sol. Et puis, elles étaient capables de manipuler les arbres pour effectuer la photosynthèse à leur place. Autrement, elles n’auraient jamais survécu à une telle profondeur. Pour ce qui est de leur pousse, c’était un parasite alors il n’y avait rien de vraiment intriguant sauf que quelqu’un les avait mis là sciemment.

« Ecoute, je vais descendre pour examiner tout ça. Cependant, ça peut être un peu dangereux alors je vais m’attacher à une corde que tu tireras si tu vois du danger ou que je tire sur la corde. N’hésite pas sur la force, je peux me soigner donc les blessures ne sont pas un problème. En fait, je n’ai pas vraiment envie d’entrer en contact avec ces plantes mais je dois me rapprocher pour en savoir plus. »

Afin de ne pas être gênée dans sa descente, Yuri retira l’armature en forme de bustier qui maintenait en place son opulente poitrine ainsi que son haori dont les manches pendantes pourraient s’entrelacer dans une liane et compliquer sa remontée. Elle ne laissa que son kimono dont l’échancrure thoracique montrait pourquoi Yuri portait une telle armature…

Quoiqu’il en soit, la jeune scientifique entama sa descente après avoir confié l’extrémité de la corde à sa camarade de mission. L’odeur s’était certes amoindrie mais elle n’avait pas totalement disparue non plus. Comme elle l’avait supposé plus tôt, les lianes formaient un vaste réseau qui les reliaient aux racines des arbres alentours dont elles pompaient l’énergie. Les fleurs étaient grosses et semblables à ce que la Miyazawa apparentait à des rafflésies par leur taille mais dont l’aspect était celui des fleurs d’orobranches classiques. La jeune brune activa son scalpel de chakra puis, méthodiquement, elle se mit à délier les branches une à une. Chaque fois qu’elle incisait, Yuri sentait que la plante remuait légèrement comme si cette dernière sentait qu’on la séparait de ses nutriments.

En réalité, Yuri voulait surtout éviter qu’une explosion ne condamne tous les arbres alentours si les plantes y étaient toujours attachées. Plusieurs minutes passèrent où Hinako devait maintenir Yuri stabilisée au-dessus du trop. Pas trop haut pour qu’elle puisse atteindre les plantes mais pas trop bas pour qu’elle ne plonge pas la tête la première dedans. Tandis qu’elle coupait une dernière grosse racine, elle sentit une agitation soudaine. Les pétales de fleurs s’ouvrirent soudainement. Le reflexe de la Miyazawa fut de tirer sur la corde pour dire à Hinako de la remonter. Le reste dépendait de la jonin. Bientôt un gaz jaunâtre s’échappa des pistils et envahit rapidement le trou. Si Yuri était toujours à l’intérieur, elle n’avait pas d’autre choix que de retenir sa respiration mais celui-ci s’attaque surtout à sa peau et aux muqueuses à découvert. Paniquer ne servait à rien car si Yuri ouvrait la bouche, elle laisserait encore plus d’opportunités au gaz de causer des dommages.

« Bon sang, ces types sont vraiment sans scrupules ! » Imagina-t-elle dans une attitude remarquablement calme malgré la situation.